Episode 73
L’attente.
16 Septembre, 7H30. Les membres du groupe se séparent
pour se rendre au Pont Valentré. Il y a déjà beaucoup de monde et il ne va pas
être aisé de trouver des places aux endroits prévus.
Le mage Arnak avait choisit sa place sur la rive gauche
en hauts des gradins de la tribune publique, l’emplacement était idéal selon
lui.
Il passe les contrôles et les fouilles. Pas de portable,
pas d’appareil de prise de vue ni de matériel électronique, les contrevenants
sont refusés. Sur le site, seules les caméras de la chaine privée du
prédicateur sont en place, son image est parfaitement contrôlée par son
organisation et les droits de diffusion seront vendus aux chaines de télévision
demandeuses. Des caméras sont aussi positionnées par la police pour surveiller
la procession et les tribunes. Pour le mage, aucun problème, son premier
travail sera de brouiller tout matériel de prise de vue, les composants
électriques et électroniques sont vulnérables à ses ondes et il les a
parfaitement cerné pour altérer momentanément, mais efficacement leur
fonctionnement.
Sourire prend son poste également sur la rive gauche sur
une estrade ensoleillée. Elle se cale tant bien que mal dans un angle, met sa
casquette, s’assoit sur le bois et ouvre un livre de mots fléchés. A côté
d’elle quatre femmes s’agenouillent et chuchotent d’incompréhensibles prières.
Mirabelle est sur le quai de la même rive, elle
s’installe à l’ombre de l’auvent à côté d’un groupe de personnes âgées venues
en car. Un homme, la soixantaine passée habillé de son plus beau costume, lui
propose un bonbon à la menthe. Mirabelle accepte la friandise et le remercie
d’un gracieux sourire. L’homme se retourne vers ses amis masculins et les
gratifie d’un clin d’œil entendu comme s’il voulait affirmer que son charme
était encore irrésistible.
Un peu plus loin, à droite du pont, Gary arrive à trouver
une petite place. Il est entouré d’une bruyante famille et de leurs quatre
enfants qui ne semblent pas accorder plus d’intérêt à la procession qu’ils en
avaient pour leur premier biberon.
Rive droite, Ellie s’installe sur les bancs de la tribune
déjà presque complète. Elle se coiffe d’un joli chapeau de paille au bandeau
tricolore et sort de son sac un roman policier.
Aline est en contrebas sur les bords du fleuve, petite
plateforme mal placée donc peu prisée pour le moment. Elle s’assoit sur les
longs bancs de bois et regarde l’eau défiler. Des canots de la sécurité
inspectent les rives et les épais piliers du pont. Sous les arches, des hommes
suspendus contrôlent si aucun matériel suspect n’aurait été fixé aux voutes.
Baccardi se poste à la tribune face à l’alignement de la
chaussée du pont, il s’adosse à la rambarde et croise les bras. Plus loin sur
une estrade à sa gauche il aperçoit Lady Dark qui joue un peu des coudes pour
dénicher une petite place. Pas un signe, personne ne doit être témoin de la
moindre complicité entre les membres de l’équipe, les caméras de la télévision
privée d’Horace de Fantenay et celles de la police filment.
Mike est sur la même rive et s’appuie sur le poteau d’un
panneau de signalisation en rajustant sa casquette. De son sac, il sort un
cahier et un crayon ; il admire beaucoup ce pont et pas maladroit en
dessin, va le croquer.
Jack est à l’angle d’un muret entouré de femmes habillées
aux couleurs du prédicateur qui surveillent un groupe de préadolescents.
Tout le monde est en position.
A 10 heures, les emplacements réservés au public sont
complets, la police refuse d’autres entrées et bloque les accès au site.
L’unique tribune vierge est celle des officiels. Sur le fleuve, des barrages
flottants sont installés en aval et amont du pont pour qu’aucune embarcation de
plaisance ou de journalistes ne s’approchent. Les services de sécurité
personnels du prédicateur aidés par la police nationale, inspectent
régulièrement les estrades et tribunes et contrôlent au hasard les sacs.
D’autres sur les hauteurs des constructions surveillent à l’aide de puissantes
jumelles.
Midi, les emplacements réservés au public se transforment
en pique-nique géant.
