Episode 22
Niveau 2.
A bord, malgré la bonne cuisine de Lady Dark, la tension
montait. Ces petites escarmouches presque quotidiennes énervaient l’équipage.
Ce matin, Dorine
avait passé ses nerfs sur un nouveau mousse gabier. Ce n’était pas un
comportement très apprécié et après le quart elle sera donc convoquée chez le
capitaine.
-
Pourquoi tu t’es irrité contre ce gars qui ne
t’avait rien fait ? La questionnais-je en remuant les camemberts à
graines.
-
Fallait bien que je trouve quelque chose pour
me faire punir. Me répond-elle à voix basse en esquissant son petit sourire
espiègle.
-
Tu as fait exprès ?!!
-
Parfaitement mousse Mike ! Me
snoba-t-elle.
-
Mais sais-tu que tu risques le niveau 2 pour
avoir insulté et bien secoué ce nouveau ?
-
Je le sais très bien… J’ai vraiment envie
d’essayer et je suis sûr que ça doit être céleste. Et toi ça ne te tente pas
une bonne punition ?
-
Non, et j’espère que tu te rappelles ce que je t’ai dis au sujet du niveau 2 ?
-
Bien sûr Mike mais j’ai envie de franchir ce
cap pour voir. Me répondit-elle rêveuse.
-
Et bien moi, juste une petite fessée au
premier niveau me comblerait amplement vois-tu.
-
Alors… Qu’attends-tu ? s’étonna-t-elle
de ma réponse.
Je me suis rapproché de son oreille pour parler encore
plus bas et lui raconter en toute discrétion ma tentative avec Clakett et la
frustrante conclusion. Dorine me posa une tendre main sur la joue.
-
Ça ce n’est pas de chance ! Me dit-elle
complaisante.
-
Aline m’a dit que dans six ou sept jours elle
me retirerait les fils alors…
-
Hoouuu ! c’est douloureux ! Fit
Dorine en secouant sa main.
-
Je sais, mais je suis prêt à accepter le
double contre une fessée de Clakett. Je dois t’avouer que depuis ma dernière
punition, cette femme me fascine… Ou plutôt m’hypnotise… Enfin non, ce serait
plutôt… En fait je ne sais pas trop, en tout cas elle me fait quelque chose. A
chaque fois que je la vois, ça m’excite !
Dorine haussa les épaules en
ouvrant le versoir à grain pour nourrir les ventilettes.
Peu avant la fin du quart,
le maître principal Bièle rappela rudement à Dorine sa convocation chez le
capitaine.
Juste le temps de passer à
notre poste d’équipage pour une petite toilette, changer de vêtement et voilà
ma copine prête à affronter une des sanctions du second niveau à moins que le
capitaine soit clément mais en ce moment j’en doute. De toute façon, le grand
gagnant ce sera Gary.
-
Tu me raconteras ! Lui réclamais-je
avant qu’elle ne sorte de notre chambrée.
J’étais sur le pont principal quand elle est revenue un
bon moment plus tard. Elle n’affichait pas une mine très réjouie.
-
Alors ? lui demandais-je ?
-
Très dur ! Se contenta-t-elle de dire en
se dirigeant vers le réfectoire.
-
Raconte-moi !
-
Après manger dans la chambrée, Jéon et
Glodine seront au quart. Répondit-elle en s’installant très délicatement sur la
chaise avec une petite grimace.
Visiblement, elle ne
semblait pas satisfaite de l’expérience et il me tardait d’en savoir d’avantage
mais je me gardais de toute question à se sujet dans ce petit réfectoire bondé.
Après s’être restauré nous
nous sommes rendus dans notre poste d’équipage. Comme prévu, les deux autres
assuraient le quart et à part quelques mousses et matelots qui se reposaient,
nous étions tranquilles, il nous suffisait de ne pas parler à voix haute. Je
fermais la porte de notre petit compartiment au verrou.
Dorine fouilla dans sa poche
pour prendre une fiole et me la donner.
-
Tiens Mike, c’est une huile apaisante que
Gary m’a conseillé après m’avoir corrigé. Je te serais très reconnaissant de me
masser les fesses avec. Me dit-elle en s’allongeant sur sa bannette.
-
A ce point là ? Que je plaisantais
histoire de.
Comme seule réponse elle
souleva sa jupe et baissa sa culotte. Je mis ma main devant ma bouche pour
étouffer ma stupéfaction. Bordel, elle avait les fesses très marquées et les
rougeurs boursoufflées étaient soulignées de violet.
-
Houla, c’est vraiment du sérieux le niveau
2 ! Avec quoi il t’a frappé ? Que je questionnais en n’osant rien
toucher.
-
Avec une tawse ! M’informa-t-elle en
m’invitant à lui appliquer rapidement l’huile.
C’est avec le plus de
douceur possible que je massais ses
fesses meurtries.
-
Comme je m’y attendais, me racontait-elle, le
capitaine à jugé que mon comportement devait être sanctionné au niveau 2 par 30
coups. De quoi je n’en savais rien mais cela ne m’importait peu du moment que
j’avais ma punition. Je te jure qu’à ce moment là rien ne pouvais me plaire
d’avantage. Bièle m’a conduit chez Gary avec le bristol puis il est repartit.
Maître Gary à appelé Clakett parce que c’est elle qui à les clefs du local de
punition mais aussi Aline parce qu’un médecin doit assister au châtiment et
éventuellement le stopper. Donc je fus emmené vers ce compartiment et je peux
t’affirmer que je mouillais déjà ma culotte de plaisir.
-
Il y a donc bien une salle spéciale. J’en
avais entendu parler mais… Lui demandais-je confirmation.
-
Oui,
elle est vers l’avant, sous la cuisine. Ce n’est pas très grand mais c’est
parfaitement isolé et je peux te dire qu’il y a tout ce qu’il faut pour te
faire passer un sale quart d’heure.
-
Je vois ça !
-
Donc Gary ma ordonné de me mettre nue et
ensuite il m’a attaché à un chevalet. Je te jure que je n’en pouvais plus et
j’avais hâte d’être corrigé. Mon attente ne fut pas longue et j’allais très
vite regretter mon envie de châtiment.
