FANTASMAGINAIRE 1 (
RENDEZ-VOUS A HIER )
épisode 1
Avant propos.
On pourrait imaginer
Fantasmaginaire comme quelque chose d’abstrait et fantasmagorique. On pourrait
tout aussi bien penser qu’il est une réalité émergeant de nos chimères.
Moi je le sais né de nos
Fantasmes ; quelque chose dont on ne peut rien affirmer de précis sur son
origine, mais qui respire en nous au même rythme que notre corps.
Quelque chose entre deux
portes qui va d’un côté et de l’autre suivant les pulsions qui l’attire ou le
pousse. Entre ces deux mondes, une entité qui n’a d’autres silhouettes que celles
qu’on lui offre et qui pioche d’une terre à l’autre ses inspirations.
Oui, deux univers ; le
notre où nous nous sommes nés et l’autre où résident nos doubles. Rien ne laissait
un jour supposer qu’entre ces deux mondes il y aurait une connexion autre que
celle du rêve et pourtant…
Commençons donc l’histoire
de Fantasmaginaire par le premier volet qui se déroule dans une banlieue
parisienne.
-------------------------------
Le rendez-vous.
Un
dimanche matin comme un autre ; presque une tradition d’aller chercher le
pain et surtout les croissants pour mon petit déjeuner. Pourtant, l’atmosphère
est animée d’une étrange brise. La rue, le ciel clair, la douceur d’une fin
d’été, l’ombre et la lumière comme un film qu’on rejoue quelques secondes. Un
peu comme si j’avais vécu bien plus loin qu’aujourd’hui.
Il arrive à tous d’avoir l’impression d’être au même endroit, de faire les mêmes gestes, de sentir les mêmes odeurs, de redire les mêmes paroles, mais sans déterminer exactement à quel moment en arrière cela c’est déjà produit. Cet instant devient obsessionnel. On a beau chercher mais rien ne vient prouver ce soupçon de déjà vu. Alors lassé on abandonne et on poursuit sa route.
Je ressors de la boulangerie avec ma baguette et mon paquet de croissants. Sur le trottoir, plus loin devant, une femme approche avec un grand sourire. Ses cheveux bruns ondulent comme dans un clip publicitaire et son tailleur colle à ses formes courbes.
Encore plus curieux, cette dernière me fixe avec un regard profond de certitude puis m’aborde.
- Bonjour Mikael ! N’oublies pas pour demain, c’est ta rentrée, ne soit pas en retard. Me dit-elle.
Je reste interloqué. Je ne connais pas cette femme, mais pourtant j’ai le souvenir de son image, de sa voix et le sujet de son propos ne m’est pas si exotique.
Je ne sais pas ce que j’ai fait hier soir, mais ce matin j’ai de drôles de sensations. Aurais-je trop abusé de liquides prohibé ?
Elle me pose une main sur l’épaule.
- Mikael, je te parle ! Hé ho ?
- Heu… Oui madame je…
- Hé bien je te disais que demain il faut que tu arrives 30 minutes avant les autres car tu as ton uniforme à essayer.
- Mon uniforme ?
- Mais oui, c’est bien sur ta demande que nous l’avons confectionné !
- Ha oui ! Oui bien sur mon uniforme… Suis-je bête ! C’est entendu j’arriverais en avance.
La femme souffle de soulagement.
Il arrive à tous d’avoir l’impression d’être au même endroit, de faire les mêmes gestes, de sentir les mêmes odeurs, de redire les mêmes paroles, mais sans déterminer exactement à quel moment en arrière cela c’est déjà produit. Cet instant devient obsessionnel. On a beau chercher mais rien ne vient prouver ce soupçon de déjà vu. Alors lassé on abandonne et on poursuit sa route.
Je ressors de la boulangerie avec ma baguette et mon paquet de croissants. Sur le trottoir, plus loin devant, une femme approche avec un grand sourire. Ses cheveux bruns ondulent comme dans un clip publicitaire et son tailleur colle à ses formes courbes.
Encore plus curieux, cette dernière me fixe avec un regard profond de certitude puis m’aborde.
- Bonjour Mikael ! N’oublies pas pour demain, c’est ta rentrée, ne soit pas en retard. Me dit-elle.
Je reste interloqué. Je ne connais pas cette femme, mais pourtant j’ai le souvenir de son image, de sa voix et le sujet de son propos ne m’est pas si exotique.
Je ne sais pas ce que j’ai fait hier soir, mais ce matin j’ai de drôles de sensations. Aurais-je trop abusé de liquides prohibé ?
Elle me pose une main sur l’épaule.
- Mikael, je te parle ! Hé ho ?
- Heu… Oui madame je…
- Hé bien je te disais que demain il faut que tu arrives 30 minutes avant les autres car tu as ton uniforme à essayer.
- Mon uniforme ?
- Mais oui, c’est bien sur ta demande que nous l’avons confectionné !
- Ha oui ! Oui bien sur mon uniforme… Suis-je bête ! C’est entendu j’arriverais en avance.
La femme souffle de soulagement.
- Ouf ! Un instant j’ai pensé que tu avais complètement oublié notre rendez-vous. Dit-elle rassurée.
- Non, non, je… Pas de problème je serais là demain matin. Lui affirmais-je sans réellement savoir pourquoi.
- Tant mieux parce qu’elles sont impatientes. Tu te rends compte s’il fallait annuler. Elles seraient très déçues !
- Oui je comprends bien madame, mais ne vous inquiétez pas, demain, à l’heure convenue, je serais présent.
- Hé bien alors à demain Mikael ! Achève-t-elle la conversation en reprenant sa route.
Je la regarde s’éloigner jusqu’à ce qu’un coin de rue me vole son image. Que m’arrive-t-il ? Qui est cette femme qui me semble autant familière qu’étrangère. Pourquoi de ce rendez-vous que je n’ai noté sur aucun carnet et qui pourtant me semble tout à fait préalablement consentit.