13 heures de lourds nuages cachent par intervalles
irréguliers le soleil ce qui transmet pendant quelques instants au sol une
fraîcheur bienvenue. Au bout du pont, des employées de l’organisation du prédicateur
s’affairent. Des cars escortés arrivent et déchargent des figurants qui
s’engouffrent sous de grandes tentes aux couleurs d’Horace de Fantenay. Un
groupe de policier arpente le pont en ligne et inspecte minutieusement tous les
recoins.
14 heures, le public s’anime et on sent une certaine
nervosité, l’attente use les nerfs.
Sourire à laissé tombé ces mots fléchés et soupire
d’ennui. Mirabelle est en grande discussion avec les anciens. Baccardi regarde
le ciel qui se couvre de plus en plus. Ellie est toujours plongé dans son
roman. Aline fait et défait des nœuds sur un morceau de corde. Jack palabre
avec les ados sous l’œil sévère des surveillantes. Lady Dark se ventile avec
son chapeau. Gary bougonne, il ne supporte plus les enfants fatigués d’attendre
qui tournent et crient à côté de lui. Mike continue de crayonner les pages de
son cahier, quelques regards passent par-dessus son épaule pour admirer les
dessins.
14h30, le ciel est maintenant très sombre ; au bout
du pont les figurants sont costumés. Une chaise à porteur dont l’habitacle est
complètement vitré arrive sur le plateau d’un camion puis est déchargée entre
les figurants. Une limousine bleu marine stationne, des gardes du corps en
descendent et discutent avec des responsables.
14h50, Les nuages sont de plus en plus noirs et on
perçoit quelques lointains roulements de tonnerre. Le mage Arnak se réjouie car
si un orage éclate pendant la procession ça donnera encore plus de relief à ce
qu’il va créer.
15h10 Les figurants se sont mis en place au milieu d’une
ceinture d’enfants en aube aux cheveux clairs, Vingt hommes de robuste stature
se sont disposés autour de la chaise à porteur et par les voix de la foule
présente sur les estrades et tribunes, un cantique prend du volume. La tribune
officielle se remplie d’hommes et de femmes en grandes tenues. Des serveuses
s’activent immédiatement à leur offrir des boissons. Toutes les caméras sont
braquées sur ce podium.
15h15, la limousine du prédicateur arrive et stationne
près de la chaise à porteur ; la foule en liesse hurle à sa gloire, les
tours du pont renvoient les échos de l’hystérie, le mage Arnak introduit dans
ces oreilles les sourdines et commence à se concentrer.
Episode 74
Le diable n’avait
pas dit son dernier mot.
15H28, quelques grosses goûtes commencent à tomber, le
mage Arnak entre en communication avec ses complices ; ces derniers
ressentent un léger chatouillement au niveau de la nuque.
La chorale de la procession entame des chants partisans
repris en chœur par la foule protégée sous des parapluies de toutes les
couleurs qui recouvrent les estrades et tribunes d’une mosaïque bigarrée.
15h30, la procession se met en marche et avance lentement
sur le pont. Les chœurs sont puissant, le spectacle impressionnant. En tête,
une cinquantaine de figurants en costume jaunes, rouges et bleus portant tous
des oriflammes aux mêmes peintures entraînent la marche. Le prédicateur assit
dans son habitacle vitré et plus que certainement blindé, fait de grands signes
à ses admirateurs. Vingt porteurs habillés d’or et de bronze assurent sa stabilité
et sa progression vers le milieu du pont où le cortège s’arrêtera pour que le
prédicateur bénisse cette construction dont la légende est si évocatrice.
Le vent se renforce, les étendards et les oriflammes
claquent. Le tonnerre se fait entendre et quelques éclairs embrassent
l’horizon.
15h38, le cortège arrive au centre du pont, les porteurs
pose la cabine, les gardes du corps l’ouvrent et protègent la sortie d’Horace
de Fantenay avec des boucliers transparents. Il descend avec en main une fiole
en nacre contenant de l’eau bénite. La foule acclame. Les membres de l’équipe
commence à plus sérieusement ressentir les picotements ; le ciel
s’assombrit davantage et prend d’inhabituelles couleurs. Le prédicateur
débouche sa fiole et la lève au dessus de sa tête pour bien la présenter aux
fidèles. Lentement, en un geste théâtral, il baisse son bras et retourne la
fiole pour laisser couler quelques goûtes sur la pierre du pont.
Dans la foule des doigts se pointent vers la sculpture du
diable, certains l’ont vu bouger essayant d’arracher une pierre de la
construction, sculpture qui avait été mis en place pour immortaliser la légende
par l’architecte qui avait restauré l’ouvrage.
