Episode 58
Nuit câline.
Nous voilà donc entre les mains et le bon vouloir de
Patapin et Bikett. Cette dernière m’entraina vigoureusement vers le roof pour
descendre d’un niveau et se retrouver en bout de coursive dans une petite chambrée.
Deux matelas au sol couverts de draps apparemment propres et au dessus deux
hamacs. Une légère odeur de parfum flottait dans cette chambrée. C’était
certainement un compartiment exclusivement féminin.
-
C’est ici que tu vas me donner du
plaisir ! M’informa Bikett. Gandepo pour une fois dormira dans celle d’à
coté pour ne pas nous déranger. Elle n’entendra pas grand-chose, je te
bâillonnerai ! Tu vois on ne sera que tous les deux. Déshabilles-toi et
donne-moi la tunique, je dois la rendre. Dépêches-toi et allonges-toi sur mon
matelas. Me commanda-t-elle en prenant des cordes suspendues à un crochet du
plafond.
Une fois nu et étendu sur son matelas, elle m’attrapa les
poignets et les attacha au poteau en tête de son couchage, ensuite elle
m’entrava les chevilles mais uniquement entre elles car du côté de la cloison,
il n’y avait pas de poteau, le hamac au dessus était fixé à un gros crochet
fiché dans le bois.
-
J’aurais simplement pu t’enfermer dans cette
carrée, après tout, même si tu en sors en défonçant la porte, tu ne peux pas
aller bien loin il n’y a qu’une seule issue sur le pont et nous y sommes. Bien
sûr, si tu es rapide il te restera encore la possibilité de plonger mais tu
connais les habitants des hauts fonds….
Comme le capitaine n’apprécierait pas du tout de perdre un mousse de
valeur, deux précautions valent mieux qu’une. Et puis je ne veux pas t’avoir
avec les mains libres, comme ça je pourrais te chevaucher tranquillement et
autant de fois que je le désire sans que tu puisses me repousser.
Elle attrapa mon sexe à pleine main et le malaxa comme on
le fait pour de la pâte à gâteaux jusqu’à ce qu’il prenne du volume.
-
Hé bien voilà, mon mousse à toujours de
l’énergie et un beau petit joujou avec ça. Semblait-elle satisfaite en
regardant le résultat de son massage. Très bien, tu vas me faire jouir toute la
nuit, ho oui, toute la nuit et je vais en user jusqu’à te la mettre à sang, Tu
vas voir, je vais te faire boire un truc très efficace pour l’érection. Mais
pour le moment, je suis invité sur le pont pour le fameux lapin façon Lady Dark
et boire un coup entre ami. Ne t’impatiente pas et garde là bien droite car
dans une petite heure je vais m’en servir et crois-moi je vais en avoir pour
mon argent. Gloussait-elle déjà de plaisir. Et avec ça, ajouta-t-elle en
sortant un godemichet en bois de sous la couverture, je vais te dépuceler ton
petit trou, tu vas voir, tu vas aimer…. Ou hurler, ha, ha, ha, ha !
Elle vérifia la solidité de ses nœuds, elle souleva ma
tête et me colla deux grandes claques dans la figure.
-
Tu as intérêt à bien bander dur mousse pour
me satisfaire parce que je connais un tas de petits trucs très déplaisants qui
ne laisse aucune trace. Pense bien que je peux enduire le gode de piment….
Mmmmm, de toute façon tu va y avoir droit ! et puis aussi ça !
Entre son pouce et l’index elle me coinça une testicule
et serra. Je criais de douleur en lui donnant des coups de genoux dans le dos.
Elle se coucha de tout son poids sur mes jambes et recommença à me serrer entre
ses doigts les testicules. Je la suppliais les larmes aux yeux.
-
Tu a intérêt à me faire bien jouir mousse
parce que sinon je vais te faire hurler crois-moi ! Me menaça-t-elle en
desserrant ses doigts.
Elle reprit mon pénis à pleine main et avec un mouvement
de va et viens énergique lui redonna de la raideur.
-
Mmmmm, Voilà ce que je veux mousse, je sens
que je vais bien m’amuser cette nuit. Exultait-elle.
Elle se releva, réduisit la lumière de la lampe en
veilleuse puis quitta la chambrée en la verrouillant.
Me voilà donc seul en imaginant déjà la nuit de calvaire
que j’allais passer. Pourtant être soumis aux caprices sexuels d’une femme
aurait dû me plaire, mais me faire mettre le pénis à vif, me faire écraser les
bourses et autres délires que cette folle inventerait n’était pas du tout un
programme réjouissant.
J’avais les mains
solidaires de ce poteau et les chevilles entre elles. Mes jambes étaient
libres, je pouvais les replier, les mettre à la verticale mais pas plus.
J’essayais avec mes dents de dénouer le nœud de mes poignets. Peine perdu,
Bikett comme tous les marins savait parfaitement faire des nœuds solides et si
serrés que je pouvais m’user les dents jusqu’à la gencive avant d’arriver à le
desserrer d’un seul millimètre. Les ronger n’était pas une meilleure idée.
