Episode 92
La soirée de madame Iris.
Pendant ce temps à Fantasmalice la Général Odiofil, le
colonel Océbé, Mirabelle, Clakett, Gary et le mage Arnak révisent les
programmes de résistance. Ils marquent sur une carte les emplacements prévus
pour attaquer le convoi ennemi si jamais il arrive à passer le port de
Fantasmarxbrozeur et remonter le fleuve. Depuis l’annonce de la victoire des
Vagalâmeurs des impériaux et des Kidnapingres sur Senlabièr et Kackarantt le
moral à sérieusement monté de plusieurs crans et les impériaux, tout en gardant
une prudente réserve, entrevoient un avenir un peu moins morose. Rien n’est
acquis et ils le savent mais ce qu’ils savent aussi c’est que l’armée des
prédicateurs n’est pas invincible.
Dans le parc de la
résidence, Mike et Dorine font une partie de ballon avec des gardes. Un peu
plus loin, Iris et Mikael se prélassent sur des transats à l’ombre des arbres.
Iris rigole encore du conseil de discipline et de la tête
que faisait Mikael jusqu’à l’exécution de la sentence.
- C’est vrai, vous m’avez bien eut. Avoue-t-il. Vous
savez, j’étais tellement écœuré que j’avais dit à Mike qu’après je rentrais en
France définitivement ?
- Oui il nous a raconté. Répond Iris.
- Maintenant, si à chaque fois qu’on fait une connerie on
est puni comme ça moi je veux bien en faire une tous les jours. Plaisante
Mikael.
- Hummm, je crois que ça ne marcherait pas et que tu
t’exposerais à recevoir une vraie correction. Tu as un statut à part mais n’en
abuse pas.
- Oui, je m’en doute… Cependant je dois vous remercier
parce que c’est grâce à vous que j’ai vécu ce bon moment. Si vous ne m’aviez
pas abandonné ce soir là je ne me serai pas saoulé et je serai arrivé à l’heure
sur la Dragonette.
- On peut voir les choses ainsi. Répond avec un petit
sourire madame Iris.
- Au fait, c’était bien votre dîner avec l’officier de
marine ? Interroge Mikael.
- Le diner en terrasse sur les rives du fleuve était fort
agréable et romantique. Dans ce monde la nature est encore préservée et les
senteurs viennent avec la brise. Pas d’automobile qui empeste, pas de coup
d’avertisseur ou de sonnerie de téléphone qui perturbent, rien que la nuit
perlée d’étoiles et nos paroles éphémères brulée dans l’instant par la flamme
des chandeliers. Ensuite Brizedouss m’a emmené dans un petit pavillon de pêche
et nous avons allumé un feu de cheminée dans une pièce ouverte sur le fleuve et
la nuit. La lumière du feu dansait sur les boiseries vernies des colonnades et
des meubles. Devant l’âtre, nous nous sommes assit sur le moelleux du sol en
liège rouge. Monsieur Brizedouss me parlait gentiment de lui et de moi, il
effleurait de ses doigts mon cou et me noyait dans ses yeux outremer. Monsieur
Brizedouss est un gentleman jusque dans sa façon de fesser. Raconte madame Iris
en fermant les yeux comme pour retrouver les sensations de ce moment passés.
- Noooon, sans blague, il vous a fessé ? N’en croit
pas ses oreilles Mikael.
- Mais oui, Brizedouss avait parfaitement deviné je ne
sais comment mon petit penchant et il ne m’avait pas abordé par hasard dans le
mess. C’est avec un subtile tact qu’il m’a doucement envoûté et emporter sur
ses genoux pour me donner une sensuelle fessée bercée par le chant de l’eau qui
se suspend dans les herbes et les racines des berges. Une main noble et bien
élevée qui ne cherche que le feu de la volupté, J’étais, mon cher Mikael,
entièrement sous le charme. Une fable inversé, le pot de terre ne sera même pas
fêlé puisque le fer était velours. Oui une fessée qu’il aurait, sans que je
m’en lasse ou que j’en souffre trop, pu prolonger jusqu’à l’aube.
Iris arrête son récit quelques secondes pour lentement et
profondément respirer de grandes bouffées d’air.
- Après cette
céleste fessée, reprend-elle, auprès du foyer la courtoisie de m’étendre sur la
douceur d’une couverture et recouvrir avec prévenance ma nudité d’un drap de
soie pour me servir dans le cristal, le sucré alcoolisé d’une liqueur parfumée
d’inconnu. Point d’indélicatesse, juste s’endormir caressant contre moi
jusqu’au chant des oiseaux qui annonce les premières lueurs du jour.
- Whaooo… Hé ben. Au moins Fantasmaginaire vous laissera
un bon souvenir.
- Un merveilleux souvenir Mikael car Brizedouss m’a offert
un instant rare.
- Vous allez peut-être le revoir.
- Non, il repartait pour Fantasmajeur après m’avoir
déposé à la Dragonette.
- Dommage. Compatit Mikael.
- Cette nuit ne vaut point de regret ni de retour, elle
se suffit d’avoir été sans aucune promesse de récidive. C’est beau de ne garder
qu’un seul bon souvenir d’une rencontre. Répond madame Iris.
L’après midi s’en va doucement, le ciel se couvre et le
vent souffle un peu plus fort annonçant une prochaine pluie.
Le dîner est servit, autour de la table les dernières
nouvelles de Fantasmarxbrozeur sont commentées et, chose qui n’avait pas égayée
les fins de repas depuis un bon moment, Gary a raconté des blagues.
Episode 93.
La bataille de Fantasmarxbrozeur (Dernier acte)
Dans la salle du conseil de Fantasmarxbrozeur on discute
et réfléchi. Chacun y va de son avis et ils ne sont pas forcement identiques.
- Moi je dis que c’est une connerie de vouloir à tout
prix remonter ce fleuve. Laissons ça de côté pour le moment et allons sur
Fantasmartial, Fantasmarseille, Fantasmajeur et Fantasmistic. La flotte
impériale doit se nicher dans un de ces ports. Avec les bateaux qui vont nous
rejoindre dans quelques jours nous avons de quoi détruire toute la marine
impériale. Sans navire ils sont coincés sur les terres. Une fois maître de tous
les ports, nous aurons tout le temps et le loisir de les traquer. Nous prendront
les villes intérieures une à une. Expose Bakaçable.
- Non, d’abord les mines d’or et de diamants !
Contredit Horace de Fantenay en Tapant du poing sur la table.
- Je suis d’accord avec lui, nos marins ne combattent pas
gratuitement et mes avoir ne sont pas inépuisables. Suit Stokoption.
- Pour remonter le fleuve il va falloir dégager un chenal
dans le port et ça va prendre du temps. Argumente à charge Bakaçable.
- Nous ne sommes plus à une ou deux semaines. Dégageons
un passage pour accéder au fleuve. Dit Childeric Halebard.
- Oui, nous allons tracter le Jourouvré hors du port pour
faire une place puis des marins vont plonger et accrocher avec des chaines les
pièges. Avec nos navires, comme pour le Jourouvré, nous les tirerons en eaux
profondes.
- Ce plan me parait bon. Approuve le commandant
Passpariçi.
- Je pense qu’en quatre ou cinq jours le fleuve nous sera
ouvert. Entrevoit l’amiral Kalessèsh.
- Et toi Hoducol qu’en penses-tu ? Questionne
Bakaçable.
- Que les mines sont une priorité. Répond-il sans
respirer.
- Vous voulez que je vous dise le fond de ma pensée. Se
lève Bakaçable en toisant tout les présents. Vous êtes tous aveuglés par l’or
et les diamants ! Maintenant, vous oubliez une petite chose, en plus des
espions parmi nous qui sont peut-être muets mais pas aveugles, les impériaux
nous observent de quelques part sur les
hauteurs autour de la ville et que notre blocage dans le port est publié sur
toutes les gazettes impériales. Rien de ce qu’on fait et qu’on fera ne passera
à l’as et donc quand nous déblayerons un chenal dans le port ils vont vite
comprendre pourquoi, informer et se préparer. Une fois qu’on sera engagé sur le
fleuve nous serons à la merci d’embuscades qui pourraient se révéler très
malsaines et même avec nos armes, il y aura de la casse chez nous. Moi je vous
ai proposé un plan moins risqué, sans doute plus long mais avec moins de dégâts
et un très gros pourcentage de réussite. Vous ne l’acceptez pas, c’est votre
droit, après tout c’est vous les patrons. Alors OK, nous allons faire le ménage
dans le port pour créer un passage et nous allons remonter le fleuve. Mais je
vous préviens que s’il y a de la baston et que nous en prenons plein la gueule,
je ne veux entendre personne se plaindre. Comme les travaux dans le port vont
prendre un certain temps, je vais organiser deux équipes de 400 femmes et hommes. En gros, un nombre
correspondant aux équipages des bateaux crevés dans le port. Par unité de 50,
quatre par rives et sur 400 mètres de large, ils vont ratisser et s’assurer
qu’aucun matériel d’artillerie, pièges ou postes n’ont été installés. Avec
Bombash et Roultakaice je m’occuperai après la réunion de choisir les éléments
et demain matin ils partiront.
- C’est astucieux mais en marchant dix heures par jour
ils ne feront pas plus de vingt kilomètres. Dans cinq jours, quand nous
remontrons le fleuve ils n’en n’auront parcouru qu’à peine une centaine. Oppose
Kalessèsh.
- Exact mais au moins ces cent bornes seront sécurisés et
si on trouve des postes d’embuscade, ça nous donnera une idée. Répond
Bakaçable.
- Et pour le restant du fleuve, comment ont fait ?
Interroge Childéric Halebard.
- Trois solutions ; ou nous faisons une halte de
cinq jours pour faire inspecter cent autres bornes, ou nous suivons le
ratissage à même allure mais en retrait, ou nous rembarquons les équipes et
nous poursuivons à l’aveuglette. Répond Bakaçable.
- Nous ne pouvons raisonnablement faire un choix
immédiat. Le mieux serait d’aviser au moment venu selon ce que les groupes ont
trouvé sur les cent premiers kilomètres. Dit Passpariçi.
Tous le monde semble d’accord sauf Laikayé qui ne
manifeste aucune opinion. Bakaçable se tourne vers lui et l’interroge du
regard.
- Moi je considère que de poursuivre le long de la côte,
investir les autres ports et réduire la flotte impériale était ce qu’il y avait
de plus judicieux. Comme je ne suis que second de l’amiral, j’appliquerai les
ordres quelque soit l’option choisie. Répond Laikayé.
- Dommage mon ami mais à nous deux nous ne sommes pas
majoritaires alors ce sera la remontée du fleuve. Lui dit Bakaçable d’un ton
désolé.
Laikayé consent d’un coup de menton.
- Avons-nous des nouvelles de Senlabièr ? Demande
Bakaçable.
- Non pas encore, dans son dernier envoi, il y a sept
jours, il nous disait être presque prêt pour la prise de Galoban. Laissons-lui
le temps de prendre le port et la ville. Il faut au moins 7 ou huit jours pour
qu’un Oblitérétimbré couvre la distance entre le territoire Végétateur et nous.
Répond Kalessèsh.
- Donc dans trois ou quatre jours nous auront un message.
Calcule Bakaçable.
- Oui ! Par contre nous avons reçu aujourd’hui un
message de Boucharom de Ohédubato, un de Rotpahatable et un autre du port
Creuztatomb de Funéraye. Tout va bien et les populations qui s’étaient réfugiée
dans la nature reviennent dans les villes et se soumettent à notre autorité.
Pour ce qui est du territoire Entoqué, nous possédons tous les ports et villes
mais les habitants sont toujours planqués dans les montagnes et leur désert.
- Les Entoqués on s’en fiche, ils nous servirons de
gibiers, nous organiserons des safaris, ha, ha, ha, ha Ricane Childéric
Halebard.
- On en fera prisonnier aussi pour les faire souffrir un
peu. Tiens on organisera les jeux du cirque. Ajoute Horace de Fantenay.
- Vous n’avez pas encore de couronne sur la tête.
Rappelle Bakaçable. Si j’en crois les messages, la situation dans les autres
territoires est bonne. Reste les végétateurs mais vu que c’est mon ami
Senlabièr qui s’en occupe, ça ne devrait pas traîner. Dit-il en ramassant ses
notes.
Une fois hors de la salle du conseil, Bakaçable est
abordé par Bombash et Roultakaisse. Il leur fait part de ce qui à été décidé.
- Ce sont des abrutis ! Commente Bombash.
- Ils ne voient que par l’or et les cailloux. Adjoint
Roultakaisse.
- Je sais les gars mais ce sont eux qui commandent et qui
ont la monnaie.
- Ce sont eux qui envoient la soudure, OK ! Mais
sans nous ils sont que dalle alors faudrait pas trop qu’ils nous prennent pour
des truffes. Va falloir faire gaffe quand ils seront sur le trône. Rumine
Roultakaisse.
- Ne t’inquiète pas, nous serons vigilants et s’ils
tentent de nous faire un petit dans le dos, nous garderons assez de munitions
pour faire un coup d’état. Allons vider un verre et après on s’occupera de
sélectionner de bons éléments pour le ratissage. Dit Bakaçable en les
entrainant vers sa maison de ville.
Episode 94
Les pics du labyrinthe. (Acte 1)
A Fantasmalice fini le farniente, les deux équipes des
services spéciaux se préparent à partir pour les Pics du Labyrinthe. Cette
région accidentée où le fleuve se sépare en plusieurs canaux se situe à une
trentaine de kilomètres en aval de la ville par voix fluviale.
Sur les rives du
lacs tous les bateaux de plaisance sont réquisitionnés et un important
contingent embarque avec matériel et outils.
Tout ce qui était inutile sur la Dragonette a été
démonté, ôté et débarqué ; les douze canons, le petit canot de sauvetage, les
barils de poudre, les bannettes et le mobilier. Sur le pont et partout où c’est
possible, des boulets sont chargés et amarré avec des flets.
A la passerelle, Mirabelle, Clakett, Gary, le mage Arnak
et Jaimzbonde discutent autour d’une carte très détaillée.
- Avec la Dragonette et son faible tirant d’eau il n’y
aura pas de problème pour passer par ce canal et arriver au pied de ce double
pic. C’est un des rares dont le plateau boisé est relativement
accessible ; c’est un poste idéal pour notre embuscade. Ensuite nous
livreront par ce canal le second plateau. Ces marioles ne s’attendent pas à ça
et vont en faire les frais. Dit Gary qui a une très grande connaissance de la
région pour y avoir plusieurs fois séjournée pour la ballade et la pêche.
- Attention aux fonds, nous sommes en pleine charge avec
les boulets. Prévient Mirabelle.
- Oui mais j’ai mesuré à la coque, nous avons 80
centimètres de plus mais nous n’excédons pas 2m50 de tirant d’eau ce qui est un
maximum pour ce genre de navire, 25 centimètres de plus et nous embarquons
l’eau par les ventilations de la salle des venteurs. Ça va passer juste à
certains endroits mais ça ira. Assure Gary.
- Ce ne sera pas les vacances là-bas, monter tous ces
boulets en d’altitude, c’est un travail de forçat. Emet Clakett.
- Nous avons du monde pour ça, les mécaniciens et les
charpentiers construiront sur place des élévateurs. Les ingénieurs sont partis
il y a une heure. Précise le mage Arnak.
- Pour les boulets il y aura deux voyages pour le premier
plateau et deux autres pour le second, je reviendrais charger à Fantasmalice
avec un minimum d’équipage, trois personnes suffiront. Une aux venteurs, une en
veille et moi à la barre. Il y a assez de volontaires en ville pour embarquer
les boulets.
Deux heures plus tard, la Dragonette largue les amarres.
Devant elle, beaucoup de bateaux sont déjà partis depuis un bon moment. A la
barre, Mirabelle ressent le poids du chargement. Le navire est moins maniable
et sa vitesse de beaucoup réduite. Pour couvrir les 38 kilomètres les séparant
du lieu de déchargement, quatre heures de navigation seront nécessaires.
Une fois à la porte du labyrinthe, sur les ordres de
Gary, la Dragonette vire dans un bras sur la droite. La largeur n’excède pas
quinze mètres et parfois se réduit à huit. La forêt qui vient mouiller ses
racines sur les berges est si dense qu’elle parait impénétrable. Un peu plus
loin, le bras de fleuve serpente entre les pics qui grimpent vertigineusement
vers l’azur. La roche est usée par l’érosion au point d’en paraitre lustrée.
Les passages encaissés sont impressionnants et semblent écrasés dans l’ombre
fraîche des gorges. Plusieurs fois le fond du navire racle mais sans rester
accroché. Gary est posté sur le toit de la passerelle et Clakett sur la proue à
surveiller les bancs de sable et les roches immergées. Contrairement à l’océan,
l’eau douce des rivières et des fleuves est cristalline. Madame Iris et Mikael
en apprécient la pureté devenu si rare dans leur monde. Des poissons de toutes
formes et grosseur s’écartent au passage de la Dragonette. Sur les berges, des
cerfs et des biches, similaires aux cervidés de la terre, regardent étonnés le
passage des embarcations. Des troupeaux de Broutins sauvages s’abreuvent aux
endroits où la berge va en pente douce. Parfois une horde de loups suit la
progression de la Dragonette en grognant. Le mage Arnak rassure Iris et Mikael
en les instruisant que ces prédateurs ayant un grand nombre de gibier à chasser
ne se préoccupent nullement de l’homme si ce n’est par curiosité et évitent de
s’en approcher. Des oiseaux multicolores passent d’une rive à l’autre en
manifestant bruyamment d’être dérangés. Un grand nombre de variétés d’arbres
portent des fruits, bleu, orange, jaune, rose, rouge ou vert. Gary indique avec
précision leur race et s’ils sont comestibles. De temps en temps de grande
couleuvres bleues traversent le courant puis se faufilent entre les herbes des
berges.
C’est en fin d’après midi que la Dragonette accoste au
petit ponton fabriqué à la hâte par les charpentiers. Des femmes et hommes,
gardes et soldats, déchargent les boulets et les transportent à l’aide de
petites charrettes à bras et de brouettes vers une aire de stockage tout juste
déboisée.
Comme tout le monde, les équipes des services spéciaux
sont de corvée et installent un camp de toile sur la rive, unique endroit où
quelques espaces herbeux sont disponibles.
La Dragonette déchargée repart pour Fantasmalice.
Madame Iris et Mikael admirent ce site grandiose et
dévorent avec gourmandise les changements de tons sur les roches animés par la
lumière de cette fin d’après midi. Sans doute, pensent-ils, que sur leur terre
natale la nature devait être ainsi avant que l’homme moderne la saccage.
Les cuisinières et cuisiniers s’activent à préparer un
dîner pour le contingent de 145 personnes. Pas de table, ce soir tout le monde
est assis au sol autour de dix feux de camps. Après le repas, le mage Arnak
fait quelques tours de magie, Gary tout juste revenu de Fantasmalice, raconte
quelques bonnes histoires et un quatuor conduit par Mobilett pousse la
chansonnette. La résonnance acoustique des parois rocheuses permet une bonne
écoute. Les moustiques aussi sont de la fête et se délectent de cet apport inattendu
de sang neuf.
A 22 heures tout le monde est invité à rejoindre ses tentes
car demain la journée de travail commencera tôt.
Episode 95
Les pics du labyrinthe (Acte 2)
De bon matin Mirabelle tire Dorine, Mike et Mikael de
leurs tentes. De manière énergique elle les pousse vers le fleuve pour une
toilette revigorante. L’eau est plutôt fraîche et ils rechignent à s’y tremper
autre que le bout d’orteil qui leur a servi de thermomètre. Mirabelle use de
l’autorité de sa main droite et pour une fois ne fait aucune différence entre
fesses masculines ou féminines. Une claque chacun, pas de jaloux. Les quelques
personnes déjà debout rigolent de la scène. Si Dorine et Mike rougissent
légèrement de s’être fait claquer en public, c’est Mikael qui explose le
« rougimètre ».
- Mais ça ne va pas Mirabelle, vous vous rendez compte,
il y a des gens qui regardent. J’aime jouer mais il y a des limites.
Proteste-t-il sans hausser le ton pour ne pas qu’en plus les témoins entendent
sa désapprobation.
- Tu es sur le territoire impérial de Fantasmaginaire
Mikael, ces gens là ne s’étonnent pas de ça mais si tu ne vas pas à l’eau de
suite, je te baisse ton slip et te colle une vraie fessée cul nu. Tu verras,
ils aimeront encore plus. Le prévient Mirabelle en affichant un plein sourire.
Mikael bougonne et se glisse en grimaçant dans l’eau
sachant que Mirabelle serait bien capable de mettre sa menace à exécution.
Prendre une fessée déculottée est un plaisir qu’il ne boude pas en temps
ordinaire mais devant une trentaine de témoin, l’aventure ne le tente pas du
tout. D’ailleurs pour le moment cette option ne semble intéresser ni Dorine ni
Mike puisqu’ils accompagnent leur compagnon dans l’eau.
- Pfff, territoire impérial ou pas, ce n’est pas une
raison pour me gifler le cul devant tout le monde, bordel la honte. Marmonne
Mikael entre ses dents.
- Ça surprend un peu mais Mirabelle à raison, ici nous
avons toutes et tous nos fantasmes et nous les réalisons comme nous aimons,
simplement motivés par la liberté et le plaisir de vivre avec sa ferveur sans
être jugé d’une manière ou d’une autre. Dans toutes ces personnes qui ont vu,
c’est certain il y en a qui sont comme nous alors ne te sens pas à part et
prend le temps de profiter car une fois de retour chez toi, ce sera bien
différent. Lui dit Dorine.
- Oui mais quand même… Soupire Mikael encore un peu
rouge.
- Moi ça m’excite d’être fessé en public, pas toi
Mikael ? Lui demande dorine en passant sa main dans son slip.
- Ha non ! Tu ne vas pas recommencer à me tripoter,
en plus l’eau est transparente, on voit tout, alors retire ta main et va
t’amuser avec Mike si tu veux mais laisse-moi tranquille.
- Mike je le connais des pieds à la tête tandis que toi…
- Bordel dégage va te laver plus loin ! Tu m’as déjà
fait le coup sur la Dragonette et tu m’as abandonné après m’avoir bien fait
bander alors pas cette fois, je ne marche pas. Repousse Mikael.
- Dorine, tu n’es pas là pour draguer mais pour faire ta
toilette alors dépêche-toi parce qu’après le petit déjeuner il y a du pain sur
la planche ! Intervient Mirabelle assise sur la rive.
Une fois propres, séchés et habillés, ils se rendent tous
aux cuisines du campement pour y prendre un bol de café, de lait ou de thé et
deux petits pains fourrés à la gelée de Pechavaz.
Une demi-heure plus tard, les deux équipes des services
spéciaux sont réunies autour de Mirabelle, Clakett, Gary et du mage Arnak.
Mike, Jaimzbond, Pouspamémé, Klapoti et Mobilett sont
affectés à la chasse pour ramener du gibier. Gary, Clakett et le mage Arnak
retournent avec la Dragonette à Fantasmalice chercher des boulets pour le
deuxième site. Mirabelle, Dorine, Blankaçiss, Toushpaça, madame Iris et Mikael
à la cueillette des fruits par équipes de deux. Gary recommande impérativement
aux cueilleuses et cueilleurs de toujours garder le fleuve à vue car, dit-il,
la forêt est dense et il est très facile de s’égarer même si on est sur une île.
Mikael fait équipe avec Dorine.
- Je te préviens, dit-il avant de partir, on va cueillir
des fruits et pas jouer à touche pipi. Alors tes mains ce n’est pas dans ma
culotte mais dans les arbres. C’est bien compris ? Avertit Mikael le
sourcil froncé.
- Mais je n’avais aucune autre intention. Répond Dorine
avec un petit sourire hypocrite.
Sur les bords du fleuve les arbres fruitiers poussent en
abondance. Pour Mikael quand même petit espiègle, il est agréable de laisser
Dorine grimper sur les arbres pour glisser un regard sous sa tunique. L’inverse
est d’ailleurs de mise bien que Mikael rechigne un peu de monter sur les
branches surtout que Dorine y va de petites réflexions moqueuses.
Beaucoup plus tard, alors qu’ils ont déjà ramenés au camp
quatre paniers de fruits, Mikael grimpe dans un petit arbre tordu ornés de très
peu de feuilles fendues mais donnant des fruits en forme de gros glands de
couleur bleu parait-il très appréciés. En bas Dorine avise un beau bouquet de
Piklapo, la tentation est grande et elle n’y résiste pas. Discrètement et avec
précaution elle coupe une tige, s’approche doucement de l’arbre et glisse la
terrible plante sous la tunique de Mikael en secouant énergiquement.
Le slip
n’est pas une protection efficace contre le Piklapo et la pauvre victime pousse
un hurlement, saute de la branche et danse en se frottant le postérieur.
Dorine rigole à pleine gorge, Mikael se contorsionne,
gesticule et crie de douleur en s’éloignant du côté du camp.
Lorsqu’il arrive au campement le visage tordu de
souffrance, il se jette sous la tente et retient ses plaintes.
Clakett, le mage Arnak et Gary qui viennent tout juste de
revenir de leur première livraison de boulets s’étonnent du comportement.
- Que lui arrive-t-il ? S’interroge le mage Arnak.
- Je ne sais pas mais j’avais bien l’impression qu’il
avait mal quelque part. Emet Gary.
- J’espère qu’il ne s’est pas fait mordre par un serpent
vert ou une tortue Gabarre. S’inquiète Clakett.
- Non, ces bestioles fuient au moindre bruit à moins de
mettre le pied dessus. Hum, si c’est le cas, c’est vrai que ça fait mal. Si
c’est un serpent vert il va avoir une bonne colique et si c’est une tortue
Gabarre, il va avoir une fièvre carabinée pendant quatre ou cinq heures. Répond
Gary.
- Je vais aller voir. Se propose Clakett en se dirigeant
vers la tente de Mike et Mikael.
Quand clakett ouvre la toile, elle découvre Mikael
grimaçant les larmes aux yeux.
- Que t’arrive-t-il, tu t’es fait mordre par une
bête ? L’interroge Clakett en s’agenouillant près de lui.
Mikael secoue la tête négativement en continuant à se
frotter le fessier. Clakett lui ôte ses mains et soulève ta tunique.
- Oooh je vois, du Piklapo ! Diagnostique-t-elle
immédiatement à la vue des nombreux boutons boursoufflés qui couvrent le haut
des ses cuisses et le bas fessier.
- Mais comment t’es-tu débrouillé pour te faire piquer à
cet endroit, tu connais pourtant ces plantes, on t’a montré et en plus tu as lu
Fantasmaginaire 2.
Mikael ne répond rien et continue à trembloter sur son
matelas.
- Tu ne vas pas me dire que tu as voulu voir ce que ça
donnait ? Lui pose la question Clakett soupçonnant un petit caprice
masochiste.
- Hou ! Non, Holala non ! Répond Mikael en
mordant sa serviette.
- Mais alors explique-moi ?! Réclame Clakett.
- Je… Houuu, Je me suis assit dessus. Hayayaïe !
Sans le faire attention, hoooo ! Répond-il par ce mensonge pour ne pas
dénoncer Dorine.
- Quelle maladresse… Viens avec moi je t’emmène à
l’infirmerie, il y a des baumes très efficaces pour te calmer. Dit Clakett en
l’aidant à se relever.
Une fois sous la tente médicale, Clakett explique à
l’infirmière de garde la mésaventure de Mikael. Les deux femmes l’aident à
monter sur la table d’auscultation et l’allongent sur le ventre. L’infirmière
lui soulève la tunique, baisse son slip et constate l’irritation. Mikael
souffre tant qu’il se laisse faire sans résistance. L’infirmière de ses doigts
dépose une grosse noix de pommade sur chaque fesse et le masse délicatement pour
faire pénétrer le produit. Clakett sort de la tente et retrouve Gary.
- Alors ? Lui demande-t-il.
- Il s’est assit sur des Piklapos. Répond Clakett en
pouffant de rire.
- Assit sur des Piklapos, mais comment a-t-il fait, ce
sont des plantes de plus d’un mètre de haut. S’étonne Gary.
- Il faudra le lui demander quand ces irritations
s’apaiseront.
- Il faut vraiment le faire exprès pour s’assoir sur des
Piklapo. Se faire avoir les cuisses en passant, je comprends mais sur les
fesses ça me parait douteux. Pour moi il a voulu voir ce que ça faisait. Expose
Gary.
- Il m’a dit que non.
- Ou alors c’est la Dorine qui s’est amusé à lui glisser
sous la tunique, ça ne m’étonnerait pas d’elle. Soupçonne Gary.
Il rentre sous la tente médicale et interroge Mikael qui
reste sur sa version d’une maladresse. Gary ressort de la tente avec un petit
sourire.
- Alors ? lui demande Clakett.
- Mikael me prend pour un Mariole mais moi je sais que ce
n’est pas possible de s’asseoir sur des Piklapos sans le faire volontairement.
Connaissant un peu Mikael, je suis presque certain qu’il n’a pas fait l’essai
tout seul et que c’est Dorine qui l’a piégé. Quand elle reviendra, elle à
intérêt à me dire la vérité. Dit Gary en se dirigeant vers les cruches d’eau
fraîche pour se désaltérer.
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