Episode 62
Lady Dark.
Un peu plus tard nous étions à quelques centimètres
derrière la palissade. Au pied du piton rocheux pour être hors de la végétation
afin de faire cesser les cris de la faune qui, s’ils se poursuivaient,
finiraient par interroger les Kidnapingres.
-
Avec Baccardi, ils sont une bonne quinzaine
la dedans, inutile de vous préciser que si l’alarme est donnée nous n’aurons
pas le dessus. Nous chuchotait Mirabelle.
-
Il faut y aller en douceur, apparemment, il
n’y a pas de garde et celui qui est là-haut ne peut pas nous voir, le camp
n’est pas éclairé. Ajoutait Gary.
-
Lady Dark nous avait dit qu’Anizett et
Amuramon dormaient attachés à l’extérieur, il faut quelqu’un qui aille voir
pour les situer et surtout savoir s’ils sont surveillés.
-
J’y vais ! se proposa Gary.
Maître Gary s’infiltra doucement dans le camp et quelques
minutes plus tard revint nous rendre compte.
-
Il n’y a pas de gardien, ils sont vraiment
sûrs d’eux et ça ronfle sec là dedans. Il y a des restes de bouffe et
bouteilles partout, ils ont fait la fête hier soir. Quand à Anizett et
Amuramon, Ils dorment sous la table. Ils ne sont pas attaché mais dans un filet
bouclé avec un cadenas. Détailla-t-il.
-
Un filet ? S’étonna Mirabelle.
-
Radical, une fois fermé, c’est la prison
idéale. Baccardi est vraiment diabolique. Répondit Gary.
Je sortais le rasoir de mon short.
-
Et avec ça pour le filet. Leur présentais-je.
-
Magnifique ! en moins de cinq minutes
ils sont libres.
-
En douceur maître Gary, ne leur fait pas peur
sinon ils vont sursauter et crier. Lui conseilla Clakett.
-
Tu les ramènes ici et ensuite on s’occupe de
trouver Lady Dark. Lui dit Mirabelle en lui tapotant amicalement l’épaule.
-
A vos ordres capitaine adorée !
Plaisanta Gary avant de retourner vers le camp.
Tout se passait vraiment à merveille, un peu plus tard
Gary revenait avec Anizett et Amuramon véritablement contents ne nous retrouver
et surtout d’imaginer un avenir un peu moins glauque si toutefois nous arrivons
à mener à bien notre évasion jusqu’au bout. Anizett étouffait ses sanglots de
bonheur dans ses mains.
Amuramon nous instruisait que Lady Dark dormait dans la
cuisine mais je ne sais pourquoi, il semblait très réservé.
Cette fois c’est Clakett et Aline qui sont partis et ce
n’est qu’au terme de vingt minutes angoissantes qu’elles sont enfin revenues
avec Lady Dark.
Nous n’avions plus de temps à perdre, direction la plage
puis derrière la pointe où était échouée la chaloupe. Il était 4h20 et dans un
peu plus d’une heure la nuit commencerait à pâlir.
Nous ne pouvions pas embarquer à plus de six dans ce
canot. Mirabelle, Aline, Amuramont, Anizett et Dorine étaient du premier
voyage.
Quinze à vingt minutes aller en faisant le tour du petit
îlot, plus six ou sept minutes retour
car Lady Dark, Gary et moi nous nous étions déplacés Sur la plage où il y avait
la cage, juste en face du Klakoven qu’on ne voyait toujours pas. Pour leur
indiquer le cap à suivre pour le retour, nous avions baissé le paravent qui
masquait la lampe du coté de la mer, baissé la flamme et nous nous sommes
écartés du rayon de lumière pour ne pas que la vigie puisse deviner nos
silhouettes même si la pluie et le noir rendait cette vision peu probable.
Becanbiai était toujours fidèle à son poste. Les crabes à
deux bouches avaient commencé leur festin.
-
Je ne pars pas avec vous ! Nous annonça
soudainement Lady Dark.
-
Que…. Qu… Que dis-tu ? Bégaya Gary en la
regardant avec des grands yeux ronds.
-
Non je reste, je ne peux pas vous expliquer.
-
Mais tu es devenu folle Baccardi va
t’écorcher vive !
-
Baccardi ne fera rien du tout, il ne me
touchera pas un seul cheveu. Répondit-elle en rougissant.
-
Lady Dark ! Lady Dark dis-moi que ce
n’est pas vrai ? Pas lui !
-
Si maître Gary….. Lui ! Affirma un peu
génée Lady Dark.
-
Ho noooonnnn ! Se lamenta-t-il en
plaquant ses mains sur son front.
-
je suis désolé, je reste ! Vous
m’excuserez auprès des autres.
-
Tu es certaine de ce que tu dis ?
L’interrogea Gary un peu abasourdi.
-
Tout à fait certaine. N’en démordait-elle
pas.
-
D’accord on ne va pas discuter cent ans, on
est plutôt pressés mais je ne veux pas qu’il croit à ta complicité dans notre
évasion. Moi je n’ais pas confiance en lui ! Alors !
Gary lui décocha un formidable coup de poing au menton.
Lady Dark s’écroula de tout son long.
-
Mais maître Gary, pourquoi avez-vous fait
ça ? Lui demandais-je.
