Episode 21
L’île du centre.
Le lendemain, tard dans la nuit, la galère impériale
approche de l’île du Centre. Sur les indications de Baccardi, le navire mouille
exactement où était le Troudanlo quelques semaines auparavant. Cette île de 250
kilomètres de long au climat tempéré est très difficile d’accès et il n’y a
qu’à la pointe sud qu’il est aisé car c’est l’unique endroit comportant
quelques plages, C’est également un lieu protégé des forts courants donc idéal pour
stationner un navire. Le reste n’est que récifs et falaises abruptes.
Pour les missionnaires, c’est leur dernière nuit à bord à
moins qu’ils ne puissent franchir le passage.
Au petit matin, les gardes impériaux descendent les
chaloupes et s’occupent de débarquer quelques caisses d’outils, des armes, du
matériel de pêche, des tentes, des couvertures et quelques vivres non
périssables. Une vingtaines de gardes impériaux vont rester en poste sur l’île
pour attendre le retour des missionnaires. Ils seront régulièrement relevés
puisqu’il est prévu le passage d’une galère toutes les semaines.
C’est au tour des missionnaires de débarquer, ils ont
quitté l’uniforme militaire pour des vêtements civils conformes à ceux de Jack.
De les voir tous avec le même pantalon, le même sweet de couleur identique,
amuse les officiers impériaux qui pensent certainement que c’est une autre
vision de l’uniforme. L’unique tache dans cette concordance est le chapeau de
Lady Dark.
Il est temps de se dire au-revoir. Hoducol leur serre la
main et retourne dans sa cabine. Là chaloupe débarque le groupe et après avoir
salué les gardes et pris leurs sacs de matériel, vivres et d’eau, les
missionnaires se dirigent vers le bout de la plage, là où Baccardi affirme
avoir vu sortir Jack de la broussaille. Ce détail est important car il faut
retrouver l’entrée des catacombes sur cette pente encombrée d’arbres et de
taillis. Le groupe doit refaire le chemin dans l’autre sens en partant de ce
point.
-
Voilà, c’est exactement d’ici que notre ami
est arrivé. Montre-t-il un paquet de végétation tordue par les tempêtes.
-
Et tu venais d’où. Demande le mage à Jack.
Ce dernier lève son regard vers le plateau surplombant la
plage.
-
De par mes souvenirs, je n’étais pas tout là-haut
mais plutôt quelque part sur cette dénivellation. De l’endroit où je suis sorti
du boyau je ne voyais le ciel qu’à travers les troués de feuillage, puis j’ai
fait quelques pas et j’ai aperçu la mer puis la plage en contrebas. J’estimerai
cet endroit environ à deux cent mètres de hauteur. Donc ce doit être vers cette
ligne. Montre-t-il de l’index.
-
Le versant de ce plateau est large. Estime
Gary d’un rapide coup d’œil.
-
C’est juste mais de la manière dont je voyais
cette plage, ce ne peut être qu’entre là et là. Définit-il sur le dénivelé deux
limites virtuelles.
-
Hum, ça laisse encore une bonne surface à
explorer. Constate Mirabelle.
-
Et la sortie du boyau était grande ?
Interroge Lady Dark en pensant peut être la distinguer d’ici.
-
Ho non, pendant les vingt derniers mètres,
j’étais plié en deux, presque à quatre pattes. Informe Jack.
-
Ne perdons pas de temps, c’est parti pour la
grimpette invite le mage en prenant les devants.
Le groupe s’enfonce lentement dans le sous bois. Le mage
fait passer Jack en premier. Souvent il s’arrête et cherche dans sa mémoire un
détail qui pourrait lui donner un indice sur l’itinéraire qu’il avait emprunté
ce jour là.
-
Tu ne reconnais rien, lui demande Arnak.
-
Ben non, tout ce ressemble ici et je n’aie
pas vraiment fait attention à ce moment là. Je me souviens être passé entre
deux rochers espacés d’environs trois ou quatre mètres.
-
De gros rochers ? Réclame précision
Baccardi.
-
Un peu plus haut que moi… Disons deux mètres
et bien quatre ou cinq de diamètre. Répond Jack.
Tout le monde scrute les environs mais pour le moment, le
feuillage bouche l’horizon à moins d’une quinzaine de mètres. Le groupe
poursuit son ascension en cherchant les deux rochers.
-
Tu es descendu sur la plage en ligne
droite ? Interroge Dorine.
-
Difficile à dire, il y a beaucoup d’obstacles
naturels, mais il me semble avoir été plutôt direct. Répond Jack.
Dix minutes plus tard, Aline montre sur la droite de la
pierre entre la verdure.
-
Allons-y ! Commande le mage.
Se sont effectivement des rochers mais Jack est formel,
ce ne sont pas ceux là.
Quelques minutes de marche passées, dans un creux, Mike
désigne un autre groupement de roches. Les missionnaires descendent et cette
fois Jack reconnait parfaitement le passage entre deux.
-
C’est bien ici que je suis passé et je venais
de là. Pointe-t-il vers la pente.
-
Tu avais marché pendant combien de temps
avant d’atteindre ce point. Questionne Mirabelle.
-
Peut-être dix ou quinze minutes mais je ne
pense pas plus.
-
Admettons quinze minutes en descente, vu la
pente ça fait bien le double en montée. Estime Gary en reprenant son souffle.
-
Au moins ça ! Approuve Baccardi.
Ils reprennent l’ascension en essayant de grimper le plus
droit possible, la végétation devient moins dense ce qui permet de découvrir le
large panorama de l’océan. Trente cinq minutes plus tard ils stoppent.
-
Nous devons normalement être à la bonne
hauteur dit le mage. D’après toi Jack, vaut-il mieux aller vers la gauche ou
vers la droite ?
-
C’est une lourde responsabilité que vous me
donnez là, surtout que je suis incapable de le dire. C’est des coups à ce que
je me goure et qu’on marche pour rien. Dit Jack.
-
Ne te tracasses pas bonhomme, personne ne
t’en voudra. Le rassure Gary.
