Episode 105
Les clefs
14 Octobre 10H28, Ellie et Sourire rassemblent toutes les
vielles clefs qui n’ont plus d’affectation et les joignent avec celles que
Melle Véra avait donné. Il y en a de toutes les sortes, de toutes les formes et
grandeurs. Mirabelle avec du collant modifie une lettre et un chiffre du numéro
d’immatriculation du monospace.
14h16 les sacs sont prêts. Après avoir tout rangé dans
l’appartement de Jack, Dorine, Gary et
Mike sortent en refermant bien la porte à double tour. Dans vingt minutes ils
ont rendez-vous avec l’équipe chez Ahmed. Ensuite ils iront tous faire des
emplettes pour assurer le ravitaillement pour la longue traversée des
catacombes et pour finir, se dirigeront vers Paris.
Sourire a collé sur son pare-brise un caducée, elle
emmène à son bord Aline, Ellie et Baccardi. Les autres prennent le métro ;
rendez-vous Denfert-Rochereau.
Une fois installé dans le monospace, Ellie contrôle son
sac à main pour s’assurer que l’aiguille est bien en place sur la boucle ainsi
que la petite dose de puissant sédatif.
Sourire démarre et s’engage sur la voie rapide. A 17
heures c’est la fin de la dernière visite des catacombes et il faut y être
quand le gardien fermera les portes. Aline pose sur le siège libre le
stéthoscope et le matériel pour prendre la tension.
16h45, Ellie est déposé sur le trottoir à une
cinquantaine de mètres de l’entrée des catacombes. Sourire redémarre et fait
des tours de place en attendant le moment d’intervenir.
17h 04, le dernier groupe de visiteurs sort et la
guichetière baisse les rideaux de fer du kiosque.
17h05, le gardien sort son trousseau de clefs et ferme
les portes. Ellie arrive à sa rencontre, il faut qu’elle le croise devant la
grande entrée du pavillon de fonction.
17h10, le gardien après avoir tout vérifié se dirige vers
le petit bâtiment, Ellie presse le pas et place son sac à main bien à plat sur
sa hanche.
17h10 et 05 secondes, Ellie bouscule le gardien en le
croisant, ce dernier fait une grimace en portant sa main sur sa cuisse.
-
Ho excusez-moi monsieur, j’avais la tête
ailleurs, je ne vous avais pas vu. Se confond Ellie.
-
Quelque chose m’a piqué, ce doit-être la
boucle de votre sac. Faut faire attention où vous marchez mademoiselle !
Peste le gardien.
-
Vraiment je suis désolé monsieur.
-
Oui… Mais hé… Je ne… Que …. Bégaie l’homme en
commençant à perdre l’équilibre.
-
Monsieur ça ne va pas ? Monsieur !
Dit Ellie en le soutenant.
-
Que… Q…ce… Qui…m’arr… ive ?
-
Je vous tiens monsieur, je vous tiens !
Vous devez avoir un malaise.
Un couple et une dame s’approchent.
-
Que se passe-t-il ? Demande la dame.
-
Je ne sais pas, je crois qu’il fait un
malaise. Aidez-moi, je ne pourrais pas le tenir longtemps debout. Répond Ellie.
Mike et Gary accourent du trottoir d’en face.
-
Tenez bon Mademoiselle ! Crient-ils en
arrivant et poussant les curieux qui commencent à s’agglutiner.
-
Il faut appeler des secours ! Fait un
jeune homme en sortant son portable.
Au même moment le monospace de Sourire stoppe à leur
hauteur. Baccardi ouvre la vitre et déclare :
-
C’est un accident, je suis médecin !
Hurle-t-il.
-
Justement j’allais appeler les pompiers. Fait
le jeune homme.
-
Laissez, je m’en occupe, j’ai mes infirmières
avec moi. Dit-il en sortant précipitamment de la voiture muni du stéthoscope.
Il fait écarter les badauds et soulève les paupières du
gardien pour regarder son blanc d’œil.
-
S’il-vous-plait messieurs, s’adresse-t-il à
Gary et Mike qui le tiennent toujours, installez le à l’arrière de mon
véhicule. Mademoiselle, s’adresse-t-il ensuite à une de ses infirmières,
Prévenez les urgences de l’hôpital Saint Vincent de Paul que nous sommes
susceptible de leur apporter un malade. Donnez mon nom ils me connaissent.
