Episode 109
Question de temps
Un peu plus tard, les deux prédicateurs, suivis comme
leur ombre de leurs gardes, se promènent sur le sable. Au bout de la plage ils
avancent sur une roche plate et peuvent constater par eux même la présence des
serpents rouges nageant dans la transparence légèrement violette de l’eau. Un
peu plus à gauche, quelques crabes à deux bouches curieux viennent voir les
deux hommes sans trop s’approcher.
-
Ce n’est pas un mirage ou une illusion, c’est
du réel tout ça. Constate désenchanté Childéric Halebard.
-
Je commence à le croire aussi. Acquiesce
mollement Horace de Fantenay.
-
Mais comment est-ce possible ? Nous
avons marché une douzaine d’heures et en gros parcouru entre vingt et
vingt-cinq kilomètres. Ça ne tient pas debout cette histoire d’autre monde.
-
Je suis bien d’accord avec toi ou alors nous
avons été drogués et nous vivons un cauchemar.
-
Hummm ! Possible mais j’en doute. Répond
Halebard en regardant toujours les serpents rouges évoluer au milieu d’autres
poissons.
-
Tu pourrais alors imaginer que nous sommes
vraiment dans un autre monde ou sur une autre planète rien qu’en passant par les
catacombes ? c’est absurde !
-
Et si les théories de certains physiciens sur
l’espace temps et leur hypothèses sur les passages à travers des tunnels où
parait-il la distance n’est plus mesurable s’avéraient fondées ? Envisage
Childéric Halebard.
-
Jamais rien n’a tété prouvé, ce ne sont que
des spéculations. Repousse De Fantenay.
-
Nous serions peut-être les premiers terriens
à en connaitre la réalité. Insiste Halebard.
-
Tu n’es pas sérieux Childéric.
-
Je ne sais plus ce que je suis en ce moment,
mais comment expliquer ça ? Montre-t-il l’horizon et derrière eux les
hauts sommets enneigés de l’île.
-
Je n’aie pas plus de réponse que toi mais je
suis certain que nous ne sommes pas dans un autre monde. En tout cas ce ne peut
pas être l’enfer ou alors on se faisait de fausses idées.
-
Attend un peu avant de te faire une opinion,
on ne sait pas ce que les prochaines heures nous réservent. Tempère Childéric
Halebard.
-
Pour l’instant on ne moisit pas au fond d’une
geôle c’est déjà ça. Estime Horace de Fantenay.
-
Si on pouvait s’éclipser, on aurait vite fait
de retrouver l’entrée des catacombes et retourner d’où on vient. Parle plus bas
Halebard pour ne pas que les deux gardes saisissent son propos. Dans les
catacombes c’est de la terre au sol, nous avons forcement laissé des traces.
-
Oui tu as raison, il nous suffirait de les
remonter. Approuve Horace.
-
Ils nous ont laissé nos deux lampes
électriques, je m’en suis à peine servit… Avec la tienne ça devrait suffire.
Reste à fausser compagnie à nos gardiens.
-
Heu… Tu as vu la carrure des gardes et la
taille de leurs sabres ?
-
Tu as raison, je crois qu’on ne ferait pas
plus de cinq pas. D’ailleurs je trouve leur uniforme assez bien réussis ;
on se croirait un peu revenu dans la Rome antique. Attendons cette nuit et
peut-être que la chance nous sourira. Propose Childéric Halebard.
-
Je vais prier pour cela.
-
Je n’arrête pas, mais je crois que le
seigneur doit être occupé autre part.
Horace de Fantenay consulte sa montre et s’étonne en
regardant le ciel.
-
Quelle heure as-tu, je crois que ma montre
est déréglée ? Demande-t-il à son compagnon.
-
14h12 ! Répond Childéric.
-
Ma montre à numérotation digitale indique
2H13 du matin.
-
Tu es en avance ou en retard de douze heures.
Lui signale Childéric Halebard.
-
Ou elle n’est pas plus en avance qu’en
retard. Rétorque Horace de Fantenay.
-
Il fait grand jour, c’est impossible. Non il
est bien un peu plus de 14 heures. Assure Halebard. Pourtant cette marque de
montre est réputée pour son sérieux. Et bien si on arrive à leur fausser
compagnie et retourner à Paris tu pourras la faire réviser.