-
De toute façon, d’ici on ne voit presque pas
la mer et pas du tout la plage. Constate Mike.
-
Exact ! Confirme Mirabelle.
-
Alors mettons nous en ligne à porté de vue et
ratissons le flanc à ce niveau. allons vers la gauche, il y a moins d’arbre.
Tant pis si ce ‘est pas le bon choix. Tranche Arnak.
En ligne de battue ils avancent lentement en épiant la
moindre faille dans les taillis et la rocaille. En dessous d’eux, la plage est
visible. Au bout d’un bon moment le mage ordonne une halte sur la demande de
Jack.
-
Ce ne peut être par là, je ne voyais pas la
plage sous cette angle, nous sommes allé trop loin ! Affirme-t-il.
-
Tu es sûr que c’est bien cette plage que tu
apercevais parce qu’il y en à une autre qui suit de l’autre côté de cette
pointe. Il est toujours possible d’une descente en biais et que la plage que tu
voyais ne soit pas forcément celle où tu as débouché. Dit Mirabelle.
-
Ho que non, c’est bien cette plage là !
certifie Jack. Je me souviens de ces trois récifs en triangle. Désigne-t-il de
l’index les roches noires qui émergent au milieu de l’anse.
-
C’est déjà un bon point ! Se rassure
Gary.
-
Nous allons monter d’un cran et nous
repartons dans l’autre sens. Commande gentiment le Mage Arnak.
-
Pas trop fatigué ? Lui demande Mike.
-
Ne t’occupe pas de ma forme gamin. En
route !
La ligne repart avec tout autant d’attention. Une
demi-heure plus tard. Jack s’arrête et regarde vers le bas.
-
C’est comme ça que tu la voyais ? Le
questionne Baccardi.
-
Un peu mais je ne suis pas vraiment certain.
Par contre, je pense que nous sommes à la bonne hauteur.
-
On fait une pause ! Décrète le mage.
Mike et Lady Dark, faites passer les gourdes.
-
J’espère qu’entre temps il n’y a pas eut un
éboulis qui aurait obturé l’entrée du boyau. S’inquiète Aline.
-
Le sol est friable mais cela serait étonnant
car ce n’est pas la saison des pluies. Indique Gary.
-
Oui et les coulées de rocaille et de terre
que nous avons traversé sont anciennes. Précise Baccardi.
-
J’ai l’impression que je vous fais crapahuter
pour rien. Si seulement j’avais pensé à bien repérer les lieux en sortant de ce
boyau. Enrage Jack.
-
Personne dans ton cas n’y aurait pensé.
Ricane Mike.
-
M’ouais… et je crois qu’on à pas fini
d’arpenter cette pente. Soupire Lady Dark en se ventilant avec son chapeau.
Gary se lève et inspecte le point de vue. Sur la plage il
distingue minuscule les tentes que les gardes ont commencées à installer puis à
quelques brasses la galère ancrée. Il se gratte le menton en réfléchissant. Il
se déplace de quelques mètres et regarde de nouveau le décor. Il revient vers
le groupe et s’adresse à Jack.
-
Quand tu es sortie du boyau, tu nous à dis
que tu apercevais que le ciel à travers les feuillages, que tu as fait quelques
pas et tu as vu la mer et plage en
contrebas, c’est bien ça ?
-
Tout à fait ! Certifie Jack.
-
Donc, directement de la sortie du boyau tu ne
pouvais pas avoir une vue plongeante ?
-
Non pas directement, il y avait des bosquets
et ça faisait comme une plateforme.
-
Tu as fais combien de pas avant la
pente ?
-
Une dizaine... Peut-être plus mais…
Gary examine le flan de la colline et constate qu’il y à
un bon nombre d’irrégularités boisées qui pourrait-être le lieu recherché. Il
en avise une un peu plus haut.
-
On va aller voir là ! Dit-il.
La petite troupe se remet en marche mais arrivée sur
place pas l’ombre d’une faille.
Ils se remettent en ligne et recommence à explorer. Une
dizaine de minutes plus tard Baccardi dans un coin dégagé, réclame un arrêt.
-
Que ce passe-t-il, tu as mal aux pieds ?
Lui demande le mage Arnak.
-
Non mais…. Jack, viens voir !
Appelle-t-il.
Le jeune homme remonte une dizaine de mètres pour
rejoindre Baccardi.
-
Une question importante. Quand tu as vu la
plage, voyais-tu également le Troudanlo au mouillage comme on voit la
galère ? lui montre-t-il du doigt.
Jack réfléchit un instant et déclare.
-
Non, c’est en descendant que j’ai vu le
Troudanlo mais de la sortie je suis certain qu’on ne l’apercevait pas. La plage
oui, mais pas le bateau ! Affirme-t-il.
-
Tu en es sûr, vraiment sûr ?
-
Certain ! Confirme Jack.
Baccardi se retourne vers Gary.
-
Tu penses ce que je pense ?
-
La même chose
Répond Gary en regardant fixement à trois ou quatre cent mètres un large
renfoncement verdoyant à l’ombre d’une arête comme une empreinte laissé par un
pied géant qui aurait dérapé.
-
S’il ne pouvait voir que la plage et pas ton
navire c’est que celui-ci était caché et vu la position de la galère qui se
trouve au même mouillage, l’endroit où Jack à débarqué ne peut se situer que
quelques part dans ce creux.
-
Nous sommes légèrement trop haut nous allons
descendre un peu et avancer vers cet encaissent. Ensuite on continue jusqu’à ce
que la galère soit cachée et qu’on surplombe toujours la plage. Propose
Baccardi.
-
En route ! Commande le mage.
Peut après, une fois dans le rentrant du renfoncement la
galère échappe à leur regard. Le mage fait arrêter le groupe au pied d’un grand
résineux pour faire le point.
-
Voilà, nous pouvons voir la plage mais pas le
bateau. Jack qu’en penses-tu ?
-
Que ça ressemble un peu mieux à l’image que
j’ai dans mes souvenirs mais il me semble que j’étais un peu plus par là.
Montre-t-il à sa droite d’où ils viennent.
-
Si on va par là, on va revoir la galère. Dit
Mirabelle.