-
C’est quand tu as vu la tawse tu t’es dit que
ça allait être vraiment trop hard.
-
Ho
non ! La tawsé ne me faisait pas peur, au pensionnat du « S »
j’en avais déjà reçu… Mais 30 coups par Gary c’est carrément un autre monde. Ho
la la !... Dès les premières frappes ce fut terrible ! J’ai bien
serré les dents en me disant qu’une fois dix ou douze coups j’allais y trouver
du plaisir… Mais pas du tout, il frappait fort et c’était de plus en plus
horrible ! Chaque coup était comme un dépôt de lave sur ma peau. Je le
suppliais d’arrêter mais rien y faisait, il à continué méthodiquement en
prenant bien son temps entre chaque frappe pour les ajuster avec une relative
sévérité et ce, jusqu’au bout. Oh Mike, ne fais pas de connerie qui te vaudrait
le niveau 2… C’est vraiment un conseil ! Me dit-elle la voix chevrotante.
-
Avec ce que je vois et ce que tu me raconte
je n’aie vraiment pas envie et ça me soigne de toutes tentatives d’y goûter un
jour de folie passagère.
-
Oui Mike, le niveau 2 c’est comme le 3 mais
en privé et ce n’est pas pour nous.
-
Tu as raison, c’est pour les gros masos ce
genre de châtiment. Je t’avais bien dit de te méfier ! Lui rappelais-je.
Il est vrai qu’au regard des
marques sur ses fesses je ne pouvais avoir de doute sur le supplice qu’elle
avait enduré et encore moins aimé. Je m’appliquais à la masser aussi doucement
que possible et ma main plongeait de temps en temps vers son entrejambe. Je ne
sais pas pourquoi mais j’avais ce désir de sentir au bout de mes doigts ses
petites lèvres et petit à petit, sans la brusquer, j’explorais un peu plus loin
jusqu’à effleurer ce petit appendice qui, je l’ignorais, devient si vite
glissant. Dorine se laissait faire et écarta légèrement les cuisses comme pour inviter
mes doigts à plus d’audace. Rien ne pouvais m’arrêter et je jouais pour la
première fois avec un sexe opposé que je n’avais jusqu’à maintenant qu’admiré à
travers le petit trou du vestiaire des filles au gymnase de mon bourg. Je
découvrais sa douceur, ses volumes tendres et juste un petit peu son creux car
je n’osais introduire plus profondément mon doigt. Dorine se trémoussait
lentement en laissant de longues volutes de « Mmmmmm » s’envoler
autour de son corps. Mes doigts allaient et venaient sur et dans cette douce
pâtisserie fendue et nappé de jus. J’avais envie d’y coller ma bouche pour en
apprendre le goût, mais sans doute trop novice je n’osais davantage qu’une main
déjà bien satisfait de ce corps qu’elle m’offrait. Je sentais ses muscles se
raidir et tout son être trembler. Elle à enfoncé sa tête dans le traversin pour
étouffer sa voix et mon doigt animé de petits mouvements inexpérimentés
chatouillait de plus en plus rapidement sa fente. Son bassin se soulevait,
ondulait, retombait et remontait encore… Ses cuisses se sont refermées
emprisonnant ma main comme si elle ne désirait plus s’en séparer. Ses mouvement
devenaient plus saccadés, incontrôlés, plus expressifs du plaisir qu’elle
prenait. Sa voix se perdait dans l’épaisseur du traversin, ses mains se
crispaient sur le drap et son corps naviguait sur la bannette. Puis, elle s’est
calmé dans un long soupir satisfait et nous sommes restés immobiles quelques
instants.
Je retirais ma main avec
précaution en lui donnant un petit bisou aux creux de ses riens. Elle se
retourna, ses cheveux en bataille couvraient presque tout son visage.
-
Mike, c’est… Tu es vraiment trop
gentil ! Ho Mike tu ne peux imaginer comme c’est bon ce petit plaisir
après avoir reçu une telle correction.
Je m’en doutais bien mais je ne savais quoi répondre,
j’étais comme un astronome à qui on venait d’offrir une étoile inconnue.
Dorine est allée se laver puis nous avons passé un moment
au soleil de cette fin d’après midi sur le gaillard d’arrière.
Ce soir, à vingt heures nous seront de quart.
Episode 23
Pucelage.
Cette nuit nous avons encore subit une attaque éclair de
la part d’un navire léger Kidnapingre. Pas de blessés ni mort, juste la voile
avant hors d’usage. Les gabiers et boscos l’ont remplacée et s’affairent à rapiécer
l’ancienne.
Ce matin, sur une idée du capitaine, les mécanos et les
artilleurs allégeaient en poids les boulets de 18 livres en les marquant
d’empreinte de foret. Il fallait qu’il ne pèse pas plus de 15 livres ce qui
permettrait d’après les calculs de l’officier artilleur de tirer beaucoup plus
loin et de ce fait peut-être éviter que ces maudites Dragonettes s’approchent
trop du Bouchtrou. Les endroits ou il fallait ôter du métal étaient
soigneusement tracés et pointés pour que les projectiles restent bien
équilibrés afin d’assurer un tir précis. Nous ne devions pas percer trop
profond au risque de fragiliser l’enveloppe et que le boulet se fragmente dans
le fut à l’explosion de la poudre. Le pacha et l’officier artilleur pensaient
que ces projectiles modifiés feraient moins de dégâts mais auraient une portée
de 300 à 400 mètres de plus. Cela resterait bien sûr à démontrer.
En milieu d’après midi, un de ces bateaux Kidnapingre
était signalé, il était temps de tester les boulets allégé. Les artilleurs
mettaient en fonction les canons et l’officier de tir sur la vigie établissait
de savants calculs avant de les transmettre aux chefs de pièces qui fignolaient
avec la visée installée sur les canons.
Première salve.
-
C’est bon, ça marche, la porté est
supérieure ! Hurla un officier artilleur.
