LECTURE DE LA SAGA

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Il en sera de même pour Fantasmaginaire 2, 3, 4 et 5.

lundi 14 juillet 2014

F5 épisodes 96, 97, 98, 99.





Episode 96


Les pics du Labyrinthe (Acte 3)


Une fois la soif étanchée, Gary revient vers Clakett.

- J’ai une petite idée. Fait-il animé d’un rictus.

- Que vas-tu faire ? Interroge Clakett.

- Je vais faire croire à Dorine que Mikael n’est pas rentré et on va voir comment elle va réagir.

- Elle n’y est peut-être pour rien.

- Nous allons vite le savoir.

Gary pénètre dans la tente médicale et attire l’infirmière dans la seconde partie. A voix basse il lui demande de consigner Mikael à l’infirmerie par n’importe quel moyens jusqu’à ce qu’il revienne le chercher et de ne dire à personne qu’il s’y trouve en lui expliquant que c’est pour faire une grosse blague.
Une fois Gary ressortit par l’autre côté de la tente. L’infirmière prépare un somnifère et revient à Mikael.

- Ça va mieux ? Lui demande-t-elle en lui tendant le gobelet.

- Oui un peu… Un peu mais ça pique toujours assez fort. Bordel ce sont vraiment des saloperies les Piklapos. Répond-il.

- Oui ça fait très mal. Avec ce baume dans une demi-heure tu ne sentiras presque plus rien. Tu bois ça c’est pour rendre l’action plus efficace.

- Une demi-heure, presque plus rien ? Soupire Mikael.

- Ne te plains pas, ce baume est très récent, les précédents ne limitaient que de moitié la douleur mais pas le temps d’irritation qui pouvait selon les individus, être de deux à trois heures.

Mikael hoche la tête et bois le breuvage.

- Tu vas aller t’allonger dans cette chambre et je te dirai quand tu pourras te lever. Cette boisson peut avoir des effets secondaires sur l’équilibre ou endormir alors il ne vaut mieux pas que tu retourne à la cueillette.

Mikael s’étonne un peu mais va docilement s’allonger. L’infirmière ferme le rideau isolant le petit compartiment et retourne à ses occupations.
Dix minutes plus tard, Dorine arrive au campement en portant les deux paniers pleins qu’elle dépose aux cuisines. Le responsable du ravitaillement lui redonne deux paniers vides en lui disant que pour aujourd’hui ce sera les derniers. Dorine repart et s’arrête au milieu du camp en cherchant du regard. Elle pose les deux paniers et va voir dans la tente de Mike et Mikael. N’y trouvant pas son compagnon, elle se dirige vers la tente médicale. Sur le seuil l’infirmière plie des serviettes.

- Bonjour madame, mon ami n’est pas venu vous voir ?

- Ton ami, lequel ? Interroge l’infirmière.

- Un rouquin les cheveux à raz.

- Mike ?

- Non pas Mike l’autre, Mikael, celui qui à des lunettes.

- Désolé mais il n’est pas venu à l’infirmerie. Il est blessé ?

- Non… Enfin pas vraiment, il s’est juste un peu frotté sur des Pilklapos. Répond Dorine.

- En effet, il vaudrait mieux qu’il vienne me voir. Joue le jeu l’infirmière.

- Si je le retrouve je vous l’envoie. Fait Dorine en retournant à ses paniers.

Gary l’interpelle.

- Tu es toute seule, où est Mikael ?

- Heu… Il m’attend là-bas au bord du fleuve. Ment-elle en montrant vaguement d’un geste un endroit dans la végétation.

Dorine s’éloigne avec ses deux paniers et disparait dans le sous bois. Clakett rejoint Gary.

- Tu exagères, elle a l’air vraiment anxieuse. Dit-elle.

- J’en étais sûr c’est elle qui lui a piqué le cul sinon elle ne serait pas repartie toute seule à sa recherche, elle nous aurait demandé de l’aide.


- Oui, si cela avait été un accident, elle nous en aurait parlé, c’est évident. Acquiesce Clakett.

- Ça va barder quand je vais m’occuper d’elle. Pour l’instant, laissons-la chercher.