-
Sauf si on remonte un peu en diagonal. Juge
Baccardi en estimant le terrain.
-
On va faire une chose propose le mage Arnak.
Voyez ce grand arbre au dessus de nous.
-
Un Epinor vert ! Précise Gary en tâtant
le tronc.
-
Donc cet Epinor vert. Il est très haut et
doit se voir de loin. Jack va y rester et nous, on va se déployer et prospecter
vers le haut sans quitter ce point de repère des yeux. Si on ne trouve rien on
revient et on se déplace ailleurs. En route !
Une quinzaine de minutes plus tard, mirabelle hurle tout
ce qu’elle peut pour se faire entendre des autres.
-
J’AI TROUVE ! J’AI TROUVE UN TROU !
VENEZ !
Les membres éparpillés se précipitent guidé par la voix
de Mirabelle qui ne cesse de manifester sa joie.
Mike arrive le premier et regarde l’anfractuosité.
-
Bordel, j’espère que c’est bien ce trou là
parce que j’en aie marre de trottiner sur cette montagne. Dit-il essoufflé.
Gary et Baccardi arrivent en même temps suivit de peu par
Aline.
C’est Jack qui les rejoint en dernier.
-
Alors c’est là ? Lui pose la question le
mage avec quelques difficultés à reprendre sa respiration.
Jack fait un rapide tour d’horizon, avance vers l’opposé
du trou, regarde le paysage et revient.
-
C’est bien là ! Dit-il avec un grand
sourire.
Lady Dark s’assoit lourdement sur un carré d’herbe.
- Il était
temps parce que je n’aurais pas pu continuer longtemps à marcher.
Souffle-t-elle en attrapant une gourde dans son sac.
-
On va se reposer un peu et préparer
tranquillement les lampes avant de s’engager. Gary, toi qui semble parfaitement
te repérer dans la nature, va en vue de la galère et avec la fumerole rouge et
fait le signal convenu pour les prévenir que nous avons trouvé. Eloignes-toi
suffisamment pour ne pas qu’ils puissent situer l’entrée du boyau. Ordre de
l’impératrice.
-
Ne t’inquiète pas Arnak, je vais faire ça
bien. Dit Gary en se saisissant de la fumerole.
Episode 22
Le passage.
Dorine sort de son sac à dos les deux réserves de pétrole
puis les passe à Mike et mirabelle pour qu’ils remplissent toutes les lampes.
Le mage Arnak extrait d’une bourse de cuir un grand nombre de petites billes
translucides pour en vérifier quelques unes.
-
C’est pourquoi faire ? Lui demande
Aline.
-
Une vieille recette d’alchimiste, j’en aie
fabriqué beaucoup. Je vais en semer sur notre passage, elles ont la
particularité de s’imprégner de la moindre lumière et briller. Elles nous
permettront de retrouver notre chemin pour le retour. Explique le mage.
-
Pas bête ça, je n’y aurais pas pensé.
-
Nous avons neuf lampes, Dit Baccardi. Je
pense, comme nous ne savons pas combien de temps nous allons rester dans ce
passage, qu’il vaut mieux économiser. Le meilleur serait d’en utiliser que
deux. Une devant et une derrière. Propose-t-il.
-
Très judicieux. Souscrit Arnak.
-
Elle dure combien de temps vos lampes ?
se renseigne Jack.
-
Ce modèle là, environ trois heures. Lui
répond Baccardi.
-
Hum… Je suis resté bien plus de temps que ça
dans les catacombes avant d’en sortir.
-
Tu en as une idée ? Demande Arnak.
-
Difficile d’être précis, ma montre était
resté dans une piaule que j’ai du quitter un peu précipitamment et je n’aie pas
pensé à regarder l’heure sur mon portable. Je dirais à peu près six à sept
heures…. Peut-être plus.
-
Bordel ça va nous faire arriver en pleine
nuit ça ! S’exclame Mike.
-
Pas sûr car moi je suis entré tard le soir
dans les catacombes et je suis arrivé ici dans l’après midi. A mon avis le
temps entre ici et chez moi ne correspond pas.
De leur côté, Lady Dark et Aline s’occupe de répartir
également les couvertures, les vivres, l’eau et les lampes dans les sacs.
Gary viens de revenir.
-
C’est fait, pffou, je me suis bien éloigné.
Dit-il en s’allongeant sur l’herbe.
-
Parfait, mange et reposes-toi un peu, dans
une heure nous nous engageons. Prévient le mage. En consultant sa montre à
gousset.
Soixante minutes plus tard, Jack en tête et le mage en
queue, le groupe pénètre dans le boyau. Comme il l’avait dit, les vingt
premiers mètres sont étroits et bas de plafond mais ensuite on peu aisément se
tenir debout. Pour le moment ils progressent dans un unique tunnel pendant une
cinquantaine de mètres puis une première bifurcation avec quelques ossement sur
le sol.
-
Incroyable, ils en ont enterré jusque là.
S’étonne Mirabelle.
-
Eux ou nous ? Plaisante Gary.
-
Pas nous, nos catacombes sont sur les
territoires habités et les îles ne le sont pas. Dit Aline.
-
Oui mais si c’était eux, comme d’ici ont voit
parfaitement le point de lumière de la sortie, ça ferait longtemps qu’on en
aurait vu d’autres gens comme Jack. Répond avec logique Lady Dark.
-
Qui sait s’ils ne sont pas venus il y a très
longtemps et que nous ne sommes pas tous des descendants des ancêtres de Jack.
Balance Dorine.
-
C’est effectivement une hypothèse
intéressante. Apprécie le mage Arnak.
-
Hey Jack ! elle date de quand ces
catacombes ? Demande Aline.
-
De plus de deux mille ans ! Lui
répond-il.
-
Qu’en pensez-vous mage Arnak ?
-
J’en pense que nous ne sommes pas là pour
faire des recherches historiques. Avançons au lieu de discuter ! Réplique-t-il.
Le tunnel tourne, Arnak regarde en arrière, il ne voit plus
le point de lumière juste le fond du tunnel un peu moins sombre. Il ouvre la
bourse de cuir et commence à semer par intervalles réguliers les petites
billes. Un deuxième carrefour. Jack s’arrête.
