Episode 50
La cage.
Nous fûmes conduits sur la plage nord-est en face d’où
venait de mouiller le Klakoven de Baccardi. Les Kidnapingres nous pressaient de
couper le bois et de commencer d’assembler la cage. Ce n’est qu’à la fin de la
journée qu’elle fut achevée et bien entendu rigoureusement et méticuleusement
vérifié par le capitaine Baccardi et sa seconde Chapoklak.
Trois mètres sur trois et deux mètres de haut. Nous y
serons un peu à l’étroit et nous n’aurions le droit d’en sortir que pour faire
nos besoins, un à la fois et bien entendu avec la pointe d’un sabre ou le canon
d’un fusil dans le dos.
Lady Dark nous apporta à manger, c’était la seule à être
libre car Baccardi avait très bien compris l’avantage d’avoir à son service une
excellente cuisinière. Au moins pour elle les choses ne se passaient pas trop
mal.
J’étais assis, adossé à la cage et Dorine se blottissait
contre moi.
-
Que va-t-il nous arriver ? Me
demanda-t-elle.
-
J’en sais rien mais je crois que Baccardi n’a
pas du tout aimé notre façon de tirer au canon et qu’il a l’intention de nous
le faire payer très cher.
Mirabelle, Clakett et Aline s’était approchés de nous.
Dans l’angle opposé, Amuramon et Gary tentaient de consoler Anizett qui
culpabilisait à tord de n’avoir pas vu les Kidnapingres approcher et débarquer.
Que pouvait-elle discerner dans une nuit sans lune et pluvieuse ? Pas
grand-chose et encore moins un petit navire sans feu, tout le monde en était
conscient !
-
Faut garder le moral ! Nous disait
Mirabelle sans trop hausser le ton afin que les gardiens ne comprennent pas. Il
ne va pas nous tuer car il est à sec et a trop besoin de nous vendre pour en
tirer de l’argent. Nous rassurait-elle.
-
S’il nous vend comme bouffe aux Entoqués je
préfère prendre un coup de sabre tout de suite. Lui répondit Dorine.
-
Il préférera nous vendre au Crèvesueur, ce
sont eux qui payent le mieux… Les Entoqués n’achètent qu’au poids de la viande.
-
En tout cas pour s’échapper de cette cage ça
ne va pas être de la tarte. Estima Aline en regardant les deux gardiens de
chaque côté.
-
C’est pratiquement impossible sur une plage à
découvert avec les gardiens… Non, il faut réfléchir à autre chose mais pour le
moment je n’aie aucune idée. Répondit Clakett.
-
Bordel, on n’a vraiment pas de chance… le
seul bateau qui viens ici c’est celui de Baccardi ! Que j’enrageais.
-
La seule qui peut nous aider c’est Lady Dark.
Dit Aline presque en chuchotant.
-
Cessons et reposons-nous ! En donna
l’ordre Mirabelle.
Nous nous sommes tous allongés sur le sable en nous
emboîtant du mieux qu’on le pouvait et nous nous sommes endormis.
Au petit matin Lady Dark et Baccardi sont venus nous
apporter un petit déjeuner. Lady Dark nous montrait une mine renfrognée.
-
Alors, avez-vous passé une bonne nuit
mesdames et messieurs ? Nous demandait jovialement le capitaine Baccardi
en faisant ouvrir la cage.
Nul de notre groupe à répondu mais l’homme ne s’en
offusquait pas.
-
Vous avez de la chance, pas une goutte de
pluie cette nuit. Ho, vous ne connaissez pas la dernière ? Nous dit-il.
Figurez-vous que nôtre amie Lady Dark, pour votre petit déjeuner, avait
dissimulé sous la salade un pistolet et dans une pate de noix de coco un petit
couteau. Heureusement que nous avons contrôlé, rendez-vous compte, vous auriez
pu vous blesser. Rigolait-il.
Il attrapa rudement Lady Dark pour la tourner dos à nous.
-
Son geste pour vous aider est courageux et
démontre une grande fraternité entre vous. Je ne connaissais pas cette qualité
chez les Vagalâmeurs ! Dit Baccardi en fronçant les sourcils. Mais pour ma
part je me devais de réagir. J’ai donc puni Lady Dark. Annonça-t-il en
soulevant sa blouse et lui baissant sa culotte pour nous montrer son fessier.
La pauvre Lady Dark avait reçu une copieuse fessée. Ses
fesses portaient les marques d’une main qui ne l’avait pas ménagé. Baccardi
remonta sa culotte et rabaissa sa blouse.
-
Voyez mesdames messieurs que je ne suis pas
le sanguinaire qu’on raconte. Je connais d’autres capitaines qui n’auraient pas
hésité à lui ouvrir le ventre. Moi je n’ai fait que la punir comme une vilaine
gamine qui aurait piqué quelques confiseries et je n’hésiterais pas à être plus
sévère s’il y a récidive. N’est-ce pas Lady Dark ?
-
Oui capitaine ! acquiesçait-elle toute
penaude.
-
Une bonne cuisinière comme vous devrait
simplement se contenter de me faire de bons petits plats et j’espère que c’est
ce que vous ferez à l’avenir… Hein Lady Dark ?
-
Oui capitaine !
-
Mesdames et messieurs, de par les lois
impériales, je suis dans l’obligation de permettre à l’inquéteur qui se trouve
à mon bord de venir vous visiter mais il n’y a pas le feu j’ai trois jours donc
nous verrons cela un peu plus tard, c’était juste pour information. Vous deux,
désigna-t-il Anizett et Amuramon, Je n’aie rien contre vous alors vous allez me
suivre au camp et vous aiderez Lady Dark en cuisine. Vous ferez aussi nos
chambres et notre lessive. Si je vous donne un conseil, c’est de prendre ça
comme une faveur et de ne surtout pas en profiter si vous ne voulez pas être
pendu à une vergue de mon navire. Pour les autres, ha ! ha !
ha ! Je reviendrais plus tard et je vous réserve quelques joyeuses
surprises pour occuper cette journée. Termina-t-il en sortant de la cage avec
Lady Dark Anizette et Amuramon.
-
Bordel, Baccardi ne laissera rien passer,
Lady dark a été bien téméraire de tenter de nous aider ! Que j’enrageais
une fois qu’ils furent hors de portée de voix.
-
Oui, Elle en a reçu une sévère qui à dû lui
être moins agréable que les miennes. Dit Gary en piochant dans la salade.
-
Baccardi donne aussi des fessées aux dames….
On en apprend tous les jours ! Pouffa Mirabelle.
-
Je crois que Lady Dark ne pourra plus rien
faire pour nous ! S’énervait Aline.
Le navire de Baccardi se découpait dans les lueurs
matinales, le petit canot servait de relais entre lui et la plage. Mirabelle et
Clakett estimaient l’équipage à moins d’une trentaine d’individus, sans doute
très proche de vingt-cinq dont une quinzaine étaient à terre et les autres à
bord pour s’occuper de l’entretien du navire et nourrir les Ventilettes. Pour
le moment nous observions tout ce qui pouvait nous servir à élaborer un plan
d’évasion mais nous devions nous rendre à l’évidence que ce serait très
compliqué de leur échapper si toutefois c’était raisonnablement possible. Le
fait qu’il y ait un Inquêteur à bord du Klakoven ne nous réjouissait pas plus
que ça car au présent nos préoccupations étaient toutes autres.
Sur la plage deux hommes et trois femmes plantaient des
piquets et fabriquaient des trucs dont l’utilité nous échappait.
Episode 51
La course.
C’est Anizette et Amuramon qui nous ont porté le repas de
midi. Nous étions contents pour eux car leur sort, du moins pour le moment,
était certainement plus enviable que le notre. Tout en grignotant, nous
contemplions ce qu’avaient fabriqué les Kidnapingres.