-
Tu rigoles, ce sont des montres répertoriées,
numéroté dans un fichier avec le nom du propriétaire. Impossible de la faire
réparer sans me démasquer. Dommage une montre de si grande valeur. Rouspète
Horace en détaillant le versant de la plus proche montagne.
Il plisse les yeux pour mieux voir puis au bout d’un
petit moment se gratte le menton d’un air dubitatif.
-
Mais quand même plus j’y pense plus cette histoire
d’autre monde pourrait être plausible. Dit-il. Quelle organisation si puissante
qu’elle soit pourrait posséder une telle propriété à quelques kilomètres de
paris. Cette étendu d’eau est vaste et les montagnes sont hautes, tout ça ne
peut pas passer inaperçue. Réfléchit-il.
-
Avec des trompes l’œil tu peux faire croire à
beaucoup plus grand, tu devrais le savoir Horace.
-
Oui mais regarde bien cette terre montagneuse
et regarde aussi cette mer, on voit bien que même si la profondeur de l’horizon
est un trompe l’œil qu’il y a une vaste étendu avant. Estime-t-il.
-
C’est vrai, c’est très étonnant mais pour la
couleur avoue que c’est plutôt parc d’attraction. Juge Childéric avec un
sourire.
-
Oui c’est étrange, mais tu ne me retireras
pas de l’idée qu’une telle structure de décor passerait inaperçue aux alentours
de Paris. Cela doit quand même représenter une sacrée surface et que pour le
moment je m’étonne de n’en n’avoir jamais entendu parler. S’étonne De Fantenay.
-
As-tu remarqué aussi que depuis que nous
sommes sur cette plage il n’y a pas un seul avion dans le ciel ? En fait
la remarque Childéric Halebard.
-
Parce que nous ne sommes pas en dessous d’un
couloir aérien. Répond avec une certaine logique Horace De Fantenay. Non, en
fait croire que nous sommes dans un autre monde que le notre est absurde !
En conclus-t-il.
A ce moment là un officier impérial les rejoint pour leur
signifier que le diner leur sera servit dans deux heures et qu’après ils seront
consigné sous tente jusqu’au lendemain matin. Les deux prédicateurs se
regardent, la stupéfaction se lit sur leurs visages.
-
Vous nous avez bien dit
« dîner » ? Demande confirmation Childéric à l’officier.
-
Affirmatif ! répond ce dernier.
-
Mais quelle heure est-il ? Réclame le
prédicateur.
L’officier sort sa montre à
gousset et répond qu’il est 18h30.
-
Je crois que ce sont nos deux montres qui
sont à réviser à moins que ce soient les leurs qui ne fonctionnent pas bien.
Fait Horace de Fantenay désappointé.
-
A moins que nous soyons vraiment dans un
autre univers. Rectifie Childéric.
-
Ça c’est la plus mauvaise des réponses.
Rétorque Horace De Fantenay en haussant les épaules.
-
Je te l’accorde Horace, mais elle est celle
qu’il faut le plus redouter.
Pour les deux prédicateurs force est de constater qu’une
heure trente après avoir fini de manger la nuit est tombée et qu’ils sont
invités à se coucher.
Episode 110
Les dés sont jetés
Durant la nuit, Horace et Childéric creusent le sable
pour s’infiltrer sous la toile de tente mais le premier n’a pas osé sortir plus
que sa tête car le cordon de gardes impériaux qui entoure la tente ne laisse
entrevoir aucune possibilité d’évasion.
Ce matin ils sont levé d’assez bonne heure et les gardes
les conduisent jusqu’à la grande table ou les missionnaires, l’ambassadeur et
trois officiers prennent leur petit déjeuner.
-
Installez-vous ! Les invite le mage
Arnak.
-
Vous avez bien dormi ? Questionne Lady
Dark.
-
Mieux que dans les catacombes. Répond
Childéric en regardant la boisson fumante dans le bol qu’on lui offre.
-
Ça ressemble à votre thé. Lui indique Gary.
Les deux prédicateurs découvrent les ingrédients qui
composent le petit déjeuner et goûte un peu à tout du bout des lèvres.
