Episode 101
La raclée
9 Octobre, La télévision informe qu’un remaniement
ministériel à été décidé par le président de la république. Deux hommes
d’affaire proches du chef de l’état sont entendus comme simples témoins dans le
cadre d’une enquête sur des ventes illégales d’armes en Centrafrique qui
auraient permis, selon certaines sources, d’armer les partisans d’Horace de
Fantenay. D’autres informations sont diffusées, mais pas un mot sur les
prédicateurs à croire que les autorités s’en désintéressent.
Gary annonce que l’armoire sera prête pour demain soir.
La modification permettra à ce que les deux prédicateurs voyagent assit et de
se fait ne pas arriver à destination comme des serpillières.
L’idée d’Ellie pour récupérer les clefs des catacombes
est adoptée et Melle Véra met dans une boite toutes ses vieilles clefs qui
n’ont plus d’usage. Ellie remontra à Paris avec sa moto le 11 Octobre ; le
même jour, Mirabelle, Aline, Lady Dark, Et Baccardi prennent aussi cette
direction à bord du monospace de Sourire. Le lendemain Dorine Gary et Mike avec
les clefs de l’appartement de Jack, monteront dans le TGV à 11h15 et arriveront
en gare de Montparnasse vers 17 heures où ils seront réceptionnés par Sourire.
Le 13 octobre, Bonemain prendra la route pour la capitale
avec en chargement les deux prédicateurs. Le mage Arnak et Jack seront à ses
côtés en cabine. Ils doivent arriver le 14 à 2h30 du matin et stationneront en
face de la gare RER de Denfert-Rochereau. Le reste de l’équipe les attendra sur
place avec, si tout se passe bien, les clefs des catacombes.
L’après midi est radieuse, Dorine, Sourire, Ellie, Jack
et Mike tapent le ballon sur la terrasse du château. La balle passent de pieds
en pieds et de têtes en tètes. On dribble, on jongle et d’un plat du pied Jack
envoie involontairement le ballon à travers un carreau d’une fenêtre du
château.
Melle Véra alertée par le bruit de verre brisé, se
précipite pour constater les dégâts.
-
C’est moi Melle Véra, excusez-moi, je
rembourserais la casse. Se dénonce Jack.
-
Heureusement, mais tu crois que c’est le
moment à quelques jours de partir. Il va falloir trouver un miroitier
disponible rapidement. Se met en colère Melle Véra.
-
Je peux m’en charger. Se propose-t-il.
-
C’est moi qui vais me charger de toi !
tu vas vite comprendre qu’il ne faut pas jouer au ballon à proximité des
vitrages. Attends-moi là, je n’en n’aie pas pour longtemps. Prévient-elle en
entrant dans le hall du Château.
-
Hi, hi, hi ! Je crois que tu vas
recevoir une bonne fessée. Rigole Ellie.
-
Ce n’est pas pour me déplaire. Fanfaronne
Jack.
-
Hummm, elle n’a pas l’air contente. Juge
Mike.
-
C’est sûr… Disons que je vais en prendre une
belle. Hoou, j’en aie déjà d’excitants petits frissons.
Cinq minutes plus tard, Melle Véra est de retour armée
d’un martinet de bonne facture. Jack pâlit un peu en voyant les solides
lanières et sent déjà que ça va lui cingler bien plus chaudement qu’il l’avait
prévu.
-
Déculottes-toi ! Lui ordonne Melle Véra.
-
Là, ici ? Interroge-t-il un peu surpris.
-
Tout de suite et ici ! Répond-elle en
lui envoyant assez rudement les lanières en travers des cuisses.
Jack grimace et plie les genoux en se frottant l’arrière
des cuisses. Un second coup le fait carrément sauter en l’air en poussant un
retentissant « AAÏEEE !
-
J’ai dit de te déculotter alors tu te
dépêches ! Lui crie Melle Véra en faisant siffler le martinet.
Le pauvre Jack à perdu de sa superbe et par la même, son
excitante illusion d’une fessée à la main. Il se déculotte du plus vite qu’il
peut puis une fois short et slip aux chevilles, Melle Véra lui attrape le
poignet gauche et commence à lui fouetter fesses et cuisses sans ménagement.
-
Je vais t’apprendre moi à casser les carreaux
du château. Crie-t-elle en envoyant assez rudement les lanières du martinet.