La cible n’avait
pas été atteinte mais le capitaine faisait cette fois charger tout les canons
bâbord pour une seconde salve et l’angle de tir fut réajusté en élargissant
l’éventail car le navire ennemi manœuvrait vite.
Deuxième salve ! Trente quatre canons crachaient en
même temps vers une cible à peine visible.
-
Ennemis Légèrement touché ! A transmis
la passerelle.
Il était inutile de recharger, les Kidnapingres faisaient
demi-tour.
C’était terminé et ceux qui n’étaient pas de quart
quittaient les postes.
Au pied de la passerelle quelques officiers commentaient
cette bataille navale plus que rapide, pour ne pas dire presque inexistante
puisque les Kidnapingres n’avaient pas pu combattre n’étant pas arrivés assez
prêt du Bouchtrou pour riposter. Un petit groupe d’une dizaine de matelots et
mousses les entouraient.
-
L’artillerie de ces bateaux légers n’excède
pas une quinzaine de pièces de petit calibre et ne supportant pas de grosses
charges de poudre. Nous expliquait le maitre principal artilleur Danlemil. Ces
petits canons tirent des boulets de 12 livres maximum et ont une portée de 600
mètres. L’artillerie du Bouchtrou est
particulière puisque les boulets sont tous de même calibre mais suivant le vide
intérieur n’ont pas le même poids. Nous pouvons donc tirer d’une même pièce du
boulet de 44, 36, 24 et 18 livres avec la même charge de poudre. Il n’y a
qu’une trentaine de navires équipés de la sorte sur l’océan. Certains
capitaines disent qu’il y a avantage à être armé ainsi et d’autres pensent le
contraire.
-
Et vous, quel est votre avis maître
principal ? Questionna le mousse Donemoi.
-
Les canons de ce type sont très lourds et ne
peuvent équiper que de puissant navire comme le bouchtrou ou le Troudanlo de Baccardi.
Oui, il faut des navires avec de gros souffleurs et de grandes voiles comme le
notre mais même si la puissance de feu est importante il n’en reste pas moins
que le poids de cet armement est un handicap pour les manœuvres rapides. C’est
un choix ; ou moins d’armement et de plus petit calibre donc la vélocité
dans les combats mais aussi la fragilité, ou la force de frappe avec des
navires plus lourd mais aussi la lenteur dans les changements de bord due à
l’importante inertie. Je crois que la différence ce fait beaucoup par
l’expérience du capitaine, de ses officiers et la discipline de l’équipage.
Expliqua Danlemil.
-
Le capitaine de ce navire Kidnapingre ne
devait donc pas avoir beaucoup d’expérience. Lança le bosco Vendebou en
ricanant.
-
Je l’ignore ! intervient l’enseigne de
vaisseau Mirabelle. Mais ce capitaine a pris la bonne décision car les 3 ou 400
mètres que nous avons gagnés en portée de tir sont pour son bateau autant de
distance à parcourir sous notre feu avant que ses canons puissent répondre et
bien entendu autant de chance de se faire toucher. Ces attaques avec de si
petits navires ne sont pas faites pour nous couler en un seul assaut, c’est
théoriquement impossible à moins que le Bouchtrou soit à sec de munition. Non,
leur but est juste nous causer des dégâts et amoindrir l’équipage.
Sur ce Dorine et moi avons quitté le groupe pour nous
vautrer au bout du gaillard d’arrière à notre place favorite au pied du mat de
pavillon.
-
Comment vont tes fesses ? Lui
demandais-je.
-
Encore un peu sensible mais ça va. Le baume
de Gary est efficace. Me répondit-elle avec une petite grimace.
-
J’ai un peu vu ce matin quand tu t’habillais,
elles sont toujours bien marquées.
-
C’est sûr, ça va rester encore plusieurs
jours, il m’a frappé fort !
-
Tu aurais du m’écouter au lieu de foncer tête
baissée vers le second niveau, ou bien te renseigner plus précisément à ceux
qui avaient déjà goûter. La veille Duvolan y était passé et il y a six jours
c’était Aigrelett l’artilleuse.
-
Franchement, tu me vois aller leur demander
de me raconter ce qu’ils ont reçu et de me montrer leurs fesses ? Je te
ferais remarquer qu’on nous a sommés d’être discrets. Me rétorqua-t-elle.
Je ne pouvais qu’approuver.
-
Toi tu as la chance que Clakett te propose
d’être fessée quand tu as envie. Ajouta-t-elle. Ce n’est pas mon cas avec Gary
et pour me faire un petit plaisir, je dois obligatoirement faire une connerie
et passer chez le capitaine.
-
Oui, et grâce à toi, maintenant je sais ce
qu’est la sévérité du niveau 2. Si tu as encore une petite envie de bêtise,
fais en une grosse car je te serais très reconnaissant que tu testes aussi le
niveau 3. Merci d’avance ! Que je
blaguais pour la faire enrager.
-
Alors toi tu as de la chance que ça me
couterait encore une correction parce que sinon je t’aurais attrapé par où tu
sais et je te l’aurais tordue jusqu’à que le sang gicle histoire de te montrer
ce qu’est mon niveau 3 à moi.
Instinctivement je me protégeais de mes mains.
-
Hey t’es folle ! elles sont encore
toutes neuves ! Que je protestais.
-
Toutes neuves, tu rigoles j’espère ! Tu
ne vas pas me dire que tu n’as jamais été avec une fille ?
S’étonna-t-elle.
-
Ben… Je dois t’avouer que non ! Lui
répondis-je un peu piteux.
Elle éclata de rire si fort que tous les membres
d’équipage présents en extérieur avaient entendu.
-
Hey, tu es malade de rire comme ça, tu vas
rameuter tous l’océan !
-
Excuse-moi Mike mais t’avoueras que c’est
risible.
-
Excuse à mon tour mais je ne vois pas ce
qu’il y a de comique. Je ne dois pas être le seul gars de 18-19 ans sur ce
navire à n’avoir jamais couché avec une fille.