-
Alors que pensez-vous de Fantasmaginaire,
c’est bien moins bruyant que chez vous hein ? Les interroge Mirabelle.
-
Certes… Mais il n’y a jamais de vague ni de
vent sur cette mer ? Répond et interroge Horace de Fantenay en constatant
comme la veille, la platitude de l’océan et l’absence totale de brise.
-
Seulement quand il y a des tempêtes. Informe
Lady Dark.
-
Ha bon, et c’est souvent ? Se renseigne
Childéric Halebard.
-
C’est très irrégulier, il peut y en avoir
deux en une semaine comme une seule en deux mois au même endroit car en fait
les tempêtes sont des phénomènes permanents qui se déplacent sur l’océan en ne
couvrant que trois ou quatre kilomètres carrés. Sur les grands territoires il y
à toujours un petit vent mais pas de tempêtes contrairement aux îles qui ont le
même régime que l’océan. Explique Aline.
-
Vous aurez bien le temps de voir cela quand
vous serez embarqués. Ajoute Gary.
-
Vous n’avez pas d’autre éclairage dans les
tentes que les lampes à pétrole que je trouve dangereuses. Questionne Childéric
Halebard.
-
Désolé, à Fantasmaginaire pas de petits
boutons et prises sur les murs. Ricane Mike.
-
Il n’y a pas d’électricité ? S’étonne Childéric.
-
Non et quand les piles des lampes que nos
amis nous ont données pour traverser les catacombes seront usées, elles ne
serviront plus à rien et c’est bien dommage. Regrette Mike.
-
Pendant que j’y suis, intervient le mage en
fouillant dans une de ses poches, je vous rends vos téléphones portables. Sur
ma demande, Ellie les avait chargés avant de partir. Dit-il en posant les
objets sur la table devant les regards surpris et curieux de l’ambassadeur et
des officiers.
Les deux prédicateurs se précipitent sur les appareils,
les mettent en fonction et composent immédiatement des numéros sur le minuscule
clavier. Ils portent les engins à leurs oreilles et n’entendent que le silence.
-
Mais il n’y à pas de connexion par ici !
Peste Childéric en remarquant l’absence de témoin sur son écran.
-
Ha, ha, ha, ha ! Explose de rire le mage
Arnak. N’espérez-pas de réponse à vos appels, à Fantasmaginaire quand les
distances sont trop grandes ou de navire à la terre nous communiquons avec
Oblitérétimbrés ha, ha, ha, ha ! S’amuse-t-il de la tête des deux
prédicateurs.
-
Et c’est quoi des oblitémachintruc ?
Sollicite Horace de Fantenay.
-
Ce sont des oiseaux d’élevage de la race des
Bigofaunes. Ont leur fixe un message à la patte et ils s’envolent vers un foyer
relais qui fera la transmission au destinataire du message. Pas besoin
d’électricité, d’antenne ou je ne sais quoi d’autre, juste quelques graines et
de bons soins ; c’est tout simple et très efficace. Explique le mage.
-
Des pigeons voyageurs, c’est ça ?
Précise Horace.
-
Je ne sais ce que sont les pigeons voyageurs,
mais si tu en fais la comparaison c’est que le procédé doit être identique.
Répond Arnak en se tartinant grassement de marmelade de rondesun un morceau de
pain.
-
Tu oublies, cher Arnak, que l’impératrice possède
un système de communication tout aussi performant que leur téléphone portable.
Relance Aline.
-
C’est exact mais pour ce qui est du cristal
il est un peu trop grand pour tenir dans une poche. Plaisante-t-il.
Les deux prédicateurs font grises mines et rangent leurs
téléphones inutilisables.
En fin de matinée la galère de l’impératrice mouille dans
l’anse. Les prédicateurs n’en croient pas leur yeux ; jamais il n’avaient
vu un navire aussi somptueux.
Mirabelle et le mage Arnak s’approchent d’eux.
-
Vous allez avoir le bonheur de monter à bord.
Annonce Mirabelle.
-
C’est ce navire là sur lequel nous devons
être enrôlés ? Se renseigne Horace de Fantenay.
-
Il ne vaudrait mieux pas, car si vous êtes
affecté à une galère impériale c’est pour ramer jusqu’à la fin de vos jours.