-
Drôle d’installation, C’est quoi des pièges
pour d’éventuels envahisseur ? S’interrogeait Gary.
-
On dirait plutôt un parcours…Oui, un parcours
plein d’embûches, des trous, des haies, des poutres, des arceaux…. Mais
qu’est-ce qu’ils veulent faire avec ça ? Interrogeait également Mirabelle.
-
Je ne sais pas trop mais en tout cas c’est
certainement pour nous qu’ils se sont donné tout ce mal. S’inquiétait Aline.
Les réponses à nos questions n’allaient pas tarder. En
début d’après midi, Baccardi suivit d’une dizaine de ses sbires sont descendus
sur la plage. Le capitaine à fait ouvrir la cage et du doigt à désigné Dorine
et moi puis nous a demandé de nous
déshabiller entièrement. Une fois nus il nous a fait sortir de la cage et nous
à exposé devant sa troupe.
Baccardi nous toisait jovial et derrière lui les présents
rigolaient à pleines dents de nous voir dans notre plus simple appareil et le
visage rougissant.
-
Voyez vous les mousses, je ne tiens pas à
vendre aux Crévesueurs de la marchandise dépréciée. Plus vous serez en forme,
plus vous me rapporterez et comme je vous en avais informé hier, vous deux vous
avez une sacrée côte sur le marché, une côte plutôt attractive. Les riches
Crèvesueurs vont se battre pour avoir au moins un des deux célèbres héros du
Bouchtrou comme esclave dans leurs riches demeures et ils se feront un plaisir
de vous montrer à leurs amis pour les rendre jaloux. C’est certains, les
enchères vont grimper. Alors, afin que vous ne dépérissiez pas, je vais vous
faire faire un peu de sport. Hautejamb, allez me couper quelques tiges de
Piklapo et surtout prenez des gants ! Donna-t-il l’ordre.
L’homme enfila ses gants de cuir et se dirigea vers la
végétation.
-
Je vous explique, poursuivit Baccardi, Voyez
ce parcours semé d’obstacles en tous genres, il vous faudra le faire aller et
retour le plus vite possible et pour que vous ne traîniez pas en route vous
aurez chacun derrière vous un de mes membres d’équipage qui vous activera avec
un bouquet de Piklapo. Inutile de vous décrire la douleur que procure cette
plante vous vous en rendrez compte par vous-même si toutefois vous n’avez pas
par mésaventure déjà touché leurs feuilles. Pour mettre un peu de piment, vous
aurez chevilles et poings liés et pour donner de enjeu à cette course, mon
équipage va parier sur vous et celle ou celui qui passera cette ligne en
premier, rapportera un peu de monnaie à quelques uns de mes marins.
Hautejamb était revenu avec
quatre belles tiges de Piktapo. Dorine et moi nous regardions les feuilles
jaunes avec effroi car tous ceux qui s’y étaient frottés décrivaient
l’irritation et la douleur qu’elles produisaient comme horrible. Baccardi nous
plaça sur la ligne de départ et nous attacha les chevilles en laissant un écart
d’une quarantaine de centimètres comme les gardiens le faisaient quand ils nous
accompagnaient à la fosse pour faire nos besoins, puis par devant nos poignets
mais eux bien serrés.
-
Hautejamb tu t’occuperas de driver la
demoiselle et toi second maître Bikett, tu te chargeras du jeune homme. Je vous
donne dix minutes pour les paris et ensuite je ramasse les mises !
Chapoklak tu notes ! Cria-t-il.
La dizaine de
marins était déjà tout excités et misait.
-
Capitaine Baccardi ! l’interpella
Mirabelle de la cage. Ne vous en prenez pas à eux, s’ils ont tiré sur votre
passerelle ce n’est que sous les ordres d’officiers et je suis de
ceux-là ! Dorine et Mike ne sont que des mousses qui ont appliqué ce qu’on
leur commandait de faire.
-
Capitaine Mirabelle, c’est très généreux de
votre part de prendre leur défense mais voyez-vous, Aucun officiers de
n’importe quel navire n’aurait donné un ordre aussi absurde. Le taux de
réussite est tellement insignifiant que ce n’est même pas inscrit dans les
manuels.
-
Oui… Oui bien sûr mais nous, sur le
Bouchtrou, les boulets dans les passerelles c’est notre spécialité et on forme
les artilleurs pour ! Lui répondit Mirabelle avec un brin d’ironie sachant
qu’effectivement sa tentative de défendre ses mousses avec un tel argument
n’était pas crédible.
-
Allons capitaine Mirabelle, soyez un peu
sérieuse, je ne peux pas croire à ça. Rigola Baccardi.
-
Nous leur avons donné l’ordre de tirer !
Reprit Clakett. S’ils ont détruit votre passerelle, c’est simplement un coup de
chance, ce n’est pas vous qui allez dire le contraire. On ne peut pas rendre
quelqu’un coupable d’un coup de chance.
-
Très juste maître principal ! Mais dans
le récit qu’il m’a été fait, il paraît que ces deux mousses n’étaient pas
artilleurs… Mécanos il me semble ! Et je sais parfaitement qu’ils ont pris
l’initiative de faire joujou avec la poudre et le canon sans aucun ordre. Plus
à leur charge encore, c’est qu’ils ont vraiment visé ma passerelle et que leur
réussite soit de la chance ou pas, ne retire rien à leur entière responsabilité
dans ce désastre.
-
Vous ne pouvez pas affirmer une telle chose,
vous n’y étiez pas !
-
C’est exact, moi j’étais en face ! Mais
ce que j’ai peut-être omis de vous préciser, c’est que les deux rescapés qui
m’en ont fait le récit, avait pour mission de le rapporter tel que à l’amirauté
des Vagalâmeurs. Et ceci sur ordre de votre feu capitaine qui avant de
trépasser leur avait raconté en détail l’incroyable fait d’arme des mousses Dorine
et Mike pour que celui-ci soit imprimé sur le grand livre d’histoire de votre
marine. Je ne pense pas, connaissant la droiture qu’avait ce capitaine renommé,
qu’il aurait inventé une telle histoire si elle n’était pas vraie. J’ai bien
pensé à éliminer les deux rescapés, en dehors de l’ambassade évidement, car je
ne tiens pas à finir ma vie comme galérien sur les navires impériaux, mais les
tuer aurait été un acte gratuit et une perte de temps puisque l’histoire était
déjà connue et continuait à se propager à la vitesse d’une trainée de poudre,
alors… Peut-être qu’aujourd’hui ces deux rescapés sont parvenus au Port de
Galoban pour réciter devant votre amirauté la belle chronique mais qu’elle
importance sinon que d’ajouter quelques virgules.
-
D’accord capitaine Baccardi, ces deux mousses
ont fait preuve d’initiative et de courage et moi à votre place, si j’avais
comme prisonnier deux mousses Kidnapingres qui auraient agi de même manière,
j’aurais avant tout du respect et je les traiterais avec égard.
-
Depuis quand les Vagalâmeurs font des
prisonniers ? Mais bon, admettons… Contrairement à ce que vous croyez,
j’ai du respect pour vos deux mousses parce qu’il n’en mérite pas moins !
Rétorqua sèchement Baccardi. Mais sachez aussi que par leur héroïsme c’est ma
victoire qu’ils m’ont volé, c’est mon bateau qu’ils ont détruit, c’est mon
prestige qu’ils ont jeté à la poubelle et tout ça en un seul boulet. Je Devrais
donc les tuer avec tous les honneurs et considérations dus mais je ne le ferais
pas, c’est déjà beaucoup de leur laisser la vie au regard du tord qu’ils m’ont
causé et prenez cela comme la plus grande marque de respect qu’aucun de mes
ennemis n’a bénéficié jusqu’à présent de ma part. La discussion est close, que
la course commence.