-
Tu ne sais plus par où tu es arrivé ?
Lui demande Baccardi.
-
Non et en plus moi je n’avais aucun
éclairage. J’avançais à tâtons.
-
On fait quoi alors ? Réclame Lady Dark.
-
On fait comme Jack, on y va au hasard.
Propose Mirabelle.
-
Tout droit, à droite ou à gauche ?
Interroge Aline.
-
Il faut essayer d’aller le plus droit
possible, suivant ma boussole, c’est par là, donc en face. Impose Baccardi.
La petite troupe repart. Les ossement sont plus nombreux
et ont devine encore la trace que quelques alcôves effondrées creusées dans les
parois. Un autre carrefour mais cette fois à cinq voies. Jack se retourne et
interroge du regard Mirabelle. Cette dernière se tourne vers Baccardi qui
consulte sa boussole et lui montre un passage en biais.
Plus il progresse, plus les ossements humain sont
nombreux entassés dans les cavités des parois.
-
Brrrrr ! On voit bien que ça fait
longtemps qu’ils sont là. Exprime Lady Dark.
-
Les veinards, ça fait un bon bout de temps
qu’ils n’ont plus mal aux dents. Plaisante Gary.
-
Hey Baccardi ! Tu n’en reconnaîtrais pas
un qui aurait goûté à ton sabre ? Rigole Mike.
-
Dis-donc morveux, tu veux que je te fasse
goûter mon pied au cul ?
Autre bifurcation en patte d’oie. Baccardi indique la
plus à droite. Derrière, le mage s’applique toujours à baliser leur itinéraire.
Il y à déjà deux heures qu’ils marchent sans vraiment
savoir où ils vont. A une intersection, le mage commande de stopper et faire
une pause. Les neuf s’assoient en cercle autour des deux lampes.
-
Qu’est-ce que tu en penses Jack ?
Questionne Baccardi.
-
Je ne pense pas grand-chose. Je suis comme
vous, je ne sais pas où on est ni si nous avançons dans la bonne direction.
-
Et toi Baccardi, ta boussole ? Demande
Gary.
-
Je n’osais pas trop vous le dire mais ça fait
au moins une heure qu’elle me donne de fausses indications. Répond-il.
-
Tu blagues j’espère ? S’emporte
légèrement Gary.
-
Hélas, je suis très sérieux. Tiens regardes
toi-même. Lui tend-il l’instrument.
Gary ouvre le couvercle du cadrant et constate avec
amertume que l’aiguille ne s’arrête jamais de tourner dans le sens inverse des
aiguilles d’une montre.
-
Encore du matériel acheté chez les
Crévesueurs. Plaisante-t-il amicalement en rendant la boussole.
-
Jack avançait dans le noir, donc beaucoup
moins vite que nous. Dit Mirabelle. Normalement, nous devrions dans tout au
plus deux heures être arrivé.
-
Ce n’est pas si simple. Contredit Jack. Les
catacombes sont un vrai labyrinthe. Beaucoup s’y sont perdu et on ne les à
parfois retrouvé mort que des années plus tard et certains n’ont jamais été
retrouvés. Le plan qui à été établie de ces catacombes n’est qu’une toute
petite partie, le reste est interdit au public parce que non cartographier, inconnu
et souvent en partie effondré. Je suis certain que personne avant moi n’avait
été aussi loin. J’ai clairement eut beaucoup de chance de trouver cette sortie
et de ne pas continuer à tourner dans ces galeries jusqu’à l’épuisement. Il est
possible qu’on ne trouve pas aujourd’hui le bon chemin pour revenir chez moi.
Ce qui me rassure, c’est que grâce au balisage du mage Arnak, on peut retourner
de vôtre côté et recommencer plus tard en essayant d’autres voies. A force, on
finira bien par trouver mais ça peut durer très longtemps ce petit manège.
-
On y mettra le temps qu’il faudra mais nous
devons impérativement passer de l’autre côté. En route ! Dit le mage Arnak
en se levant.
Une heure plus tard les lampes faiblissent et
s’éteignent. Deux autres sont mises en fonction.
Le groupe va au hasard et pour l’instant rien n’indique
qu’ils approchent du but. De temps en temps il s’arrête et font silence pour
écouter si des sons ou des voix leur parviennent. Rien, rien de rien ! Ils
poursuivent dans ce labyrinthe aux multiples galeries. L’air est épais et
humide et en devient étouffant.
Ils commencent sérieusement à être fatigués et avoir
faim. Le mage fait arrêter car le deuxième jeu de lampe arrive en fin de
pétrole.
-
Six heures que nous marchons et toujours
rien ! nous n’avons pas choisit la bonne direction. Colère-t-il en posant
ses fesses au sol entre deux crânes.
-
Nous venons d’allumer la cinquième et la
sixième lampe. Après, il n’en reste que trois. Dit Mirabelle.
-
Nous devons rebrousser chemin, nous
recommenceront demain. Propose Aline.
Arnak consulte sa montre à gousset.
-
Il est 18h25 ! Le temps de revenir il
sera très tard. Nous sommes tous très fatigués. Je vous propose de dormir ici,
nous avons chacun une couverture dans nos sac. Demain matin, nous retournerons
au camp et préparerons une nouvelle expédition. Qu’en pensez-vous ?
-
Moi je suis complètement naze et je me vois
mal maintenant me retaper le retour et en plus la descente de la colline
jusqu’au camp. Moi je suis pour dormir
ici. Dit Mike.
-
Je suis comme lui. Le soutient Dorine.
-
C’est je crois la solution la plus sage en
espérant que tous nos charmants voisins ne ronflent pas. Ajoute Mirabelle avec un brin d’humour.
-
C’est bien la première fois que je vais
dormir dans une tombe mais je crois que moi non plus je ne ferais pas le chemin
inverse. Ajoute Gary.
-
Ouais, bon… Et bien restons ici. Comme je
regrette l’hôtel de l’ambassade. Rigole Jack en poussant un tibia pour faire un
peu de place.