Dorine retourne au pied de l’arbre à glands bleus ; les deux mains en porte voix elle appelle Mikael. Aucune réponse ne lui parvient si ce n’est que les cris des oiseaux mécontent du raffut qu’elle fait.
Dorine laisse les paniers au pied de l’arbre et part prospecter les environs toujours en appelant.
Une bonne heure plus tard, revenu à l’arbre bredouille, elle reprend les paniers et revient au campement.

Les chasseurs sont revenus, Dorine se précipite sur Mike et lui demande s’il na pas vu Mikael.

- Non, pourquoi tu l’as perdu ? Répond-il.

Dorine lui raconte l’histoire.

- Bordel t’es folle, tu sais ce que ça fait les Piklapo ! En plus lui il n’est pas d’ici, il ne connait que les orties. Holalala, la surprise pour lui… Bordel et il s’est tiré comme ça dans la nature ?

- Comme il courrait vers le camp et qu’on était qu’à une vingtaine de mètre du fleuve je croyais qu’il ne se perdrait pas. Explique piteusement Dorine.

- Vient on y retourne, il faut absolument le retrouver avant que Mirabelle, Clakett, Gary ou le mage s’aperçoivent de sa disparition.

- Y’a intérêt parce que je te raconte pas ce que je vais prendre. Imagine déjà Dorine.

Les deux amis ratissent en appelant pendant une bonne demi-heure sans aucun résultat.

- Bordel, ça ce n’est pas bon. Il n’y a plus qu’une solution c’est de prévenir tout le monde et d’organiser une battue. Préconise Mike sur le chemin du camp.

- Oui je crois que c’est maintenant la meilleure solution.

- Mais pourquoi tu ne l’a pas suivit ? L’engueule Mike.

- J’étais morte de rire… Si j’avais su… Mais pourquoi a-t-il dévié du fleuve, il savait qu’il ne fallait pas s’enfoncer dans les bois.

- T’es marrante toi, il devait avoir tellement mal qu’il ne sait pas rendu compte où il allait. Je crois que tu va te faire enguirlander de première.

- Je m’en fiche de ça, j’ai surtout peur que Mikael soit tombé dans un fossé, qu’il ce soit blessé ou…

- Mais non, ne t’inquiète pas on va le retrouver, nous sommes sur une île. Tente de rassurer Mike.

- Une île d’accord mais elle est grande et c’est un vrai dédale de bois et de roches, y’a de quoi tourner pendant des jours la dedans. Soupire Dorine.




Episode 97


Les Pics du labyrinthe (Acte 4)


Arrivée au camp, Dorine avoue piteusement à Gary ce qui s’est passé avec Mikael et sa disparition.
Quelques secondes plus tard, Mirabelle Clakett et le mage Arnak sont prévenues. Bien qu’étant préalablement informés de la blague de Gary par lui même, elles et il, font semblant d’être affolées et houspillent vertement Dorine. Pour en rajouter, Gary énumère tous les dangers que Mikael peut rencontrer dans cette nature sauvage. Si les loups ne s’approchent pas des hommes c’est parce qu’ils sont en général ils sont rarement seuls mais pour Mikael, le risque est grand car il est isolé et non armé, sans aucune expérience surtout s’il n’est pas retrouvé avant la tombée de la nuit colère Gary. Il parle aussi des ravines et des puits naturels souvent camouflés par la végétation où il est impossible une fois tombé dedans, de s’en sortir par ses propres moyens. Bien entendu, il n’oublie pas les serpents verts et les tortues Gabarres. Pour finir, il invente, pure fiction, quelques marais infestés de grenouilles venimeuses. Dorine est livide et ses jambes flageolent à la limite de ne plus la porter. Il en manquerait très peu pour que les larmes débordent. Un grand silence tombe et la pauvre Dorine est à la limite de défaillir, elle regarde un à un tout le monde en cherchant dans leur regard une solution ou un peu d’espoir. Les visages sont fermés, austères et ne reflètent que le poids sévère d’une condamnation. Cette fois les larmes débordent et coulent lentement sur les joues blafardes de Dorine.
Sur un petit signe discret du mage Arnak, Clakett quitte le groupe et se rend à l’infirmerie. Elle demande à l’infirmière de libérer Mikael sans rien lui dire. Cette dernière va dans le compartiment, trouve Mikael réveillé et lui dit qu’il peut maintenant partir. Il se lève légèrement vasouillard, se frotte les yeux et sort au grand jour un peu aveuglé. Il fait quelques pas puis Mike lui saute au cou.