Hatejamb et Bikett ont appliqué le Piklapo sur nos fesses
pour nous signifier le top départ. La douleur fut si terrible que nous sommes
tombés à terre en hurlant sous les rires des spectateurs. Malgré la souffrance
nous nous sommes vite relevés pour ne pas ressentir une seconde fois
l’irritation de ces redoutables plantes. S’il y a une description à faire de ce
qu’on ressent avec le Piklapo ce serait peut-être la piqure de guêpe multipliée
par le nombre de feuilles qui touchent la peau.
Pour joindre le point où nous devions faire demi-tour il
y avait une centaine de mètres mais cela n’allait pas être facile et de tout
repos. Dorine avait un bon mètre d’avance à la première haie et Bikett
m’appliqua une nouvelle fois le Piklapo pour me faire rattraper mon retard.
C’était vraiment un supplice insupportable et je bondissais en hurlant de
douleur. Sur les côtés les parieurs nous encourageaient ou nous insultaient
suivant sur qui ils avaient misé.
Je me basculais sur le rondin de bois et retombais de
l’autre côté en roulade. Sur ma gauche Dorine Hurla en gigotant dans le sable,
Hautejamb usait du Pilapo pour la faire se relever. Quarante centimètres c’est
court comme débattement pour les jambes et courir était impossible. Un grand
trou dans le sable, je glissais dedans et à quatre pattes je grimpais de
l’autre côté. J’entendais Dorine répéter sans cesse « Le salaud ! Le
salaud ! Il me le payera ! » Et toujours les cris hystériques
des parieurs. Bordel il me fallait maintenant ramper sous un tunnel de bois exigu
d’environs trois mètres de long. Mal m’en prit de laisser passer Dorine.
Galanterie qui me coutait l’horrible caresse du Piklapo sur toute la longueur
de mes cuisses je me tortillais de douleur en m’introduisant de plus rapidement
possible sous le toit de bois protecteur. Les spectateurs excités jubilaient.
Les pieds de Dorine m’envoyaient des paquets de sable au
visage, je fermais les yeux et continuais de me trainer vers la sortie. Une
nouvelle barrière, Dorine restait en bascule puis tombait, Hautejambe lui
fouettait les fesses avec le Piklapo pour qu’elle se redresse, elle hurlait, il
Rigolait. De rage enfiévrée par la souffrance elle lui a bondi dessus les deux
mains sur son visage en tentant de lui arracher le nez ou les yeux. Hautejamb
tomba en arrière en essayant vainement de se défaire d’elle.
-
Je vais te faire crever ! Lui hurlait
Dorine en lui écorchant le visage de ses ongles.
Sur ordre de Baccardi, Deux marins les séparèrent.
Hautejamb avait les joues lacérées.
De mon côté à genoux dans le sable je fixais Bikett dans
les yeux mais cette dernière ne semblait pas craindre de ma part une identique
rébellion.
-
Tu te la joue parce que je suis entravé, que
je la provoquais agressivement en mettant de côté l’horrible douleur de mes
fesses et cuisses. Détaches-moi, donne-moi un sabre et je vais te démontrer que
tu ne vaux pas grand-chose petite branleuse !
Elle se contenta de ricaner en secouant devant mes yeux
son bouquet de Piklapo.
Baccardi avait dégainé son sabre et de la pointe menaçait
la gorge de Dorine.
-
Ecoute bien demoiselle, j’ai dit que je ne
vous tuerais pas mais ne m’oblige pas à trahir ma parole. Alors maintenant tu
te remets dans le parcours et tu continues !
Dorine ne bougeait pas d’un
Pouce en fusillant du regard Baccardi. Ses jambes tremblaient par les douleurs
laissées par le Piklapo.
-
Dorine ! Que je lui criais. Viens, on va
la finir leur course de merde, viens, sinon il va t’égorger !
Elle baissa les yeux et
revint dans le tracé.
Hautejamb le visage sanguinolent fut remplacé par le
nommé Radukou et Baccardi donna le signal de poursuivre sous les cris
d’allégresse des spectateurs.
C’était reparti avec un nouveau départ au Piklapo. Encore
un fossé, un slalom entre des gros piquets verticaux puis une poutre d’au moins
cinq mètres de long à cinquante centimètres du sol avant le demi-tour.
Marcher à tout petit pas en équilibre avec les mains
entravées, c’est du domaine de l’exploit. Trois fois je tombais et autant de
fois je devais me remettre sur la poutre poussé par la brûlure du Piklapo.
Derrière moi, j’entendais les plaintes de Dorine qui devait également se faire
martyriser. Encore une longueur, je n’en pouvais plus, j’avais des difficultés
à respirer, les gouttes de sueur m’aveuglaient. Mes fesses et mes cuisses
n’étaient qu’une infernale calamité. A force de tirer sur la corde de mes
chevilles ma peau en était écorchée. Dorine avait maintenant un peu d’avance,
Bikett écumais de jubilation en m’appliquant les plantes pour me faire aller
plus vite. Tant bien que mal j’avançais et maintenant nous étions avec Dorine
épaule contre dans les derniers mètres.
Les parieurs s’étaient massés autour de la ligne
d’arrivée. Nous nous sommes regardés et sans aucune parole échangée nous avons
eut la même idée et c’est exactement d’un même pieds que nous avons passé la
ligne d’arrivée pour juste après nous écrouler dans la sable avec
l’insoutenable morsure bouillonnante du Piklapo qui continuait à nous faire
horriblement souffrir.
Il y eut un cout moment de silence chez les parieurs
puis :
-
C’est le gars, oui, oui, oui, c’est le gars
qui est passé en premier ! affirmait Glassalo en trépignant et réclamant
son gain à Baccardi.
-
Non c’est elle qui à mordu la ligne en
premier ! Contesta la seconde du capitaine.
-
Non, non c’est lui j’en suis sûr !
Répliqua Jambanboi.
S’en suivit un concert de cris, de contestations et un
début d’échauffourée. Baccardi tira un coup de pistolet en l’air pour calmer
tout le monde.
-
Moi ce que j’ai vu c’est qu’ils ont passé la
ligne exactement en même temps et comme je suis le seul à avoir parié sur les
deux, c’est moi qui empoche tout. Quelqu’un a-t-il un avis différent ?
Demanda-t-il avec la main sur la poignée de son sabre.
Silence dans les rangs
-
Glassalo et Fassovent détachez et remettez
ces deux là dans la cage.
Le nommé Hautejamb, visage en sang, s’approcha de Dorine
sabre hors de son fourreau.
-
Minute capitaine ! La fille est à
moi ! Eructait-il en levant son arme sur Dorine.
Baccardi s’interposa en dégainant son sabre.
-
Que veut dire ce comportement Hautejamb, tu
oses revendiquer la vie de ma prisonnière qui à le plus de valeur
marchande ? Aurais-tu trop bu ?
-
Celle là est à moi, elle m’a défiguré et fait
perdre 100 carrés de bronze. Alors capitaine écartez-vous de mon chemin sinon…
-
Sinon quoi ? Demanda Baccardi les yeux
injectés.
Hautejamb attaqua, Baccardi para le
coup. Les lames d’acier s’entrechoquèrent dans un éclat d’étincelles. Le duel
ne dura pas plus de dix secondes, Baccardi avait frappé juste, Hautejamb
titubait les yeux dans le vague. Une profonde entaille en diagonale de la
poitrine à la hanche versait son sang sur le sable. L’homme recula de quelques
petit pas en essayant de prendre d’ultimes bouffées d’air puis, Baccardi
l’acheva d’une balle en plein milieu du front. hautejamb s’écroula sans vie.
Baccardi enfonça sa lame dans le sable
pour l’essuyer du sang puis la remis dans son fourreau. Son visage ne marquait
aucune émotion.
