Episode 20
La sanction.
Il est 21H35 quand Boucharom, Tabafroi, Couyemol et
Prizdebek viennent chercher Mike et Mikael. A leur grande surprise, ils ne sont
pas entrainés vers le salon mais restent au même niveau pour être conduits au
garage dégagé de la voiture et de la moto pour la circonstance. Les deux
prisonniers découvrent ce pourquoi le perforateur avait été utilisé. Au béton
du plafond ont été chevillés à 1m50 de distance deux crochets dans lesquels
sont accrochées deux mousquetons. Des cordes y sont passées, Upskirt et
Petinés, de leur extrémité lient les poignets de Mike et Mikael puis tire sur
l‘autre bout pour tendre leurs corps à la limite de la suspension. Une fois les
deux prisonniers sur la pointe des pieds, les cordes tendues sont fixées aux montants scellés de la porte du garage.
Halebard s’approche en riant de Mikael et Mike, il leur présente deux fines
ceintures de cuir. Mikael les reconnait de suite, l’une, celle en cuir cousu,
est à lui trouvé dans l’armoire de sa chambre. L’autre est celle du prédicateur
en cuir de lapin de mer tressé.
- Voyez
petits morveux, Prizdebek, Petiné et Upskirt vont vous fouetter avec ces
ceintures. Trois fois cinquante égale cent-cinquante coups et ceci pour chacun
de vous deux. Annonce-t-il. Je leur ai
demandé de frapper fort, mon ami Horace et moi nous aimons beaucoup voir
souffrir et pour tout vous dire ça nous excite. Adjoint-il.
De Fantenay s’approche à son tour avec dans les mains
deux torchon qu’il plie et noue de manière à bâillonner les deux victimes.
- Une
précaution, on ne sait jamais, vos cris pourraient s’entendre de la route, ce
serait fâcheux. Dit-il une fois les bâillons bien serrés.
Il tourne autour de Mike et Mikael en affichant sa joie.
- Alors
comme ça vous êtes pyromane ? C’est très dangereux ça ! fait-il en
poursuivant ses tours. Comme nous sommes à votre écoute et puisque vous aimez
le feu, nous allons vous exhausser en demandant à ces dames de vous incendier,
j’espère que vous apprécierez le cadeau. Termine-t-il ironique en s’éloignant.
D’un signe, Halebard commande que la flagellation
commence. Petiné et Prizdebek s’y collent pour les cinquante premiers coups.
Tout y passe, le dos, les fesses, les cuisses devant comme derrière et le
torse. Les frappes sont violentes et le cuir marque à rouge la peau.
Mike et Mikael hurlent mais les bâillons étouffent les
décibels. Se déplaçant pour profiter du spectacle dans tous les angles, les
deux prédicateurs se régalent des cinglées, des contorsions affolées et du martyre
des deux jeunes hommes. Les femmes se relayent et administrent avec zèle en
comptant les coups à voix haute pour qu’il n’en manque aucun. Elles ne se
pressent pas pour à chaque fois donner un maximum d’élan à leurs bras armés.
L’épiderme de Mikael et Mike se strient en désordre de
ligne rouge surlignées aux extrémités de carmin et même de points violet,
Quelques boursouflures viennent accentuer les marques.
Les larmes coulent sur leurs joues et viennent imbiber le
tissu des bâillons. Les incandescents claquements du cuir sur la peau font à
chaque fois vibrer de plaisir les spectateurs. Prizdebek, petiné et Upskirt
s’emploient à ce que les prédicateurs et Hoducol soient satisfaits ;
d’ailleurs, cette sadique activité semble autant les inspirer.
Aucune indulgence, la douleur doit être pleine jusqu’à
être perceptible par les bourreaux et les spectateurs. Les soubresauts
terrifiés par le mal ajoutés aux plaintes alcoolisent les regards d’Halebard et
De Fantenay. De temps en temps, ils font stopper la flagellation, s’approche de
Mike et Mikael en affichant un grand sourire, admirent leurs peaux flambées par
le cuir des ceintures et ne se privent pas de commenter aux deux suppliciés
leur jubilation avant d’un geste commander la reprise de la torture.
