Episode 96
Les pics du Labyrinthe (Acte 3)
Une fois la soif étanchée, Gary revient vers Clakett.
- J’ai une petite idée. Fait-il animé d’un rictus.
- Que vas-tu faire ? Interroge Clakett.
- Je vais faire croire à Dorine que Mikael n’est pas
rentré et on va voir comment elle va réagir.
- Elle n’y est peut-être pour rien.
- Nous allons vite le savoir.
Gary pénètre dans la tente médicale et attire
l’infirmière dans la seconde partie. A voix basse il lui demande de consigner
Mikael à l’infirmerie par n’importe quel moyens jusqu’à ce qu’il revienne le
chercher et de ne dire à personne qu’il s’y trouve en lui expliquant que c’est
pour faire une grosse blague.
Une fois Gary ressortit par l’autre côté de la tente.
L’infirmière prépare un somnifère et revient à Mikael.
- Ça va mieux ? Lui demande-t-elle en lui tendant le
gobelet.
- Oui un peu… Un peu mais ça pique toujours assez fort.
Bordel ce sont vraiment des saloperies les Piklapos. Répond-il.
- Oui ça fait très mal. Avec ce baume dans une demi-heure
tu ne sentiras presque plus rien. Tu bois ça c’est pour rendre l’action plus
efficace.
- Une demi-heure, presque plus rien ? Soupire
Mikael.
- Ne te plains pas, ce baume est très récent, les
précédents ne limitaient que de moitié la douleur mais pas le temps
d’irritation qui pouvait selon les individus, être de deux à trois heures.
Mikael hoche la tête et bois le breuvage.
- Tu vas aller t’allonger dans cette chambre et je te
dirai quand tu pourras te lever. Cette boisson peut avoir des effets secondaires
sur l’équilibre ou endormir alors il ne vaut mieux pas que tu retourne à la
cueillette.
Mikael s’étonne un peu mais va docilement s’allonger.
L’infirmière ferme le rideau isolant le petit compartiment et retourne à ses
occupations.
Dix minutes plus tard, Dorine arrive au campement en
portant les deux paniers pleins qu’elle dépose aux cuisines. Le responsable du
ravitaillement lui redonne deux paniers vides en lui disant que pour
aujourd’hui ce sera les derniers. Dorine repart et s’arrête au milieu du camp
en cherchant du regard. Elle pose les deux paniers et va voir dans la tente de
Mike et Mikael. N’y trouvant pas son compagnon, elle se dirige vers la tente
médicale. Sur le seuil l’infirmière plie des serviettes.
- Bonjour madame, mon ami n’est pas venu vous voir ?
- Ton ami, lequel ? Interroge l’infirmière.
- Un rouquin les cheveux à raz.
- Mike ?
- Non pas Mike l’autre, Mikael, celui qui à des lunettes.
- Désolé mais il n’est pas venu à l’infirmerie. Il est
blessé ?
- Non… Enfin pas vraiment, il s’est juste un peu frotté
sur des Pilklapos. Répond Dorine.
- En effet, il vaudrait mieux qu’il vienne me voir. Joue
le jeu l’infirmière.
- Si je le retrouve je vous l’envoie. Fait Dorine en
retournant à ses paniers.
Gary l’interpelle.
- Tu es toute seule, où est Mikael ?
- Heu… Il m’attend là-bas au bord du fleuve. Ment-elle en
montrant vaguement d’un geste un endroit dans la végétation.
Dorine s’éloigne avec ses deux paniers et disparait dans
le sous bois. Clakett rejoint Gary.
- Tu exagères, elle a l’air vraiment anxieuse. Dit-elle.
- J’en étais sûr c’est elle qui lui a piqué le cul sinon
elle ne serait pas repartie toute seule à sa recherche, elle nous aurait
demandé de l’aide.
- Oui, si cela avait été un accident, elle nous en aurait
parlé, c’est évident. Acquiesce Clakett.
- Ça va barder quand je vais m’occuper d’elle. Pour
l’instant, laissons-la chercher.
Dorine retourne au pied de l’arbre à glands bleus ;
les deux mains en porte voix elle appelle Mikael. Aucune réponse ne lui
parvient si ce n’est que les cris des oiseaux mécontent du raffut qu’elle fait.