Joue-t-il à merveille son rôle.
Sourire fait semblant de téléphoner.
Les deux complices assoient le gardien inanimé sur un
siège arrière du monospace. Aline lui soulève une manche pour lui prendre la
tension. Les curieux se pressent dans l’encadrement de la portière. Le faux
médecin Baccardi s’énerve.
-
Mesdames et messieurs, reculez
‘sil-vous-plait, tout va bien nous prenons en charge cet homme. Rentrez chez
vous ! Leur dit-il d’un ton autoritaire.
Les badauds, y compris Ellie, Mike et Gary s’éloignent du
véhicule de quelques mètres. Baccardi fait paravent de son corps, Sourire se
penche par-dessus les sièges et fait les poches du gardien pour en sortir le
trousseau de clef, puis sur le siège à côté d’elle, étale toutes les vieilles
clefs à la recherche de celles qui ressemblent le mieux à celles du gardien
pour les remplacer dans le trousseau.
-
Dépêches-toi, la dose était très faible, il
va bientôt se réveiller. Prévient Aline.
-
J’ai presque fini encore quatre et c’est bon.
Une femme sort du pavillon affolé et se précipite au
véhicule ; Baccardi fait barrage.
-
C’est mon mari ! Fait la femme.
-
Ce n’est rien madame un petit malaise je suis
médecin.
-
Ha bon… Oui, alors très bien. Un malaise vos
dites ? S’affole la femme en tentant de regarder par-dessus l’épaule de
Baccardi.
-
Ne vous inquiétez pas madame et si besoin
nous avons déjà prévenu l’hôpital. Rassure-t-il.
Le trousseau est complet, Sourire le remet dans la poche
du gardien juste à temps car se dernier commence à refaire surface.
Quelques secondes plus tard il ouvre grand les yeux et
parcours l’habitacle du monospace l’air surpris.
-
Qu’est-ce que je fais là ?
Interroge-t-il Aline.
-
Vous avez eut un malaise monsieur ! Lui
répond-elle.
-
Un malaise ? Réfléchit-il.
-
Oui, il y avait une jeune femme avec vous.
Précise Baccardi.
-
Une jeun… Oui, ça y est, elle ne regardait
pas où elle allait et nous nous sommes rentré dedans et après… Apres je me suis
senti bizarre et puis, plus rien.
-
A première vue monsieur, vous avez un manque
de vitamine. Estime Baccardi.
-
Ha bon ? Mais je mange plutôt bien et
équilibré. Mais qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
-
Je suis médecin et voici mes deux
infirmières. Présente Baccardi.
-
J’ai de la chance alors !
-
J’ai regardé vos yeux et ils sont un peu sec,
c’est un symptôme de manque de vitamine. Il faudra consulter votre médecin
traitant, rassurez-vous ce n’est pas grave du tout, il vous faut simplement une
bonne cure de vitamine pendant deux semaines. Baratine Baccardi.
Deux gardiens de la paix s’approchent.
-
Il y a un problème ? Demande le plus
gradé.
-
Non c’est ce monsieur il a fait un petit
malaise sur le trottoir et je suis médecin alors je suis intervenu. Répond
Baccardi.
-
Et il va mieux le monsieur ? Se
renseigne l’agent de police.
-
Heu oui, je ne comprends pas ce qui m’est
arrivé. C’est bien la première fois que ça me fait ça. Répond le gardien en
sortant du véhicule.
-
Très bien alors si ce monsieur n’a plus
besoin de vos services vous circulez car le stationnement est interdit ici.
Commande-t-il à la conductrice du monospace.
-
Bien, au-revoir monsieur et surtout allez
consulter votre médecin traitant. Fait Baccardi en prenant place sur le siège
passager avant.
-
Merci ! Merci beaucoup ! Répondent
le gardien et sa femme en se dirigeant vers l’entrée du pavillon donnant accès
au logement de fonction.
Le monospace démarre direction le parking souterrain
payant. Une fois bien garé, Sourire retire les collants qui modifiaient son
immatriculation, le caducée, puis ôte ses lunettes teintées et le faux grain de
beauté collé sur sa joue. Maintenant, ils ont rendez-vous avec le restant du
groupe dans un grand café pour faire le point avant d’ensemble aller au
restaurant puis au cinéma en attendant le camion.