-
Parce qu’elle ne vient pas avec nous. Tu ne
vois pas qu’elle est tombée amoureuse de Baccardi !
-
Et alors ce n’est pas une raison pour…
-
Si Mike et on va la bâillonner, l’attacher et
l’enfermer dans la cage. Tu comprends maintenant ?
-
Oui ça y est, je comprends.
-
Bravo Mike, alors vite prend ton rasoir,
coupe un morceau de bâche et ramène aussi des cordes, ils en avaient toujours
pour nous attacher les chevilles.
Gary traîna Lady Dark inanimée dans la cage. Nous l’avons
immobilisé et bâillonné. Juste quand on fermait le cadenas, Clakett et Amuramon
arrivaient avec la chaloupe. La pluie venais de cesser, le ciel allait donc
vite de dégager. Je sautais dans l’embarcation en jetant la clef dans l’eau.
Gary suivait.
-
Et Lady Dark ? Demanda Clakett avec
consternation.
-
Elle reste-là ! Pas le temps de t’expliquer.
Vite on s’en va !
-
Comment ça elle reste là, Mais il n’en n’est
pas question maître Gary ! s’emporta-t-elle en se levant pour aller la
chercher.
Amuramont lui attrapa le bras.
-
Maître principal, je m’excuse mais c’est Lady
Dark qui a décidé, moi je le savais qu’elle ne partirait pas. Vous comprenez ce
que je veux dire.
-
Non ! S’étonna Clakett.
-
Elle et Baccardi se sont pris d’amitié… Enfin
un peu plus que d’amitié.
-
Avec Ba… Baccardi ? Dit-elle en reposant
ses fesses sur le banc.
-
Oui maitre principal, Baccardi !
-
Ramez,
la lune se découvre, vite ! Commanda Gary en poussant un grand coup la
barque vers le large.
Le Klakoven apparaissait doucement, les rayons de lune
passaient entre les derniers nuages. Le veilleur avait surement repéré la chaloupe
et grâce à sa longue vue il pouvait, maintenant que la pluie ne lui voilait
plus le décor, parfaitement identifier ses occupants et c’est ce qu’il a fait.
On l’entendait hurler et sonner la cloche.
Clakett et Amuramon ramaient comme des forcenées. Baccardi
et quelques membres de son équipage arrivaient en courant sur la plage. Ils ne
pouvaient plus rien physiquement, nous étions trop loin et personne voulait se
risquer à la natation dans ses eaux infestées de serpents rouges.
Baccardi faisait tirer au fusil en hurlant sa rage. Nous
nous tassions dans le fond de la barque en laissant dériver. Le courant nous
entrainait dans le bon sens mais il était très lent et les balles qui
frappaient la coque de la chaloupe finiraient bien par la percer.
Le plomb pleuvait comme de la grêle et déjà l’eau
s’infiltrait.
-
Bordel il va nous faire couler, on va se
faire bouffer ! Que j’hurlais.
Soudain, un coup de tonnerre et le sifflement
caractéristique d’un boulet qui passe au dessus de nous. Mirabelle faisait
donner du canon, Baccardi et ses sbires couraient se réfugier dans la jungle.
Nous relevâmes nos têtes, sur la plage il n’y avait plus personne
et un deuxième boulet souleva une gerbe de sable à la lisière de la jungle.
Amuramon et Clakett avaient repris les rames et très vite nous avons accostés
le Klakoven et grimpés à bord.
Dorine était déjà descendu au venteur pour préparer les
ventilettes. Je la rejoignais.
Toutes les mécaniques à vent se ressemblaient si ce n’est
que la forme des manettes et quelques bricoles qui changeaient. On introduisit
les Ventilettes dans le globe puis nous avons secoué le Faux Khon pour les
agacer un peu. Nous entendions le raclement de la chaîne qui remontait
lentement l’ancre, ils devaient tous être à forcer sur le tourniquet.
Nous entendions aussi des coups de feu mais à cette
distance, les Kidnapingres usaient de la poudre pour rien.
Du peu que nous étions, mettre en fonction un navire même
petit comme celui là prenait du temps. Une trentaine de minutes plus tard le
capitaine Mirabelle nous informa que la voile était bordée. J’ai ouvert la
vanne du souffleur et nous avons senti le navire bouger. Nous étions
libres ! Libres ! Libres !
Dorine et moi remontions sur le pont. Le ciel s’éclaircirait lentement. On était tous
sur le gaillard d’arrière à regarder
l’île doucement s’éloigner. Seule Mirabelle était à la barre. Il ne faisait pas
encore assez clair pour avoir beaucoup de détails mais on imaginait sur la
plage Baccardi enrager et se demander comment nous avions fait pour le berner.
Il devait hurler contre son équipage mais aussi nous maudire de lui avoir en
plus piqué son navire.
Je pensais à Lady Dark… Sacrée Lady Dark, nous avions
perdu la plus grande cuisinière de tout l’océan et c’est bien la seule chose
que Baccardi avait gagné dans cette aventure.
Aline assurait le poste au venteur. Faut dire qu’avec un
seul souffleur une personne suffisait sauf en cas d’attaque.