Dorine laisse les paniers au pied de l’arbre et part
prospecter les environs toujours en appelant.
Une bonne heure plus tard, revenu à l’arbre bredouille,
elle reprend les paniers et revient au campement.
Les chasseurs sont revenus, Dorine se précipite sur Mike
et lui demande s’il na pas vu Mikael.
- Non, pourquoi tu l’as perdu ? Répond-il.
Dorine lui raconte l’histoire.
- Bordel t’es folle, tu sais ce que ça fait les Piklapo !
En plus lui il n’est pas d’ici, il ne connait que les orties. Holalala, la
surprise pour lui… Bordel et il s’est tiré comme ça dans la nature ?
- Comme il courrait vers le camp et qu’on était qu’à une
vingtaine de mètre du fleuve je croyais qu’il ne se perdrait pas. Explique
piteusement Dorine.
- Vient on y retourne, il faut absolument le retrouver
avant que Mirabelle, Clakett, Gary ou le mage s’aperçoivent de sa disparition.
- Y’a intérêt parce que je te raconte pas ce que je vais
prendre. Imagine déjà Dorine.
Les deux amis ratissent en appelant pendant une bonne
demi-heure sans aucun résultat.
- Bordel, ça ce n’est pas bon. Il n’y a plus qu’une
solution c’est de prévenir tout le monde et d’organiser une battue. Préconise
Mike sur le chemin du camp.
- Oui je crois que c’est maintenant la meilleure
solution.
- Mais pourquoi tu ne l’a pas suivit ? L’engueule
Mike.
- J’étais morte de rire… Si j’avais su… Mais pourquoi
a-t-il dévié du fleuve, il savait qu’il ne fallait pas s’enfoncer dans les
bois.
- T’es marrante toi, il devait avoir tellement mal qu’il
ne sait pas rendu compte où il allait. Je crois que tu va te faire enguirlander
de première.
- Je m’en fiche de ça, j’ai surtout peur que Mikael soit
tombé dans un fossé, qu’il ce soit blessé ou…
- Mais non, ne t’inquiète pas on va le retrouver, nous
sommes sur une île. Tente de rassurer Mike.
- Une île d’accord mais elle est grande et c’est un vrai
dédale de bois et de roches, y’a de quoi tourner pendant des jours la dedans.
Soupire Dorine.
Episode 97
Les Pics du labyrinthe (Acte 4)
Arrivée au camp, Dorine avoue piteusement à Gary ce qui
s’est passé avec Mikael et sa disparition.
Quelques secondes plus tard, Mirabelle Clakett et le mage
Arnak sont prévenues. Bien qu’étant préalablement informés de la blague de Gary
par lui même, elles et il, font semblant d’être affolées et houspillent
vertement Dorine. Pour en rajouter, Gary énumère tous les dangers que Mikael
peut rencontrer dans cette nature sauvage. Si les loups ne s’approchent pas des
hommes c’est parce qu’ils sont en général ils sont rarement seuls mais pour
Mikael, le risque est grand car il est isolé et non armé, sans aucune
expérience surtout s’il n’est pas retrouvé avant la tombée de la nuit colère
Gary. Il parle aussi des ravines et des puits naturels souvent camouflés par la
végétation où il est impossible une fois tombé dedans, de s’en sortir par ses
propres moyens. Bien entendu, il n’oublie pas les serpents verts et les tortues
Gabarres. Pour finir, il invente, pure fiction, quelques marais infestés de
grenouilles venimeuses. Dorine est livide et ses jambes flageolent à la limite
de ne plus la porter. Il en manquerait très peu pour que les larmes débordent.
Un grand silence tombe et la pauvre Dorine est à la limite de défaillir, elle
regarde un à un tout le monde en cherchant dans leur regard une solution ou un
peu d’espoir. Les visages sont fermés, austères et ne reflètent que le poids
sévère d’une condamnation. Cette fois les larmes débordent et coulent lentement
sur les joues blafardes de Dorine.
Sur un petit signe discret du mage Arnak, Clakett quitte
le groupe et se rend à l’infirmerie. Elle demande à l’infirmière de libérer
Mikael sans rien lui dire. Cette dernière va dans le compartiment, trouve
Mikael réveillé et lui dit qu’il peut maintenant partir. Il se lève légèrement
vasouillard, se frotte les yeux et sort au grand jour un peu aveuglé. Il fait
quelques pas puis Mike lui saute au cou.
