Episode 113
Le Chym en rigole.
A l’instant ou Childeric Halebard et Horace de Fantenay
sont présentés face au Chym, on ressent chez eux l’effroi et la stupéfaction.
Ils tentent de se dégager mais les gardes empêchent toute manœuvre de repli.
-
C’est encore une de vos illusions ?!!
S’affole Halebard.
-
Non, c’est un Chym et il est tout ce qu’il y
a d’authentique. Touches-le et tu t’en rendras compte. Répond le mage Arnak.
-
Vous êtes fou ! Vous êtes fou !
Hurle Childéric Halebard tandis que Horace reste pétrifié et sans voix.
Le Chym regarde amusé les deux hommes qu’on lui présente.
Sa mâchoire poussiéreuse ornée encore de quelques dents branlantes, esquisse un
sourire. Il lève une main décharnée vers les deux prédicateurs en les toisant
de ses yeux bordés de moisissures.
-
Mille tempêtes ! Que me montre-t-on
aujourd’hui ? Demande-t-il de sa voix granuleuse.
-
Ce sont des prétendants à l’embarquement.
Répond le mage.
-
Allons bon…. Ces gens ne sont pas d’ici, ils
viennent de très loin. Estime le Chym en essayant de maintenir son crâne droit
sur son cou désarticulé.
-
Monsieur, monsieur le Chym écoutez, nous ne
voulons pas aller sur un bateau. Panique Horace de Fantenay lui-même étonné
d’adresser la parole à ce mort desséché couvert de hardes qui ne peuvent même
plus prétendre avoir été des habits.
-
Pourtant, fait le Chym en se grattant les os
des côtes pour faire fuir quelques mouches rouges qui le chatouillent, question
grand souhait vous êtes plutôt bien meublés. ooh comme je ressens des envies
profondes dans vos esprits, ho, ho, ho, ho ! Riches, vicieux, perverses et
sombres fantasmes, ho, ho, ho, ho !
-
Mais que raconte-t-il ce zombie ?
Interroge Horace de Fantenay en tentant vainement de s’éloigner du Chym.
-
Je lis dans vos âmes et elles sont noires !
Répond ce dernier.
-
Arrêtez ce cirque ! S’emporte Childeric Halebard en se débattant.
-
Si je n’avais pas écho de votre renommé et
votre sérieux, mage Arnak, je pourrais croire à une blague. Ces deux personnes
sont plus perfides que les Entoqués, Creuztatombs, Kidnapingres et Crèvesueur
réunis. Ils sont possédés par une foi enragée et destructrice ? Juge le
Chym en se recouvrant la clavicule d’un
l’lambeau d’étoffe usée.
-
Sont-ils aptes à embarquer ? Interroge
Mirabelle.
-
Non madame, ils sont bien trop mauvais, je
crains qu’aucune inquêtrice ni même d’inquêteur leur tendent la main. Faut-il
ajouter qu’ils sont étranger et bien trop vieux ! Non je ne peux consentir
à leur passage.
-
Monsieur le Chym, pouvez-vous faire exception
pour ces deux scélérats ? Revendique Aline.
-
Vous savez ma belle qu’il ne peut y avoir de
faveur. Répond le Chym en tentant avec malice de poser sa main osseuse sur la
ronde croupe d’Aline.
-
Hé bien monsieur le Chym, qu’est-ce que ces
manières ?! Gronde-t-elle en faisant un pas de côté.
-
Pardonnez ma belle, parfois de vieux démons
m’animent encore, ho, ho, ho, ho ! Rigole-t-il en secouant sa tête
déséquilibrée.
-
Vous êtes certain, monsieur le Chym que ces
deux marioles ne peuvent embarquer ? Interroge Gary.
-
Oui, ce n’est pas possible ils ne sont et ne
seront jamais Vagalâmeur. Ils n’ont de souhait que l’extrême ! Je leur
interdit le passage et si vous forcez, je considérerais cette audace comme un
non respect de nos règles et je les rendrais puant jusqu’à la fin de leur
existence. Répond le Chym en levant sa main en direction des prédicateurs.
Tout le monde sait que si le Chym condamne à l’infecte
odeur les deux hommes, ils seront inapprochables pour toujours.