-
D’abord, première chose, on mange !
Annonce joyeusement Lady Dark en sortant des victuailles de son sac.
Un dîner frugal et rapide pour ne pas consommer trop de
pétrole puis chacun s’enroule bien dans sa couverture pour ne pas salir ses
vêtements et pose la tête sur son sac. Le mage Arnak éteint la lampe et c’est
le grand noir.
Episode 23
Visite guidée.
Le premier à être levé est Gary. A tâtons il réveille sa
voisine Mirabelle et ainsi de suite. Baccardi allume une lampe.
-
Bordel, la literie n’est vraiment pas
confortable dans ce tunnel ! Se plaint Mike en s’étirant.
-
Quelle heure est t-il ? Réclame Lady
Dark.
-
5 heures du matin lui répond Aline en
consultant sa montre de poche.
-
On grignote un peu, on range les affaires et
on retourne au camp de base. Dit Le mage Arnak en se tenant les reins à deux
mains.
-
Ho oui alors et avant de revenir dans ce
trou, nous allons passer une bonne nuit sur un confortable lit de camp pour
demain être en pleine forme. Prévoit Dorine.
-
Tu as l’air songeur Jack ? Le questionne
Baccardi en le remarquant hagard les
yeux perdu dans le vide.
-
Oui, je viens de penser à quelque chose.
Dit-il en sortant son téléphone portable de sa poche.
-
Que veux-tu faire avec ta machine ?
-
Il n’y a vraiment plus beaucoup de batterie
mais c’est juste pour un test. Répond-il en l’allumant.
Il regarde l’écran, se déplace un peu et illumine son
visage d’un grand sourire.
-
Qu’est-ce qui te rend si joyeux ? Lui
demande le mage.
-
J’ai une connexion ! J’ai une
connexion ! Montre-t-il l’écran à Arnak.
-
Où ça ? Ne comprend pas ce dernier en regardant
le cadrant et les petits icones indéchiffrables pour lui.
-
Là, deux barres, tu vois ? Lui
désigne-t-il les minuscules barrettes avant déteindre l’appareil pour ne pas
vider plus la batterie.
-
Et ça veut dire quoi ?
-
Ça veut dire que nous sommes dans mon
monde ! Chez vous je n’avais aucune connexion et si maintenant j’en aie
une c’est que nous sommes chez moi.
-
D’accord bonhomme, mais ta connexmachin elle
nous donne aussi le chemin pour sortir de ces galeries de ton côté ?
L’interroge Gary.
-
Ben non, elle indique simplement qu’il y a
une antenne relais pas loin. Explique Jack.
-
Pas loin c’est quoi ?
-
Ça peut être quelques centaines de mètres
comme plusieurs kilomètres. Mais si mon portable ne peut nous indiquer le
chemin il peut nous indiquer si nous nous rapprochons ou non.
-
Ha, et comment ?
-
Si je l’allume régulièrement juste le temps
de regarder et que le nombre de barres augmente c’est que nous allons dans la
bonne direction, si ça diminue, c’est l’inverse. Explique Jack.
-
Mais ça change tout ça ! S’exclame le
mage Arnak.
-
C’est juste une indication, tempère Jack, et
je n’ose téléphoner à quelqu’un la batterie est presque à plat. De toute façon
même si je contactais un ami que pourrait-il faire pour nous ?
-
Je signale que nous n’avons plus que trois
lampes pleines. Dit Aline.
-
Elle à raison, si nous continuons nous
prenons le risque d’être à cours et de ne plus pouvoir revenir car les billes
ne fonctionnent que s’il y à source de lumière. Précise Mirabelle.
-
Pour faire de la flamme j’ai bien une boîte
d’allumette mais il en reste à peine une quarantaine, ça fait court. Dit Gary
en tâtant sa poche.
-
Moi aussi j’en aie une mais pas plus d’une
dizaine. Ajoute Lady Dark.
-
Evidement, c’est prendre un très gros risque
de continuer… Soupire le mage Arnak.
-
Que décide-t-on ? Pose la question
Dorine.
Autour
de la lampe, ils se regardent tous. Les yeux se croisent et les visages se
questionnent. Puis quelques sourires se dessinent. Les joues de Dorine
pétillent, les yeux de Mike reflètent un désir d’aventure. Gary les regarde
d’un œil circonspect. Mirabelle semble investigatrice.
-
Bordel, on en a vu d’autre, on ne va pas se
dégonfler. Balance Mike.
-
Tu as raison, moi je suis pour continuer !
De toute façon tu n’iras nulle part sans moi. Le rejoint Dorine.
-
Ha ces deux là !... C’est bon pour moi,
j’en suis ! Dit Gary.
-
Personne pourra dire ni écrire que Baccardi à
rebroussé chemin. Se décide l’ex capitaine.
-
Je ne vais pas vous laisser, vous n’êtes pas
capable de vous faire cuire un œuf. S’associe Lady Dark.
-
Sans moi, il n’en est pas question. Je
viens ! S’engage Mirabelle.
-
Et comment allez-vous faire pour vos petits
bobos ? je reste avec vous ! Ajoute Aline.
-
En tant que responsable de cette mission, je
ne peux que me ranger à vos côtés. Rigole le mage. Si jamais nous ne trouvons
pas, nous fabriquerons avec ce que nous possédons des torches pour économiser
les allumettes. Ajoute-t-il.
-
Et toi Jack, Que décides-tu ? Lui
demande Aline.
-
Moi, j’ai besoin de recharger mon téléphone
au plus vite et comme chez vous il n’y à pas d’électricité… Et puis, depuis le
temps que je suis absent, il doit y avoir un paquet de facture à honorer dans
ma boîte aux lettres, alors je n’aie pas d’autre choix que rentrer chez moi.
-
Parfait, on range les affaires et en
route ! Commande Arnak.
Un dizaine de minutes plus tard, Jack en tête, ils
s’engagent dans l’entrelacs des galeries. Derrière le mage sème toujours ses
petites billes.