Il regarda ses
marins un par un puis :
-
Moi seul est en droit de disposer de la vie
de mes prisonniers, j’espère m’être bien fait comprendre !
Aucun n’ouvrit la bouche et leur silence traduisait une
totale soumission.
-
Glassalo et Fassovent, il me semble vous
avoir donné un ordre ! Tonna Baccardi.
-
Oui capitaine !
-
Radukou et maitre Patapin, balancez-moi ce
crétin à la flotte, les crabes vont se régaler.
-
A vos ordres !
-
Jambanboi et Becanbiai vous restez de garde,
je vous ferais relever dans trois heures !
-
A vos ordres !
Baccardi est reparti au camp sans un regard en arrière.
Une fois dans la cage, Mirabelle, Clakett, Aline et Gary
nous entourèrent. Ils ne pouvaient rien pour nous et l’infernale irritation du
Piklapo nous arrachait des larmes et des plaintes.
-
Il y en a encore pour plus d’une heure avant
que ça se calme. Dit Aline en collant la tête de Dorine sur sa poitrine.
-
Une heure ! Par les grands ours des
montagnes c’est horrible ! S’exclama Gary.
-
Pire que le Piklapo il n’y a pas. Ajouta
amèrement Mirabelle.
-
Baccardi est un sadique ! Jugeait
Clakett en tentant de me consoler.
-
Un sadique et un tricheur, il a ramassé tous
les gains alors qu’il n’avait même pas parié. Ajouta Aline avec mépris.
-
Regarde-moi ça ils ont les jambes et les
fesses couvertes de boutons. S’apitoyait Gary.
-
En tout cas ce salaud de Hautejamb a eut son
compte ! Dit Dorine entre deux pleurs.
-
Un de moins ! estima Mirabelle.
-
Aspirante Aline, êtes-vous certaine qu’il n’y
a rien à faire pour eux ? Interrogea Gary.
-
Non hélas, je n’aie rien ici, tout est dans
l’infirmerie. Le seul réconfort que nous pouvons leur donner, c’est de les
soutenir en attendant que ça passe mais c’est bien maigre.
-
Une dizaine de minutes plus tard Lady Dark
accompagnée d’un Kidnapingre demanda à ce qu’on lui ouvre la cage.
-
Qui à autorisé cela ? Demanda un des
gardiens en faisant barrage.
-
Ordre du capitaine ! Répondit
l’accompagnateur en tendant un petit bout de papier au gardien.
Ce dernier le consulta rapidement puis ouvrit le cadenas
qui bloquait la chaîne. Lady Dark entra et tendit à Aline une petite boite en
bois précieux.
-
Tiens Aline, c’est ton gel… C’est pour Dorine
et Mike. Dit-elle effrayé de nous voir nous tordre de douleur.
-
Merci Lady Dark ! Merci ! Vite
enlevez le sable qui colle à leurs fesses et cuisses que je leur applique ce
gel apaisant ! Commanda l’aspirante en débouchant la boîte.
-
C’est efficace ? Demanda Clakett.
-
Un peu… ça réduit de moitié les irritations
et dans le cas des Piklapo c’est déjà beaucoup. Lui répondit-elle en commençant
à masser Dorine.
-
Lady Dark, c’est Baccardi qui t’a
envoyé ? Questionna Mirabelle avec étonnement.
-
Oui ! Il à fouillé dans l’infirmerie, à
trouvé ce gel et m’a dit de vous l’apporter.
-
Monsieur Baccardi aurait-il des
remords ?
-
Je n’en sais rien, il m’a juste dit de vous
l’apporter c’est tout.
-
Merci Lady Dark !
-
Ce soir je vais essayer de vous faire quelque
chose de bon mais ce n’est pas facile avec eux, ils se goinfrent et ne laissent
pas grand-chose.
-
Fait pour le mieux mais surtout ne prend pas
de risque. Lui conseilla Mirabelle.
-
J’ai plutôt intérêt à me tenir tranquille
parce que je peux te dire que ce matin j’ai passé un mauvais quart d’heure.
-
Oui, on a vu le résultat.
-
Ho les pipelettes, c’est fini le bavardage,
on referme ! Hurla l’accompagnateur en saisissant sans ménagement Lady
Dark pour la sortir de la cage.
Pour Dorine et moi, après avoir été bien pommadé, la
douleur devenait presque supportable et nous avons remis nos vêtements. Nos
chevilles étaient râpées par la corde mais les blessures étaient très
superficielles.
-
Ben nous voilà célèbres dans tous les ports
maintenant. Dit Dorine en essuyant ses larmes.
-
Tout ça pour un tir dans la passerelle de
Baccardi et en plus ce n’était même pas notre idée. Que j’ajoutais.
-
Comment ça pas votre idée ? S’étonna
Gary.
-
Mike à raison, c’est un artilleur qui nous a
dit de viser la passerelle.
-
Mais quel artilleur, quel était son
nom ? Réclama Mirabelle.
-
Balablen je crois et son copain je ne m’en
souviens pas. On ne les connaissait surtout que de vue. En tout cas c’est lui
qui devrait avoir une médaille. Que je répondais en me grattant la cuisse qui
me lançait le plus.
-
Ne te grattes pas Mike sinon ça va être pire.
Me conseilla Aline.
-
Qui a tiré, vous ou cet artilleur ? Nous
interrogea Mirabelle.
-
C’est bien nous qui avons chargé, réglé la
hausse et tiré mais c’est lui qui nous disait comment faire. Répondit Dorine.
-
Cet artilleur est mort je suppose. Demanda
Gary.
-
C’est sûr, il est tombé avec le canon.
-
Cela ne retire rien à votre bravoure. Le
premier maitre Rolin avait raconté au capitaine que c’était de votre propre
initiative que vous aviez remplacé les artilleurs blessés.
-
Ça c’est vrai ! Affirma Dorine.
-
Et bien dans ce cas il n’y a rien de changé,
vous êtes des héros ! Trancha Mirabelle en nous lançant un clin d’œil.
Episode 52
Réjouissances à bord (Aline).
C’est une nouvelle fois Anizett et Amuramon qui ont
apporté le dîner.
Beaucoup plus tard alors que la nuit était tombée,
Baccardi vint nous rendre visite. Il entra dans la cage et se posa sur le sable
devant Dorine et moi une main sur la crosse en argent de son pistolet. Il nous
fixa un bon moment puis :
-
Le baume de votre aspirante était-il
efficace ? Nous demanda-t-il.
-
Oui capitaine ! Mais le plus efficace
c’est de ne pas nous faire frotter avec le Piklapo ! Que je lui répondais
ironiquement.
-
Et pour ne pas passer au Piklapo, vous auriez
bien été intentionnés de ne pas tirer au canon sur mon navire. Me renvoya-t-il
sur le même ton.
-
Et si ma grand-mère en avait, on l’aurait
appelé grand-père ! Répliqua Dorine.
Baccardi esquissa un sourire.
-
Quel Dommage que vous soyez des
Vagalâmeurs ! Dit-il en soupirant. Chez les Kidnapingres vous ne seriez
pas restés mousses longtemps. Vous avez vraiment du cran et dans mon équipage
vous auriez vite été officiers. Reposez-vous bien, demain nous avons encore
quelques réjouissances pour vous. Dit-il en se relevant. Pour vous tous !
Ajouta-il en quittant la cage.
Juste avant de repartir vers le camp, il donna l’ordre à
deux de ses marins d’aller sur le Klakoven, de ramener une bâche et de couvrir
le toit de la cage.
-
Il va recommencer à nous tourmenter
demain ! Ha non, je ne tiendrais pas longtemps ! Il faut qu’on
s‘évade ! Nous chuchotait Dorine.