Sur le pont, rien ne parait mais quelques gardes du corps
commencent à se poser des questions en regardant sur les estrades et tribunes
les spectateurs s’animer anormalement. Un coup de tonnerre éclate juste au
dessus en zébrant le ciel complètement distordu d’étranges nuages. Horace de
Fantenay lève la tête puis interroge son entourage quand soudain des ouvertures
des tours s’envolent des chauverats qui piquent sur le cortège. Le prédicateur
lâche sa fiole qui en éclatant au sol répand du sang bouillonnant. Sur la
chaussée du pont s’est l’affolement, les figurants lâchent leurs étendards et
s’éparpillent en hurlant. Les gardes du corps pressent le prédicateur de
remonter dans l’habitacle de la chaise à porteur mais les hommes qui étaient en
charge de la soutenir à force d’épaule se sauvent. Ses lieutenants et proches
conseillers s’enfuit également effrayés par les Chauverats qui frôlent les
têtes en émettant un sifflement aigu qui cinglent les tympans. Les luxueux cars
qui les ont amenés se remplissent dans la bousculade et démarrent en direction
de nulle part ; l’important est avant tout de s’éloigner du pont.
Le tonnerre gronde à nouveau mais la pluie ne tombe plus,
dans le ciel les nuages s’illuminent et s’entortillent en prenant d’étranges
teintes. Le pont devient violet et le diable de pierre étincelle en grimpant
vers le sommet de la tour, sur les tribunes et estrades c’est la panique.
Accompagnant un éclair, un gigantesque dragon aillé
s’envole de la colline et plane au dessus du pont Valentré. Son ombre est
glacial et son regard de braise. Un animal fantasmagorique, immense, qui déploie
ses grandes ailles de reptile volant d’un autre temps en ouvrant sa gueule
pourvue de dents menaçantes. Un long cou à deux pattes qui prolonge un corps
séparé en deux comme s’il avait été un jour tranché et cicatrisé. Au bout des
ailles et des deux queues, d’autres têtes dont le physique est hybride entre
l’oiseau et le serpent sortent une langue fourchue. Le long de ses queues sont
des dents osseuses recourbées qui sifflent dans l’air à chaque mouvement
brusque. Le gigantesque animal s’immobilise à quatre ou cinq mètres au dessus
des toits pointus des tours ; il tord son cou et fixe de ses yeux jaunes
aux pupilles de sang le prédicateur entouré de ses gardes du corps tremblants.
Puissante et énorme, la voix rauque du dragon averti.
-
TOI AUSSI JE T’EMMENERAIS ! TON ÂME EST
SOUILLEE HORACE DE FANTENAY ! TON ÂME M’APPARTEINT ! MAINTENANT OU
QUE TU AILLES, JE TE TROUVERAIS ET JE TEMPORTERAIS AVEC MOI !
Le prédicateur s’accroupit entre ses gardes en se cachant
le visage de ses mains. Les pates avant du dragon tournent au dessus du petit
groupe ratatiné sur lui même en menaçant de ses serres effilées. Des Chauverats
virevoltent au dessus des tribunes, les éclairs lacèrent le ciel tourmenté.
Les gens courent dans tous les sens en hurlant de
terreur, certains se jettent dans le fleuve et les plus courageux des
secouristes s’activent à les sortir de l’eau. Mirabelle se tiens la nuque en
grimaçant, Gary s’assoit en serrant les
dents, Baccardi se retient au garde fou crispé de douleur. Mike est allongé au
sol en se tenant la tête à deux mains. Ellie est recroquevillé sur elle-même en
gémissant. Sourire vacille prête à perdre connaissance, Aline s’est allongé sur
un banc et tente de surmonter
l’inflammation de sa nuque, Lady Dark est à genou les mains tambourinant le bois de l’estrade, les larmes lui coulent
des yeux et Jack secoue brutalement une barrière les yeux plissés en tentant
d’étouffer ses plaintes.
Le dragon ouvre large ses ailles, s’envole et disparait
derrière les collines. Le ciel reprend doucement ses couleurs naturelles mais
l’orage gronde toujours. Le pont retrouve sa vraie teinte et les derniers
Chauverats disparaissent dans les nuages.