-
C’est certain… Disons que sur une trentaine
de mousses masculins, pour ne parler que des nouveaux, vous devez être deux ou
trois dans ce cas. Estimait-elle.
-
Pfff ! Disons surtout qu’ils y a
beaucoup de vantards mais moi je suis sûr qu’il y en à au moins la moitié.
-
Ne prends pas ton cas pour une généralité
Mike. Tu vois, moi qui a passé quatre années au pensionnat « S » qui
n’était pas mixte, je peux t’assurer que tous les garçons de la ville faisaient
le mur la nuit rien que pour entrer dans nos chambres et se glisser dans nos
lits au risque de se faire prendre et passer une semaine en prison. Je peux
t’affirmer qu’ils y en avaient qui ne devaient pas avoir plus de 16 ans.
-
Bravo ! Alors comme ça tu dévergondais
les jeunots ?
-
J’avais leur âge mon cher. Répondit-elle en
me toisant.
-
Alors tant mieux pour toi. Moi dans mon bourg
il n’y avait pas de pensionnat de fille et mon collège n’était pas mixte.
-
Ah ouais alors dans ton bled il n’y avait que
des mecs ?
-
Bien sûr que non ! Lui répondis-je comme
une évidence.
-
Alors ?
-
Alors rien… Je n’ai jamais demandé à une
fille et aucune ne m’a demandé. Voilà, c’est aussi simple que ça.
-
Mais quand même, ça devait te démanger un
peu ?
-
Ben oui forcement. Lui avouais-je.
-
Alors pourquoi tu n’as pas cherché une jolie
mignonne ?
-
Je… Je ne… Je ne sais pas !
-
T’es parents t’interdisaient d’en
rencontrer ?
-
Non… Pas du tout.
-
J’ai beaucoup de mal à te comprendre. Tu
n’aimes pas les filles c’est ça ?
-
Mais si ! C’est que…, j’aime les filles
mais...
-
Suis-je bête, bien sûr que tu nous aimes
bien… En tout cas assez pour les tripoter hein Mike ?
-
D’abord c’est toi qui m’avais demandé de te
passer de l’huile. En parlant de ça, justement, tu veux que je te dise encore
une chose qui va te clouer puisqu’on en est aux confidences.
-
Oh oui ! Avec toi je vais de surprise en
surprise et j’adore.
-
Et bien quand je… Enfin tu sais la friction
avec l’huile et…
-
Mais encore ? Me pressait-elle de
savoir.
-
C’était la première fois que je touchais de
mes doigts un sexe de femme. L’informais-je de ma découverte.
Dorine ferma les yeux en soupirant. Puis me pris le
visage entre ses mains et me demanda.
-
Est-ce que cela t’a fait de l’effet ?
-
Ho oui… et… Je… Je bandais comme un fou.
-
Alors tu aurais dû t’allonger contre moi et
me faire sentir ton érection. Nous étions seuls, le verrou était fermé, nous
nous serions dévêtu et je me serais fait un grand honneur de te dépuceler.
Mmmmm Je suis sûr que tu aurais beaucoup aimé.
-
Je… Je n’en sais rien… Je n’aurais jamais
osé. Je ne sais même pas comment m’y prendre.
-
Ça ce fait tout seul crois-moi. Tu aurais
découvert un bien plus grand plaisir que la branlette. Parce que depuis le
temps tu as dû t’user copieusement la main.
-
Heu oui, enfin comme tous les gars.
Relativisais-je.
-
Sacré Mike… Je ne sais de quoi demain sera
fait mais un jour me passer de l’huile et jouer avec tes doigts ne te suffira
plus, alors...
-
Alors tu es encore plus sadique que Gary de
me provoquer comme ça !
Episode 24
L’ultime duel.
Le lendemain deux navires Kidnapingres avaient encore
tenté leur chance. Un le matin qui avait réussi à endommager un peu plus le souffleur arrière
et le second l’après midi qui n’eut pas le temps d’ajuster ses tirs. En tout
cas, ils ne reviendront ni l’un ni l’autre car leurs carcasses sont maintenant
posées sur le fond de l’océan.
Nous pensions être tranquilles pour un bon moment et le
Bouchtrou filait vers le port de Fantasmagination pour être convenablement
retapé. Ce port du territoire impérial est le seul où l’impératrice autorise
les navires d’autres territoires à faire escale et réparer. Si tout allait
bien, nous y serons dans 4 jours.
Le matin suivant, la vigie à signalé le Troudanlo de
Baccardi. Sans doute les capitaines qu’il avait soudoyé ne voulaient plus se
frotter au Bouchtrou alors il venait enfin lui-même livrer bataille.
Malgré que notre navire soit légèrement diminué par les
attaques successives, nous étions tous très confiants avec cette fois l’espoir
de mettre fin à la carrière de Baccardi.
Visiblement il n’était pas au courant de notre
modification et le Troudanlo avant d’être assez proche pour pouvoir riposter
avec ses projectiles de 18 livres avait déjà reçu quelques uns de nos boulets
de 15 livres. Baccardi devait enrager mais sur un bâtiment comme le Troudanlo,
cela ne pouvait causer que des dégâts mineurs.
Les boucliers de la passerelle ont été relevés. Ces
lourdes et épaisses protections qui se mettaient en position haute grâce à une
charge de poudre assuraient la pérennité du poste de commandement contre tout
boulet de n’importe quel calibre. De fines meurtrière horizontales n’assuraient
qu’une vision étroite mais suffisante pour des capitaines et officiers expérimentés
L’engagement était maintenant total. Un feu si nourrit
qu’une vingtaine de minutes plus tard l’acier des canons en rougissait. Les
artilleurs balançaient des sceaux d’eau pour les refroidir.
Il fallait souvent se coucher au sol car la grenaille et
les projectiles ramés entrait dans la salle des venteurs par les sabords et
arrachaient les chairs de ceux qui se trouvaient sur le passage.
Un lourd boulet à crevé la muraille à tribord emportant
une pièce d’artillerie. Des éclats ont balayé l’espace et quelques artilleurs
gisaient maintenant dans une marre de sang.