Episode 106
Soirée entre amis
Dans un grand café parisien du 14eme arrondissement, le
groupe à monopolisé tout un angle de la salle.
-
Alors ça y est, on a les clefs. Se réjouie
Mike.
Sourire les sort de sa poche et les donne à Mirabelle.
-
Il y en a 11, ce sera à vous de trouver la
bonne ou les bonnes car il est possible qu’il y ait en plus de la porte
d’entrée, des grilles à l’intérieur. Prévient-elle.
-
Nous nous débrouillerons. Fait Mirabelle
confiante.
-
Et tu crois que le gardien ne va pas
s’apercevoir qu’on lui a échangé ses clefs ? Interroge Lady Dark.
-
Je pense que non, et puis, il n’est pas
toujours en train de les sortir de sa poche pour les regarder et j’ai bien fait
attention qu’elles soient d’apparences identiques. S’il ne les observe pas de
trop près, il n’y verra que du feu. Répond Sourire.
-
C’est surtout demain matin à l’ouverture
qu’il va faire une tronche de trois pieds de long. Ricane Ellie.
-
On sera déjà loin. Dit Dorine.
-
J’espère que Bonemain, le mage et Jack n’ont
pas de problème et qu’ils seront à l’heure. Soupire Aline.
-
Avec Arnak, pas de souci, c’est le roi de
l’illusion et il est capable d’embrouiller n’importe quel flic en cas de
contrôle. Rassure Ellie.
-
Ils ne doivent plus être loin de la ville,
Bonemain avait prévu qu’ils arriveraient vers 23H30 et qu’ils attendraient en
périphérie pour être à l’heure au rendez-vous. Formule Sourire.
-
Je vais bien m’amuser demain mais pas vous.
Intervient Baccardi à l’adresse de ses amis de Fantasmaginaire.
-
Et pourquoi donc ? S’étonne Mirabelle.
-
Parce que cette histoire de clefs échangées
va surement faire une manchette dans les journaux que vous ne pourrez jamais
lire tandis que moi je continuerais à jouir de la fin de cette histoire.
Réplique-t-il avec un petit sourire provocateur.
-
C’est vrai mais nous, à l’inverse, nous
auront le divertissement d’amener les prédicateurs au chym. Réplique narquoise
Mirabelle.
-
Haaaa oui, je vais louper ce grand moment.
Admet Baccardi.
-
Surtout, imagine un peu si tu avais repris le
commandement de ton navire, que tu les rencontres sur l’océan et que tu les
fasses prisonniers pour les vendre. Envisage Mike.
-
Ha, ha, ha, ha ! là je dois avouer que
ce serait vraiment un pur moment de grosse rigolade. Je n’ose même imaginer
leurs têtes, ha, ha, ha, ha ! Mais ce n’est pas cela qui me fera changer
d’avis. Quand j’ai accepté cette mission et que je vous avais recommandé auprès
de l’impératrice je n’étais déjà plus un vrai Kidnapingre et aujourd’hui, je ne
le serais jamais plus.
-
Je t’admire Baccardi car il doit être très
pénible de quitter son monde, son pays, ces racines et d’admettre qu’on ne
pourra plus jamais faire marche arrière. Dit Gary en soufflant sur la mousse de
sa bière.
-
Oui, j’avais pris cette décision le jour où
j’ai empêché Mike de tirer sur Horace de Fantenay. Je dois vous avouer que
depuis j’ai passé quelques nuits agitées, car comme tu le dis, c’est difficile
de décrocher définitivement du monde où on a ouvert les yeux. J’ai même souvent
pensé revenir avec vous, vendre le Troudanlo et m’associer avec Glassalo pour
créer le plus grand restaurant jamais ouvert dans aucun de tous les ports du
monde de Fantasmaginaire mais… Mais non et comme je l’aie déjà dit, je ne
voulais plus être un kidnapingre ni de près, ni de loin. Ici je ne suis que
Baccardi et si je raconte mes histoires on ne dira pas de moi que je suis un
Kidnapingre mais que j’ai beaucoup d’imagination. Je suis heureux croyez-le et
plus rien ne me fera changer d’avis !
-
Nous ne pouvons que te souhaiter la meilleure
vie possible dans ta nouvelle patrie. Lève son verre Gary.
Tous ensembles ils trinquent.
20h10, ils entrent dans un restaurant réputé. Les natifs
de Fantasmaginaire invitent histoire de dépenser les derniers Euros que leur
avait donnés le mage Arnak.