Sur la ligne de mer l’astre apparut en enflammant ce
magnifique matin. L’île n’était maintenant qu’un point sur la ligne d’horizon
et puis, un peu plus tard elle avait disparue comme avalée par la distance.
Anizett nous serait dans ses bras en versant tout ce que son corps pouvait
fournir comme larmes. Clakett avait sorti les cartes et le sextant du carré
pour tracer notre route.
Episode 63
Passager clandestin.
Soudain une voix nous fit tous sursauter. Sur le pont
arrivait Glassalo qui venait de je ne sais où. Il regardait éberlué la surface
de l’océan en rigolant bêtement. Nous l’avions complètement oublié celui là.
Nous nous approchâmes, Gary en premier, sabre à la main.
Glassalo déboucla son ceinturon et le balança à deux pas de lui.
-
D’où sort-il celui-là ? Nous demanda
Gary.
-
Hier il s’était réfugié sur la plateforme du
harponneur à la suite d’un petit désaccord entre eux. Que je lui expliquais.
-
Oui et franchement on n’a plus du tout pensé
à lui… ça nous était complètement sorti de la tête. Adjoint Dorine.
Le jeune homme regardait Gary avec la peur dans les yeux.
Il se mit à genoux et :
-
S’il vous plait monsieur ne me tuez
pas ! S’il vous plait…
Gary se tourna vers Mirabelle et Clakett qui ne savaient
pas trop quoi dire.
-
Que fait-on, on ne peut pas le garder à
bord ? Questionna Gary.
-
C’est sûr que ça pose problème, c’est un
homme de Baccardi. Répondit Mirabelle sans rien décider de précis.
-
S’il vous plait madame, s’il vous plait
monsieur ne me tuez pas. Je serais sage, je ne vous ferais pas de mal, je le
jure ! Reprenait-il ses supplications.
-
Pas de mal dis-tu ! N’empêche qu’hier
c’est bien toi qui m’a massacré les fesses à grand coup de paddle que j’en aie
encore des douleurs ! Lui renvoya Mirabelle.
-
J’étais obligé madame, je demande pardon,
j’étais obligé madame sinon Chapoklak elle m’aurait puni. Elle est très
méchante madame.
-
Chapoklac, te punir ?
-
Ho oui madame, elle était souvent méchante
avec moi, elle me frappait avec la garcette devant les autres. Regardez madame. Répondit-il en relevant sa
manche pour montrer la brûlure sur son avant bras. C’est elle madame !
J’avais pris des bombons dans la boîte du capitaine Baccardi et elle m’a vu.
Elle m’a attaché le bras sur la rampe, elle a mis la poudre et une allumette
madame. Je criais très fort, je pleurais, ça faisait beaucoup, très beaucoup
mal madame et elle rigolait.
-
Whooo ça doit être horrible mais comment
peut-on faire une chose pareille ! S’exclama Clakett.
-
Faut s’appeler Chapoklak ! Que je lui
répondais.
De grosses larmes coulaient aux yeux de Glassalo.
-
Sil vous plait… S’il vous plait… Je ne veux
pas mourir. S’il vous plait, je serais sage je le jure, je serais avec
vous ! S’il vous plait… Je suis gentil… S’il vous plait ne me tuez
pas !
Il baissa la tête en pleurant comme un gosse.
-
Bon alors que fait-on ? redemanda Gary.
Personne ne répondait. Dorine se mit à sa hauteur et lui
redressa le visage.
-
Arrête de pleurer, tu es un homme quand même.
Personne ne te tuera mais il faut promettre d’être vraiment très très sage,
hein ?
-
Oui madame je le jure, je serais le plus
sage, je suis gentil moi, je suis gentil madame.
-
Dis-moi mousse Dorine, tu prends des
initiatives qui ne sont pas de ta responsabilité. Envoya Mirabelle d’un ton
sec.
Dorine se releva et fixa droit dans les yeux le
capitaine.
-
Capitaine Mirabelle, avec tout le respect que
je vous dois, toute l’amitié que j’ai pour vous…Oui capitaine je prends cette
dernière initiative et il me semble que si j’en avais pas pris quelques autres
auparavant avec Mike, nous ne serions pas là tous ensemble sur le Klakoven.
-
Je suis tout à fait d’accord avec elle !
La soutenais-je.
Mirabelle ne se mis pas en colère, bien au contraire, son
regard s’est radoucis puis :
-
C’est toi qui a raison mousse Dorine, accepte
mes excuses ! Alors, nous allons faire l’essai de garder Glassalo en
ouvrant l’œil bien entendu.
-
Ho merci madame merci ! Je le jure vous
serez content de moi, je serais le plus sage, je vous obéirais madame et vous
aussi madame. Je vous protégerais des méchants parce que je suis un grand
guerrier c’est Baccardi qui le disait. Je serais le plus gentil madame. Se
jetait-il aux pieds de Mirabelle et Dorine.
-
Ça alors ! Souffla Gary en remettant son
sabre au fourreau. Un kidnapingre enrôlé chez les Vagalâmeur. Par les grands
ours des montagnes… J’aurais tout vu dans cette aventure tout. Hey les deux
mousses si vous avez d’autres idées aussi saugrenues, vous me prévenez d’avance
que je ne sois pas trop surpris !
Clakett releva Glassalo.