Répond-elle en ne dissimulant pas un petit rictus.
-
Si j’ai un conseil à vous donner c’est d’être
très courtois avec l’impératrice. Adjoint le mage Arnak.
De la galère trois chaloupes sont mises à l’eau et se
dirigent vers la plage. Une fois accostée,
le conseillé Hoducol descend et après les politesses d’usages félicite
les missionnaires.
-
L’impératrice vous attend ! Les
convie-t-il à, prendre place dans les chaloupes.
-
Pour ces deux là, vous les placez à l’arrière
et vous les surveillez bien. Préconise Gary en désignant les prédicateurs.
Une quinzaine de minutes plus tard, ils sont à bord de la
galère impériale. L’impératrice les accueille sur le pont où une grande table
nappé de dentelles et couverte de bonnes choses à été dressée. Les
missionnaires s’installent et les deux prisonniers sont commandés de s’asseoir
contre le bastingage dont la lisse est en or massif.
Dorine, Aline, Mirabelle, Lady Dark, Gary, le mage Arnak
et Mike racontent en raccourcis leur aventure dans l’autre monde en expliquant
bien la particularité et l’action que les deux prédicateurs menaient engendrant
la haine et par enchainement un prochain conflit généralisé qui, par la théorie
du mage maintenant incontestable, aurait entrainé le monde de Fantasmaginaire dans
la guerre. L’impératrice, le conseillé Hoducol et le ministre de la marine
Toutalaram écoute avec attention et étonnement.
A la fin des récits, le mage Arnak en vient aux
prisonniers et instruit l’impératrice du projet de les faire embarquer sur un
navire Vagalâmeur.
-
Excellente idée ! Approuve
l’impératrice. Mais je crains que le passage du Chym soit un échec.
-
On verra bien. Dit Gary.
-
S’ils sont refusés, je les prendrais à mon
bord, je suis certaine qu’ils feront de bons rameurs. Prévoit l’impératrice
comme solution de rechange.
-
Si je peux me permettre, impératrice, nous
avons donné notre parole qu’une fois à Fantasmaginaire ils seraient libres. Ne
croyez pas un seul instant que nous avons la moindre compassion pour eux, mais
c’était une décision stratégique et on ne peut revenir sur une parole donnée.
Alors, j’ai bien réfléchit et j’ai trouvé une solution de remplacement qui ne
trahit pas notre parole. Dit le mage.
-
Dites cher mage, je suis impatiente. Presse
l’impératrice.
-
Vous connaissez l’histoire du Bouchtrou, du
Troudanlo et de l’île de l’ouest ? Demande le Mage.
-
Qui ne connait pas cette histoire ?
Dit-elle en regardant en biais Hoducol.
-
Moi ! Lève la main Dorine en blaguant.
-
Promis je te la raconterais, rigole le mage
avant de revenir plus sérieusement à la conversation. Je vous disais donc chère
impératrice, que cette histoire m’a donné une idée. Cette petite île de l’ouest
isolée dans notre océan n’est-elle pas l’exil idéal pour ces deux
perfides ?
-
Vous croyez qu’ils vont y survivre ?
Interroge l’Impératrice.
-
Aucune importance et s’ils désirent vivre et
bien ils se débrouilleront comme les naufragés du Bouchtrou l’ont fait. Sur
cette île, ils y seront parfaitement libres.
-
Il y a tout ce qu’il faut sur cette île.
Affirme Mirabelle.
-
Je ne peux rien vous refuser mes amis alors
si le Chym de Galoban ne laisse pas passer ces deux crapules, ils seront
débarqué sur l’île de l’ouest. Conclus l’impératrice en levant sa coupe de
champagne à bulle verte. Capitaine, cap sur Galoban ! Commande-t-elle.
Episode 111
Destination
Galoban.
La galère file vers le port Végétateur et s’il n’y a pas
de tempête en sept jours ils y seront.
Childéric Halebard et Horace de Fantenay ne sont pas
enfermés et jouissent de la pleine liberté de leurs mouvements si ce n’est
qu’ils sont en permanence accompagnés par deux gardes impériaux.
Sur la plage avant, Les missionnaires sont vautrés sur
des tapis de coussins et discutent avec l’impératrice et le ministre de la
marine.