Ils sont joyeux, rient et plaisantent, mais cette joie
dissimule au fond d’eux la grisaille d’une fin d’aventure et d’une séparation
annoncée.
23h55, C’est la dernière séance, ils s’installent dans
les fauteuils d’une salle de cinéma. Sur l’écran défile un film d’agent secret
au service de sa majesté. Sans doute qu’aucun parmi eux ne suit attentivement
l’histoire et que ce soir le thème du film a bien peu d’importance.
1h25, Ils sortent du cinéma, l’atmosphère est douce et
ils vont le long des trottoirs au hasard. Ellie a mise en fonction son
téléphone portable pour recevoir le message de Bonemain quand il arrivera dans
les environs de la place Denfert-Rochereau. Elle voudrait que le temps arrête
sa course, juste pour une journée, une modeste journée de plus.
Prière illusoire, elle le sait… Ils le savent tous.
Dans leurs têtes se projettent sur un petit écran privé
les images passées de leur aventure. Les plaisanteries, la mission, les
bagarres de polochons, les fous rires, les bon petit plats de Lady Dark et
aussi les petits bizutages et les fessées. Une pensé également pour Melle Véra
restée toute seule dans son grand château. Peut-être arpente-t-elle les longs
couloirs en entendant encore résonner les éclats de voix et de rires qui ont
animé le château plus de trois mois. Peut-être regarde-t-elle à travers les
vitres le grand parc endormi en finissant nostalgique le dernier biscuit à la
noix de coco qu’avait fait Lady Dark avant de partir.
Les trottoirs, les rues et les avenues sont vides, seuls
quelques automobiles et taxis passent de temps en temps.
2h18, le portable d’Ellie grésille, elle le colle à son
oreille et écoute le bref message, puis annonce à ses amis que le camion sera à
Denfert-Rochereau dans une quinzaine de minutes.
Episode 107
Chacun sa route
2H34, Bonemain stationne en face de la gare et attend le
signal de Gary confirmant qu’ils sont en possession des clefs. Une fois le
contact établi, il coupe le moteur.
Le mage Arnak et Jack descendent de la cabine et
inspectent les alentours. Une automobile passe mais aucun piéton en vue si ce
n’est que les membres du groupe.
Bonemain descend à son tour et ouvre le haillon.
Mirabelle, Aline, Dorine, Mike et Gary se précipitent et montent pour ouvrir la
grosse armoire. Le temps d’en sortir les deux prédicateurs, Bonemain referme le
haillon pour éviter que le peu d’automobilistes qui passent voient ce qui se
passe à l’intérieur du camion. Quinze minutes plus tard il rouvre pour laisser
descendre.
Childéric Halebard et Horace de Fantenay semblent en
forme et des chapeaux large bord leur dissimulent pratiquement tout le haut du
visage. Le mage Arnak fait activer pour
les conduire jusqu'à l’entrée des Catacombes. Bonemain salut tous le monde,
remonte dans sa cabine et s’en retourne vers la Bretagne.
Mirabelle va en
solitaire à la porte des catacombes et essaye le plus rapidement possible de
trouver la bonne clef. Les autres sont éparpillés en surveillant du coin de
l’œil Mirabelle. Les deux prédicateurs ne disent pas un mot et pour cause, ils
ont chacun un couteau pointé dans les reins et ont été prévenu qu’au moindre
cri ou au moindre geste suspect la lame entrerait jusqu’à la garde.
Mirabelle ouvre la porte, Aline, Dorine, Baccardi et Gary
pressent Childéric et Horace à traverser la rue puis d’entrer dans les
catacombes. Suivent à quelques secondes, Lady Dark, Ellie, Sourire et Jack.
Les deux derniers à s’introduire sont le mage et Mike qui
referment la porte derrière eux. Très vite le groupe se dirige à l’éclairage de
leur lampe électrique en suivant le fléchage de la visite. Les escaliers les
enfoncent profond sous l’asphalte de la ville. Quelques grilles à ouvrir et ils
retrouvent un peu plus loin la galerie par laquelle ils étaient arrivés.
-
Voilà, c’est ici ! Ils ne nous restent
plus qu’à nous dire au-revoir. Fait le mage en posant son lourd sac au sol.