Jack gesticule et ne peut que sautiller à causse de ses
chevilles prises dans le short et slip. Il à beau tenter de se protéger avec sa
main droite mais rien y fait, Melle Véra est habile et trouve toujours un
passage pour que les lanières touchent la cible.
Les cris de Jack attirent de nouveau spectateurs ;
Mirabelle, Aline, Lady Dark, Gary, Baccardi et Bonemain lâchent les raquettes
et les boules pour assister à la fessée. Même le mage Arnak et venu voir
quelques instants avant de retourner à sa chaise longue et son livre en
rigolant.
Les fesses et cuisses du malheureux se couvre vite de
belles lignes désordonnées et bien colorées. Nul ne sait où est passé l’excitation
dont il se vantait, à croire qu’elle s’est cachée en attendant la fin de
l’orage.
Le martinet ne cesse d’aller et venir en déposant à
chaque fois sur les cuisses ou les fesses de Jack sa cuisante morsure
multipliée par le nombre de lanières.
Le malheureux tournicote, se déhanche, se contorsionne de
douleur et sa voix n’a plus assez de corde pour sonoriser toutes ses plaintes.
C’est une plaisante chorégraphie que nous offrent les
deux interprètes. Un peu anarchique c’est vrai mais aucune des spectatrices ni
aucun des spectateurs ne réclament la perfection. Elles et ils se plaisent de
se désordre gestuel trouvant avant tout du charme dans l’improvisation.
Jack n’en fini pas de recevoir des coups de martinet en
essayant tant bien que mal de rester en équilibre sur ses deux jambes entravées
par le short torsadé à ses chevilles.
Pas de doute, Melle Véra est très en colère et lui
administre une mémorable raclée.
Jack n’en peut plus de subir et d’hurler, il se laisse
choir sur le dallage en suppliant. Melle Véra stoppe la danse des lanières.
-
La prochaine fois que tu joueras au ballon tu
réfléchiras à t’éloigner de mes fenêtres ! Lui dit-elle en menaçant encore
avec le martinet. Que ça te serve de leçon ! Ajoute-t-elle en s’éloignant.
Mirabelle, Aline, Lady Dark et Gary retournent à leur
partie de badminton très satisfaits de l’intermède. Baccardi et Bonemain
reprennent leur partie de pétanque en commentant cette belle raclée.
Dorine se penche sur Jack resté au sol.
-
Ça va ? lui demande-t-elle.
-
Hoooo, hoouuulala ! Répond-il en se
frottant délicatement fesses et cuisses.
-
Tu as mal ? L’interroge Ellie avec une
pincé d’ironie.
-
Hooouuuu, Hoooyaaayaaïe ! Bien sûr,
hooo !
-
Tu veux qu’on t’aide à te reculotter ?
Propose Sourire avec un peu de narquoiserie.
-
Fichez-moi la paix, hooouuuu !
-
Bordel, qu’est-ce que tu as pris. Constate
Mike en affichant un grand sourire.
-
J’ai dit fichez-moi la paix !
Répète-t-il avec plus de conviction.
-
C’est qu’il nous fait un caca nerveux le
mec ? OK, on s’en va ! Venez on va faire un tour au bord de la
rivière. Rigole Ellie en invitant à suivre.
Beaucoup plus tard en fin d’après midi, Jack entre au
petit salon où Sourire, Dorine, Ellie et Mike jouent au tarot.
-
Tiens un revenant ?! Fait Ellie.
-
Holà tu as vu tes cuisses ? Dit Sourire
en constatant les striures bien marquées et par endroit légèrement
boursoufflées.
-
Je les ai vus et surtout bien senti. Répond
Jack en s’installant délicatement sur une chaise.
-
C’était grandiose, une vraie rouste ça !
Estime Mike en balançant l’excuse sur le tapis.
-
Tu l’as dit, je n’en avais jamais reçu une
comme ça et je n’aime pas du tout. Souffle Jack.
-
Ce qui est marrant, c’est que tu n’as pas
pipé mot. Emet Ellie.
-
Comment ça ?
-
Tu aurais pu protester quand même.
-
Que voulais-tu que je proteste alors que je
venais de casser un carreau ? Réplique Jack avec étonnement.
