Episode 52
Première victoire.
L’embouchure du fjord de plus de cinquante kilomètres de
large est impressionnante. De chaque côté les hautes berges boisées sont des
mosaïques de verdure et de fleurs. Quelques villas isolées percent la nature et
sur la gauche un petit village côtier éblouit des ses constructions orangées et
roses. Un seul trait d’ombre marque le tableau, toutes les habitations et les
quais sont abandonnés.
Gary qui est à la
barre se dirige vers un signal lumineux allumé sur la côte à tribord..
Une galère est ancrée à une centaine de mètres de la
rive. A bord quelques impériaux s’affaire autour des canons.
- Une ruse, explique Arnak, cette galère va tirer sur les
navires ennemis pour les obliger à riposter mais il n’y aura personne à bord.
Une fois qu’elle sera coulée, une autre la remplacera mais elle ne sera
qu’illusion. J’espère que nos assaillants useront de la poudre. Achève le mage.
La Dragonette s’approche au plus près de la plage et
jette l’ancre. Sur le sable Clakett est accompagnés de quinze soldats dont cinq
vont embarquer sur la Dragonette pour aider aux quarts, parmi eux, un espion
officiel du nom de Jaimzbonde.
La chaloupe est mise à l’eau, Gary reste seul à bord. Une
fois débarqué Mike se jette dans les bras de son inquêtrice et demande des
nouvelles de Mailswitt leur fils. C’est l’Impératrice elle-même qui s’en
occupe, assure Clakett.
Le mage reste à terre avec l’équipe de Clakett, il
rejoindra l’équipage de la Dragonette plus tard en un lieu de rendez-vous fixé.
Mikael lui laisse un talkie-walkie et une paire de jumelles.
Clakett informe
que 35 soldats impériaux attendent à Fantasmaginaire Résidence et qu’ils ont
déjà préparé le terrain selon les plans établis par l’Impératrice, la général
Odiofil, les ingénieurs et Gary. Elle annonce également que le port Creuztatomb
de Danssmakabrr est tombé aux mains de l’armée des prédicateurs. D’après
l’espion officiel qui était sur place, les Creuzetatomb n’ont que très peu
résisté car complètement affolés par des explosions destructrices causées par
de grosses flèches poussés par du feu et tirées de très loin. Mikael soupçonne
que ce sont des roquettes. Toujours d’après l’espion officiel qui depuis ne donne
plus aucune nouvelle, un bon nombre de Creuztatomb impressionnés se sont
engagés dans l’armée des prédicateurs et ont par la même occasion ajouté cinq
navires. Quelques autres avec une partie des habitants de Danssmakabrr se sont
sauvés vers l’intérieur des terres en abandonnant tout.
- C’est leur première victoire militaire. Soupire le
mage.
- Ce n’est pas tout, coupe Clakett, trois navires ennemi
sont proches de Fantasmagination et sept ont quitté le port de Danssmakabrr
pour les rejoindre. Deux sont repartis en direction de l’île du Centre. J’ai
reçu un Oblitérétimbré il y a une heure. Dans ce message il y avait également
que Baccardi et le capitaine Capnor sont à mis chemin du port de Ohédubato.
- Donc trois navires sont sur Fantasmagination…. Ils vont
te chercher Arnak et ils vont détruire ta maison ! Fait Mirabelle.
- C’est exact mais je n’y suis plus et d’ailleurs ils ne
trouveront nulle âme qui vive là-bas. Cela va leur faire perdre un peu de temps
ce qui en donnera d’avantage aux populations qui remontent vers l’Ouest-Sud du
territoire. Par précaution j’ai mis tous mes livres et ce que j’avais de
précieux en lieu sûr.
- Je suppose qu’une fois qu’ils auront fait la liaison
avec les sept bateaux qui viennent de Danssmakabrr, c’est Fantasmaginaire Résidence
leur deuxième escale. Pense Dorine.
- Oui, mais sans attendre les autres navires, ils sont
trop pressés de casser le cristal, c’est ce qu’ont entendus Mike et Mikael.