- Bordel, tu nous as foutu la pétoche ! Mais d’où tu
viens ?
Mikael le regarde étonné puis d’un geste lui montre la
grande tente médicale à une dizaine de mètres derrière lui.
- Oui d’accord, tu as été à l’infirmerie quand tu es
rentré mais avant, où t’étais-tu paumé ? Tu sais que tu as de la chance
d’avoir retrouvé le chemin tout seul, avec Dorine on t’a cherché partout et on
s’apprêtait à organiser une battue. Lui dit Mike.
- Hey camarade, t’as picolé ou quoi, je ne me suis pas
perdu, je suis rentré tout de suite au camp le feu au cul en longeant le fleuve.
Après j’ai rencontré Gary et c’est Clakett qui m’a emmené à l’infirmerie. La
toubib m’a passé de la pommade et m’a faire boire un truc qui fait dormir.
Bordel je le sens encore le Piklapo. Raconte Mikael.
Mike reste un petit moment interloqué puis commence à
comprendre. Il éclate de rire.
- Ha, ha, ha, ha, comment qu’elle c’est fait avoir
Dorine, ha, ha, ha, ha !
- Où est-elle celle là, j’ai un compte à régler avec
elle. Fulmine Mikael en la cherchant du regard.
- Pas la peine, je crois que Gary s’en charge, ha, ha,
ha, ha ! Viens, ils sont là-bas derrière les tentes.
Mike conduit Mikael où le groupe est. Une fois sur place,
le regard de Dorine s’illumine, elle se jette en pleur dans les bras de Mikael.
- Oh Mikael, Mike t’a retrouvé, oh Mikael si tu savais
comme je suis heureuse… Tu m’as fait peur, très peur.
- On peut m’expliquer ce qui se passe parce que moi je ne
comprends plus rien. Fait Mikael.
Gary entreprend de conter sa blague, Dorine n’en crois
pas ses oreilles et son visage passe du pâle au rouge. Une fois l’affaire
dévoilée, Gary attrape Dorine par une aisselle et l’entraine vers le milieu du
camp.
- Maintenant je vais te faire passer le goût de frotter
les fesses de Mikael au Piklapo, j’ajoute que par ta bêtise il aurait pu
effectivement s’égarer. Je vais le flanquer une bonne fessée devant tout le
monde, ça t’apprendra ! Lui dit-il.
- Non Gary, non s’il te plait pas ça !
Supplie-t-elle en trainant les pieds alors que l’homme avise une caisse
d’outillage pour s’asseoir.
Gary n’écoute pas les supplications, il bascule Dorine
sur ses cuisses, relève sa tunique, baisse sa petite culotte et lui administre
une copieuse fessée.
C’est une belle démonstration de ce qu’on nomme une
fessée punitive. Peu de préambule, pas d’échauffement, et encore moins d’accord
entre les deux parties. (Quoi que sur cette dernière affirmation je ne
m’avancerais pas trop).
Une vraie volée de
claques bien sèches et rapides qui n’ont que la fonction d’embrasser
magistralement la paire de fesse sans aucune retenue. Dorine gesticule, serre
les dents mais très vite douloureusement enflammée, elle ouvre la bouche
laissant échapper des « AÏE, AÏE, AYAÏE ! » anarchiquement mis
en rythme. Une trentaine de personnes assistent et suivant leur affinité avec le
sujet fessée, ils se plaisent du spectacle ou simplement curieux en rigolent.
Le punitif est souvent bref animé par une colère simulée
ou pas. Une punition à l’arrache, la rapidité
et la force employée sont très cuisantes. Quand Gary lâche Dorine, sans plus
aucune pudeur le fessier bien trop incendiée pour s’en préoccuper, elle
s’agenouille sur l’herbe en se frottant énergiquement l’épiderme écarlate et
flambant. Grimaçante et soufflant des « OYOYOYE ! », elle se
redresse un peu et remonte sa culotte. Une fois sur ses pieds, sans un regard
vers les témoins elle se presse pour s’enfermer dans sa tente.