- Bordel, tu nous as foutu la pétoche ! Mais d’où tu viens ?

Mikael le regarde étonné puis d’un geste lui montre la grande tente médicale à une dizaine de mètres derrière lui.

- Oui d’accord, tu as été à l’infirmerie quand tu es rentré mais avant, où t’étais-tu paumé ? Tu sais que tu as de la chance d’avoir retrouvé le chemin tout seul, avec Dorine on t’a cherché partout et on s’apprêtait à organiser une battue. Lui dit Mike.

- Hey camarade, t’as picolé ou quoi, je ne me suis pas perdu, je suis rentré tout de suite au camp le feu au cul en longeant le fleuve. Après j’ai rencontré Gary et c’est Clakett qui m’a emmené à l’infirmerie. La toubib m’a passé de la pommade et m’a faire boire un truc qui fait dormir. Bordel je le sens encore le Piklapo. Raconte Mikael.

Mike reste un petit moment interloqué puis commence à comprendre. Il éclate de rire.

- Ha, ha, ha, ha, comment qu’elle c’est fait avoir Dorine, ha, ha, ha, ha !

- Où est-elle celle là, j’ai un compte à régler avec elle. Fulmine Mikael en la cherchant du regard.

- Pas la peine, je crois que Gary s’en charge, ha, ha, ha, ha ! Viens, ils sont là-bas derrière les tentes.

Mike conduit Mikael où le groupe est. Une fois sur place, le regard de Dorine s’illumine, elle se jette en pleur dans les bras de Mikael.

- Oh Mikael, Mike t’a retrouvé, oh Mikael si tu savais comme je suis heureuse… Tu m’as fait peur, très peur.

- On peut m’expliquer ce qui se passe parce que moi je ne comprends plus rien. Fait Mikael.

Gary entreprend de conter sa blague, Dorine n’en crois pas ses oreilles et son visage passe du pâle au rouge. Une fois l’affaire dévoilée, Gary attrape Dorine par une aisselle et l’entraine vers le milieu du camp.

- Maintenant je vais te faire passer le goût de frotter les fesses de Mikael au Piklapo, j’ajoute que par ta bêtise il aurait pu effectivement s’égarer. Je vais le flanquer une bonne fessée devant tout le monde, ça t’apprendra ! Lui dit-il.

- Non Gary, non s’il te plait pas ça ! Supplie-t-elle en trainant les pieds alors que l’homme avise une caisse d’outillage pour s’asseoir.

Gary n’écoute pas les supplications, il bascule Dorine sur ses cuisses, relève sa tunique, baisse sa petite culotte et lui administre une copieuse fessée.
C’est une belle démonstration de ce qu’on nomme une fessée punitive. Peu de préambule, pas d’échauffement, et encore moins d’accord entre les deux parties. (Quoi que sur cette dernière affirmation je ne m’avancerais pas trop).



 Une vraie volée de claques bien sèches et rapides qui n’ont que la fonction d’embrasser magistralement la paire de fesse sans aucune retenue. Dorine gesticule, serre les dents mais très vite douloureusement enflammée, elle ouvre la bouche laissant échapper des « AÏE, AÏE, AYAÏE ! » anarchiquement mis en rythme. Une trentaine de personnes assistent et suivant leur affinité avec le sujet fessée, ils se plaisent du spectacle ou simplement curieux en rigolent.
Le punitif est souvent bref animé par une colère simulée ou pas.  Une punition à l’arrache, la rapidité et la force employée sont très cuisantes. Quand Gary lâche Dorine, sans plus aucune pudeur le fessier bien trop incendiée pour s’en préoccuper, elle s’agenouille sur l’herbe en se frottant énergiquement l’épiderme écarlate et flambant. Grimaçante et soufflant des « OYOYOYE ! », elle se redresse un peu et remonte sa culotte. Une fois sur ses pieds, sans un regard vers les témoins elle se presse pour s’enfermer dans sa tente.
Un petit peu plus tard, les cuisinières et cuisiniers sonnent le repas, Dorine refuse de s’y montrer et c’est madame Iris et Mikael qui lui apporte dans sa tente de quoi grignoter et boire.