J’ouvre la porte de mon petit studio. Bizarre, il n’y a pas 20 minutes que j’en suis sorti pour me rendre à la boulangerie que j’ai l’impression d’y revenir bien avant ce moment. Etrange, je sens une présence et pourtant dans l’instant je suis l’unique occupant de mon foyer. J’ouvre l’armoire, on ne sait jamais. Un pull-over et deux paires de chaussettes tombent à mes pieds. Je les ramasse et les tasse sur l’étagère la moins encombrée. De toute façon, personne ne pourrait se cacher dans cette armoire, le fouillis y est impénétrable. Personne… Et pourtant j’ai vraiment la sensation de ne pas être seul.
Je commence à être mal à l’aise, je regarde partout mais rien n’a bougé. Le lit n’est comme d’habitude pas fait, mon linge de la veille traine au sol, sur l’évier le tube de dentifrice est resté ouvert et la vaisselle d’hier soir trempe dans une eau grasse. Ce doit être moi qui ne suis pas dans mon assiette… Je tente de me remémorer ce qui c’est passé hier soir mais curieusement rien ne me vient. Il n’y a pas de doute, j’ai certainement dû faire une grosse foire avec les copains et boire plus qu’il n’est raisonnable. Un bon petit déjeuner me fera le plus grand bien.
Je fais chauffer de l’eau pour le thé et en attendant l’ébullition je m’occupe de la vaisselle. S’il y avait des copains à la maison hier soir, je fus donc le seul à boire et manger puisqu’il n’y a qu’une assiette et qu’un verre. A moins que la fête ce soit déroulée ailleurs et que trop ivre pour conduire, un ami m’a ramené ici et tout simplement prévoyant, je ne suis pas sorti avec mon véhicule dans ce cas là, tout s’explique… Enfin presque tout parce que je ne sais toujours pas ce qui c’est passé hier soir.
Le thé est prêt et pour le moment les croissants m’intéressent davantage que ma mémoire en défaut.
10H30. Je fais un brin de ménage tout en repensant au rendez-vous de demain matin. Je sais parfaitement où me rendre et à quelle heure mais le motif m’échappe complètement sinon que je dois essayer un uniforme.
- Bordel qu’est-ce que je me suis mis hier soir pour avoir autant la tête à l’envers aujourd’hui. Que je me parle tout haut.
Pourtant, physiquement je me sens très bien alors que quand j’en prends une sévère, le lendemain je ne suis qu’une serpillière.
La journée passe un peu comme elle avait commencée. Toutes mes interrogations sont restées sans réponse et l’unique chose dont je suis sûr, c’est que demain matin je dois prendre le bus et honorer mon rendez-vous.
En soirée j’allume mon
ordinateur pour aller visiter ma messagerie, le ronflement du ventilateur de la
tour est irrégulier, surement de la poussière collée aux ailettes.
Quelques messages sans
grande importance, je réponds et je coupe ; je me sens bizarre, fatigué
sans doute…
Je me brosse les dents et me
glisse sous la couette. Avant d’éteindre la lumière mon regard se pose sur le
livre prêté par une amie. Un bel ouvrage relié d’un cuir rouge de belle
qualité. Les naufragés du Bouchtrou, une histoire d’un autre monde, d’un autre
temps. Il est grand ouvert, j’ai fini de le lire hier et j’ai sans doute omis
de le refermer.
C’est curieux, j’ai encore
l’impression de ne pas être seul. Je m’assois sur mon lit et visite du regard
l’unique pièce de mon logement. Evidement qu’il n’y a personne d’autre que moi
ici ; je hausse les épaules me moquant de moi-même, j’éteins la lampe et
sombre dans un sommeil profond.
épisode 2
Présentation.
Ce Dimanche de Septembre, 6h30 du matin, le réveil sonne, j’ouvre les yeux sur le plafond, puis doucement me redresse. J’ai l’impression d’émerger dans un chez moi qui n’est pas le mien. Disons plutôt qui n’est plus le mien. C’est ridicule, je ne me souviens pas avoir un futur ailleurs… D’autant plus risible qu’on ne peut accéder au futur avant d’avoir brûlé le passé et d’avoir allumé le présent.
Décidément mon esprit ne va pas mieux qu’hier ! Une bonne douche et un petit déjeuner vont me remettre d’aplomb.
7h30, le jour est levé, j’avance d’un bon pas vers l’arrêt de bus trouvant ça même absurde puisque j’ai ma moto pour me déplacer. J’ai la sensation de vivre depuis hier matin une tranche de vie qui m’est certes propre mais décalée voir par certains aspects inventée. Non c’est impossible, je me pince ! « AÏE ! » Pas de doute je suis bien éveillé.
Le bus arrive, je grimpe et composte mon billet. Qu’est-ce que je fiche avec un carnet de ticket dans ma poche ; je n’en achète jamais.
Huit stations plus loin, je descends. Pourquoi là ? Tout simplement parce que c’est l’arrêt le plus proche du lieu de mon rendez-vous et ne me demandez pas de l’expliquer parce que j’en suis incapable. Je marche une cinquantaine de mètres et je tourne dans une rue plus étroite. Numéro 16, quatre marches pour accéder au porche. Je ne suis jamais venu ici, mais je connais cet endroit. Un petit bâtiment en pierre de taille et sur le côté de la porte, juste au dessus de la sonnette une plaque de bronze gravée où il est inscrit « Institution de jeunes femmes ».
Qu’est-ce que je viens foutre ici mais mon doigt n’attend aucune réponse pour appuyer sur le bouton de la sonnette. A travers la vitre cathédrale de l’ouvrant une silhouette s’approche, j’entends le cliquetis de la serrure, la porte s’ouvre. La dame rencontrée hier m’accueille.