Sur le pont, Horace de Fontenay soutenu par un ultime
trio de gardes du corps s’active à rejoindre le plus vite possible sa limousine
et fuir rapidement ce lieu. Un éclair fend le ciel en deux et la grêle
dégringole sur la ville. L’intense pluie de glace cesse au bout de trois
minutes et c’est presque le silence. Les nuages se déchirent et un rayon de
soleil enflamme le pont Valentré.
Les secours arrivent, les gyrophares miroitent sur la
chaussée trempée en aveuglant. Les blessés sont rapidement pris en charge et
emporté vers les hôpitaux de la région. Des canots sillonnent le fleuve et
récupèrent celles et ceux qui avaient sauté à l’eau. Des gens sortent des
maisons pour aider à porter secours malgré la crainte de voir revenir le
dragon. Les nuages se dispersent et laisse la lumière baigner la ville
détrempée. Certains sortent des habitations avec des fusils de chasse et la
police peine à leur substituer.
Baccardi se masse le cou, les atroces piqures ont
disparues ; il descend de la tribune en cherchant des yeux Lady Dark. Elle
est là le pas un peu hésitant. Un secouriste vient à elle, lui parle quelques
secondes puis s’en va plus loin. Mirabelle traverse le pont entre les équipes
d’assistance qui arrivent et quelques figurants et gens complètement abasourdis
qui ne savent plus où aller. Sourire est appuyé sur un muret de pierres, deux
pompiers s’occupent d’elle un moment puis l’accompagne hors de la zone du pont
qui vient d’être balisée. Aline discute avec des policiers, Mike la démarche un
peu hasardeuse les rejoint. Ellie est emmené par une femme du SAMU hors de la
zone, elle retrouve Sourire Baccardi et Lady Dark. Quelques minutes plus tard
Jack arrive avec quelques préados qui ont perdu leurs accompagnatrices. Gary,
tenant par la main deux des enfants qui était avec leur famille sur la même
estrade, les confie aux secouristes en leur expliquant la situation. Aline et
Mike récupère le groupe en se faufilant à travers la foule. Partout c’est la
consternation, les habitants offrent spontanément des boissons chaudes à qui en
veut. Les journalistes et les caméras sont en nombre dans cette foule
contusionnée et psychologiquement meurtrie. Ils posent des questions à la volée
et prennent quelques images pour le direct. La police débordée note au hasard
des témoignages et relève des identités.
L’équipe se retrouve presque au complet, il manque le
mage Arnak, mais comment le discerner parmi tous ses gens qui vont viennent,
pleurent, cherchent ou se posent dans un coin le regard perdu et encore effaré
par ce qui vient de se passer. Les vraies questions viendront plus tard et les
fausses réponses auront un goût de sombre mystère.
Quelques minutes plus tard, Gary l’aperçoit à côté d’un
véhicule de pompier. Il est assit sur une civière le visage penché en avant et
entouré par des secouristes. Mirabelle et Gary s’approchent. Le mage est
visiblement très épuisé. Une femme lui prend sa tension, un médecin lui donne
un verre rempli d’une solution puis écoute son cœur. Mirabelle et Gary
n’entendent pas ce qui se dit car tout autour c’est le bruit des sirènes, des
cris, des interviews, des appels et des pleurs.
Une dizaine de minutes plus tard le mage se remet debout,
Mirabelle lui fait un signe qu’il remarque. Il fait deux pas chancelant,
l’infirmière lui cause et il répond d’un signe de tête négatif, elle le rassoit
sur la civière et lui donne un verre d’eau et deux cachets. Mirabelle et Gary
reste au même endroit sans s’approcher plus, parfois ils sont bousculés ou des
micros se tendent devant leurs bouches, ils répondent rapidement aux questions
posés sans quitter des yeux leur ami le mage.
C’est un bon moment plus tard qu’il se remet sur ses deux
jambes, visiblement il semble avoir retrouvé un peu d’énergie. L’infirmière
discute encore un petit peu avec lui puis donne une petite boîte de pilules et
le laisse partir.
Arnak rejoint Mirabelle et Gary.
-
Vous savez où sont les autres ?
Demande-t-il immédiatement les yeux cernés de fatigue.
-
Oui, ils nous attendent là-bas. Montre Gary
du doigt un angle de maison.
-
Parfait, ne restons pas dans cette cohue,
rentrons au camping ! Dit-il d’une voix faible et enrouée.
Episode 75
Fugitif.
Arrivé au camp le mage se laisse choir sur une chaise.