-
Nous ne pouvons que nous soumettre à votre
jugement Monsieur le Chym. Nous regrettons simplement que ces deux fourbes ne
puissent embarquer. Dit le mage Arnak.
-
Je suis moi-même désolé de ne pouvoir vous
satisfaire mais je suis le gardien du passage et vous devez comprendre que mon
jugement ne prend jamais en compte les intérêts autres que celui de nos grands
souhaits. Ces deux personnes n’ont rien à faire dans une quête qui ne les
concerne pas. Répond le Chym.
-
C’est tout à votre honneur et je vous
souhaite d’avoir rapidement un remplaçant pour que vous puissiez enfin jouir du
repos éternel. Dit Mirabelle.
-
C’est gentil… Il me tarde que ce jour arrive.
-
Au-revoir Monsieur le Chym ! Dit le mage
Arnak en faisant signe au garde de reconduire Halebard et De Fantenay à la
galère.
-
Pas si vite ! S’exclame le Chym en
regardant Dorine et Mike. Venez là tous les deux ! Leur commande-t-il.
-
Holà monsieur le Chym, nous c’est déjà fait
pour la quête. L’averti Mike en s’approchant.
-
Je sais, ho, ho, ho, ho ! Je me souviens
bien de vous deux, vous êtes passés devant moi le même jour.
-
Oui, c’est vrai. Répond Dorine.
-
Je ne vous avais pas remarqué au milieu de
vos amis… Ma vue qui baisse hélas… Quel honneur pour moi d’avoir ce jour
lointain autorisé vos embarquements. Dorine et Mike ; qui aurait pu croire
à un tel destin lorsque tout jeunes et timides Vagalâmeurs vous vous êtes
présenté à moi, ho, ho, ho, ho ! J’ai fait involontairement de vous des
héros ! Un instant de divertissement et de joie dans ma triste et sordide
existence de Chym. Je vous souhaite longue vie à Fantasmaginaire et qu’elle
soit remplie d’enchantement.
-
Merci monsieur le Chym. Se signe Dorine et
Mike en chœur.
La petite troupe retourne à la galère impériale et sur le
chemin, quelques végétateurs et Vagalâmeurs demandent des autographes et
parfois une bise.
Une fois à bord, L’équipe s’approche des deux
prédicateurs.
-
Je ne sais pas si c’est une chance pour vous
d’avoir été refusé à l’embarquement. Leur dit Gary.
-
Oui c’est dommage, je suis sûr qu’ils
auraient beaucoup apprécié l’aventure, l’air du large, les batailles navales et
les abordages. Ironise Lady Dark.
-
Ils ne restent plus qu’à demander à
l’impératrice de mettre le cap sur l’île de l’ouest. Dit le mage Arnak.
-
Ils ne vont pas se plaindre, on leur offre
des vacances gratuites sur une île paradisiaque. Adjoint Mirabelle.
A ce moment là, l’impératrice sort de ces appartements.
Elle regarde les prédicateurs et :
-
Je constate que le Chym n’a pas autorisé le
passage. Fait-elle.
-
C’est ainsi impératrice et nous devons
maintenant les conduire sur l’île de l’ouest. Répond le mage.
-
J’avais prévu cette éventualité et comme je
ne peux vous accompagner parce que je dois rentrer à Fantasmaginaire résidence
pour présider une conférence, j’ai fait appel au commandant Merduile qui
accostera ici demain matin avec ordre de vous emmener à destination. Ne traînez
pas trop en chemin car on vous attend à Fantasmaginaire. Une grande fête en
votre honneur sera organisée au palais.
Episode 114
Cap sur l’île de
l’Ouest
Le lendemain matin, la galère du Commandant Merduile
s’amarre au quai. L’équipe et les deux prédicateurs sous bonne escorte quittent
le navire de l’impératrice après le petit déjeuner.
Quelques minutes plus tard, le commandant Merduile les
accueille chaleureusement à son bord et leur affecte de confortables cabines
sauf pour Childéric et Horace qui auront deux lits placés de chaque côté d’un
canon dans un compartiment d’artillerie.
C’est un peu avant midi que le commandant donne l’ordre
d’appareiller et mettre le cap sur l’île de l’ouest. Du port de Galoban 18 à 20
jours seront nécessaires pour l’atteindre.
L’équipage du navire est aux petits soins avec les
missionnaires, les deux premiers jours le voyage sont agréables et présagent
d’une bonne traversée.
Vautrés sur la plage arrière, Aline, Lady Dark Gary et
Mirabelle jouent au tarot avec un jeu ramené de France. Le commandant Merduile
s’intéresse de près à la stratégie de ce jeu qu’il ne connait pas. Les joueurs
lui expliquent quelques rudiments et prévoit déjà de faire imprimer des cartes
une fois de retour à Fantasmaginaire impérial. Un peu plus loin, Mike use les
dernières forces des piles de sa lampe électriques sous les regards médusés de
quelques membres d’équipage. Sur le pont principal, Dorine et Mirabelle racontent
au capitaine en second et au lieutenant leur mission dans l’autre monde, les
deux officiers n’en croient pas leurs oreilles et doute même que des machines
volent dans le ciel. Assit dans un grand fauteuil, le mage Arnak consulte entre
les lignes un gros livre sur la mécanique et l’énergie électrique que Melle
Véra lui a offert ; il le referme un peu plus tard pour aller se dégourdir
les jambes. A l’arrière, toujours entre deux gardes impériaux, Childéric et
Horace discutent.
-
C’est certain, nous sommes dans une autre
dimension ! Assure avec découragement Horace de Fantenay.
-
Pourquoi le seigneur nous a-t-il abandonné de
la sorte ? Si nous faisions fausse route, n’était-il pas plus judicieux ne
nous faire un signe ? Soupire Childéric Halebard.
-
Ce ne peut être lui qui nous condamne ainsi,
c’est le diable et je suis certain que le tout puissant nous viendra en aide.
Espère Horace de Fantenay en levant les yeux au ciel.
-
Puisse-t-il t’entendre.
Les deux prédicateurs s’agenouillent et récitent une
prière commune. Le mage les surprend, mais fait silence en attendant qu’ils se
relèvent.
-
Vous invoquez votre dieu pour qu’il vienne à
votre secours ? Leur pose-t-il la question.
-
Oui… C’est une démarche que vous ne pouvez
pas comprendre. Réplique assez sèchement Childéric Halebard.
-
Détrompez-vous, nous aussi dans notre monde
nous admettons l’existence de forces émérites à qui parfois on se réfère mais à
la seule différence que nous ne leur donnons pas une unique identité et
qu’aucun culte les vénère ou les condamne. Chaque individu a foi en quelque chose,
c’est une particularité normale de l’esprit qui permet d’espérer. Ici, il n’y a
aucun édifice religieux bâtis, la foi est en chacun de nous et nos églises sont
nos esprits. Ici nul n’en fait commerce ou s’en sert pour asservir qui que ce
soit ou se désengager de ses actions. Nos actes qu’ils soient bons ou mauvais
ne sont le fait que de nous même. Celle ou celui qui tue n’ira jamais dire
qu’il à agit au nom d’une puissance pas plus que celle ou celui qui ouvre sa
porte et donne à manger à l’affamé. C’est cela qui fait toute la différence
entre nos deux mondes. Leur parle le mage.
-
Etrange de croire en une puissance supérieure
et de ne pas lui vouer d’édifice ni de culte pour au minimum l’honorer.
S’étonne Horace de Fantenay.
-
Nous ne croyons pas à une force supérieure
mais à plusieurs car pour nous elles sont multiples. Nous ne maîtrisons et ne
comprenons qu’une infime partie de notre univers et nous ne pouvons nier que
toute l’immensité de ce qui nous entoure jusqu’au plus profond de l’infini
cosmos et ses milliards d’étoiles, de soleils et de planètes sont le résultat
de puissances que nous ne pouvons imaginer. Nous pouvons expliquer un certain
nombre de phénomènes et comprendre une partie de l’évolution mais les
certitudes sont rares et souvent remises en question avec de nouvelles
découvertes. Ainsi la science évolue petit à petit. Ne croyez-pas que nous
sommes des arriérés, nous avons nos scientifiques et ce n’est pas parce que
nous ne savons pas l’électricité que nous ne sommes un étage en dessous, nous
n’avons simplement pas les mêmes priorités que dans votre monde. Ici, comme je
vous l’avais dit hier, ce qu’il y a de bon et de mauvais rivalisent en général
que sur cet océan. Nul seigneur qu’il soit de ténèbres ou de la lumière ne
dicte ces conflits d’intérêts. Tous les habitants de notre planète avec leurs
particularités spécifiques ont leurs territoires bien définis. Les Creuztatombs
ne naissent ni n’habitent en Terres Végétateurs pas plus que ces derniers ne
voient le jour en territoire Kidnapingre ou Entoqué.
-
Drôle de monde. Emet Childéric halebard.
-
Je vais vous dire quelque chose qui va
peut-être vous étonner et vous faire réfléchir. Je n’en ferais pas une
certitude mais je pense que notre monde à été enfanté par le votre. Une sorte
de poubelle où vous avez jeté votre trop plein de tout. Vos rejets ont pris ici
leur place par affinité et se disputent sur une arène centrale qu’est cet
unique océan.
-
Hypothèse farfelu ! Juge Horace de
Fantenay.
-
Possible… Ce n’est qu’une hypothèse. Tiens,
une question ! Pourquoi croyez-vous que nous avons fait ce voyage
incertain pour vous empêcher de poursuivre vos actions ?
-
Très bonne question et j’aimerais en
connaitre la réponse. Sollicite Childéric Halebard.
-
C’est tout simplement qu’après étude de
l’histoire de France, je me suis aperçu que les conflits généralisés qui
affectait notre planète Fantasmaginaire étaient directement lié à ceux qui
affectaient la France. Comme nous avons du temps, je vais vous expliquer.
Le mage Arnak s’assoit sur un banc et commente avec
précision le résultat de ses recherches. Les deux prédicateurs écoutent avec
attention et à la fin de l’exposé restent sans voix. Au bout d’un bon moment de
silence, Horace de Fantenay prends la parole.
-
J’admire votre connaissance de l’histoire de
France et moi-même, jeune étudiant dans mon pays d’origine je l’avais étudié
car la France est un pays riche de son passé. J’avoue que votre analyse est
pertinente et comme vous semblez l’assurer, je ne remettrais pas en cause sa
conclusion. Cependant, je trouve injuste que nous soyons à tous les deux jugés
et condamnés arbitrairement comme responsables. Il est vrai que nos points de
vue différents entre Childéric et moi entrainaient une violente confrontation
mais pouvions nous être à nous seuls imputés des actes de centaines d’hommes et
de femmes ?
-
Oui de Fontenay, vous étiez des chefs de
guerre comme le furent d’autres avant vous. La deuxième guerre mondiale sans un
chef fanatique n’aurait jamais eut lieu. Certes il avait des complices mais
c’est bien lui qui en était le chef spirituel, l’emblème et l’orateur ; ce
que vous étiez il y a quelques jours.
-
Ecoutez monsieur Arnak. Intervient Childéric
Halebard. Nul n’est parfait et nous avons tous le droit à l’erreur. Ne serait-il
pas préférable de faire table rase et de pardonner. Nous ne sommes plus rien et
vous avez remarqué que depuis les tensions sont retombées. D’accord nous étions
des leaders et nous étions aveuglés, mais aujourd’hui ?
-
Non Halebard ! On pardonne à un enfant
qui a cassé un carreau mais pas à un adulte qui allait par délégation faire des
millions de victimes. Estimez-vous heureux d’être encore vivant car dans le
plan initial, il était question de votre élimination physique. Vous De Fantenay,
à une seconde près, un carreau d’arbalète rempli de curare vous aurait terrassé
dans les toilettes de votre péniche sur le canal du Midi. Oui De Fantenay, Mike
vous avait en ligne de mire et c’est dans cette ultime seconde que nous avons
changé nos plans. Dans quelques jours vous serez débarqués sur l’île de
l’Ouest. Cet exil n’est pas une prison étroite entre quatre murs et mes amis y
ont survécu pendant de nombreuses semaines sans manquer de rien. Vous y serez
libres, c’était notre promesse et si vous vous débrouillez bien vous y vivrez
bien plus longtemps que sur un navire peut-être même que c’est la vieillesse
qui aura raison de vous. Vous y ferez ce que vous voudrez même bâtir une église
si ça vous chante. Je crois que cet exil est une peine bien légère au regard de
ce que vous alliez provoquer et déjà du nombre de victimes établies. Je vous
laisse méditer à tout ça ; bonne fin d’après midi !
Neuf jours plus tard, la galère fait escale au port
Entoqué de Passmoalepla.
Episode 115
Souvenirs.
7 jours plus tard, les deux prédicateurs assistent en
spectateurs depuis la galère à un combat entre un navire Crèvesueur et un
Vagalâmeur. Tout y est, d’abord les canons ensuite l’abordage et pour finir le pillage.
Il ne fait aucun doute vu leurs mines déconfites à la fin de la bataille, que
l’option d’être débarqué sur une île déserte leur semble soudain préférable.
Quelques jours plus tard, Le commandant fait mouiller la
galère face à la plage Nord-est de l’île de l’ouest sur les conseils de Gary.
Pour Mirabelle, Aline, Lady Dark, Dorine, Gary et Mike
c’est un retour plein d’émotions en ces lieux chargés de souvenirs. Ils prennent
place dans la première chaloupe et les prédicateurs dans la seconde.
Gary en tête, les anciens du Bouchtrou s’avancent sur la
plage. Un peu plus haut, à leur droite, quelques restes de bambou rongés par
les intempéries témoignent encore de l’emplacement de la cage. A l’orée de la
jungle un sabre rouillé est fiché dans le sable. Gary estime le tracé pour
joindre le piton rocheux et boussole en main, s’engage dans la végétation
suivit de ses amis. La faune piaille et crie à l’intrusion, les oiseaux affolés
s’envolent d’arbres en arbres.
Au pied de ce qui leur servait de vigie, il ne reste plus
grand-chose du camp si ce n’est que quelques rondins encore assemblés noyés
dans la dense végétation qui à repris tous ses droits.
Sous les plantes une caisse vermoulue protège encore deux
pistolets et des munitions et un peu plus loin les morceaux de la grande table
enlacée de racines.
A l’est de ce point, la source et la vasque ont toujours
la même transparence de cristal. Chaque membre du groupe se ressasse des images
passées et se raconte quelques piquantes anecdotes. C’est sur cette île que
Dorine avait déniaisé son ami Mike. C’est ici qu’ils avaient volé le bateau de
Baccardi en l’abandonnant lui et ses hommes. C’est avec ce capitaine que Lady
Dark avait choisit de rester. C’est ici qu’Anizette avait retrouvé Amuramon…
C’est aussi sur cette île que Dorine et Mike avaient subit un simulacre
d’exécution ; ils en frémissent encore.
Poursuivant leur chemin ils vont jusqu’à la plage ouest
et de l’arrière du Bouchtrou il ne reste que quelques poutrelles rouillées à
cœur qui émergent à peine en surface de la mer. Sur la plage, il y a des
planches en plus ou moins bon état et quelques autres débris venant de navire
endommagés ou coulés.
Pèlerinage achevé ils retournent sur la plage nord-est
rejoindre le Commandant, les gardes impériaux et les deux prédicateurs.
Sur le sable, est déposé du matériel. De la toile, des
cordes, du fil, des hameçons, de la poudre, des munitions, quatre fusils, deux
sabres, six couteaux, quatre rasoirs, des savons, quelques serviettes, Deux
boussoles, deux haches, une barre à mine, de la vaisselle, des ustensiles de
cuisine, une grosse loupe, une dizaine de boîtes d’allumettes, quatre lampe, 30
litres de pétrole, une trousse médicale, huit couvertures, des vêtements
militaires et une réserve de vivre pour une quinzaine de jours.
Les anciens du Bouchtrou et le mage Arnak s’approchent
des prédicateurs.
-
Voilà votre nouvelle terre, elle est
entièrement à vous et vous pourrez y vivre comme bon vous semble. Etablir vos
propres règles de conduite, construire un camp, tracer des sentiers, édifier un
lieu de culte… Enfin, faire absolument tout ce que vous voulez. Leur dit le
mage.
Gary prend la suite.
-
Le climat est bon, il ne fait jamais froid
dans ces régions de l’Ouest. Il y a une période de trois mois où les pluies
sont fréquentes. Au pied de ce piton rocheux nous y avions installé notre camp,
il n’en reste plus grand chose mais je vous conseille cet endroit car il est
très proche de la source d’eau douce et d’une vasque très agréable pour se
laver et se baigner. Savez-vous vous servir d’une boussole ?
Childéric Halebard répond par l’affirmative.
-
Parfait, car dans cette jungle il vous sera
impossible au début de vous diriger sans boussole. Avec le temps, vous n’en
n’aurez plus besoin mais d’ici là…
-
Pour ce qui est de vous nourrir, poursuit
Mirabelle, sur cette ile il y a tout ce qu’il faut. La pêche y est bonne, la
chasse possible et les fruits abondent. A la limite entre sable et végétation,
il y a des pommes de sable. C’est un légume qui ressemble beaucoup à vos pommes
de terre. Vous reconnaitrez leur feuilles, elles sont couleur rouille et
rondes ; il suffit de tirer sur la tige pour avoir les pommes.
-
Il n’y a pas à notre connaissance, Explique
Aline, de fruits dangereux pour la santé sur cette île. En revanche ne touchez
pas aux Oupsreds. Ce sont des champignons mortels très reconnaissables par leur
forme en étoile et de couleur rouge vif. Evitez de toucher à ses plantes à
feuilles jaunes, montre-t-elle un spécimen à l’orée de la jungle, car vous
comprendrez alors que vos orties ne sont que douces caresses comparez à ce
Piklapo.
-
Pas de baignade dans la mer ! Continue
Dorine. Il y a des serpents rouges partout. Contentez-vous de la vasque, vous ne
risquez rien d’autre que les grandes couleuvres bleues mais elles sont
inoffensives.
-
Pour ce qui est de votre sécurité par rapport
à tout ce qui naviguent sur cet océan. Poursuit Mike. Je n’aie qu’un conseil à
vous donner c’est d’être le plus discret possible et de ne pas appeler un
navire de passage en croyant qu’il vous portera secours. Ils sont tous vos
ennemis sauf les impériaux mais vous sachant en exil ici ils ne viendront pas.
Au cas où un navire mouille et fait débarquer une partie de l’équipage pour
ravitailler en fruits frais où simplement faire une pause. Restez bien cachés
dans la jungle et ne vous montrez sous aucun prétexte. Cette jungle est votre
forteresse et il n’y a pas d’équipage qui s’y risquerait à moins d’avoir un but
bien précis.
-
Pour compléter, reprend Lady Dark, il y
a des crabes à deux bouches ; ils
ne vous feront rien tant que vous n’êtes pas mort ; ce ne sont que des
charognards. Vous verrez, ce sont de gentilles et utiles petites bêtes qui vous
débarrassent de tous vos déchets.
-
Pour finir, intervient Mirabelle, sur la
plage côté ouest, le fort courant rapporte tout un tas de choses qui peuvent
parfois être très utiles. La côte la plus proche est le territoire impérial à
des centaines de milles, vous pouvez toujours tenter de l’atteindre en
construisant un radeau mais autant vous dire que c’est une opération voué à
l’échec. Je pense que vous en savez assez pour bien débuter votre nouvelle vie.
Horace de Fantenay s’agenouille devant le groupe.
-
Vous savez très bien que nous ne tiendrons
pas longtemps sur cette île. Nous n’avons aucune notion de survie en pleine
nature. Dit-il implorant.
-
Vous apprendrez très vite. Lui retourne
Mirabelle.
-
Ne vous plaignez pas, les impériaux vous
laissent du matériel. Bon nombre de naufragés n’en possède pas le dixième quand
ils accostent une île et pourtant, ils survivent comme ont survécu mes amis.
Ajoute le mage.
-
Je crois qu’il est temps de partir !
Annonce le commandant Merduile en faisant signe à ses hommes de pousser les
chaloupes à la mer.
Les deux prédicateurs s’assoient dépités sur le sable et
regardent les embarcations s’éloigner puis plus tard la galère disparaitre à
l’horizon.
Pour eux, l’histoire s’arrête là.
Episode 116
Mission
accomplie
.
54 heures plus tard, le commandant Merduile manœuvre dans
le port de Fatasmaginaition pour s’amarrer au quai d’honneur en face de
l’ambassade.
Les officiels de la ville sont tous présents et pour les
missionnaires la joie d’y voir leurs inquêtrices et inquêteurs à leur côté.
Mike s’impatiente et presse que la coupée soit installé
pour courir dans les bras de Clakett.
Un pot d’honneur est servi dans le grand salon de
l’ambassade. Le mage Arnak fait tomber une pluie d’étoiles et tourbillonner des
papillons multicolores. Les dessinateurs et les peintres les font poser pour en
prendre les esquisses et plus tard composer les tableaux qui orneront les salons
ou les halls de bâtiments officiels.
A midi, les tables sont dressées dans les jardins de
l’ambassade. Un gigantesque repas que le mage anime de ses extraordinaires
illusions.
En fin d’après midi, après une sieste bien mérité,
l’équipe se rend sur le quai sud où est amarré le Troudanlo 3. La seconde du
capitaine Baccardi les fait monter à bord sous l’œil vigilant des gardes
impériaux.
L’officier avait été informé à l’arrivée de la galère
impériale de l’absence de Baccardi.
-
Il est donc resté dans cet autre monde, il
nous a abandonné à cause d’une femme je suppose. Dit-elle amère.
-
Non madame il n’y a aucune femme dans cette
histoire ; ses raisons sont bien autres mais je vous ferais certainement
de la peine en vous les rapportant. Répond le mage Arnak.
-
Ça m’est égal après tout, me voilà donc
capitaine du Troudanlo. Jubile-t-elle.
-
Nous venons chercher Glassalo ! Dit
Dorine.
-
Ha oui, bon débarras car à part faire la
cuisine il n’est bon à rien d’autres. Fait-elle en faisant signe à un matelot
d’aller le chercher.
Cinq minutes plus tard Glassalo arrive sur le pont et se
jette dans les bras de ses amis.
-
Hoooo ooouuuiii ! Glassalo est content
de vous revoir ! Vous m’emmenez hein, Baccardi m’avait promis ?
-
Oui Glassalo nous allons te conduire à
l’ambassade et plus tard tu rejoindras ta patrie. Lui dit Aline.
-
Oui, oui, oui ! Et Glassalo va
construire un beau restaurant à lui et je serais le grand chef ! oui, oui et mon restaurant je l’appellerais
« Le capitaine Baccardi »
-
C’est un beau nom ça ! Se réjoui Mike.
-
Bon maintenant que vous avez ce que vous
voulez, vous sortez de mon navire ! Ordonne la nouvelle capitaine.
-
Tss, ,tss, nous n’avons pas fini nos
emplette. Donnez-moi le sabre de Baccardi avec la ceinture et le fourreau,
ainsi il ne servira plus contre aucun Vagalâmeur. C’est un souvenir et j’y
tiens. Exige Mike.
-
Je n’aie rien à vous donner de ce qui
appartenait au capitaine Baccardi. Dorénavant ces biens sont à moi par
succession. Refuse-t-elle.
Mike s’approche d’elle en la fixant droit dans les yeux.
-
Ecoute bien ma belle, je veux ce sabre et tu
vas vite fait aller me le chercher ! ça me chagrinerait de te voir
embarquer dans une galère impériale comme rameuse. Je n’aie qu’un geste à faire
pour que les gardes impériaux montent à bord ; alors tu choisis, ou le
sabre ou les rames. Menace-t-il prêt à lever le bras.
-
Tu fais le beau parce qu’on est en territoire
impérial mais tu chanterais moins fort si nous étions ailleurs. Rétorque-t-elle
en soutenant le regard de Mike.
-
Possible, mais je ne suis pas certain que ce
serait à ton avantage, Des Kidnapingres dans ton genre ne sont plus de ce monde
pour raconter qu’un jour ils m’ont rencontré armes à la main. Maintenant tu vas
aller gentiment chercher le sabre et le ceinturon du capitaine Baccardi et me
le remettre en main propre.
-
Pendant que tu y es, moi je prends ses
pistolets, ceux avec les crosses en argent ! Dit Dorine.
-
Et moi son foulard ! Adjoint Gary.
-
Moi sa belle dagues d’apparat ! Ajoute
Aline.
-
Et pour moi se sera son plumier en argent et
son encrier de cristal pour écrire les notes de mon restaurant. Remet en plus
Lady Dark.
-
Moi j’ai toujours adoré son anneau d’or qu’il
portait à l’oreille. Il l’a laissé à bord avant la mission alors je serais très
contente de le posséder. Achève la liste Mirabelle.
Seul le mage Arnak ne réclame rien.
Aidé de deux hommes, la capitaine va chercher ce qui est
demandé et les donne avec regret à l’équipe.
Un peu plus tard à l’ambassade, Glassalo visite une
luxueuse suite et fait déjà les yeux doux à une certaine Pakrett.
Ce soir, toute l’équipe, leurs inquêtrices et inquêteurs
vont dîner à « l’île de l’Ouest », le restaurant de Lady Dark.
Saussmaderr, son chef cuisinier et inquêteur à préparé un menu spécial pour
leur retour. Bien entendu, Glassalo est de la fête.
PS :
Sur la planète Terre, les menaces d’une guerre mondiale
ne sont plus et les évènements inexpliqués de Foix, Pamiers et Cahors ont fait
naitre des craintes qui, si elles ne sont pas rationnellement fondées, ont le
mérite d’avoir pacifié les esprits. Le temps estompera les peurs et dans un
futur qu’on ne peut dater, d’autres Halebard et De Fantenay referont surface
avec les mêmes discours radicaux et haineux. En attendant ce jour, la planète
bleue peut vivre quelques décennies en paix… Ou du moins sans un conflit total
engageant toutes les nations et surtout, pour Fantasmaginaire, engageant le
territoire Français.
La disparition des deux prédicateurs reste une énigme
malgré les recherches faîtes au niveau international.
Un bon nombre de leurs complices sont sous les verrous et
attendent leur procès.
En France, le site de Melle Véra est de nouveau en
fonction et l’institution Lafleurodent ouverte. Les premiers inscrits sont
Ellie, Sourire et Jack. Baccardi en est le directeur et entre deux sanctions il
prend le temps d’écrire un livre qu’il intitulera « L’éducation à
l’ancienne selon Baccardi » Ces derniers jours un nouvel élève se nommant
Mikael s’est inscrit sur le site. Un jour futur, peut-être participera-t-il à
un séjour…
Sur le territoire impérial de Fantasmagianaire, chacun à
repris ses activités.
Mirabelle avec son inquêteur ont ouvert une institution à
Fantasmaskott qu’ils ont nommé « Institut Impériale de Lafleurodent »
Lady Dark est retourné à ses fourneaux et régale toujours
autant les clients.
Aline et son inquêteur poursuivent l’organisation des
jeux inter-villes de la fessée. Plus tard, ils pensent ouvrir un casino ou les
lots seront directement en correspondance avec le fantasme de la fessée.
Dorine donne des concerts dans toutes les grandes salles
et arènes et s’est inscrite à l’Institut Impériale de Lafleurodent pour suivre
en pensionnaire une semaine de cours tous les deux mois. Son inquêteur
Hamadéhuss fait partie du personnel encadrant comme professeur de musique.
Gary et son inquêtrice sont repartis en mer sur leur
bateau de pêche ; il a trouvé que les moustaches lui allait très bien et a
décidé de les conserver.
Le mage Arnak est devenu conseiller honoraire de
l’impératrice et poursuit ses tournées spectacles dans toutes les villes du
territoire. Il a étudié le livre que Melle Véra lui avait offert et ensuite,
l’a remisé tout au fond d’un coffre dans sa cave estimant qu’il n’y avait pas
nécessité de précipiter l’évolution du monde de Fantasmaginaire.
Mike à commencé l’histoire du Bouchtrou qu’il intitule
Fantasmaginaire 2 et le projet d’écrire
à la suite, Fantasmaginaire 3, qui relatera la mission dans l’autre monde. Son
inquêtrice clakett veille à ce que les textes ne comportent pas de faute et
sanctionne si nécessaire avec fermeté mais également tendresse. Mike s’est
également inscrit à l’Institut Impérial de Lafleurodent.
L’île du centre est devenue territoire impérial et
l’entrée des catacombes en est surveillée par un important contingent de garde
impériaux. Un fort et une petite ville vont y être construits. Ce sera la
première île de tout l’océan à être habitée en permanence.
Pour ce qui est des deux prédicateurs, jusqu’à
aujourd’hui, aucun espions au service de l’impératrice n’a signalé leur capture
par des Kidnapingres ou des Crèvesueurs ; pas plus que leur décès par des
Creuztatombs ou des Entoqués. On suppose qu’ils sont toujours sur l’île de
l’Ouest
FIN
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