Nous venions tous de comprendre que Baccardi avait la
haine et que cette bataille serait terrible et peut-être fatale. Par la
déchirure, entre les nappes de fumée on distinguait, suivant les manœuvres, te
Troudanlo lui aussi sérieusement touché. Faut dire que ça canardait de tous les
côtés.
Une explosion violente éclata la cloison qui nous
séparait du compartiment du magasin d’outillage et le Bouchtrou bascula sur
bâbord avant de lentement se redresser. Des boulets avait sautés les goulottes
et roulaient. Je me planquais derrière le socle du globe tout en gardant une
main sur les commandes du venteur afin d’exécuter les ordres.
L’unique canon tribord de la salle des venteurs encore en
état n’avait plus assez d’artilleurs valides pour le servir. Deux blessés
tentaient tant bien que mal de recharger mais visiblement ils étaient en grande
peine. Côté Bâbord les deux pièces avaient juste assez de personnel. Il fallait
faire quelque chose ! Je cherchais un officier… Bordel où
étaient-ils ? Là-bas, Rolin allongé du sang plein le visage et plus loin
une moitié du corps de Bièle. Je ne voyais pas Tabagri ni Lilote.
A pas plus de deux mètres de moi, Pipo était
recroquevillé et tremblant contre un camembert. Je me levais et le tirais
jusqu’à mon poste.
-
Pipo, tu me remplaces et écoutes bien les
ordres compris !
Le visage trempé de larmes il m’a fait un signe positif
en posant sa main sur les commandes du globe. Je rampais vers Jéon qui ne
savait plus ce qu’il devait faire avec les fusils.
-
Jéon, prends la place de Dorine s’il te
plait ! Lui hurlais-je presque dans l’oreille pour couvrir les sons de la
bataille et qu’il comprenne mes paroles.
Il n’a fait aucune opposition à ce que je lui demandais.
-
Dorine, avec moi, on va aider les artilleurs
tribord !
-
Tu as raison Mike ! Me répondit-elle en
laissant son poste à Jéon.
Les deux matelots bien mal en point furent très étonnés
de notre venue mais nous donnaient tout de suite les instructions afin de
charger le canon au plus vite. Le Troudanlo était juste en face.
Un peu sur le côté, un second maître artilleur lourdement
blessé avait encore la force de nous expliquer comment régler la hausse et
s’aider de la lunette de visée.
La charge de poudre, le boulet, la mire, tout était bon
et l’ennemi nous prêtait son flanc. Dorine actionna la mise à feu. Une longue
flamme s’éjecta de la bouche du canon en voilant l’image d’une épaisse fumée.
-
Dans le mille, Bravo les mécanos ! Nous
félicitait en suffocant le second maître de sa bouche ruisselante de sang.
En effet nous avions touché le Troudanlo à l’arrière du
château juste en dessous des quartiers du capitaine mais cela ne causaient pas
vraiment de dégâts handicapants. Il fallait viser plus bas, un peu au dessus de
la ligne de flottaison pour ouvrir des voies d’eau.
Nous rechargions mais le Bouchtrou manœuvrait et l’ennemi
disparaissait de notre axe de tir. On entendait à peine le communicateur de la
passerelle donner les ordres.
Dorine me faisait signe que le second maître artilleur ne
pourrait plus nous aider, délicatement elle lui ferma les yeux. La passerelle
continuait de donner des ordres et le chef de pièce Bâbord se préparait au tir.
Le bruit et encore le terrible fracas d’un projectile qui
venait de pénétrer par bâbord. Le globe arrière s’était brisé malgré sa
protection. Les ventilettes paniquées volaient dans tous les coins. Jéon et
Lovinyou n’étaient plus, le faux Khon était en miette. A bâbord de la salle des
venteurs, il ne restait plus qu’une pièce d’artillerie en fonction. Le feu
avait pris dans un camembert à graine. Lilote et Soupap s’occupaient de
l’éteindre. On virait de bord.
-
Prépares-toi Mike, ça va être à nous !
Me cria Dorine.
-
La passerelle, il faut toucher leur
passerelle, C’est très difficile mais c’est le poste de commandement. C’est la
seule solution de s’en sortir vivant ! Il faut les décapiter ! Nous
conseilla l’artilleur Balablen en nous aidant de son seul bras vaillant à doser
la poudre.
-
Mais c’est impossible, les passerelles sont
derrière des boucliers blindés et même avec le plus gros boulet ça ne fera
rien ! Que je lui rétorquais.
-
Juste sur le coté arrière bâbord, il y a la
sortie de l’extracteur de fumée. Un tube blindé d’un mètre de long et d’un
diamètre de quatre centimètre supérieur à nos boulets, la grille qui protège
des balles et de la mitraille ne résistera pas à un boulet et guidé par le tube
il va entrer à l’intérieur de la passerelle et va la faire exploser en
flinguant tous ses occupants. Nous informait-il.
-
Quatre
centimètres de mieux, mais c’est impossible, c’est bien trop juste ! Jamais
nous ne pourrons tirer dans cet espace à moins d’être à cinquante centimètres
et encore ! Que je lui répondais.
-
Mike a raison, c’est impossible !
M’appuya Dorine.
-
On n’a plus rien à perdre alors je vous en
prie, tentez le coup ! C’était mon rêve à moi d’un jour réussir cet
exploit. C’est aujourd’hui qu’il faut absolument y parvenir ! Nous supplia
Balablen en grimaçant de douleur. Et puis je vais vous dire les mécanos, un
coup de chance ça peut arriver, mais pour cela, faut essayer. Ajouta-t-il comme
si le simple fait de tenter un tir utopique lui donnait de l’espoir.
De toute façon, tirer pour tirer, autant avoir un but. Je
tournais la manivelle pour remonter le canon vers un point qui n’était qu’une
pure estimation de la hauteur de la passerelle du Troudanlo. Restait qu’il
fallait que le navire se présente sous un certain angle, légèrement de derrière
et un peu sur la gîte. Autant dire qu’il fallait tellement de conditions que
cette cible convoitée était logiquement inaccessible et c’était d’ailleurs
conçu pour. Nous basculions lentement, le Bouchtrou prenait certainement l’eau.