-
Bordel, qu’est-ce que j’ai eut mal au
cou ! Se plaint Mike en s’installant en bout de table.
-
Moi aussi. Dit Baccardi.
-
Atroce, Horrible ! Une rage de dent
c’est de la gnognote à côté. Ajoute Ellie.
Tous ont subit le supplice et en font part au mage.
-
Je sais mes amis, j’ai forcé la dose, mais il
le fallait. Répond-il d’une petite voix.
-
Ouais, en tout cas, bravo, top niveau,
c’était de la balle ton monstre. Whooo le truc de ouf… Enorme ! et la
voix, hoouuu, ça le faisait grave. Félicite Ellie.
-
Oui il m’a pompé beaucoup d’énergie ce dragon
et aussi pour le ciel, les couleurs, les Chauverats et brouiller les caméras.
Beaucoup d’ondes et beaucoup d’illusions ce soir, je suis complètement vidé.
J’ai donné la plus grande représentation de ma vie. Tout seul, cela aurait été
impossible, merci à vous tous. Félicite le mage en fermant les yeux.
-
En plus avec les éclairs, la grêle et le
tonnerre… C’était vraiment terrible, je n’avais jamais vu ça et franchement,
j’ai eut très peur. Heureusement que tu nous avais prévenu. J’imagine pour tous
ces gens… Dit Sourire en servant du thé et de l’orangeade pour l’équipe.
-
Pour les éclairs, le tonnerre et la grêle, je
n’y suis absolument pour rien, mais ce caprice météorologique ne pouvait pas
mieux tomber. Répond le mage.
-
Je crois que pour Horace de Fantenay c’est la
débâcle, tu as fait très fort. Grandiose ! ça valait le coup de souffrir
un peu. Se réjouie Gary.
-
Oui mais cet imposteur est en fuite et il va
falloir faire vite maintenant pour le rattraper avant qu’il se mette à l’abri
hors des frontières où qu’il soit arrêté par la police. Bougonne Arnak.
-
Après un coup comme ce soir, c’est sûr que la
police va le rechercher pour l’interroger et sa fuite le rend d’autant plus
soupçonnable… De quoi je ne sais pas trop mais maintenant, après Foix et
Pamiers, il leur faut trouver d’urgence un responsable à tous ces évènements
car l’opinion publique risque de réclamer des réponses et surtout un coupable.
Il ne faut pas oublier que Childeric Halebard leur a échappé et ils ne vont
certainement pas laisser la même chance à De Fantenay. Il ne pourra pas sortir
du territoire, tous les aéroports, les ports, les gares et les routes vont être
surveillées dans les heures qui viennent si ce n’est pas déjà fait. Evoque
Jack.
-
C’est grand ton territoire et il y en a
beaucoup de bonnes cachettes possibles pour un fugitif comme lui. Je suis bien
certain qu’il bénéficie encore de complicités. Soupire le Mage. C’est pour
toutes ces raisons qu’il nous faut agir rapidement. Adjoint-il.
-
On verra tout ça demain au grand jour, notre
ami Arnak est complètement lessivé. Dans l’immédiat on va tous prendre une
douche, se changer, préparer le dîner et se coucher tôt. Coupe Mirabelle.
-
Non, on démonte et on rentre au
château ! Impose le Mage.
-
Maintenant ? Tu es fou, il est 18h45 et
il y a de la route pour revenir au château. S’insurge-t-elle.
-
Ne perdons pas de temps ! Il faut partir
sans traîner de cette ville, comme eux. Montre le mage quelques voisins qui
chargent en urgence leurs automobiles pour s’éloigner au plus vite de Cahors
qu’ils pensent naïvement être entre les griffes du malin.
-
Mais pourquoi, nous n’avons pas peur, nous
savons que ce n’était que des mirages. Et pour le prédicateur, pour le présent
nous ne pouvons pas faire grand-chose. S’étonne Aline.
-
Parce que pour le moment c’est le bazar dans
la ville, mais dans une heure ou deux les autorités vont vite reprendre la main
et commencer à enquêter ; ils vont questionner tous le monde et fouiner
partout. Ne prenons pas ce risque, moins on nous voit, mieux ce sera pour la
suite. Argumente le mage Arnak.