-
Il me semble au passage, mais je peux me
gourer, qu’un jour tu nous avais dit que jamais tu n’accepterais une fessée qui
n’apporte aucun plaisir.
-
C’est vrai, je suis témoin. Confirme Mike.
-
Oui… Oui mais là, je ne pouvais rien faire.
Se défend Jack.
-
Tu avais qu’à implorer Melle Véra d’arrêter.
-
T’es malades toi ! Tu as vu comment
qu’elle était en furie ? Elle m’en aurait collé le double ouais !
-
Mais non, tu en as reçu plus justement parce
que tu n’as rien dit. Lui répond Mike.
-
Tu as vu jouer ça où toi ? S’énerve un
peu Jack.
-
Il ne pige toujours pas Mike. Remarque, il a
peut-être pris son pied ? Intervient Ellie.
-
Certainement pas ! Je peux te dire que
j’ai morflé. Contredit Jack en haussant les épaules.
-
De toute façon tu la méritais cette fessée.
Juge Dorine.
-
C’est sûr… Acquiesce-t-il du bout des lèvres.
-
Moi je me souviens que j’en méritais une pour
avoir laissé punir Aline à ma place et que tu m’avais dit que jamais tu n’admettrais
ce genre de fessée punitive parce qu’elle n’apportait rien au niveau du plaisir
et pourtant aujourd’hui tu viens d’en prendre une. Relance Mike.
-
Et sans moufeter ! Ajoute Ellie.
-
Je n’étais pas comme toi consentant, c’est
juste que je ne pouvais pas faire autrement avec un carreau cassé sur le dos.
Rétorque Jack.
-
Un sacrifice en quelque sorte. Plaisante
Dorine.
-
Et comme il n’a pas demandé à Melle Véra
d’arrêter quand ça faisait trop mal et bien elle à continué. Manque
d’expérience Jack... Dit Mike.
-
Parce que tu crois que si je lui avais
demandé de stopper ça aurait changé les choses ?
-
Je ne crois pas, j’en suis certain !
Mais bravo quand même, belle résistance. Admire Mike.
-
Ouais, on ne va plus pouvoir dire que c’est
un petit joueur maintenant. Conclue Ellie.
-
Il lui reste à goûter le fouet pour venir
jouer dans la cour des grands. Dit Dorine.
-
Le fouet !!! Alors ça jamais !
Colère Jack, sortant du petit salon en claquant la porte.
Episode 102
Préparation au
départ.
10 Octobre, le temps est maussade mais la température
reste agréable. Les membres de l’équipe commencent à préparer leurs bagages.
Mike ne parle que de Clakett et il lui tarde d’enfin retrouver le territoire
impérial de Fantasmaginaire.
Les deux prédicateurs sont juste informés de leur proche
transfert pendant la promenade. Ils paraissent très confiants croyant sans
doute pouvoir très rapidement quitter le navire où ils seront enrôlés
involontaires.
Melle Véra à remis à Mike et Dorine un uniforme neuf de
l’institution lafleurodent afin qu’ils l’emportent à Fantasmaginaire. Les
maillots de bain de Rirolarm et son copain, ainsi que le costume de femme de
chambre sont aussi du voyage comme trophées.
Ellie est triste et dit que ce départ ressemble à la fin
d’une belle colonie de vacances.
Durant tout cette journée Baccardi traine à faire son sac
est reste silencieux ; ses sourires sont étrangement forcés.
L’armoire est prête, Gary et Bonemain la présente avant
de la charger dans le camion. A l’intérieur, toutes des étagères ont été
enlevées et la profondeur du meuble augmenté de quarante centimètres pour
pouvoir, de chaque côté de la séparation verticale, fixer deux sièges bien
rembourrés. Les deux compartiments sont capitonnés afin d’éviter que les têtes
cognent le bois et des taquets visés permettront de passer les sangles.
Bonemain prévoit le départ à 22 heures le 13 Octobre en
invoquant une marge de temps confortable.
En milieu d’après midi, Mirabelle, Aline, Gary et le mage
ouvrent les deux cellules sortent les deux prédicateurs afin qu’ils écoutent ce
qui va leur être annoncés.