-
Nous sommes tous d’accord mais faudrait-il
d’abord en avoir les moyens. Lui retourna Clakett.
-
Inutile de s’énerver davantage, pour le
moment nous ne pouvons rien faire alors dormons ! Commanda Mirabelle.
C’était une bonne chose d’avoir recouvert notre cage d’une
bâche car au lever du jour il pleuvait fort.
Profitant d’une petite accalmie, Lady Dark nous apporta
notre petit déjeuner.
-
Ça va ? Lui demanda Mirabelle.
-
Oui, je ne peux pas me plaindre, Baccardi me
traite bien et il ne m’oblige pas à dormir dehors attachée comme ces pauvres
Anizette et Amuramon. Faut dire que c’est un gourmand alors il me ménage. Je
crois qu’en dessous de sa carapace, se dissimule un autre homme.
-
C’est possible mais permets-moi d’en douter.
Par hasard est-ce que sa carapace t’a
parlé de ce qu’il nous réservait aujourd’hui ? L’interrogea Gary d’un ton
persifleur.
-
Non ! Répondit-elle juste avant que le
gardien la sorte brutalement de la cage.
En milieu de Matinée Baccardi vint nous rendre visite.
Cette fois, il n’entra pas et se contenta de nous parler à travers les barreaux
de bois.
-
Comme vous pouvez le constater, le temps
n’est pas au beau fixe ce matin et c’est une chance pour vous car je reporte
les festivités. Espérons que cet après-midi le ciel se découvre car j’ai
préparé un beau petit programme pour vous capitaine Mirabelle, pour vous
Aspirante Aline et bien entendu pour les mousses Dorine et Mike qui sont mes
vedettes préférées. Ironisait-il. Quand à vous, maître Principal Clakett et
maître Gary, vous bénéficiez de ce contre temps causé par la pluie mais ne vous
réjouissez-pas trop vite car vous entrerez en piste après demain matin
accompagnés évidement par les mousses Dorine et Mike dont on ne saurait se
passer. Demain après midi je vous présenterais à l’Inquêteur et peut-être que
l’une ou l’un d’entre vous sera libre et délivré de ma vengeance. Sur ce je
vous laisse. Au-revoir mesdames et messieurs. Acheva-t-il en s’éloignant à
grands pas en direction du camp.
-
Ses vedettes préférées ! Tu parles, il
veut nous faire crever à petit feu ! que j’enrageais en tapant des coups
de pieds dans les barreaux.
Un des deux gardiens, un
grand et costaud, s’approcha avec son visage mal rasé et son chapeau déformé
par l’humidité.
-
Si tu continues à te passer les nerfs sur la
cage moi je me passe les miens sur toi. me menaça-t-il.
-
Ha oui !... Et bien ouvre la porte
qu’attends-tu ! Que je le provoquais.
-
Tu ne tiens donc pas à la vie ? Me
dit-il en ricanant.
-
Des mecs comme toi, c’est juste pour mon
entrainement alors si tu as des couilles tu me fais sortir et dans pas plus de
cinq minutes tu iras nourrir les crabes.
-
Mousse Mike arrête ! M’ordonna
Mirabelle.
-
Ouais mousse, écoute donc ta nounou ! Se
moqua le gardien.
J’attrapais une poignée de sable et à travers la grille
je la lui balançais au visage. Il se recula en plaquant ses deux mains sur ses
yeux.
-
Le petit batard ! Je vais te tuer !
Je vais te tuer ! Hurlait-il en dégainant son sabre les yeux en larmes.
Le deuxième Gardiens intervint.
-
Vous êtes complètement dingo maître
Patapin ! Vous savez ce qu’a dit le capitaine ? Rangez-moi ce
sabre !
Patapin jeta de rage son arme sur le sol car il savait
que son subalterne avait raison.
-
Merde de merde ! J’ai les yeux en
feu ! Il me le paiera, il me le paiera ! Hurlait-il.
-
C’est ça mais un autre jour et maintenant
vous vous calmez si vous ne voulez pas finir comme Hautejamb. Le tonnelet est
là-bas, allez vous rincer les yeux ! On fera notre rapport après la garde.
Lui conseillait son acolyte.
-
Hé ouais Patapin, écoute ta nounou et va te
rincer le museau et moucher ton nez que je lui envoyais d’un ton railleur.
A ce moment là Clakett m’envoya une belle claque sur la
cuisse Ce qui étonna l’autre gardien. Il rigola.
-
Ça te fait rire ? Toi aussi tu veux
manger du sable ! Que je lui hurlais en ramassant une autre poignée.
L’homme se recula de trois pas sans pour cela perdre sa bonne humeur.
-
Ça suffit mousse Mike ! Qu’est-ce qui te
prends de faire ça ? M’attrapa Clakett en m’envoyant de l’autre côté de la
cage.
-
J’en aie marre voilà tout, marre !
marre ! marre ! que j’enrageais en me frottant la cuisse.
-
La prochaine fois que tu provoques un gardien
Mousse Mike, je te colle une fessée déculottée devant lui ! Me menaça
Mirabelle à voix basse.
Dorine qui avait entendu s’approcha du capitaine
et :
-
Une fessé déculottée ? Mmmmm, je crois
que je vais tout de suite titiller le gardien.
-
Ha non tu ne vas pas t’y mettre
aussi ?!!! S’exclama Mirabelle en colère.
-
Mais non capitaine je plaisante.
Mirabelle revint vers moi et posa une main sur mon
épaule.
-
Je te comprends Mike mais ça ne sert à rien
ce que tu fais.
-
Vous vous rendez compte capitaine que ce
malade de Baccardi va nous torturer pendant des jours. Moi je ne le supporterai
pas.
-
Ecoute Mike, je te jure que si nous avons la
moindre occasion, on tentera notre chance, alors ressaisis-toi, observes et
réfléchit. D’accord ? Me chuchota-t-elle.
-
D’accord capitaine ! Que je lui
répondais plus pour lui faire plaisir que d’être réellement convaincu de la
tactique.
Hélas pour nous le soleil était revenu en début
d’après-midi. La chaloupe ne cessait de faire l’aller et retour entre le
Klakoven et la plage pour charger en vivre, il ne faisait nul doute que demain
ou après demain nous appareillerons pour le territoire des Crèvesueurs.
Un peu plus tard,
Baccardi fit ouvrir la cage et demanda à Mirabelle, Aline, Dorine et moi de
sortir. Quatre fusils nous pointaient et nous n’avions d’autre choix que
d’obtempérer docilement.
Nous prîmes place dans la chaloupe et Baccardi nous
invita Dorine et moi à ramer jusqu’au navire. Six personnes étaient vraiment un
maximum dans cette petite embarcation mais s’il n’y avait que Baccardi et sa
seconde avec nous, Dorine et moi avions sur la tête le canon de leurs pistolets
histoire de nous décourager de tenter quoi que ce soit.
-
Alors mousse Mike, on m’a rapporté ce matin
que tu avais molesté un de mes hommes ? M’interpella le capitaine
Baccardi.
-
C’est de sa faute, moi j’avais juste envie de
faire un château se sable avec lui et il n’a pas voulu. Que je lui répondais
avec un petit sourire en coin.
-
Ha, ha, ha, ha ! Et il a de la répartie
avec ça ! Rigola-t-il. On va voir si tu vas garder ton sens de l’humour
cet après-midi et ce soir ! Rame
donc un peu plus fort !
Quand nous avons abordé le Klakoven un comité d’accueil
nous attendait et la joie se lisait déjà sur leurs visages. Une fois sur le
pont Baccardi nous annonça la première réjouissance devant une bonne quinzaine
de ces marins.