-
Alors ainsi le capitaine Baccardi à élu
domicile dans cet autre monde ? Dit l’impératrice en égrainant des baies
orange à points bleus avant de les porter en bouche.
-
Oui et je vous en ai donné ses raisons.
Répond le mage.
-
Qui un jour aurait pu croire un tel
revirement ?
-
Ça ne m’a pas étonné. Dit Mike. Cet homme
avait quelque chose de bon au fond de lui et celle-ci a petit à petit chassé le
Kidnapingre qu’il était.
-
C’est pour le moins très singulier mais je
dois reconnaitre que sa décision ne permet pas de penser le contraire. Juge
l’impératrice.
-
Il a été un coéquipier modèle durant toute la
mission. Ajoute Mirabelle.
-
Un ami ! Précise davantage le mage
Arnak.
Pendant ce temps là, a l’arrière du bâtiment, les deux prédicateurs
aussi font la causette.
-
Tu te rends compte Horace, la rampe du
bastingage est en or massif, les vitrages en cristal et le rivetage en argent.
-
Oui j’ai remarqué et hélas ça conforte ce que
tu disais au sujet de la réalité de ce que nous vivons. Nous ne sommes pas dans
un décor truqué en carton pâte avec en fond des trompes l’œil. Nous sommes dans
un quelque part bien concret et la question est ; où se situe vraiment ce
quelque part ?
-
Et qui
sont réellement ces gens ? Adjoint Childéric.
-
J’ai pensé que peut-être une puissante nation
pouvait nous avoir kidnappés et avoir les moyens de tout cela. La Chine par
exemple ; vu qu’ils n’étaient ni pour toi, ni pour moi.
-
Nos ravisseurs n’ont rien d’asiatique !
En supposant même que ce soit possible, crois-tu que les Chinois se serait
embêter à teindre une mer ou un grand lac en violet, à produire un ciel rosâtre
et à nous balader sur une luxueuse galère si nous étions leurs otages ? Les
Chinois ne nous aimaient pas et si c’étaient eux, nous aurions déjà la tête
tranchée. Rétorque Childéric en lissant de la paume l’or de la rambarde. Et
puis, la Chine en passant par les catacombes de Paris ce serait très surprenant.
Ajoute-t-il.
-
N’oublie pas que nous avons dormis et rien ne
dit que ce fut qu’une seule nuit. Nous avons peut-être été drogué pour ne pas
que nous nous rendions compte du temps écoulé. Nous avons été déposés dans une
grotte ou une mine ailleurs qui n’a aucun rapport avec les catacombes.
-
Non Horace, je me suis réveillé au moins dix
fois cette nuit là et tu peux être sûr que nous n’avons pas bougé.
-
Hum, c’est vrai que… En tout cas nous sommes
quelque part et je suis persuadé que celui-ci est sur notre bonne vieille
terre.
-
Je n’en sais rien Horace, je n’en sais rien….
Qui sont tout ces gens, des acteurs ? Veulent-ils tenter de nous rendre
fou prenant exemple sur le scénario de ce vieux feuilleton ?
-
Quel feuilleton ? Interroge De Fantenay
très intrigué.
-
Tu te souviens du prisonnier ?
-
Hoooo oui ! Tu penses que nous serions
victime d’une puissante et sombre organisation ?
-
Tout est possible Horace, tout est possible…
-
Tu as entendu tout à l’heure ce que cette
Lady Dark nous a annoncé ?
-
Oui…. Si on ne passe pas le Chym pour être
embarqué, on nous envoie sur une île déserte.
-
Qu’est-ce que le Chym ? Pose la question
Childéric.
-
Pour moi c’est comme une visite médicale et
surement qu’avant d’être embauché sur un bateau tu dois satisfaire à un certain
nombre de critères physiques.
-
C’est surement ça… Acquiesce à défaut de
mieux Childéric. Tu vois ce sont des choses complètement loufoques comme dans
le prisonnier.
-
Oui…. Peut-être… A vrai dire, loufoque pour
loufoque, je n’aie pas le désir de jouer les Robinsons. Emet De Fantenay.
-
Je suis du même avis. A choisir je préfère
être marin.
-
Mais aurons-nous le choix ? Soupire Horace de Fantenay.