- Bonjour Mikael, je suis la directrice de cet établissement. C’est bien tu es à l’heure, tu as un bon point. Me dit-elle en m’invitant à entrer.
Je lui retourne la politesse trouvant un peu loufoque cette histoire de bon point que je ne comprends d’ailleurs pas. Mes pieds avancent sans que j’ai vraiment donné d’ordre en ce sens.
- Suis-moi Mikael, c’est par là !
Bêtement, comme un automate, j’emboîte le pas de la dame. Nous traversons le bâtiment, pénétrons dans une petite cour pavée, traversons, puis elle m’introduit dans une pièce au parquet impeccablement ciré.
Habillant tous le mur du fond, un haut meuble à étagère où sont rangés des effets. La dame monte sur un petit escabeau pour atteindre l’étagère numérotée 44, en sort un paquet de vêtement pliés et me les tend.
- Voilà ton uniforme Mikael ! Tu vas derrière ce paravent et tu le passes que je vois s’il est à ta taille. Me dit-elle en pointant l’endroit du menton.
Je regarde éberlué les vêtements qu’elle m’a donné.
- Heu… Il doit y avoir erreur madame. Ce… Ce sont des vêtements de fille ça et…
- Oui, c’est l’uniforme de l’institution, c’est bien ce que tu nous a demandé en t’inscrivant ici. Me répondit-elle très naturellement.
- Moi… Moi j’ai demandé ça ?
- Absolument, tu as même beaucoup insisté. M’assure-t-elle.
- Insisté ? M’étonnais-je.
- Oh oui, pourtant nous avions trouvé cela plutôt bizarre mais tu avais l’air tellement sûr de toi.
- Sûr de moi ? M’étonnais-je encore bien plus.
- Allons Mikael, nous ne t’avons pas forcé la main. Lorsque tu es venu t’inscrire nous t’avions bien prévenue que c’était une institution de jeune femme mais puisque tu semblais ne pas en tenir compte nous avons fini par accepter l’essai jusqu’à demain soir. Je te signale qu’en plus tu as exigé de porter le même uniforme que tous les autres pensionnaires. Tu nous as même donné tes mensurations. Nous avons fait beaucoup de retouches sur cet uniforme neuf alors maintenant, tu dois le mettre.
Je regardais cette femme qui d’après son attitude ne paraissait pas du tout me raconter de balivernes. Alors comme ça j’étais venu m’inscrire dans une institution de jeunes femmes ? L’idée me semblait complètement aberrante mais que faire maintenant que je suis là ? Je dois rêver pensais-je, oui c’est ça, je dois rêver et je n’aie pas dû me pincer assez fort tout à l’heure !
- Dépêches-toi Mikael, dans 30 minutes sera sifflée l’entrée en cours. Me prévint-elle d’une voix douce.
Ce Dimanche de Septembre, 6h30 du matin, le réveil sonne, j’ouvre les yeux sur le plafond, puis doucement me redresse. J’ai l’impression d’émerger dans un chez moi qui n’est pas le mien. Disons plutôt qui n’est plus le mien. C’est ridicule, je ne me souviens pas avoir un futur ailleurs… D’autant plus risible qu’on ne peut accéder au futur avant d’avoir brûlé le passé et d’avoir allumé le présent.
Décidément mon esprit ne va pas mieux qu’hier ! Une bonne douche et un petit déjeuner vont me remettre d’aplomb.
7h30, le jour est levé, j’avance d’un bon pas vers l’arrêt de bus trouvant ça même absurde puisque j’ai ma moto pour me déplacer. J’ai la sensation de vivre depuis hier matin une tranche de vie qui m’est certes propre mais décalée voir par certains aspects inventée. Non c’est impossible, je me pince ! « AÏE ! » Pas de doute je suis bien éveillé.
Le bus arrive, je grimpe et composte mon billet. Qu’est-ce que je fiche avec un carnet de ticket dans ma poche ; je n’en achète jamais.
Huit stations plus loin, je descends. Pourquoi là ? Tout simplement parce que c’est l’arrêt le plus proche du lieu de mon rendez-vous et ne me demandez pas de l’expliquer parce que j’en suis incapable. Je marche une cinquantaine de mètres et je tourne dans une rue plus étroite. Numéro 16, quatre marches pour accéder au porche. Je ne suis jamais venu ici, mais je connais cet endroit. Un petit bâtiment en pierre de taille et sur le côté de la porte, juste au dessus de la sonnette une plaque de bronze gravée où il est inscrit « Institution de jeunes femmes ».
Qu’est-ce que je viens foutre ici mais mon doigt n’attend aucune réponse pour appuyer sur le bouton de la sonnette. A travers la vitre cathédrale de l’ouvrant une silhouette s’approche, j’entends le cliquetis de la serrure, la porte s’ouvre. La dame rencontrée hier m’accueille.
- Bonjour Mikael, je suis la directrice de cet établissement. C’est bien tu es à l’heure, tu as un bon point. Me dit-elle en m’invitant à entrer.
Je lui retourne la politesse trouvant un peu loufoque cette histoire de bon point que je ne comprends d’ailleurs pas. Mes pieds avancent sans que j’ai vraiment donné d’ordre en ce sens.
- Suis-moi Mikael, c’est par là !
Bêtement, comme un automate, j’emboîte le pas de la dame. Nous traversons le bâtiment, pénétrons dans une petite cour pavée, traversons, puis elle m’introduit dans une pièce au parquet impeccablement ciré.
Habillant tous le mur du fond, un haut meuble à étagère où sont rangés des effets. La dame monte sur un petit escabeau pour atteindre l’étagère numérotée 44, en sort un paquet de vêtement pliés et me les tend.
- Voilà ton uniforme Mikael ! Tu vas derrière ce paravent et tu le passes que je vois s’il est à ta taille. Me dit-elle en pointant l’endroit du menton.
Je regarde éberlué les vêtements qu’elle m’a donné.