Mirabelle et les autres ne peuvent qu’approuver la
logique du mage. Ils boivent rapidement le thé et les orangeades, démontent les
tentes, rangent les affaires et chargent les voitures. Quarante cinq minutes
plus tard, ils payent le gardien du terrain municipal et filent en direction du
château. Le mage Arnak ne verra rien de la route, bien assit à l’arrière du
monospace il s’endort immédiatement.
La radio informe des derniers évènements, le gouvernement
qui soutenait officieusement Horace de Fantenay est en ébullition. Des voix de
l’opposition se font entendre et réclament la dissolution de l’assemblée. Les
églises officielles ne font pour le moment aucun commentaire. Sur le parvis de
Notre Dame de Paris, des adorateurs du diable ce sont réunis, la police les a évacués
par la force. Des reporters du monde entier et des spécialistes des phénomènes
paranormaux convergent vers Cahors. Des déclarations pris sur les lieux après
les événements sont diffusés et un correspondant assure le direct. Il est
dénombré trois morts, un disparu et 45 blessés. Les puissances du mal ou le
diable reviennent dans tous les témoignages. Il est répété ce qu’à dit le
dragon au prédicateur et certains commentateur reprennent prudemment ce que
quelques théologiens ont avancé sur la possibilité que les actes malveillants,
délétères et criminels des êtres humains accumulés durant toute leur histoire
pourraient délivrer les forces obscures de notre univers et que les
prédicateurs, l’un comme l’autre, en seraient les vecteurs. D’autres accusent
d’un plan bien plus humain qui ne doit rien au diable ni à d’autres expressions
mystérieuses, mais qui vise à effrayer la population pour mieux la soumettre à
une nouvelle politique de restriction des libertés.
A minuit l’équipe arrive au château à la grande surprise
de Melle Véra et Dorine.
Le mage Arnak à retrouvé de la forme et sort du monospace
en s’étirant.
-
A la télé, ça passe en boucle ! Leur
annonce joyeusement Dorine.
-
Houla, d’après ce qui est dit vous avez donné
un grand spectacle. Rigole Melle Véra en aidant à décharger.
-
Ils parlent d’un gigantesque dragon !
Adjoint Dorine.
-
Ouais, c’était vraiment top, mais dommage, le
prédicateur s’est barré un peu rapidos ! Regrette Ellie.
-
Il ne peut aller bien loin, on va lui mettre
la main au collet, ne t’inquiète pas. Dit Jack avec optimisme.
-
L’autre Mariole est au parfum ? Demande
Gary.
-
Tu veux parler de Childéric ? Répond
Melle Véra.
-
Oui !
-
Non et je pense qu’a cette heure là il dort
et de toute façon il n’a plus de journaux depuis votre départ. Informe-t-elle.
-
On va le réveiller et le mettre un peu devant
la télé. Ricane Gary.
-
Bonne idée ! Approuve le Mage.
Une trentaine de minutes plus tard, Childéric Halebard
est réveillé et extrait de sa cellule. Un peu éberlué, il s’étonne car cela
fait trois jours qu’il y est condamné sans en sortir. Son menton est couvert
d’une barbe piquante et son regard reflète une profonde lassitude.
-
Fait un beau sourire Halebard, on t’emmène
dans le grands salon pour regarder la télévision. Lui dit Mirabelle.
-
A cette heure mais ?.. Ne comprend pas
le prédicateur.
-
Tu vas beaucoup aimer. Lui dit Baccardi en le
tractant dans l’escalier.
Le prédicateur se laisse mener docilement sans trop
saisir ce qu’on lui veut au milieu de la nuit. Une fois confortablement
installé il fixe ses yeux sur l’écran et prend connaissance de ce qui c’est
passé durant la procession de son rival. Son visage marque d’abord de l’effarement,
puis de la curiosité et d’une écoute plus attentive, il affiche enfin un grand
sourire.
-
C’est encore vous ? se tourne-t-il vers
le Mage.
-
Toute l’équipe et moi ! Rectifie ce
dernier.
-
Vous avez vraiment un exceptionnel talent… Je
pourrais presque croire que certaines puissances occultes vous secondent. Magie
noire je suppose ?
-
Tu n’y es pas du tout mais cela n’a aucune
importance. Rigole Arnak.
-
Alors bonhomme, qu’en dis-tu ? Lui
demande Baccardi.
-
Je ne vais pas vous dire que ça me fait de la
peine, ce serait de l’hypocrisie. Tout ce que j’en déduis c’est que vous ne
travaillez pas non plus pour De Fantenay.