-
Que faisais-tu sur ce navire, qu’elle était
ton travail ? Lui posa-t-elle la question.
-
Mécano madame et aussi je brossais partout et
aussi je faisais la cuisine, je remettais du pétrole dans les lampes et aussi
je lavais les vêtements de Chapoklak.
-
M’ouais, c’était peut-être un grand guerrier
mais c’était surtout le larbin du bord ! Raccourcit Gary.
-
Et bien tu iras dans une heure avec le mousse
Mike aux machines ! Dit Mirabelle.
-
Oui madame !
-
Je préfèrerais « Oui
capitaine ! » ou « A vos ordres Capitaine » !
-
Oui madame je dirais ça !
Tout le monde à rigolé et glassalo s’est relâché un peu
puis à fini par rigoler avec nous.
Clakett me glissa à l’oreille de bien le surveiller quand
je serais avec lui en bas.
Une heure plus tard, après avoir balancé les corps de
Kidnapingres, les matelas et les draps imbibés de sang à la mer, après que tout
le monde soit passé avec délice sous la douche, j’étais au venteur avec
Glassalo. Pas de doute, il connaissait parfaitement son affaire. Il faisait
bien son travail et semblait très content d’être avec nous mais je gardais une
main sur le pistolet glissé dans ma ceinture.
Nous étions assis tout les deux à regarder l’eau défiler
par un sabord ouvert.
-
Tu sais Mike, je suis très heureux
maintenant. Chapoklak ne me fera plus de mal.
-
Ça c’est sûr ! que je rigolais en
pensant à la crise qu’elle devait piquer en ce moment.
-
Tu sais Mike, je vous aie vu hier soir dans
la coursive arrière.
-
Comment ça tu nous as vu, mais d’où ?
-
De là ! Me montra-t-il la porte étroite
qui effectivement donnait dans cette coursive à côté de l’escalier.
-
Mais que faisais-tu au venteur, tu n’étais
pas sur la plateforme du harponneur ?
-
Oui, oui, je suis resté longtemps dessus et
puis après je suis allé dans ma chambre à l’avant. Dit-il en me montrant la
seconde porte derrière le globe. Et puis je suis revenu ici pour les
Ventilettes. J’ai entendu du bruit et j’ai un tout petit peu ouvert la porte
pour voir.
-
Tu as une chambre à côté de la salle du
venteur, tu ne dormais donc pas avec les autres à l’arrière ou à l’avant ?
-
Ho non, ils étaient toujours à me faire des
blagues et puis y’avait maître Patapin. Lui aussi était méchant. Tu sais il me
déshabillait et me faisait des choses sales.
-
ça ne m’étonne pas de lui, c’était vraiment
une pourriture celui-là.
-
C’est le capitaine qui m’avait donné ma
chambre rien que pour moi et il avait dit à Patapin que si jamais il
recommençait il le tuait.
-
Baccardi avait pris ta défense ?
-
Oui ! Des fois il était gentil avec moi
et des fois il me criait dessus mais jamais il m’a fait mal comme Chapoklak.
-
Pourquoi tu n’as rien fait hier soir pour
aider les autres ?
-
Parce que je voulais que toi et la dame vous
vous sauviez. La dame elle est gentille, elle n’a rien dit quand j’ai touché.
Elle est belle et gentille.
-
Alors comme ça tu as tout vu et tu n’as pas
aidé tes amis ni donner l’alerte ?
-
Glassalo n’avait pas d’ami sauf le capitaine.
Les autres ils n’aimaient pas Glassalo et moi je ne les aimais pas, ils étaient
méchants. Et d’abord je n’ai pas tout vu, j’ai vu quand la dame à coupé la tête
de Gandepo et quand vous avez transpercé Patenfer et Dencreuz. Hi, hi, hi, hi.
J’étais bien content.
Le capitaine Mirabelle entra dans le compartiment
venteur. Glassalo se tassa sur lui-même avec des yeux de chien apeuré.
-
Comment ça se passe avec lui ? Me
demanda-t-elle.
Je l’emmenais derrière le camembert à graines et lui
racontais ce que venais de me révéler Glassalo.
Une fois mon récit achevé, elle se gratta la tête en
soupirant et s’approcha de lui. Glassalo était craintif. Elle lui posa une main sur la joue avec un
grand sourire pour le rassurer.
-
Je crois que finalement tu es un bon gars.
Lui dit-elle.
-
Oui madame je suis gentil moi.
-
Oui Capitaine ! Lui rappela-t-elle.
-
Oui madame je dirais oui capitaine.
-
Viens avec moi en cuisine, nous allons
préparer un bon repas pour tout le monde.
-
Oui madame, je sais faire aussi.
Mirabelle leva les yeux au ciel en soupirant, sachant
déjà qu’il ne l’appellerait jamais capitaine.
Episode 64
L’inquêteur.
Beaucoup plus tard Amuramon vint me relever en
m’annonçant que tous le monde m’attendaient sur le pont pour manger un morceau
et en me remerciant chaleureusement de ce que j’avais fait. Bien sûr qu’avec
Dorine nous avions assuré les bases de notre évasion mais c’était avant tout notre
propre survit qui nous avait poussé. Amuramont comme quelqu’un d’autre aurait
certainement agit de la même façon à ma place.