- Heu… Il doit y avoir erreur madame. Ce… Ce sont des vêtements de fille ça et…
- Oui, c’est l’uniforme de l’institution, c’est bien ce que tu nous a demandé en t’inscrivant ici. Me répondit-elle très naturellement.
- Moi… Moi j’ai demandé ça ?
- Absolument, tu as même beaucoup insisté. M’assure-t-elle.
- Insisté ? M’étonnais-je.
- Oh oui, pourtant nous avions trouvé cela plutôt bizarre mais tu avais l’air tellement sûr de toi.
- Sûr de moi ? M’étonnais-je encore bien plus.
- Allons Mikael, nous ne t’avons pas forcé la main. Lorsque tu es venu t’inscrire nous t’avions bien prévenue que c’était une institution de jeune femme mais puisque tu semblais ne pas en tenir compte nous avons fini par accepter l’essai jusqu’à demain soir. Je te signale qu’en plus tu as exigé de porter le même uniforme que tous les autres pensionnaires. Tu nous as même donné tes mensurations. Nous avons fait beaucoup de retouches sur cet uniforme neuf alors maintenant, tu dois le mettre.
Je regardais cette femme qui d’après son attitude ne paraissait pas du tout me raconter de balivernes. Alors comme ça j’étais venu m’inscrire dans une institution de jeunes femmes ? L’idée me semblait complètement aberrante mais que faire maintenant que je suis là ? Je dois rêver pensais-je, oui c’est ça, je dois rêver et je n’aie pas dû me pincer assez fort tout à l’heure !
- Dépêches-toi Mikael, dans 30 minutes sera sifflée l’entrée en cours. Me prévint-elle d’une voix douce.
-
L’entrée en cours ? Mais nous sommes
Dimanche !
-
Ici la semaine commence le dimanche ! Me
répond-elle très sérieusement.
Je passe derrière le
paravent puis je commence à me dévêtir. Une fois nu, entre le pouce et l’index,
je me pince fortement l’avant bras en tournant un quart de tour. Je grimace de
douleur. Bordel, ce n’est pas possible, je suis bien éveillé ! Mais qu’est-ce
qui c’est passé dans ma tête d’abruti pour m’inscrire dans cet établissement ?
J’ai fais un pari à la con avec des potes ou quoi ?
La voix de la dame me tire de mes interrogations.
- Alors Mikael ?
- Oui madame je… je m’habille !
Encore heureux, les sous vêtement sont masculins mais le reste. Un chemisier blanc avec un petit col ou est cousue une fausse cravate bleue, de longues chaussettes blanches, des souliers à boucles et une jupe plissée. C’est un uniforme qui n’a certainement plus cours nulle part à notre époque.
5 ou 6 minutes plus tard me voilà déguisé. La jupe ne descend même pas à mi-cuisses. De toute façon, elle aurait été au dessous des genoux que je l’aurais jugé déjà trop courte mais là.
- Alors Mikael ! Me relance la directrice.
Je sors timidement de derrière le paravent avec un peu de rouge sur les joues.
- C’est parfait ! Admire la dame en réajustant un peu la jupe. En plus je vois que tu es bien épilé.
Je baisse d’un coup mon regard sur mes jambes en constatant très étonné l’absence de pilosité qui faisait de moi encore un homme. Je ne me souvenais pas avoir été dans un salon de beauté ou avoir passé un coup de rasoir sur mes jambes et pourtant…
La dame m’entraine vers un grand miroir.
- Comment te trouves-tu ? Me demande-t-elle.
La voix de la dame me tire de mes interrogations.
- Alors Mikael ?
- Oui madame je… je m’habille !
Encore heureux, les sous vêtement sont masculins mais le reste. Un chemisier blanc avec un petit col ou est cousue une fausse cravate bleue, de longues chaussettes blanches, des souliers à boucles et une jupe plissée. C’est un uniforme qui n’a certainement plus cours nulle part à notre époque.
5 ou 6 minutes plus tard me voilà déguisé. La jupe ne descend même pas à mi-cuisses. De toute façon, elle aurait été au dessous des genoux que je l’aurais jugé déjà trop courte mais là.
- Alors Mikael ! Me relance la directrice.
Je sors timidement de derrière le paravent avec un peu de rouge sur les joues.
- C’est parfait ! Admire la dame en réajustant un peu la jupe. En plus je vois que tu es bien épilé.
Je baisse d’un coup mon regard sur mes jambes en constatant très étonné l’absence de pilosité qui faisait de moi encore un homme. Je ne me souvenais pas avoir été dans un salon de beauté ou avoir passé un coup de rasoir sur mes jambes et pourtant…
La dame m’entraine vers un grand miroir.
- Comment te trouves-tu ? Me demande-t-elle.
Franchement, devant mon reflet je ne sais pas trop quoi répondre mais ma première réaction si j’en avais une à formuler serait ; « Mais qu’est-ce que c’est que ce crétin travesti devant ce miroir ? »
J’entends du bruit, mes yeux se tournent vers la fenêtre, une dizaine de jeunes femmes costumées de la même façon que moi envahissent la cour.
- Tes camarades ! M’annonce sans rire la dame.
- Mes camarades ? Que je m’étonnais.
- Oui Mikael, ce sont les pensionnaires de l’institution et c’est avec elles que tu vas passer tes deux jours ici.
Je n’ose même plus regarder vers le miroir tellement je dois avoir une mine déconfite. La main de la dame prend la mienne et m’entraine vers la porte qui donne sur la cour. Je traîne un peu les pieds mais sans réellement offrir de résistance.
- Je vais te présenter. Me dit-elle.
Et me voilà traversant la cour tiré par la directrice. Toutes les voix, les rires et les mouvements se sont figés et tous les regards se sont braqués sur moi.