-
Whoooo, tu sais que t’es vachement perspicace
toi ! Se moque Ellie.
-
Récréation terminée, retour à ta cellule et
on avisera demain si on recommence les ballades dans le parc ou non. Intervient
Melle Véra en coupant la télévision.
-
C’est bon, j’ai compris madame… Avec vous ce
n’est pas la peine de jouer au plus malin, la partie est perdue d’avance. Je
n’aie plus l’intention de faire l’idiot. dit-il en montrant ses deux doigts
soutenus par une attelle.
-
Heureuse de te l’entendre dire, au trou
maintenant et bonne nuit.
Episode 76.
Où se
cache-t-il ?
17 Septembre, Au petit déjeuner tout le monde a les yeux
collés sur l’écran de la télévision. Comme l’avait prévu Jack, le prédicateur
est activement recherché mais il pour le moment introuvable. Deux de ses
fidèles lieutenants ont été arrêté alors qu’ils tentaient de fuir le pays à
bord d’un avion privé. A cahors les questions demeurent sans réponse et tous
s’accordent à dire qu’aucune technique connue ne permet de créer de telles illusions
en plein air, de plus, quand bien même cela aurait été possible, il faudrait
disposer d’un matériel très lourd qui ne pouvait en aucun cas passer inaperçu.
Les divers trucages et projection d’images sont écartés mais personne ne peut
définir vraiment l’origine de cette manifestation. La crainte d’une réalité est
sous entendu dans les articles et les reportages. Les spécialistes des phénomènes paranormaux
sont sur place et examinent minutieusement le pont Valentré.
Aucune image ne vient étayer la présence du dragon et des
autres phénomènes, comme à Foix, le matériel était en défaut. Pourtant des
photos ont été prises par quelques rares riverains de leur fenêtre mais
celle-ci ne montre que la panique et l’orage. Les enquêteurs n’y comprennent
rien.
Dans le monde, l’atmosphère se détend, les Russes et les
Chinois se sont séparés en bonne entente et leurs troupes ont quitté les
frontières. En mer rouge les armes font silence et le trafic va reprendre sur
le canal de suez. En Amérique du sud, les belligérants réclament un
cessez-le-feu. En Centrafrique, la cathédrale que devait ériger le gouvernement
à la gloire d’Horace de Fantenay est décommandé.
-
Je crois que nous avons réussi notre mission.
De réjouit Aline en piquant au passage une tartine à Gary.
-
Attendons encore, ce ne sont que des trêves
et rien ne dit qu’elles vont durer. Contredit Jack.
-
Il faut également mettre la main sur De
Fantenay et le faire sortir avec l’autre définitivement de ce monde car la paix
dans le notre en dépend. Ajoute le Mage.
-
Seul Childéric nous connait et pour l’autre,
il va surement finir en prison, alors… Ne comprends pas Dorine.
-
Arnak à raison, si nous lâchons Horace de
Fantenay, il est possible qu’il remonte la pente. Cet homme sait beaucoup de
choses et entre autre l’identité de tous ses soutiens et il en est certains qui
préféreraient que ce ne soit pas divulgué. Ses lieutenants ou Ses conseillers
vont payer l’addition mais lui s’en tirera à bon compte et pourra peut-être
même recommencer ces prêches. Le plus gros risque pour lui, c’est un assassinat
commandité par ses ex associés pour ne pas qu’il parle mais en général, des
gens comme le prédicateur prennent leur
précautions et disposent d’hommes de confiance qui, en cas de problème,
balanceraient de confidentielles et gênantes informations aux médias. Explique
Melle Véra.
-
Donc il faut absolument lui mettre la main
dessus. En conclus Baccardi.
-
Avant les poulets. Ajoute Ellie.
-
Poulet ? Ne comprennent pas les natifs
de Fantasmaginaire.
-
C’est un petit nom familier qu’on donne aux
flics. Développe Sourire.
-
Mais où se cache-t-il ? Pose la question
Mike en chipant une tartine à Aline sous le regard complice de Gary.
-
C’est une bonne question mais aucun de nous
n’a de réponse ; hélas. Soupire Mirabelle.
-
Et comment le savoir ? Adjoint le mage
Arnak.
-
Franchement, je ne vois pas. Se désole Aline
en tirant les cheveux de Mike pour lui faire rendre la tartine.