Un petit peu plus tard, les cuisinières et cuisiniers
sonnent le repas, Dorine refuse de s’y montrer et c’est madame Iris et Mikael
qui lui apporte dans sa tente de quoi grignoter et boire.
Episode 98
Des nouvelles d’ailleurs.
Le capitaine Boucharom est arrivé à Galoban avec huit
navires. Il visite la baie constatant le carnage. Navires coulés, carcasses
calcinées, sur la plage des morceaux échoués et dans la forêt des centaines de
tombes creusées à la hâte.
Dans la ville la tension est palpable ; ces derniers
jours les Creuztatombs et les Crèvesueurs se sont affrontés mortellement à
plusieurs reprises. Les quelques terriens sur place sont débordés et tentent
tant bien que mal de faire régner l’ordre.
Le commandant Senlabièr, le sergent Oblada, le sergent
Çavopalekou, le sergent Poilopié, le lieutenant Hopiket, les soldats Petiminet,
Plinlémirett, Boutentrin, Satinette et Grocemich on été enterrés dans les
jardins de l’hôtel de l’ambassade. Une simple croix, un nom et leur nationalité
terrienne désignent chaque tombe.
Dans une des salles du restaurant de l’ambassade Les
officiers sont réunis.
- Comment vous avez pu vous faire avoir à ce point ?
Enrage Boucharom.
- Ils avaient bien préparé leur affaire, du bon boulot.
En bloquant le port ils étaient presque certain que nous occuperions la baie
voisine et qu’une fois au mouillage dans cette impasse il serait difficile de
manœuvrer et se défendre. Ils étaient planqués quelque part et ont attendu que
les équipages de nos navires soient diminués par l’envoie d’une partie d’eux à
l’attaque de la ville par voie terrestre. Ils sont venus la nuit tout feu
éteints. Ce fut la surprise totale, on ne s’attendait pas à ça. Dans les autres
ports il y a eut un peu de résistance et très rapidement une reddition, ils
avaient tellement peurs de nos armes...
Nous avons pêché par orgueil. Rapporte Dumerlan.
- Ils étaient nombreux ces Vagalâmeurs et Kidnapingres ?
- Il y avait aussi des Impériaux ! D’après les
témoignages, peut-être une vingtaine de batiments ou un peu moins. Répond le
colonel Boidelo. Il y avait le Klakdénoi, le Pazaleur, le Bouctrou 4, le
Troudanlo 3 et quelques autres, j’ai la liste dans mon sac mais elle est
peut-être incomplète. Précise-t-il.
- Le Bouchtrou, un navire dernière génération d’une
célèbre lignée… Vous dites qu’il y avait aussi le Troudanlo 3 du capitaine
Baccardi ! On m’a raconté à Ohédubato le retour des abimes de ce diable et
de quelle manière il avait repris le commandement de son ex navire. Il a
baratiné des capitaines pour s’allier avec les Vagalâmeurs. Des kidnapingres et
des Vagalâmeurs ensembles, on aura tout vu. Peste Boucharom.
- Ceux là ont perdu beaucoup de bateaux aussi. Dit Dumerlan.
- Et vous la totalité ! Rétorque Boucharom. Le pire
c’est que les Vagalâmeurs ont communiqué leur victoire aux quatre coins de
Fantasmaginaire et ça, c’est une stratégie pour saper le moral de nos alliés.
Ce que j’aimerai bien savoir, c’est où ils se cachent en ce moment car ils
n’ont pas dû aller bien loin avec des navires endommagés. Ils doivent être
reclus dans un des nombreux fjords de la côte. Vous avez fait des
recherches ? Demande-t-il.
- Avec quoi ?
Et par les terres vos compatriotes et les Creuztatombs refusent. Répond
Dumerlan.
- Evidement… Bon, dans un premier temps nous allons
essayer de rétablir l’ordre et de repartir d’un bon pied. Galoban et ses
chantiers navals sont à nous c’est déjà ça. Mes équipages sont de moitiés pour
permettre vos embarquements, le surplus demeurera à Galoban en troupe
d’occupation. Une fois tout le monde au garde-à-vous et aux ordres, nous
reprenons la mer et nous chercherons le restant de la flotte des Vagalâmeurs et
des Kidnapingres pour définitivement les éliminer. Nous allons effacer cette
défaite et conquérir le territoire Végétateur. Je vais envoyer un
Oblitérétimbré à Ohédubato pour que le capitaine Fildesoi nous envoie trois
autres navires. Mais avant de faire quoi que ce soit, il est impératif de
remettre les troupes au pas et ceux qui se rebiffent, on les balance aux lapins
de mer. Ordonne Boucharom sans état d’âme.