Jamais je n’avais ressenti une telle honte mais pas une honte qui torture, non, plutôt une honte presque délicieuse. Une honte que je n’avais qu’entrevue dans des délires fous au plus profond de mes fantasmes les plus inavoués. C’était donc ça, tout simplement ça, je m’étais inscrit ici pour vivre un fantasme que je croyais inaccessible. La directrice ou ce quelqu’un qui se faisait passer pour telle m’avait donc permis ce désir. Pourtant je n’avais aucune souvenance de mettre inscrit quelque part ou d’avoir répondu positivement à une annonce sur internet.
Arrivés de l’autre côté de la cour, la directrice demande au professeur de sonner la mise en rang.
Immédiatement cette dernière souffle énergiquement dans son instrument et toutes les jeunes femmes se sont alignées par deux en silence.
Cette prof d’une quarantaine d’années dessine une silhouette rigide et un visage qui ne l’est pas moins, ses cheveux sont noués derrière sa nuque et son regard est vif.
Moi, exposé devant cette double ligne, je n’en mène pas large et je vous avoue que je n’affiche pas un sourire de photographie de mariage. Ça me fait tout drôle d’être en jupe, je n’ai pas l’habitude de sentir l’air aussi haut sur mes cuisses et encore moins de n’avoir pas de pantalon sur mon slip.
Les jeunes femmes me toisent esquissant des sourires narquois.
- Voici Mikael ! Annonce la directrice, il sera parmi nous jusqu’à demain soir et je compte sur vous toutes pour que son séjours soit le plus agréable possible. Mikael consent à respecter les règles et la discipline de notre établissement et à ce titre il sera traité comme n’importe laquelle d’entre vous. Cependant, Mikael dispose déjà d’un bon point et de ce fait il annule une éventuelle première punition.
- Punition ? M’étonnais-je en me tournant vers la directrice.
Rires dans les rangs, la prof rétablie le silence en tapant du pied.
- Mais oui Mikael, reprend la directrice, nous en avions préalablement discuté l’ors de ton inscription et tu as accepté d’être puni si tu le méritais… Je ne me trompe pas ?
- Ben, Heu… Oui… Oui bien sûr madame ! Que je répondais un peu bafouillant en me demandant si vraiment un jour on avait discuté de ça.
- Bien, puisque, pour vous présenter Mikael, j’ai un peu pris sur le temps de votre récréation, je vous accorde encore dix minutes ! Informe la directrice en faisant siffler la brisure des rangs.
Sitôt fait qu’elle retraverse la cour en me laissant là au milieu de cette dizaine de jeunes femmes curieuses et joyeuses de ma présence parmi elles. Un peu paniqué, je coure derrière la directrice.
- Madame ! Madame !
- Oui Mikael !
- Attendez, je… Je ne comprends pas ce que… Enfin… C’est impossible tout ça !
- Non Mikael, maintenant tu es pensionnaire volontaire de l’institution et je ne suis plus madame, je suis madame la directrice ! Je n’ai plus qu’un conseil à te donner, tu as intérêt à bien te comporter sinon… Acheva-t-elle en tournant les talons.
Une main se pose sur mon épaule. Je me retourne, une jeune femme me lance son plus beau sourire.
- Alors jeune homme, c’est toi le nouveau ? Me lance-t-elle en me regardant de la tête aux pieds. Viens donc avec nous causer un peu ! M’invite-t-elle en me tirant vers les autres.
épisode 3
La classe.
Toutes les jeunes femmes m’entourent et les questions m’arrivent en vrac, trop nombreuses, je ne peux répondre. L’une d’elle, Grenadine, grande blonde aux yeux turquoise fait taire tout le monde.
- Ho les filles, on se calme ! C’est moi qui pose les questions !
Visiblement, elle a de l’autorité, peut-être est-ce la déléguée de classe.
- Alors Mikael, enfin tu es là ! On ne parle que de toi depuis une semaine. Me raconte-t-elle avec un petit sourire délicieusement débauché.
- De moi ? Parce que vous saviez que…
- Bien sûr qu’on savait et on t’attendait avec impatience. Rit-elle accompagnée de toutes les autres.
- Vous m’attendiez ?
- Oh que oui, ce n’est pas tous les jours qu’il y a un gars dans nos rang. Pour tout te dire c’est la toute première fois même que certaines ne le croyaient pas. Dit Grenadine avant d’ajouter. Tu sais que l’uniforme te va très bien, je te trouve mignon.
Mon front et mes joues se sont enflammés ce qui n’a échappé à personne. Elles ont toutes ricanée.
- Tu as quel âge Mikael ? Me demande l’une d’elle nommée Rose.
Me voilà bien embarrassé, j’ai un trou… Je pose ma main sur ma tête et constate que ma tignasse est bien fournie. Si j’ai des cheveux je suis donc assez jeune. Je me ravise car c’est un raisonnement complètement grotesque. Comment puis-je savoir que plus vieux je n’aurais presque plus rien sur le crâne. C’est une supposition totalement farfelue.
Mais que m’arrive-t-il ? Je ne peux pas ignorer mon âge et pourtant je bloque sur cette question. J’ai le sentiment de vivre ce moment en dehors d’un temps réel.
Grenadine se tourne vers moi en plongeant ses beaux yeux dans les miens.
- Tu ne veux pas nous dire ton âge Mikael ? C’est amusant ça, d’habitude ce sont plutôt les femmes qui cachent leurs nombre d’années. Plaisante-t-elle.
- Ben… Heu… C’est que… A vrai dire je…
- Moi je sais, c’est marqué dans sa fiche. Il a 22 ans ! Intervient une petite brune nommée Grace.
- Oui c’est ça, j’ai 22 ans ! Dis-je satisfait de la bouée tendue.
Mais pourquoi donc ma mémoire se met-elle en défaut. Bien sûr que j’ai 22 ans et ce depuis mon dernier anniversaire et il en sera ainsi jusqu’au prochain. Dans la foulée, j’apprends que deux pensionnaires sont plus jeunes d’une année, cinq sont du même âge que moi, et les trois dernières ont deux années de plus.