-
Ce soir, Lady Dark m’a promis de faire du
lapin de mer à sa manière. Bonne cuisinière qu’elle est, je ne peux douter un
seul instant que ce plat ne sera pas un vrai régal. Mais voilà, nous n’avons
pas de lapin de mer en réserve et nous devons donc aller les pêcher. Nous
allons nous éloigner un peu de la côte car avec les serpents rouges qui rôdent
en eau peu profonde, les lapins de mer ne viennent pas. Vous n’ignorez pas la
méthode de pêche, un bon quartier de viande suspendu au dessus de l’eau et un
harponneur. Dommage nous n’avons pas de viande et j’ai fait l’erreur de donner
hier le cadavre de Hautejamb aux crabes. Nous n’avons donc aucun appât alors
j’ai pensé que l’aspirante Aline en ferait un excellent. Les appâts vivants
sont beaucoup plus efficaces. Riait-il de toutes ses dents.
Aline fut immédiatement
saisit par deux hommes.
-
Capitaine Baccardi ! S’emporta
Mirabelle. Vous savez très bien qu’il y a une chance sur deux pour qu’elle soit
gravement mutilée !
-
Vous doutez de mon harponneur capitaine
Mirabelle ? répondit-il en présentant le jeune homme. Je vous assure que
quand il n’est pas ivre c’est le meilleur de tout l’océan.
Le jeune homme qui préparait
ces harpons acquiesça d’un signe de tête. Il ne devait pas avoir plus d’une
vingtaine d’années. Ses bras nus étaient bien sculptés et ses yeux bleus
semblaient cibler tout ce qu’il regardait.
-
Capitaine Baccardi je vous en prie !
Suppliait Mirabelle.
-
Oh que j’adore ça qu’on me supplie.
Jubilait-il. Voyons… 23 membres d’équipage plus vous et moi il faut bien 1
lapin et demi. Disons trois ça nous fera de la réserve. Tu te sens capable de
me piquer trois lapins Poirovin ?
demanda-t-il cyniquement au harponneur.
-
Je suis prêt capitaine ! Répondit ce
dernier.
-
Parfait, tout le monde à son poste, on
appareille et on s’éloigne de deux ou trois milles ! Commanda Baccardi.
-
Vous allez la tuer, vous aller perdre de
l’argent ! Lui hurlait Mirabelle pour lui faire changer d’avis.
-
Effectivement, si cette pauvre aspirante
Aline y reste je perdrais un peu d’argent mais avec ce que vont me rapporter
les deux mousses je peux me permettre un petit risque. Et puis, à quel beau
spectacle allons-nous assister. Se divertissait d’avance Baccardi.
-
Capitaine Baccardi ne faîtes pas ça, vous
savez que ce n’est pas qu’un petit risque. Adjurait Mirabelle.
-
J’ai entièrement confiance en mon harponneur…
Se contenta-t-il de dire.
-
Capitaine, je prends la place de
l’aspirante !
-
Oh que c’est beau ce dévouement ! Oh que
j’adore ! Mais il n’en est pas question, vous valez plus cher qu’elle.
Becambiai, Fassovent, mettez là à poil ! Radukou, Glassalo, second maître
Bikett et Pissdebou, enfermez les trois autres où vous savez.
-
Hey capitaine Baccardi ! L’interpella
Dorine. Vous avez tord, Si l’aspirante est blessée je vous jure que je vous
ferais un jour avaler un lapin de mer encore vivant.
Baccardi éclata d’un rire sonore suivit du rire collectif
de tout l’équipage présent. Il s’approcha de Dorine lui attrapa les cheveux et
l’obligea à se mettre a genoux.
-
Ce jour là n’arrivera jamais petite mousse
téméraire. Jamais ! tu as bien compris ?
-
Aaaaaïeeeee ! Oui ! Haaaaa !
Oui capitaine !
-
Parce que je vais tout les deux, toi et ton
ami, vous casser, vous réduire, vous rendre plus doux que des agneaux et quand
je vous vendrais vous ne serez plus que de petits esclaves soumis ! Me
suis-je bien fait entendre mousse Dorine ?
-
Haaaïeeee ! Oui capitane !
Il relâcha ses cheveux.
-
En attendant ce jour, vous allez tous les
trois être aux premières loges pour le spectacle ? Emmenez-les !
Ordonna-t-il.
On nous poussa dans un petit compartiment d’artillerie.
Un sabord était ouvert et son canon avait été déplacé et amarré sur le côté
pour nous permettre de regarder sans être gêné. Pissdebou nous enchaina d’un
pied chacun à un anneau.
-
Amusez-vous bien ! nous dit-il en
repartant sur le pont.
Un peut plus tard le Klakoven mettais en panne et se
laissait dériver. Au dessus de nous on entendait les préparatifs de la pêche.
Ils installaient la chèvre et nous imaginions déjà l’état moral de la
malheureuse Aline.
Au bout d’un moment le capitaine Baccardi demanda à son
harponneur de se mettre en place sur la petite plateforme de tir qui se
trouvait fixée sur le côté de la coque. Peu après nous vîmes Aline suspendu à
deux mètres au dessus du niveau de l’eau. Deux petits mètres c’est très peu,
beaucoup trop peu, les lapins de mers peuvent sauter plus haut que ça. Ses yeux
scrutaient avec effroi la surface de la mer. Radukou balança par-dessus bord
des déchets de repas pour appâter. De notre sabord nous assistions impuissants
et quand le corps d’Aline se tournait vers nous on ne pouvait que lui adresser
un petit sourire et quelque bisous qu’on soufflait vers elle. Cinq, dix
minutes, peut-être moins peut-être plus quand l’animal s’est éjecté de l’eau
les crocs en avant. La pauvre Aline poussa un cri d’horreur en relevant les
jambes.
Le harponneur n’avait pas raté sa cible et la première prise était
rapidement remontée à bord accompagnée des cris de joie de l’équipage. Aline
tremblait, les larmes coulait, la peur ravageait son visage. Elle se balançait
pour ne pas offrir une proie statique.
Le sang du premier lapin de mer tué allait attirer les
autres et en nous penchant nous pouvions entrevoir le harponneur prêt à tirer
qui inspectait le moindre mouvement d’eau.
De longues minutes d’attente, de trop longues minutes…
Puis un deuxième lapin gueule grande ouverte. Je fermais les yeux. Des cris
encore, une nouvelle fois le harponneur avait fait mouche et nous soupirions
tous de soulagement.
Aline regardait vers le ciel comme si elle en attendait
du secours. Tout son corps tremblait, la sueur perlait et les efforts pour se
balancer usaient ces forces. Encore un, juste un… Pourvu que le harponneur ait
toujours une bonne main. Depuis une quinzaine de minutes il ne se passait plus
rien, cette attente était déjà insoutenable pour nous alors je pouvais imaginer
le supplice d’Aline qui ne cessait de tourner son regard affolé dans tous les
sens.
Un remous l’animal à faim, il saute, le harpon le pique à
l’arrière train en lui arrachant toute la queue et un morceau de cuisse, il
part en vrille détourné de sa trajectoire. Ses crocs ont effleuré la hanche
d’Aline qui hurla toute sa frayeur. Le
carnassier retomba à l’eau pour être instantanément dévoré par ses congénères.
C’était la curée. Baccardi a fait remonter Aline et tirer au fusil pour les
éloigner car le risque quand ils sont trop groupés c’est qu’ils bondissent à
plusieurs sur une même proie et un
harponneur seul ne peut en piquer qu’un à la fois. Les balles sont
inefficaces contre les lapins de mer, elles blessent superficiellement mais par
la douleur occasionnée le lapin fuit. Nous entendions l’Aspirante invectiver et
supplier. Nous entendions aussi les rires de l’équipage excité.
Baccardi attendit un bon moment que les eaux se calment
puis fit redescendre Aline à bonne hauteur. L’attente ne fut pas longue et
cette fois le harpon transperça de part en part le cou du carnassier. Derrière
moi, Dorine s’écroula sur le plancher en fermant les yeux.
-
C’est fini… Fini, elle est toujours
entière ! Disait-elle entre deux longues respirations.
-
Ouais c’est fini pour elle et maintenant ça
va être notre tour. Que je lui répondais.
-
Que nous a-t-il réservé ce malade
mental ? Se demandait Dorine en se relevant.
-
L’important c’est qu’Aline s’en soit sorti
sans une égratignure. C’est vrai qu’il est très bon son harponneur. Estima
Mirabelle.
La porte du compartiment s’ouvrit. On nous libéra de nos
chaînes puis on nous conduisit sur le pont.
Aline était allongée sur le bois. Complètement harassée,
tremblante et en larmes par la terrible épreuve qu’elle venait de subir.
Patapin jeta sur elle ses vêtements.
-
Habilles-toi pétasse on t’a assez reluqué.
Lui dit-il.
Baccardi se plaça devant nous en affichant un grand
sourire satisfait.
-
Alors, vous voyez capitaine Mirabelle, saine
et sauve grâce à l’habileté de mon harponneur. Je veux vous entendre lui dire
merci.
-
Merci monsieur ! S’exécuta Mirabelle.
Le jeune homme, fier de lui se redressa et gonfla son
torse en toisant superbement Mirabelle.
-
Bien !... Maintenant nous allons nous
occuper de vous, Mais avant nous allons revenir au mouillage et livrer les
lapins à Lady Dark.
L’équipage borda la voile et l’évent du souffleur cracha
le vent.
-
Granpeti, prépare les cibles sur la plage
arrière !
-
A vos ordres capitaine !
Un peut plus tard Le klakoven jetait l’ancre en face de
la plage. Les trophées de chasse et Aline tout juste remise de ses émotions
furent chargé dans la chaloupe. Le capitaine nous fit conduire sur la plage
arrière ou étaient suspendues deux drôles de cibles et un tabouret monté sur un
caisson. Une douzaine d’hommes et femmes d’équipage se répartirent le long du
bastingage et Baccardi s’installa confortablement dans un luxueux fauteuil. Il
regarda vers le ciel dégagé puis satisfait, nous dit :
-
Nous avons vraiment de la chance cet après-midi ;
du soleil, du soleil et encore du soleil.
D’un regard il fit un tour d’horizon, rajusta son foulard
sur sa tête et nous demanda de nous déshabiller entièrement sous les
applaudissements ravis des spectateurs. Inutile de contester, nous n’avions que
le choix d’obtempérer. Becanbiai ramassa nos vêtements et les jeta en boule
derrière le fauteuil du capitaine.
-
Comme je vous comprends capitaine Mirabelle…
Comme ça doit être humiliant pour un officier de la marine Vagalâmeur de
s’exposer nue devant un équipage Kidnapingres. Mais pour moi vous n’êtes qu’une
denrée à vendre. Si je vous appelle encore capitaine c’est par pur compassion.
-
Ce manque de savoir vivre ne vous honore pas
capitaine Baccardi. Lui retourna Mirabelle.
-
Poirovin et Fassoven attachez la au
tabouret ! Ordonna Baccardi.
Notre capitaine se laissa courber et lié. Ça nous
remontait les trippes de voir Mirabelle traitée ainsi mais ni Dorine ni moi ne
pouvions faire quelques chose contre ? Baccardi m’appela à lui et ma
copine fut mise de coté.
-
Et toi mousse Mike, ça ne te fait rien d’être
à poil devant tout le monde ? Me posa-t-il la question.
-
Je commence à m’habituer et en plus il fait
chaud alors… Que je lui répondais en essayant de ne pas lui montrer que ça ne
m’amusait pas du tout.
-
Je vois que tu as encore un peu de répondant.
J’adore ! Mais dans quelques jours tu seras beaucoup plus docile,
crois-moi.
-
Peut-être. Répondais évasivement.
Baccardi rigola et :
-
Vois-tu ces deux cibles mousse Mike ? Me
demanda-t-il en me montrant les objets alignés et suspendus à 1m50 du sol.
Je les regardais en détail. Elles étaient en bois d’au
moins un mètre de diamètre. La première était imprimée de quatre cercles concentriques.
Celui du milieu, le plus petit, était inscrit d’un zéro. Le second, légèrement
plus important, du numéro deux. Le troisième encore de plus grande surface, du
numéro cinq et le dernier qui marquait la plus grande circonférence restante,
du numéro quinze.
La cible suivante était divisée en camemberts et dans
chaque compartiment était dessiné un instrument qui ne laissait aucun doute sur
son utilisation. Un martinet, une cane, un paddle en bois et un tronçon
de corde effiloché plus couramment appelé « garcette ». Il y avait
également un camembert nettement plus petit que les autres où était dessiné un
fouet.
-
Sais-tu lancer le couteau mousse Mike ?
m’interrogea Baccardi en manipulant trois dagues.
-
Heu, non capitaine !
-
Comme c’est dommage ! Pourtant il va
falloir t’y mettre. Je vais t’expliquer le jeu : Dans la première cible,
tu as le droit à trois lancers à cinq pas et à la fin on additionnera les
points qui équivaudront au nombre de coups que ton capitaine va recevoir sur sa
belle croupe. A toi donc de faire le minimum si tu as un peu d’estime pour
elle. Bien entendu, seules les dagues plantées comptent et tu recommenceras
jusqu’à ce que les trois y soient. Pour la deuxième cible, je pense que tu as
compris que c’était le choix de l’instrument avec lequel elle sera châtiée. Un
seul tir planté suffira. Petite précision mousse Mike, Comme je commence un peu
à connaitre ton tempérament, je vais te donner un très très bon conseil.
Surtout, une fois que tu auras ses lames en main, ne t’avise pas de viser autre
chose que ces cibles ou tu connaîtras l’enfer et quand je dis l’enfer le mot
est faible car même si tu réussissais à me tuer, ma seconde et fidèle Chapoklak
s’occuperait cruellement de toi et tes derniers jours de ton existence avant
que la mort te délivre seraient les plus horribles que tout ce que tu peux
imaginer. Chapoklak est une spécialiste qui peut torturer atrocement pendant
plusieurs jours. As-tu bien entendu mousse Mike ?
-
Oui capitaine !
-
Alors prends ces dagues, places-toi à cinq
pas des cibles et commence ! Me tendait-il les armes en me fixant d’un œil
très attentif.
Episode 53
Réjouissances à bord (Mirabelle).
Je me saisissais les lames en tremblant puis comme il
m’avait dit je comptais cinq grands pas. Radukou traça un trait au sol pour
marquer l’endroit. Bordel, je n’avais jamais lancé un couteau de ma vie… Je
levais le bras et sur mon côté droit je remarquais que Baccardi était prêt à
s’éjecter du fauteuil. Ce n’est pas l’envie qui me manquait mais avais-je
vraiment une seule chance de l’atteindre et quand bien même, à quoi cela
servirait-il que d’aggraver sérieusement mon cas sans pour cela que le sort de
mes compagnons soit changé. Je croyais Baccardi sur parole, cette Chapoklak
devait être une perverse sadique, ses yeux féroces en témoignaient et je n’avais
aucune envie qu’elle exerce son savoir faire sur moi. J’étais persuadé que ces
jeux vicieux qu’on nous faisait subir étaient de son invention.
Je replaçais mon regard vers la cible et envoyais la
première dague qui cogna le bois par le manche et tomba sur le parquet. Grand
rire général.
-
Continue mousse Mike, Je ramasserais après.
Me dit Baccardi moqueur.
Deuxième lancé, la pointe s’est plantée mais trop en
biais, la dague est retombée. Troisième essai, la dague cogna le bois à plat et
rejoignit les autres au sol. Les spectateurs se tordaient de rire.