Rectifie la supposition le mage. Nous devons leur faire croire que
l’impératrice est restée en son palais et c’est ce qui va être fait, Gary vous
expliquera sur place. Vous aurez du temps pour aider, il leur faudra avec leurs
navires plus de six jours pour remonter de Fantasmaginaition à Fantasmaginaire
résidence. Sans pour cela calculer trop juste, je pense que vous disposerez de
cinq jours pour finir le travail avec le contingent déjà sur place. En termine
le mage.
Des jus de fruits sont servis puis, soif étanchée,
Mirabelle, Dorine, Mike, Mikael, les quatre soldats et l’espion montent à bord
de la chaloupe et rament vers la Dragonette.
- Pourquoi le mage reste ici ? Interroge Mikael.
- Quand les navires ennemis arriveront, il va tenter de
les affoler un peu. Répond Mirabelle.
- Avec des dragons, comme à Cahors ?
- Je ne sais pas, il a tellement de tours dans son sac
qu’on ne peut prévoir ce qu’il va en sortir. Dit-elle en préparant le bout pour
lancer à Gary.
- Et tu crois qu’ils vont se laisser avoir ? Parce
maintenant qu’ils savent de quoi est capable Arnak.
- Sur le coup ils s’affoleront un peu et useront
peut-être quelques munitions, c’est notre but. C’est certain qu’ils vont très
vite se ressaisir mais le peu qui sera tiré avec les armes de chez toi sera
perdu pour eux. Ce sera toujours ça de moins dans leur réserve. Explique Mirabelle.
Une fois tout le monde à bord de la Dragonette, ils
échangent de grands signes avec celles et ceux de la plage et lève l’ancre en
prenant la direction de Fantasmaginaire Résidence.
Seulement une journée et demie de voyage pour arriver à
la ville impériale car le contre courant du fjord est très porteur le long de
la berge à bâbord. L’apport de quatre soldats et de l’espion va permettre un
peu plus de temps libre. Mike explique à deux d’entre eux le fonctionnement du
venteur. Gary aux deux autres qui sont des femmes, la conduite du bateau,
Dorine et Mirabelle sont dans la minuscule cuisine à préparer le dîner et
Mikael de veille sur le pont supérieur avec Jaimzbonde.
- Alors comme ça vous êtes au service de
l’impératrice ? Interroge Mikael avec grande curiosité.
- Oui c’est ma fonction mais normalement je suis affecté
au port de Fantasfiktion. Répond l’homme.
- Pas trop dur comme boulot ?
- Non c’est très plaisant et je voulais faire ça. Affirme
l’espion.
- Vous avez fait la quête pour être espion ? S’étonne
Mikael.
- Hohoho que non, la quête c’est bien autre chose, Mike
ne t’as pas expliqué ?
- Si bien sûr… Je me disais aussi qu’on ne se lançait pas
dans un truc aussi dangereux pour être espion et en plus ce n’est pas vraiment
un fantasme.
- Non, hohoho ! C’est juste une fonction. Sur
Fantasmaginaire nous avons tous une occupation utile à la communauté et qui
nous permet aussi de vivre, heureusement.
- Alors c’est par la pensée que vous communiquez avec le
cristal ? S’intéresse Mikael.
- Ça je l’ignore ! Quand il y a des informations ça
se fait tout seul. Par exemple si je dois dire quelque chose d’important à
l’impératrice et bien je parle et elle entend. Elle peut aussi voir ce que je
vois. Mais attention pour ce qui est de parler, il n’y a que les espions
officiels qui ont ce don. Pour ce qui est des autres espions, l’impératrice ne
peut que voir. Explique Jaimzbonde.
- Hou ça doit en faire des communications parce que vous
devez être nombreux. Fait Mikael impressionné.
- Non parce que ce ne sont que les évènements importants
qui sont envoyés. Répond l’espion. Parle-moi plutôt de toi, on m’a dit que tu
venais d’un ailleurs lointain.
Mikael esquisse un petit sourire et invite Jaimzbonde à
s’asseoir sur le caisson des outils de pont afin de lui parler de son monde
confortablement installé. C’est l’appel de Mirabelle pour le dîner qui achève
la conversation.