Par ce qui restait d’un communicateur grésillant on
entendait nos officiers hurler des ordres incompréhensibles couvert par les
cris des blessés et le tonnerre des boulets qui frappaient le Bouchtrou.
Le navire ennemi nous apparaissait mais il n’était pas
encore dans notre axe. Ça cognait de partout et des éléments du plafond
dégringolaient. Presque toutes les épontilles étaient endommagées et pour
certaine sectionnées. Nous nous plaquions contre ce qui restait de la cloison.
Rolin avait repris conscience et se trainait vers nous.
-
Il est là ! Nous prévenait Balablen.
Bordel, je ne voyais pas grand-chose du Troudanlo à part
une masse difforme enfumée et les lueurs des points d’incendie et des bouches
de canons. Il n’était pourtant à pas plus d’une soixantaine de mètres mais la
poussière et les nappes blanches et noires nous masquaient tous les détails.
-
La passerelle elle est juste entre leur
souffleur arrière et le gaillard un peu au dessus comme sur le Bouchtrou. La
bouche de l’extracteur est entre l’arrière de la passerelle et le pied du
souffleur arrière. Nous indiquait le deuxième artilleur en resserrant le garrot
de sa jambe.
-
Souvent on a essayé mais on n’a jamais
réussi. C’est petit… Cette fois il le faut, c’est notre salut ! Nous
encourageait toujours Balablen.
-
Et tu l’estimes à combien cette chance ?
Lui demanda Dorine en refermant la culasse.
-
Une sur cent-mille mais il faut la jouer
quand même. Tous les officiers supérieurs et Baccardi y sont. A cette distance,
le boulet va pénétrer à pleine vitesse. Ne vous dégonflez pas les mousses,
allez-y et si vous réussissez ce coup là, le Troudanlo ne sera plus qu’un
navire aveugle et nous aurons gagné.
Pfff, on ne distinguait pratiquement rien. A coté de
nous, par une déchirure Rolin tirait au fusil en direction du Troudanlo.
-
Mike, là ! Me montra Dorine.
Peut-être était-ce la silhouette des boucliers de leur
passerelle derrière le souffleur avant difforme, mais peut-être autre
chose ? Pas le temps de se lancer dans une analyse plus précise. Je
donnais trois tours de manivelle pour redescendre légèrement la hausse et
Dorine estima l’alignement par rapport où elle distinguait le tube et déclencha
la mise à feu.
-
Merde ! on n’a touché que le
souffleur ! Annonça-t-elle amèrement.
-
On continue, Allez les mousses
recommencez ! Hurla Balablen en nous tendant une nouvelle dose de poudre.
Bordel, la moitié du plafond s’écroulait par une
explosion venue du dessus. Nous étions coupés des artilleurs Bâbord. Lilote et
Tabagri avaient disparus sous la ferraille tordue et le bois cassé. Les
camemberts étaient écrasés, les graines roulaient sur le plancher et se
collaient au sang.
C’était un boulet de 44 livres que je chargeais, de toute
façon il ne restait que ça dans la
goulotte et nous étions à bonne distance pour que ce plus lourd des boulets
fasse de gros dégâts que ce soit par miracle en passant par l’ouverture de
l’extracteur ou ailleurs.
Rolin, le crâne bien ouvert continuait à tirer au fusil
en ne cessant de répéter qu’il allait tous les descendre un par un. J’ignore
vraiment sur quoi il tirait mais en tout cas il se faisait plaisir. Le feu à
quelques mètres de nous nous cuisait et nous étouffait, la sueur dégoulinait et
trempait nos vêtements.
De notre côté, nous tentions de distinguer la passerelle
du Troudanlo et ce trou circulaire qui conduisait à la passerelle intérieure.
-
Elle est là, le Troudanlo manœuvre du bon
côté, elle va bientôt être bien en face de nous ! Règle un peu plus
haut ! Me dit Dorine l’œil dans la visée.
Balablen approuva d’un signe de tête.
-
Encore plus haut de 5 degrés ! Me
commanda dorine.
Deux tours, trois… Quatre et cinq !
-
Redescends un degré !
J’inversais d’un tour et demie.
-
Encore un petit peu ! Non attends le
navire penche et… Remonte de trois degrés. Encore de deux, non redescend d’un.
J’étais harassé mais tellement concentré sur la règle
graduée que j’en oubliais tout ce qui se passait autour.
-
Reste comme ça, la verticale est bonne, on va
profiter de la descente du bateau pour la hausse, ça devrait être bon mais je
ne suis pas bien sûr, mais vite ça bouge dans le bon sens. Annonça Dorine.
-
Alors feu ! Nous commanda l’artilleur.
Dorine tira le cordon mais nous n’avons pu voir le
résultat de notre tir car un boulet ennemi venait d’entrer par le haut et
défonçait ce qui restait de notre plancher déjà bien trop alourdi par les
débris. Tout craquait, je m’accrochais à une poutrelle métallique pour ne pas
descendre d’un étage voir même en fond de cale. Le lourd canon privé de sol
entraina dans sa chute les deux malheureux artilleurs. Où était Dorine dans
tout ces débris et cette fumée qui m’irritait la gorge et les poumons, je
tournais ma tête dans tous les sens.
-
DORINE ! Que j’hurlais a m’en faire
péter les cordes vocales.
-
T’énerves-pas, je suis là avec Rolin ! On
est sur un petit bout de plancher, reste un peu de place pour toi. Qu’elle me
répondit au dessus de moi.
Elle se pencha et me tendit la main.
-
Accroche-toi et remontes doucement, y’a plus
rien de solide. Me prévenait-elle quand de mon autre main je cherchais une
prise.
Effectivement, un petit bout de plancher dans l’angle.
Une petite plate forme fragile et au dessous le trou jusqu’au fond de la cale.