Régulièrement, Jack consulte son portable et un peu plus
tard annonce qu’il na plus de connexion. Le groupe fait demi-tour jusqu’au
carrefour précédent et prend une autre direction. Derrière le mage Arnak
ramasse les billes inutiles pour ne pas laisser de doute sur l’itinéraire.
Au bout de quelques mètres dans cette nouvelle galerie la
connexion revient mais n’affiche toujours pas mieux que deux barres.
Cela fait plus d’une heure qu’ils ont quitté leur bivouac
quand Jack en joie annonce qu’il y a une barre supplémentaire.
-
Trois barres sous terre, c’est le top !
Dit-il. Nous ne devons être quelque part sous la ville c’est certain.
Montre-t-il la voute à quelques centimètres au dessus de leurs têtes.
Une légère vibration fait tomber de la poussière sur eux.
-
C’est quoi ça ? S’affole Lady Dark en se
plaquant sur la paroi.
-
C’est le métro ! c’est le métro !
Crie Jack avec effervescence.
-
C’est l’engin qui se ballade sous terre dont
tu nous avais parlé. Interroge Mirabelle.
-
Oui c’est ça ! Nous sommes tout proche
mais…
-
Mais quoi Jack ?
-
Les catacombes restent un incompréhensible
dédale. Il faut absolument trouver une issue car sinon, même si nous sommes
proches, nous pouvons encore tourner la dedans pendant des heures et même des
jours. Répond-il le visage bien moins souriant.
-
Pas la peine de rester là, avançons !
Dit Aline.
Beaucoup plus tard les lampes commencent à donner des
signes de fatigues et au grand désarroi de Jack, la batterie de son téléphone
ne répond plus.
-
Merde de merde de saloperie ! Colère
t-il en le secouant dans tous les sens.
-
Ça ne sert à rein de t’énerver le calme
Baccardi.
-
Je vous avertis qu’il ne me reste plus qu’une
cinquantaine de bille. Signale gravement le mage Arnak.
-
Je crois qu’on a voulu faire les fiers à
poursuivre mais nous allons le payer peut-être très cher. Grogne Gary.
-
On n’est pas encore mort et il nous reste
deux lampes. Réplique Mirabelle.
-
Chuuuut ! Fait Lady Dark.
-
Qu’est-ce qui te prends ? Lui demande
Mike.
-
Chuuuuut ! Réitère-t-elle. J’ai entendu
comme des voix. Dit-elle en mettant sa main en cornet sur son oreille droite.
-
Ce
sont les biscuits de coco de ce matin qui ne passe pas ? Se moque Mike.
-
Ferme-là imbécile !
Le silence se fait et tout le monde tend l’oreille.
Effectivement, Lady Dark avait bien perçu des sons ou plutôt l’écho très
lointain de quelques faibles éclats de voix. Chacun essaye de déterminer d’où
vient le bruit et personne n’est vraiment d’accord sur la direction. Les
multiples galeries qui s’entrecroisent résonnent et renvoient les sonorités, il
est donc difficile voir impossible d’en déterminer l’origine.
-
On avance en silence et on tente de suivre
ces voix. Propose le mage.
-
Comment tu as fait pour entendre ça alors
qu’on discutait ? Questionne Baccardi.
-
J’ai l’ouïe très fine. Lui affirme Lady Dark.
-
On se tait et on marche ! Remet le mage.
Le groupe progresse lentement en se guidant au son et en
essayant, pour ne pas perturber leur audition, d’éviter de buter sur les
ossement qui jonchent le sol.
Un peu plus tard les voix s’effacent, ils reviennent sur
leur pas et retrouve le son. Ils s’engagent dans un autre passage et une bonne
cinquantaine de mètres plus loin les voix se font plus précises.
Maintenant ils entendent assez bien des rires et les
palabres qu’ils ne peuvent vraiment déchiffrer car l’écho des galeries en
atténue la netteté. A une bifurcation, Jack s’arrête net et recule en poussant
tout le monde en arrière.
-
Qu’est-ce qui se passe ? Lui glisse dans
l’oreille Mirabelle.
Jack ne répond pas et très excité fait passer Mirabelle
devant lui en lui faisant signe de jeter un œil dans la galerie de droite.
Elle passe discrètement sa tête, regarde assez longuement
puis se retourne vers les autres avec le sourire.
-
Alors c’est quoi ? Questionne Baccardi à
voix basse.
-
Au fond, c’est éclairé ! Répond-elle
sans hausser le ton.
A son tour Baccardi y regarde pressé par les autres
derrière qui veulent aussi voir. Pas de doute, c’est assez lointain dans le
fond, mais c’est une certitude, il y a de la lumière.
Chacun y jette un œil à tour de rôle.
-
Nous avons réussi. Se réjouit Jack. Ecoutez,
il y a du monde là-bas.
-
Tu es sûr que c’est bon ? Lui demande
Aline encore un peu douteuse.
-
Certain, s’il y a de la lumière et des voix
c’est que c’est une galerie de passage.
-
Allons-y ! Dit Dorine pressée de sortir
des catacombes.
-
Doucement ! La stoppe Jack. Je vais
d’abord aller voir comment ça se goupille et je reviendrais vous dire si la
voie est libre.
Jack prend une des deux lampes et s’engage dans la
galerie. Une soixantaine de mètres plus loin il éteint la lampe et avance
doucement vers la lumière. Au bout, la galerie est fermée par une chaine et une
pancarte qu’il ne peut lire de son côté. Il entend la voix d’un commentaire et
le martellement des pas d’un groupe. Il se tasse recroquevillé sur la paroi,
quelques ossements tombent au sol. Dans la troué il voit passer un guide puis
une quinzaine de touriste qui suivent. Personne ne peut le remarquer, il est
bien dissimulé dans le noir. Il attend encore pour se rendre compte à quelle fréquence
passent les visites. Dans sa tête il compte. 60…100… 150… 180… 200…
220… 300… 330. Un autre groupe arrive. Il attend un peu et retourne vers ses
amis.
-
Alors qu’est-ce que tu fichais, tu as été
long ! Lui reproche Lady Dark.
-
Il fallait que je sache combien de temps il y
avait entre deux visites. Répond-il.