Je montais sur le pont. Ils étaient tous assis en rond
autour d’un brigantin grillé et de quelques pommes de sable. Dorine avait
commencé à leur raconter comment nous nous étions sorti du Klakoven. Aline me
servit une part et m’invita à exposer la manière dont je m’étais débarrassé de
Bikett. Je leur faisais un récit le plus fidèle possible jusqu’à mon entrée
dans la chambre où était ficelée Dorine. Ils buvaient tous nos paroles.
-
Incroyable ! s’extasiait Gary.
Incroyable, des légendes vivantes je vous dis, des légendes vivantes !
-
Je ferais mon rapport à l’amirauté en
arrivant à Galoban exprima Mirabelle. Et à partir de cet instant vous n’êtes
plus mousse mais second maître.
-
C’est vrai ! S’exclama Dorine.
-
Et ce n’est que provisoire car je crois que
plus tard vous allez tous les deux porter un grade bien plus prestigieux, les
amiraux en décideront. Faut-il encore qu’on arrive à Galoban sans rencontrer de
problème car si un navire nous prend en chasse nous ne sommes pas assez
nombreux pour soutenir un combat naval et encore moins un abordage.
-
Je vous protégerais, je suis un grand
guerrier. Affirmait Glassalo en tapant du poing sur le plancher.
A ce moment là la porte donnant dans le quartier des
officiers s’ouvrit, un homme assez jeune de bonne carrure le visage
parfaitement dessiné piqué de yeux bleu clair et richement habillé apparut.
Nous avions tous reconnu l’inquêteur à cause de la pastille nacrée sur sa joue
droite qui les identifiait. Celui-là aussi nous l’avions complètement oublié.
-
Où se trouve le capitaine Baccardi ?
Interrogea-t-il d’une voix forte. Mon petit déjeuner ne m’a pas été servit, que
se passe-t-il ? Ajouta-t-il.
-
Je crains que vous ne puissiez rencontrez le
capitaine Baccardi ! Lui répondit Clakett.
L’inquêteur la dévisagea longuement d’une étrange
manière. Mon cœur s’emballa. Bordel, non pas ma Clakett, pas aujourd’hui. Que
je me disais à moi-même. Au bout de quelques pesantes secondes il se détourna
de Clakett et nous inspecta un par un. Il s’illumina d’un grand sourire en
s’arrêtant sur Mirabelle. Cette dernière se levait comme hypnotisée.
L’inquêteur lui tendit la main, Mirabelle lui donna la sienne, elle nous
regarda épanouie puis suivit l’inquêteur dans le compartiment de Baccardi. La
porte s’est refermée derrière eux. Nous restions tous sans voix. C’est Aline
qui brisa le silence.
-
Et bien je crois que pour Mirabelle c’est
gagné. Nous devons maintenant désigner un nouveau capitaine. Dit-elle.
-
Je pense que c’est au maître principal
Clakett que cet honneur revient en tant que la plus gradée d’entre nous. Bien
entendu, cela n’a rien d’officiel mais il faut bien désigner quelqu’un pour
commander ce navire. Annonça Gary avec une logique toute militaire.
Personne ne trouva à redire et son premier ordre de
capitaine fut de servir un repas à l’inquêteur et de nous faire rechercher le
pavillon rouge à croix verte pour le hisser ce qui en plus nous garantissait
d’être inattaquable jusqu’au port de Galoban.
Glassalo connaissait par cœur le navire et ce qu’il
contenait et c’est lui-même qui changea le pavillon en trépignant de joie.
C’est également lui qui m’a emmené dans sa minuscule chambre très bien
entretenue d’ailleurs, pour choisir parmi ses affaires un pantalon et une
chemise qui me conviendrait.
Le Klakoven était léger est rapide ce qui nous mettait
Galoban à treize ou quatorze jours de mer.
Nous ne voyons plus Mirabelle, sinon quelques furtives
secondes quand l’un de nous leur apportait de quoi se restaurer. Comme la
coutume l’imposait, le vagalâmeur et son inquêteur se coupaient de tout en
attendant l’arrivée dans un port où attendait, par je ne sais quel miracle, une
calèche ou une galère. Elle nous manquait à tous mais nous étions contents pour
elle. Trouver son Inquêteur ou son Inquêtrice était bien le but final que
recherchaient tous les Vagalâmeurs.
Ce voyage était comme une croisière et Glassalo ne nous
avait pas menti. Il était sage, gentil et serviable. Bien sûr il cuisinait
moins bien que Lady Dark mais qui pouvait rivaliser avec cette exceptionnelle
cordon bleu. Nous pensions tous à elle, là-bas dans une île de l’ouest avec
Baccardi. Avait-elle fait le bon choix ?
Ce qui nous inquiétait le plus était le sort de Glassalo
à son arrivé à Galoban. Notre devoir était de le conduire à l’ambassade du port
où il y serait en sécurité. Mais un jour il sera surement récupéré par des
Kidnapingres et le connaissant un peu mieux, je savais qu’il ne le voulait pas.
Aline avait prodigué des soins à Dorine et les traces de
la dure flagellation avaient disparues quelques jours plus tard.
Bien entendu histoire de cette fois y prendre du plaisir,
nous n’avons pas manqué, en bas, dans le compartiment des prisonniers, de se
faire administrer quelques bonnes fessées par Gary et Clakett.
Gary, sur le sujet, avait un peu plus de travail parce
qu’il fallait également qu’il s’occupe du fessier d’Aline.
Treize jours plus tard, de bon matin, nous étions en vue
du port de Galoban. Une galère impériale vint à notre rencontre et envoya une
chaloupe dorée aux banquettes moelleusement tapissées de velours bleu. Les
impériaux venait chercher l’Inquêteur et Mirabelle.
Les gardes, toujours aussi impressionnant sont montés à
bord du Klakoven en nous saluant respectueusement. Mirabelle et son Inquêteur
sont sortis du compartiment. Elle était resplendissante. Elle s’approcha de
nous et nous regarda tous un par un avec des yeux illuminées et un radieux
sourire.
-
Il est temps de se dire au-revoir les amis.
Dit-elle d’une voix douce mais sans aucune tristesse. Dans la cabine, j’ai
laissé mon rapport pour l’amirauté. Maître principal Clakett, vous le leur
remettrez. J’espère qu’un jour nous nous reverrons tous à Fantasmaginaire.
Comptez sur moi pour vous y attendre.
Elle s’approcha de Dorine et moi.
-
Quand à vous deux, je ne peux que modestement
vous dire un grand merci. Je souhaite de tout mon cœur qu’un Inquêteur et
qu’une Inquêtrice vous tendent la main rapidement. Prenez bien soin de vous et
ne commettez pas d’imprudence. Au-revoir et à bientôt.
Elle se dirigea d’un pas léger vers l’échelle au bras de
son Inquêteur et ils prirent place dans l’embarcation.
Un des gardes impériaux nous signala qu’au port de
Galoban nous étions attendus.
En quelques coups de rame ils ont atteint la galère puis,
une fois à bord elle nous fit un dernier signe avant d’entrer dans les
somptueux appartements. Le navire impérial manœuvra puis s’éloigna poussé par
ses triples rangés de rames.
Nous sommes restés en panne jusqu’à ce qu’ils
disparaissent. J’avais la gorge noué et quelques larmes coulaient sur mes
joues. Dorine avait baissé la tête. Glassalo nous attrapa par les épaules.
-
Je le sais, nous disait-il, un jour se sera
pour vous deux. Moi je le sais parce que vous êtes des gentils alors pour vous
deux aussi ils reviendront ! Moi aussi j’aurais bien voulu être un
Vagalâmeur.
Clakett commanda le départ d’une petite voix et une
trentaine de minutes plus tard nous faisions notre entrée dans le port de
Galoban.
Episode 65
Les amiraux.
Effectivement, les impériaux par l’intermédiaire d’un
Oblitérétimbré (oiseau servant de messager) avaient prévenu de notre arrivée et
lorsque nous avons longé la rangée de navires à quai en cherchant une place,
tous les équipages nous ovationnaient. Gary nous avait installés, Dorine et moi
sur la pointe du gaillard d’avant.
-
C’est vous les héros, c’est vous les
héros ! Ils veulent tous vous voir, ils veulent tous voir ceux qui ont
démoli la passerelle de Baccardi. Et encore, ils ignorent le reste Souriez,
souriez ! Nous répétait-il.
Derrière nous, Glassalo faisait joyeusement des
pirouettes.
Pour la place nous n’avions pas trop à chercher, deux
petits navires pilotes nous avait pris en charge et nous conduisaient au quai
d’honneur. Sur le granit des employés de l’amirauté déroulaient à la hâte un
tapis bleu imprimé de la couronne des Vagalâmeurs. Un émissaire en costume de
cérémonie nous attendait pour nous emmener sous escorte à l’amirauté.
Un peut plus tard, après avoir traversé une partie de la
ville portuaire sous les jets de fleurs et les applaudissements nous fûmes
introduits dans le grand hall d’honneur de l’amirauté. Un plafond peint de
dizaine de navires célèbres s’étendait à dix mètres au dessus de nos têtes et
là-bas, fraichement dessiné, le feu Bouchtrou. Les colonnes de bois précieux
soutenaient cette immense œuvre d’art et les murs étaient tourmentés de dorures
baroques. Au sol un interminable tapis de soie caressait nos pieds nus de sa
douceur.
Un majordome nous convia de nous asseoir dans de grands
fauteuils en cuir de lapin de mer et nous apporta mille boissons et friandises.
Quelques minutes plus tard, un quatuor d’amiraux nous
rejoignait. D’après ce qu’on racontait, ce n’étaient ni des Végétateurs, ni des
Vagalâmeurs. Nul ne savait vraiment et certains avançaient qu’ils étaient de
Fantasmaginaire. Juste une hypothèse car jamais aucune preuve n’avait étayé
cette supposition.
On ne pouvait raisonnablement leur donner d’âge. Malgré
leurs cheveux argentés ils avaient le pétillant de la jeunesse et la sagesse
des ans. Ils s’installèrent en face de nous, puis posément avec un soupçon de
jovialité, l’un d’eux entama la conversation.
-
Vous voilà donc Mousse Dorine et mousse
Mike !
-
Second maître ! rectifia Clakett.
-
Aucune importance maître principal. Je disais
donc, vous voilà ! Savez-vous que nous vous croyons perdus pour toujours.