Un peu plus tard, ce sont les dernières dizaines
appliquées sur des corps imprimés de multiples traits rouges, des corps en
sueur, des corps qui ne se défendent plus, des corps saturés de coups, des
corps qui n’émettent plus que de longs tremblements accompagnés par de profond
râles… Enfin le cuir se tait et la pesante moiteur d’une fin de supplice sature
le garage. Les deux prédicateurs écoutent avec grand plaisir la respiration
anarchique et geignarde des deux victimes.
Une fois détachés et débâillonnés, Les Crèvesueurs sont
obligés de soutenir Mikael et Mike pour les reconduire dans la chaufferie et
les allonger sur l’étroit matelas. Ils sont tremblant, Couyemol les couvre de
leur couverture, les deux prédicateurs repus et comblés se penchent.
- J’espère
que cette magnifique flagellation vous servira de leçon ! Leur lance
Childeric Halebard.
- Mais
puisque vous êtes maso, pas besoin de mettre le feu aux rideaux, si vous avez
envie de vous faire rosser, une simple demande suffit et nous vous promettons
d’accéder à tous vos désirs en la matière. Ajoute Cyniquement Horace De
Fantenay.
- Oui, mon
ami à raison ; sollicitez-nous de vous punir ! Croyez que nous ne
nous lasserons pas de vous faire souffrir.
Pour seule réponse ils n’entendent de leurs victimes que
des hoquets et des sanglots.
Les Crèvesueurs et les prédicateurs quittent la
chaufferie et le dernier bruit perçu par les deux prisonniers meurtris est
celui de la clef qui tourne dans le canon de la serrure.
Episode 21
Sans espoir.
Quelques minutes plus tard, Mike et Mikael échangent
quelques âcres propos sur ce qu’ils ressentent de leur corps endoloris. Ils
geignent des insultes peu gratifiantes envers leurs bourreaux avant de fermer leurs
yeux et s’endormir.
Le lendemain, après un frugal petit déjeuner, c’est
Mikael qui est choisit pour assurer les transferts. Son dos, son torse, ses
fesses et ses cuisses sont très marquées et encore sensibles de la flagellation
de la veille. Childéric et De Fantenay s’en réjouissent et envoient quelques
acides moqueries promettant un menu plus raffiné lorsque Fantasmaginaire sera à
eux.
Vers midi, Mikael est reconduit dans la chaufferie, Mike
lui montre une maigre assiette de pâte, quatre rondelles de saucisson et un
tiers de baguette à se partager.
Mikael raconte que ce matin il à opéré douze passages
pour à chaque fois emporter avec deux ou trois personnes, les pièces détachées
d’un ULM et qu’un autre était commandé.
Mike a une légère connaissance de ces engins. Bonemain leur avait
brièvement expliqué les propriétés de cet appareil lorsqu’ils séjournaient en
Bretagne pour enlever Horace De Fantenay.
Ce matériel volant allait donner encore plus de
supériorité au commando d’invasion des prédicateurs. Les peuples de
Fantasmaginaire ignorent ce que sont les machines volantes et n’ont aucun moyen
sérieux de combattre un danger venu du ciel.
Trois jours plus tard, Horace De Fantenay comptabilise
une petite armée de 54 hommes et femmes venus de la terre et un considérable
volume de matériel passé à Irizème. Pour sa dernière visite, Hoducol assure que
la formation des Crèvesueurs suit le calendrier et que dans quatre ou cinq
jours tout serait prêt pour l’offensive. Il rapporte également que la flotte de
l’amiral Kalesèsh arrivera sur l’île du Centre dans cinq jours. Ils naviguent
très éloignés les uns des autres pour ne pas attirer l’attention et évitent
tout engagement avec des navires d’autres territoires. Ils s’approcheront de
l’île par le Nord contournant ainsi la surveillance des impériaux basés sur la
pointe Sud. Ils mouilleront aux pieds des falaises Nord-Nord Ouest pour ne pas
être repérés et attendront le signal pour longer les côtes et entrer dans le
port de Fantasmartingal.
Ce soir, les deux prédicateurs accompagnés de Boucharom
rendent visite à leurs prisonniers.
- Demain
vous ferez encore quelques transferts et après demain vous passerez Childéric,
moi et nos amis Crèvesueurs à Irizème. Annonce Horace De Fantenay.
- Vous
reviendrez de ce côté, précise Halebard en désignant de l’index Mike et Mikael,
car pour le moment nous n’avons rien prévu à Irizème pour vous enfermer et
surveiller. De plus, il y a encore deux invités de marque à passer avec bagages
mais ces derniers arriveront ici que dans trois jours et donc vous nous
rejoindrez à Irizème avec eux, d’ici là, votre cellule sera prête. Trois hommes
resteront ici pour assurer votre surveillance et deux séjourneront quelques
temps après votre départ pour garantir la sécurité de cette maison et des livres
tant que Fantasmaginaire ne sera pas entre nos mains car nous aurons encore
besoin de vous pour renouveler les munitions. Ensuite, quand tout sera fini,
les livres seront détruits et la maison sera laissée à l’abandon vu que son
propriétaire n’y couchera plus jamais. Achève-t-il avec un petit sourire.
Les trois hommes quittent la cellule en rigolant.
- Je crois
camarade, que cette fois les dés sont jetés. Se lamente Mikael.
- Bordel,
je crois que tu as raison parce qu’une fois à Irizème nous seront enchainés 24
heures sur 24. Admet Mike avec autant d’amertume.
- Si tu
n’avais pas eut l’idée de revenir visiter la tour Eiffel en douce nous n’en
serions pas là ! Reproche Mikael.
- Hoducol
était à l’affut de la moindre occasion et si ce n’était pas ce jour là, il en
aurait attendu un autre. Réplique Mike.
Mikael ne peut que l’admettre, il coince sa tête entre
ses genoux et soupire.
Comme prévu, deux jours plus tard Mike fait passer Horace
De Fantenay, Childéric Halebard, Boucharom et les Crèvesueurs à Irizème. Il
revient seul et de suite il est raccompagné dans la chaufferie par les trois
mercenaires restants.
- Demain
après midi c’est à notre tour, autant se suicider. Désespère Mikael.
- C’est
une solution mais je ne sais pas si c’est la meilleure. Lui répond Mike en
regardant la lumière du jour à travers la petite vitre poussiéreuse de la
fenêtre.
- Je n’ai
pas envie de leur servir d’esclave et encore moins de me faire charcuter pour
les amuser.
- Moi non
plus…. Bordel si seulement il n’y avait pas de barreaux à cette fenêtre. Peste
Mike.
- S’il n’y
en avait pas ils ne nous auraient pas enfermés là. Fait Mikael en haussant les
épaules.
Mike s’assoit lourdement sur le matelas. Et regarde son
compagnon faire les cents pas. De temps en temps ils perçoivent un bruit
derrière la porte, certainement l’homme en faction qui se replace ou tourne les
pages d’un journal.
Un peu plus tard, un des hommes vient leur apporter deux
grosses tartines couvertes d’une épaisse couche de pâté, deux oranges et une bouteille
d’eau.
Mikael et Mike mangent sans faim.
Après avoir partagé et fini leur maigre repas, Mikael
s’allonge délicatement sur le matelas, ses yeux sont mouillés de larmes et son
visage reflète un profond désespoir.
Mike fait le tour de la petite pièce qu’il connait
pourtant par coeur. Son regard inspecte les quatre murs de béton, le bas
plafond agrémenté d’un néon et la petite fenêtre barreaudée. Il détaille
minutieusement la chaudière sans comprendre toutes les fonctionnalités des
commandes et réglages. Il tape en plusieurs endroits sa plante des pieds sur le
ciment froid du sol comme s’il cherchait une faiblesse. Au bout d’un moment, il
soupire et viens s’asseoir en bout du matelas en se couvrant les épaules de sa
couverture.
- Je sais
ce que tu penses camarade. Lui fait Mikael d’une petite voix. On est foutu,
c’est ça hein ? Conclut-il désespéré.
- Bien que
nos chances de leur échapper soient plutôt minces, je préfère croire que
quelque chose va se passer en notre faveur. Répond Mike sans vraiment en être
convaincu.
Mikael hausse les épaules et d’un revers de mains essuie
ses yeux.
- Nous
n’irons pas à Irizème, au dernier transfert nous tenterons le tout pour le
tout. Lui dit Mike en lui posant une main fraternelle sur l’épaule.
- C’est
quoi tenter le tout pour le tout ? Interroge Mikael.
- On se
bat et on refuse de les passer. Tant pis si on y laisse notre peau mais ça vaut
peut-être mieux que d’être esclave. Qu’en penses-tu ?
- Au point
où on en est, pourquoi pas. Autant te prévenir que pour la bagarre je ne suis
pas un as.
- Pas
besoin de technique, la rage suffira. Quand ils nous emmèneront au livre, je te
ferai un clin d’œil, tu ne réfléchis pas, tu tapes dans les couilles au plus
proche et je fais de même. Oui dans les couilles, c’est très efficace !
Peut-être que l’effet de surprise nous permettra de leur piquer une arme et
ensuite on arrose tout ce qui n’est pas nu. Explique Mike.
- C’est
carrément une opération suicide, ils seront quatre ou cinq. Mais c’est bon, je
ferai comme tu dis ! Après tout, tu as raison, je préfère crever que
d’être leur esclave et leur servir de souffre douleur. Bordel, je n’aurais
jamais imaginé mourir aussi jeune. Soupire tristement Mikael.
Mike n’ajoute rien, il regarde la petite fenêtre allumée
de soleil et ses pensés s’évadent vers son fils et Clakett qu’il ne reverra
peut-être jamais.
Episode 22
Match de foot
Dans le milieu d’après midi, deux mercenaires sortent
Mikael et Mike de la chaufferie.
- Y’en a plein le cul d’assurer des gardes devant cette
porte et puis il y a un match qu’on ne veut pas rater alors on va vous tenir à
l’œil là-haut. Annonce l’un deux en poussant du bout de son automatique les
prisonniers vers l’escalier.
Dans le salon une petite télévision à été placée à la
place de celle détruite. Les trois mercenaires s’installent et attendent
fébrilement le coup d’envoi du match de football.
Mike et Mikael sont assis sur la moquette devant les
hommes. Quarante-cinq minutes plus tard, au coup de sifflet annonçant la
mi-temps, le plus âgé se moque de ses deux complices en leur signifiant
narquoisement que l’équipe qu’ils soutiennent est composée de branquignols.
Quelques échanges plus ou moins virulents animent un moment le salon puis le
moustachu demande au deux prisonniers si l’un d’entre eux sait faire du café.
Mikael se propose et va dans la cuisine accompagné du chauve. En passant il
remarque que Childéric Halebard à laissé le téléphone portable sur la petite
tablette d’angle. Logique, à Fantasmaginaire il n’y a aucune connexion et de ce
fait, l’appareil ne lui serait d’aucune utilité.
Mikael fait couler une bonne dose de café bien noir comme
le lui à réclamé le moustachu puis aménage un plateau avec tasses et sucre pour
servir les mercenaires au salon. D’un rapide mouvement du regard, il fait
comprendre à Mike que le téléphone se trouve toujours sur la petite tablette.
Mike tourne discrètement la tête pour constater.
- La belle vie, nous avons même une boniche à poil.
Apprécie le chauve le propos souligné d’un fort accent Balte.
- Dommage que ce ne soient pas une femelles, on se serait
bien amusé. Semble regretter le plus ancien des trois en plaquant une main sur
les fesses de Mikael.
- Pas de problème, à défaut de greluche, je me
sodomiserai bien celui là. Fait le chauve en pointant du doigt Mike.
- Pas pour moi, mais par contre une petite sucette ne me déplairait
pas ha, ha, ha, ha ! Préfère le moustachu.
- C’est une idée ça, ce soir après le film on s’occupera
d’eux. Propose le plus ancien en faisant un clin d’œil aguicheur à Mikael qui
en frissonne de dégoût.
Voyant la tête déconfite de leurs deux prisonniers les
trois hommes éclatent de rire.
- Mais non les rouquins, on déconne, ha, ha, ha,
ha ! Se bidonne le chauve.
Mike et Mikael soufflent de soulagement.
- Tu y crois toi à cette histoire d’autre planète habitée
à conquérir ? Questionne le moustachu.
- J’ai vu tellement de trucs bizarres dans ma vie que
pourquoi pas. Répond le chauve. Et puis je vais te dire ; je suis grillé
un peu partout, recherché pour crime de guerre en Serbie alors je suis prêt à
m’embarquer dans n’importe quelle galère pourvu que ce soit au bout du monde et
qu’on m’oublie. Ajoute-t-il.
- J’ai vu hier comment ils disparaissaient juste quand
celui à lunette posait son doigt sur le bouquin. Ouais, sur le coup je me suis
demandé si je n’avais pas la berlue mais quand le gars est revenu… Ben… Que
voulez-vous que je vous dise ? Fait le plus âgé.
- Rien, mais moi je n’ai pas confiance, je n’aime pas
rien comprendre. Dit le moustachu.
- Tu n’as jamais rien compris d’autre que ton flingue,
ha, ha, ha, ha ! Explose de rire le chauve.
- Ta gueule gros con et fermes-là si ce n’est que
pour dire des conneries ! Se met en colère le moustachu.
- ne t’énerves pas, c’était juste pour chambrer… Moi
aussi je trouve ça bizarre mais puisque Senlabièr et Bakaçable sont dans le
coup, il n’y a pas de raison de se turlupiner. Temporise le chauve.
- Ça c’est ce qu’ils ont dit les prédicateurs mais qui te
le prouve ? Ils t’ont dit quelque chose en personne à ce sujet Senlabièr
et Bakaçable.
- Non mais je
connais bien Childeric Halebard et il ne me ferait pas de couille. S’il m’a dit
que Senlabièr et Bakaçable étaient sur place je le crois.
- Sur place…. M’ouais, et ce sur place c’est sur une
autre planète hein ? Doute le moustachu.
- Mais non, c’est quelque part dans un pays ! Ils
ont inventé ça pour rire, simplement pour ne pas dire où se déroule exactement
l’affaire ; tu sais aussi bien que moi que c’est une question de sécurité
pour ne pas qu’il y ait de fuite. Explique le chauve.
- J’espère que tu as raison parce que si c’est une embrouille
à la con ça va chier !
- Un ton en dessous les mecs, le match va reprendre.
Réclame le plus âgé en remontant le son de la télé.
Mike et Mikael avaient écouté la conversation avec un
certain amusement s’imaginant la tête que feraient ces trois là quand ils
seront envoyés à Irizème en passant par le livre. Juste une petite récréation
qui ne peut leur remonter le moral mais qui a au moins l’avantage d’avoir
quelques secondes fait sourire.
Sur l’écran, les deux équipes reprennent le match et les
trois mercenaires se fixent aux images avec une passion non dissimulée.
Encouragements, réprimandes et insultes fusent de leurs
bouches. Des « Regarde-moi ce tréteau, un cul-de-jatte passerait mieux que
lui. » et « Quel con, à croire qu’il a du plomb dans les chaussettes. »
ou « Putain ! Mais l’arbitre a
des lunettes en bois, il y a péno là !! » Bref des commentaires peu
originaux.
Episode 23
SMS
Cela fait dix minutes que les mercenaires s’excitent
devant l’écran quand Mike demande d’aller aux WC. Le chauve le regarde de
travers.
- Tu ne pouvais pas y aller pendant la mi-temps ?
Lui reproche-t-il. Merde, ça ne peut pas attendre ? Lui demande-t-il.
Mike fait une grimace et un signe de tête négatif.
- Moi je ne me lève pas pour t’accompagner, pisse sur la
moquette ! Fait le moustachu.
- T’es con toi, c’est dégueulasse et ça va chlinguer
l’urine dans toute la casbah. S’exclame le plus âgé.
- Et bien accompagne-le alors. Lui rétorque le chauve.
- Des clous, c’est mon équipe qui gagne, je ne rate pas
une seconde du match. Refuse-t-il.
- Putain de con, vous allez la fermer ! Gueule le
moustachu. Laissez-le y aller tout seul, les chiottes sont juste là dans le
couloir, elles sont sans fenêtre, toutes les portes de la baraque sont bouclées
et il est à poil, il ne va pas se barrer. Propose-t-il.
- Ouais, tu as raison et au cas où il s’approche d’une
fenêtre je lui colle une balle dans l’épaule et ensuite je lui mets une branlée
à coups de rangers. Dit le chauve en approchant de lui son fusil mitrailleur.
Vas-y branleur, mais un conseil, ne fait pas le con et laisse la porte des
goguenots ouverte que je t’entende pisser. Lui autorise le chauve.
Mike se lève sans empressement et se dirige vers le
couloir tranquillement. Le chauve le suit d’un œil mais sans vraiment quitter
l’écran. Mike passe à côté de la petite tablette, d’un geste presque naturel il
prend le téléphone portable et le plaque sur son ventre. Ce mouvement il
l’avait bien préparé parce que la position de son corps cache parfaitement la
subtilisation de l’objet convoité. Il entre dans les WC en laissant la porte
grande ouverte. Il s’applique à ce que son jet soit bien centré pour faire le
plus de bruit possible dans l’eau. Une fois soulagé il revient et se rassoit
sur la moquette. Discrètement par petit coup d’œil il fait comprendre à Mikael
de regarder vers la petite tablette. C’est au bout d’un bon moment qu’enfin
Mikael devine où il doit porter son regard et c’est quand il s’aperçoit que son
portable n’est plus sur la petite tablette d’angle qu’il comprend l’ingénieuse
manœuvre de son ami et ce qu’il doit faire à son tour. Evidement, comme ils ne
peuvent parler et ne pas trop bouger, Mike est dans l’impossibilité de lui
signifier où il a caché le téléphone dans les WC, mais si jamais Mikael peut
s’y rendre, il ne doute pas qu’il le trouvera.
Mikael sait qu’il n’est pas question de demander
maintenant d’aller faire aussi ses besoins car les mercenaires pourraient se
douter de quelque chose. Il ne vaut mieux ne pas gâcher cette chance et, ils en
a la certitude, que celle-ci est l’ultime.
Un bon moment plus tard le match se termine, le plus âgé
exprime sa joie et taquine un peu les deux autres.
- Bon, on va se prendre l’apéro et se préparer un peu de
bouffe pour ce soir. Dit le chauve en s’étirant.
- Et eux, on en fait quoi ? Demande le moustachu.
- On va les remettre au frais. Répond le plus âgé.
- Ouais tu t’y colle et je viendrais te remplacer dans
une heure. Propose le chauve.
Canon du pistolet automatique pointé, Mike et Mikael sont
poussés vers le couloir.
- Avant de descendre, je peux aller aux toilettes
s’il-vous-plait ? Sollicite Mikael.
Le mercenaire le regarde froidement.
- J’avais envie avant mais je ne voulais pas vous
déranger pendant le match. Fait Mikael très habilement.
- Haaa… Bon ! Vas-y ! Accepte le mercenaire en
ouvrant la porte des WC.
Mikael rabaisse le couvercle et s’assoit.
- Hey du con, ce n’est pas pour pisser ? L’interroge
l’homme en tenant la porte ouverte.
- Non monsieur c’est pour les deux.
- Ok, pas vrai ça, en plus il va nous empester. Dit-il en
plissant son nez.
- Je suis désolé. Se confond Mikael en plissant les yeux
pour mimer qu’il pousse.
Le mercenaire tire la porte sans toutefois complètement
la fermer. Visiblement ce dernier ne cherche pas à regarder et c’est juste ce
qu’espérait Mikael. Ses yeux fouillent rapidement partout il attrape une boite
de pastilles javellisées l’ouvre et fait tomber en chapelet quelques pastilles
dans la cuvette.
- Merde, c’est quoi ça, tu as la chiasse ? Interroge
le mercenaire de l’autre côté de la porte.
- Oui monsieur ! Répond Mikael en passant sa main
derrière la cuvette.
Le mercenaire tire un peu plus la porte jusqu’à ce que
celle-ci effleure l’huisserie.
Que du bonheur, Mikael fouille derrière une rangé de
rouleaux de papier toilette, trouve le téléphone et l’ouvre. Très rapidement il
entre dans le menu, met en mode silence puis compose un SMS pour Ellie tout en
continuant par intervalles à laisser tomber des pastilles dans la cuvette.
Une
fois le texte terminé il envoie et referme le téléphone en bloquant la sonnerie
puis le cache derrière les produits d’entretiens. Il déroule bruyamment du
papier, fait semblant de s’essuyer, tire la chasse puis donne un coup de bombe
désodorisante. Le mercenaire ouvre la porte et regarde.
- Alors, ça y est, tu t’es vidé le buffet ?
Harangue-t-il.
Mikael répond un signe de tête positif.
Une fois les prisonniers enfermés dans la chaufferie,
Mike s’empresse à voix basse de demander à Mikael s’il à réussi son coup.
- Oui j’ai envoyé un SMS à Ellie, j’espère que son
téléphone est en fonction et qu’elle va le lire rapidement. Informe Mikael.
- Que lui as-tu dis ?
- Que nous étions prisonniers chez moi par Hoducol et les
deux prédicateurs. Que je n’étais pas en Australie. Que c’était très grave pour
Fantasmaginaire et pour nous deux. Qu’ils préparaient une invasion et nous
tuer. Qu’elle vienne ce soir quand il fait nuit avec le livre F3 par derrière
le pavillon en passant par le petit bois. Qu’elle vienne jusqu’à à la derrière
fenêtre du sous sol à droite. Rapporte Mikael.
- Tu as réussi à écrire tout ça en si peu de temps ?
S’étonne Mike.
- Il y a un langage SMS, on n’écrit pas tous les mots en
entier, elle a l’habitude, elle comprendra. Explique Mikael.
- Bordel pourvu que ça marche. Espère Mike en sautillant
sur le matelas.
- Arraches-toi des cheveux. Commande Mikael en attrapant
une petite touffe des siens puis en tirant un coup sec.
- Mais… Mais pourquoi ? Ne comprends pas Mike.
- Parce que nous allons les remettre à Ellie pour qu’on
puisse revenir par F3. Explique Mikael. En plus tu sais bien qu’ils vont
détruire les livres.
- Seulement quand ils auront gagné la guerre. Réplique
Mike.
- Pas si nous réussissons à nous échapper. Les
mercenaires là-haut ils ne vont laisser aucune preuve derrière eux. Tu as
entendu le chauve, il est recherché, donc avant de s’en aller ailleurs, c’est à
la maison toute entière qu’ils vont mettre le feu pour éviter les traces ADN.
Présage Mikael.
- ADN ? Ne comprend pas Mike.
- Ce sont des empreintes génétiques ou quelque chose
comme ça. Avec ce genre de signature, on retrouve n’importe qui.
- Oui alors tu as raison pour les cheveux, effectivement,
cela nous permettra de revenir sur Fantasmaginaire 3 quand Ellie ouvrira le
livre. Approuve Mike.
Au bout d’un petit moment de grimace et de tiraillement,
Mike et Mikael ont récupéré chacun une bonne petite mèche. En dépiautant les
coutures usées du matelas ils ont également tiré un peu de fil pour les nouer.
Vers 20 heures, le chauve leur apporte deux assiettes de
riz, un peu de pain, de l’eau et deux pommes.
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