Episode 98


Des nouvelles d’ailleurs.


Le capitaine Boucharom est arrivé à Galoban avec huit navires. Il visite la baie constatant le carnage. Navires coulés, carcasses calcinées, sur la plage des morceaux échoués et dans la forêt des centaines de tombes creusées à la hâte.
Dans la ville la tension est palpable ; ces derniers jours les Creuztatombs et les Crèvesueurs se sont affrontés mortellement à plusieurs reprises. Les quelques terriens sur place sont débordés et tentent tant bien que mal de faire régner l’ordre.
Le commandant Senlabièr, le sergent Oblada, le sergent Çavopalekou, le sergent Poilopié, le lieutenant Hopiket, les soldats Petiminet, Plinlémirett, Boutentrin, Satinette et Grocemich on été enterrés dans les jardins de l’hôtel de l’ambassade. Une simple croix, un nom et leur nationalité terrienne désignent chaque tombe.
Dans une des salles du restaurant de l’ambassade Les officiers sont réunis.

- Comment vous avez pu vous faire avoir à ce point ? Enrage Boucharom.

- Ils avaient bien préparé leur affaire, du bon boulot. En bloquant le port ils étaient presque certain que nous occuperions la baie voisine et qu’une fois au mouillage dans cette impasse il serait difficile de manœuvrer et se défendre. Ils étaient planqués quelque part et ont attendu que les équipages de nos navires soient diminués par l’envoie d’une partie d’eux à l’attaque de la ville par voie terrestre. Ils sont venus la nuit tout feu éteints. Ce fut la surprise totale, on ne s’attendait pas à ça. Dans les autres ports il y a eut un peu de résistance et très rapidement une reddition, ils avaient tellement peurs de nos armes...  Nous avons pêché par orgueil. Rapporte Dumerlan.

- Ils étaient nombreux ces Vagalâmeurs et Kidnapingres ?

- Il y avait aussi des Impériaux ! D’après les témoignages, peut-être une vingtaine de batiments ou un peu moins. Répond le colonel Boidelo. Il y avait le Klakdénoi, le Pazaleur, le Bouctrou 4, le Troudanlo 3 et quelques autres, j’ai la liste dans mon sac mais elle est peut-être incomplète. Précise-t-il.

- Le Bouchtrou, un navire dernière génération d’une célèbre lignée… Vous dites qu’il y avait aussi le Troudanlo 3 du capitaine Baccardi ! On m’a raconté à Ohédubato le retour des abimes de ce diable et de quelle manière il avait repris le commandement de son ex navire. Il a baratiné des capitaines pour s’allier avec les Vagalâmeurs. Des kidnapingres et des Vagalâmeurs ensembles, on aura tout vu. Peste Boucharom.

- Ceux là ont perdu beaucoup de bateaux aussi. Dit Dumerlan.

- Et vous la totalité ! Rétorque Boucharom. Le pire c’est que les Vagalâmeurs ont communiqué leur victoire aux quatre coins de Fantasmaginaire et ça, c’est une stratégie pour saper le moral de nos alliés. Ce que j’aimerai bien savoir, c’est où ils se cachent en ce moment car ils n’ont pas dû aller bien loin avec des navires endommagés. Ils doivent être reclus dans un des nombreux fjords de la côte. Vous avez fait des recherches ? Demande-t-il.

- Avec quoi ?  Et par les terres vos compatriotes et les Creuztatombs refusent. Répond Dumerlan.

- Evidement… Bon, dans un premier temps nous allons essayer de rétablir l’ordre et de repartir d’un bon pied. Galoban et ses chantiers navals sont à nous c’est déjà ça. Mes équipages sont de moitiés pour permettre vos embarquements, le surplus demeurera à Galoban en troupe d’occupation. Une fois tout le monde au garde-à-vous et aux ordres, nous reprenons la mer et nous chercherons le restant de la flotte des Vagalâmeurs et des Kidnapingres pour définitivement les éliminer. Nous allons effacer cette défaite et conquérir le territoire Végétateur. Je vais envoyer un Oblitérétimbré à Ohédubato pour que le capitaine Fildesoi nous envoie trois autres navires. Mais avant de faire quoi que ce soit, il est impératif de remettre les troupes au pas et ceux qui se rebiffent, on les balance aux lapins de mer. Ordonne Boucharom sans état d’âme.