Ils s’embrassent, s’enlacent et les larmes coulent sur
les joues d’Ellie, Sourire, Dorine, Lady Dark, Jack et Mike. Le mage fait un
dernier tour en faisant scintiller des étoiles au dessus de leurs têtes.
Baccardi attrape Dorine et Mike par les épaules.
-
Une extraordinaire histoire qui se termine là
hein ? J’aurais regretté de ne pas un jour sur l’océan vous avoir
rencontré. Quelle épopée ! Vous savez que c’est en partie grâce à vous que
je ne serais jamais plus un Kidnapingre. Mike mon ami, quand tu vas écrire nos
aventures, ne soit pas complaisant avec ce que je fus en tant que capitaine
Baccardi, kidnapingre commandant du Troudanlo. Dis la vérité et raconte
l’histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée. Nous nous reverrons plus
alors c’est la dernière chose que je te demande Mike.
-
C’est promis. Dit le jeune homme en épongeant
ses larmes d’un revers de manche.
-
Et toi Dorine, j’espère que tu te souviendras
de ma main autant que je me souviendrais de tes fesses.
Dorine se plaque le visage sur le torse de l’homme en
sanglotant.
Baccardi se tourne vers Aline, Mirabelle, Lady Dark, Gary
et le mage Arnak.
-
Je garderais au plus profond de mon cœur un
très bon souvenir de vous et j’espère que de votre côté, vous ne garderez de
moi le meilleur et que vous me pardonnerez le plus mauvais. Déclare-t-il la
voix cassé d’émotion.
Derrière lui,
Ellie, Sourire et Jack ont les visages délavés et ravagés de tristesse.
-
Je vous redonne les clefs du gardien,
refermez bien les portes en sortant et mettez les dans la boite aux lettre du
pavillon. Dit Mirabelle en tendant le trousseau à Baccardi.
-
Tenez vous quatre, il me reste sept triangles
d’or, je vous les offre. Dit le mage en tendant les pièces au creux de sa
paume.
-
Merci Arnak ! Adieu mes amis et
transmettez mes amitiés à Glassalo. Lance Baccardi en signant cette dernière
phrase d’un petit clin d’œil fraternel.
Le mage et Gary poussent les prédicateurs en avant et la
petite troupe s’enfonce dans la galerie interdite au public.
Ellie, Sourire, Jack et Baccardi restent jusqu’à ce que
les petites lumières des lampes électriques disparaissent dans la profondeur
sombre des catacombes.
Le groupe progresse aisément en suivant le reflet de
leurs lampes dans les billes. Derrière, le mage Arnak les ramasse
méthodiquement et les remet dans le sac de toile.
six heures plus tard, ils font halte dans un large
croisement pour installer un bivouac.
Les deux prédicateurs sont allongés sur des couvertures
puis ont les chevilles et les poignets liés ensemble avec une marge d’une
cinquantaine de centimètres.
-
Vous êtes fous, vous allez nous perdre dans
ces catacombes ! Proteste Childeric.
-
Ne t’inquiète pas, nous avons parfaitement
balisé l’itinéraire. Après nous être bien reposé, si mes souvenirs sont exacts,
il nous restera environ six ou sept heures de marche avant d’atteindre la
sortie sur le monde de Fantasmaginaire. Répond le mage Arnak.
-
Pfff, le monde de Fantasmaginaire. Fait
Childéric septique en posant sa tête sur son sac et se recouvrant avec la
couverture.
Mirabelle, Lady Dark et Mike éteignent leurs lampes,
c’est le noir complet, ils s’endorment.
Episode 108
Destination finale
Le premier à ouvrir un œil et allumer sa lampe est Gary.
Il éclaire les deux prédicateurs qui dorment encore à poing fermés.
Un peu plus loin Mirabelle se redresse et secoue Dorine
et Mike.
Quelques secondes plus tard Lady Dark allume sa lampe et
fouille dans son sac pour en sortir de
quoi se restaurer avant de reprendre la marche.
Le mage réveille les prédicateurs ? Gary leur défait
les liens pour qu’ils puissent déjeuner mais avant, il les accompagne un peu
plus loin pour qu’ils se soulagent.
-
Alors en forme ? Leur demande-t-il.
-
J’ai mal aux côtes, le sol est trop dur. Se
plaint Horace de Fantenay en refermant sa braguette.
-
Ceux qui ont creusé ces galeries n’ont pas
prévu de chambres d’hôtel pour les voyageurs. Plaisante Gary. Après ça, les
bannettes sur les bateaux vont te paraitre très confortables. Ajoute-t-il.