Au même moment dans le fjord plus à l’est de Galoban les
Amiraux font démonter le camp. Le Bouchtrou 4, le Troudanlo 3, le Filedroi et
le Gardavou ont été remis à neuf. Avec le Pianobar du capitaine Kidnapingre
Bochapo, ces 5 navires reprennent le large non pour un raid contre l’ennemi car
ils ne sont plus assez nombreux mais pour tenter de rallier le port impérial de
Fantasmajeur et se joindre à la flotte impériale. Un oblitérétimbré arrivé il y
a une heure annonçait que les navires de Kalesèsh et de Passpariçi étaient
bloqués à Fantasmarxbrozeur.
Le groupe commandé par les Amiraux se replie dans les
terres. La ville de Granjafoin sera leur nouveau quartier général.
Ce même jour à Fantasmarxbrozeur l’amiral Kalessèsh sonne
à la maison de ville occupé par le commandant Bakaçable. Ce dernier le reçoit
dans le patio autour d’un café.
- Tu en fais une tête, S’étonne Bakaçable en présentant
du miel.
- J’ai reçu un oblitérétimbré de Galoban.
- Vu la tronche que tu fais mon ami Senlabièr doit avoir
les mêmes problèmes que nous. Les végétateurs résistent c’est ça ?
- Non, enfin oui, mais Galoban est pris, le port comme la
ville. Il y a aussi que… Hésite à poursuivre Kalessèsh.
- Ça c’est plutôt une bonne nouvelle, je savais qu’avec
Senlabièr c’était dans la poche. Bon alors qu’est-ce qui te tracasse ?
Crache le morceau je n’aime pas quand on tourne autour du pot !
- C’est justement au sujet de votre ami… Il est mort.
Répond Kalessèsh pas très à l’aise.
Le visage de Bakaçable s’assombrit d’un coup.
- Qu’est-ce que tu dis ? Demande-t-il confirmation
afin d’être sûr d’avoir bien entendu.
- Que votre ami Senlabièr est mort ainsi que beaucoup
d’autres. Confirme et ajoute l’Amiral.
Bakaçable se lève et balance sa chaise dans un massif de
fleur.
- Comment, pourquoi, qui, quoi ? S’emporte-t-il.
L’amiral lui raconte le traquenard tendu par les
Vagalâmeurs associés aux Kidnapingres et deux galères impériales. Il rapporte
la destruction complète de la flotte de Senlabièr et Kackarantt ajoutant que ce
qui reste des troupes ont demandé secours au Capitaine Boucharom.
Bakaçable prend une autre chaise, s’assoit lourdement et
met sa tête entre ses deux mains.
- Tu sais Amiral, c’est notre métier de mercenaire de
prendre de gros risques et nous savons tous que tout peut s’arrêter d’une
seconde à l’autre. Dit-il affligé. L’attrait de l’argent stimule c’est sûr mais
avant tous c’est l’aventure et les armes, nous aimons ça. Nous avons choisi et
nous en connaissons le prix. Entre nous, nous avons en général de bonnes
relations et nous sommes soudés mais par principe nous évitons de nous faire
des amis, tout juste de bons potes. Mais vois-tu, parfois tu tombes sur un gars
qui est différent, tu baroudes avec lui, tu fais des missions, tu fais la
nouba, tu partages des gonzesses et tu te retrouves dans un autre calendrier,
dans un autre pays pour recommencer. Senlabièr était ce gars là, un vrai ami
comme on ne doit jamais en avoir dans mon métier parce que quand ça casse, ton
cœur explose en mille morceaux et ça fait mal, très mal.
- Je peux faire quelque chose pour vous ? Demande
Kalessèsh compatissant.
- Oui te tirer et me laisser seul ! Répond
Bakaçable.
L’Amiral se lève et quitte la maison.
La nouvelle fait vite le tour de la ville. Dans une
taverne Horace de Fantenay, Childéric Halebard, Stokoption, Hoducol,
Passpariçi, Bombash, Roultakaice et Kalesèsh s’entretiennent.
- Que va décider Bakaçable maintenant ? S’inquiète
Halebard.
- Il va prendre une sévère cuite et demain ça ira mieux.
Répond Bombash.
- Toute une flotte laminée, 15 navires, ce n’est pas
possible. Bougonne Hoducol.
- La preuve que si et que les armes des terriens n’ont
pas fait la différence. Rétorque Passpariçi persifleur.
- C’est surtout que le piège était parfaitement monté et
que Senlabièr, Kackarantt et les capitaines ne l’ont pas reniflé. Réplique
Roultakaice.
- Ouais, carrément une opération suicide, ils n’étaient
même pas sûrs de leur réussite. Ajoute Bombash.
- Opération suicide ou pas, le résultat est là !
Enrage Horace de Fantenay.
- Et en plus nous avons perdu des armes et des munitions
dans cette catastrophe. Adjoint Childéric Halebard.
- Parce que vous croyez qu’on fait une guerre sans en
prendre dans la gueule ? Interroge Roultakaice. Qu’aviez-vous imaginé que
ça se passerait comme dans un film de série B. un super héro qui avec un
flingue, un seul chargeur, un paquet de clopes et un pack de bière démonte une
armée de trois millions d’hommes ? Mais non bande de nazes, dans une vraie
guerre il y a toujours des mecs en face qui vont riposter même avec que des
cailloux dans les pognes. Alors ouais, à Galoban on à prix une patate dans la
gueule et c’est comme ça, c’est la guerre. Maintenant il faut en tirer la
leçon, redoubler de vigilance et ne pas retomber dans le même collet. Pendant
que j’y suis, autant vous prévenir tout de suite que ce n’est pas la peine de
vous branler tous les soirs en pensant aux mines d’or et de diamants, attendez
d’abord d’y être parce que d’ici aux mines, il y a de la route et comme les
impériaux ne semblent pas d’accord pour nous les offrir de bon cœur, ils se
pourrait qu’ils nous fassent aussi de sales entourloupes.
- Je ne vous permets pas de nous parler ainsi. Je pourrai
vous faire mettre aux arrêts ! S’énerve Passpariçi.
Roultakaiçe dégaine son pistolet automatique et braque le
commandant.
- Vas-y commandant de carnaval, dis à tes pantins de
venir m’arrêter et avant qu’ils poussent la lourde de cette taverne je te perce
des trous d’aération pour ton cerveau de débile. Menace-t-il.
- C’est bon Roultakaice, on ne va pas se chiffonner avec
eux, ils nous payent pour faire le boulot, on a une guerre à gagner, si ensuite
ce monsieur fait des histoires tu pourras faire un carton.
- Ils nous casquent que dalle pour le moment, juste la
bouffe, le coucher et des promesses dans un futur non précisé. Dit Roultakaice
en pointant toujours son arme vers la tête du commandant Passpariçi devenu très
pâle. Justement en parlant d’avenir puisque vous êtes tous là, j’espère que ne
germe pas dans vos caboches l’intention de nous rouler. Je ne vous dis pas ça
pour vous mettre la pression mais juste pour prévenir que si c’est le cas, il
se pourrait bien que la guerre se prolonge un chouia après l’armistice, je
garderai en réserve de quoi faire un joli tableau de chasse. Je vois sur vos
faces de rat que vous avez tous bien entendu ce que je viens de dire donc je
range mon artillerie mais faites bien gaffe à vos miches, je suis du genre très
méfiant et j’ai la gâchette facile.
- Ce qui vous a été promis sera tenu. Assure Horace de
Fantenay.
- Cela vaudrait mieux pour vous parce qu’il ne faut pas
oublier que nous sommes ici à vie maintenant. Balance Roultakaice en glissant
son automatique dans son holster.
- Je crois que nous sommes tous un peu perturbé par cette
dramatique nouvelle, buvons ensemble et oublions cette petite altercation.
Apaise Hoducol.
Stokoption demande à ce qu’on apporte du champagne à
bulle verte pour trinquer.
Episode 99
Les Pics du Labyrinthe (Acte 5)
En début d’après midi Mirabelle et Mikael vont chercher
Dorine dans sa tente. Il faut qu’elle range son sac car ce soir c’est là-haut
sur le plateau qu’ils dormiront.