Nous avions sollicité tous les navires qui partaient en campagne de vous
rechercher mais aucun n’a croisé votre route ni entendu parler de vous dans les
ports si ce n’est que de votre exploit. Mais où étiez vous donc ?
-
Heu… Monsieur l’amiral nous étions naufragés
sur une île de l’ouest. Répondit Dorine très impressionnée.
-
Une île de l’ouest… Et ce navire avec lequel
vous êtes arrivés ?
-
Ben ça c’est une très longue histoire
monsieur l’amiral et…
-
J’ai ici le rapport complet du capitaine
Mirabelle qui m’a missionné pour vous le remettre, tout est expliqué en
détail ! Coupa Clakett en tendant la vingtaine de feuilles manuscrites
recto verso.
-
Très bien, nous allons les consulter au plus
vite. Répondit le second amiral en se saisissant des papiers.
-
Mousse Dorine, mousse Mike, repris le
troisième, nous sommes heureux de votre retour et comme vous avez pu le
constater, vous avez acquis une certaine notoriété qui, de notre avis à tous,
n’est pas usurpée. Imaginez-vous, détruire la passerelle du Troudanlo par un
tir de boulet dans l’extracteur et ainsi mettre en échec le capitaine Baccardi.
Cet homme était une plaie qui à envoyé par le fond 32 navires Vagalâmeurs en
moins de quatre années. Cet homme que tous redoutaient d’affronter et par un
seul coup audacieux, de simples mousses mécaniciens, faisant preuve
d’initiative et de courage, ont achevé sa carrière… Nous savons qu’il est
vivant et qu’il tente de briller à nouveau mais son sabre est bien émoussé à
présent.
Le quatrième amiral pris la parole.
-
Votre acte mérite une récompense à la
hauteur. Vous êtes un exemple pour tous les nouveaux Vagalâmeurs. Second maître
avez vous dit maître principal Clakett ? Que cela nous parait dérisoire.
L’amirauté à décidé de les nommer lieutenant admissible et ce grade prend effet
immédiatement.
Dorine et moi nous nous écrasions abasourdis dans le cuir
du fauteuil et si nos bouches remuaient de remerciements aucun son n’en sortait
ce qui amusa beaucoup les amiraux.
-
Ne vous perdez pas en phrase toutes faites
lieutenant Dorine et Mike. Votre sourire et votre joie nous suffisent.
Le premier amiral pris à son tour la parole.
-
Nous avons appris que le capitaine Mirabelle
faisait route vers Fantasmaginaire. Ultime récompense, nous ne pourrions
rivaliser. Cependant, nous savons également que l’aspirante Aline, le maître
Gary, le maître principal Clakett, le matelot Anizett et Amuramon n’ont pas
démérités. Alors, aspirante Aline vous montez aussi au grade de lieutenant. Maître
Gary enseigne de vaisseau, Maitre principal Clakett capitaine, Matelots Anizett
et Amuramon, premier maître. Effet immédiat bien entendu.
Le deuxième amiral repris la parole.
-
Nous vous avons réservé des appartements dans
l’hôtel de notre amirauté. Nos gens vous y conduiront pour vous permettre de
vous détendre. Un costumier passera prendre vos mensurations pour vos nouveaux
uniformes. Ce soir c’est un grand diner de gala en votre honneur. Et demain
nous vous entretiendrons de vos futures affectations. L’amirauté vous souhaite
une bonne journée et vous dit à ce soir. Autre chose, Le Kidnapingre qui se trouvais
à bord de votre bateau à été conduit à l’ambassade du port, il y sera en
sécurité et bien traité en attendant qu’un capitaine Kidnapingre le reprenne à
son bord.
Jamais je n’avais eut pour moi tout seul un logement
aussi vaste, aussi luxueux, aussi confortable. Une porte communicante donnait
dans l’appartement de Dorine et c’est ensemble que nous avons pris le bain dans
une spacieuse baignoire. Nous avons chahuté comme des fous jusqu’à arroser
murs, miroirs et plafond.
Le costumier est passé en début d’après midi et nous à
promis notre premier uniforme avant le gala et une garde robe complète pour le
lendemain soir.
20h, nous étions, Clakett, Aline, Gary, Anizett,
Amuramon, Dorine et moi de neuf vêtus, beaux et fiers d’entrer dans la salle de
réception. Nous étions à l’honneur et toutes les Célébrités que comptait le
grand monde Vagalâmeurs étaient là.
La surprise fut que les amiraux avaient invité les
parents de Dorine et les miens. J’étais content de les revoir et pour la
première fois j’entendais mon père regretter de n’avoir pas choisi à sa
majorité d’être un Vagalâmeur. Avait-il eut aussi un grand souhait et qu’il
n’avait osé braver les dangers de l’océan à la recherche d’une
inquêtrice ? Je ne posais pas la question car je ne voulais pas de réponse.
Que de bonnes choses sur les longues tables nappées de
bleues. Le champagne à bulle vertes coulait à flot et c’est tard dans la nuit,
quand j’ai vu les cristaux des lustres tourner à l’envers que je fus soutenu et
raccompagné dans ma chambre.
Le lendemain matin, je me réveillais avec le cerveau un
peu englué. Un bon bain plus tard je me sentais de nouveau d’attaque.