- Mais que va-t-il se passer maintenant ? Questionnais-je l’assemblée.
- Hé bien dans cinq minutes nous allons entrer en classe pour un cours de français avec cette garce de Francine ! Me répond Iris une jolie poupée aux cheveux châtain clair que le soleil matinal allume de mèches brillantes.
- Francine ?
- Ouais Francine, la prof ! Celle-là c’est une sévère et j’espère que tu n’es pas trop cancre parce que sinon, tu vas avoir chaud aux fesses !
- Chaud aux fesses ? Que j’interrogeais avec une petite chaleur au centre des joues.
- Oui Mikael ! Reprend Grenadine. Chaud aux fesses parce que la Francine quand elle te met une fessée elle y va de bon cœur.
- La…. La fessée ?
- Oui la fessée Mikael et même souvent déculottée devant toute la classe. Rit-elle en se tapotant doucement le postérieur.
A cet instant, une étincelle allume mon bas ventre d’une tiédeur exquise. L’idée m’excite, mais pourtant un courant inverse me tente de refuser d’en être l’objet principal. Fessé devant une classe féminine, c’est un bon fantasme mais personnellement je préfèrerais qu’il reste virtuel.
- Moi j’espère que Mikael est un cancre ! Intervient une nommée Joan en portant sur ma personne de grands yeux avides.
- Oh oui ! Reprend Rose. Je n’ai jamais vu un garçon jupe et si en plus il se la fait retrousser pour se faire fesser. Cela doit être une scène mmmmm !
- Holà ! Protestais-je. Il n’est pas question que je me donne en spectacle de la sorte !
- Si tu le mérites, Je doute que Francine te laissera le choix. Dit Grenadine en posant son index sur ma poitrine.
- Il possède un bon point, il a un joker ! Précise Grace avec une pointe de regret.
- Son joker ne servira qu’une fois et après… Hé, hé, hé ! Se réjouit Joan.
Un coup de sifflet coupe la conversation. Toutes les jeunes femmes se précipitent devant l’entrée de la classe et se mettent en rang. Je suis le mouvement à petit pas.
Madame Francine m’appelle.
- Mikael, viens près de moi, tu entreras en dernier ! Dit-elle d’une voix sèche qui ne permet aucune contradiction.
Une fois toutes les femmes en classe, madame Francine m’introduit.
La pièce est relativement petite pour une salle de classe. Pas besoin d’espace plus grand d’ailleurs, il n’y a que 10 pensionnaires… 11 avec moi.
Une estrade de bois, un grand tableau noir, le bureau de la prof et deux rangées de trois pupitres doubles.
Sur ces six pupitres, cinq sont occupés dont un où il n’y a que Grenadine.
- Tu t’installes à côté de Grenadine ! Me montre-t-elle. Et pas de bavardage ! Tu as tout ce qu’il faut dans ta case.
Je m’installe avec un pincement au cœur. Je ne sais trop comment m’assoir avec cette jupe. Une fois sur le banc je tire sur le tissu pour couvrir un peu plus mes cuisses et je commence à comprendre que c’est tout un art de porter ce genre de vêtement. Mes gestes maladroits pour m’installer font sourire la classe. Il y a bien longtemps que je ne me suis pas posé sur le banc d’un pupitre et jamais encore en uniforme de collégienne. C’est étrange, je ressens comme un bien être, mais également une gêne qui n’est d’ailleurs pas du tout désagréable. J’ai beaucoup de difficulté à croire que tout ceci est bien réel mais force est de constater que je ne dors pas et dans ce cas, me rendre à l’évidence que je suis le conscient acteur d’un fantasme jusque là resté secret. Je suis incapable de me restituer le déroulement historique qui m’a conduit ici mais ce qui est certain c’est que maintenant j’y suis.
- Mesdemoiselles… Monsieur ! Nous allons commencer par une dictée ! Annonce Madame Francine. Bien entendu, comme d’habitude, celle d’entre vous qui fera le plus de faute, sera punie. Dit-elle en prenant son livre puis d’ajouter en me fixant d’un terrible regard. Ou celui qui fera le plus de faute !
Un arc électrique me fait frissonner de la tête aux pieds. Mes cuisses se couvrent d’une chair de poule.
- Sortez une double copie vierge et inscrivez votre nom à gauche ! Ordonne la prof en cherchant un texte dans les pages du livre.
Je fouille dans la case. Trois stylos, un paquet de copies et une règle. Parfait, j’inscris mon nom et la prof commence à dicter. Elle parle lentement en prenant soin de bien appliquer les liaisons dans le parlé. Mon esprit bouillonne déjà. Faire le moins de faute possible, surtout faire le moins de fautes possible. La pointe de mon stylo recopie les petits tremblements de mes doigts. Bordel il faut que je me calme, je suis trop tendu. Madame Francine poursuit méthodiquement l’énoncé du texte en passant et repassant devant les pupitres. De temps en en temps, elle jette au hasard son regard sur une copie. A chaque fois qu’elle passe à côté de moi et qu’elle suspend son pas, une fièvre froide me tétanise la nuque.
Deux pages d’écriture… Deux pages c’est bien assez pour accumuler un bon nombre de fautes et je ne désire surtout pas être celui qui en comptera le plus. J’ai toujours mon joker mais je préférerai le garder le plus longtemps possible.
- Je vous donne un peu de temps pour vous relire et ensuite je ramasse les copies. Dit-elle en refermant son livre.
Je reprends mon écrit, deux fois, trois fois, je doute, je me révise les accords de participes, les pluriels et toutes la panoplie de ce que je me souviens de mon bref passage sur les bancs de l’école. Devant mes yeux les lignes se mélangent, je reprends, et ce mot c’est deux T ou un seul et cette phrase elle s’accorde avec quoi ?
