Episode 16
Nouvelle recrues.
Une bonne heure plus tard, Halebard et Boucharom viennent
chercher Mikael et le conduisent dans la pièce d’accueil. Trois hommes
attendent. L’un assez trapu et petit le visage taillé dans la masse percés de
petits yeux noirs, l’autre plus grand, filiforme la tête surmontée d’un peu de
cheveux blond et cachant son regard derrière de grosses lunettes de soleil. Le
troisième à une silhouette de gymnaste, il est vêtu d’un blouson très sobre et
d’un pantalon de treillis introduit dans le bas dans ses rangers. Le plus petit
dévisage Mikael avec les pupilles injectées.
- C’est
lui qui m’a sortie de mon lit et entaillé une épaule avec son épée. Grogne-t-il
en s’approchant méchant du jeune homme. Putain de merde fumante, j’ai pris 2
ans de trou à cause de ce mec !
- Non ce
n’est pas lui, c’est l’autre, ils se ressemblent. Le stoppe Horace De Fantenay.
- Et il
est où l’autre ? S’emporte l’homme en cherchant dans la pièce.
- Tu n’es
pas là pour régler tes comptes alors tu fais ce que je te dis et tu ne discutes
pas. Lui répond rudement le prédicateur.
- Où on
va ? Réclame l’homme.
- Tu le
verras bien arrivé sur place, un mercenaire du nom de Bakaçable vous prendra
sous son commandement et vous expliquera. Monsieur Hoducol, vous accompagnez le
premier voyage car je ne veux pas d’histoire.
Le gouverneur prend dans ses bras une lourde caisse, le
trapus une longue valise couleur kaki et deux fusils d’assaut. Sur les épaules
de Mikael est chargé un pesant sac à dos contenant des grenades.
Arrivée à Irizème, les faux gardes impériaux prennent en
charge les arrivants et les bagages.
Pour de second passage Mikael est seul avec les deux
autres hommes mais il n’a pas d’autre choix que revenir à son domicile. Il sait
qu’il ne peut dans ce territoire inconnu tenter une évasion et qu’en plus il
condamnerait son ami Mike à passer un sale quart d’heure.
A 20 heures Mikael et Mike ont fait passer en ce jour
douze hommes et un important volume d’armes et de munitions totalisant à eux
deux une vingtaine de passages.
Après leur toilette ils reçoivent chacun un sandwich et
de l’eau.
- ça fait
déjà treize bonhommes qu’on envoie à Irizème. Comptabilise Mike.
- Oui et
avec des armes et munitions. Les deux dernières caisses c’étaient huit
missiles. Si c’est la même chose tous les jours, on peut déjà écrire notre
épitaphe sur le mur.
- Ainsi
que celle de Fantasmaginaire. Rajoute sinistrement Mike.
- Bordel
que pouvons nous faire et en plus on est tout nu. Peste Mikael en faisant le
tour de la pièce.
- ça je
m’en fiche et crois-moi que si on peut se tirer, même nu je n’hésiterai pas une
seconde.
- Ouais,
moi de même, je l’ai déjà fait.
Mikael s’allonge sur le matelas et se couvre de la
couverture car il commence à frissonner.
- Et si
quand on fait les transferts on pique les mèches de cheveux du livre d’Irizème…
Comme ça plus de passage possible. S’illumine Mike.
- Idée
intéressante mais vraiment en dernier recours. Juge Mikael avec une petite
grimace.
-
Pourquoi ?
- Tu
oublies simplement camarade que nous n’avons pas de poche et moi je ne me vois
pas avaler tes cheveux ni même les miens, je les vomis de suite. Autre chose,
si on prend les mèches de cheveux tu es condamné à vivre de ce côté mais pas
pour longtemps, car dans les cinq minutes qui suivent, juste le temps qu’ils
s’aperçoivent de la chose, nous creusons dans le jardin notre propre fosse.
C’est pour ça que je te dis que si on en arrive là ce sera le dernier recours.
- Ouais…
Evidement, je me suis un peu emballé. Soupire Mike.
Le lendemain matin pas de nouvelle recrues mais simplement
treize passages pour apporter armes et munitions qui ont été livré dans une
petite camionnette de réparateur électroménager très tôt le matin.
De retour dans leur prison Mike et Mikael se demandent
bien où les prédicateurs peuvent se procurer autant d’armement de guerre. Il ne
fait aucun doute que Childeric et Horace ont renoué très rapidement avec
d’anciens amis et qu’ils devaient encore disposer de fonds secrets bien
dissimulés ou alors, ce sont Stokoption et Kackarantt qui ont couvert les premiers
frais avec des triangles d’or.
A midi, Mikael et
Mike se plaignent de n’avoir que des sandwichs à manger. Halebard émet l’idée
que s’ils veulent autre chose ils devront faire la cuisine pour tous le monde.
Mike et Mikael acceptent.
Aucun transfert cet après midi et en fin de soirée, les
deux prisonniers sont amenés en cuisine pour préparer le dîner. Les huit
Crèvesueurs, les deux prédicateurs et le gouverneur sont satisfaits du poulet
haricot vert et votent en chœur que dorénavant leurs deux prisonniers
assureront le déjeuner de midi et le dîner du soir. Ces derniers ne voient
qu’un avantage à ce nouveau statut qui est de se restaurer d’autre chose que de
sandwich. Ce qui les enchante le plus dans cette journée c’est qu’ils n’ont pas
reçus de nouvelle correction. Faut dire aussi que leur fesses sont encore bien
marquées de celle d’hier et il est possible que les prédicateurs préfèrent pour
le moment modérer les amusements de ce genre.
Le jour d’après c’est quatre femmes et deux hommes qui
sont envoyés équipés à Irizème et toujours d’autres transferts pour des
munitions et de l’armement. Hoducol ne revient qu’après demain car il doit
gérer le ravitaillement mais aussi l’arrivée d’une quinzaine de Crèvesueurs
complices au port de Fantasmartingal.
Mike et Mikael assurent les repas sous la surveillance
d’au moins deux Crèvesueurs. Chacun réfléchit et cherche la moindre chose qui
pourrait éventuellement leur donner la clef de la liberté mais pour le moment
rien n’apparait.
A 21 heures après avoir mis en route le lave vaisselle,
Mike et Mikael sont renvoyés dans la chaufferie.
Episode 17
Le trois.
Mike à réussit à convaincre Halebard de leur laisser un
jeu de carte pour occuper leur soirée avant l’extinction de la lumière.
Les prisonniers sont prévenus que demain il y aura encore
des passages à assurer. Bien que les envois d’hommes et d’armement ne
réjouissent pas les deux passeurs, ils représentent pourtant l’assurance d’à
chaque fois prolonger leur existence et que ce délai renouvelé quotidiennement
pourrait leur permettre de peut-être de trouver le moyen d’échapper à une
dramatique fin programmée par les deux prédicateurs. Si Mikael n’a pas le
moral, Mike cache le plus possible son inquiétude envers Clakett et leur fils.
Il faut qu’il soit solide parce qu’il sait que son compagnon s’accroche à lui
comme à une bouée. Pourtant l’image de Clakett abattue par le chagrin et
d’avoir à recommencer une quête en confiant leur enfant à des amis le hante
quotidiennement. L’histoire le prouve, les cas similaires n’ont jamais aboutis
à ce qu’une inquêtrice ou un inquêteur retrouve autant de lumière et de
complicité dans une seconde ou un second élu. Il faut ajouter que la quête est
tellement dangereuse qu’une fois déjà en sortir vivant est un exploit, la
récidive devient un miracle.
A Fantasmaginaire la mort de Mike est déjà connue de
tous, Un monument à sa mémoire sera érigé en bout de la digue du port de
Galoban et une statue sera dressée sur la grande place de Fantasmagination.
L’impératrice le souhaite sculpté dans une roche blanche en tenue de commandant
en second du Balablen qu’il fut.
A bord des galères qui ramènent les invités de
l’inauguration sur le territoire impérial, les amis de Mike et d’autres moins
proches sont tristes. Dorine ne sort plus de sa cabine, le mage Arnak ne fait
plus de tour de magie et Gary ne raconte plus d’histoire. Mirabelle passe son
temps à noyer son regard dans l’océan. Dans quelques jours, quand les premiers
arriveront à Fantasmagination ils attendront le retour de Clakett pour la
soutenir dans cette terrible épreuve.
Ce soir Mike et Mikael sont face à face sur le matelas
pour une partie de poker.
- Tu n’as
rien vu qui pouvait nous aider dans la cuisine ? Questionne Mikael en
distribuant les cartes.
- Si plein
de fourchettes et des couteaux mais je crois que ça va faire un peu léger
contre des pistolets et des sabres. Répond Mike en consultant la donne.
- Tu
oublies les armes automatiques des prédicateurs. Lui rappelle Mikael en
soupirant.
- De toutes
façon, inutile d’imaginer les affronter, il faut trouver un autre moyen et il y
en a surement un.
- J’ai
remarqué que quand j’utilisais le batteur, le micro-onde ou le lave vaisselle,
les Crèvesueurs n’étaient pas très rassurés. Je lance de deux. Dit Mikael en
misant les écrous trouvés dans une boîte au dessus de la chaudière.
- Tu as
l’intention de leur broyer le crâne avec ton batteur ? Je suis, plus
une !
- Mais
non, je trouve ça marrant et je pense que cela peut créer une diversion. Je
relance de deux. Je suis tellement déprimé qu’un rien m’amuse. C’est con
hein ? Répond Mikael.
-
Rassures-toi nous sommes deux dans ce cas… Ouais marrants les Crèvesueurs, ça
me rappelle la première fois que je suis venu chez vous, bordel comment j’ai
paniqué. J’ajoute deux pour voir.
- Oui tu
le racontes bien dans Fantasmaginaire 3. Deux paires !
- Un
brelan, je ramasse hé, hé, hé, hé ! Jubile Mike en mettant la main sur le
petit tas d’écrous.
Mikael laisse Mike ramasser la mise sans broncher, son
regard s’évade sur le gris du mur. Il reste silencieux pendant quelques seconde
la bouche béante puis :
- Bordel,
Fantasmaginaire 3 ! Etouffe-t-il un cri.
- Ben quoi
Fantasmaginaire 3 ? S’étonne Mike voyant le visage de son ami briller.
- Je l’ai
prêté à Ellie.
- Oui et
alors ? Ne comprend pas Mike.
- Le
troisième livre n’est pas ici et ça ils ne s’en sont pas rendu compte et je
crois même qu’ils ignorent combien je possède de livre permettant le passage.
Ellie détient une porte de sortie. Explique Mikael en gesticulant sur le
matelas.
- Ha oui
et comment tu vois ça toi parce qu’Ellie a peut-être la porte mais nous n’avons
pas la poignée ?
- Il faut
trouver le moyen de l’avertir de notre situation, elle vient avec le livre et
hop on se tire d’ici. Elabore Mikael rayonnant, attitude qui ne lui était pas
arrivé depuis un bon moment.
- Déjà je
ne sais pas comment tu pourrais la prévenir, secundo, en admettant que tu y
arrives, elle va se pointer, sonner à la porte et gentiment demander de nous
remettre le livre. Bien entendu, comme nos ravisseurs font tout pour nous faire
plaisir ils vont gentiment accéder à sa demande. Ridiculise Mike.
- Tu n’y
es pas Mike, c’est par là que nous allons partir. Explique Mikael en montrant
la petite fenêtre. Imagine, elle nous présente le livre ouvert, les barreaux ne
sont plus un obstacle, on pose nos doigts et hop on se retrouve à Irizème et
comme nous ferons ce passage la nuit pour ici, celui là sera donc en dehors de
ceux prévus et personne ne nous attendra là-bas. C’est sûr qu’après il faudra
sortir d’Irizème sans se faire piquer et trouver comment alerter un de nos amis
sur place, mais ce serait tellement bien de ne plus être dans cette chaufferie
à la merci de ces sadiques.
- Reste
qu’il faut qu’Ellie viennent jusqu’à cette fenêtre sans se faire voir.
Temporise Mike.
- Ils ne
sortent du pavillon que pour ramasser le courrier et avec ma bagnole faire les
courses, la propriété n’est surveillée que des fenêtres et la nuit ils ne
peuvent rien voir. Elle passe par le bois voisin, c’est facile surtout que la
clôture n’est pas haute et ensuite elle vient tranquillement jusqu’à cette
fenêtre. Assure Mikael.
Mike réfléchit un instant puis s’illumine à son tour.
- Bordel
tu sais que tu n’es pas bête toi, c’est sans doute pour ça que tu me
ressembles. Félicite-t-il le verbe teinté d’espoir.
- Attends
camarade avant de déboucher le champagne, la partie n’est pas encore gagnée, il
faut d’abord trouver un moyen de prévenir Ellie. Temporise Mikael.
- Ouais,
le téléphone c’est inutile d’y croire… Hummm comme tu dis, ce n’est pas gagné,
mais au moins nous avons déjà un début de solution pour nous tirer et c’est
déjà beaucoup. Tu vois ce soir je vais mieux dormir.
- Au fait
ce n’est pas moi qui te ressemble c’est le contraire, ha, ha, ha, ha ! Blague
Mikael en rêvant déjà du livre ouvert présenté à la petite fenêtre.
- Bordel
ça me fait plaisir de te voir rire. Apprécie Mike.
- Ouais
moi aussi figure-toi. Distribues les cartes que je te plume.
Episode 18.
Gamberge.
Ce nouveau matin c’est six hommes et deux femmes ainsi
que des bagages d’armes et de munitions qui ont été envoyé à Irizème par Mike
et quatre passages uniquement d’armement assurés par Mikael, Halebard et Hoducol.
Une fois le repas préparé, Mike et Mikael sont renvoyé
dans la chaufferie avec un plateau.
- Bordel,
27 personnes déjà, ça commence à faire et je ne sais pas où ils vont les loger,
Irizème n’est prévu que pour y coucher 19 invités. S’étonne Mike en goûtant les
spaghettis.
- Je me
fiche complètement de savoir où ils vont dormir, mais j’ai remarqué quelque
chose ce matin. Dit Mikael.
- Ha oui,
quoi ?
- Halebard
pose souvent mon téléphone portable sur la petite tablette d’angle du salon, si
j’arrive à le prendre, je peux appeler Ellie. Expose Mikael.
- Tu es
dingue, il y a toujours du monde au salon !
- Oui
c’est vrai… Il faudrait trouver une astuce pour les faire partir juste le temps
que j’envoie un SMS.
Mike roule de gros yeux hébétés et ne comprend pas ce que
son ami entend par « SMS »
Mikael rigole et lui explique ce que c’est et l’avantage de cette
communication qui n’est pas vocale donc plus discrète.
Les deux
réfléchissent au moyen de dégager le salon d’un temps suffisant pour composer
et envoyer le massage à Ellie. Mike propose quand ils sont à la cuisine, de se
rouler parterre en se tenant le ventre simulant un gros malaise. L’idée n’est
pas nouvelle et utilisée dans de nombreux romans et films. Mikael n’y croit pas
et argumente qu’au plus une ou deux personnes viendront voir ce qui se passe et
éventuellement aider les deux Crèvesueurs qui les surveillent. L’autre idée est
de faire un court circuit qui plongerait toute la maison dans le noir mais le
risque d’électrocution est important et là encore, il n’est pas certain que le
salon se vide entièrement et en plus, s’il est avéré que le court circuit est
volontaire, Mike et Mikael risque d’être frapper.
Il faut vraiment
trouver un évènement qui ferait paniquer tout le monde et Mike propose de
mettre le feu volontairement mais accidentellement aux rideaux. L’idée est à
retenir mais surveillés comme ils le sont, son accomplissement dans la
discrétion parait compromis. Mikael sur la même base affirme que s’il le feu
prend dans la friteuse l’accident sera bien plus plausible, reste à proposer
des frites pour un repas.
Dans l’après midi ce sont trois mercenaires qui passent à
Irizème avec caisses de munition et un lance roquette. Un peu plus tard par
douze passages ce ne sont que des armes et des munitions qui transitent.
Le lendemain matin trois femmes et trois hommes,
Kackarantt et Stokoption passent avec encore des lances roquettes et un lance
missile portatif.
Pour le midi Mikael leur propose des frites mais hélas il
n’y a pas de pommes de terre en réserve. Horace de Fantenay, amateur de frites,
prévoient d’aller au ravitaillement le lendemain et de ramener ce qu’il faut.
Hoducol est de retour et fait son rapport. L’entrainement des Crèvesueurs à
commencé et tout se passe bien. Dans la lande non loin d’Irizème, un camp de
toile est aménagé pour loger et accueillir les prochaines recrues. Les navires
de l’amiral Kalessèsh font route sur l’île du Centre. Childéric et Horace
présage que d’ici neuf ou dix jours ils pourront donner l’ordre d’invasion en
commençant par le territoire impérial et d’éliminer sur la route un maximum de
navires ennemis, surtout les galères.
Le soir les prédicateurs et hoducol rendent visite aux
deux prisonniers.
- Nous
avions pensé, dit Childeric Halebard, une fois les transferts achevés, vous
faire creuser votre tombe dans le bout de la propriété et vous y ensevelir
après vous avoir logé une balle dans la tête. Cependant, il n’est pas dit que
la résistance ne soit pas plus importante que prévue malgré que notre ami Hoducol
nous affirme le contraire. Il est donc possible d’avoir besoin d’un supplément
de troupe et matériel Il est évident que sans vous cela ne peut se faire, donc
nous aurions tord de nous priver de votre savoir faire tant que la conquête de
Fantasmaginaire n’est pas aboutie. Nous avons réfléchit et décidé de vous
ramener à Irizème en laissant ici deux hommes qui s’occuperont du courrier et
d’honorer les factures de la maison jusqu’à ce que nous soyons vainqueurs et
maître de Fantasmaginaire. Demain nous allons envoyer des messages à tous les
amis de ce cher Mikael inscrits dans ses contacts, les prévenant qu’il part
pour un long voyage chez les aborigènes d’Australie ? C’est une petite
ruse histoire qu’ils ne s’inquiètent pas de son silence et de son absence, en
plus ça évitera les visites. Une fois à Irizème, vous serez à notre service
exclusif car Horace et moi nous avons un petit faible pour vous. Vous serez nos
amusements, nos choses et nos esclaves. Il n’y a pas de télévision à
Fantasmaginaire et pour meubler quelques moments ennuyeux, vous assurerez notre
divertissement. On vous apprendra à danser et chanter et puis quelques soirées
plus chaudes, vous subirez devant nous de petits supplices bien choisis. Croyez
morveux, qu’Horace et moi nous adorons cela et que nous nous distrairons de vos
tourments. Si vous êtes bien sages et de bons esclaves soumis, nous vous
apprendrons à donner du plaisir aux hommes… On aime bien aussi.
- Pour la
suite, lorsque nous serons maître de Fantasmaginaire, poursuit Horace De
Fantenay. Vous resterez nos esclaves jusqu’à ce que vous soyez trop flétri ou
trop usés pour encore nous exciter. Alors, nous organiserons une grandiose
exécution publique, une lente exécution ou vous subirez pendant des heures les
tortures les plus raffinés à en prier à chaque instant que la mort vous
délivre. Ainsi dans vos ultimes heures de long trépas, vous aurez toute
l’amertume et la souffrance de regretter d’un jour vous être mis en travers de
notre route et nous avoir fait passer 475 jours sur une île déserte.
Remerciez-nous de vous accorder un supplément de vie jusqu’à ce dernier jour.
Termine et ironise Horace de Fantenay.
Ainsi l’avenir de Mike et Mikael écrit, les trois hommes
quittent la chaufferie.
- Les
salauds ! Bordel ce n’est pas le feu à friteuse qu’il faut mettre mais à
la baraque toute entière et tant pis pour le crédit. Colère Mikael.
-
Qu’auras-tu de plus si tu fais ça ? L’interroge Mike.
- Pareil,
ils vont paniquer et tenter d’éteindre l’incendie ; pendant ce temps là
ils ne s’occuperont pas de nous et nous filerons. Répond Mikael.
- C’est un
plan qui se défend, mais après on fait quoi ?
- Je sais
où habite Ellie, nous irons !
- Tout
nu ?!!! S’exclame Mike.
- Tu m’as
bien dit que si on avait une occasion, nu ou pas tu n’hésiterais pas une
seconde ?
- Heu… Oui
c’est vrai. Bien, si tu crois que foutre le feu à ta maison peut nous donner
une bonne occasion de leur échapper, je suis d’accord. Approuve finalement
Mike.
Episode 19
Blocage.
Nouveau jour, nouvelle surprise. Horace et Childéric
débarquent dans la chaufferie accompagnés de Boucharom. De Fantenay explique
que ce matin en faisant les courses dans un hyper marché une caissière l’a
dévisagé longuement et pour lui, cette femme l’aurait peut-être reconnu. Il
annonce donc au prisonnier qu’il va falloir faire avec ce qu’il a ramené car
pas question pour lui et Childéric de remettre le nez dehors. Le jambon, le
saucisson, les nouilles et le riz seront à l’honneur. Sur ce Mike est emmené
pour faire passer huit hommes, Hoducol et de l’armement vers Irizème.
En fin de matinée, Mikael est conduit en cuisine et doit
assurer seul de préparer un repas purée jambon pour ses kidnapeurs.
Lorsque Mike est libéré de sa tâche, il est avec Mikael
reconduit à la chaufferie avec une assiette de purée et une tranche de jambon
pour deux.
- Bordel
voilà maintenant qu’ils vont nous faire mourir de faim ! S’énerve
Mikael dont le moral qui était ces derniers temps remonté, recommence à
redescendre.
-
N’empêche que c’est une bonne chose que De Fontenay s’imagine avoir été
reconnu. Ça leur met la pression. Dit Mike en coupant la tranche de moitié.
- Pffff,
tu parles, ils peuvent demander à un de leur gars d’ici d’aller faire les
courses à leur place. Réplique Mikael en regardant pitoyablement la demie
tranche de jambon.
- Oui mais
seulement un terrien et c’est sans doute ce qu’ils feront quand il n’y aura
plus rien à bouffer mais quand même, les prédicateurs ont la frousse de se
faire reconnaitre et ça peut que nous arranger. Estime Mike.
- Tu n’as
pas tord et ce soir si nous sommes tous les deux en cuisine, on tente de foutre
le feu à la baraque et on se tire, moi je ne peux plus rester ici. S’ils ont
vraiment si peur ils hésiteront peut-être à nous courir après et encore moins
d’appeler les pompiers. La baie coulissante du salon s’ouvre très facilement de
l’intérieur et jusqu’au portail il y à 120 mètres. Si nous arrivons sur la
route c’est tout bon, à cette heure là il y a pas mal de voiture qui passent et
même si les conducteurs ne comprennent pas ce qui se passe et qu’ils ne
s’arrêtent pas, ils vont forcement appeler les flics avec leur téléphone
portable. De toute façon, les Crèvesueurs vont avoir la trouille des voitures
et en plus il faut éteindre le feu. Si on est sur la route, je pense qu’il ne
restera à nos trousses que les deux prédicateurs. Ils n’ont pas loin de la cinquantaine
et courent bien moins vite que nous, mais attention, perdus pour perdus
n’hésiterons peut-être pas à nous tirer dessus. Au moins en descendre un et
blesser l’autre car ils savent qu’ici ils ne pourront vivre que cachés et qu’un
jour ou l’autre ils risquent de se faire arrêter et finir leurs jours en
prison. Ils ont donc besoin de l’un de nous deux pour revenir à
Fantasmaginaire. Voilà comment je vois les choses camarade mais je ne suis sûr
de rien. Echafaude Mikael.
- Moi je
trouve que c’est très jouable alors pas de problème, je suis d’accord pour
faire le coup ce soir ! Approuve Mike.
Dans l’après midi, pas de femme ni d’homme à envoyer vers
Irizème mais de nombreuses caisses de munitions livrées par la camionnette du
réparateur d’électro ménager. Mike et Mikael assureront avec les prédicateurs
et Hoducol pas moins de vingt-sept passages.
En début de soirée Mike et Mikael sont en cuisine et la
grande gamelle d’eau qui chauffe pour le riz couvre de buée les vitrages.
Discrètement Mike fait un petit signe de tête à Mikael et roule une feuille de
papier arrachée au pense bête. Mikael allume le micro-onde pour attirer
quelques petites secondes l’attention de leurs surveillants. Mike s’approche du
bruleur, Il a déjà préparé son plan et les rideaux de la cuisine vont en faire
les frais. Mikael fait tomber sur le carrelage la grande louche, le bruit
détourne les deux crèvesueurs du micro-onde, Mikael leur fait un grand sourire
et s’excuse de sa maladresse. Mike, papier enflammé en main s’approche des rideaux,
hélas Tabafroi se dévie de Mikael et surprend la manœuvre. Il saute sur Mike et
lui arrache le papier enflammé des mains en hurlant. Horace, Childéric et
Upskirt se précipitent dans la cuisine.
- Lui, il
voulait mettre le feu aux rideaux dénonce Tabafroi en tenant toujours Mike.
- Ho les
sales morveux ! Pour eux terminée la cuisine, on s’en passera ! s’écrit
Childeric Halebard. Remettez-les à la chaufferie, pas de dîner pour ces deux
morveux et pour agrémenter notre veillée, ils vont être punis comme il se doit.
Pour le riz, je m’en occuperai !
Une fois enfermés, Mike et Mikael se vautrent sur le
matelas.
- Bordel,
cette pourriture de Tabafroi m’a empêché d’enflammer tes rideaux. Enrage Mike.
- C’est la
poisse, non seulement on ne bouffe pas mais en plus on va encore prendre une
raclée. On a encore les marques de la dernière. Se lamente Mikael.
- J’aurai dû être plus rapide, c’est de ma
faute !
- Mais
non, c’est moi, la louche ce n’était pas une bonne idée, c’est le paquet de riz
qu’il fallait éclater sur le carrelage. Contredit Mikael.
- De toute
façon c’est raté alors inutile de chercher qui à fait ou n’a pas fait quoi.
Bordel de bordel ! Je crois qu’on va déguster ce soir. Je crains le câble.
- Non pas
le câble… Non pas ça. Imagine avec effroi Mikael.
- Non je
déconne, ils n’utiliseront pas ce truc, il y a trop de risque qu’on ne s’en
remette pas avant plusieurs jours et qu’on soit incapable d’assurer les
passages. Ils sont sadiques mais pas fous. Rassure Mike.
- J’espère
que tu as raison. Le pire c’est qu’ils ne vont pas nous remettre en cuisine et
pour le portable c’est foutu. Prévoit amèrement Mikael.
- On s’est
trop pressé sur ce coup là, on aurait dû mieux fignoler notre plan. Reproche
Mike.
- Bordel,
je crois qu’on a joué notre Joker. Je les vois déjà là-haut en train de
discuter des réjouissances qu’ils nous réservent… Mais bordel pourquoi je me
mets toujours dans des sales histoires ? Se recroqueville Mikael en
cachant son visage de ses mains.
Mike ravale sa salive, il est tout aussi désespéré que
son ami mais essaye de ne pas le lui montrer. Il tourne à petit pas dans la
pièce. Plus que de redouter ce qu’il va subir ce soir, ses pensés vont une
nouvelle fois à Clakett et son fils. Si seulement il avait réussi à mettre le
feu, c’est certain que les flammes auraient rapidement léchées et enflammées
les placards fixés au mur. Bien sûr, les Crèvesueur et les autres auraient sans
doute réussi à éteindre avant que l’incendie prenne de l’ampleur mais ce temps
de panique et la fumée produite les aurait détournés de leurs prisonniers et
ces derniers auraient pris une avance suffisante pour escalader le portail et
courir sur la route.
Une dizaine de minutes plus tard Mike et Mikael entendent
la voiture et la moto démarrer puis un étrange bruit.
Mike interroge Mikael du regard. Mikael écoute en collant
son oreille sur la porte de la chaufferie et constate que le bruit entendu est
celui d’un perforateur et précise même que c’est son perforateur sans toutefois
savoir ce que l’usage de cet outil signifie.
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