Au même moment dans le fjord plus à l’est de Galoban les Amiraux font démonter le camp. Le Bouchtrou 4, le Troudanlo 3, le Filedroi et le Gardavou ont été remis à neuf. Avec le Pianobar du capitaine Kidnapingre Bochapo, ces 5 navires reprennent le large non pour un raid contre l’ennemi car ils ne sont plus assez nombreux mais pour tenter de rallier le port impérial de Fantasmajeur et se joindre à la flotte impériale. Un oblitérétimbré arrivé il y a une heure annonçait que les navires de Kalesèsh et de Passpariçi étaient bloqués à Fantasmarxbrozeur.
Le groupe commandé par les Amiraux se replie dans les terres. La ville de Granjafoin sera leur nouveau quartier général.

Ce même jour à Fantasmarxbrozeur l’amiral Kalessèsh sonne à la maison de ville occupé par le commandant Bakaçable. Ce dernier le reçoit dans le patio autour d’un café.

- Tu en fais une tête, S’étonne Bakaçable en présentant du miel.

- J’ai reçu un oblitérétimbré de Galoban.

- Vu la tronche que tu fais mon ami Senlabièr doit avoir les mêmes problèmes que nous. Les végétateurs résistent c’est ça ?

- Non, enfin oui, mais Galoban est pris, le port comme la ville. Il y a aussi que… Hésite à poursuivre Kalessèsh.

- Ça c’est plutôt une bonne nouvelle, je savais qu’avec Senlabièr c’était dans la poche. Bon alors qu’est-ce qui te tracasse ? Crache le morceau je n’aime pas quand on tourne autour du pot !

- C’est justement au sujet de votre ami… Il est mort. Répond Kalessèsh pas très à l’aise.

Le visage de Bakaçable s’assombrit d’un coup.

- Qu’est-ce que tu dis ? Demande-t-il confirmation afin d’être sûr d’avoir bien entendu.

- Que votre ami Senlabièr est mort ainsi que beaucoup d’autres. Confirme et ajoute l’Amiral.

Bakaçable se lève et balance sa chaise dans un massif de fleur.

- Comment, pourquoi, qui, quoi ? S’emporte-t-il.

L’amiral lui raconte le traquenard tendu par les Vagalâmeurs associés aux Kidnapingres et deux galères impériales. Il rapporte la destruction complète de la flotte de Senlabièr et Kackarantt ajoutant que ce qui reste des troupes ont demandé secours au Capitaine Boucharom.
Bakaçable prend une autre chaise, s’assoit lourdement et met sa tête entre ses deux mains.

- Tu sais Amiral, c’est notre métier de mercenaire de prendre de gros risques et nous savons tous que tout peut s’arrêter d’une seconde à l’autre. Dit-il affligé. L’attrait de l’argent stimule c’est sûr mais avant tous c’est l’aventure et les armes, nous aimons ça. Nous avons choisi et nous en connaissons le prix. Entre nous, nous avons en général de bonnes relations et nous sommes soudés mais par principe nous évitons de nous faire des amis, tout juste de bons potes. Mais vois-tu, parfois tu tombes sur un gars qui est différent, tu baroudes avec lui, tu fais des missions, tu fais la nouba, tu partages des gonzesses et tu te retrouves dans un autre calendrier, dans un autre pays pour recommencer. Senlabièr était ce gars là, un vrai ami comme on ne doit jamais en avoir dans mon métier parce que quand ça casse, ton cœur explose en mille morceaux et ça fait mal, très mal.

- Je peux faire quelque chose pour vous ? Demande Kalessèsh compatissant.

- Oui te tirer et me laisser seul ! Répond Bakaçable.

L’Amiral se lève et quitte la maison.
La nouvelle fait vite le tour de la ville. Dans une taverne Horace de Fantenay, Childéric Halebard, Stokoption, Hoducol, Passpariçi, Bombash, Roultakaice et Kalesèsh s’entretiennent.

- Que va décider Bakaçable maintenant ? S’inquiète Halebard.

- Il va prendre une sévère cuite et demain ça ira mieux. Répond Bombash.

- Toute une flotte laminée, 15 navires, ce n’est pas possible. Bougonne Hoducol.

- La preuve que si et que les armes des terriens n’ont pas fait la différence. Rétorque Passpariçi persifleur.

- C’est surtout que le piège était parfaitement monté et que Senlabièr, Kackarantt et les capitaines ne l’ont pas reniflé. Réplique Roultakaice.

- Ouais, carrément une opération suicide, ils n’étaient même pas sûrs de leur réussite. Ajoute Bombash.

- Opération suicide ou pas, le résultat est là ! Enrage Horace de Fantenay.

- Et en plus nous avons perdu des armes et des munitions dans cette catastrophe. Adjoint Childéric Halebard.

- Parce que vous croyez qu’on fait une guerre sans en prendre dans la gueule ? Interroge Roultakaice. Qu’aviez-vous imaginé que ça se passerait comme dans un film de série B. un super héro qui avec un flingue, un seul chargeur, un paquet de clopes et un pack de bière démonte une armée de trois millions d’hommes ? Mais non bande de nazes, dans une vraie guerre il y a toujours des mecs en face qui vont riposter même avec que des cailloux dans les pognes. Alors ouais, à Galoban on à prix une patate dans la gueule et c’est comme ça, c’est la guerre. Maintenant il faut en tirer la leçon, redoubler de vigilance et ne pas retomber dans le même collet. Pendant que j’y suis, autant vous prévenir tout de suite que ce n’est pas la peine de vous branler tous les soirs en pensant aux mines d’or et de diamants, attendez d’abord d’y être parce que d’ici aux mines, il y a de la route et comme les impériaux ne semblent pas d’accord pour nous les offrir de bon cœur, ils se pourrait qu’ils nous fassent aussi de sales entourloupes.

- Je ne vous permets pas de nous parler ainsi. Je pourrai vous faire mettre aux arrêts ! S’énerve Passpariçi.

Roultakaiçe dégaine son pistolet automatique et braque le commandant.

- Vas-y commandant de carnaval, dis à tes pantins de venir m’arrêter et avant qu’ils poussent la lourde de cette taverne je te perce des trous d’aération pour ton cerveau de débile. Menace-t-il.

- C’est bon Roultakaice, on ne va pas se chiffonner avec eux, ils nous payent pour faire le boulot, on a une guerre à gagner, si ensuite ce monsieur fait des histoires tu pourras faire un carton.

- Ils nous casquent que dalle pour le moment, juste la bouffe, le coucher et des promesses dans un futur non précisé. Dit Roultakaice en pointant toujours son arme vers la tête du commandant Passpariçi devenu très pâle. Justement en parlant d’avenir puisque vous êtes tous là, j’espère que ne germe pas dans vos caboches l’intention de nous rouler. Je ne vous dis pas ça pour vous mettre la pression mais juste pour prévenir que si c’est le cas, il se pourrait bien que la guerre se prolonge un chouia après l’armistice, je garderai en réserve de quoi faire un joli tableau de chasse. Je vois sur vos faces de rat que vous avez tous bien entendu ce que je viens de dire donc je range mon artillerie mais faites bien gaffe à vos miches, je suis du genre très méfiant et j’ai la gâchette facile.

- Ce qui vous a été promis sera tenu. Assure Horace de Fantenay.

- Cela vaudrait mieux pour vous parce qu’il ne faut pas oublier que nous sommes ici à vie maintenant. Balance Roultakaice en glissant son automatique dans son holster.

- Je crois que nous sommes tous un peu perturbé par cette dramatique nouvelle, buvons ensemble et oublions cette petite altercation. Apaise Hoducol.

Stokoption demande à ce qu’on apporte du champagne à bulle verte pour trinquer.



Episode 99


Les Pics du Labyrinthe (Acte 5)


En début d’après midi Mirabelle et Mikael vont chercher Dorine dans sa tente. Il faut qu’elle range son sac car ce soir c’est là-haut sur le plateau qu’ils dormiront.

- Je te comprends, ça va être dur pour toi d’affronter tous ces regards. Gary a été vache de te fesser devant tout le monde. Fait Mikael en l’aidant à plier ses affaires.

- Mais non Mikael, sur le coup ça fiche vraiment la honte parce que je n’y étais pas préparée. D’accord, je ne me suis pas présentée au repas parce que c’était un peu frais et je n’aurai pas su où me mettre. D’habitude, tout est prévu quand je suis humiliée ou corrigée en public. Ne t’inquiète pas pour moi, aucun regards ne sera un pique, à Fantasmaginaire les choses sont complètement différentes, nous te l’avons expliqué. Tu ne peux pas t’imaginer en repensant à la fessée que Gary m’a donné comment ce matin ce que je me suis masturbé, Mmmmm, sur le coup j’avais vraiment la honte mais franchement, qu’est-ce que c’est bon la honte. Dit-elle en plissant les yeux de jubilation.

- D’accord mais ce n’est pas une raison pour remettre ça avec les Piklapos. Prévient Mikael. Bordel, quelle vacherie, nos orties c’est de la gnognote à côté. Adjoint-il en frissonnant.

- Non, promis je ne recommencerai pas. Répond-elle en lui donnant une petite bise sur les lèvres.

Si les boulets sont montés par paliers à l’aide d’élévateurs à contrepoids humains, pour les femmes et hommes, c’est à pied qu’ils grimpent ou remontent jusqu’au plateau boisé qui se trouve à plus de 600mètres d’altitude.
Le sentier est escarpé et étroit, il faut souvent s’arrêter pour laisser passer celles et ceux qui descendent, le mage Arnak peine à suivre, Gary le décharge de son sac.
Quatre heures plus tard ils arrivent à destinations. Le mage se laisse choir dans l’herbe épaisse et souffle de soulagement. Mike lui apporte un jus de fruit.

- Je commence à sentir le poids des ans. Dit-il entre deux gorgées.

- On ne vit pas plus mais on ne vieillit pas à Fantasmaginaire. S’étonne Mike.

- Les inquêteurs et les élus une fois unis non, d’où l’important pour elles et eux de réussir le plus vite possible la quête.  Moi Mikael, je ne suis pas un élu et aucun mage avant moi ne le fut. Répond Arnak.

- ça te fait quel âge alors ? Pose la question Mike.

Le mage rigole et regarde le jeune homme droit dans les yeux.

- Je ne compte plus, je serai jusqu’à ma succession c’est tout ce que je sais. Répond-il malicieusement.

- Ha oui et qui vous succédera ?

- Je ne sais pas, il faut attendre le jour où un nouveau mage naîtra d’une inquêtrice, je le formerai comme je l’ai été et il prendra ma place à sa trentième année. Après il ne me restera plus beaucoup de temps mais j’en aurai tellement vécu que j’accueillerai ce grand repos avec satisfaction.

- Mais comment peut-on savoir qu’un bébé sera un mage ?

- Parce que ce sont les uniques nouveaux nés qui naissent avec des cheveux argent. Précise Arnak.

- J’espère que ce n’est pas demain et que vous resterez avec nous le plus longtemps possible.

- Personne ne peut prévoir le jour d’un autre mage, peut-être serais-je encore après toi et qu’il ne sera toujours pas né.

- Bordel, ça va faire long alors…

- Oui Mike, le temps me parait parfois un peu trop infini mais que veux-tu, c’est ainsi.