On pouvait distinguer l’amas de débris fumant, quelques flammes et enchâssés
dans ce tas de tout, il y avait des corps sans vie, des blessés qui gémissaient
et de l’eau qui remplissait lentement le bateau. De la grenaille siffla, nous
nous blottissions dans ce petit angle préservé.
Le Bouchtrou n’était plus qu’une ruine qui tremblait et
perdait ses pièces à chaque nouveau coup. Je me demandais même pourquoi nous
flottions encore. Il nous venait aux narines des odeurs de sang, de feu, de
poudre et de mort.
Dans ce qui restait de la salle des venteurs, nous ne
pouvions plus nous défendre. Tout était détruit !
Nous entendions quelques canons encore en action mais il
nous était impossible de savoir si c’étaient ceux du Troudanlo ou du Bouchtrou.
Les tirs devenaient plus espacés, peut-être n’y avait-il plus de poudre ou de
munition. Notre petit coin craquait et si jamais il y avait encore une forte
secousse, il ne faisait aucun doute que notre minuscule plateforme se
décrocherait.
D’un coup, ce fut le silence des armes, comme si un
arbitre avait sifflé la fin du match. On ne pouvait croire à un ordre
d’abordage mais si c’était le cas, ni Dorine ni Rolin, ni moi n’y participeront.
Plus rien ne se passait, et au milieu des plaintes et des
craquements du navire nous entendions quelques rares cris qui semblaient
d’intonation plutôt optimiste.
-
Je crois que la bataille est finie. Nous
annonça Rolin en esquissant un sourire plein de douleur.
-
Baccardi à coulé ? Interrogea Dorine.
-
Je ne sais pas… Peut-être est-ce simplement
l’abandon du combat. Je pense que son navire, s’il est encore, ne doit pas être
en meilleur état que le notre alors… Soupira le premier maître en se forçant de
garder les yeux ouverts.
Rolin était dans un sale état et sans doute avait-il usé
ces dernières forces en jouant au sniper. Coincé sur ce bout de plancher nous
ne pouvions pas faire grand-chose pour lui. Des voix appelaient et un visage se
penchait par l’ouverture enfumée au dessus de nous.
-
Il y a encore quelqu’un là dedans ?
Criait l’enseigne de vaisseau Mirabelle.
-
Oui, nous sommes là ! Le premier maître
Rolin, Dorine et moi. Le premier maître est sérieusement blessé et il y en a
d’autres plus bas !
-
Je vous vois, ne bougez-pas, nous allons vous
sortir de là.
Quelques minutes plus tard nous étions remontés sur ce
qui restait du pont principal. Notre navire n’était plus qu’une épave fumante
qui dérivait. Plus loin a quelques centaines de mètres une autre épave en feu,
celle du Troudanlo. Pas mieux, pas pire…
Ce combat n’avait pas décidé de vainqueur, juste des
perdants.
Episode 25
Evacuation.
Sur ce qui restait du Bouchtrou, il y avait des blessés
et des cadavres partout. Je considérais comme un miracle, qu’à part quelques
écorchures superficielles, Dorine et moi soyons indemnes. Clakett était
légèrement blessée à la main gauche et j’avais un soulagement complètement
irréel vu la situation car cela me réconfortait que ce ne soit pas la droite.
Mirabelle, Gary, Clakett et la bosco Anizett se
chargeaient de faire un état des lieux et de définir ce qu’il convenait de
faire.
L’enseigne de vaisseau Mirabelle, nous ordonna de
transporter le premier maître Rolin dans les cuisines qui servaient maintenant
de poste médical vu que l’arrière du navire était inaccessible car le poids de
la passerelle et ses boucliers avait enfoncé le pont fragilisé. Nous devions
d’ailleurs y rester et se mettre au service de l’aspirante Aline.
Le premier maître était trempé de sang et autre que sa
blessure au crâne, il avait un éclat d’acier profondément incrusté dans la cage
thoracique. Avec l’aide de maître Gary, nous l’avons couché sur un brancard.
Dans la coursive de la cuisine c’était cauchemardesque et
vomitif. Les blessés s’entassaient sur les morts. Les gémissements et les cris
vous crevaient le cœur, la fumée nous piquait les yeux.
Nous avons déposé Rolin sur une bâche à côté du capitaine
lui aussi très sérieusement touché mais déjà soigné et bandé à la tête, au torse
et sa jambe droite était amputée à hauteur du genou. Le sang perçait à travers
les bandages. Son visage était d’une pâleur inquiétante sa mâchoire tremblait.
Dorine lui remontait sa veste pour ne pas qu’il prenne froid. C’était
impressionnant comme il restait fier, le regard volontaire sans une plainte
alors qu’il devait atrocement souffrir.
Le sol de la cuisine était rouge de sang et jonché de
débris.
Sur la grande Table il y avait le second maître Baréziye
en cours d’opération. Lady dark qui assistait Aline releva la tête.
-
C’est pourquoi ? Si vous n’avez rien,
alors dégagez les mousses ! Nous balança-t-elle énervée !
-
L’enseigne de vaisseau nous à demandé de vous
assister. Lui répondit Dorine.
-
Il n’y a plus grand-chose à faire mais bon…
Alors restez tenir compagnie au capitaine mais avant, essayez de me trouver des
tissus propres, n’importe quoi, chemises, draps, pantalons. ! Commanda
Aline.
Dans le fond de la coursive éventrée sur le ciel, dans ce
qui restait de la salle à manger, nous avions récupéré trois nappes au fond
d’un carton mais c’était bien les seules étoffes relativement propre qui devaient
rester à bord.
Lorsque nous sommes revenus dans la cuisine, Baréziye
était mort, il n’avait plus assez de force pour résister à l’intervention.
L’aspirante nous chargea d’évacuer le corps dans la coursive pour libérer la
place.
Lady Dark et Aline avait installé Rolin sur la table sans
même prendre le temps de la nettoyer. Ce dernier nous fit un faible signe
amical et l’aspirante lui injecta un puissant somnifère.
Le capitaine nous demanda d’approcher assez prêt de lui
pour ne pas avoir à forcer sa voix.