Episode 53
Mauvaise surprise.
Pendant ce temps là, à Fantasmagination les trois navires
en poste de combat mettent en panne à un kilomètre deux cent de l’entrée du
port.
De la passerelle extérieure, Bakaçable inspecte le lieu
avec ses puissantes jumelles. Rien ne bouge ni sur les quais, ni sur la digue.
- C’est étrange, le port et la ville semblent abandonnés.
Il n’y à même pas un bateau. Interpelle-t-il l’amiral Kalessèsh qui vient de
décoller l’œil de sa longue vue.
- Peut-être ont-ils fuis mais méfiance, ce n’est pas
parce qu’on ne voit rien remuer qu’ils ne nous attendent pas. Restons à cette
distance hors de portée de canon. Il y en à douze qui protègent le port. Répond
Kalessèsh.
Du Fumétu, deuxième navire de l’expédition, Hoducol
arrive en chaloupe et monte rapidement à la passerelle rejoindre Bakaçable et
Kalessèsh. Lui aussi s’étonne de ne remarquer aucune présence à
Fantasmagination.
Bakaçable appelle Broçatif le pilote de l’ULM et commande
qu’on descende l’engin sur l’eau pour un décollage prochain. Il étale une carte
et prie Hoducol de confirmer l’emplacement de la demeure du mage Arnak.
- Très bien, Broçatif prépares-toi ! Tu vas d’abord
faire un vol de reconnaissance au dessus du port et de la ville sans descendre
à moins de cent cinquante mètres d’altitude. Tu me communiques tout ce que tu
remarques d’intéressant. Pour la baraque du sorcier quand je t’en donnerai
l’ordre, tu balanceras une roquette bien placé je la veux en ruine. Une seule
roquette hein, ne va pas gaspiller !
- Il n’est probablement plus à l’intérieur, il savait par
l’Impératrice que nous étions en route pour Fantasmagination. En fait la
remarque Hoducol.
- Oui monsieur Hoducol mais pouvez-vous être tout à fait
certain qu’il ne s’y trouve pas ?
- Non bien entendu.
- Moi non plus alors comme je n’ai pas l’habitude de
laisser des doutes derrière moi, je préfère faire comme s’il buvait son café
dans son salon devant sa télé. Dit Bakaçable en surveillant du coin de l’œil la
mise à l’eau de L’ULM.
- Nous n’avons pas de télévision à Fantasmaginaire.
Rappelle Hoducol un brin moqueur.
Bakaçable hausse les épaules et reprend ses jumelles.
Une vingtaine de minutes plus tard, l’ULM glisse sur
l’eau, prend de la vitesse et décolle sous le regard émerveillé autant que
médusé des natifs de Fantasmaginaire.
Bakaçable communique avec le pilote grâce aux
Talkie-walkies. Ce dernier survole le port puis la ville et confirme que
l’ensemble est apparemment déserté de tous ses habitants.
- Ils se sont enfuis, ils ne choisissent pas de
s’opposer ! Fantasmagination nous appartient et ce n’est qu’un début.
Jubile Hoducol en se frottant les mains.
- Si c’est vraiment le cas, nous enverrons un
Oblitérétimbré aux navires qui nous suivent. Ils prendront ce port comme base
pour la conquête de ce territoire. Dit Bakaçable sans toutefois avoir la même
réjouissance qu’Hoducol.
- Les impériaux ne sont peut-être plus ici mais je me
demande si ce n’est pas une ruse pour nous attendre en force ailleurs. Emet
Kalessèsh.
- Possible, nous devons être très vigilants. Approuve
Bakaçable.
Une trentaine de minutes plus tard le pilote n’a toujours
rien remarqué de suspect dans le port et dans la ville. Bakaçable lui ordonne
avec la plus grande prudence de réduire l’altitude afin d’inspecter de plus
près mais rien de nouveau apparait. L’ordre est donné de détruire la maison
d’Arnak. Le pilote survole le lieu avec précaution avant de définir le meilleur
point d’impact pour la roquette. Il choisit la grande fenêtre qui éclaire une
pièce centrale de la construction.