-
Il faut continuer à nous tenir informé et
peut-être qu’un petit détail nous mettra la puce à l’oreille. Espère Melle Véra.
-
C’est pour le moment ce que nous avons de
mieux à faire. En conclus le mage Arnak.
Baccardi regarde la pendule.
-
Et pour Childéric, on décide quoi ?
Interroge-t-il l’assemblée.
-
A quel sujet ? En demande précision
Melle Véra.
-
On lève la suppression de promenade, parce
que le bonhomme n’est pas très frais je trouve.
-
Je crois qu’il à compris la leçon et nous
allons le sortir mais avant on va lui permettre de prendre une bonne douche et
de se raser. Répond Melle Véra.
10h40, Childéric tout propre et rasé est conduit dans le
parc pour une bonne promenade. L’homme respire de grandes bouffées d’air comme
si elles étaient pour lui de précieux cadeaux et qu’il voulait en faire des
réserves.
Sourire, Dorine, Mike et Gary sont en ville pour le
ravitaillement. Arnak et Baccardi écoute attentivement les informations et Jack
en recherche d’autres sur internet.
Lady Dark décide de préparer un cassoulet pour demain
soir et le nez dans un bouquin de recettes elle s’affaire en cuisine.
18 septembre, Horace de Fantenay reste introuvable et les
évènements de Foix, Pamiers et Cahors demeurent des énigmes. Cinq gardes du
corps du prédicateur ont été arrêtés et conduit au quai d’Orsay pour
interrogatoire.
Le président de la république, sous la pression populaire
et d’une partie de l’opposition, ordonne la dissolution des brigades blanches.
Les nations du Moyen Orient se réunissent afin de trouver des propositions pour
résoudre les graves problèmes qui les opposent aux pays de l’Europe de l’Ouest
et de l’Amérique du nord. L’Afrique du sud est en pourparler avec trois nations
d’Amérique Latine afin de rétablir leurs relations diplomatiques. Les églises
officielles exhortent leurs fidèles, se gardant bien de citer des noms, à ne
plus suivre les discours fanatiques de certains prédicateurs et prêcheurs
malveillants.
Childéric Halebard lit la presse quotidienne avec
gourmandise certainement heureux que sont rival y soit laminé. Pendant la
promenade il en parle sans cacher sa joie.
Dans l’après midi, Mirabelle à rejoint Mike et l’entraine
un peu à l’écart derrière le château.
-
J’ai une demande à te formuler mais tu n’es
pas obligé de l’accepter, je comprendrais. Lui dit-elle.
-
Dis toujours et on verra.
-
Je voudrais maintenant m’essayer au fouet sur
autre chose que des feuilles de papier. Gary m’a dit que j’étais prête et donc
j’ai pensé à toi.
-
Houlà ! Le fouet c’est dur ça !
Répond Mike.
-
As-tu déjà goûté ?
-
Non mais c’est un instrument que je n’aime
pas du tout.
-
Gary m’a bien appris la façon de fouetter
sans causer de douleur insupportable et de ne surtout pas écorcher la peau. Si
jamais cela se produisait avec toi, il n’hésiterait pas à me rappeler la bonne
méthode sur moi. Tente de convaincre Mirabelle.
-
Ce n’est pas un manque de confiance envers
toi mais le fouet… Tu comprends hein ?
-
Oui Mike et je ne t’en tiens pas rigueur.
-
Tu as essayé toi ? Questionne-t-il.
-
Oui, il y a un peu plus d’une semaine dans le
parc, Gary m’a fait une démonstration sur moi pour que je comprenne bien ce
qu’on doit ressentir pour en tirer du plaisir.
-
Et alors c’était comment ? Réclame Mike.
-
J’ai aimé, mais je ne veux en aucun cas
t’influencer.
-
Ecoute, je ne sais pas quoi te dire….
J’aimerais bien te faire plaisir mais le fouet…. Franchement je n’y tiens pas.
-
Ce n’est pas grave Mike. Oublions ça et
restons-en aux bonnes fessées.
-
Ça c’est quand tu veux ! Se réjouit-il.
-
Je prends note. Rigole Mirabelle en
retournant vers le château.
Ce soir c’est dégustation de cassoulet, Melle Véra,
Ellie, Sourire et Jack s’accordent à dire qu’il est très réussi. Les autres
apprécient la spécialité terrienne avec délice.
Les informations du soir n’apprennent rien de plus qu’ils
ne savaient déjà.
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