Des yeux je scrutais le peu de clarté que diffusait la
lampe. Je cherchais quelque chose, un objet qui pourrais me donner un peu
d’espoir mais cette toute petite pièce semblait bien vide à part deux petites
culottes qui séchaient à un clou, un éventail qui était posé sur le matelas d’à
coté, deux livres sur un petit marchepied, quatre serviettes de toilette qui
pendaient au plafond et bien sûr la petite flamme de la lampe qui était
beaucoup trop haute pour que je puisse même l’effleurer avec un orteil. Je
remarquais également, cloué sur la cloison, un rideau qui devait dissimuler
quatre ou cinq étagères servant sans doute à ranger des affaires. Même en
pivotant mon corps autour de ce poteau, je n’avais pas assez de longueur pour
soulever le rideau et voir ce qu’il y avait derrière. De toute évidence je ne
distinguais rien qui pouvait m’aider. Par acquis de conscience je soulevais
avec mes pieds le matelas d’à côté mais rien n’était caché en dessous. Il n’y
avait vraiment rien, rien de rien, pas même un sabre qui trainait. C’était à
prévoir, elle n’aurait pas commis ce genre d’erreur.
Je m’étirais sur la couche de bikett en soupirant
désespérément. Mes yeux regardaient au dessus l’arrondi du hamac et les fibres
de sa grosse toile. Je pensais à Dorine qui était dans un cas aussi désespéré
que le mien.
J’écoutais les sons qui me parvenaient. J’entendais des
rires et des éclats de voix qui résonnaient faiblement jusqu’à moi.
Probablement étaient-ils tous sur le pont avec Bikett autour du diner et d’une
bouteille. Bordel, en plus elle allait revenir ivre ce qui ne pouvait
qu’empirer les choses.
Mes yeux se perdaient dans l’entrelacement du hamac du
dessus et soudain une petite bosse attira plus particulièrement mon regard. La
toile marquait le poids de quelque chose posé dedans. Je montais mes jambes et
tentais en touchant des orteils de deviner ce que c’était à travers le tissage.
Ce n’était pas très lourd et à en croire la relative dureté le penchais pour un
objet en cuir, peut-être un sac ou une petite besace. En tapant avec mes pieds
je déplaçais cette chose dans le hamac et je tentais de la faire remonter sur
les bords pour qu’elle bascule sur le sol mais l’épaisse couverture posée
par-dessus m’empêchait cette manœuvre.
En y allant plus fort je devrais peut-être arriver à
l’éjecter. Je donnais donc un bon coup avec mes deux talons. De la poussière
s’envola mais l’objet resta au creux du hamac. Un coin de la couverture
m’apparaissait, je montais une nouvelle fois mes jambes et coinçais la laine entre
mes deux pieds. Je tirais en pliant mes jambes. Juste un peu de résistance,
mais en forçant un peu j’avais fini par entrainer la couverture au sol. L’objet
était toujours dans le creux du hamac mais libre. Je shootais un grand coup
mais il cognat le plafond et retomba dans le creux de la toile. Je redonnais un
autre coup plus en biais. Gagné, l’objet tomba entre les deux matelas à hauteur
de mes genoux. C’était bien un petit sac de cuir qu’on pouvait mettre à la
ceinture. Une boucle d’argent fermait le rabat. Que pouvait bien contenir ce
sac ? Si seulement il y avait quelque chose de coupant qui pourrait me
servir à cisailler mes liens. En me contorsionnant je faisais glisser le sac
vers ma tête jusqu'à ce que je puise le saisir avec les dents.
Pas facile de défaire la boucle et je n’avais qu’une
crainte, c’est le retour de Bikett. J’utilisais mon menton et tout ce que
contenais ma bouche, dents et langue, pour dégrafer la boucle et en sortir la
lanière. Un goût de vieux cuir m’imprégnait le palais.
A force je réussi enfin à débloquer la lanière et ouvrir
le rabat. J’attrapais, toujours avec mes dents, le cul du sac pour le vider sur
le sol. Regardant à la faible lumière ce qu’il en était sortit, une grande
bouffée d’espoir et de joie m’embrasa le visage. Parmi les diverses choses
typiquement féminines qui s’exposaient, il y avait un rasoir. Un coupe choux,
comme celui de mon père. Avec ça, la femme du hamac devait surement se raser
les jambes. Restait à trouver le moyen de me libérer et quand on a les poignets
liés à un poteau et les chevilles soudées entre elles, ça devient plutôt
compliqué. Ma bouche me semblait encore le seul outil utilisable de mon
anatomie. Je saisissais le manche du rasoir entre mes lèvres et avec les dents
tirais sur l’acier de la lame. J’avais intérêt à faire très attention car ce
genre d’instrument coupait aussi bien qu’un scalpel. Deux fois l’objet retomba
au sol. Mes lèvres ne maintenaient pas le manche avec assez de fermeté pour en
extraire la lame. Je coinçais le manche entre mes genoux et recroquevillé, les
dents bien serrées sur le métal je tirais. Le rasoir encore une fois sauta et
retomba sur mon ventre ? J’étais en sueur mais la lame était à demi
ouverte. Je me penchais pour faire doucement glisser le rasoir sur le drap et avec
encore plus de précaution je reprenais l’objet dans ma bouche pour le remettre
entre mes genoux. Cette fois c’était bon, j’avais enfin réussi à l’ouvrir.
Le manche du
rasoir solidement mordu, j’approchais le tranchant des cordes qui m’entravaient
les poignets. Je réfléchissais quelques instants au bon endroit à couper pour
que la corde soit défaite du premier coup. Je me calmais, pas d’empressement,
mal manœuvrer cette lame pouvais me saigner un doigt, la paume ou les veines du
poignet. Le posait le tranchant sur la corde et je me guidais de mes deux index
recourbés. Pas facile d’avoir de la force avec la bouche mais progressivement
je sentais les fibres se sectionner. A bout de force, la mâchoire douloureuse
j’arrivais enfin à me libérer les mains. Pas le temps d’une moindre seconde de
repos il me fallait faire vite. Bikett pouvait revenir d’un instant à l’autre.