Vers 11H, alors que je m’apprêtais d’aller à l’ambassade
avec Dorine pour rendre une visite à Glassalo, un majordome frappa à la porte
et me signala que j’étais, avec le reste de l’équipage du Bouchtrou, convoqué
immédiatement par les amiraux.
On nous fit pénétrer dans un grand bureau tout de chêne
argenté habillé. Les quatre amiraux nous attendaient et nous invitèrent
chaleureusement à confortablement nous asseoir dans les deux canapés en peau de
serpent rouge.
L’un deux tenait dans ses mains les feuilles manuscrites
de Mirabelle et c’est lui qui entama la conversation.
-
Il va nous falloir écrire quelques
paragraphes supplémentaires à notre grand livre de la marine Vagalâmeur et ce
document sera remis aux historiens pour écrire le livre des naufragés du
Bouchtrou. Dit-il. Quelle aventure ! Souffla-t-il enthousiaste. Je
souffre, lieutenant Dorine et lieutenant Mike de n’être pas encore assez
admiratif. Quelle épopée !
Le deuxième amiral se leva de son fauteuil et poursuivit.
-
Insoumis, même subissant le supplice !
Le troisième amiral se leva aussi.
-
Imaginatif et téméraire ! S’exclamait-il
théâtralement avec de grands gestes.
Le quatrième quitta aussi son fauteuil.
-
Et pour finir, vous subtilisez le navire du
capitaine Baccardi. Admirait-il.
Le premier repris.
-
« Lieutenant » avions-nous
maladroitement et trop prestement conclus hier…
Le deuxième.
-
Nous nous sommes ridiculisés !
Le troisième.
-
Un manque certain de clairvoyance. Une lacune
due à l’ignorance certes…
Le quatrième.
-
Remédions messieurs, remédions sans
tarder ! Lieutenant, quelle ineptie presque à la limite de
l’insulte ! Capitaine en second ! Oui, capitaine en second Dorine et
capitaine en second Mike ! Voilà qui est juste réparation !
Les quatre amiraux se sont remis à leur fauteuil. L’un
d’eux tendant le manuscrit de Mirabelle à un garde, il lui ordonna qu’il soit
imprimé tel que sur tous les journaux que comptaient les ports Vagalâmeurs
ainsi que nos nominations au grade de capitaine en second.
Dorine et moi nous ne savions quoi dire et on balbutiait
quelques remerciements embarrassés.
Capitaine en second, ben ça alors ! De mousse à
capitaine en second en quelques jours, jamais on n’avait vu ça.
Le premier amiral repris la parole.
-
Maintenant que justice est rendu, dit-il,
parlons de vos avenirs. Nous avons en finition un navire de conception
révolutionnaire. Un navire sans voile !
-
Sans voile ?!! s’étonna l’enseigne de
vaisseau Gary.
-
Parfaitement ! Elles sont remplacées par
une roue à aubes encastré sous le navire et la pression, à la place d’être
envoyé par des souffleurs dans de la toile est canalisé et pulsé sur des
pistons qui font tourner la roue. Avantage, le mécanisme est beaucoup mieux
protégé que les souffleurs et les voiles et avec quatre globes nous avons un
rendement nettement supérieur ce qui permet un navire plus lourdement armé et
moins vulnérable. Il est à ajouter que ce principe permet de faire des marches
arrière.
Le deuxième amiral poursuivit.
-
Nous pensions le baptiser « Yapadlézar
mais à la lecture du rapport du capitaine Mirabelle, nous avons jugé qu’il
serait bon, pour lui rendre un hommage posthume, de le nommer
« Balablen »
Le troisième amiral pris le relais.
-
Ce navire fera ses premiers essais en mer
dans un mois et nous sera livré un mois plus tard. Il est bien évident que nous
devons constituer un commandement pour ce bâtiment alors, nous désignons le
capitaine Clakett, l’enseigne de vaisseau Gary, le lieutenant Aline. Les
premiers maîtres Anizett et Amuramon qui en seront les premiers officiers
inscrits.
Le quatrième amiral racla sa gorge et acheva.
-
Pour ce qui est des deux capitaines en second
Dorine et Mike. Ils seront également embarqués pour y faire l’apprentissage du
commandement et nous comptons sur le capitaine Clakett pour assurer leur
formation. Cependant, rien n’empêche pour ce qui est de l’enseigne de vaisseau
Gary, du lieutenant Aline et des premiers maîtres Anizett et Amuramon de
trouver, en attendant d’intégrer le Balablen, un embarquement sur d’autres
navires, Nous en seront averti et nous donnerons à leurs capitaines
l’impérative consignes d’être de retour dans deux mois au port de Galoban. Nous
vous accordons cette liberté car nous n’ignorons pas que le temps qui passe
pour un Vagalâmeur est ennemi. Pour le capitaine Clakett et ses deux second,
nous le regrettons certes, mais vous devez rester à disposition de l’amirauté
et du Balablen jusqu’à votre départ avec ce dernier. Il y a beaucoup de
nouvelles techniques à assimiler.
Et le premier amiral de conclure :
-
Nous n’allons pas vous retenir plus
longtemps. Mesdames et messieurs, nous vous souhaitons une agréable journée.
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