-
Premier maître Rolin viens de me rapporter
votre comportement durant l’affrontement avec Baccardi. Nous dit-il. Vous avez
fait preuve de responsabilité, de sang froid et de courage. C’est sans doute
grâce à votre tir dans la passerelle du Troudanlo que ce combat s’est enfin
achevé.
-
Mais capitaine, nous ne savons même pas si
nous l’avons touchée. Lui dit Dorine.
-
Vous avez fait mouche, C’est exceptionnel et
je dois vous dire que c’est la première fois que je vois ça et je n’aie jamais entendu
parler d’un tel exploit auparavant. J’en suis témoin et qui sait, peut-être
avez-vous éliminé le capitaine Baccardi. Simple hypothèse et piètre
consolation, le résultat n’est pas brillant mais cette fin d’affrontement à
permis quelques rescapés… C’est mieux que rien. Je suis fier de vous !
J’en parlerais à l’enseigne de vaisseau Mirabelle à qui J’ai délégué le
commandement du Bouchtrou. Pour cet
acte, je tiens à ce que vous soyez récompensé si toutefois vous arrivez à vous
en sortir. J’ignore ce qui va être décidé dans les prochaines minutes mais le
plus raisonnable est une évacuation du Bouchtrou. Vu le rapport de Gary et
Clakett, le navire ne pourra jamais joindre le port le plus proche, il ne
tiendra pas plus de quelques heures peut-être un jour ou deux mais j’en doute.
Il est en trop mauvais état et il sombrera c’est certain. En tant que capitaine
je partirais avec lui.
-
Mais capitaine vous ne pouvez-pas… Que je
m’insurgeais.
-
Mais si mousse Mike, mais si… Mes blessures
sont graves et de toute façon dans quelques jours j’y succomberais alors un peu
avant ou un peu après…
-
Pas du tout Capitaine ! Intervient
Dorine. Si on évacue on vous emmène !
-
Seul les valides quitteront ce navire mousse
Dorine… C’est un ordre ! Vous n’êtes pas nombreux. Peut-être pas plus
d’une vingtaine…
-
Et tous les blessés on ne peut pas les
abandonner ! Se révoltait Dorine.
-
Il faudra vous y résoudre ! Sauvez votre
peau et ne pensez pas à ce que vous laissez derrière. L’important c’est d’abord
vous et rien que vous. Les blessés sont une charge inutile et les Inquêteurs ne
s’y intéressent pas ! Vous aurez déjà bien assez de tracas sans vous
encombrer de ce supplément. Qui sait, peut-être que cette carcasse tiendra en
surface jusqu’à s’échouer sur une des nombreuses îles de l’océan alors, sans
doute quelques blessés survivants s’en sortiront. Maintenant, faîtes venir
l’enseigne de vaisseau s’il-vous-plait.
Dorine est allé quérir Mirabelle. Une fois présente nous
les avons laissés entre eux et nous nous sommes approchés de la table. Aline se
retourna vers nous et nous gratifia d’un signe de tête qui ne laissait aucun
doute. Dorine et moi avions compris que
le premier maître Rolin n’ouvrirait plus jamais les yeux. Une grande tristesse
me remontait des tripes et je cachais mon visage dans mes mains.
Un tout petit peu plus tard, Mirabelle en avait terminé
avec le capitaine, elle s’approcha de nous et dit :
-
Ce n’est pas le tout d’être des héros mais si
nous voulons évacuer dans de bonnes conditions, nous avons du travail. Autant
vous prévenir de suite que le Bouchtrou est irréparable, pas même un
rafistolage de fortune.
Les deux canots de sauvetage avaient été endommagés,
surtout un et la tâche des indemnes était de réparer le moins abimé un avec les
pièces de l’autre.
Le capitaine avait presque raison, nous n’étions que onze
à être physiquement en bon état. Clakett était juste blessé à la main. Gary à
la jambe. Félanie à l’épaule, Azimutt l’arcade ouverte, Duvolan le bras en
écharpe et le nez cassé puis, aussi intacts que Dorine et moi, il y avait
Mirabelle, Aline, Lady dark et Anizett. Les autres membres d’équipage étaient
morts, disparus, blessés plus gravement ou coincés quelque part dans le navire.
Pour ne pas que les lapins de mer tentent de nous happer,
Gary avait fait fixer tout autour du bordage du canot des sabres à intervalles
réguliers pour constituer un rempart de lames. Les six rames seront notre seul
moteur car le dernier souffleur portatif avait été détruit dans le
combat ; donc pas besoin de monter un mat pour une voile.
Deux heures plus tard, nous chargions des vivres, de
l’eau, des couvertures, du matériel médical, des outils, un peu de
quincaillerie et quelques fusil avec poudre et munitions.
Le Bouchtrou prenait de plus en plus de gîte, il était
temps de partir. Le canot fut mis à l’eau et l’échelle déroulée.
Nous nous rendons une dernière fois dans la cuisine pour
dire au-revoir au Capitaine. Aline lui fait une injection de morphine et lui
laissa quelques doses et des seringues. Le corps sans vie de Rolin était encore
sur la table. Les larmes me coulaient et je ne fus pas le seul.
C’était terrible et je ne pouvais soutenir le regard de
tous ces blessés que nous allions laisser dériver sur cette épave. Nous ne
pouvions que leur souhaiter bonne chance. J’aurais voulu ce jour absent de mon
calendrier et ne jamais vivre ça.
Mirabelle, devenue maintenant capitaine par délégation de
pouvoir, nous pressait de quitter les lieux pour écourter ce triste départ.
Anizett fondit en larme et semblait chercher désespérément quelque chose ou
quelqu’un.
Les onze privilégiés que nous étions avaient pris place à
bord du canot et décroché du Bouchtrou. Les lapins de mer tournaient autour du
navire attendant que celui-ci sombre pour dévorer les cadavres et les blessés.
Au loin une colonne de fumée et les flammes d’un incendie
consumaient ce qui restait du Troudanlo.
Les deux bâtiments étaient à rayer définitivement des
listes.
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