-
Parce qu’en plus ça se visite les
catacombes ? S’étonne Baccardi.
-
Ben oui, ce sont des monuments historiques.
L’instruit Jack.
-
Ils sont bizarres dans ton monde.
-
On reparlera de tout cela plus tard,
maintenant il faut sortir d’ici sans se faire remarquer. Coupe Arnak. Quelle
est ton idée Jack ?
-
Il faut qu’on se rapproche et qu’on attende
qu’un groupe passe. Il y a environ cinq minutes d’écart entre chaque visite. Nous
sortons de la galerie dans cet intervalle et nous rejoignons gentiment la queue
du groupe pour nous intégrer à la visite. Ensuite, il n’y a plus qu’à suivre
jusqu’à la sortie.
-
On y va parce que j’ai envie de respirer
autre chose que cette odeur d’humidité et de moisissure. S’impatiente Gary.
-
Suivez-moi. Dit Jack en prenant les devants.
Ils ne sont plus qu’a trentaine de mètres de la chaine.
Jack fait éteindre les lampes. Un groupe passe.
-
Maintenant tous le monde accroupi le long de
la paroi et silence. Après le passage de la prochaine visite on y va. Commande
Jack à voix basse.
Quelques minutes plus tard, un autre groupe défile dans
la lumière et s’éloigne.
Jack fait signe. Ils se pressent et passent sous la
chaîne.
-
OK, c’est tout bon, maintenant on rattrape le
groupe sans courir, tranquillement. Dit-il le visage enjoué d’avoir retrouvé
son monde.
Les yeux des originaires de Fantasmaginaire se fixent sur
les néons.
-
Hey Jack, ils mettent du pétrole là
dedans ? Demande Aline.
-
Non c’est du gaz, mais vous n’allez pas commencer parce qu’on
ne va pas en finir. Tout va vous étonner ici alors vous notez ça dans votre
tête et je vous expliquerais quand on sera en sureté. Répond sèchement Jack en
allongeant un peu plus le pas.
Très vite il recolle au groupe
de visiteurs et le guide s’étonne de ce surplus de neuf personnes habillés
identiquement.
-
Hum, Mesdames messieurs, je ne vous avais pas
au départ et…
-
Nous avons perdu notre guide ! Le coupe
Jack en filant un coup de coude à Mike qui n’arrête pas de dévisager un jeune
homme qui porte sur ses oreilles des écouteurs.
-
Mais comment avez-vous fait votre
compte ? Gronde le guide.
-
Ben on à un peu traîné et hop. Répond Jack
d’un ton badin.
-
Vous avez traîné ? Hum, vu la terre
qu’il y a sur vos vêtement je pense que vous être entré dans une galerie
interdite. Vous savez bien qu’il est dangereux de s’écarter de la visite
fléchée.
-
Oui mais on a vu… On n’a pas été loin. Se
confond en excuse Jack.
-
C’est interdit, il y a des mises en garde
partout, vous ne savez pas lire ? Engueule le guide.
-
Si mais…
-
Il y a quelques semaine un individu
poursuivit par la police s’est introduit dans les catacombes, on ne l’a pas
encore retrouvé et sans doute que cette personne est probablement décédée à
l’heure actuelle s’il n’a pas découvert d’issue. Alors je vous prends avec moi
et vous avez intérêt à ne plus vous écarter du chemin. Prévient le guide d’une
voix menaçante.
-
Je partage tout à fait votre point de vue
monsieur et encore milles excuses. Fait profil bas Jack.
La visite se poursuit. Une dame se retourne et demande à
Mirabelle s’ils font partie d’un club. Elle ne sait pas trop quoi répondre.
-
Oui, oui, Intervient Jack, nous sommes
adhérent d’un club et se sont nos uniformes.
-
Comme c’est drôle. Fait la dame en gloussant.
La visite se termine ; par l’escalier qui remonte en
surface on sent l’air s’engouffrer dans la galerie et un bruit assourdissant.
Arrivé en haut Jack pousse le plus rapidement possible ses amis sur le trottoir
et là, c’est la stupeur.
Dorine s’accroche au bras de Mike.
-
Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
S’affole-t-elle en voyant toutes les automobiles circuler sur l’avenue en usant
de leurs avertisseurs.
-
Je ne sais pas moi, je ne sais pas moi, je ne
sais pas moi ! Ne cesse de lui répondre Mike en reculant et s’appuyant le
dos au grillage l’empêchant de rétrograder plus loin.
-
Mike, ce sont des machines qui roulent avec des gens
dedans. Mike ! Mike, c’est un cauchemar !
-
Ça
fait du bruit, c’est terrible ! Lui répond Mike terrorisé.
Gary et Baccardi ont les yeux qui tournent dans tous les
sens et sont visiblement complètement déboussolés. Mirabelle, Aline et Lady
dark se sont tassées sur Jack complètement ahuries et terrifiées par ce qu’elles
voient. Un peu plus loin, le mage arnak est debout, pétrifié, les mains
bouchant ses oreilles ; une dame s’approche de lui et demande ce qui ne va
pas. Arnak ne l’entend pas, il la dévisage comme s’il avait devant lui une bête
curieuse. La femme hausse les épaules en levant le nez au ciel et en vrillant
son index sur sa tempe. Elle tourne les talons et s’en va.
Jack commence à paniquer de voir ses amis dans cet état
surtout que les passants les regardent tous d’un drôle d’air. Il entraine
Mirabelle, Aline et Lady Dark vers Gary et Baccardi.
-
Restez-là ensemble, Tenez-vous la main, ne
bougez-pas et ne faites surtout rien, je vais chercher Dorine Mike et le mage
Arnak.
Pas facile avec Mike, il s’accroche au grillage refusant
catégoriquement de s’en séparer et surtout d’aller autre part que replonger
dans les catacombes et rentrer à Fantasmaginaire. Jack use de beaucoup de
patience et de persuasion pour lui faire lâcher la clôture.