-
Pour le moment on n’a pas trop à se plaindre,
pas de menotte ni cachot et une cabine plutôt confortable. Dit Childéric. Comme
dans le prisonnier ! Ajoute-t-il avec une pointe d’humour.
-
Ce n’est pas ce qui me rassure.
-
Je vois que tu en es au même point que moi.
Fait Childéric désabusé en regardant l’horizon.
Deux jours de navigation. Aujourd’hui une pêche au lapin
de mer est organisée. Dorine va chercher les prédicateurs en leur annonçant
qu’ils y sont conviés en tant que spectateurs.
Ce divertissement est pour eux inattendu. Ils découvrent
avec frayeur ce qu’est un lapin de mer. Même quand celui-ci est hissé sur le
pont à l’agonie transpercé d’un harpon ils ne s’en approchent pas de crainte
que dans un dernier soubresaut, l’animal tente de les mordre.
Ce soir le dîner sera un festin et Lady Dark elle-même va
en cuisine aider à préparer les lapins de mer sauce Coco et le pâté d’oreille
en gelée de ventilettes.
Sous les feux des lampes à pétroles la grande table est
dressée sur le pont principal. L’impératrice préside le banquet. Un orchestre
joue de longue et douces mélodies et le mage Arnak fait des tours de magie.
Childéric Halebard et Horace de Fantenay ne sont pas
conviés à profiter de la fête et c’est consignés dans leur petite cabine qu’ils
dînent en tête à tête.
6 jours plus tard ils entrent dans le port de Galoban et
déjà prévenu, les autorités portuaires on fait les choses en grand pour
accueillir l’impératrice mais aussi Dorine et Mike car nul sur les terres
Végétateurs n’a oublié les deux héros. Ce retour d’élus sur leur territoire
d’origine est une première depuis 450 années, époque où la loi interdisant aux
élus de sortir des limites du territoire impérial de Fantasmaginaire, avait été
promulguée.
Sur le quai d’honneur un grand tapis tissé de l’emblème
de la marine Vagalâmeur couvre le pavé et bien en ligne, les quatre amiraux
attendent la descente de l’impératrice et ses invités.
Tout autour, sur les murets, sur les tours, les balcons
et les ponts des bateaux vagalâmeurs amarrés, les gens et les marins de tous
grades, scandent les noms de Dorine et Mike en se bousculant pour les
apercevoir.
Les deux prédicateurs consignés à bord n’en croient pas
leurs yeux. Tout ici est tellement différent, l’architecture, les vêtements et
ces étranges navires dont les sabords ouvert montrent la gueule des canons.
Tous en grande tenue, l’impératrice, le grand conseiller,
le ministre de la marine et les missionnaires, Dorine et Mike en tête,
empruntent la coupée et descendent sur le quai tapissé. La foule exulte, les
amiraux avancent les bras ouverts et les gardes font une haie d’honneur.
-
C’est incroyable, regarde, ils sont
accueillis comme des princes ! Constate De Fantenay effaré.
-
Je n’oserais dire comme des dieux mais…
Adjoint Halebard.
-
Je crois que nous sommes bien loin de Paris
ici. Soupire gravement De Fantenay.
-
De Bagdad, Istanbul et tout autre endroit de
notre terre. Ajoute désappointé Halebard.
-
Mais où sommes-nous ?
-
Dieu seul le sait ! Fait Halebard d’un
ton désabusé.
Ce soir à l’ambassade de Galoban, c’est grande réception
et dîner suivi d’un bal et comme ni Dorine ni Mike ne sont raisonnables, ils
seront tard dans la nuit raccompagnés à bord soutenu par des gardes impériaux.
Episode 112
Petite mise au
point.
Le lendemain matin, Mirabelle va secouer Dorine et Mike.
Les deux amis émergent difficilement et n’ont qu’une idée en tête boire de
l’eau fraîche et aller sous la douche.
-
Vous devriez avoir honte ! Les sermonne
amicalement Mirabelle.
-
Pas de notre faute, c’est le champagne à
bulles vertes, mon verre se remplissait tout seul. Invoque Dorine.
-
Oui c’est vrai, j’ai remarqué exactement le
même phénomène dans le mien. Soutient Mike.