Ils reviennent au bivouac et s’installent.
-
Vous parlez de bateau mais ça ne sent pas
beaucoup la mer dans ces catacombes. Ironise Childéric en buvant un café chaud.
-
Ne t’impatientes-pas, dans quelques heures tu
la verras la mer. Prévient Aline.
Petit déjeuner pris, les couvertures rangées dans les
sacs et les piles des lampes changées, la troupe reprend sa route en suivant
toujours les petites billes.
4 heures plus tard ils font une halte dans
l’élargissement d’une galerie et reprennent des forces en grignotant le restant
de vivres.
-
Vivement qu’on arrive et j’espère que les
gardes impériaux vont nous cuisiner un bon petit ragoût de Brigantin avec des
pommes de sable. En rêve Lady Dark.
-
Ou du lapin de mer à la braise. Adjoint au
menu Mike.
-
Un bon gâteau à la gelée de Pechavaz. Achève
Aline.
-
C’est long parce que nous reprenons le même
itinéraire qu’à l’aller, ce n’est certainement pas le plus court. Fait le mage
Arnak en faisant sauter de minuscule lutin dans sa chevelure.
Childéric hausse les épaules.
Une heures plus tard ils se remettent debout et
poursuivent leur marche.
Le mage Arnak avait assez bien estimé le temps car deux
heures plus tard ils bifurquent dans la galerie de sortie et aperçoivent au
bout du rétrécissement la lumière. Gary se retourne vers les deux prédicateurs.
-
Nous voilà arrivés à Fantasmaginaire
messieurs, j’espère que vous êtes content. Leur annonce-t-il avec un large
sourire.
-
Nous sommes avant tout contents de revoir la
lumière du jour et je peux vous dire que vu le temps que nous avons marché
votre Fantasmaginaire doit se situer quelque part en grande banlieue
Parisienne. Répond Horace de Fantenay.
-
Hé bien j’espère que tu as un bon souvenir de
la banlieue Parisienne parce que tu vas être surpris. Lui réplique Dorine en
rigolant.
Cinq minutes plus tard ils sortent. Pour le moment ils ne
voient rien du paysage car il est masqué par la végétation qui camoufle
l’entrée du trou. Gary et Mirabelle font avancer les deux prédicateurs vers le
bout de la plateforme et une fois le feuillage plus ouvert, leur font découvrir
le point de vue.
-
Alors les deux marioles, qu’en
pensez-vous ? leur demande Gary Hilare.
Childéric Halebard et Horace de Fantenay font un tour
d’horizon en ouvrant de grands yeux effarés.
Dorine s’approche.
-
Vous ne trouvez pas qu’elle à drôlement
changé la banlieue de Paris ? Les interroge-t-elle.
-
Mais…. Non, c’est impossible ! Fait De
fontenay.
-
C’est encore une de vos illusions !
Suspecte Halebard.
-
Dites-moi vous deux, vous ne trouvez pas que
pour une illusion c’est un peu trop réel ? Questionne le mage Arnak.
-
Réel vous dites ? Avec une mer violette
et un ciel de tonalité rose orangé !
-
Désolé, cela fait des millénaires que nous
n’avons pas repeints… Sans doute parce que la couleur nous convient bien.
Répond le mage moqueur.
-
Arrêtez vos tours de magie et dites-nous
exactement où nous sommes ? S’emporte Horace de Fantenay.
-
Vous êtes chez nous, dans le monde de
Fantasmaginaire, vous avez notre parole à tous ! Répond le mage.
-
Baliverne ! Eructe De Fantenay.
-
Si ça te fais plaisir de le croire que c’est
une connerie alors tant mieux. Maintenant en route, on nous attend sur la
plage. C’est par là ! Commande Mirabelle en montrant la direction du
doigt.
La descente est raide et quand ils aperçoivent la plage
en contrebas, les natifs de Fantasmaginaire sont heureux de constater que le
camp des gardes impériaux n’est pas déserté.
Un peu plus bas ils pénètrent dans le sous bois et les
deux prédicateurs commencent sérieusement à se poser des questions en regardant
certaines plantes et feuillages très différents de ce qu’ils connaissent.