Une fois qu’il les a tous regroupé, il les emmène en
chaîne dans le square en se tenant tous par les mains comme des enfant de la
maternelle puis les assoit sur deux bancs face à face de chaque côté d’une
allée. Assurément, ils sont choqués. Jack ne pouvait s’imaginer une réaction
aussi intensive et il lui faut maintenant les aider à refaire surface.
Episode 24
Immersion.
Jack réfléchit un instant puis se place exactement entre
les deux bancs.
-
Hep ! Regardez moi tous et rien que moi !
Les interpelle-t-il. Bon, voilà nous sommes dans mon monde et cette ville c’est
la Capitale de la France, Paris ! Je vous avais prévenu de toutes ces
choses en essayant de bien vous les décrire mais je comprends que la réalité
vous surprenne et dépasse ce que vous aviez imaginé. Comme vous pouvez le
remarquez, tout est vraiment différent même l’architecture des immeubles. Il y
a beaucoup de bruit dans nos villes à cause des voitures ; ces engins que
vous entendez et que vous avez vu circuler sur le boulevard. Ça c’est juste une
première vision car autant vous le dire, vous n’êtes pas au bout de vos
surprises. Alors maintenant, je vous demande de bien m’écouter. Nous allons
aller chez moi et pour cela nous allons prendre le métro. Vous n’avez rien à
craindre, faites-moi confiance c’est tout ce que je vous demande. Vous agissez
comme je vous dis et surtout nous restons groupés. Vous ne parlez à personne et
ne répondez à personne, c’est uniquement moi qui cause. C’est compris ?
-
Jack, c’est insupportable ce bruit et ça sent
mauvais l’air d’ici. Se plaint Gary la mine déconfite.
-
Ne t’inquiètes-pas vous vous habituerez très
vite.
Aline se plaque les mains sur son visage et se met à
pleurer.
Jack s’approche d’elle.
-
Ce n’est rien, c’est normal… Tu te rends
compte, vous avez fait un bon de plusieurs siècles dans le temps, mais tu va
voir, dans quelques jours tu trouveras tout ça génial.
Mike se retourne et vomis derrière le banc. Dorine
tremble comme une feuille morte. Baccardi se tient la tête à deux mains.
Mirabelle regarde fixement ses chaussures. Gary se tord les doigts dans tous
les sens. Lady Dark se goinfre de biscuits de coco et le mage semble
complètement absent.
Jack désemparé soupire en tournant entre les deux bancs
ne sachant plus comment faire pour redresser la situation. Dans l’immédiat, il
ne voit qu’une chose, rester un peu là en attendant que ça se passe.
Le temps s’écoule doucement. En regardant le ciel gris,
Jack essaye de deviner si c’est le matin ou l’après midi.
Aline s’est arrêté de pleurer et Mike de vomir. Dorine
semble relâcher ses nerfs et regarde le haut des immeubles. Baccardi joue
nonchalamment avec sa boussole, Mirabelle c’est détaché de ses chaussures et
inspecte les arbres. Lady Dark à fini le sachet de gâteau et semble satisfaite.
Le mage Arnak se gratte le menton en hochant la tête. Gary examine une feuille
de marronnier ramassée au sol. Les choses ont l’air de gentiment s’améliorer.
Un groupe de quatre jeunes passe et interpelle Jack.
-
Whoo z’êtes une secte ? Demande l’un
d’eux avec moquerie.
-
Non on est du FBI et on fait une enquête sur
les extraterrestres. Lui répond Jack sur le même ton.
-
Ho mec, tu me chambres là, j’hallucine ou
quoi ? Tu nous cherches ?!! Dit-il en poussant violement Jack qui
tombe à terre.
Gary se lève d’un bond et envoie un magistral coup de
pied dans les parties de l’agresseur. Derrière Mirabelle arrive.
-
S’il y en a qui veulent fêter notre arrivée,
c’est le moment, j’ai un très grand besoin de me défouler. Prévient-elle.
Baccardi se lève à son tour. Les jeunes reculent en
soutenant leur copain grimaçant de douleur.
-
Faut s’tirer les mecs, on est tombé sur des
ouf !
Les quatre garçons s’éloignent
en jurant. Jack se relève, s’époussète et l’air ravi dit ;
-
Et bien voilà, vous commencez à vous habituer
à mon monde. En tout cas merci de m’avoir défendu.
-
N’as-tu donc rien retenu de ton passage à la
caserne de Fantasmagination ? Interroge Gary.
-
Si mais franchement, j’avais l’esprit
ailleurs. Répond Jack.
Apparemment cette petite échauffourée à réveillé les
esprits.
-
Bordel mais qu’est-ce que c’est que cette
ville, et cette grande maison, c’est quoi ? Interroge Mike en montrant au
bout de la trouée du square un haut bâtiment.
-
C’est la tour Montparnasse ! Lui indique
Jack.
-
Ça à l’air d’être immense comme ville, vous
êtes combien là dedans ? Demande Lady Dark.
-
Plusieurs millions !
-
Plusieurs millions rien que dans cette
ville ? S’étonne Mirabelle. Comment on va faire pour retrouver les
prédicateurs au milieu de tous ces gens ?
-
Je vous l’avais dit à la caserne, avec la
télé. Ce ne sont pas des anonymes comme ceux qui flânent dans ce parc.
-
Bon maintenant qu’on s’est imprégné un peu de
l’atmosphère nauséabonde du coin, tu parlais de nous emmener chez toi, hein
Jack ? Se remet debout le mage.
-
Oui c’est pour aujourd’hui la solution
provisoire la plus intelligente. Répond-il.
-
Parfait, nous te suivons ! Acquiesce
Arnak en replaçant son sac sur l’épaule.
-
Vous avez entendu les instructions que j’ai
donné tout à l’heure ? Reprend Jack.
-
Parfaitement mon cher, nous allons essayer de
tenir le coup. Dit Baccardi.
-
Maintenant qu’on est là… Soupire Dorine en
ramassant son sac.
-
Ça va Aline ? Lui demande Mirabelle.
-
On va faire aller. Dit-elle sans assurance.
-
Et toi Lady Dark ?
-
Je crois que je vais survivre, allons y.
Répond-elle en tâtant son ventre bien rempli.
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