- Je te comprends, ça va être dur pour toi d’affronter
tous ces regards. Gary a été vache de te fesser devant tout le monde. Fait
Mikael en l’aidant à plier ses affaires.
- Mais non Mikael, sur le coup ça fiche vraiment la honte
parce que je n’y étais pas préparée. D’accord, je ne me suis pas présentée au
repas parce que c’était un peu frais et je n’aurai pas su où me mettre.
D’habitude, tout est prévu quand je suis humiliée ou corrigée en public. Ne
t’inquiète pas pour moi, aucun regards ne sera un pique, à Fantasmaginaire les choses
sont complètement différentes, nous te l’avons expliqué. Tu ne peux pas
t’imaginer en repensant à la fessée que Gary m’a donné comment ce matin ce que
je me suis masturbé, Mmmmm, sur le coup j’avais vraiment la honte mais
franchement, qu’est-ce que c’est bon la honte. Dit-elle en plissant les yeux de
jubilation.
- D’accord mais ce n’est pas une raison pour remettre ça
avec les Piklapos. Prévient Mikael. Bordel, quelle vacherie, nos orties c’est
de la gnognote à côté. Adjoint-il en frissonnant.
- Non, promis je ne recommencerai pas. Répond-elle en lui
donnant une petite bise sur les lèvres.
Si les boulets sont montés par paliers à l’aide
d’élévateurs à contrepoids humains, pour les femmes et hommes, c’est à pied
qu’ils grimpent ou remontent jusqu’au plateau boisé qui se trouve à plus de
600mètres d’altitude.
Le sentier est escarpé et étroit, il faut souvent
s’arrêter pour laisser passer celles et ceux qui descendent, le mage Arnak
peine à suivre, Gary le décharge de son sac.
Quatre heures plus tard ils arrivent à destinations. Le
mage se laisse choir dans l’herbe épaisse et souffle de soulagement. Mike lui
apporte un jus de fruit.
- Je commence à sentir le poids des ans. Dit-il entre
deux gorgées.
- On ne vit pas plus mais on ne vieillit pas à Fantasmaginaire.
S’étonne Mike.
- Les inquêteurs et les élus une fois unis non, d’où
l’important pour elles et eux de réussir le plus vite possible la quête. Moi Mikael, je ne suis pas un élu et aucun
mage avant moi ne le fut. Répond Arnak.
- ça te fait quel âge alors ? Pose la question Mike.
Le mage rigole et regarde le jeune homme droit dans les
yeux.
- Je ne compte plus, je serai jusqu’à ma succession c’est
tout ce que je sais. Répond-il malicieusement.
- Ha oui et qui vous succédera ?
- Je ne sais pas, il faut attendre le jour où un nouveau
mage naîtra d’une inquêtrice, je le formerai comme je l’ai été et il prendra ma
place à sa trentième année. Après il ne me restera plus beaucoup de temps mais
j’en aurai tellement vécu que j’accueillerai ce grand repos avec satisfaction.
- Mais comment peut-on savoir qu’un bébé sera un
mage ?
- Parce que ce sont les uniques nouveaux nés qui naissent
avec des cheveux argent. Précise Arnak.
- J’espère que ce n’est pas demain et que vous resterez
avec nous le plus longtemps possible.
- Personne ne peut prévoir le jour d’un autre mage,
peut-être serais-je encore après toi et qu’il ne sera toujours pas né.
- Bordel, ça va faire long alors…
- Oui Mike, le temps me parait parfois un peu trop infini
mais que veux-tu, c’est ainsi.
Le travail des équipes arrivantes est de remplacer celles
et ceux qui redescendent se reposer au camp. Il faut préparer les arbalètes et
faire quelques essais de tir en aveugle dans la gorge sur des radeaux envoyés
de l’amont. Mike, en spécialiste de l’arme fait alourdir les carreaux pour
qu’ils soient moins chahuter par le courant d’air qui circule dans la gorge.