Episode 59
Nuit rouge.
Une fois mes mains libres, je coupais facilement les
liens de mes chevilles. Je peux dire qu’à ce moment là j’étais animé d’une
flamme ardente de liberté. Je me levais, soulevais le rideau de la cloison et
comme je l’avais imaginé c’étaient bien des étagères servant au rangement. Je
fouillais les piles de vêtement et passais mes mains au fond.
L’étagère du milieu entre deux tuniques, une dague dans
son fourreau, Une arme finement travaillée, certainement le gain d’un pillage.
Bikett n’avait donc pas bien regardé partout ou pensait-elle que jamais je
n’aurais pu me défaire des liens. Peut-être cette dague appartenait à une de
ses collègues et qu’elle en ignorait l’existence. J’en pleurais de joie. De
toute façon, sans cette dague je me serais servit du rasoir, mais faut avouer
qu’une dague est nettement plus pratique.
Vite mon slip, mon short… Bordel elle a embarqué la
tunique. J’avais bien envie de défoncer la porte et de me ruer dans la coursive
et planter la dague dans tout ce qui approchait car moi aussi j’avais soif de
vengeance !
« Non, non Mike ! Attend plutôt bikett
derrière la porte surine-là et récupère son sabre. » Me soufflait une voix
familière dans ma tête.
J’attendais donc dague en main, plaqué contre la cloison
et j’avais mis le rasoir dans la ceinture de mon short. Le temps me paraissait
interminable. J’entendais toujours faiblement des rires et même des chants.
Je n’en pouvais plus, l’envie de défoncer la porte me
tenaillait, mais toujours cette petite voix intérieure qui me résonnait en me rappelant
qu’il ne fallait pas gâcher cette chance unique. Une voix que je connaissais
bien, la même qui tentait de me dissuader d’aller voler des cerises dans le
verger du voisin, la même qui plus tard m’avait poussé vers le quai du port de
Galoban.
Mon cœur s’emballa, des bruits caractéristiques de pas
martelaient le plancher de la coursive puis la clef dans la serrure. C’était
elle et ça ne pouvais être quelqu’un d’autre.
Elle entra bien trop confiante et quand elle s’aperçu
qu’il n’y avait plus personne sur son matelas, il était trop tard, j’avais
enfoncé la lame jusqu’à la garde dans son dos en plaquant une main sur sa
bouche pour ne pas qu’elle hurle. Je ressortais la dague et frappais de
nouveau. Elle s’était raidie sur toute sa hauteur, j’étouffais son long
gémissement dans ma paume. Ses genoux ont plié, elle s’est tourné, m’a regardé
hébétée puis est tombée mollement. Son sang coulait sur le plancher. La bouche
grande ouverte de stupéfaction elle me fixait, tout son corps tremblait. Je
n’avais aucune compassion ni pitié pour elle, j’en avais trop bavé.
-
J’espère que je te fais jouir comme tu le
souhaitais ! lui balançais-je cyniquement. Profites-en bien car je crois
que c’est la dernière fois. Ajoutais-je.
Elle n’a pas eut le temps de répondre, ses yeux se sont
figés et tout son corps s’est décrispé. Elle n’était plus de ce monde.
Je récupérais son ceinturon et son sabre. Je tirais son
corps sur le premier matelas et Je sortais dans la coursive en refermant la
porte de la chambre. Par chance ce couloir n’était que très faiblement éclairé
comme tous les locaux avec hublot et ouverture sur l’extérieur. Une précaution
pour ne pas se faire repérer la nuit par un autre navire. Les Kidnapingres
savaient qu’au mouillage un bateau était très vulnérable.
Mon cerveau travaillait à toute vitesse et la meilleure
idée qu’il me proposait était d’abord d’essayer de trouver Dorine. Il est vrai
que si j’arrive à la libérer, nous serons plus forts et efficace à deux. Les
sons étaient plus audibles et nets, je m’approchais de l’escalier du roof en
tentant de reconnaitre les voix. Patapin était encore avec les autres donc
Dorine était seule quelque part dans ce bateau. Je repartais en contre sens. Il
n’y avait qu’une unique coursive et j’avais entendu Patapin nous suivre avec
Dorine lorsque Bikett m’emmenait à sa chambre donc la sienne était également
dans les quartiers arrière. C’était forcement une de ces portes mais
laquelle ? A côté de l’escalier un sas menait en fond de cale aux norias à
boulet et au compartiment des prisonniers. Une étroite porte sur l’autre côté
de l’escalier ouvrait sur la salle du venteur. Il serait étonnant que Patapin
ait conduit Dorine autre part que dans une de ces chambres.
Déjà il y avait deux portes à éliminer, celle d’où je
venais et celle des douches, ils en restaient donc quatre. De toute façon, vu
qu’ils étaient pour le moment tous sur le pont à se goinfrer et boire, je ne
risquais rien d’autre qu’à perdre un peu de temps à les ouvrir une par une et
je pensais que la seule qui serait fermée à clef serait la bonne. En face de la
douche une chambre à huit couchages. La suivante une autre à six couchages
presque identique à celle de feu Bikett.
La porte d’en face fermée et la suivante une autre chambre à huit places. Pour
moi c’était très clair Dorine était dans la troisième ; pas question de
l’ouvrir à coups d’épaule, le bruit donnerait automatiquement l’alarme et le
plus judicieux était de trouver une cachette en attendant Patapin. Au dessous
de l’escalier on pouvait s’y glisser mais je trouvais l’endroit peu
stratégique. Au fond de la coursive il y avait un recoin à demi fermé d’un
panneau lambrissé où étaient remisés un balai et un seau qui me semblait être
une meilleure planque.
De toute façon, je n’avais d’autre solution que
d’attendre qu’il pénètre dans sa chambre et d’entrer à la suite en espérant
qu’il ne la verrouille pas, mais là dessus, j’avais ma petite idée pour l’en
empêcher.
Patapin était un sacré mangeur ou ivrogne car il ne
venait toujours pas. Je ne sais combien de temps j’ai attendu dans ce petit
cagibi avant que le premier descende, hélas, ce n’était pas Patapin mais
Jambanbois qui entra dans la chambre en face des douches. Une quinzaine de
minutes plus tard, cette fois ce fut Patapin avec toujours son chapeau vissé
sur sa tête qui frôlait les poutres du plafond. J’avais vu juste, c’était bien
la porte fermée. Il entra et claqua le ventail, je me précipitais et coinçait
discrètement la dague dans le trou de la serrure pour ne pas qu’il y glisse la
clef par l’intérieur. Bonne initiative d’ailleurs car je l’entendais bougonner.
-
Ben alors, qu’est-ce qu’elle à cette maudite
clef. Voila que…. Mais il y a un truc de…
Je tournais rapidement la poignée pour libérer le pêne et
poussais la porte d’un grand coup d’épaule. Patapin dégagea en arrière en se
vautrant au sol et se cognant brutalement la tête contre la cloison. Je crois
que sa dernière image fut de me voir lui planter un sabre juste en dessous de
son sternum. De sa bouche malodorante a fusé un long râle.
-
Ho, maître Patapin, qu’est-ce tout ce
raffut ? Qu’est-ce qui t’arrive, t’as trop lécher la bouteille, tu ne
tiens plus debout, tu t’es cassé la gueule ? Demandait Jambanbois en
sortant de sa chambre ayant entendu le bruit de la porte et de sa chute.
Dorine nue le dos au matelas, attachée les jambes en
l’air me regardait complètement subjuguée sans vraiment encore comprendre ce
qui venait de se produire et encore moins ce que je fichais là. La porte était
restée grande ouverte et j’entendais les pas de Jambanbois qui se dirigeait
vers ici. Je me mettais de coté et quand il se cadra dans l’ouverture en
penchant la tête, je ne lui ai pas laissé le temps d’analyser la situation,
d’un seul coup de sabre je lui tranchais jusqu’à la moitié du cou en lui
sectionnant les vertèbres cervicales. Il tomba de tout son long en avant la
tête complètement désarticulée entre les jambes de Patapin. Pas un cri, c’était
impeccable ! Je jetais rapidement un œil dans la coursive. Apparemment
personne d’autre ne descendait.
Episode 60
Mauvaise digestion.
Là-haut, sur le pont, ils parlaient toujours fort et
chantaient. Je poussais le corps de Jambanboi pour pouvoir fermer la porte.
-
Mik ! Mi ! Mi ! Mike !
Suffoquait Dorine par l’émotion.
Je sortais le rasoir de mon short et la délivrais.
-
Habilles-toi vite ! Que je la pressais à
voix basse en débouclant le ceinturon de jambanboi et son sabre.
Patapin
n’avait qu’un pistolet sur lui et je me gardais bien de m’encombrer d’une arme
aussi bruyante qui ne nous serait d’aucune utilité. Le sang envahissait une
bonne partie du sol et mes pieds nus pataugeaient.
-
Mike ! Co…. Mais… Ma… Mais Comment as-tu
fais ? Me demanda Dorine en enfilant culotte et short. Tu as crié tout à
l’heure, que se passait-il ?
-
Je n’ai pas le temps de t’expliquer, plus
tard si on en sort vivant.
-
Alors là… Alors là tu m’épates.
-
Ce qui serait vraiment épatant c’est qu’on
arrive à se tirer de ce bateau. Prends ce sabre.
-
OK et sortons de là discrètement.
-
Oui allons-y ! Heu…Non Dorine on n’a
même pas de plan. Tant qu’on est dans cette chambre on est à l’abri. Me
ravisais-je. Bikett m’a dit que personne
ne viendrait nous déranger donc je suppose que Patapin s’était arrangé pareil.
Il faut qu’on réfléchisse tranquillement ici de ce qu’on va bien pouvoir faire
pour les avoir.
Je ramassais la clef dans la marre de sang et
verrouillais la porte.
-
Je suppose que Bikett est morte ? me
demanda-t-elle.
-
Ça oui !
-
Alors si je compte bien, ils doivent être
encore quatre là-haut.
-
Normalement oui. Que je confirmais.
-
L’inconvénient c’est qu’ils sont ensemble et
je ne me sens pas de taille à un contre deux.
-
Surtout qu’il n’y a qu’une seule sortie et
qu’ils ont de l’expérience, on a aucune chance et en plus ils gueuleront et donneront
l’alerte.
-
Il faut les avoir un par un. Déclarait
Dorine.
-
D’accord mais comment tu vois ça ?
-
Ben… et toi ?
-
Ben…
Nous sommes restés silencieux pendant un bon moment quand
Dorine m’a montré le sang qui était à quelques centimètres du dessous de porte.
-
Bordel ! Si jamais ça passe dans la
coursive on est fichu !
-
Vite Mike, les draps, les couvertures on va
éponger et faire un barrage.
On a essuyé et roulé les draps et les couvertures pour
retenir le sang en y ajoutant les deux hamacs de toile. Nous avons repoussé le
corps de Jambanbois sur celui de Patapin pour le reculer un peu.
-
Ça devrait aller, le sang va finir par se
figer. Estima Dorine.
-
Il faut qu’on trouve une idée, le temps passe
et nous n’avons pas jusqu’à demain matin. M’énervais-je.
-
Oui et en plus, nous ne pouvons plus revenir
en arrière, nous n’avons d’autre choix que la réussite parce que si on se fait
reprendre, alors là c’est Chapoklac qui s’occupera de nous.
-
Oui… Comme tu dis. Que j’en frissonnais.
Des larmes ont coulée sur les joues de Dorine.
-
Qu’as-tu ? Que je lui demandais sans
vraiment comprendre pourquoi ce soudain chagrin.
-
Oh Mike, c’est l’émotion, tu ne peux pas
savoir comme je suis contente d’avoir échappé à la nuit que me réservait ce
salaud. Tu sais ce qu’il me disait ? Qu’il ne me prendrait pas par la
bouche parce qu’il avait peur que je le morde mais qu’il se chargerait de mes
deux autres trous. Et grâce à toi Mike… Oh Mike…
-
D’accord mais pour le moment on n’est pas
encore tiré d’affaire alors plus tard les sentiments.
-
Oui Mike, tu as raison. Sécha-t-elle ses
larmes d’un revers de main.
Nous réfléchissions à une stratégie pour attirer un par
un les Kidnapingres et j’admets que rien ne me venait.
-
J’ai une idée ! S’illumina Dorine. Je
vais gémir assez fort, comme si j’étais avec Patapin. Même un peu hurler… Il y
en a bien un qui va descendre pour demander ce qui se passe ou simplement pour
écouter à la porte et se masturber.
-
Pas bête ça ! Pas bête du tout Bravo
Dorine ! que je jubilais.
-
Seul petit bémol c’est s’ils descendent à
plusieurs. Me calma-t-elle.
-
Oui, évidement…. Et bien on va inverser les
rôles et c’est même encore mieux parce qu’il y à un recoin à balai juste à coté
de la porte de la chambre où Bikett m’avait enfermé.
-
C’est toi qui va gémir comme une femme en
chaleur ? Pouffa Dorine.
-
Mais non, tout simplement comme un homme qui
se fait malmener sexuellement ! Je pense que seul Gandepo descendra… C’est
l’unique femme dans les quatre. Toi tu te planques dans le recoin et quand elle
se met à la porte…
-
Je lui coupe la tête ! Dit Dorine en
terminant ma phrase.
-
Heu… Si tu veux mais frappe de toutes tes
forces, il faut éviter qu’elle hurle.
-
Une tète toute seule ne parle pas et
crois-moi j’ai tellement la haine que je pourrais trancher en une fois la tête
d’un ours ! Affirma-t-elle en contrôlant le tranchant de la lame.
-
M’ouais !... Faut surtout espérer
qu’elle descende seule.
-
Je suis capable d’en trancher deux tu
sais !
-
Ne dis donc pas de connerie. On y va !
-
Attend Mike, tu as les pieds plein de sang et
moi aussi, ça va laisser des traces dans la coursive. On va les essuyer sur le
matelas avant de sortir.
-
Bien vue Dorine !
Nous sommes sortis les pieds encore rouges mais secs,
Dorine s’est calé dans le coin et moi je suis entré dans la chambre. Le matelas
sur lequel j’avais mis Bikett était tout imbibé. Je ne refermais pas à clef, on
ne sait jamais, Gandepo pouvais faire de la résistance ou être accompagnée
alors Dorine aurait peut-être besoin d’un coup de main.
A moi de jouer maintenant. Je me raclais la gorge pour
éclaircir ma voix et :
-
HOOOO ! HAAAAA ! HOOOOOOO !
HAAAAAAA ! HOOOOOOO ! NON ! NON ! NOOOOONNNNN !
HOOOOOOUUUUUUU !!! HAAÏEEEEEEEEE !!! Criais-je assez fort pour que
cela s’entende du pont.
Je n’ai pas attendu très longtemps. Et de l’autre côté de
la porte j’ai entendu Gandepo. Cogner au bois en interpelant.
-
Ho Second maître Bikett ! Il ne faut pas
l’abimer, le capitaine à dit que…
Sa phrase fut stoppée par un « SLPLPAK ! »
suivit du bruit de son corps qui s’affalait sur le plancher de la coursive.
J’ouvrais, Dorine me souriait, elle était fière d’elle en me montrant la tête
tranchée qui avait roulé un peu plus loin.
-
Maintenant, on ne peut plus passer inaperçu,
il y a son corps et du sang dans la coursive. Le premier qui descend va le voir
et donner l’alerte. Dis-je en me grattant le menton.
-
Plus que trois ! Me répondit simplement
Dorine.
La voix de Patenfer nous fit sursauter.
-
Alors Gandepo, c’est quoi qu’elle lui fait la Bikett ? Hey Gandepo,
racontes-nous qu’on se marre ! Gueulait-il du pont.
-
Vite à l’escalier ! Me dit Dorine en s’y
dirigeant.
Nous nous sommes mis derrière. Les marches étaient
ajourée ce qui permettait de voir entre deux quand quelqu’un y descendait. Sur
le côté, juste derrière nous, la porte de la salle du venteur était légèrement
entrouverte. Nous savions qu’il n’y avait aucune issue par cette salle, c’était
un cul de sac car la seule sortie sur le pont était cet escalier.
-
Hey Gandepo, Qu’est-c’que tu fous ? T’es
invitée-z-aussi toi ? Y bande bien l’mousse ? Ha, ha, ha !
Relançait Pissdebout d’un ton chaloupé qui dénonçait une ivresse déjà bien
avancée.
-
Laisse tomber Pissdebout, Viens donc boire un
godet. Le rappela Patenfer.
-
Ha non alors… Faut qu’j’aille-z-y voir !
Moi j’veux savoir comment qu’elle-z-y font au mousse.
-
Dans la première chambre vite !
Chuchotais-je à Dorine.
D’être pieds nus était bien pratique car cela permettait
de se déplacer avec un minimum de bruit si ce n’est que les petits craquements
du plancher.
Nous sommes entrés dans la chambre en laissant la porte
grande ouverte et Dorine régla la lampe au minimum. Par geste je lui signifiais
qu’au passage je tirerais Pissdebou à l’intérieur et qu’elle devait
immédiatement le sabrer. D’un signe de tête elle me répondit par l’affirmative.
-
Hey Biiiikett, hey Gand’pooooo ! Y
braille pu l’mousse, y vous bouffe l’cul, il a la bouch’pleine ha, ha,
ha ! Beuglait Pissdebou en descendant dans la coursive. Hey les gonzesses,
z’arrive ! J’veux voir l’mousse c’que vous-z-y faites !
Il passa devant la chambre sans détourner son regard ahuri
d’incompréhension du bout de la coursive ou était le corps sans tête de
Gandepo.
-
M… Mais que ?... Commençait-il à réaliser
malgré son ivresse.
Je l’agrippais par une manche et je tirais de toutes mes
forces en tendant le pied pour qu’il chute à l’intérieur de la chambre. Grisé
comme il était ce ne fut pas difficile Et Dorine ne le rata pas. Le coup de
sabre lui avait fendu le crâne en deux
et son cerveau bavait de chaque côté. Il n’avait probablement pas
compris ce qu’il lui arrivait mais sa chute avait fait un grand bruit.
-
Ho Pissdebou, c’est quoi ce boucan, tu t’es
vautré ? Lui demandait Dencreuz de l’ouverture du roof.
-
Il ne répond pas cet abruti ! Bourré comme il est, il est capable de s’être
assommé ? Allons voir ! Lui répondit Patenfer.
Je suis sortit de la chambre pour passer en face dans les
douches en éteignant au passage la veilleuse de la coursive. Dorine à éteint
celle de la chambre.
-
Mais qu’est-ce que c’est que ce merdier, on y
voit plus rien la lampe est coupée. Grogna Patenfer une fois dans la coursive.
-
Ouais remet de la flamme qu’on y voit un peu
plus clair. M’étonne pas qu’il se soit vautré le Pissdebou. Ajouta Dencreuz.
Il fallait agir vite car une fois la clarté revenue ils
remarqueraient aussi le corps de Gandepo au fond de la coursive. Patenfer
venait d’allumer son briquet et ravivait la veilleuse.
Dorine claqua ses doigts et nous nous sommes élancés tous
les deux en même temps avec nos sabres en avant comme l’étrave d’un navire. La
coursive était tout juste assez large pour être deux de front.
Un effet de surprise à notre avantage, les deux Kidnapingers
sont restés figés en nous voyant bondir sur eux. Ils n’ont pas même eu le temps
de mettre leurs mains sur les poignées de leurs armes qu’ils étaient déjà
transpercés de part en part. Dencreuz est le seul à avoir hurlé mais sans doute
pas assez fort pour être distinctement entendu de la plage.
Dorine et moi nous sommes tombés à genou sur le plancher.
Toute l’adrénaline accumulée s’évacuait, tous nos nerfs se détendaient. Nous
étions comme deux baudruches qui se dégonflaient.
-
Nous sommes maintenant seuls sur ce bateau
Mike. Me dit Dorine d’une voix soulagée.
-
Oui…. Je n’y crois pas encore.
-
Ce n’est pas fini Mike, il faut libérer les
autres et nous n’avons peut-être que quatre ou cinq heures avant que le jour se
lève.
Je tendais l’oreille. Au dessus de nous j’entendais comme
des petits tapements répété qui se multipliaient.
-
Ecoute Dorine, écoute il pleut !
Nous nous sommes relevé, avons retiré nos sabres des deux
corps et nous avons regardé cet escalier qui maintenant nous était ouvert et
conduisait à l’air libre.
Rien ne pouvait plus nous arrêter.
Episode 61
Petit besoin.
Nous sommes montés sur le pont, la pluie trempait nos
torses, c’était divin et nous respirions à grandes bouffées.
Sur le sol, autour de la petite lampe chapeauté, étaient
les restes de la ripaille et cinq bouteilles vides.
Il faisait noir, nul ne pouvais nous voir de la plage et
encore moins avec le rideau de pluie. Nous avions de la chance que le dernier
Kidnapingre revenu à bord avec le dîner fût de garde sur le navire, le canot
était au bas de l’échelle de coupée. Nous sommes descendus et nous avons
délicatement décroché du Klakoven. Nous ne pouvions en aucun cas aller
directement sur la plage là où se trouvait la cage sans immanquablement se
faire remarquer des deux gardiens. Le plus sage était de contourner l’îlot et
d’aller accoster derrière la petite pointe.
Le clapotis de la pluie couvrait le bruit des rames. Il
nous fallait bien regarder et franchement nous ne distinguions pas grand-chose.
Nous naviguions si proche de l’îlot pour ne pas le perdre que le dessous du
canot frottait souvent le sable. Nous avons traversé le chenal en aveugle mais
nous avons abordé à peu près au bon endroit. Il nous aura fallu quand même
presque vingt minutes pour arriver à la pointe.
Une fois sur la plage nous remontions un peu
l’embarcation sur le sable pour ne pas qu’elle parte à la dérive et nous la
retournions afin que la pluie ne la transforme pas en baignoire. Nos yeux
s’habituaient petit à petit au sombre mais ne nous permettaient pas d’y voir à
plus de trois ou quatre mètres, et quand je dis « y voir »,
l’expression « tout juste distinguer » serait plus appropriée.
Pas question de traverser la végétation, c’était certes
plus court pour atteindre la cage mais à peine aurions-nous mis les pieds dans
cette abondante nature que les oiseaux et les singes se réveilleraient en
piaillant et criant. Il est vrai que ce chahut était assez fréquent mais mieux
valait ne pas éveiller inutilement les sens des gardiens. La plage était le
seul itinéraire silencieux possible.
Arrivé à une soixantaine de mètres, nous nous sommes
allongés dans le sable trempé de pluie. Les gardiens assis sous une petite
bâche étaient faiblement éclairés d’une lampe cachée du large par un paravent.
Dorine avait une petite idée qu’elle me glissa dans l’oreille.
J’approuvais et elle commença lentement à ramper vers la cage. Je la
distinguais à peine et même plus du tout quelques secondes plus tard.
Son idée était simple et lumineuse. Une fois assez
proche, mais derrière la cage, pour ne pas être remarquée des deux gardiens,
elle balancera des petits graviers sur les prisonniers jusqu’à ce que l’un
d’entre eux se réveille. Moi je devais m’avancer en longeant le bord d’eau mais
pas trop. Une fois à distance raisonnable je devais attendre le bon moment pour
agir.
Quand une ou un des prisonniers sera réveillé elle
tentera de se faire repérer en continuant à la ou le harceler de petits
graviers et ensuite, je ne sais pas trop comment mais je lui fais confiance,
elle essayera de faire comprendre qu’elle ou qu’il si c’est Gary, de demander
d’aller aux toilettes.
Les deux gardiens vont sortir de leur bâche. Un va ouvrir
pistolet en main pendant que l’autre assurera la sécurité en braquant au fusil.
C’était ainsi qu’ils avaient toujours opéré et il n’y avait aucune raison que
ça change cette nuit.
Une fois la ou le prisonnier dehors, ils vont lui
attacher les chevilles avec quarante ou cinquante centimètres de débattement
pour ne pas que lui vienne à l’idée de se sauver dans la jungle. Non pas qu’il
pourrait s’évader, puisque nous sommes sur une île sans issue, mais c’est
surtout pour ne pas perdre de temps en poursuite et en recherche. Bien entendu,
la cage sera refermée au cadenas et un seul gardien accompagnera ce prisonnier
dans la végétation pour y faire ses besoins. Et c’est là que je dois intervenir
car profitant du bruit de la pluie sur la bâche de la cage et du chahut que
vont faire les habitants de la jungle, je vais me relever et courir pour
éliminer le gardien restant. Ainsi Dorine pourra se débusquer sans crainte et
ira attendre l’autre quelques par au bord du petit sentier qui mène à la fosse.
Je m’approchais lentement en rampant et pour le moment
même si je commençais un peu à percevoir grâce à la faible lueur de leur lampe,
rien ne se passait. Je ne pouvais poursuivre ma progression, je n’étais
maintenant qu’à une trentaine de mètres de la cage et un peu plus des gardiens.
Je me contorsionnais discrètement avec des mouvements lents pour que mon corps
allongé s’enlise un peu dans le sable mouillé.
C’est étrange comme je me sentais parfaitement
décontracté et je ne doutais pas un seul instant que notre manœuvre allait
échouer. Je crois que le sentiment de n’avoir rien à perdre mais tout à gagner
l’emportait sur tout le reste.
Bordel, il se passait un événement que nous avions oublié
de prévoir. Un concert animait la jungle pendant quelques minutes. C’était la
relève ! Je me tassais encore plus dans mon petit trou.
Je ne voyais pas Dorine mais grâce à la faible lumière
que diffusait la lampe des gardiens, je remarquais dans la cage quelqu’un qui
avait un peu relevé la tête. Je ne pouvais l’identifier mais en revanche, je
reconnaissais Famélik et Becanbiai arrivant dans le faisceau.
-
Hop les gars, allez roupiller, c’est a notre
tour ! Dit Becanbiai.
-
J’suis bien content, cette pluie ça
commençait à m’énerver et je suis crevé ! Lui répondit Radukou.
-
Ouais moi aussi, j’ai trop bouffé hier soir.
Je crois que je vais en écraser jusqu’à midi. Ajoutait Granpeti en donnant la
bâche à Famélik.
-
Alors bonne nuit ! Leur souhaita
Becanbiai.
Granpeti et Radukou ont très vite disparus dans le noir
du décor et de nouveau les cris d’animaux pendant quelques minutes.
Le silence est revenu. Je ne distinguais toujours pas
Dorine et je n’osais hausser plus la tête pour donner un peu plus d’horizon à
mon regard.
Au bout d’un petit moment, il y a eut animation dans la
cage.
-
Hey Gardien ! Appela Aline.
-
Qu’est-ce que tu veux ? Lui demanda
becanbiai en sortant sa tête de la bâche.
-
Il faut que j’aille aux toilettes !
-
Merde ça ne peut pas attendre que la pluie
s’arrête !
-
Non j’ai mal au ventre, c’est la sauce du
lapin qui me travaille les intestins. Si je n’y vais pas dans pas plus de cinq
minutes je me fais dessus.
-
Rhaaaa ! Famélik, tu l’accompagnes.
Grogna Becanbiai.
-
Qu’elle se fasse dessus, moi je ne bouge pas.
Répliqua Famélik en se tassant sous leur petite bâche.
-
Il n’y aurait que moi je te dirai OK !
Baccardi n’aimerait pas, tu le sais bien.
-
Ça commence vraiment à me faire chier de
garder ces pouilleux. Bon d’accord j’y vais, mais la prochaine fois c’est pour
toi. Bougonna Famélik en sortant de l’abri.
-
Ça marche. Accepta Becanbiai.
Les deux Kidnapingres se sont relevé en soupirant.
Famélik, pistolet en main a ouvert le cadenas. Becanbiai pointait Mirabelle,
Clakett et Gary qui s’étaient réveillés. Pour l’instant tout se déroulait comme
Dorine l’avait imaginé. Aline est sortie puis après avoir refermé le cadenas,
Becambiai lui a lié les chevilles.
Famélik poussait du canon dans le dos d’Aline. Le lien ne
lui permettait pas d’avancer très vite. Elles ont disparues dans le noir. Les
cris de la faune m’indiquaient leur entrée dans le sentier. Becanbiai se
réinstallait sous la bâche.
Une fois bien certain qu’elles y étaient de quelques
bonnes longueurs je me relevais et courait le sabre pointé sur la silhouette
bâchée. Assit et me tournant le dos becanbiai n’a rien vu venir ni entendu car
la jungle et la pluie était bien plus bruyante que mes pieds nu dans le sable.
A travers la bâche, je le transperçais presque jusqu’à la
garde. Il se plia en avant en poussant un cri. Le dernier de son existence. Son
visage figé d’une grimace se posa sur ses genoux. Derrière la cage Dorine se
précipita vers le sentier. Je fouillais les poches du cadavre et en sortais la
clef du cadenas. Je me précipitais sur la porte de la cage et l’ouvrais.
Mirabelle, Clakett et Gary me regardaient avec des yeux
effarés… Je crois qu’ils ne comprenaient pas encore ce qui venait de se
produire.
-
Dehors vite, prenez le fusil et le sabre !
que je les secouais.
Mirabelle et Gary
dépouillèrent Becanbiai.
Clakett était restée devant moi le visage marquant encore
l’interrogation.
-
Pas possible… Pas possible ! Pas
possible ! Répétait-elle.
Dans la lueur de la petite lampe des gardiens, deux
silhouettes s’éclairaient. C’était Aline et Dorine. Vu le grand sourire
qu’elles affichaient et les entraves tranché, je n’avais aucun doute, Famélik
devait se vider de son sang quelque part dans le sentier. Ce sont les crabes à
deux bouches qui vont être encore de la fête. Aline avait récupéré le pistolet
et Dorine donnait le sabre de Famélik à Clakett.
-
Par les grand ours des montagnes ! Ce ne
sont plus des héros, ce sont des légendes vivantes ces deux là ! S’exclama
Gary en n’en croyant toujours pas ses yeux.
-
Mais comment avez vous fait pour vous évader
du Klakoven ? Demanda Clakett.
-
On ne s’est pas évadé puisque le Klakoven est
à nous ! Répondit toute fière Dorine.
-
Parce qu’en plus vous avez….
-
On se racontera nos petites histoires plus
tard, le plus urgent est d’aller chercher les trois autres au camp ! Coupa
le capitaine Mirabelle.
Il était bien que notre capitaine reprenne les commandes,
elle savait mener un groupe et par son expérience, elle était la plus apte.
-
Notre approche ne va pas passer inaperçue,
dès qu’on sera dans la jungle, les animaux vont se mettre à chanter. Souligna
Gary.
-
Pas plus que quand un des Kidnapingres va
pisser, qu’ils font la relève ou que quelques singes se chamaillent leur
couche. Nous même n’y faisions plus attention. Lui répondit Mirabelle. De toute
manière il est hors de question d’abandonner Lady Dark, Anizett et Amuramon.
Alors en route et dépêchons car il est 3h35 et c’est vers six heures que le
ciel commence à s’éclaircir. Ajouta-t-elle en consultant sa montre à gousset.
-
Je crois qu’en plus, ils ne peuvent même pas
imaginer un seul instant que nous sommes libres. Ils doivent dormir sur leurs
deux oreilles. Précisa à juste raison Aline.
Même dans le noir, il était aisé de se diriger tout droit
sur le camp. A force d’aller et retour, l’équipage de Baccardi avait creusé le
sable, il suffisait de suivre.
Comme nous nous y attendions tous, la jungle nous
accueillait bruyamment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire