Episode 18
Le cercle.
Je suis sorti un peu secoué
de la cabine de Clakett. J’avais du mal à croire tout ce qui venait de se
passer. Pourtant mes fesses encore un peu sensibles et mon slip collant de
sperme me prouvaient bien que je n’avais pas rêvé. Je ne pouvais que me réjouir
de ce dernier passage chez Clakett mais beaucoup de question restaient en
suspend. Il y avait à bord de ce bateau un certain nombre de personnes qui
gravitaient autour d’un même fantasme. Il m’était difficile, sinon pour
Clakett, Gary et Dorine, de savoir qu’elle était exactement le positionnement
des autres comme Mirabelle et peut-être même Aline pour ne citer qu’eux vu que
leur comportement prêtait à confusion. J’allais de surprises en surprises et il
n’était pas impossible que l’avenir me réserve encore quelques étonnements.
Comme je ne voulais pas passer
par le pont principal pour descendre à mon poste d’équipage je suis passé par
le sas de secours. Ça me faisait faire un petit détour par la coursive des
différents magasins et postes d’officiers mais c’était plus tranquille et je ne
risquais pas d’être vu avec mon short maculé parce que maintenant la tache
était parfaitement visible et identifiable.
L’enseigne de vaisseau
Mirabelle s’y trouvait embusquée, elle m’attrapa et me poussa dans un
compartiment où étaient remisés les sabres et les armes à feu. Elle verrouilla
la porte avec un grand sourire comme pour me faire comprendre que je n’avais
rien à craindre d’elle.
Ce magasin ne comportait
aucun hublot et la lampe en veilleuse éclairait à peine. Elle augmenta de débit
pour que la lumière inonde correctement l’espace. Elle regarda le bas de mon
short auréolé et pouffa de rire.
-
Je vois qu’après mon départ, que maître
principal Clakett t’a cruellement maltraité ! Me dit-elle en plaisantant.
-
Ben je… Non je… C’est moi… Enfin vous
comprenez. Bafouillais-je en tentant de lui faire croire que je m’étais fais un
petit plaisir solitaire.
-
Et c’est pour cela que tu passes par ici,
pour ne pas te faire voir avec cette bavure sur ton short ?
-
Tout à fait Enseigne de vaisseau Mirabelle.
Approuvais-je.
-
Me prendrais-tu pour une cruche mousse
Mike ?
-
Mais non, je n’oserais pas.
-
Et pourtant c’est ce que tu fais !
Allons mousse Mike, je sais bien que c’est la main de Clakett qui à œuvré.
Aucun reproche d’ailleurs…Tu as apprécié en tout cas !
-
Je ne
sais pas ce qui se passe sur ce bateau mais je commence à en avoir un peu marre
de toutes ces questions. Tout le monde est après moi ! Qu’est-ce que vous
me voulez à la fin ? M’énervais-je.
-
Calmes-toi mousse Mike, personne ne te veux
du mal, bien au contraire. Ce n’est pas méchant de te demander si tu as
apprécié le traitement de Clakett. D’ailleurs tu n’es pas obligé de me
répondre. Répondit Mirabelle d’une voix douce.
-
Apprécier ? Non… En tout cas pas la
fessée devant vous ! Pour le reste ça ne regarde que moi.
-
M’ouais…. Douta-t-elle. En tout cas, moi je
me suis beaucoup amusé de te voir cul nu te faire corriger. Je suppose
qu’après, pendant qu’elle te faisait un petit plaisir vous avez un peu discuté.
Question piège, mais je me devais de tenir ma langue
comme je l’avais promis alors pas question de lui révéler nos exacts propos.
-
Oui nous avons parlé des batailles et des
abordages… Que je lui répondais évasivement.
-
Ha oui drôle de discussion, et je suppose que
ce genre de thème t’excite au point même d’en jouir. Si ça te fait tant
d’effet, pas de problème, au prochain abordage je te mets d’office dans le
premier groupe d’assaut et tout nu comme ça tu pourras t’exciter comme un fou.
Et surtout, vise l’œil du capitaine ennemi, je suis certain qu’un jet de sperme
va le terrasser net. Me dit-elle d’un ton tout ce qu’il y a de plus sérieux.
-
Mais non enseigne de vaisseau
Mirabelle ! Je ne veux pas… Je vous en prie, ne faîtes pas ça !
-
Je
plaisante. Me rassura-t-elle immédiatement. Tu ne veux rien me dire de ton
entretien avec maître principal Clakett, parfait. Je trouve même que cela
t’honore mais dis-toi bien je suis avec vous et tu n’as rien à redouter de moi.
Toutefois, je comprends que tu ne veuilles pas t’étendre sur ce qu’elle t’a
dit, d’ailleurs, ça na pas vraiment d’importance. Je te demande seulement de
m’écouter, rien de plus. Je vais juste t’éclairer un peu. Comme la maître
principal Clakett à dû surement te le dire, je ne fus pas candide quand tu as
renversé le seau sur le pont, d’autant moins que Dorine m’avait prévenu de ton
action avant le poste de nettoyage.
-
Dorine ?!! M’étonnais-je de cette
odieuse trahison.
-
Mais oui, ta copine Dorine ! Ne lui
porte pas grief et surtout remercie-là.
-
Mais pourquoi, et à quoi s’amuse-t-elle ?
-
Elle n’a joué que son rôle mais bien plus
ouvertement que toi et je dois même dire qu’elle à été très imprudente avec
maître Gary. Elle a eut beaucoup de chance de se révéler à quelqu’un qui avait
un fantasme complémentaire et de ce fait à tout de suite compris où se situait
Dorine. Ils ne sont pas tous comme ça ceux qui ont la responsabilité d’exécuter
les sanctions sur les navires Vagalâmeurs. La plupart le font juste parce
qu’ils en ont la charge. Si Dorine tombait sur un de ceux là, elle aurait été
dénoncé et serait devenu un souffre douleur. Certains membres d’équipage en
auraient profité pour la frapper et la torturer rien que pour s’amuser. En
revanche, toi tu n’as rien eut à faire puisque maitre principal Clakett, je ne
sais comment d’ailleurs, avait tout de suite deviné ce que tu étais et elle ne
s’était pas trompé. Hein Mike ?
-
Ben… Enfin… C’est que…
-
N’en dis pas plus c’est inutile, je ne veux
pas te forcer. Cependant, il y a le présent et autant en faire le bilan. Voilà
où nous en sommes aujourd’hui. Toi, Dorine, maître principal Clakett et maître
Gary dans le même cercle.
-
Et vous aussi !
-
Oui mais c’est différent. Moi je ne donnerais
jamais de fessée à Dorine ni à toi si ce n’est peut-être qu’une bonne claque ou
un coup de jonc vous me manquez de respect. Alors, pour ce qui est de toi, ne
recherche jamais le même rapport qu’avec l’officier Clakett… Il n’y en a
pas ! Maintenant, chose importante que j’ai également dit à Dorine, nous
allons vous guider et vous conseiller pour ne pas que vous fassiez de faux pas.
Tu le sais aussi bien que moi, entre Vagalâmeurs on ne se fait pas de cadeau.
Certains sont amis par devant, mais quand ils en ont l’occasion, ils te
plantent un couteau dans le dos. Alors pas d’imprudence et ne vous confiez à
personne d’autre que nous. Si vous avez un doute ou le moindre problème,
n’attendez-pas, venez nous voir de suite. Je me suis bien fait
comprendre ?
-
Oui enseigne de vaisseau Mirabelle !
Mais pourquoi faîtes-vous ça ?
-
A vrai dire, je ne sais pas trop… Sans doute
y a-t-il des évènements qui s’emboîtent pour composer un ensemble et font
que... Je crois que tu en sais assez pour aujourd’hui. Je vais te laisser
aller te changer, tu en à bien besoin.
Elle remit la lampe en
veilleuse, ouvrit la porte et s’assura que personne ne trainait dans la
coursive.
-
Sauves-toi maintenant ! Me dit-elle en
me poussant dans le dos.
Un peu plus tard, sortant de la douche et revenant à ma
bannette, Dorine est arrivé dans le poste de couchage.
-
Alors cette fessée ? me demanda-telle à
voix basse.
-
Grosse fessée ! Que je lui répondis sans
détour.
-
Elle s’assura qu’il n’y avait personne dans
les autres compartiments de couchage, ferma la porte du notre, dénoua la
serviette de ma taille et posa un regard avide sur mes fesses.
-
Houuu ! Effectivement, tu as bien été
fessé ! Constata-t-elle.
-
Au moins aussi bien que toi avec Gary. Que
j’estimais fanfaron.
-
Je le crois ! Approuva-t-elle.
Au pied ma
bannette étaient roulés en boule mon slip et mon short. Elle se baissa et prit
délicatement mon short entre son pousse et l’index et le porta le à ses yeux
avec une petite grimace coquine.
-
Hé
bien ! Fit-elle. Je vois que monsieur à proprement aspergé son short.
Constata-t-elle hilare.
-
Oui, il est bon pour une lessive et le slip
avec.
-
Tu vois que ce n’était pas bien compliqué. Je
te l’avais bien dit que Clakett n’attendait que ça et toi aussi si j’en crois
l’état de tes affaires.
-
Oui tu m’avais dit beaucoup de chose sauf ce
que tu ne voulais pas me dire. Que je lui rétorquais avec une pointe d’acidité.
-
Que veux-tu dire par-là ?
-
Par exemple que tu avais prévenu Mirabelle de
mon stratagème pour me faire punir.
Elle éclata de rire et de suite mis sa main devant sa
bouche pour l’étouffer.
-
D’abord ce n’est pas ton stratagème c’est
celui que je t’ai soufflé, et d’une ! répondit-elle avec discrétion.
-
Et aussi pour le short !
-
Ha oui ! Le coup du short, mais ça ce
n’est pas de moi !
-
Ha bon… C’est de qui alors ?
-
De Clakett ! C’est elle qui est venu me
voir quand je distribuais les couvertures propres et qui m’a dit qu’elle
aimerait beaucoup que tu viennes à la punition ainsi. Elle m’a donc demandé un
petit coup de main. Tu connais la suite.
-
Je ne le crois pas ça. Vous étiez tous de
mèche ! Toi, Mirabelle et Clakett !
Elle s’est collé à moi a pris mon sexe entre ses doigts
et m’a demandé :
-
Franchement tu regrettes ?
-
Franchement non et cesse de jouer avec ça, tu
vas m’exciter pour rien car dans 6 minutes nous devons relever à la salle des
venteurs.
-
Et si tu y va comme ça tout nu, mmmm je te
promets que je te fini là-bas.
-
Mais oui et pendant ce temps là, le second
maître Tabagri regardera le paysage par le sabord. Trêve de bêtise, laisse-moi
m’habiller.
Episode 19
Escorte d’honneur.
Le lendemain Dorine et moi, comme tous les jours nous
astiquions le guindeau. C’était notre poste de nettoyage attitré et on ne
peut pas dire que c’était une corvée éprouvante. Maintenant que nous étions
rôdés, tout au plus ça nous prenait 30 à 40 minutes, rangement du matériel
compris.
C’est juste quand l’enseigne de vaisseau nous permettait
de quitter notre poste de nettoyage après avoir vérifié la propreté du guindeau,
que la vigie à signalé un navire en précisant que c’était une galère impériale.
A notre grand étonnement, ni Mirabelle ni les autres officiers présents sur le
pont n’ont paniqué et la sirène du poste de combat n’a pas hurlée. Le capitaine
est monté sur la passerelle extérieure et à ajusté sa longue vue pour confirmer
que c’était bien des impériaux. Le pavillon blanc à croix verte fut hissé et le
bateau changeât de cap pour aller à sa rencontre.
-
Ne vous affolez pas les mousses ! Nous
dit l’enseigne de vaisseau. Il n’y a jamais de combat avec les galères
impériales sauf si nous sommes recherchés pour avoir transgressé les lois ce
qui n’est pas le cas et ne le sera jamais j’espère. Rangez-moi tout ce matériel
d’entretien et disparaissez du pont. Nous commanda-t-elle.
Les anciens nous avaient parlé des navires impériaux
comme de somptueux bâtiments très fortement armés que des galériens prisonniers
manœuvraient à la force de leurs bras. C’étaient tous des hors-la-loi et ils
subissaient jusqu’à ce que mort s’en suive leurs condamnations pour avoir défié
l’ordre impérial.
Nous sommes descendus à la salle des venteurs et par les
sabords nous admirions cette grande galère brillante de laque et d’or. Les deux
bateaux se sont mis en panne à quelques encablures l’un de l’autre.
De la galère, un canot a été mis à l’eau pour conduire un
émissaire impérial à notre bord.
Tout l’équipage ne cessait de se crever les yeux sur ce
fantastique navire. Il était un peu plus long que le Bouchtrou, effilé comme
une lame se sabre. La proue était travaillé avec goût. Le château était une
merveille de cristal et d’entrelacement de ferronnerie doré. Un mat à l’échelle
torsadé grimpait au dessus du pont et tout en haut, le panier de la vigie
semblait flotter dans le ciel. L’embouchure de chaque canon était une tête de
félin gueule grande ouverte prête à cracher le feu destructeur. Sur le pont,
les femmes et hommes d’équipage était de cuir, d’or, d’argent et de soie.
Peut-être une vingtaine de minutes s’étaient écoulées
quand le premier maître Rolin fit irruption dans la salle des venteurs.
-
Dorine, Mike ! Suivez-moi chez le
capitaine ! Nous donna-t-il l’ordre.
Nos visages ont changé de couleur car généralement, une
convocation chez le capitaine était synonyme de punition. Ni Dorine ni moi
n’avions le souvenir récent d’avoir fait une incartade. Pourquoi cette
convocation alors que nous étions en parallèle avec un navire impérial ou
voulait-il nous livrer à eux pour un échange ?
Rolin avait de suite remarqué notre étonnement mais
surtout notre désarroi.
-
Ne vous inquiétez-pas, rien de grave, bien au
contraire. Nous apaisa-t-il avec un large sourire.
Il nous conduisit au pas de course vers les quartiers du
capitaine puis le premier maître frappa à la porte et nous introduisit dans le
bureau avant de s’éclipser.
Les officiers et le capitaine étaient en grande
discussion et grands uniformes, nous ne les avions jamais vus aussi beaux.
Il y avait le lieutenant Roupiye, l’enseigne de vaisseau
Mirabelle, le maître principal Clakett et bien entendu le capitaine. Ce dernier
nous montra du doigt un petit canapé et d’un geste nous imposa de s’asseoir et
d’attendre.
Pour le moment nous n’avions rien d’autre à faire que
d’écouter leurs palabres et tenter de comprendre pourquoi nous étions là.
-
Comme l’impératrice à un espion sur chaque
navire, il n’est pas étonnant que le capitaine de cette galère connaisse notre
équipage de A à Z. Il choisit donc précisément qui montera à son bord et qui
sera de l’escorte. Parlait le lieutenant.
-
On est bien d’accord là-dessus mais ce qui
est surprenant c’est le choix de deux
mousses pour l’escorte. D’habitude ce sont des sous officiers. Répondait l’enseigne
de vaisseau Mirabelle.
-
Ce capitaine impérial doit être un
original ! Estima le lieutenant Roupiye.
-
Une originale ! C’est une femme !
Rectifia le maître principal Clakett.
-
De toute manière, nous n’avons pas notre mot
à dire, il faut faire comme l’émissaire nous à demandé et c’est tout. Dit le
capitaine en jetant un coup d’œil à la pendule.
-
Evidement ! Approuva Mirabelle.
Le capitaine vint vers nous. Dorine et moi nous nous
sommes levés et mis au garde-à-vous.
-
Mousse Dorine, mousse Mike, je pense que vous
avez compris de quoi il s’agit.
-
Ben… Heu… pas vraiment capitaine. Répondit
Dorine très intimidée.
-
Les trois officiers présents et moi-même,
sommes invités cordialement pour un petit lunch à bord du vaisseau impérial et
vous êtes notre escorte d’honneur.
-
Nous ? Que je m’étonnais.
-
Parfaitement, vous deux, rien que vous deux.
Ce n’est pas une question d’assurer notre sécurité, rassurez-vous et
heureusement d’ailleurs parce que connaissant le peu d’expérience que vous avez
en la matière je me considérerais plutôt en danger. Il s’agit juste d’une
escorte pour la frime. C’est le protocole !
-
Mais capitaine, pourquoi nous ? Demanda
Dorine.
-
Ça c’est un mystère ! C’est le capitaine
impérial qui choisit et si elle veut bien nous dire pourquoi ce choix
inhabituel pour l’escorte d’honneur, je me ferais un plaisir de vous
communiquer sa réponse.
-
Il faut vite les préparer capitaine !
Coupa le lieutenant.
-
Vous avez raison ! Maître principal
Clakett, conduisez ces deux mousses au magasin du second maître Baréziye et
vous lui dites que dans dix minutes il faut qu’ils soient parés en uniforme de
parade.
-
A vos ordres capitaine !
Nous voilà Dorine et moi au magasin des uniformes et d’un
simple coup d’œil le second maître Baréziye avait pris nos mensurations. Jamais
je n’avais été aussi bien vêtu. Dorine ne cessait de s’admirer dans le grand
miroir.
-
Mike ! Regarde comme je suis
belle ! Me disait-elle en se noyant de félicité dans son reflet.
-
Je suis aussi beau que toi, c’est le même
uniforme et il fait plutôt masculin Que je lui répondais avec un brin d’ironie.
-
Oui, mais j’adore et il me va très bien je
trouve.
Le retour de Clakett coupa notre revue de mode.
-
En route vous deux ! nous dit-elle en
nous invitant à la suivre.
Tout en allant vers le pont principal elle nous donnait
les consignes. Dorine à droite du capitaine et moi à gauche et surtout de ne
pas pénétrer dans les appartements, nous devons rester à la porte avec les
gardes impériaux en attendant que la délégation ressorte.
A notre arrivé sur le pont principal devant tout
l’équipage du Bouchtrou, nous n’étions pas peu fiers. La belle chaloupe
impériale et l’émissaire nous attendait au bas de l’échelle de coupée. Dix
rameurs pour nous transporter jusqu’à la galère. Dorine et moi n’avions pas les
yeux assez grands pour imprimer toutes les images qui animaient ce moment
magique.
Un accueil princier, comme c’était beau, ça nous
changeait de l’architecture spartiate de notre navire militaire.
Comme on nous l’avait ordonné, nous sommes restés à la
porte du château mais cela ne nous affligeait nullement. Il y avait tellement
de chose à admirer sur ce navire qu’une heure ou même deux de plus nous
auraient parues encore trop courtes. L’équipage impérial était aux petits soins
avec Dorine et moi. Petit fours, jus de fruit et quelques friandises aux
saveurs exaltantes. Nous ne savions plus quoi goûter ni quoi regarder.
Les femmes et les hommes de ce navire plaignaient notre
condition de Vagalâmeur en se souvenant qu’ils avaient également été à notre
place pour y accomplir leur quête. Nous, vaniteux, faisions croire que nous
étions sans peur et qu’aucuns navires ennemis ne nous résistaient
C’est avec regret qu’un peu plus tard nous sommes
retournés sur le Bouchtrou. Nous avons rendu nos beaux uniformes à Baréziye
puis presque tristement, du gaillard d’arrière nous avons vu s’éloigner la
magnifique galère.
-
Alors les mousses, vous avez appréciés ?
Nous demanda l’enseigne de vaisseau Mirabelle venue à notre rencontre.
Que pouvait-on dire d’autre que ce moment avait été le
plus merveilleux depuis que nous avions embarqués sur le Bouchtrou. Mirabelle
s’amusait de notre joie.
-
Vous savez, nous dit-elle, j’ai demandé même
aux plus anciens et ils m’ont tous certifiés que c’était la première fois que
des mousses composaient une escorte d’honneur et par la même, montaient à bord
d’un navire impérial.
-
Est-ce que le capitaine de cette galère vous
a donné une explication ? Demandais-je.
-
Non !... C’est d’ailleurs étrange… Le
lieutenant à posé la question mais jamais nous n’avons eut de réponse.
Episode 20
Abordage.
Deux jours plus tard, les veilleurs signalaient des
débris et quelques naufragés désespérément accrochés à un grand morceau de pont
flottant.
-
C’est le Kokdenoi, enfin ce qu’il en
reste ! Nous instruisit le maître principal Bièle en regardant par un
sabord.
-
Exact ! Confirma Rolin. Mais pour ces
Vagalâmeur là, c’est terminé !
-
Nous sommes qu’à 130 milles du port de
Galoban, vu que le capitaine leur fait balancer quelques vivres. Avec un peu de
chance… Répondit Bièle.
Les naufragés remerciaient chaleureusement notre
capitaine de sa bonté plus que rare sur cet océan et en échange nous renseignaient
sur le bâtiment Creuztatomb qui les avait coulé pas plus de 2 heures
auparavant. D’après leurs dires, il se dirigeait vers Galoban pour réparer
parce qu’il était sorti de l’engagement dans un sale état mais surtout qu’il
avait à son bord 3 Inquêteurs.
Il n’en fallait pas plus pour réjouir l’équipage du
Bouchtrou. Pensez-donc, un navire ennemi ayant un équipage et sa force de feu
amoindri, qui de plus transportait des Inquêteurs.
Le capitaine après avoir été généreux avec les
Vagalâmeurs naufragés au point de leur envoyer de quoi bricoler un gréement de
fortune et un souffleur portable avec une petite réserve de ventilettes, donna
l’ordre de se mettre en vitesse de chasse. Dorine et moi avions envoyé sur
commandement le maximum de ventilettes dans les globes. Il fallait absolument
rattraper ce navire Crèvesueur avant qu’il soit en sécurité dans le port de
Galoban.
4 heures plus tard, le bâtiment ennemi était en vue. Il
se traînait lamentablement. Les rescapés du Kokdenoi n’avaient pas mentis.
En pas plus d’une heure nous étions à porté de tir. Le poste
de combat avait été ordonné et les boucliers de la passerelle relevés.
Quelques boulets furent envoyés et la timide réponse des
Creuztatomb nous informait qu’ils n’avaient plus beaucoup d’artillerie en état
de fonctionner ou plus assez d’artilleurs pour les servir. Il était donc
inutile de poursuivre le feu pour ne pas gâcher de munition mais surtout éviter
de les couler et de ce fait peut-être perdre les Inquêteurs. La passerelle
rabaissa ses boucliers, le capitaine se posta à la supérieure, celle en
extérieur, pour avoir une meilleure vision et donna l’ordre de se préparer à
l’abordage.
Les officiers supérieurs du Bouchtrou après avoir estimé
les forces restantes de l’adversaire ont conclus que l’abordage serait
relativement aisé. Alors, pour que les nouveaux soient maintenant formés
réellement à ce genre d’engagement, ce sont eux qui seront du premier groupe
d’assaut.
Bien entendu, tous les deux jours sur le gaillard
d’arrière nous participions aux exercices de combat mais cette fois, ce n’était
plus pour faire joujou, c’était pour de vrai ! Jéon, Glodine, Dorine et
moi, pour ne citer que les mécanos, nous n’en menions pas large. Pourtant, une
flamme ardente nous brûlait les tripes et nous poussait à en découdre ; la
présence à leur bord de trois inquêteurs ou inquêtrices nous stimulait.
Sur le pont du navire Creuztatomb il y avait encore une
bonne vingtaine de combattants valides qui n’avaient pas du tout l’intention de
nous laisser piller et couler leur bateau sans lutter.
A nos côtés, les officiers nous excitaient. Mirabelle me
serrait la nuque en me maintenant le regard vers le navire des Creuztatomb.
-
Mousse Mike ! Le maître instructeur nous
a dit que Dorine et toi étiez les meilleurs au sabre, alors pas de quartier,
pas de pitié, ce sont des Creuztatombs, ils pillent, torture et tuent par
plaisir, tu vas te battre comme tu as appris ! Pense que peut-être, sur ce
bateau, il y à ton Inquêtrice ! Me criait-elle dans l’oreille.
Du coin de l’œil je remarquais que le lieutenant de
vaisseau Roupiye donnait aussi quelques conseils guerriers à Dorine et Glodine.
Les corbeaux furent envoyés et les coques des deux
navires se rapprochaient. Une fois bord à bord, l’ordre d’abordage fut donné.
C’est l’assaut et la horde libérée hurle en sautant sur
le pont du navire Creuztatomb.
Je fonce dans la mêlée sans réfléchir. Des coups de feu,
des bruits d’aciers, des cris, de la fumée, je cherche l’adversaire, il y en à
partout et ils portent tous un uniforme de même couleur. Je fais tourner mon
sabre, j’ai peur sans vraiment avoir peur. Là, se ruant sur moi une femme
enragée le sabre levé. Je fais un pas de côté, je butte sur quelqu’un, je roule
sur les planches je me relève, la lueur d’une lame, je pare le coup, je retombe
sur le plancher du pont, je me relève le plus vite possible. Je suis saisit par
derrière, un reflexe, je plonge mon sabre dans ce corps qui me colle dans le
dos et tout près de mon oreille un cri horrible. Pas le temps de savoir qui il
était que je dois échapper à un coup de gourdin clouté. Je coure dans tout les
sens et au passage je frappe un peu partout. Bordel, la femme Creuztatomb est
encore à mes trousses. C’est vraiment à moi qu’elle en veut, pourtant je ne
suis pas tout seul sur ce pont. Je monte sur le roof, je me retourne vers cette
mégère et en un mouvement circulaire je
fends l’air de mon sabre. Je vois sa grimace et le sang qui gicle en grosse
goutte sur mon visage. J’ai tranché dans son avant bras mais mon sabre m’a
échappé des doigts. De son autre main valide elle tire de son fourreau une
hache édentée et rouillée. Bordel j’essaye de fuir mais elle est déjà sur moi
en hurlant. Encore du sang partout. Je ressens une douloureuse brulure sur le
coté, juste au dessus de ma hanche. Un coup de feu claque plus près que les
autres, la femme Creuztatomb grimace et de tout son poids m’entraine sur le
plancher en m’écrasant de son corps. Quelqu’un me libère de ce fardeau et me
rend mon sabre. C’est Clakett armé d’un pistolet encore fumant.
-
Relèves-toi vite ! M’ordonna-t-elle.
Je suis debout, du sang partout, le mien, celui d’un
autre ? Pas le temps d’analyser, je lacère une jambe poilue de Creuztatomb
et je saute sur les premières marches d’un escalier. Dans la mêlée un ennemi me
bouscule je plante mon sabre dans le gras de sa fesse, il saute par-dessus bord
en m’insultant mes yeux me piquent, il y a de la fumée, je frappe tout ce je ne
connais pas et qui s’approche de moi mais j’ai de moins en moins de force, ma
vision se trouble et ma tête tourne. Je sens le sang chaud me couler le long de
la jambe. Rolin viens vers moi et m’attrape, c’est la dernière vision que
j’aurais de cet abordage.
J’ouvrais lentement les yeux, je visionnais une lampe qui
dansait au dessus de moi, elle était floue. C’était la grosse lampe pendue au
plafond de l’infirmerie du Bouchtrou. J’entendais des voix sans en comprendre
les mots. J’avais mal sur le côté… Je ne pouvais ramener mes bras le long de
mon corps, mes poignets étaient liés, j’avais les bras en croix. J’avais froid,
je tremblais, j’étais nu. Un visage se pencha sur moi, c’était l’aspirante
Aline.
-
Alors Mousse Mike, on ne peut pas te laisser
jouer chez les Creuztatombs sans que tu reviennes abimé ! Me disait-elle
en affichant un grand sourire.
-
Que… Qu’est-ce-que j’ai ? Questionnais-je
d’une petite voix sacadée.
-
Une bonne coupure sur le flanc et tu as perdu
pas mal de sang mais rien de bien grave, j’ai fait une transfusion et
désinfecté ta plaie. Il ne me reste plus qu’à recoudre. M’annonce-t-elle en aseptisant
une longue aiguille courbée.
-
Me… me recoudre ?
-
Oui mousse Mike ! J’aurais préféré que
tu refasses surface un peu plus tard mais puisque tu as décidé d’ouvrir tes
yeux pour courageusement assister à l’épreuve… Plaisanta-t-elle.
-
Ho non ! Non ! Je vous… Pas
ça ! Que je paniquais. Endormez-moi s’il vous plait ! Suppliais-je
effrayé en fixant l’aiguille.
-
Les anesthésiants sont réservés pour les cas
graves, nous n’en n’avons pas des tonnes alors tu vas devoir serrer les dents
Mike. Me répondit-elle en me tapotant la joue.
-
Je vous en prie aspirante Aline ! Pas
ça, non ! non !
-
Allons, allons ! Tu ne vas pas faire ta
petite chochotte devant ta copine !
-
Copine ? M’étonnais-je en essayant de
tourner un peu la tête pour voir qui était dans l’infirmerie.
A cet instant Dorine se pencha sur moi.
-
COUCOU ! me fit-elle.
-
Do… Dorine ! Mais que fais-tu là ?
-
Quand j’ai su que tu étais blessé, j’ai couru
jusqu’ici.
-
C’est gentil ! Et toi, tu n’as
rien ?
-
Non…. Mais Jéon à la cheville fracturées et
Garle est mort !
-
Et les Inquêteurs ? Me renseignais-je.
-
Ils sont tous les trois en cabine passager en
attendant de voir l’équipage. Alors serre les dents Mike car il y a une
Inquêtrice, elle est peut-être pour toi.
J’ai senti l’aiguille pénétrer dans ma peau et je n’ai
pas pu m’empêcher de crier. Je dois pourtant reconnaître que l’aspirante à usé
de tout son savoir pour faire les points le plus délicatement et le plus
rapidement possible mais se faire recoudre à vif, même par les mains les plus
expertes, ne sera jamais une partie de plaisir.
Une heure plus tard, encore un peu flagada, j’étais sur
le pont avec les autres. J’apprenais nos pertes, une bonne quinzaine de blessés
dont deux très graves et huit morts.
Ce ne sera pas encore pour moi cette fois ci, l’unique
inquêtrice, une très jeune et belle femme, à donné la main à un barreur et les
deux Inquêteurs à une bosco et au maître Fouldupié. C’est bizarre, les trois
Inquêteurs c’étaient tous arrêtés quelques instants sur Clakett. Manquerait
plus que l’un d’eux me la prenne et ce n’est pas Gary qui pourrait la
remplacer…. Quoi que, à défaut de mieux.
Les pavillons rouges à croix verte ont été hissés et nous
nous dirigions vers Galoban. Dans l’épave du navire Crèvesueur l’équipage du
Bouchtrou avait récupéré quelques babioles et aussi douze Vagalâmeurs cela suffira à remplacer les deux blessés graves
et les huit morts sauf pour le second maître Garle car il n’y avait pas
d’équivalent de grade, les autres seront débarqués au port.
A la salle des venteurs, nous avions tous une pensé pour
le second maître Garle et si nous ne trouvons pas de second maître remplaçant à
Galoban ce sera le quartier maître Lilote qui sera nommé second maître et
Lovinyou qui passera quartier maître.
Nous étions tous content de retrouver notre port
d’attache et pour une fois nous aurons l’autorisation de sortir en ville sans
crainte. Galoban, c’est chez nous et autres que les Végétateurs et Vagalâmeurs,
ont interdiction de sortir de l’enceinte du port, c’est une loi d’exception uniquement
valable pour le port de Galoban pour ce qui concerne les territoires autres que
l’impérial. Les espions, gardes et ambassadeurs impériaux veillent à ce
qu’aucune entorse à la loi ne soit commise !
A quai il y avait une dizaine de navires Vagalâmeurs et
un Kidnapingre en réparation. A peine étions nous amarré que les prétendants au
départ que le Chym avait laissé passer se précipitaient à la coupé pour se
faire embarquer. Nous étions déjà complet, dommage pour eux. Aucun second
maître mécano d’un autre navire n’était tenté par une mutation sur le Bouchtrou
car notre attaque du navire de Baccardi avait déjà fait le tour de tous les
ports. Comme ce redoutable capitaine avait juré de nous faire payer notre
audace qui l’avait privé d’une proie, il n’y avait donc pas beaucoup de
candidat averti pour s’engager sur le Bouchtrou. Notre navire avait une bonne
réputation mais Baccardi en avait une tout aussi redoutable.
Lilote fut second maître et Lovinyou quartier maître.
Jéon passait matelot et une nouvelle du nom d’Azimutt prenait sa place de
mouse.
Avant la permission, je fus convoqué par le capitaine.
Dans son bureau il y avait le Premier maître Rolin et Clakett.
-
Alors Mousse Mike, m’interpella le capitaine
en souriant, première blessure de guerre… Comment vous sentez-vous ?
-
Si je n’y touche pas, tout va bien. Que je
lui répondis avec un soupçon de fierté.
-
L’aspirante m’a informé que dans quelques
semaines il ne restera qu’une cicatrice qui disparaitra peut-être avec le
temps. Me rassura-t-il.
-
Je l’espère capitaine.
-
Je vous observais de la passerelle supérieure
et je dois avouer que vous avez été plutôt brave mais aussi imprudent. Fit-il
en tapotant son bureau de ses doigts.
-
Imprudent ? M’étonnais-je.
-
Parfaitement mousse Mike et si Maître
principal Clakett n’avait pas proprement logé une balle entre les omoplates de
cette Crèvesueur, cette dernière vous aurait sauvagement écorché vif. Je sais
par ailleurs que vous avez remercié l’officier de l’avoir fait ainsi que le
premier maître Rolin de vous avoir ramené à bord du Bouchtrou.
-
C’est la moindre des choses capitaine. Je
leur dois d’être encore en vie.
-
Tous les Vagalâmeurs ne sont pas comme vous.
Me répondit-il. Mais tous ne sont pas comme l’Officier Clakett ou Rolin…
Ajouta-t-il comme pour me prévenir.
-
Je le sais capitaine.
-
Certes, mais je voudrais quand même vous
mettre en garde contre vos intrépides élans. Voyez-vous mousse Mike, plonger
dans la mêlée comme vous l’avez fait n’est pas la meilleure façon de prévoir
l’avenir.
-
Mais capitaine j’avais l’ordre de…
-
Ne me coupez pas Mousse Mike !
Haussa-t-il le ton.
-
Oui capitaine.
-
L’ordre d’abordage est une chose mais il
n’autorise pas le désordre et vous devez rester derrière ou au côté de vos
supérieurs et non pas les devancer comme vous l’avez fait. Cependant, je ne
crois pas votre action délibérée à moins d’être candidat au suicide. J’imagine
que c’est le stress du premier vrai combat alors je ne vous punirais pas.
-
Merci capitaine !
-
Simplement un bon conseil, restez derrière
les galons de vos officiers et n’allez plus vous lancer tout seul comme un fou
dans les bras de vos ennemis. Pour cette fois vous avez eut beaucoup de chance
mais ne la tentez pas une seconde car je crains qu’elle ne vous suive pas.
Compris Mousse Mike ?
-
Oui capitaine !
-
Parfait ! Alors voilà votre part de
butin. Un collier de perle que vous pourrez facilement monnayer en ville, cinq
ronds d’argent, un coutelas de bonne facture et en supplément un beau pantalon
que votre amie Dorine à absolument voulu ajouter à votre part.
-
Merci capitaine.
-
Maintenant allez vous amuser en ville avec
vos amis et faites attention à votre blessure.
Nous sommes restés deux jours en escale à Galoban. Dans
les tavernes, nous n’écoutions plus les histoires de mer mais, à notre tour,
nous les racontions aux mineurs qui s’impatientaient déjà et désiraient que les
années qui les séparaient de leur majorité passent au plus vite. J’avais aussi
une petite pensée pour mes parents mais sans aucune envie de leur rendre
visite. J’étais maintenant un Vagalâmeurs et eux avaient il y a longtemps,
choisis de rester Végétateurs. Nous étions devenus différents et nos existences
ne pouvaient plus s’accorder.
Episode 21
Harcèlement.
L’équipage était au complet, les cales étaient pleines de
tout ce qu’il nous fallait. Cap au sud vers le territoire des Creuztatombs.
A quelques dizaines de miles du port nous avons croisé
les rescapés du Kokdenoi. Ils s’étaient plutôt bien débrouillés en montant une
voile sur leur bout de ponton et on pouvait croire que dans moins d’une
demi-journée ils seraient en sécurité à Galoban. Il nous on fait des grands
signes de remerciements et étaient bien contents d’apprendre notre victoire
totale sur les Creuztatombs qui les avaient coulé.
Ce n’était un secret pour personne ; Baccardi nous
pistait mais nous étions confiants. S’il nous cherchait, il nous trouverait et
cette fois on l’enverrait dire bonjour aux lapins de mer.
Le lendemain un navire Kidnapingre nous a provoqué.
Etrange, il n’a pas cherché un véritable affrontement mais juste un rapide
échange de boulets puis il à fuit. Un bateau léger, Une dragonette peu armé
mais rapide. C’est le genre de petit bateau qu’on croit à tord inoffensif pour
des bâtiments comme le notre mais leur vitesse et leur agilité à manœuvrer rapidement
représente un réel danger et ce sont des cibles difficile à toucher.
Ce soir, sur le gaillard d’arrière, Dorine et moi avons
discuté avec Mirabelle, Gary et Clakett. Cette dernière pensait que Baccardi
c’était associé avec quelques autres capitaines Kidnapingres pour nous
harceler. Les lois impériales réglementaient les combats navals. Chaque navire
engagé dans un affrontement, quel que soit leur nombre, se bat pour son propre
compte et ne doit en aucun cas faire alliance, même provisoire avec un autre
navire. Il arrive parfois que deux navires chassent une proie unique et dans ce
cas ils se battent en triangulaire comme nous avons fait avec Baccardi et les
Crèvesueurs. Il arrive aussi que les deux chasseurs soient du même camp, en
général le plus faible laisse la place à moins que les capitaines ne
s’entendent pas et dans ce cas on revient à une bataille triangulaire. J’avais
dans les tavernes, entendu les récits de certaines rencontres navales à quatre
ou cinq navires.
Si Clakett voyait juste, sachant que Baccardi ne se
risquera jamais d’enfreindre les lois impériales en nous attaquant à plusieurs
en même temps, il usait donc d’une autre stratégie en achetant la complicité de
quelques capitaines pour nous attaquer. Pas de vrais engagements mais plutôt
des raids quotidiens dont il n’y a pas meilleurs outil que ces petits navires.
-
Peut-être cherche-t-il à affaiblir le
Bouchtrou par des attaques brèves. Dit-elle. Et quand le navire sera
suffisamment abimé, Baccardi passera lui même à l’attaque. Adjoint-elle
soucieuse.
-
Qu’en pense le capitaine ? Demanda Gary.
-
Il dit que si cette tactique de harcèlement
se confirme on naviguera plus près des côtes pour en cas d’avarie sérieuse
pouvoir joindre rapidement un port. Lui répondit Clakett.
-
Pour aujourd’hui, nous avons été touchés au
souffleur arrière sans trop de gravité. Les mécanos et les chaudronniers ont
réparé. Dit Mirabelle.
-
Sauf que l’évent reste un peu déformé et nous
fait perdre de la puissance. Signale Gary en regardant le haut du souffleur
arrière.
-
Espérons que cette attaque soit seulement un
fait du hasard. Conclue Mirabelle en nous souhaitant bonne nuit.
Quelques minutes plus tard Gary nous quittait pour son
quart. Nous avons encore palabré un moment avec Clakett puis, à notre tour nous
prenions le chemin de nos bannettes.
Je laissais Dorine aller seule vers notre poste
d’équipage et j’emboîtais le pas du maître principal.
Je la suivais jusqu’à la descente vers la coursive
inférieure. Clakett se retourna et me regarda d’un œil étonné.
-
Hé bien mousse Mike, tu es perdu ? Je ne
pense pas que tes quartiers soient de ce côté.
-
Non maître principal mais je… Je voulais
juste vous demander quelque chose en particulier.
-
C’est si important, ça ne peut pas attendre
demain ?
-
Si bien sûr, ce n’est pas à la minute. Me
confondais-je maladroitement.
Elle croisa ses bras et dessina sur ses lèvres un petit
sourire à la fois complaisant et coquin.
-
Puisque on est à quelques pas de chez moi
autant en profiter, hein mousse Mike ?
-
Oui maître principal !
Quelques secondes plus tard elle me faisait pénétrer dans
sa cabine, m’invitait à m’asseoir et formuler ma demande.
-
Ben voilà… Vous m’aviez dit que si j’avais
envie de… De me faire fesser par vous il serait possible que…
-
Affirmatif, j’ai bien dis cela. Donc, si je
comprends ta démarche de ce soir tu as envie que je te déculotte et que je te
flanque une bonne petite fessée plaisir, c’est bien ça ? Avait-elle
parfaitement interprété ce que j’attendais.
-
Oui !... Enfin pas ce soir mais demain
après midi après mon quart et mon poste de nettoyage. Si vous voulez je
viendrais même en short comme vous aimez bien.
-
Ooooh je constate avec grand plaisir que tu
as parfaitement compris comment j’aime que tu te présentes. Mmmmm, voilà qui ne
peut que me plaire. Me disait-elle en s’approchant de moi avec un regard
pétillant de bonheur.
-
Etes-vous d’accord pour demain après midi
maître principal ? Que je lui réclamais déjà excité et pressé d’une
réponse affirmative.
Elle hocha longuement la
tête en pinçant ses lèvres puis se pencha et souleva le côté de ma chemise.
-
Vois-tu, mousse Mike, dit-elle avec une
intonation légèrement amère. Ce n’est pas le désir qui me manque mais il y à
ça ! Me montra-t-elle ma plaie recousue.
-
Mais je ne suis pas blessé aux fesses ?
Que je répondais un peu surpris que cette blessure au flanc puisse proscrire
une fessée.
-
Non Mike, ta plaie était assez profonde et
elle est encore trop fraîche il faut attendre qu’elle soit consolidée et que
les fils soient ôtés avant de te rougir les fesses. Les mouvements incontrôlés
et brusques peuvent la rouvrir. Malgré ton envie et la mienne, je suis désolé
de remettre à plus tard ce petit moment de complicité.
-
Vous êtes certaine que…
-
Oui Mike ! Répondit-elle sans détour.
-
Alors dans combien de temps ?
-
Je crois qu’il faut encore une bonne
quinzaine de jours voir trois semaines.
Bordel ! Quinze jours ! En entendant ça, je
ruminais et la déception devait parfaitement s’inscrire sur mon visage.
-
Je sais Mike, quinze jours peuvent
quelquefois paraître bien longs mais je m’en voudrais de te faire mal ailleurs
que sur tes belles petites fesses. Essayes de ne pas trop y penser en attendant
ce délai. Bonsoir Mike ! Acheva-t-elle en me montrant la porte.
Je suis retourné tristement à mon poste d’équipage.
Clakett avait sans doute raison et je devais hélas me soumettre à la
cicatrisation complète de cette maudite blessure.
9 heures du matin. Dorine, Lovinyou et moi nous étions
depuis 1 heure au quart quand les veilleurs on signalé un Navire.
Poste de combat ! Ce sont encore les Kidnapingres
avec une Dragonette. Et comme la vieille, c’était une agression rapide sauf que
cette fois les artilleurs du Bouchtrou avait fait mouche et le petit navire
Kidnapingre était sur le flanc. Le capitaine ordonna l’abordage. Un abordage
dont j’étais également privé à cause de cette blessure mais cela me dérangeait
beaucoup moins que pour la fessée. Jéon, la cheville dans le plâtre, me tenait
compagnie.
Une brève bagarre sans pillage. Le navire ennemi à sombré
trop rapidement. Ces petits bateaux véloces sont peut-être très efficaces pour
des attaques expéditives mais il ne faut pas qu’ils soient touchés car quelques
boulets bien placés suffisent à terriblement les réduire.
De notre côté nous avions à déplorer un mort et sept
blessés. Côté matériel, une vergue devait être réparée, une voile rapiécée et
une voie d’eau colmatée.
Les soupçons du maître principal Clakett sur une possible
stratégie de Baccardi semblaient se confirmer.
Six attaques de Kidnapingres en trois jours, le doute
n’était plus possible. Le capitaine donna l’ordre de mettre le cap sur l’ouest
vers le territoire impérial. Les ailettes du souffleur avant étaient déformées
et deux d’entre elles ne pouvaient être redressées. Nous avions trois pièces
d’artillerie inutilisables. Au niveau de l’équipage il y avait 17 blessés et 5
morts à ajouter à cette liste.
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