Episode 100.
Les Pics du Labyrinthe (Dernier Acte)
Levée très tôt, l’équipe de Mirabelle et Gary arrive au
camp de base à 9 heures et embarque immédiatement sur la Dragonette.
Gary est à la barre, c’est lui qui connait le mieux les canaux
des Pics du labyrinthe.
Jaimzbonde est au poste de veille et d’un œil attentif
prévient des bancs de sable. La Dragonette n’étant pas chargée et dépecée de
son armement, la navigation en eaux peu profondes ne pose pas vraiment de
problème. Au niveau inférieur sous le commandement de Mirabelle, Dorine,
Mobilett, Mike et Blankassis disposent des barils de poudre et tirent des
mèches.
Sur la plage arrière, Toushpaça, madame Iris et Mikael
préparent des cordes. Les venteurs sont tenus par Pousspamémé.
Première mission et de remonter le canal principal et
d’ôter tous les repères signalant les bancs de sable.
Un peu plus tard, Gary bifurque et s’engage dans le grand
canal. L’échelle de coupée est installée et Mike et Mikael en tenue de bain.
Les premiers repères balisant un banc de sable sont en vue. Gary stoppe la
Dragonette à une cinquantaine de mètres. Corde autour de la taille, Mike et
Mikael se jettent à l’eau et nagent, le courant n’est pas très fort et l’eau un
peu fraîche au départ, devient vite agréable par cette journée assez chaude.
Arrivés au premier repère ils ont de l’eau jusqu’à mi-cuisse ce qui rend leur
tâche plus facile car avec les cordes reliées à la Dragonette ils attachent les
piquets. Une fois fait, Gary fait activer les venteurs et les repères sont
arrachés. Une opération qu’ils vont renouveler sur les 11 kilomètres du canal
balisé. Ainsi, les navires ennemis ne pourront compter que sur la concentration
de leurs veilleurs ou d’une carte très détaillée pour éviter l’erreur de
passage et l’échouage. C’est juste pour leur faire perdre du temps et les
agacer, explique Gary, car les hauts fonds et les bancs de sable sont
parfaitement visibles dans cette eau transparente.
Vers midi, cette première mission est achevée. Gary
accoste la Dragonette sur une berge avenante. Toute l’équipe débarque pour
pique-niquer.
Pas le temps d’une sieste, il faut repartir à la
recherche d’un petit bras donnant dans le canal principal pour y camoufler la
Dragonette en aval de l’embuscade. Cette dernière servira de torpille,
Mirabelle et Gary y reviendront quand les navires de Kalessèsh et de Passpariçi
seront signalés. Au dernier moment, ils mettront en fonction les venteurs,
allumeront la mèche principale et couperont l’aussière qui retient la
Dragonette. Ainsi lâchée le gouvernail bloqué, elle ira éperonner le navire de
tête ou peut-être le suivant selon la configuration du convoi. Les barils de
poudre exploseront en espérant que les dommages causés soient le plus pénalisant
possible et gène la progression de l’ennemi.
Deux heures de traque avant de dénicher l’endroit idéal.
Un petit bras étroit bien dissimulé par une végétation envahissante qui au bout
d’une soixantaine de mètres se fini en cul-de-sac. Par inversion de rotation
des deux roues à aubes, la Dragonette pénètre dans le bras en marche arrière.
Enfoncé d’une vingtaine de mètres, Gary fait stopper les venteurs et remettre
les ventilettes dans leur réserve de repos. Il marque sur la carte
l’emplacement exact de la Dragonette car deux fois par jour, quelqu’un viendra
du camp de base nourrir les ventilettes et remuer le camembert à graines
jusqu’à l’arrivée du convoi ennemi.
Mirabelle calcule par rapport au fleuve l’angle du
gouvernail et le bloque. Gary et Jaimzbonde, vérifient l’emplacement des barils
de poudre et si les mèches sont bien toutes reliées à la principale. Madame
Iris, Mobilett, Dorine, Mike et Mikael
coupent de grosses branches feuillues pour camoufler la proue de la
Dragonette et démontent le mat soutenant le pavillon. Pousspamémé et Blankaçiss
sont à l’entrée du bras pour s’assurer que rien ne sera visible de la voie
navigable.