Il s’éloigne un peu puis se met parfaitement
en alignement avant de déclencher la mise à feu et reprendre rapidement de
l’altitude afin d’éviter de recevoir des éclats. Le projectile fait mouche, il
pénètre dans la construction en passant à travers la fenêtre puis explose. Le
toit vole en morceau et le mur de façade s’effondre. Le feu s’introduit dans
les autres pièces et embrase totalement la maison.
De la dunette du Tenfépa, le navire de Kalessèsh,
Bakaçable observe aux jumelles. Au dessus de la colline une colonne de fumée
grimpe toute droite.
- Voilà pour le repère du sorcier ! Fait-il
satisfait. Envoyer six chaloupes avec des marins bien armés pour faire une
reconnaissance du port et de la ville, Kanaçuk tu prends le commandement d’un
groupe de trente et Fouléboul d’un deuxième groupe. Faites gaffe, on ne sait
jamais ! Commande-t-il.
Cinq heures plus tard, l’abandon du port et de la ville
est définitivement acquis. L’amiral Kalessèsh rédige un message pour les sept
navires en route pour Fantasmaginaire. Ceux là prendront possession du lieu et
deux de leurs navires, dont celui transportant Horace de Fantenay, poursuivra
vers Fantasmaginaire résidence.
- Les impériaux ont peur de nous, l’espion de
Danssmakabrr à rapporté ce qu’il avait vu de la puissance de nos armes. Juste
une confirmation de ce qu’avait surement raconté ce Maudit Mikael. Se satisfait
Hoducol.
- Si c’est le cas, tant mieux, mais il ne vaut mieux pas
crier victoire tout de suite. Je ne trouve pas que ce soit une bonne surprise
de trouver ce port et cette ville vide. Modère Bakaçable appuyé d’un signe de
tête par Kalessèsh.
Kanaçuk et une dizaine d’hommes prennent place dans
l’hôtel de l’ambassade afin d’attendre les navires suivants et d’éventuellement
repousser un arrivant non attendu. Un lance roquette et deux mitrailleuses sont
installés sur le toit de l’hôtel.
Le Fumétu, le Tenfépa et le Kantuveu abaissent leurs
boucliers blindés protégeant les passerelles, lèvent l’ancre et mettent le cap
vers Fantasmaginaire Résidence.
Episode 54
Préparatifs en trompe l’œil (Acte 1).
Arrivée à Fantasmaginaire Résidence, la dragonette
accoste le quai d’honneur ou attendent quelques gardes impériaux dont le
colonel Océbé. Une fois les pieds sur le granit du quai, Gary le salut
chaleureusement et présente l’équipage.
Mikael est époustouflé par la beauté de cette ville. De
riches maisons sont ouvertes sur la fin du fjord et sur le port par de longs
balcons ouvragés. Une large avenue bordée de lampadaires biscornus et de fontaines
extravagantes remonte jusqu’au seuil du magnifique palais impérial. Colonnades
et grandes terrasses habillent toute la façade et le toit est couvert d’une
mosaïque de tuiles bleu-marine et or. Les tours effilées semblent griffer le
ciel de leur pointe.
Le colonel Océbé ouvre la marche en direction du palais.
A part eux et le contingent de gardes, il n’y a plus personne et de cette
désertion, la ville en perd sa superbe.
Par une des deux monumentales portes principales, ils
pénètrent dans l’immense hall dont le plafond ruisselle de gouttes de cristal
Un grand escalier elliptique aux marches de bois noir emporte dans les étages.
Pour usiner de telles marches qui le sont chacune en un seul morceau, les arbres
devaient être millénaires.
Océbé invite l’équipe de Mirabelle et Gary à
confortablement s’installer dans un salon de réception. Un tapis d’une seule
pièce couvre entièrement toute la surface du sol en déboussolant le regard de
ses multiples entrelacs multicolores. Deux gardes impériaux servent des
boissons froides et chaudes assorties de fruits et gâteaux. Chacune et chacun
se sert selon son envie.
- Les mannequins sont presque tous achevés ainsi que les
mécanismes. Rapporte le colonel à Gary. Par contre il reste beaucoup à faire au
niveau des transmissions et les roues à aubes ne sont pas encore en place au
dessus du canal. Ajoute-t-il.
- Nous avons à peu près cinq jours pour achever le
travail. Annonce Mirabelle.
- Je pense que nous serons prêts. Estime Océbé.
A la suite de cette collation de bienvenue, le colonel
fait visiter les lieux et particulièrement ceux préparés pour tromper l’ennemi.
Dans les pièces et salles ouvrant sur l’extérieur, des mannequins habillés, des
fusils, des arbalètes sont disposés aux fenêtres et entre les balustres. Toutes
ses armes et mannequins sont reliés à de fines cordes pour les manœuvrer. Pour
les figurines plus vraies que nature, il y en a de toutes sortes, des serveurs et
serveuses, des courtisanes, des courtisans et des soldats. Mirabelle, Océbé et
Gary expliquent à Dorine, Mike, Mikael que pour donner l’illusion que le palais
est habité, les mannequins, grâce à un système de corde de contrepoids, de
ressorts et de poulies manœuvrés par des roues à aubes entraînées par le
courant du canal, vont se déplacer devant les fenêtres et qu’à celles de la
grande salle du quatrième étage se promènera l’effigie de l’impératrice ainsi
qu’un faux cristal au dessus d’elle. Les fusils et arbalètes tireront pour
faire croire à une résistance et des pétards simuleront d’autres armes. Des
foyers d’herbes humides seront allumés pour créer un voile de fumée. Pour faire
plus vrai, d’authentiques grades impériaux vont courir dans tous les sens et
tirer au hasard avant de s’introduire dans les souterrains qui conduisent à
l’abri dans les collines à six kilomètres de la ville. Ce stratagème devrait
attirer la riposte des ennemis mais surtout de leur faire user de ses
redoutables munitions importées de l’autre monde. Ainsi, privé de ne pouvoir
ravitailler, ils diminueront leur réserve.
- Vous avez prévenu votre groupe de la machine
volante ? Demande Gary à Océbé.
- Oui mais la plupart n’y croit pas et je dois t’avouer
que malgré les explications que tu m’as fourni à Fantasmagination, moi-même j’ai
du mal à l’admettre. Répond le colonel.
- Mikael, toi qui possède le même don que Mike pour le
dessin, fait en un de cette machine pour en donner une idée plus précise aux
gardes et à notre ami Océbé.
Le colonel interpelle un soldat et lui demande poliment
d’apporter quelques feuilles et un crayon à papier.
En une dizaine de minutes, Mikael fait un graphique assez
précis de l’engin vu de profil puis, sur une autre feuille le dessine vu de
dessous et de derrière avec son hélice. Le colonel regarde les croquis en
hochant la tête.
- C’est un drôle d’oiseau. Fait-il peu persuadé que cette
machine puisse voler et encore moins en transportant un homme et des armes.
- Vous n’avez jamais fait d’avion en papier ? lui
demande Mikael.
- Avion ??? Ne comprend pas Océbé.
- Oui, suis-je bête, vous ne pouvez savoir ce que c’est…
Des oiseaux en papier alors, enfin quelque chose qui vole ? Se reprend
Mikael.
- Des oiseaux en papier non !
- Même pas ce cerf-volant ? S’étonne Mikael.
- Je ne vois pas ce que c’est. Répond désolé Océbé.
- Et vous Mirabelle, Dorine, Gary et Mike, pendant votre
séjour en France, Ellie ou Jack n’ont jamais fait d’avion en papier ?
Insiste Mikael.
Les interpellés répondent qu’ils ont vu et même voyagés
dans un vrai avion mais pour ce qui est du papier c’est négatif.
Mikael reprend une feuille vierge et commence à la plier
devant les regards très intéressés du petit groupe. Une fois l’avion achevé il
déchire un peu derrière les ailes et relève à quarante cinq degré les
aillerons. Il monte sur une chaise et envoie l’avion vers le haut plafond.
L’engin de papier monte, bascule, pique du nez un court instant puis plane en
parcourant de grands cercles et rasant du bout des ailes les fresques murales
avant de se poser en douceur, glisser et se piquer le nez dans la laine du
tapis.
Les spectateurs en reste bouche bée. Gary se lève et
ramasse l’avion, il l’inspecte sous tous les angles puis le lance doucement
devant lui et constate que celui-ci plane encore.
- Incroyable, comment cela est possible ? Fait-il
médusé.
Mikael va rechercher l’avion de papier et explique tant
bien que mal l’importance de la surface des ailes pour soutenir le poids de
l’ensemble en s’appuyant sur l’air. Il ajoute que son avion en papier ne
possède pas de moteur et que si c’était le cas, au même titre qu’un bateau sur
l’eau il serait propulsé sur l’air. Avion en main il va sur la terrasse et
invite son auditoire à le suivre. Il règle un peu mieux les aillerons et de ce
deuxième étage il jette l’avion ? Cette nouvelle démonstration est encore
plus explicite, son avion plane doucement au dessus des jardins puis en bout de
vol tombe au milieu d’un bassin.
- Il est fichu. Fait Océbé chagriné de cette triste fin.
J’aurai bien aimé le montrer aux gardes. Ajoute-t-il très déçu.
- Rien de grave monsieur, il reste trois feuilles je vais
vous en plier autant. Propose Mikael amusé et surtout très fier de sa
démonstration.
Il se remet au travail et autour de lui nul n’en perd une
pliure. Mikael promet de leur apprendre et décompose lentement le pliage.
Une fois les trois avions construits, Océbé demande à ce que tous les gardes
viennent en cette salle mais avant que les premiers arrivent, il s’amuse à
lancer dans le vaste espace un des avions et rigole comme un gosse.
Mirabelle pose une main sur l’épaule de Mikael.
- Tu vois que tu es aussi un héro car pour l’être il ne
suffit pas de savoir se battre. Lui dit-elle en lui faisant une grosse bise.
Tous les gardes émerveillés par ce prodige réclament
d’avoir chacun un avion en papier. Océbé fait apporter une ramette de feuille.
Mikael se met à l’ouvrage en invitant les volontaires à l’imiter. La salle se
transforme en cour de récréation et l’espace aérien devient très vite saturé.
Feuhocu, Bèlevu et Véhashess, les trois ingenieurs qui supervisent le montage
des mécanismes paraissent très intéressés par ce concept. Comme Jaimzbonde est
de la partie, il ne fait aucun doute que l’Impératrice assiste au spectacle
dans son cristal.
Un peu plus tard, c’est autour du dîner que ce termine
cette journée.
Episode 55
Préparatifs en trompe l’œil (Acte 2).
Le jour suivant Mike et Mikael sont affectés à la mise en
place des cordages qui animeront les mannequins ou déclencheront les arbalètes
et les fusils. Si on additionne, ce sont des kilomètres de cordes et de filins
de toutes sections qui descendent par les escaliers et les cheminées, passent
dans des poulies et courent dans le jardin entre des petits piquets numérotés
avant de rejoindre le petit canal ou une dizaine de femmes et d’hommes de la
garde impériale construisent et assemblent sur des châssis des roues à aubes de
deux mètres de diamètre. Il faut que les cordages ne s’emmêlent pas ni ne se
chevauchent. Feuhocu, Véhachess et Bèlevu surveillent la mise en place de cette
impressionnante et incompréhensible toile d’araignée géante. En tirant à la
main ils font des essais de déplacement de mannequin et font ajouter si nécessaire
des poulies ou des contrepoids.
Gary décharge la Dragonette de tous les bagages et les
fait transporter dans une petite maison de ville. Une fois le bateau vide de
tout effet personnel, il libère les ventilettes et installe des tonnelets de
poudre dans quelques locaux choisis puis les joint avec de longue mèche jusqu’à
un angle de la salle du venteur où est suspendue une petite lampe à pétrole. Un
fragile fil reliant cette lampe sera tendu dans la descente et deux autres dans
les passages. Ainsi la dragonette est piégée et quand les veilleurs un peu plus
en aval du Fjord, signaleront par Oblitérétimbré l’arrivée des navires ennemis,
Gary allumera la lampe car pense-t-il, leurs adversaires ne résisteront pas à
s’accaparer d’un navire de plus surtout une rapide Dragonette.
Ce petit travail achevé, il emprunte un cheval et
parcourt la ville et les alentours pour y dénicher un poste de tir idéal
permettant une rapide retraite vers le sous bois et les souterrains pour
rejoindre les calèches. De cette première visite, il retient deux endroits mais
n’arrête aucun choix car demain il continuera sa prospection.
Mirabelle et Dorine aident à charger les innombrables
fusils et arbalètes installés sur les terrasses et les tours du palais.
C’est vers 17 heures que le colonel Océbé sonne le repos.
Dans le jardin, autour d’une table ronde, Mirabelle,
Dorine, Gary, Mike et Mikael apprécient de souffler en sirotant des jus de
fruit.
- Bordel, je ne te raconte pas la pelote de corde, des
centaines ! Comment Feuhocu, Bèlevu et Véhachess peuvent-ils s’y
retrouver ? Fait Mike.
- Ce sont des ingénieurs et ils sont très compétents, ce
sont eux qui ont imaginé le système mis en place sur nos galères pour que
toutes les rames manœuvrent exactement en même temps même si les rameurs ne
sont pas de force égale. Depuis l’adoption de ce mécanisme, nos galères ont
gagnée de 3 à 5 kilomètres heures. Explique Océbé.
- C’est quand même dommage de sacrifier un aussi beau
palais. Soupire Mikael.
- Si c’est l’unique sacrifice de ce conflit ce ne sera
pas bien grave. Nous en reconstruiront un autre. Répond Océbé avec dans le
timbre un doute que cette perte ne sera pas la seule.
- Mikael, n’oublie pas que ce soir tu passes de l’autre
côté ; tu attendras 22 heures comme ça tu n’arriveras pas trop tôt le
matin. Prévient Mirabelle.
- Qui m’accompagne ?
- Je suis certaine que Dorine aimerait bien dire bonjour
à sa copine Ellie. Répond Mirabelle en esquissant un beau sourire.
- Ouais ! Saute de joie Dorine.
- Avant de partir il faut bien vous laver et vous
reposer, la journée à été dure et il n’y aura pas de nuit pour vous alors vous
finissez vos verres, un garde va vous accompagner jusqu’à la maison, une fois
là-bas, vous filez aux douches…. Ensuite dodo jusqu’à 21 heures. On vous
préparera un bon petit dîner avant le départ. Vous passerez un uniforme de
sortie. En établit le programme Gary.
- Ça me fait bizarre d’être en présence de gens qui
voyagent dans un autre monde. L’impératrice m’en avait parlé dernièrement par
obligation, mais j’ai beaucoup de mal à y croire. Dit Océbé en se resservant un
nectar de Rondesun. Pourtant, je sais maintenant que toi Gary, toi Mirabelle,
toi Dorine et toi Mike vous y avez accompli une grande mission dans cet autre
monde et que je ne peux mettre en doute votre parole. Plus extraordinaire
encore, depuis hier je suis en présence d’un de ses habitants. Etrangeté que je n’arrive pas à assimiler.
Bah, c’est mon côté trop rationnel qui me ferme un peu l’esprit. Suppose-t-il.
- Pourtant on en parlait un peu sur le territoire
impérial. S’étonne Mike.
- Oui, des bruits mais rien de plus, il y a tellement
d’histoires abracadabrantes qui circulent que celle-ci n’était qu’une de plus.
Répond Océbé.
Mikael et Dorine suivent le garde jusqu’à la villa. Comme
leur à dit Gary, ils font leur toilette et se mettent au lit. Fatigués de la
journée ils s’endorment rapidement.
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