-
Le 13 Octobre vers 21H30 heures vous allez
être conduit au camion pour votre transfert vers Paris et nous pensons y
arriver le lendemain vers 23h30. Nous avons aménagé une armoire pour que votre
voyage se déroule dans de bonnes conditions de confort. N’allez pas imaginer
que nous avons de la compassion pour vous, cette modification n’est que par
soucis que vous n’arriviez pas à destination en mauvaise forme physique car
nous avons à effectuer une longue marche dans les catacombes avant d’atteindre
le monde de Fantasmaginaire et il n’est pas question de vous porter. Leur dit
le mage Arnak.
-
Le monde de Fantasmaginaire dites-vous ?
Interroge Horace de Fantenay.
-
Oui, ce sera votre nouvelle patrie !
Confirme Arnak.
-
Allons bon et où se trouve ce
Fantasmaginaire ?
-
Dans un autre univers ou une autre planète ou
encore une autre dimension ; c’est selon comme tu l’interpréteras. Lui
répond Arnak.
-
A qui voulez-vous faire croire cela ?
c’est grotesque ! Rigole Horace de Fantenay.
-
Quand tu arriveras sur place tu feras moins
le mariole. Renvoie Gary.
-
Et la suite de cette histoire
abracadabrante ? Demande De Fantenay en affichant un petit sourire
moqueur.
-
Nous vous ferons embarquer sur un navire
Vagalâmeur comme mousse. Répond Mirabelle.
-
Mais encore ? En réclame-t-il davantage.
-
Vous partirez
tous les deux sur le grand océan et vous essayerez de rester en vie le
plus longtemps possible. Précise-t-elle un peu plus.
-
Que veut dire « rester en vie le plus
longtemps possible » ? S’étonne Horace de Fantenay.
-
Ça veut dire qu’il vous faudra combattre les
Kidnapingres, les Creuztatombs, les Crèvesueurs et les Entoqués.
-
Et qui sont tout ces gens ? Demande
Childéric Halebard.
-
Ce sont des pirates, des corsaires, des
marchands d’hommes et pour les Entoqués, ils sont cannibales. Répond le mage
Arnak.
-
On nage en pleine fiction ! Pouffe
Horace de Fantenay.
-
Une fiction que vous allez tous les deux
découvrir dans sa dimension la plus réaliste. Rétorque Aline.
-
J’espère pour vous que vous savez manier le
sabre, ha, ha, ha, ha ! Eclate de rire Gary.
-
Ho, j’oubliais, il y a aussi les tempêtes.
Adjoint Mirabelle.
-
Et également les lapins de mer, les serpents
rouges et quelques autres agréables bestioles qui adorent la chair fraîche.
Ajoute Aline.
-
Ha, ha, ha, ha ! Arrêtez de nous prendre
pour des imbéciles, nous avons passé l’âge de croire au pays des merveilles et
au capitaine Némo. Ricane Horace de Fantenay.
-
Je n’ignore pas que vous êtes monsieur Arnak
capable de grande prouesses pour ce qui est de l’illusion, est-ce donc un monde
peuplé de vos mirages où vous allez nous enfermer pour nous rendre fous ?
Est-ce donc ça votre promesse de liberté ? Questionne Childéric.
-
Non, il est bien réel le monde de
Fantasmaginaire. Là-bas, je n’aurais pas de temps à perdre à vous tromper de
mes illusions, je crois qu’elles ont fait bonnes œuvres à Foix, Pamiers et
Cahors et qu’il est temps de les laisser se reposer. Pour ce qui est de notre
promesse, elle sera tenue, une fois embarqué vous serez aussi libre qu’on peut
l’être sur un navire en contrepartie d’assurer votre travail de marin.
Maintenant, vous avez été assez informés alors rentrez dans vos cellules.
Termine le mage Arnak.
Un peu plus tard une fois dans leurs cachots respectifs,
Horace de Fantenay interpelle son voisin.
-
Tu te rends compte de ce qu’ils ont tenté de
nous faire croire pour brouiller les pistes ?
-
J’espère que tu as raison. Lui retourne
Childéric.
-
Tu ne vas quand même pas avaler ces
sornettes ?
-
Ma sagacité m’en défend, mais elle n’est pas
assez forte pour en écarter l’hypothèse.
-
Allons, ressaisis-toi ! Ricane Horace de
Fantenay.