Le travail des équipes arrivantes est de remplacer celles et ceux qui redescendent se reposer au camp. Il faut préparer les arbalètes et faire quelques essais de tir en aveugle dans la gorge sur des radeaux envoyés de l’amont. Mike, en spécialiste de l’arme fait alourdir les carreaux pour qu’ils soient moins chahuter par le courant d’air qui circule dans la gorge. Mirabelle, Clakett, le colonel Océbé, Gary et les ingénieurs discutent des goulottes encore à fabriquer et de leurs emplacements. Pas besoin de canon, la paroi plonge directement dans le fleuve et celui-ci, en bas des 605 mètres de dénivelé ne fait pas plus de 25 mètres de large. Les boulets seront placés à la main dans des goulottes inclinées. La suite, c’est selon comment sur cette paroi vertigineusement inclinée ils cogneront et rebondiront, de toute manière ils n’auront d’autre ligne d’arrivée que le fleuve et les bateaux navigants dessus. Principe efficace sans besoin de poudre ni de canon, par leur vitesse et leur poids, les boulets vont frapper les ponts, endroit assez vulnérable des navires. A 1200 mètres en aval sur la rive opposée, une autre hauteur est équipée de même manière pour bombarder les navires qui feront marche arrière.
Impossible par la simple chute des boulets de couler les bateaux, à force d’impacts répétés les lourds projectiles ne traverseront que les ponts supérieurs mais ne pourront défoncer les ponts intermédiaires et descendre jusqu’aux cales et percer le fond. Le but est de causer de gros dégâts et de réduire les équipages. L’ingénieur Véhashess avait prévu de construire des goulottes métalliques pour y envoyer des boulets chauffés au rouge afin d’incendier les structures en bois mais l’idée fut abandonnée car les foyers auraient émis de la fumée signalant leur présence aux envahisseurs. Les autres membres des deux équipes aident les charpentiers et les ferronniers à assembler les goulottes et ranger les boulets. Jaimzbonde fait visiter le plateau à madame Iris et Mikael tous deux privilégiés par leur statut. D’en bas le site était déjà impressionnant mais vu de plus haut il l’est encore plus. Ils découvrent un majestueux panorama un peu fondu au loin par la brume de cette fin d’après-midi. Ils distinguent le lac comme une vasque bleue perdue dans une infinie forêt que les collines ondulent en vagues immobiles. Quelques surfaces cultivées tâche l’uniformité verte. La ville de Fantasmalice est un point au bord de l’eau. Le fleuve arrive presque droit jusqu’au frontières des Pics du Labyrinthe où il se sépare en plusieurs canaux qui serpentent entre les caprices du relief. Un seul bras est navigable avec de gros bateaux, celui qui coule à leurs pieds. Les couleurs du ciel et l’astre tombant vers l’horizon donnent aux roches des couleurs orangées et roses. Une petite fraîcheur apportée par la brise frise la peau, Jaimzbonde les ramène vers le campement.
La clarté se meurt, les feux servant à faire chauffer les viandes et les légumes sont camouflés par crainte que des possibles éclaireurs envoyés de Fantasmarxbrozeur les discernent.
Ce soir, pas de veillée autour d’un feu de camps, les lampes ne sont autorisées qu’à l’intérieur des tentes à l’impérative condition qu’elles soient bien fermées. Dans une, Dorine, Mirabelle, Mike et Mikael jouent aux cartes et c’est vers 23 heures qu’ils se séparent pour aller dormir.

Le lendemain la journée est employée à poursuivre le montage des goulottes et leur placement, pour l’équipe de Mirabelle et Gary, ce soir sera leur dernière nuit sur le plateau car demain ils redescendent, rembarquent sur la Dragonette afin de chercher un bon coin pour la Dissimuler et préparer le petit navire à son dernier voyage. Le mage s’entraine à faire voler de faux Bekedors qui sont d’immenses rapaces d’une envergure de trois mètres colonisant les reliefs non enneigés des différents territoires.
Pourquoi faire voler des faux alors que plusieurs familles de ces rapaces nichent dans les pics ? C’est simplement que ces oiseaux se terrent dans leurs trous quand des humains sont proches car ils ne supportent pas leur présence et peuvent rester cachés pendant plusieurs semaines. Cette particularité est connue de tous les habitants de la planète Fantasmaginaire et quand l’ennemi arrivera aux portes des Pics du Labyrinthe, s’il s’aperçoit qu’il n’y a pas de Bekedor planant dans les gorges, il se doutera immédiatement qu’il y a sur les hauteurs des humains en embuscade.

Les guetteurs qui surveillent Fantasmarxbrozeur informent par Oblitérétimbré que l’ennemi à commencé à dégager le port d’un bateau et de quelques pièges. D’ici deux jours ils entameront la remontée du fleuve.


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