-
Quelle lamentable prestation ! Ah ils
étaient coquets les héros ! Rigole Mirabelle.
-
N’empêche que j’avais plein de beaux garçons
autour de moi. Se vante Dorine.
-
Et moi plein de jolies filles. Adjoint Mike.
-
Vous mériteriez une bonne fessée pour ne pas
avoir su vous tenir. Préconise Mirabelle.
-
Ben… Non, pas trop envie ce matin, mais par
contre si tu pouvais nous apporter deux aspirines ce serait parfait. Répond
Dorine.
-
Pendant que tu y es rapporte la boîte. Ajoute
Mike.
-
Je vais voir ce que je peux faire, mais
dépêchez-vous de vous laver et vous habiller car dans une heure on conduit les
deux prédicateurs au Chym. Annonce Mirabelle.
-
C’est vrai bordel, j’avais complètement
oublié. Se rappelle Mike.
-
Ne faut pas rater ça. Dit Dorine en ouvrant
les robinets de la douche. Viens Mike, je te savonne le dos.
-
Juste le dos ?
-
Juste le dos !
-
Bon… va pour le dos… Se résigne-t-il en
pénétrant dans la douche.
-
Je vous attends pour l’aspirine et le petit
déjeuner. Leur lance Mirabelle ironique en quittant la cabine.
45 minutes plus tard, toute l’équipe est prête. Les
gardes impériaux amènent Childéric Halebard et Horace de Fantenay sur le pont.
-
En route messieurs, le Chym nous attend.
La petite troupe descend sur le quai et se dirige vers
celui d’en face uniquement affecté aux navires Vagalâmeurs. En allant vers le
bout du bassin, Horace et Childéric remarquent un bateau en très mauvais état
arrivé à Galoban dans la nuit.
-
Ce n’est pas trop vous demander de nous
renseigner sur ce qui est arrivé à ce bâtiment ? Demande Horace de
Fantenay.
-
C’est
un navire Creuztatomb qui a été attaqué ou a attaqué un navire Vagalâmeur,
Kidnapingre, Crèvesueur ou Entoqué. Répond Gary.
-
Parce qu’en plus ils se font la guerre ?
Questionnent avec stupéfaction le prédicateur.
-
On ne vous avait pas prévenu, croyez-vous que
les canons à bord sont de la décoration ? Ricane Gary.
-
Comment ça, mais pas du tout ! Commence
à s’angoisser Horace de Fantenay.
-
Et bien maintenant c’est fait, ha, ha, ha,
ha ! Eclate de rire Gary imité par ses amis.
-
C’est… C’est une plaisanterie !
S’exclame rageusement Childéric Halebard.
-
Est-ce que les marins de ce navire
Creuztatomb on l’air de plaisanter ? Montre Aline deux hommes sur la
dunette arrière, l’un avec la tête bandé et l’autre le bras en écharpe.
-
Vous n’allez pas me dire que vous voulez nous
faire enrôler sur un navire en guerre ? Questionne Childéric Halebard
paniqué de cette possible perspective.
-
Mais si, il n’y a pas d’autre choix. Répond
Mirabelle.
-
Comment ça « pas d’autre
choix » ? Il n’y a pas de navire de commerce ou bien des paquebots de
croisière pour les retraités ? Interroge De Fantenay.
-
Désolé messieurs mais chez nous il n’y a pas
d’affectation particulière aux bateaux qui sillonnent l’océan. Ils sont tous de
commerce autant que militaire. Précise Mirabelle.
-
Quant aux bateaux de croisière il n’y a que
ceux de la marine impériale et vous n’y serez jamais invité. Ajoute Aline.
-
Et les bateaux de pêche ? Demande Horace
en désignant de la main les quatre qui sont amarrés devant le marché aux
poissons.
-
Ceux là restent en vue des côtes et toutes
agressions envers eux sont interdites.
-
Et bien alors faites-nous embarquer pour la
pêche ! Sollicite Horace de Fantenay.
-
Pas de place pour vous sur ces bateaux car
vous n’avez aucune connaissance du métier ! Tranche le mage.
-
Nous ne serons pas plus en connaissance sur
un navire de guerre ! rétorque Childéric.
-
Vous ferez comme les autres, vous apprendrez.
Dit Gary.
-
Et vous apprendrez très vite car il en va de
votre vie. Ajoute Lady Dark.
-
Nous ne voulons faire la guerre à
personne ! Déclare Horace de Fantenay.
Le mage se retourne et l’attrape par le col.
-
Dis-moi De Fantenay, il me semble qu’il n’y a
pas si longtemps vos prêches était plutôt de tonalité martiale n’est-ce
pas ?
-
Mais… Mais… Ne sais pas quoi répondre le
prédicateur.
-
Une véritable incitation à déclarer la guerre
à tous les infidèles, impurs, opposants, prétendus pervers et j’en passe,
n’est-ce pas ? Poursuit le mage en le fixant bien droit dans les yeux.
-
Ecoutez je… Enfin vous…
-
Et comme ton ami Halebard, tu avais les
marchands et fabricants d’armes comme chaland si je ne m’abuse !
-
C’est… Mais…
-
Vos discours intégristes avaient déjà fait
des centaines de morts en préambule d’un embrasement total ; vous d’un
côté et de l’autre votre ami Halebard. Des milliers… Des millions et peut-être
même des milliards de morts prévus n’est-ce pas ?
-
Le tout puissant m’avait missionner et…
Essaye de se justifier le prédicateur.
-
Et le tout puissant dans son infini bonté
histoire de ne pas faire de jaloux avait également missionné ton ami Halebard
hein ? S’emporte le mage.
-
Mais… Mais non…
-
Mais si, n’est-ce pas Halebard ?
-
Oui bien entendu mais… Ce n’est pas ainsi
qu’il faut appréhender les choses. Tente d’expliquer Childéric Halebard.
-
Taisez-vous tous les deux ; vous n’êtes
que de fanatiques criminels et je vous méprise ! Alors oui, vous allez
être embarqué sur un navire militaire Vagalâmeur et vous pourrez toujours
invoquer qui vous voulez, mais je doute d’une réponse et la réalité pour vous
deux n’aura d’autre logique que votre propre survie. Rien de morale, de
spirituel ni rien de politique…. Uniquement vous et votre instinct de
conservation ! Le monde de Fantasmaginaire est différent du votre !
Chez vous le bien et mal vivent en compagnie dans les mêmes lieux, ici, tout ce
qui compose le bien et le mal à ses propres territoires et se défie sur un
unique océan. Etrange conception j’en conviens, mais le monde de
Fantasmaginaire ne serait-il pas simplement la définition de ce que tremblant
vous nommez du bout des lèvres en fermant les yeux ?
-
Que nommons-nous tremblant du bout des lèvres
en fermant les yeux ? Ne comprend pas De Fantenay.
-
L’enfer ! Celui que vous ne cessiez de
promettre à tous ceux qui ne vous baisaient pas la main ! Répond sans
détour le mage Arnak.
-
Que… Que voulez vous dire ?
-
Rien de plus que ce que je dis…. Mais
pourquoi l’enfer d’ailleurs ? Pourquoi ne serait-ce pas le paradis après
tout ? Poursuit le mage sans lâcher le col de prédicateur.
-
Vous ne pensez pas que le paradis ressemble à
cet endroit ! S’offusque Horace de Fantenay.
-
Je ne pense rien, je suppose ! Ce sera à
vous de vous faire une idée plus précise du monde de Fantasmaginaire si vous
vivez assez longtemps pour ça. Alors
maintenant en route, le Chym attend. Libère-t-il le col du prédicateur
décomposé.
Une fois le tour du bassin fait, la troupe escortée par
des gardes impériaux arrive à l’entrée du quai
où sont amarrés une dizaine de bâtiment Vagalâmeurs.
Gardant le passage sous l’ombre d’un muret de granit est
assis le Chym. Dorine et Mike le reconnaissent, c’est le même qui leur avait
accordé le droit d’embarquer quand, tout récents majeurs, ils avaient été vers
ce quai pour prétendre à la quête. Ce chym n’avait donc depuis le temps, pas
été remplacé par une autre ou un autre infortuné décédé de vieillesse sur
l’océan.
Pour le moment, les deux prédicateurs ne prêtent aucune
attention à cette forme squelettique en guenille. La tête basse et accablés,
ils avancent en regardant le pavé.
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