Mirabelle, Clakett, le colonel Océbé, Gary et les ingénieurs discutent des
goulottes encore à fabriquer et de leurs emplacements. Pas besoin de canon, la
paroi plonge directement dans le fleuve et celui-ci, en bas des 605 mètres de
dénivelé ne fait pas plus de 25 mètres de large. Les boulets seront placés à la
main dans des goulottes inclinées. La suite, c’est selon comment sur cette
paroi vertigineusement inclinée ils cogneront et rebondiront, de toute manière
ils n’auront d’autre ligne d’arrivée que le fleuve et les bateaux navigants
dessus. Principe efficace sans besoin de poudre ni de canon, par leur vitesse
et leur poids, les boulets vont frapper les ponts, endroit assez vulnérable des
navires. A 1200 mètres en aval sur la rive opposée, une autre hauteur est
équipée de même manière pour bombarder les navires qui feront marche arrière.
Impossible par la simple chute des boulets de couler les
bateaux, à force d’impacts répétés les lourds projectiles ne traverseront que
les ponts supérieurs mais ne pourront défoncer les ponts intermédiaires et
descendre jusqu’aux cales et percer le fond. Le but est de causer de gros
dégâts et de réduire les équipages. L’ingénieur Véhashess avait prévu de
construire des goulottes métalliques pour y envoyer des boulets chauffés au
rouge afin d’incendier les structures en bois mais l’idée fut abandonnée car
les foyers auraient émis de la fumée signalant leur présence aux envahisseurs.
Les autres membres des deux équipes aident les charpentiers et les ferronniers
à assembler les goulottes et ranger les boulets. Jaimzbonde fait visiter le
plateau à madame Iris et Mikael tous deux privilégiés par leur statut. D’en bas
le site était déjà impressionnant mais vu de plus haut il l’est encore plus.
Ils découvrent un majestueux panorama un peu fondu au loin par la brume de
cette fin d’après-midi. Ils distinguent le lac comme une vasque bleue perdue
dans une infinie forêt que les collines ondulent en vagues immobiles. Quelques
surfaces cultivées tâche l’uniformité verte. La ville de Fantasmalice est un
point au bord de l’eau. Le fleuve arrive presque droit jusqu’au frontières des
Pics du Labyrinthe où il se sépare en plusieurs canaux qui serpentent entre les
caprices du relief. Un seul bras est navigable avec de gros bateaux, celui qui
coule à leurs pieds. Les couleurs du ciel et l’astre tombant vers l’horizon
donnent aux roches des couleurs orangées et roses. Une petite fraîcheur apportée
par la brise frise la peau, Jaimzbonde les ramène vers le campement.
La clarté se meurt, les feux servant à faire chauffer les
viandes et les légumes sont camouflés par crainte que des possibles éclaireurs
envoyés de Fantasmarxbrozeur les discernent.
Ce soir, pas de veillée autour d’un feu de camps, les
lampes ne sont autorisées qu’à l’intérieur des tentes à l’impérative condition
qu’elles soient bien fermées. Dans une, Dorine, Mirabelle, Mike et Mikael
jouent aux cartes et c’est vers 23 heures qu’ils se séparent pour aller dormir.
Le lendemain la journée est employée à poursuivre le
montage des goulottes et leur placement, pour l’équipe de Mirabelle et Gary, ce
soir sera leur dernière nuit sur le plateau car demain ils redescendent,
rembarquent sur la Dragonette afin de chercher un bon coin pour la Dissimuler
et préparer le petit navire à son dernier voyage. Le mage s’entraine à faire
voler de faux Bekedors qui sont d’immenses rapaces d’une envergure de trois
mètres colonisant les reliefs non enneigés des différents territoires.
Pourquoi faire voler des faux alors que plusieurs
familles de ces rapaces nichent dans les pics ? C’est simplement que ces
oiseaux se terrent dans leurs trous quand des humains sont proches car ils ne
supportent pas leur présence et peuvent rester cachés pendant plusieurs
semaines. Cette particularité est connue de tous les habitants de la planète
Fantasmaginaire et quand l’ennemi arrivera aux portes des Pics du Labyrinthe,
s’il s’aperçoit qu’il n’y a pas de Bekedor planant dans les gorges, il se
doutera immédiatement qu’il y a sur les hauteurs des humains en embuscade.
Les guetteurs qui surveillent Fantasmarxbrozeur informent
par Oblitérétimbré que l’ennemi à commencé à dégager le port d’un bateau et de
quelques pièges. D’ici deux jours ils entameront la remontée du fleuve.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire