Episode 40
Et vogue la galère.
Dix secondes de tunnel orange et froid puis l’arrivée
dans la cabine.
- Bonjour, j’ai amené un amis ! crie Mikael pour
réveiller Mike.
Mike allume le briquet puis la lampe.
- Bordel tu ne peux pas revenir autrement qu’en pleine
nuit ! Engueule-t-il en consultant la petite pendule murale. Quatre heures
du matin, tu exagères !
- Regarde donc qui est avec moi au lieu de rouspéter
comme un petit vieux qui n’a pas eut son suppositoire. Rétorque Mikael.
Mike ouvre un peu plus grand ses yeux et découvre
l’invité.
- Oh Baccardi, mais que fais-tu là ? S’étonne-t-il.
- Parait que la patrie est en danger. Répond-il sur le
ton de la blague.
- On peut le dire et les Kidnapingres au même tarif que
les autres. Répond Mike en se levant.
- J’ai une arme. Annonce Mikael en posant la valise et
son sac sur sa bannette.
- C’est vrai, montre ! Sollicite Mike.
Mikael ouvre la valise.
- Whoooo, bordel où que tu as volé ça ? S’exclame
Mike en regardant les pièces du fusil bien rangé dans les compartiments
adaptés.
- C’est madame Iris qui me l’a offert. Dévoile Mikael.
- Iris ? Ha oui celle de la police !
Mikael fait un signe de tête positif, Baccardi confirme
d’un même signe.
- Et tu sais comment ça marche tout ça ? Demande Mike
en touchant du bout des doigts.
- Iris m’a fait un cours accéléré mais… Enfin je pense
que ça ira. Répond Mikael sans trop s’avancer.
- Il va falloir que tu me montres aussi mais pour le
moment il faut s’occuper de notre copain Baccardi. Allons voir le commandant.
Préconise Mike en enfilant sa tunique.
Maintenant que l’équipage est instruit que le livre de
Mike et Mikael permet le passage entre deux mondes, ils ne s’étonnent pas trop
de voir apparaitre à bord des gens, mais c’est quand même une surprise de
taille pour les marins de quart de voir Baccardi, du moins pour celles et ceux
qui le connaissaient lorsqu’il était encore un craint capitaine. Le temps et
l’histoire ont passés et beaucoup savent aujourd’hui le rôle qu’il avait joué
auprès du mage Arnak, de Mirabelle, d’Aline, de Dorine, de Lady Dark, de Gary
et de Mike. Le commandant ne cache pas sa surprise autant par la présence du
célèbre Kidnapingre que par la vision d’une arme dont il ne soupçonnait pas
l’existence pas plus qu’il ne peut en comprendre la fonction. Stupéfaction
passée, le commandant demande à Baccardi la raison de son retour.
- Je sais ce qui se passe et les projets des deux
prédicateurs et de ce fourbe de Hoducol, Mikael m’a raconté. Comme vous le
savez certainement, j’ai des amis parmi les élus de Fantasmaginaire et aussi
quelques uns parmi les Kidnapingres. Je ne peux rester impuissant, pour eux
mais également pour ce monde dont je suis natif. Demain vous m’informerez en
détail de tout ce que vous savez sur la stratégie des prédicateurs et de
Hoducol et je réfléchirai à ce que je dois décider. Plus on sera nombreux contre
eux, plus fort nous serons.
- Vous savez monsieur Baccardi, nous ne connaissons pas
grand-chose de leur plan d’attaque sinon qu’ils veulent s’emparer de Fantasmaginaire,
détruire le cristal et tuer le mage Arnak. Répond le commandant d’un air
désolé.
- Je comprends mais pour vous comme pour moi demain il
fera jour. Je vais vous laisser terminer votre nuit.
- En parlant de nuit, du moins ce qu’il en reste, je n’ai
pas grand-chose à vous offrir d’autre qu’une bannette dans un des postes
d’officier.
- Ne vous tracassez pas pour ça commandant, je vais aller
sur le pont, j’ai remarqué une rangée de confortable coussins. Ça fait
longtemps que je n’ai pas navigué sur cet océan et une nuit au grand air me
sera bien plus appréciable que le meilleur de vos lits. Répond Baccardi.
- Faites comme vous l’entendez monsieur Baccardi et
sachez que je suis heureux de vous avoir à mon bord.
- Ha, ha, ha, ha, si quand j’étais capitaine du Troudanlo
on m’avait prédit qu’un jour je serai accueillit en ami sur une galère
impériale je ne l’aurai pas certainement pas gobé. Je vous remercie commandant.
Vous les deux rouquins, rangez-moi cette valise dans votre cabine et au lit car
je vous veux en forme demain matin.
Mike et Mikael font un salut railleur et un garde-à-vous
chaloupé pour se moquer de Baccardi.
Une fois de retour dans la cabine, Mikael remise la
valise sous sa bannette et se déshabille.
- Tu as vu la tête de Baccardi. Fait Mike en s’infiltrant
dans sa bannette.
- Ouais, bordel il est vachement content d’être revenu.
Note que c’est un peu normal, je comprends, c’est quand même ici chez lui.
- Je crois que c’est surtout d’être sur un bateau, je
suis sûr que c’est ce qui lui manquait le plus.
- Tu as sans doute raison mais sa joie risque d’être de
courte durée avec ce qui va arriver dans les prochains jours. Suppute
sinistrement Mikael en se couvrant du drap.
- Ouais, ça va être beaucoup moins drôle mais le fait
qu’il soit ici avec nous me redonne le moral. Dit Mike en éteignant la lampe.
- Tant mieux parce que moi j’ai la trouille Camarade.
Bonne nuit Mike.
- Bonne nuit Mikael et pense à ce que je t’ai déjà dit
« Les héros qui n’ont pas peur ça n’existe pas ».
Episode 41
Démonstration.
Vers 9 heures du matin, Baccardi viens frapper à la porte
de la cabine en demandant à Mike et Mikael de se lever.
Un bon moment plus tard après le petit déjeuner, les
officiers demandent à Mikael une démonstration de l’arme qu’il à importée de
son monde. Ce dernier n’est pas très enthousiaste mais devant l’insistance,
bien obligé, il cède.
Revenue dans la cabine il peste.
- Ils vont bien se marrer si je rate mon coup. Je ne suis
pas Buffalo-bill moi. Bougonne-t-il en sortant la valise de dessous sa
bannette.
- Je ne connais pas ce Buffalo machin mais la
démonstration est importante Mikael, ils veulent voir et savoir et tu ne peux
pas t’imaginer comment ça va leur remonter le moral. Lui explique Mike.
- Toi tu ne doutes de rien. Réplique Mikael en haussant
les épaules.
Quelques minutes plus tard, les deux amis arrivent sur le
pont où les attendent tous les officiers, un bon nombre de marins et Baccardi.
Le commandant s’approche.
- De quoi avez-vous besoin Mikael ? Demande-t-il.
- D’une cible monsieur. Répond-il timidement n’osant
ajouter qu’il aimerait qu’elle ne soit pas trop petite.
- Celles de nos entrainements ?
- Non elles sont de pailles tressée, il faudrait quelque
chose de plus dur… En métal.
- Un sabre peut-être. Propose le commandant.
- Oui très bien ! Approuve Mikael en parcourant du
regard la longueur de la galère. Je vais me poster au dessus du château et vous
allez fixer le sabre à la proue. Dit-il.
Le commandant donne l’ordre d’attacher un sabre sur
l’angle de la rambarde qui se trouve à l’avant. Mikael monte sur le château
accompagné de Baccardi et Mike. Il s’agenouille, ouvre la valise et monte le
fusil. Ses mains tremblent. Baccardi s’accroupi devant lui et le saisit par les
deux épaules.
- Hé Mikael, faut décompresser c’est juste un tir sur un
sabre rien de plus. Lui dit amicalement Baccardi.
- Oui rien de plus sauf qu’il y à au moins 90 spectateurs
qui attendent de moi un exploit. Rétorque Mikael en chargeant le magasin.
- Ne pense qu’à une chose, le plaisir et l’espoir que tu
vas leur donner en touchant ce sabre.
- Tu parles, avec vos fusils vous en faites autant, il
n’y a pas plus de 70 mètres d’ici à la cible. Relativise Mikael en emboîtant le
magasin.
- C’est vrai, mais avec le tien tu va pulvériser la lame
en acier ce que nos fusils ne peuvent pas. J’ajoute qu’à cette distance, avec
nos meilleurs fusils, il faut être un bon tireur pour toucher le sabre.
Retourne Baccardi.
- Je ne peux pas monter la lunette, son réglage minimum
est de 100 mètres. Bordel je la sens mal cette démonstration. Bougonne Mikael.
- Prend ton temps et appuis-toi sur cette lice. Montre
Baccardi.
Mikael pose son coude sur la lice et écarte les jambes
pour asseoir ses appuis. Il tourne la molette de réglage de hausse et pointe sa
pupille dans le petit V. Il défait le cran de sécurité et pose son doigt
tremblant sur la gâchette. Comme le lui avait montré Iris, il vise plus haut et
descend lentement jusqu’à ce que le plat de la lame du sabre soit en ligne de
mire. Non, il ne tire pas, il se relève et reprend sa respiration. Derrière,
Mike et Baccardi ne disent plus rien de crainte d’encore plus déstabiliser
Mikael.
Il ferme les yeux un petit moment puis de nouveau il se
remet en position de tir et recommence la manœuvre. Cette fois le coup claque
au tympan et sur le pont principal on entend une bruyante ovation. A la proue
le sabre a explosé et il ne reste sur le parquet que des éclats d’acier et la
poignée. Le commandant s’approche et ramasse un morceau de lame qu’il porte à
ses yeux. Il l’ausculte un petit moment avec un hochement de tête admiratif
puis fait passer le fragment dans d’autres mains.
A l’arrière, sur le château Baccardi serre dans ses bras
Mikael.
- Bravo ! bravo ! Lui crie-t-il. En plein dans
le mille ! Tu vois que tu es bon !
- Coup de chance et heureusement que le sabre n’était pas
de profil parce là… Répond avec modestie Mikael.
- On s’en fiche, c’est le résultat qui compte. Estime
Mike en regardant les marins ébahis ramasser les petits morceaux d’acier du
sabre.
- Et si jamais il avait raté son coup je lui flanquais
une fessée déculottée devant tout l’équipage, ha, ha, ha, ha ! Plaisante
Baccardi en lançant un clin d’œil entendu à Mikael.
Baccardi, Mikael et Mike redescendent sur le pont principal.
Le commandant demande à regarder l’arme de plus près. Mikael déboîte le magasin
et remet le cran de sécurité pour éviter un accident puis met le fusil dans les
mains du commandant. Ce dernier accuse le poids avec surprise car les fusils à
silex et poudre de Fantasmaginaire sont bien plus lourds.
Il regarde de près l’arme étonné qu’elle soit ainsi alors
que cette nuit il l’avait vu en quatre morceaux. Tout autour, les gradés, les
marins et matelot se bousculent.
- C’est extraordinairement puissant pour à cette distance
briser en mille morceaux un sabre d’acier forgé et trempé. Fait le commandant.
- Oui, se sont des balles blindées. Répond Mikael.
- Blindés comme les boucliers qui protègent notre
passerelle ? S’étonne le commandant.
Mikael ne sais pas trop quoi répondre et c’est Baccardi
qui approuve le comparatif en montrant une des munitions. Le commandant
inspecte la chose. Baccardi lui explique que la poudre se trouve à l’intérieur
de la douille et que la balle est sertie en bout. Il montre l’amorce et du
petit doigt imite le percuteur qui en frappant la pastille met le feu à la
poudre et propulse la balle hors de la douille. Les témoins natifs de
Fantasmaginaire roulent de grand yeux effarés au regard de cette technologie.
Bien plus encore quand Mikael ajoute que la balle est mortelle à 600 mètres
alors que les meilleur fusil dont dispose les impériaux sont mortels qu’à
cinquante mètres.
De retour dans la cabine, Mikael range la valise sous sa
bannette.
- C’est quand même désolant que les officiers et les
marins soient émerveillés par cette arme de guerre. Fait-il.
- Que veux-tu dire ? Lui demande Mike.
- Que comme chez nous, ils sont tout autant fascinés par
des engins de mort. Je trouve ça triste. Répond Mikael.
- Oui je sais… Notre monde est une opposition permanente
entre les intérêts des différents peuples et c’est ainsi depuis toujours. Une
guerre qui n’en fini pas et qui ne pourra jamais finir alors tu dois comprendre
que les armes sont très importantes. Le mage Arnak me disait que notre monde
est un miroir du votre mais en beaucoup moins hypocrite.
- Que veux-tu dire par moins hypocrite ?
- Simplement que
chez vous un ange peut être aussi un diable, le méchant peut se masquer gentil
et inversement. Ici, un Creuztatomb est un Creuztatomb, un Kidnapingre est un
Kidnapingre etc. Chacun est ce qu’il est sans se dissimuler derrière autre
chose et fait ce pourquoi il est fait. Répond Mike.
- Des foutaises ça, et Hoducol, et Baccardi ? Oppose
Mikael en exemple.
- Huducol à toujours été ce qu’il est aujourd’hui et le
chym l’avait parfaitement deviné. Pour ce qui est de Baccardi ainsi que
Glassalo, ce sont des exceptions.
- M’ouais. Accepte à défaut de mieux Mikael.
- Dans notre monde de Fantasmaginaire il n’y a pas
d’accord de paix ou d’armistice qui sont chez vous signés pour être bafoués
quelques mois ou années plus tard. Ici Les végétateurs deviennent pour partie
des Vagalâmeurs luttant pour être élus par une inquêtrice ou un inquêteur, les
autres les chassent pour le commerce, pour les exploiter, pour les bouffer ou
pour les tuer sans autre justification. Cela peut paraitre cruel et immoral
mais je suis persuadé que ça l’est moins en réalité que ce qui se passe chez
vous. En tout cas ça a le mérite d’être plus clair. Maintenant, si comme je le
crois le mage à raison, peut-être que si un jour sur votre terre vous devenez
raisonnables et vraiment humains, les choses changerons également ici.
- Bordel ! Je
n’ai pas rêvé là, tu dis carrément que c’est de notre faute ! Accuse
Mikael.
- Seulement si le mage a raisons. Modère Mike avec un
petit sourire ironique.
Les jours de mer se suivent monotones mais à chaque fois
les rapprochent du port de Fantasmagination.
Episode 42
Le départ de Baccardi.
Ce matin là à trois jours de mer de Fantasmagination la
vigie signale un bâtiment Kidnapingre. Baccardi se précipite à la passerelle.
- Commandant arraisonnez ce navire ! Réclame-t-il.
- Mais pourquoi, il n’est pas signalé hors-la-loi.
S’étonne le commandant de la démarche revendiquée.
- Bien sûr que non mais je vais monter à son bord et
partir pour le territoire Kidnapingre. Explique Baccardi.
- Qu’elle est donc cette idée loufoque ? Questionne
encore plus surpris le commandant.
- C’est le seul moyen que j’ai de rencontrer et rallier
les Kidnapingres à notre cause. Répond Baccardi.
- Et vous croyez que ce capitaine va vous écouter, vous
oubliez que ça fait longtemps que vous n’êtes plus de ce monde et que beaucoup
vous croient mort. Vous n’avez plus qu’un nom dans une page de vos livres
d’histoire.
- C’est exact mais je pense que ce capitaine m’écoutera
et en cas contraire, je reviendrai à votre bord et tenterai ma chance avec un
autre.
- Bon…. Lieutenant cap sur ce navire et faites hisser le
drapeau parlementaire. Ordonne le commandant.
La galère vire de bord et se dirige tout droit vers le
bateau Kidnapingre. Ce dernier, avisant le drapeau blanc barré d’une diagonale
verte ne cherche pas à fuir et met en panne.
Mike et Mikael montent à la passerelle pour s’informer de
ce qui se trame. Baccardi leur explique.
- Tu vas nous abandonner ? Ne semble pas enchanté de
cette décision Mike.
- Non, rassurez-vous tous les deux, juste le temps de
convaincre les Kidnapingres et de rassembler une belle flottille. Je vous donne
rendez-vous plus tard.
Une fois la galère à quelques brasses du bâtiment
Kidnapingre, une chaloupe transporte Baccardi, le commandant et dix gardes
impériaux pour l’escorte.
Le capitaine Kidnapingre n’en croit pas ses yeux en
reconnaissant le capitaine Baccardi surtout qu’ils furent dans un autre temps
amis.
Ce capitaine est
un petit râblé à la barbe et aux cheveux épais et grisonnants. Il arbore une
belle cicatrice sur son front qui témoigne d’un coup de sabre passé un peu trop
près.
- Capnor ! s’écrit Baccardi en retrouvant son
ami !
- Par ma barbe, c’est toi Baccardi ?
- Oui mon cher, ha, ha, ha, ha ! Voici le commandant
Rozdéven. Nous avons à te parler de choses très sérieuses et graves. Annonce
Baccardi.
- Alors ça, par ma barbe on m’avait dit que tu étais
exilé dans une île… L’île du Centre je crois. Certains disaient que tu étais
parti à l’aventure vers un territoire lointain en dehors des limites de notre
monde. Ha, ha, ha, ha, les farceurs. Venez dans mon carré, nous y serons
tranquilles. Invite le capitaine Capnor.
L’habitat du capitaine est à l’image de ce qu’il y a sur
tous les autres navires de ce type. De petite surface combinant chambre à
coucher, bureau et salle à manger. Les cloisons son de bois argenté et rouge,
elles sont décorées de trophées et d’armes d’apparat. Capnor tire des chaises
pour que le commandant Rozdéven et Baccardi s’installent.
- Alors de quoi veux-tu m’entretenir de si
important ? Demande-t-il en sortant une bouteille de Çadékoiff parfumé
coco du petit meuble de bois noir décoré de brigantins d’ivoire et d’or.
Baccardi lui raconte rapidement l’histoire des
prédicateurs puis en vient à la trahison de Hoducol et son alliance avec De
Fantenay et Halebard pour conquérir et asservir Fantasmaginaire.
- Par ma barbe Baccardi, ton histoire a des relents de
fable ! Fait le capitaine Capnor en levant son verre. Tssss, tsss, mon
ami, es-tu sûr d’avoir tout en ordre dans ta caboche ? Tu as imaginé cet
autre monde où des machines volent et vont sous la mer comme tu as imaginé que
le conseillé Hoducol était à la tête d’une armée. Ho, ho, ho, ho, d’après ce
qu’on dit de lui, c’est un galant peureux du moindre pétard, ho, ho, ho !
- Regarde comme je suis habillé, as-tu déjà vu des
vêtements identiques, regarde bien la fermeture de ma braguette, c’est ce qu’on
appelle dans l’autre monde une « fermeture éclair ». Montre Baccardi
en manœuvrant la tirette. Regarde ma montre, expose-t-il sous le regard du
capitaine l’affichage numérique.
- Par ma barbe ! Etrange en effet. Admet Capnor en
collant ses pupilles sur le cadrant de la montre. Des chiffres qui changent et
s’écrivent tout seul ! Par ma barbe, c’est de la magie ! Roule-t-il
de gros yeux en reculant un peu son visage comme s’il craignait quelque chose.
- Non Capnor, c’est de la technologie ! Je pourrai
te monter bien des objets de cet autre monde mais ne m’oblige pas et crois-moi sur
parole. Tu sais que je ne suis pas un homme à raconter n’importe quoi.
Le capitaine Capnor perplexe se lisse la barbe en se
basculant sur sa chaise.
- Si tu n’étais pas Baccardi, dit-il au bout d’un bon
moment de réflexion, je t’aurai balancé aux lapins de mer mais voilà, tu es
Baccardi et je sais que tu ne me mentirais pas à moins d’avoir perdu la raison.
A première vue, tu ne me sembles pas fou… C’est très inquiétant ce que tu
m’annonces… Tu dis que cette armée dispose d’armes qu’on ne connait pas et qui
sont épouvantablement actives au point de ne même pas l’imaginer ?
- Oui Capnor, c’est exact et il faut vite les contrer
avant qu’ils prennent l’ascendant.
- Les contrer dis-tu ? Mais s’ils sont si puissants
que tu l’affirmes, comment faire ? Interroge Capnor.
- En étant plus malins qu’eux, c’est notre seule chance.
Répond Baccardi.
- La ruse n’est-ce pas ?
- Exact !
- Tu sais que tu me flattes, j’aime ça moi la ruse.
Jubile soudainement Capnor en tendant la main. Je ne sais dans quelle aventure
tu vas m’entrainer mais par ma barbe je suis avec toi. Invite-t-il à une
poignée de main.
Baccardi offre sa main et affiche une mine réjouie.
- Alors, on fait quoi ? Réclame le capitaine Capnor
en resservant une bonne dose de Çadékoiff.
- Mets le cap sur le port de Ohédubato en passant par la
route Ouest-Sud. C’est sûr, nous allons mettre 23 ou 24 jours pour atteindre
Ohédubato mais si nous passons direct on va croiser les navires des
prédicateurs. C’est dans ce port que se trouve le resto de Glassalo et il nous
donnera un coup de main. Il faut recruter un maximum d’équipages et de bons
bateaux. Répond Baccardi.
- Haaa Glassalo, un adroit cuisinier, il faut réserver
d’avance pour avoir une table le soir chez lui. Informe Capnor en buvant d’un
trait son verre. Tu sais qu’il y a des portraits et des sculptures de toi
partout dans sa grande salle.
- Sacré Glassalo, ha, ha, ha ! Dis-moi Capnor, et
mon Troudanlo 3 ? Interroge Baccardi.
Le capitaine
Kidnapingre ravale sa salive et regarde un moment vers le grand vitrage et la
galère impériale en panne à quelques brasses de son navire.
- Je t’écoute…. Il a été coulé ? Demande Baccardi en
fronçant les sourcils.
- Non mais il est justement à Ohédubato et cela fait
trois mois. Celle qui t‘a succédé n’avait pas assez d’autorité car après ton
départ certains membres de l’équipage l’on évincée et se sont ensuite battus
entre eux pour prendre ta place. C’est un certain Radukou qui a pris le dessus
et le commandement du Troudanlo. Par ma barbe, il ne suffit pas d’avoir le
Troudanlo pour faire peur, encore faut-il être un vrai capitaine d’expérience.
Ils n’ont pas fait fortune et ce sont fait défoncer plus souvent qu’il n’en
faut. Ton Troudanlo 3 est en mauvais état et par manque de moyens il n’est pas
réparé. Radukou n’a pas les faveurs et on ne lui prête pas. Raconte Capnor.
- Et bien arrivé à Ohédubato, je vais régler le problème.
Tape du poing sur la table Baccardi.
- Hum fait attention à ce Radukou, je n’aimerai pas qu’un
malheureux coup de sabre ne te soit pas donné dans le dos. Soupire Capnor.
Baccardi se tourne vers le commandant de la galère.
- Je ne vous promets rien commandant, avec mon ami Capnor
nous allons faire de notre mieux pour rassembler une flotte. J’informerai
l’état major impérial par Oblitérétimbré mais je pense que l’espion vous
tiendra informé plus rapidement. Dit-il.
- Vous n’avez rien besoin de promettre monsieur Baccardi,
je sais que vous serez à la hauteur et j’espère très bientôt, boire le
champagne de la victoire à vos côtés. Répond le commandant en prenant congé.
De retour sur la galère, le commandant fait un compte
rendu à Mike et Mikael et donne ordre de repartir.
Episode 43.
Retrouvailles.
Deux jours plus tard la galère fait son entrée dans le
port de Fantasmagination, Mike et debout sur la proue et ne tient plus en
place, il essaye de deviner sur le quai d’honneur, Clakett et leur fils parmi
la foule d’officiels. Mikael se poste un peu en arrière et constate que
beaucoup de galères sont à quai. Sans doute rappelées d’urgence, pense-t-il.
Sur le grand tapis orné du blason impérial, elles et ils
sont tous là y compris l’impératrice solidement escortée.
Mike à repéré Clakett qui soulève à bout de bras leur
enfant. Il y a aussi Mirabelle, Aline, Lady Dark, Dorine, Gary et le mage
Arnak.
A peine la galère est-elle amarrée que Mike presse les
marins d’installer la coupée. Il descend en courant pour se précipiter en
larmes dans les bras de Clakett et ne cesser d’embrasser son fils.
Des retrouvailles débordantes d’émotions, ils sont tous
autour de Mike. Mikael préfère attendre un peu et ne descend sa valise en main
qu’après être certain de ne plus déranger. Mirabelle et le mage Arnak viennent
à lui, le serre dans leurs bras et l’entraine vers une rangée de calèches
réservées qui vont les conduire à un hôtel particulier un peu en dehors de la
ville.
Une vingtaine de minutes plus tard, les attelages
pénètrent dans la propriété lourdement gardée par des soldats impériaux.
Visiblement, l’état d’urgence est décrété.
La demeure est assez classique avec juste un peu
d’ornement sur le fronton soutenue par deux colonnes. L’intérieur est tout aussi
sobre, un grand escalier de marbre blanc en colimaçon distribue ses paliers
dans les étages. Mirabelle conduit Mikael dans une petite chambre et lui montre
en ouvrant l’armoire de quoi changer son uniforme. Nul doute que tout avait été
préparé d’avance. Elle le laisse seul pour qu’il se douche et s’habille de neuf
en prévenant qu’elle viendra le chercher dans une heure.
Il lui fait drôle à Mikael de se retrouver seul dans une
chambre après tant de nuit partagé avec Mike ou dans la chambre et le dortoir du
château avec Ellie. Il regarde par la fenêtre et constate que le petit jardin
en façade est plein de soldats. Sur l’allée se croisent des officiers, des
officiels et d’autres qu’il ne peut définir.
La petite salle de bain attenante à sa chambre est équipée
d’une douche et d’un lavabo, un minimum suffisant qui ne s’encombre pas de
luxe.
Une heure plus tard Mirabelle vient le chercher et le
guide vers un salon tout de bleu décoré où attend le mage Arnak.
- Prend place Mikael ! Invite l’homme en désignant un
des fauteuils du cercle.
Mirabelle s’installe à côté.
- Je ne peux déranger Mike car il est bien normal de le
laisser avec Clakett. Elle à vécu un enfer et je peux te dire qu’elle n’était
pas belle à voir avant d’apprendre que Mike était vivant. Relate le mage.
- Oui, je m’en doute, lui aussi se faisait beaucoup de souci
pour elle et leur fils. Témoigne Mikael.
- Demain nous aurons une entrevue avec Mike. Pour le
moment, comme tu es disponible, tu vas nous raconter avec un maximum de détail
tout ce que vous avez vécu et entendu depuis votre séquestration mais attend un
peu, l’impératrice, le ministre de la marine Toutalaram, l’amiral Delavoil, le
colonel Océbé et madame la général Odiofil vont arriver.
A peine cinq secondes plus tard, les personnes citées par
le mage pénètrent dans le salon. Rapides salutations, l’impératrice d’un signe
demande à Mikael de parler.
Ce dernier fait un récit le plus complet possible
n’hésitant pas à revenir en arrière quand il s’aperçoit avoir oublié quelque
chose. Tous les orateurs, y compris Mirabelle, prennent des notes.
A la fin, lorsque Mikael pose un point verbal à la suite
du dernier mot, les visages sont graves.
Le mage se lève et demande à Mikael d’aller chercher
l’arme qu’il a ramenée du château.
Un peu plus tard, ils sortent tous par derrière côté
parc. Tout au bout d’une longue allée bordé de grands arbres à feuille rose qui
dégage un parfum acidulé, le mage montre à Mikael un double portail métallique
riveté fermant le bout de l’allée.
- Cela te convient comme cible ? Demande le mage à
Mikael.
- Heu oui… Vous savez Arnak je ne suis pas un
spécialiste, à combien estimez-vous la distance ?
- Hummm, environ 250 mètres. Répond-il.
- Je dois vous prévenir que ça va faire un impact, peut
être même un trou. Moi je dis ça c’est pour votre portail.
- Aucune importance Mikael, il faut qu’ils prennent bien
en considération la puissance de ces armes.
Mikael ouvre la valise et monte méthodiquement le fusil
devant des spectateurs stupéfaits. Se basant sur la mesure annoncée par Arnak
il règle la hausse puis place le magasin. Il est moins crispé que sur la galère
car le haut portail, même à cette distance représente une surface plus
importante qu’un sabre. Il demande à ce que derrière les vantaux ainsi que
l’allée et ses bordures soient dégagées, immédiatement les ordres sont donnés.
Il pose un genou à terre et se poste bien stable comme le
lui à montré Iris, pas d’hésitation cette fois car le portail bien centré dans
la lunette, il tire une balle et remet de suite le cran de sécurité. Il se
relève et entraine le petit groupe à aller voir jusqu’au portail.
Le résultat impressionne car à 250 mètres de distance
nulle arme à feu de Fantasmaginaire ne peut rivaliser ; le panneau tôlé
est enfoncé et crevé. Même en tirant à une trentaine de mètres avec un des
meilleurs fusils de ce monde, le plomb n’aurait pas traversé la tôle.
- Je ne sais pas si c’était une bonne idée cette
démonstration, ils font une sale tête vos amis. Dit Mikael un peu à l’écart au
mage Arnak.
- Je vois et c’est ce que je veux. Répond-il.
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