-
Je n’arrête pas, mais il y na tant de
questions dont je ne trouve pas les réponses. J’admire ta clairvoyance parce
qu’elle était mienne au début que je suis arrivé ici. Relate Childéric
Halebard.
-
Oui je comprends, le temps passant dans cet
endroit doit user l’esprit. Compatie Horace de Fantenay.
-
Comment un illusionniste peut-il être assez
talentueux pour créer de telles choses. Aucun avant lui n’a réalisé ce genre de
prouesse. Gigantesque, incroyable et tout ça sans aucun matériel. Répond-moi
franchement Horace, crois-tu ça possible ?
-
Puisque cela a été fait c’est que c’est
possible ! Maintenant il n’était certainement pas seul et rien ne prouve
qu’avec ses complices ils n’avaient pas habilement dissimulé du matériel. Je
pense que dans ce groupe ils sont tous illusionnistes et prestidigitateurs de
talent, de vrais spécialistes on ne peut que le constater.
-
D’après toi, ils posséderaient un matériel
très sophistiqué facilement dissimulable se combinant avec leurs techniques
afin d’assembler et rendre plus forte les illusions créées ? Interroge
Halebard septique.
-
Oui et ils avaient préparé leur spectacle de
longue date et à ce titre ils ont bien réussi leur coup ! Répond Horace De
Fantenay.
-
J’étais à Foix et Pamiers et j’ai vu… J’ai lu
les témoignages sur les évènements de Cahors. Horace toi qui étais présent, ce
dragon, était-il comme les témoins l’ont raconté ?
-
Oui…. Oui mais moi j’ai vu sa gueule à
quelques mètres de mon visage ! Il était…. J’en frisonne encore !
Il était grand très grand d’une envergure d’au moins les deux tiers de la
longueur du pont Valentré. Il était glacial… étrange, effroyable et j’ai senti
sur moi…
Horace de Fantenay stoppe sa narration les images de ce
moment lui reviennent à l’esprit et il flaire encore le souffle froid du dragon
envelopper son corps recroquevillé sur le pavé du pont.
-
Qu’as-tu senti ? Demande Childéric.
-
Je ne sais pas, c’était terrifiant et j’en
fais souvent des cauchemars. Répond Horace de Fantenay avec dans la voix
l’effroi de ce passé si proche.
-
C’est vrai qu’il ta dit ce que les journaux
ont rapporté ? Continue de questionner Childéric Halebard qui ne peut voir
la pâleur moite qui colle au visage de son voisin de cellule.
-
Oui…. Oui d’une voix puissante qui
rebondissait sur les pierres… Une voix profonde, une voix effroyable ! Et
tout autour il y avait de grosses chauves-souris qui volaient en nous regardant
de leurs yeux embrassés et montrant des dents comme des lames. Le ciel… Oui le
ciel aussi était sombre et fiévreux avec des reflets de néant obscur et de feu
que des éclairs tourmentés traversaient. J’ai vécu le plus abominable moment de
ma vie et j’ai bien cru ce jour là qu’il était venu prendre mon âme. Mais qu’ais-je
fais d’autre que désirer ardemment et prêcher pour que nos vies soient exemptes
de péchés ? Qu’ais-je proposé d’autre que des règles de droiture et que
tous les hommes s’y soumettent ? Qu’ais-je formulé d’autre que le monde
soit épuré de tous les infidèles, les pervers et les parasites ? Je
voulais qu’il ne reste que les purs ! Alors, pourquoi, pourquoi ?
Raconte et se lamente De fontenay.
-
Et crois-tu qu’une bande d’illusionnistes si
talentueux qu’ils soient auraient pu matérialiser tout ça ?
-
Je…. Je ne sais pas… Je ne sais plus !
Laisse-moi Childéric, laisse-moi… Répond Horace en se couchant sur son lit le
visage entre ses mains.
Les deux prédicateurs n’échangeront plus un mot de la
soirée.
Episode 103
La décision de
Baccardi.
11 Octobre, le ciel est toujours gris ; De bon matin
Ellie a chargé les sacoches de sa moto afin de prendre la route juste après le
petit déjeuner.
Toute l’équipe est en cuisine à encore se chiper les
tartines beurrées. Baccardi fait tinter sa petite cuillère sur le rebord de son
bol et demande à tous de l’écouter.
-
Mes amis je vous annonce que je ne
retournerais pas à Fantasmaginaire ! Dit-il d’un seul trait le visage
grave.
Son annonce résonne dans la cuisine comme un coup de
tonnerre. Pendant quelques secondes, tout le monde reste suspendu dans la
parole et le geste.
-
Qu’as-tu dit ? Demande confirmation
Mirabelle.
Baccardi répète mots pour mot.
-
Mais…. Mais pourquoi ? Ne comprend pas
Aline.
-
Vous n’ignorez pas qu’une fois à
Fantasmagination, même en insistant auprès de l’impératrice, il me sera
interdit de demeurer sur le territoire impérial de fantasmaginaire. Je le
comprends parfaitement car je ne suis pas élu par une inquêtrice et je ne le
serais jamais de part mes origines Kidnapingres. Alors, que pourrais-je faire
d’autre sinon de reprendre le commandement de mon bateau et de repartir écumer
l’océan. Être ce que j’ai toujours été, un Kidnapingre, un chasseur de navires
Vagalâmeurs. Croyez-vous après ce que nous avons vécu ensemble, je pourrais
encore regarder en face un Vagalâmeur au bout de mon pistolet ou mon
sabre ? Croyez-vous que je pourrais encore vendre des Vagalâmeurs à des
Crèvesueurs qui vont en faire des esclaves ou des Entoqué qui en feront leur
repas et ne pas penser que ces malheureux là auraient très bien pu s’appeler
Dorine, Aline, Mirabelle, Lady Dark, Gary ou Mike ? Non, je ne peux plus
être ça et je ne veux plus être ça !
-
Tu n’es pas obligé d’être capitaine du
Troudanlo. Tu peux débarquer en territoire Kidnapingre et ouvrir un
commerce dans un port. Avec ta notoriété tu aurais de la clientèle. Lui propose
Lady Dark.
-
Et entendre raconter au comptoir les exploits
de tel ou tel autre équipage, le nombre d’infortunés Vagalâmeurs vendus, morts
ou pire, ayant servit d’appât pour les lapins de mer… Entendre encore raconter
ma propre histoire, mais aussi les quolibets de certains me voyant devenu
paisible tenancier après avoir été le capitaine le plus redouté de l’océan. Non
je ne veux plus rien entendre de tout ça ni faire partie des Kidnapingres à
quelques niveaux que ce soient.
-
Sage décision et je suis bien certain,
qu’aucun autour de cette table ne la désapprouve. Le rassure le mage Arnak.
Mais ici que vas-tu devenir ? Lui pose-t-il la question.
-
Hier soir nous avons parlé, Melle Véra, Jack,
Ellie et moi. Dans un premier temps, Ellie se propose de me loger
provisoirement en attendant que Melle
Véra rouvre Lafleurodent en chambre d’hôte. Elle m’a demandé de m’occuper des
réservations. Pour ce qui est de subvenir à mes besoins, Jack m’a dit que je pourrais me lancer dans l’écriture de
récit sur l’éducation…. L’éducation selon Baccardi, ça va de soi ! Il m’a
affirmé que ce genre de littérature traitant du fantasme de la fessée était
très prisée et ne doutais pas que les lois restrictives votées par le
gouvernement allaient bientôt être abrogées. Sans doute que je raconterais
d’autres souvenirs aussi, Fantasmaginaire et nos histoires m’ont donné beaucoup
d’idées de récits.
-
Ha non ! Le coupe Mike, L’écriture de
nos aventures depuis que Dorine et moi nous avons embarqué sur le Bouchtrou et
jusqu’à notre retour à Fantasmaginaire dans quelques jours, c’est moi qui
l’écrirai et j’ai même commencé à faire les illustrations. Alors tu fais tes
bouquins sur l’éducation à la Baccardi et tu me laisses notre histoire.
-
Ha, ha, ha, ha, sacré Mike ! C’est
d’accord tu as ma parole en espérant qu’un jour tes écrits et tes dessins me
parviendront jusqu’ici.
-
As-tu pensé à Glassalo ? Questionne
Dorine.
-
Oui, avant de partir en mission, j’ai remis
une ordonnance écrite à ma seconde. Elle à ordre si je ne reviens pas, de
débarquer Glassalo à l’ambassade de Fantasmagination et une galère impériale se
chargera ultérieurement de le conduire dans un port Kidnapingre de son choix
pour qu’il y installe le restaurant de ses rêves. J’ai écrit un double de cet
ordre que j’ai remis à l’impératrice ainsi qu’un coffret contenant une fortune
en bijoux et or ce qui permettra à Glassalo de faire construire son restaurant
et de bien démarrer.
-
Tu avais donc déjà prévu de ne jamais revenir
à Fantasmaginaire. Lui dit Gary.
-
Non, j’avais écrit cet ordre parce que comme
tous ici nous n’étions pas certains de revenir de cette mission. Ainsi, s’il
m’arrivait malheur ou tout simplement que nous étions dans l’impossibilité de
repasser dans l’autre sens, comme je savais que Glassalo avait fait et tenu la
promesse de ne plus tuer de Vagalâmeur et qu’il supportait de moins en moins de
les voir se faire éventrer ou vendre par d’autres, j’ai fait en sorte que si je
venais à disparaitre dans cette mission, il soit dégagé d’être sous les ordres
d’une ou d’un autre capitaine et poursuivre les campagnes en mer. Glassalo
c’est un chic gars et je lui dois bien ça.
-
Alors tu ne remontes pas à Paris ? Lui
demande Gary.
-
Si,
j’assure la mission jusqu’au bout et je vous accompagnerais jusqu’à
l’entrée des catacombes. Répond Baccardi.
-
Je ne doute pas que ta décision de rester de
ce côté a été murement réfléchie, mais sache que je vais ramasser toutes les
billes et que l’itinéraire de Fantasmaginaire ne sera plus balisé. Tu sais
aussi bien que moi pour en avoir fait l’expérience que trouver le bon chemin
relève du hasard et que si un jour tu décides de revenir, l’expédition sera
périlleuse. Prévient le mage Arnak.
-
Je n’aie aucune intention de retourner en
territoire Kidnapingres. Affirme Baccardi.
-
Et que dit-on à Galssalo et à l’impératrice
au sujet de ton absence ? Pose la question Lady Dark.
-
Je t’avoue que je n’y aie pas pensé…. Vous
pourrez toujours dire que je suis mort.
-
Je ne pourrais pas annoncer ça à Glassalo.
-
Oui, il est sensible, ça lui ferait trop de
peine. Admet Baccardi.
-
Et pourquoi ne pas tout simplement raconter
la vérité. Intervient le mage Arnak.
-
C’est certainement ce qu’il y a de mieux à
faire. Conclus Lady Dark.
En bout de table Bonemain écoute la conversation éberlué.
Ellie se lève, se lave les mains et dit au-revoir à tous.
Elle rejoint sa moto garée devant le château et tourne la clef de
contact ; le moteur bicylindre démarre en soufflant en bout des pots
d’échappement un bruit rauque. Elle engage la première vitesse, s’éloigne puis
disparait au bout de l’allée.
Un peu plus tard, Bonemain interpelle Melle Véra dans la
buanderie.
-
C’est quoi la discussion de ce matin, Il est
capitaine d’un navire Baccardi et il vend et tue des gens ? Et l’impératrice,
les Vagalâmeurs, les Kidnapingres et les Entoqués, qu’est-ce que c’est que ce
charabia ? Vous essayez encore de me monter une cabane pour me faire
croire à cette connerie de monde parallèle ?
-
On n’essaye rien du tout ! Tu n’y crois
pas et cela ne les dérange absolument pas, mais permet quand même qu’ils
parlent de leur retour dans leur patrie. Pour ce qui est de Baccardi, il est
bien capitaine d’un bateau, mais comme tu as pu l’entendre, il a décidé de ne
plus l’être et de rester ici pour les raisons qu’il a évoquées, c’est aussi
simple que ça. Lui répond Melle Véra.
-
Et bien si c’est aussi simple je n’aie rien à
ajouter…. Poil au nez ! Conclus Bonemain en ne croyant pas un mot de ce
qu’il vient d’entendre.
10h24, Sourire, Mirabelle, Lady Dark, Aline et Baccardi
prennent place dans le monospace. Sourire pense être à Paris vers 19 ou 20
heures.
Tourisme
12 Octobre, Dorine Gary et Mike quittent à leur tour le
château. Melle Véra les accompagne à la gare de Pau et leur fait de tristes
adieux sur le quai.
En fin d’après midi ils arrivent à la gare Montparnasse
où Sourire les attend pour les conduire à l’appartement de Jack.
13 Octobre, Le temps est variable mais il n’est pas
annoncé de pluie. Ellie et Sourire proposent à Mirabelle, Aline, Lady Dark,
Dorine, Baccardi, Gary et Mike de les emmener visiter Paris.
Le matin ils empruntent le RER jusqu’à la station St
Michel et engagent une longue promenade à pied sur les bords de seine en
partant de la cathédrale Notre Dame pour ensuite se diriger vers la tour Eiffel
qu’ils pensent atteindre en milieu d’après midi. La cathédrale les
impressionne.
L’hôtel de ville, la tour St Jacques, le Chatelet, le
pont Neuf, Le Louvre et sa pyramide, puis enfin, pour déguster une
saucisse-frites, le jardin des Tuileries. Les natifs de Fantasmaginaire sont
troublés par l’immensité de la ville et le trafic incessant des deux roues,
automobiles, camions et bus. Dans leur monde il n’existe aucune équivalence.
Une fois rassasiés ils reprennent leur route et
traversent la place de la Concorde pour remonter les Champs Elysées jusqu'à
l’Arc de Triomphe. Les magasins de luxe et les belles voitures exposées sont
autant de merveilles éblouissantes. La foule bigarrée qui arpente le large
trottoir, les taxis qui stationnent le temps d’un client pressé, les enseignes
lumineuses que la magie de l’électricité anime leur offre un spectacle
permanent.
De la place de
l’Etoile, ils prennent le métro pour se rendre à la station Assemblée
Nationale.
Ils poursuivent à pied vers l’esplanade des Invalides
puis remontent la rue Saint Dominique pour enfin se retrouver aux pieds de la
tour Eiffel, but final de leur visite.
Ils sont fatigués certes mais encore assez motivés pour
acheter des billets et monter par l’ascenseur jusqu’au troisième étage de la
tour en faisant escale aux deux autres.
De là-haut ils découvrent encore mieux l’étendue de la
capitale. Les natifs de Fantasmaginaire sont émerveillés de cette construction
de fer qui pointe si haut vers le ciel. Ellie et Sourire leur montrent le
palais de Chaillot, plus loin le Sacré Cœur, la tour Montparnasse et la grande
bibliothèque.
18 heures ; il est temps de repartir en banlieue, Ce
soir, c’est coucous chez Ahmed. Un spécialiste d’après Ellie.
20h10, ils sont tous à table et Ahmed promet de bien les soigner.
Son établissement est un lieu symbolique de l’aventure car c’est là que les
natifs de Fantasmaginaire avaient rencontré pour la première fois Ellie et
Sourire.
Ces deux jeunes femmes, qui à ce moment là ne croyaient
nullement que les gens amenés par Jack étaient d’un ailleurs, sont depuis
convaincues de cet autre monde au-delà des catacombes est une réalité. Avec ces
gens d’autre part, elles sont devenues amis et ont vécues une aventure
extraordinaire et inoubliable.
Il est évident qu’elles désireraient connaitre
Fantasmaginaire mais mirabelle leur explique que c’est une chose impossible car
ce voyage serait à leurs risques et périls.
Elles ne pourraient être accueillies sur le territoire
impérial, seul havre de paix, sans avoir été préalablement élues par des
inquêteurs. La quête est bien trop mortelle pour en tenter l’aventure.
Ce soir, autour de la table garnie, ils rigolent,
plaisantent et s’amusent mais tous ont déjà dans la tête que demain soir sera
l’instant des adieux.
Bien sûr, il leur reste la consolation que Baccardi
s’installera de ce côté et deviendra l’unique réalité de ce fabuleux épisode de
vie.
Sans doute, rêvent-elle un jour d’une nouvelle aventure
avec leur amis mais…. Juste un rêve, rien de plus.
Demain soir dans les galeries des catacombes, leurs amis
emporteront les deux prédicateurs qui avaient faillit écrire une page
d’histoire des deux mondes en lettres de sang. Demain soir le mage Arnak
effacera le chemin de Fantasmaginaire, mais avant, il reste à tous encore une
étape à parcourir main dans la main.
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