Toushpaça écrit un message pour le camp de base afin
qu’un petit bateau viennent les récupérer. Cinq minutes plus tard,
l’Oblitérétimbré est lâché et c’est deux heures après, presque au couchant que
l’équipe arrive au camp de base.
Le lendemain matin, les deux équipes des services
spéciaux retournent à Fantasmalice pour y prendre un peu de repos. Le mage
Arnak profite de ce temps paresseux pour repasser les crânes de Mike et Mikael
au rasoir trouvant que leurs cheveux ont un peu trop repoussés. Madame Iris
initie Clakett au maniement de son fusil car, avance-t-elle, elle ne souhaite
pas participer au combat. Cette guerre est avant tout celle des populations de
Fantasmaginaire et elle préfère que sa contribution soit avant tout d’ordre
technique.
Malgré les pièges installés et l’embuscade préparée, rien
ne peut affirmer qu’une partie non défini des navires ennemis ne passera pas,
il faut préparer la défense de Fantasmalice car cette fois, il n’est plus
question de reculer en abandonnant les villes. A quelques kilomètres sur les
rives du lacs sont les quatre mines d’or et de diamants. Elles sont la plus
importante source de richesse pour les impériaux. Avec le minerai d’or il
façonne de la monnaie (triangle d’or), ce qu’il leur permet d’acheter aux
Crevesueurs et aux Végétateurs ce qu’ils ont besoin. Il faut également assurer
la rémunération de l’armée et la marine ainsi que tous les employés des
services publics. C’est pour cette raison que leurs mines d’or et de diamants
sont vitales. Celles de ce lac sont les plus importantes, Il en existe deux
autres dans les montagnes autour de Fantasmaboul et une dernière vers Fantasmastic
mais elles sont pour le moment peu exploitées.
Episode 101
La remontée du fleuve (Acte 1)
Un chenal dans le port de Fantasmarxbroeur a été dégagé
pour permettre l’accès du fleuve aux navires de Kalessèsh et Passpariçi. Ce
matin c’est le grand jour, 25 bâtiments sont de l’expédition et 12 restent au
port comme troupe d’occupation.
Le commandant Bakaçable est à la passerelle du Tenfépa.
Quelques jours avant, à l’annonce du décès de son ami, il s’était enfermé dans
la maison de ville durant deux jours et à en croire le nombre de bouteilles
vides, il avait exagérément noyée sa peine. Aujourd’hui il reprend le
commandement et regarde devant et ce devant ce sont les mines d’or et de
diamants qui se situent à plus de 500 kilomètres en amont du fleuve.
Il y a cinq jours, les équipes d’éclaireurs ont entamé le
ratissage les deux rives et, d’après leurs messages quotidiens, n’ont rien
découvert.
- Ce n’est pas sur les premiers 80 kilomètres qu’ils nous
attendent. Constate Kalessèsh en lisant le dernier message.
- Non, je ne suis pas surpris, le paysage d’écrit avec
précision par le sergent Bandafon est une succession de collines couvertes
d’une dense forêt, beaucoup de fossé plus ou moins profonds, des petits cours
d’eau un peu partout et il y a aussi des loups, parait-il très peureux. Nos
équipes ont progressé avec grande difficulté et n’ont pas couvert les 100
kilomètres prévu. Si j’en crois la carte, jusqu’à Fantasmalice, il n’y a aucune
route qui longe le fleuve et il est donc difficile, voir impossible à travers
cette nature vierge de tracter de l’artillerie même en pièces détachées. Dit
Bakaçable.
Hoducol opine de la tête mais ne semble pas convaincu.
- Ils peuvent transporter par le fleuve. Avance-t-il.
- Oui mais un débarquement de matériel laisse des traces
sur la berge et nos équipes n’ont rien vu. Répond Bakaçable.
- Nous demandons à ces équipes de poursuivre ?
Interroge Laikayé.
- C’est inutile, ils sont morts de fatigue, qu’ils se
reposent en nous attendant. Passpariçi à prévu le remorquage de trois navires
vides en fin de convoi pour les embarquer. Envoie-leur cet ordre. Décide
Bakaçable.
- Et nous poursuivons sans assurance après. Interroge
inquiet Horace de Fantenay.
- Tiens la peur de tomber dans un traquenard te rend
moins hardi Horace. Ne te biles pas, je suis presque certain que les impériaux
ne tenteront rien avant les Pics du labyrinthe. Montre Bakaçable sur la carte.
C’est la meilleure zone pour nous tendre des pièges ou des embuscades. Le
Primalakass sera navire de tête et prendra ses distances pour nous servir
d’éclaireur. Hoducol, comme je te sais téméraire et impatient de prouver ta
bravoure, tu changeras de bord quand nous ferons arrêt pour récupérer les
équipes, Tu prendras tes quartiers sur le Primalakass. Prévoit Bakaçable avec
un petit rictus.
Le visage de Hoducol blémit.
- Mais… Pourquoi ? Je ne veux pas !
Manifeste-t-il.
- Je ne te demande pas ton avis, nous avons décidé cette
affectation avec Childéric, Horace, Kalessèsh et Passpariçi. Six de mes hommes
y sont sous le commandement de Roultakaice et ils n’ont émis aucune objection
parce qu’ils en ont un bon paquet dans le froc. Alors toi Huducol, tu vas aller
gagner tes galons et si jamais tu n’obtempères pas, je t’attrape et je
t’attache à poil sur la plus haute vigie du Primalakass. Tu feras une excellente
distraction et une cible de choix.
- Vous souhaitez m’éliminer c’est ça ? Je suis passé
d’ami à concurrent ? Mais vous oubliez que J’ai activement participé à
cette conquête quand j’étais gouverneur de l’île du centre. C’est moi
l’organisateur et aussi celui qui à permis vos transferts et celui des armes en
piégeant Mike. J’ai pris d’énorme risque car il fallait beaucoup de discrétion
pour ne pas que les espions se doutent de quelque chose et maintenant vous me
jetez dans le sac de linge sale ! S’emporte Hoducol.
Horace de Fantenay lui pose une main fraternelle sur
l’épaule.
- Pas du tout, nous reconnaissons l’efficacité de ton
travail mais il y a des bruits comme quoi tu serais un pleutre et pour les
faire taire, nous avons trouvé cette solution. De plus en tant qu’impérial,
c’est toi qui connait le mieux ce territoire. Lui dit-il.
- Moi un pleutre ? Ceux qui disent ça n’ont jamais
fait la quête ! Mais d’accord, puisque je dois me disculper de ces vils
ragots, j’embarquerai sur le Primalakass. Finit-il par accepter à contre cœur.
Les 80 kilomètres sont parcourus en un petit peu moins de
7 heures, le convoi progresse prudemment entre 12 et 15 kilomètres heure. Les
équipes de ratissage se partagent les navires prévus et Hoducol, mine sombre,
monte à bord du Primalakass.
28 heures plus tard, les navires arrivent en vue des Pics
du labyrinthe. Bakaçable, l’amiral Kalessèsh et le commandant Passpariçi
ordonnent l’arrêt du convoi. De toutes les vigies, à la longue vue où aux
jumelles, les guetteurs scrutent les hauteurs et les rives.
A la passerelle du Tenfépa, Bakaçable consulte la carte.
- Un vrai coupe gorge ces Pics du labyrinthe.
Soupire-t-il. Cul-de-sac, bancs de sable, végétation épaisse, passages étroits
et encaissés et nous n’avons aucune autre solution que cette unique voie
navigable pour joindre Fantasmalice. Grogne-t-il en tapotant nerveusement la
table avec ses doigts.
- Les bancs de sable sont balisés. Rassure Kalessèsh.
- Et les impériaux ont sans doute ôté toutes les
signalisations. Suppose Laikayé.
- Tu me plais de plus en plus toi. Au moins tu fais
chauffer ta matière grise. Apprécie Bakaçable.
- L’eau est limpide, les bancs de sable sont facilement
repérables même sans le balisage. Fait Kalessèsh qui n’apprécie pas les
félicitations rendues à son second.
- Oui mais les panneaux indiquaient le bon passage
d’après monsieur Hoducol. Rétorque Laikayé.
- Le navire de tête sondera et fera marche arrière si le couloir
n’est pas assez profond. Entrevoit Kalessèsh.
- Bonne idée Amiral, tu vois quand tu veux. Se moque un
peu Bakaçable.
- Je pense que pour le présent, il vaudrait mieux rester
à l’arrêt ici et mettre une stratégie au point. Ajoute Kalessèsh sans relever
la raillerie.
- De mieux en mieux, alors là bravo, j’allais le
proposer, tu m’as coupé l’herbe sous le pied. Complimente Bakaçable un peu plus
sérieusement.
- Peut-être envoyer en éclaireur le Primalakass. Ce
navire fera l’aller et retour de la voie navigable et le capitaine Règledetroi notera tous les bons
passages. Il faudrait aussi renforcer toutes les vigies afin d’inspecter
méticuleusement toutes les parois et les sommets. Préconise Laikayé.
- Hoooo, vous faîtes un concours tous les deux ?
Bien, très bien, très bonne idée également. Se réjouie Bakaçable. Hoducol va
beaucoup aimer, ha, ha, ha, ha ! Que disent les guetteurs en ce
moment.
Quinze minutes plus tard Laikayé rapporte que les
guetteurs n’ont rien vu d’anormal mais que leur position basse en comparaison
des reliefs élevés, ne permet pas de discerner s’il y a des ennemis postés sur
les hauteurs. Une chaloupe est mise à l’eau pour que Bakaçable et l’amiral se
rendent sur le Primalakasse afin de préparer la reconnaissance.
Hoducol les attend et annonce en quittant ses jumelles
qu’il y a des Bekedors en vol et que ceux-ci sont la preuve qu’il n’y a pas
d’impériaux embusqués sur les hauteurs. Bakaçable s’étonne un peu de cette
affirmation et l’amiral lui explique la particularité de ces rapaces et leur
appréhension maladive de l’être humain. Le commandant Bakaçable bien qu’instruit
reste méfiant et donne des ordres afin que la vigilance soit de mise.
Le personnel de vigie est triplé, les mortiers sont
installés sur le pont, une mitrailleuse lourde sur la passerelle extérieure et
une quinzaine de marins armés de fusils mitrailleur répartis sur les ponts
extérieurs. Roultakaice positionne les hommes et à la proue, fait installer trois
longues perches munies de sondes. Bakaçable et Laikayé quittent le Primalakace,
le navire relève ses ancres et démarre à seize heures. Le capitaine Règledetroi
et Roultakaice pensent être de retour avant la tombée de la nuit.
Episode 102
La remontée du fleuve (Acte 2)
Prévenu déjà depuis hier, les impériaux ont pris place
sur les deux plateaux et Mirabelle et Gary sur la Dragonette. La consigne est
de laisser passer le Primalakace sans intervenir.
Le navire avance à vitesse réduite, les boucliers blindés
de la passerelle principale sont en place. Roultakaice au dessus sur la
passerelle extérieure, inspecte avec ses jumelles la moindre faille, le moindre
bosquet, les retours de roche et les sommets. A ses côtés, Toutatou est à la
mitrailleuse prêt au moindre problème à faire feu. Sur le pont, protégé derrière
les bastingages ou en haut des vigies, les femmes et hommes sont tendus. A la
barre, le lieutenant Kandélabre écoute attentivement ce que rapportent les
veilleurs. Sur la plage arrière sont deux mortiers servis par quatre
mercenaires terriens ; un troisième est disposé sur la plage avant.
Le long des rives ils n’entendent que les piaillements et
les cris de la faune. Six fois par absence de signalisation, le Primalakace se
trompe de passage entre les bancs de sable et fait marche arrière. Le capitaine
Règledetroi note les bons itinéraires sur la carte.
A côté de bombash sur l’aile bâbord, Hoducol silencieux
est crispé sur la rampe de maintient. Tellement anxieux qu’au plus insignifiant
bruit suspect il se coucherait au sol et ramperait aussi vite qu’un lézard pris
en chasse jusqu’au premier sas. De temps en temps il jete un regard rapide vers
le ciel mais les Bekedors apperçus avant que le Primalakass entre dans les
goges sont déjà terrés dans leurs profondes niches. Ce qu’ignore Hoducol et les
autres natifs de Fantasmaginaires, c’est que les rapaces vus n’étaient
qu’illusions commandées par le mage Arnak.
Roultakaice communique régulièrement avec Bakaçable par
Talkie-walkie.
Arrivé au bout, là où le fleuve retrouve ses bras évadés
et que le relief s’aplati, le Primalakace fait demi-tour. Les bancs de sable ne
posent plus de problème mais les marins restent très vigilants à surveiller les
parois et les berges.
- Rien ne remue à part les piaffes et les poiscailles.
S’il y a du peuple planqué là-haut, on ne peut pas les voir. Fait Roultakaice
toujours les deux yeux dans ses jumelles.
- Dans les passes où les parois sont les plus raides, les
plus hautes et les plus proches, les mortiers seront inutiles, ça nous
retomberait sur la gueule. Ajoute Toutatou.
- Je suis prêt à parier que les impériaux sont quelque
part et qu’ils nous matent, je ne crois pas à leur histoire de Bekedor. Si on
avait encore l’ULM on pourrait y voir un peu mieux. Quand je pense à Broçatif,
il a bien morflé quand même.
- Oui mais en ce moment, lui il est dorloté par des
infirmières à Fantasmarxbrozeur. Envie Toutatou.
- T’as raison, il est peinardos le veinard, pas comme
nous à faire le con on ne sait où. Putain, c’est n’importe quoi ce qu’on
fait ; on a aucune connaissance du terrain, Bakaçable avait raison, il ne
fallait pas s’engager dans les terres avant d’avoir le contrôle de tous les
ports et d’établir un plan d’invasion chiadé. Ce n’est pas du bon boulot ça.
Dit Roultakaice.
- C’est sûr, on avance à l’aveuglette sans savoir ce
qu’on va trouver, il n’y a que Hoducol qui connait un peu la région.
- Ne me parle pas de ce cave, à chaque fois que je le
vois il me donne envie de gerber. C’est un faux cul, un chiasseux, un bande
petit ! Le juge Roultakaice.
- Ha, ha, ha ! Tu a vu sa gueule quand il est monté
à bord. Rigole Toutatou.
- Un vrai mort ! Je suis sur que depuis qu’on est
parti en reconnaissance il à changé dix fois de calbar.
- Mais non, il porte des couches culotte, ha, ha,
ha !
- Arrêtons la déconne, ce n’est pas le jour.
20h18, le Primalakace est de retour ; Bakaçable,
Kalessèsh, Passpariçi, Horace de Fantenay, Childeric halebard , Laikayé et
Stokoption se rendent à bord pour faire le point.
Roultakaice fait son rapport en émettant des réserves sur
la présence ou non des impériaux.
- Ouais, si les impériaux sont planqués sur des hauteurs,
ils peuvent nous faire de grosses misères, surtout dans ces trois gorges
étroites. Réfléchit Bakaçable la carte sous les yeux.
- Admettons qu’il y soit, ce que je doute ; ils ne
peuvent pas avoir d’artillerie, comment auraient t’il pu monter des
canons ? Intervient Hoducol.
- Des canons ne servent à rien pour tirer d’aussi haut
dans le fond de ces gorges. Ce serait absurde. Donne son avis Laikayé.
- Oui, vu la configuration des lieux ça me parait peu
probable mais ils ont des arcs et des arbalètes. Avance Passpariçi.
- M’ouais, les flèches peuvent blesser sérieusement et
tuer aussi ! Estime Kalessesh. Pas de marin à l’extérieur pendant toute la
traversée, je ne vois que ça. Propose l’amiral.
- Nous avons besoin d’un minimum de vigie et de
veilleurs, en poste de combat nous naviguons avec les boucliers et le barreur
ne voit pas grand chose. Contredit le capitaine Règledetroi.
- Malgré ce que peut dire Monsieur Hoducol, moi je pense
que les impériaux nous attendent quelque part dans ses gorges. Dit Bakaçable.
Stratégiquement, c’est un site idéal pour une embuscade, les impériaux ne
peuvent pas être passé à côté, ce serait complètement absurde. OK, l’artillerie
ne leur servirait à rien, je suis d’accord, mais les arcs et les arbalètes ça
oui et vous pouvez tous imaginer ce que donnerait un tapis de flèche descendant
des hauteurs. Nous allons donc construire des protections pour les veilleurs et
les postes de mitrailleuses, donnez immédiatement les ordres à chaque navire. Ordonne
Bakaçable.
- Ils peuvent aussi nous envoyer de grosses pierres. Emet
l’hypothèse Laikayé.
- Ils n’y a pas beaucoup de pierre sur les hauteurs et
elles ne feraient que peu de dégâts. Intervient Hoducol.
- Avec de la poudre ils peuvent créer de très important
éboulements et faire descendre des tonnes de rocher, contre Bakaçable, et la
poudre c’est facile à transporter. Ils avaient mille fois le temps de miner les
parois avant notre arrivée. Adjoint-il pour étayer ses soupçons.
- Moi je dis que ce passage dans les Pics du Labyrinthe
avec des bateaux est une connerie. Débarquons les équipages et passons à pied
en longeant ce canal, ça fait un bon détour, mais il est presque partout à plat.
Propose Bombash.
- Et les navires avec tout le matériel. Nos canons, vos
munitions et nos vivres ? Nous en avons besoin pour conquérir les villes
et les mines autour du lacs. Nous ne pouvons transporter tout cela à dos
d’homme. S’oppose Kalessèsh.
- Un minimum d’équipage pour les faire passer !
Répond Bombash.
- C’est une idée mais je crains que ça ne change pas
grand-chose si les impériaux nous attendent. Dit Bakaçable. Dans cette verdure,
des hommes à pied, qui en plus n’ont aucune formation du combat terrestre, sont
tout aussi vulnérables. S’ils sont vraiment là les impériaux, je suis certain
que tous nos faits et gestes sont épiés de ces hauteurs. Notre manœuvre sera
vite comprise et ils agiront en conséquence.
- Les impériaux ne sont pas plus formés au combat
terrestre que les autres peuples de Fantasmaginaire. Assure Hoducol. Jusqu’à
maintenant, avant votre arrivée, toutes nos batailles se déroulaient sur
l’océan et nulle part ailleurs. Formule-t-il en supplément.
- Ouais mais ce sont les seuls à avoir une armée de
terre, c’est toi qui me l’avais dit.
- Ce n’est qu’une armée de parade constituée surtout pour
escorter l’Impératrice. Ils sont soldats parce qu’ils aiment jouer et porter un
uniforme, ça les excite en quelque sorte. Raconte Hoducol.
- Moi je me méfie car depuis que avons déclenché les
hostilités, ils ont eut tout le temps de changer de jeu surtout qu’il y a des
terriens avec eux qui n’ont certainement pas été avares de conseils. Tu vas me
dire que ceux là ne sont pas des militaire, Ok, c’est vrai, mais tu vois
Hoducol, dans notre pays il y a la télé et le cinéma qui sont de formidables
diffuseurs d’informations sur la guerre et j’ajoute que beaucoup de films
traitant du sujet, qu’ils soient historiques ou d’actualités, donnent une bonne
image des stratégies employées. Alors, je n’irais pas jusqu’à dire que les
impériaux disposent d’une vraie armée de terre bien entrainée, mais si leur
amis terriens les ont un peu briffé, elle est supérieure à la notre au sol. Ce
n’est pas avec notre maigre contingent de terriens, tout spécialiste qu’on est
du métier, qu’on pourra assurer en zone hostile le commandement et la sécurité
de tant d’hommes non instruits. Faut-il préciser qu’en supplément, les
impériaux sont chez eux et connaissent le terrain, ce qui n’est pas un moindre
avantage.
- Ouais, le commandant Bakaçable à raison ! Soutient
Bombash. Les impériaux ce sont plutôt bien adaptés et jusqu’à maintenant ce
sont eux qui mènent au score et même un très bon score en descendant notre ULM.
Rappelle-t-il. Si ont ajoute que les vagalâmeurs et les Kidnapingres nous ont
mis une raclée à Galoban et que pas mal de nos potes y resteront définitivement
six pieds sous terre, il vaudrait mieux être très prudent. Préconise-t-il.
- C’est bien beau tout ça mais qu’est-ce que tu proposes
d’autre Bakaçable pour franchir les Pics du labyrinthe ? L’interroge
Childéric Halebard.
- De faire demi-tour, de se rendre maître de tous les
ports et détruire la marine impériale. Une fois que ça sera fait, nous auront
tout le temps de former une véritable armée de terre et d’élaborer un vrai plan
d’invasion. Les impériaux seront seul contre tous. Après leur coup d’éclat, la
marine Vagalâmeur et Kidnapingre est réduite à presque plus rien, ils ne nous
poseront plus de problème, Boucharom va s’en charger. Répond Bakaçable.
- Abandonner maintenant alors que nous sommes à une
cinquantaine de kilomètres des mines ? Pas question ! Dit Childéric
en tapant du poing sur la table.
- Pas la peine de t’énerver, tu n’es pas tout seul ici,
tes amis ont peut-être aussi leur mots à dire. Réplique Bakaçable.
- Moi je suis d’accord avec Childéric. Si nous avons les
mines, dans quelques jours la guerre est fini et nous seront les maîtres de
Fantasmaginaire. Dit Horace de Fantenay.
Stokoption, Hoducol, Passpariçi et Kalessesh se joignent
aux prédicateurs. Laikayé ne fait aucun commentaire.
- OK, l’or, les diamants et le pouvoir vous rendent fou
et inconscients. Très bien, nous allons donc passer les Pics du labyrinthe,
mais autant vous signaler que je n’ai pas d’autres solutions que celle proposée
par Bombash.
- C'est-à-dire ? Redemande Childéric.
- De traverser en
convoi avec les navires vu que par les terres ça me parait encore plus
compliqué et tout aussi risqué. Si vous avez une meilleure idée, n’hésitez surtout
pas ? Conclus Bakaçable pas du tout satisfait de la tournure que prennent
les évènements.
- Il n’est pas certain que les impériaux nous attendent
là, en tout cas rien ne l’indique. Fait De Fantenay.
- Rien n’indique le contraire. Rétorque Roultakaice.
- Il faut passer avec les navires ! Insiste
Childéric.
- Je pense que tout est dit, après le dîner nous
discuterons de comment nous allons constituer le convoi, je vous attends tous à
22h30 dans le carré du Tenfépa. Se lève Bakaçable.
Episode 103
La remontée du fleuve (Acte 3)
Au matin tout est paré et convenu. Le Primalakace ouvre
la marche avec une marge de 300 mètres et les autres suivent en file indienne
laissant entre eux une centaine de mètres. Les guetteurs et veilleurs sont
protégés par un toit métallique ou de bois construit dans la nuit à la
« va vite » pas toujours très bien coupé. Aucun marin à découvert sur
les ponts et les extérieurs des navires.
Quatre Kilomètres en amont, Gary quitte sa planque et se
presse à la Dragonnette ; il prévient Mirabelle que le convoi sera là dans
quelques minutes. Les ventillettes sont envoyées dans les globes et le Faux
Khon prêt à les asticoter. Mirabelle et Gary ont décidé de laisser passer le
navire de tête et de lancer la Dragonette sur le second.
Cinq minutes plus tard, le Primalakace passe devant le
petit bras d’eau. La Dragonette sous sa couverture végétale est parfaitement
invisible. Juste après, Mirabelle actionne le Faux Khon, les ventilettes
s’énervent et font monter la pression d’air dans les deux conduits volontairement
fermés. Gary allume la mèche, Mirabelle ouvre les vannes remonte sur la plage
arrière, saute à terre et coure, Gary coupe l’amarre quand il aperçoit l’avant
du second navire et s’enfuit derrière Mirabelle. La Dragonnette peine un peu à
se dégager de son camouflage de branches puis, une fois libre, d’abord guidé
par un petit chenal d’une dizaine de mètres constitué de deux grosses cordes
tendues à fleur d’eau, elle s’élance vers la jonction du fleuve. Mirabelle et
Gary ne se retournent pas, il leur faut s’éloigner le plus vite possible, à
trois kilomètres sur la rive d’une des ramifications du fleuve, une embarcation
les attend pour les ramener à Fantasmalice. Le bruit des ventilettes et de la
machinerie embrayée attire l’attention des guetteurs et veilleurs mais il est
déjà trop tard, la Dragonette est lancée et il ne reste plus qu’à hurler
l’alarme et s’abriter pour celles et ceux qui le peuvent.
L’impact est violent, la Dragonette plus fragile écrase
sa proue dans la muraille du Fumétu et une seconde après le choc les 40 barils
de poudre explosent en déformant les tôles du navire ciblé.
Le Fumétu est
fortement secoué, les rivets de la coque enfoncée sautent et des morceaux de la
dragonette volent dans tous les coins. L’eau s’infiltre par grosse quantité dans
les calles du Fumétu et le feu commencent à s’étendre.
A bord c’est avant tout l’incompréhension suivit d’une
panique épidémique. Le capitaine Danlalunn suivit de ses officiers supérieurs
tentent d’organiser la maitrise des voix d’eaux et de l’incendie qui se propage
mais l’équipage semble ne pas vouloir rester à bord préférant la baignade
forcée. Derrière, de la passerelle du Tenfépa, Bakaçable, Kalessèsh et Laikayé
assistent au lamentable spectacle à travers les meurtrières des boucliers
blindés.
- Ça commence, c’était écrit en grosses lettres !
Arrosez-moi la végétation ! Hurle Bakaçable dans les cornets de
communication. Action bien inutile si ce n’est qu’user des munitions mais sans
doute que le feu nourrit qui transperce les feuillages à pour effet de calmer
les nerfs.
Mirabelle et Gary sont déjà dans le creux d’une ravine et
les balles passent bien au dessus.
L’amiral Kalessèsh donne ordre d’inverser la rotation des
roues à aubes pour stopper et ne pas s’approcher du Fumétu qui se met en
travers. Une épaisse colonne de fumée monte au ciel.
Il n’y a plus rien à faire pour sauver le Fumétu et le
peu d’équipage resté à bord abandonne et rejoint à la nage le Tenfépa.
Tout le convoi est stoppé, Bakaçable hoche lentement la
tête en souriant.
- Je ne trouve pas ça amusant ! Fulmine l’amiral
Kalessèsh qui n’apprécie pas du tout la bonne humeur affichée du commandant
terrien.
- Moi si parce que je vous avais prévenu que les
impériaux allaient tout faire pour nous empêcher de passer les Pics du
labyrinthe. Répond Bakaçable.
- Et bien nous allons leur prouver qu’ils se trompent,
nous passerons je le garanti ! Colère Kalessèsh.
- Bien sûr que nous passerons, reste juste à savoir
combien nous serons de l’autre côté.
- Pour le présent il faut répartir l’équipage rescapé du
Fumétu sur les autres navires, demandez à vos hommes de nous couvrir. Commande
Kalessèsh.
- Tu peux sortir sans crainte les impériaux ne sont pas
en embuscade, il ne nous affronterons jamais directement, ils savent
l’efficacité de nos armes. Je passe même devant. Répond Bakaçable en ouvrant la
porte arrière de la passerelle.
Une heure plus tard le convoi est toujours arrêté. Le
Fumétu est échoué sur le flan et le feu stoppé par noyade. Des marins remontent
à bord pour récupérer les blessés et ce
qui peut l’être au niveau matériel. Les deux caisses de munitions pour les
fusils d’assaut et les 25 grenades ont été détruites par le feu.
A la passerelle du Tenfépa, Horace de Fantenay, Childéric
Halebard et Stokoption font grise mine. Sur le Primalakace prévenu par le bruit
de l’explosion et par Talkie-Walkie, l’estomac d’ Hoducol s’entortille.
Bakaçable exige que les cinq lances roquette soient
déballés, montés et répartis sur cinq navires du convoi. Il désigne lui-même
parmi ses hommes ceux qui en auront la charge.
- Si quelque chose s’approche d’un navire ; une
Dragonette, une barque, un radeau une bouée ou je ne sais quoi d’autre, je les
veux au fond de l’eau avant de toucher une de nos coques ! Ordonne-t-il
avant de donner le signal du départ.
Mirabelle et Gary ont rejoint l’embarcation qui les
attendait. A la barre la belle Klapoti zigzague entre les bancs de sable avec
une dextérité qui force l’admiration. Direction Fantasmalice.
Du haut du premier
plateau les guetteurs préviennent par Oblitérétimbré les impériaux embusqués
sur le second plateau. Dans une trentaine de minutes ce sera à eux de jouer.
Clakett, fusil de madame Iris bien calé sur son épaule est prête et tout le
long du plateau les premiers boulets sont déjà dans les goulottes.
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