Baccardi se leva, ramassa les trois dagues et vint se
placer à côté de moi.
-
Je vois que tu n’es pas très doué. Riait-il.
Vois-tu mousse Mike pour le lancer de couteau il faut avoir le bras et la main
souple. Tu prends le bout de la lame entre tes doigts et, à cette distance, la
dague ne dois faire que trois-quarts de tour pour que la pointe se fiche bien
droite dans le bois comme ceci.
Il lança et la dague se piqua bien au centre dans le tout
petit cercle marqué zéro. De nouveau, avec des gestes bien décomposés pour que
je visualise la technique, il lança la deuxième qui se planta juste à côté de
la première sans déborder du cercle central. Il tira la dernière dans le numéro
deux sous les applaudissements de son équipage.
-
Tu vois mousse Mike, ce n’est pas plus
compliqué que ça et si tu vises aussi bien que moi, ton capitaine n’aura pas
trop à souffrir. Rigolait-il en allant rechercher les dagues.
C’était à mon tour et j’essayais de répéter ces gestes. Encore
manqué, la dague toucha la cible à plat.
-
Plus souple le bras et la main ! Ne fais
pas tourner trop vite la dague. Juste trois-quarts de tour. Continue !
M’encourageait Baccardi de son fauteuil.
Je m’appliquais, en espérant que si la lame piquait bien
dans le bois ce soit dans le zéro ou au pire dans le deux. De toute façon, Baccardi
était décidé à ce que ce jeu aille à son terme alors autant que ça se termine
le plus vite possible. J’avais enfin réussi à planter, un peu de travers mais
bien planté quand même.
-
Cinq ! Bravo mousse Mike ! Ce n’est
pas si mal que ça pour un débutant. Ironisait Baccardi.
Dernière dague… Encore le manche. Le capitaine se leva
tranquillement et me rapporta les deux dagues en m’invitant à me concentrer
davantage si je ne voulais pas qu’il me donne quelques coups de fouet qu’il
avait pris en main. Cette fois je piquais presque droite les dagues mais hélas,
une aussi dans le cinq et l’autre dans le quinze.
Baccardi me félicita cyniquement des vingt-cinq points
obtenus en m’invitant à tirer dans la seconde cible pour déterminer
l’instrument de châtiment qui allait être employé. Mon premier lancé fut un
total échec puisque je ratais complètement la cible. L’équipage rigolait en se
tapant sur le ventre. Radukou rapporta la dague en précisant qu’elle s’était
plantée plus loin dans le couvercle du compas. Baccardi m’envoya un coup de
fouet sur le côté de ma cuisse droite. Il avait juste déployé le cuir sans
aucune force mais l’impact était déjà bien douloureux et je me pliais en me
frottant la cuisse.
-
Tu vois mousse Mike, cet instrument de
châtiment est terrible ! Imagine si je t’avais donné un vrai coup de
fouet… Alors si tu ne veux pas vraiment y gouter, applique-toi ! Ricanait
Baccardi.
Le tir suivant la lame se ficha bien droite dans le bois
et désigna le paddle en bois. Je ne sais ce qu’en pense la pauvre Mirabelle
mais je crois que de toute manière, dans le choix proposé il n’y avait aucun
instrument vraiment moins ou plus sévère qu’un autre si ce n’est qu’il valait
mieux éviter le fouet.
Baccardi me présenta un éventail de cartes retournées et
me sollicita d’en choisir une. Il regarda sur sa face et annonça que c’était
Glassalo qui avait été tiré au sort pour appliquer les vingt-cinq coups de
paddle à mirabelle. Ce dernier trépignait de joie en s’armant de l’objet. Je
fus remis à côté de Dorine pour assister au spectacle.
Glassalo était un blondinet un peu simplet, il gloussait
de contentement et regardant les fesses offertes un filet de bave coulait au
coin de ses lèvres. Il releva ses long cheveux de devant ses yeux globuleux et
retroussa sa manche sur un avant bras présentant des séquelles de brûlure.
Probablement un souvenir de combat…
Une brute c’est
certain mais certainement pas quelqu’un qui savait ce que fessée dans le sens
noble du terme voulait dire. Il frappait pour faire mal, il frappait pour que
le bois de l’instrument claque fort et laisse une marque bien rouge et
incandescente. Mirabelle avait serré les dents mais au delà de la douzaine elle
s’est lâché et à crié sa souffrance. Glassalo sautillait de joie en émettant de
petits rires stridents. Les derniers coups jusqu’à même prendre un peu d’élan
pour qu’ils meurtrissent davantage.
Les fesses de notre capitaine avaient la teinte d’une
pomme trop mûre. Baccardi se leva et alla contempler crânement l’œuvre.
-
Pauvre capitaine Mirabelle, ironisait-il.
Glassalo n’est pas un tendre, il ne sait pas bien s’occuper des dames, ile ne
faut pas lui en vouloir… J’espère que la prochaine ou le prochain sera plus
sentimental.
Mirabelle ne répondit pas. Baccardi se tourna vers moi et
d’un geste me fit comprendre que je devais recommencer à tirer sur les deux
cibles.
A contre cœur je me replaçais au trait. Certes un peu
plus adroit pour planter les dagues mais question précision ce n’était pas ça
du tout.
Trente-cinq coup, plus que la fois précédente et
l’instrument planté fut le martinet.
Baccardi me présentais jovialement l’éventail de carte et
ce fut Famélik qui fut tiré au sort. La
femme se présenta. Elle était fine avec un menton affuté comme une étrave de
bateau, ses yeux était vert printemps encadré par un maquillage orange. De
fragiles jambes accentuées par des bottines à talon aiguille la tenaient
debout. D’un simple coup d’œil elle regarda la dague planté sur le dessin du
martinet et pris l’objet au milieu des autres. Elle déboucla son ceinturon et
le remis à Radukou. Je me maudissais d’avoir planté ces dagues et je ne sais ce
qui me retenais de sauter au coup de Baccardi pour l’étrangler…. Sans doute que
le regard ténébreux de Chapoklac m’en dissuadait.
Famélik se plaça à bonne distance et commença à fouetter
Mirabelle. Chaque coup était pesé et elle prenait son temps pour bien les
ajuster afin que les lanières atterrissent parfaitement sur les deux rondeurs
déjà bien meurtries.
Elle tendait bien son bras puis lançait les lanières en
faisant pivoter tout son corps pour donner de la vitesse et de la force. Chaque
coup arrachait un cri à mirabelle. Elle aussi voulait faire mal, elle aussi se
régalait des plaintes de notre capitaine.
Bien confortablement assit dans son fauteuil Baccardi
savourait sa vengeance.
Trente-cinq coups consommés multiplié par le nombre de
lanières. Baccardi satisfait a donné l’ordre de détacher notre capitaine. Il se
pavanait devant elle, fier et hautin.
-
Votre mousse a été très généreux avec vous,
j’espère que vous le remercierez chaudement. Lui disait-il.
Mirabelle bravait son regard.
-
Ce n’est pas mon mousse qui tenait le paddle
ni le martinet lui rétorqua-t-elle.
-
C’est juste mais si vous le désirez, je peux
lui faire refaire un lancé et cette fois ce sera lui qui œuvrera. Bien sur, je
me doute qu’il n’osera vous frapper aussi dur que Glassalo et Famélik mais si
je le menace de cinquante coups de fouet il est fort probable qu’il se
surpasse. Cependant, à chaque jour sa peine, peut-être ce sera pour plus tard
car le programme de cet après midi vous concernant est bouclé et je vais vous
mettre à contribution pour le prochain divertissement. Jambanboi, Fassoven,
Attachez le mousse Dorine au piquet !
-
Avec plaisir capitaine.
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