Arrivés au pied du versant, les prédicateurs découvrent
la plage et avec encore plus d’étonnement, les gardes impériaux qui viennent à
eux. Un ambassadeur les accompagne et manifeste sa joie.
-
Vous êtes enfin de retour on y croyait plus
et l’impératrice avait déjà donné des ordres pour démonter le camp dans deux
semaines. Dit-il.
-
Et bien nous voilà ! Fait joyeusement le
Mage Arnak.
-
L’impératrice va être prévenue dans les
prochaines secondes. Mais qui sont ces deux personnes et où est le capitaine
Baccardi ? Interroge-t-il en pointant de l’index les deux prédicateurs.
-
Ces deux hommes sont des prisonniers mais je
parlerai de leur devenir en particulier avec l’impératrice. Pour ce qui est de
notre ami Baccardi, ne comptez plus sur lui, il ne reviendra plus jamais à
Fantasmaginaire. Répond Arnak.
-
Il est mort ? Interroge l’ambassadeur
avec un étonnement respectueux.
-
Pas du tout, il est même bien vivant mais il
a décidé de rester de l’autre côté.
-
Bien… Cela va réjouir la marine Vagalâmeur de
ne plus avoir sur l’océan un écumeur aussi redouté. Expire l’ambassadeur réjoui
de la décision de Baccardi.
-
Je le pense également et lui aussi
d’ailleurs.
-
Et ces deux prisonniers faut-il les mettre
aux arrêts ?
-
Non, collez-leur deux gardes pour les
surveiller et laissez-les circuler comme ils le désirent. Ils ne peuvent aller
bien loin sur cette grande île, ils ne connaissent rien ici. Préconise le mage
Arnak.
-
Monsieur je ne sais pas qui vous êtes mais
moi je suis le prédicateur Horace de Fantenay et je vous serais très
reconnaissant de téléphoner à ce numéro. Tend-il une carte d’invitation.
L’ambassadeur un peu surpris lit ce qu’il y a de marqué
et :
-
Que dois-je faire avec ce grand numéro ?
Pose-t-il la question au prédicateur.
-
Téléphoner, c’est mon avocat.
-
Téléphoner ?
-
Ne faîtes pas l’imbécile monsieur vous avez
très bien compris. S’énerve De Fantenay.
Gary éclate de rire suivit de tous les autres membres du
groupe.
-
Ha, ha, ha, ha ! Mon pauvre De Fantenay,
l’ambassadeur ne sait même pas ce que veut dire « téléphoner » Des
téléphones à Fantasmaginaire il n’y en à pas. Peut-être dans l’avenir mais ce
jour lointain vous ne serez plus de ce monde et nous non plus. Ha, ha, ha,
ha ! Leur dit le mage Arnak.
-
Ça suffit cette mascarade ! S’emporte le
prédicateur.
Mirabelle le saisit par le col et le secoue rudement.
-
Ecoute bien Horace, tu ne vas pas commencer à
nous les briser avec tes petits caprices d’un autre monde. Ici tu es chez nous
alors tu la mets en veilleuse ! Maintenant, estimes-toi heureux qu’on ne
t’enchaine pas et qu’on te laisse libre de tes mouvements mais ne nous oblige
pas à changer d’avis, Compris ? Et c’est valable aussi pour toi
Childéric !
-
Mais je n’aie rien dit moi !
S’exclut-il.
-
Et bien continue comme ça, c’est parfait.
Apprécie Mirabelle en lâchant le col d’Horace de Fantenay.
-
Autre chose, intervient Dorine, N’allez pas
vous tremper les pieds, les hauts fonds du bord des îles sont infestés de
serpents rouges. Vous connaissez les serpents rouges le mage vous en a déjà
fait apparaitre mais ceux qui nagent dans cette mer ne sont pas des faux.
-
Pour plus de précision, les serpents rouges
vous injectent un venin paralysant seulement les muscles et ensuite ils vous
dévorent en commençant par les pieds. Je vous laisse imaginer le supplice.
Ajoute Aline avec un petit rictus.
L’ambassadeur appelle un officier pour
qu’il organise la garde des deux prédicateurs. Ceci fait il invite les
missionnaires à se reposer sous sa tente en attendant d’avoir leurs propres
quartiers que déjà des gardes impériaux s’affairent à monter.
Une heure plus tard, l’ambassadeur informe que
l’impératrice croise avec sa galère à une journée de l’île du centre et qu’elle
mouillera demain dans la rade.
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