Madame Francine tape dans ces mains pour mettre fin à la relecture et ramasse les copies.
- Pendant que je corrige, je ne veux rien entendre tonne-t-elle en s’installant à son Bureau.
C’est le grand silence et je m’aperçois que je ne suis pas seul à être stressé. Sur le pupitre d’à côté Dora se mord les lèvres, devant c’est Iris qui se tord les doigts et ma voisine se ronge les ongles. Une petite chose très agréable me détend un peu. Je remarque tous ces globes plus ou moins gros qui gonflent les chemisiers des pensionnaires et je peux affirmer qu’aucune ne porte un soutient gorge. Ma compagne de pupitre en a des parfaitement dessinés et ses petits bouts marquent le tissus du chemisier.
Les copies défilent sous les yeux de la prof. Parfois elle soupire en secouant la tète de gauche à droite. D’autres fois elle grimace. Pourvu que ce ne soit pas moi le plus mauvais de cette classe que je me répète sans arrêt pendant qu’une petite voix parallèle tente de me rassurer en me rappelant que je dispose d’un bon point.
Je ne sais combien de temps est passé avant que Madame Francine lève la tête des copies avec déjà une satisfaction qui appuyait sa jubilation de punir sous peu une ou un élève. Enfin, quand je dis un élève c’est faux puisque j’ai un bon point, mais je n’ai pas envie de le perdre.
Elle trie les copies et se lève.
- Voilà les résultats dans l’ordre ! Dit-elle. La dernière ou le dernier recevra la fessée qu’il mérite selon le nombre de fautes. Acheva-t-elle en portant la première copie à ses yeux.
Toutes les jeunes femmes m’entourent et les questions m’arrivent en vrac, trop nombreuses, je ne peux répondre. L’une d’elle, Grenadine, grande blonde aux yeux turquoise fait taire tout le monde.
- Ho les filles, on se calme ! C’est moi qui pose les questions !
Visiblement, elle a de l’autorité, peut-être est-ce la déléguée de classe.
- Alors Mikael, enfin tu es là ! On ne parle que de toi depuis une semaine. Me raconte-t-elle avec un petit sourire délicieusement débauché.
- De moi ? Parce que vous saviez que…
- Bien sûr qu’on savait et on t’attendait avec impatience. Rit-elle accompagnée de toutes les autres.
- Vous m’attendiez ?
- Oh que oui, ce n’est pas tous les jours qu’il y a un gars dans nos rang. Pour tout te dire c’est la toute première fois même que certaines ne le croyaient pas. Dit Grenadine avant d’ajouter. Tu sais que l’uniforme te va très bien, je te trouve mignon.
Mon front et mes joues se sont enflammés ce qui n’a échappé à personne. Elles ont toutes ricanée.
- Tu as quel âge Mikael ? Me demande l’une d’elle nommée Rose.
Me voilà bien embarrassé, j’ai un trou… Je pose ma main sur ma tête et constate que ma tignasse est bien fournie. Si j’ai des cheveux je suis donc assez jeune. Je me ravise car c’est un raisonnement complètement grotesque. Comment puis-je savoir que plus vieux je n’aurais presque plus rien sur le crâne. C’est une supposition totalement farfelue.
Mais que m’arrive-t-il ? Je ne peux pas ignorer mon âge et pourtant je bloque sur cette question. J’ai le sentiment de vivre ce moment en dehors d’un temps réel.
Grenadine se tourne vers moi en plongeant ses beaux yeux dans les miens.
- Tu ne veux pas nous dire ton âge Mikael ? C’est amusant ça, d’habitude ce sont plutôt les femmes qui cachent leurs nombre d’années. Plaisante-t-elle.
- Ben… Heu… C’est que… A vrai dire je…
- Moi je sais, c’est marqué dans sa fiche. Il a 22 ans ! Intervient une petite brune nommée Grace.
- Oui c’est ça, j’ai 22 ans ! Dis-je satisfait de la bouée tendue.
Mais pourquoi donc ma mémoire se met-elle en défaut. Bien sûr que j’ai 22 ans et ce depuis mon dernier anniversaire et il en sera ainsi jusqu’au prochain. Dans la foulée, j’apprends que deux pensionnaires sont plus jeunes d’une année, cinq sont du même âge que moi, et les trois dernières ont deux années de plus.
- Mais que va-t-il se passer maintenant ? Questionnais-je l’assemblée.
- Hé bien dans cinq minutes nous allons entrer en classe pour un cours de français avec cette garce de Francine ! Me répond Iris une jolie poupée aux cheveux châtain clair que le soleil matinal allume de mèches brillantes.
- Francine ?
- Ouais Francine, la prof ! Celle-là c’est une sévère et j’espère que tu n’es pas trop cancre parce que sinon, tu vas avoir chaud aux fesses !
- Chaud aux fesses ? Que j’interrogeais avec une petite chaleur au centre des joues.
- Oui Mikael ! Reprend Grenadine. Chaud aux fesses parce que la Francine quand elle te met une fessée elle y va de bon cœur.
- La…. La fessée ?
- Oui la fessée Mikael et même souvent déculottée devant toute la classe. Rit-elle en se tapotant doucement le postérieur.
A cet instant, une étincelle allume mon bas ventre d’une tiédeur exquise. L’idée m’excite, mais pourtant un courant inverse me tente de refuser d’en être l’objet principal. Fessé devant une classe féminine, c’est un bon fantasme mais personnellement je préfèrerais qu’il reste virtuel.
- Moi j’espère que Mikael est un cancre ! Intervient une nommée Joan en portant sur ma personne de grands yeux avides.
- Oh oui ! Reprend Rose. Je n’ai jamais vu un garçon jupe et si en plus il se la fait retrousser pour se faire fesser. Cela doit être une scène mmmmm !
- Holà ! Protestais-je. Il n’est pas question que je me donne en spectacle de la sorte !
- Si tu le mérites, Je doute que Francine te laissera le choix. Dit Grenadine en posant son index sur ma poitrine.
- Il possède un bon point, il a un joker ! Précise Grace avec une pointe de regret.
- Son joker ne servira qu’une fois et après… Hé, hé, hé ! Se réjouit Joan.
Un coup de sifflet coupe la conversation. Toutes les jeunes femmes se précipitent devant l’entrée de la classe et se mettent en rang. Je suis le mouvement à petit pas.
Madame Francine m’appelle.
- Mikael, viens près de moi, tu entreras en dernier ! Dit-elle d’une voix sèche qui ne permet aucune contradiction.
Une fois toutes les femmes en classe, madame Francine m’introduit.
La pièce est relativement petite pour une salle de classe. Pas besoin d’espace plus grand d’ailleurs, il n’y a que 10 pensionnaires… 11 avec moi.
Une estrade de bois, un grand tableau noir, le bureau de la prof et deux rangées de trois pupitres doubles.
Sur ces six pupitres, cinq sont occupés dont un où il n’y a que Grenadine.
- Tu t’installes à côté de Grenadine ! Me montre-t-elle. Et pas de bavardage ! Tu as tout ce qu’il faut dans ta case.
Je m’installe avec un pincement au cœur. Je ne sais trop comment m’assoir avec cette jupe. Une fois sur le banc je tire sur le tissu pour couvrir un peu plus mes cuisses et je commence à comprendre que c’est tout un art de porter ce genre de vêtement. Mes gestes maladroits pour m’installer font sourire la classe. Il y a bien longtemps que je ne me suis pas posé sur le banc d’un pupitre et jamais encore en uniforme de collégienne. C’est étrange, je ressens comme un bien être, mais également une gêne qui n’est d’ailleurs pas du tout désagréable. J’ai beaucoup de difficulté à croire que tout ceci est bien réel mais force est de constater que je ne dors pas et dans ce cas, me rendre à l’évidence que je suis le conscient acteur d’un fantasme jusque là resté secret. Je suis incapable de me restituer le déroulement historique qui m’a conduit ici mais ce qui est certain c’est que maintenant j’y suis.
- Mesdemoiselles… Monsieur ! Nous allons commencer par une dictée ! Annonce Madame Francine. Bien entendu, comme d’habitude, celle d’entre vous qui fera le plus de faute, sera punie. Dit-elle en prenant son livre puis d’ajouter en me fixant d’un terrible regard. Ou celui qui fera le plus de faute !
Un arc électrique me fait frissonner de la tête aux pieds. Mes cuisses se couvrent d’une chair de poule.
- Sortez une double copie vierge et inscrivez votre nom à gauche ! Ordonne la prof en cherchant un texte dans les pages du livre.
Je fouille dans la case. Trois stylos, un paquet de copies et une règle. Parfait, j’inscris mon nom et la prof commence à dicter. Elle parle lentement en prenant soin de bien appliquer les liaisons dans le parlé. Mon esprit bouillonne déjà. Faire le moins de faute possible, surtout faire le moins de fautes possible. La pointe de mon stylo recopie les petits tremblements de mes doigts. Bordel il faut que je me calme, je suis trop tendu. Madame Francine poursuit méthodiquement l’énoncé du texte en passant et repassant devant les pupitres. De temps en en temps, elle jette au hasard son regard sur une copie. A chaque fois qu’elle passe à côté de moi et qu’elle suspend son pas, une fièvre froide me tétanise la nuque.
Deux pages d’écriture… Deux pages c’est bien assez pour accumuler un bon nombre de fautes et je ne désire surtout pas être celui qui en comptera le plus. J’ai toujours mon joker mais je préférerai le garder le plus longtemps possible.
- Je vous donne un peu de temps pour vous relire et ensuite je ramasse les copies. Dit-elle en refermant son livre.
Je reprends mon écrit, deux fois, trois fois, je doute, je me révise les accords de participes, les pluriels et toutes la panoplie de ce que je me souviens de mon bref passage sur les bancs de l’école. Devant mes yeux les lignes se mélangent, je reprends, et ce mot c’est deux T ou un seul et cette phrase elle s’accorde avec quoi ?
Madame Francine tape dans ces mains pour mettre fin à la relecture et ramasse les copies.
- Pendant que je corrige, je ne veux rien entendre tonne-t-elle en s’installant à son Bureau.
C’est le grand silence et je m’aperçois que je ne suis pas seul à être stressé. Sur le pupitre d’à côté Dora se mord les lèvres, devant c’est Iris qui se tord les doigts et ma voisine se ronge les ongles. Une petite chose très agréable me détend un peu. Je remarque tous ces globes plus ou moins gros qui gonflent les chemisiers des pensionnaires et je peux affirmer qu’aucune ne porte un soutient gorge. Ma compagne de pupitre en a des parfaitement dessinés et ses petits bouts marquent le tissus du chemisier.
Les copies défilent sous les yeux de la prof. Parfois elle soupire en secouant la tète de gauche à droite. D’autres fois elle grimace. Pourvu que ce ne soit pas moi le plus mauvais de cette classe que je me répète sans arrêt pendant qu’une petite voix parallèle tente de me rassurer en me rappelant que je dispose d’un bon point.
Je ne sais combien de temps est passé avant que Madame Francine lève la tête des copies avec déjà une satisfaction qui appuyait sa jubilation de punir sous peu une ou un élève. Enfin, quand je dis un élève c’est faux puisque j’ai un bon point, mais je n’ai pas envie de le perdre.
Elle trie les copies et se lève.
- Voilà les résultats dans l’ordre ! Dit-elle. La dernière ou le dernier recevra la fessée qu’il mérite selon le nombre de fautes. Acheva-t-elle en portant la première copie à ses yeux.