LECTURE DE LA SAGA

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Il en sera de même pour Fantasmaginaire 2, 3, 4 et 5.

lundi 28 avril 2014

F3 épisodes 109, 110, 111, 112

Episode 109


 Question de temps


Un peu plus tard, les deux prédicateurs, suivis comme leur ombre de leurs gardes, se promènent sur le sable. Au bout de la plage ils avancent sur une roche plate et peuvent constater par eux même la présence des serpents rouges nageant dans la transparence légèrement violette de l’eau. Un peu plus à gauche, quelques crabes à deux bouches curieux viennent voir les deux hommes sans trop s’approcher.

-        Ce n’est pas un mirage ou une illusion, c’est du réel tout ça. Constate désenchanté Childéric Halebard.

-        Je commence à le croire aussi. Acquiesce mollement Horace de Fantenay.

-        Mais comment est-ce possible ? Nous avons marché une douzaine d’heures et en gros parcouru entre vingt et vingt-cinq kilomètres. Ça ne tient pas debout cette histoire d’autre monde.

-        Je suis bien d’accord avec toi ou alors nous avons été drogués et nous vivons un cauchemar.

-        Hummm ! Possible mais j’en doute. Répond Halebard en regardant toujours les serpents rouges évoluer au milieu d’autres poissons.

-        Tu pourrais alors imaginer que nous sommes vraiment dans un autre monde ou sur une autre planète rien qu’en passant par les catacombes ? c’est absurde !

-        Et si les théories de certains physiciens sur l’espace temps et leur hypothèses sur les passages à travers des tunnels où parait-il la distance n’est plus mesurable s’avéraient fondées ? Envisage Childéric Halebard.

-        Jamais rien n’a tété prouvé, ce ne sont que des spéculations. Repousse De Fantenay.

-        Nous serions peut-être les premiers terriens à en connaitre la réalité. Insiste Halebard.

-        Tu n’es pas sérieux Childéric.

-        Je ne sais plus ce que je suis en ce moment, mais comment expliquer ça ? Montre-t-il l’horizon et derrière eux les hauts sommets enneigés de l’île.

-        Je n’aie pas plus de réponse que toi mais je suis certain que nous ne sommes pas dans un autre monde. En tout cas ce ne peut pas être l’enfer ou alors on se faisait de fausses idées.

-        Attend un peu avant de te faire une opinion, on ne sait pas ce que les prochaines heures nous réservent. Tempère Childéric Halebard.

-        Pour l’instant on ne moisit pas au fond d’une geôle c’est déjà ça. Estime Horace de Fantenay.

-        Si on pouvait s’éclipser, on aurait vite fait de retrouver l’entrée des catacombes et retourner d’où on vient. Parle plus bas Halebard pour ne pas que les deux gardes saisissent son propos. Dans les catacombes c’est de la terre au sol, nous avons forcement laissé des traces.

-        Oui tu as raison, il nous suffirait de les remonter. Approuve Horace.

-        Ils nous ont laissé nos deux lampes électriques, je m’en suis à peine servit… Avec la tienne ça devrait suffire. Reste à fausser compagnie à nos gardiens.

-        Heu… Tu as vu la carrure des gardes et la taille de leurs sabres ?

-        Tu as raison, je crois qu’on ne ferait pas plus de cinq pas. D’ailleurs je trouve leur uniforme assez bien réussis ; on se croirait un peu revenu dans la Rome antique. Attendons cette nuit et peut-être que la chance nous sourira. Propose Childéric Halebard.

-        Je vais prier pour cela.

-        Je n’arrête pas, mais je crois que le seigneur doit être occupé autre part.

Horace de Fantenay consulte sa montre et s’étonne en regardant le ciel.

-        Quelle heure as-tu, je crois que ma montre est déréglée ? Demande-t-il à son compagnon.

-        14h12 ! Répond Childéric.

-        Ma montre à numérotation digitale indique 2H13 du matin.

-        Tu es en avance ou en retard de douze heures. Lui signale Childéric Halebard.

-        Ou elle n’est pas plus en avance qu’en retard. Rétorque Horace de Fantenay.

-        Il fait grand jour, c’est impossible. Non il est bien un peu plus de 14 heures. Assure Halebard. Pourtant cette marque de montre est réputée pour son sérieux. Et bien si on arrive à leur fausser compagnie et retourner à Paris tu pourras la faire réviser.

-        Tu rigoles, ce sont des montres répertoriées, numéroté dans un fichier avec le nom du propriétaire. Impossible de la faire réparer sans me démasquer. Dommage une montre de si grande valeur. Rouspète Horace en détaillant le versant de la plus proche montagne.

Il plisse les yeux pour mieux voir puis au bout d’un petit moment se gratte le menton d’un air dubitatif.

-        Mais quand même plus j’y pense plus cette histoire d’autre monde pourrait être plausible. Dit-il. Quelle organisation si puissante qu’elle soit pourrait posséder une telle propriété à quelques kilomètres de paris. Cette étendu d’eau est vaste et les montagnes sont hautes, tout ça ne peut pas passer inaperçue. Réfléchit-il.

-        Avec des trompes l’œil tu peux faire croire à beaucoup plus grand, tu devrais le savoir Horace.

-        Oui mais regarde bien cette terre montagneuse et regarde aussi cette mer, on voit bien que même si la profondeur de l’horizon est un trompe l’œil qu’il y a une vaste étendu avant. Estime-t-il.

-        C’est vrai, c’est très étonnant mais pour la couleur avoue que c’est plutôt parc d’attraction. Juge Childéric avec un sourire.

-        Oui c’est étrange, mais tu ne me retireras pas de l’idée qu’une telle structure de décor passerait inaperçue aux alentours de Paris. Cela doit quand même représenter une sacrée surface et que pour le moment je m’étonne de n’en n’avoir jamais entendu parler. S’étonne De Fantenay.

-        As-tu remarqué aussi que depuis que nous sommes sur cette plage il n’y a pas un seul avion dans le ciel ? En fait la remarque Childéric Halebard.

-        Parce que nous ne sommes pas en dessous d’un couloir aérien. Répond avec une certaine logique Horace De Fantenay. Non, en fait croire que nous sommes dans un autre monde que le notre est absurde ! En conclus-t-il.

A ce moment là un officier impérial les rejoint pour leur signifier que le diner leur sera servit dans deux heures et qu’après ils seront consigné sous tente jusqu’au lendemain matin. Les deux prédicateurs se regardent, la stupéfaction se lit sur leurs visages.

-        Vous nous avez bien dit « dîner » ? Demande confirmation Childéric à l’officier.

-        Affirmatif ! répond ce dernier.

-        Mais quelle heure est-il ? Réclame le prédicateur.

L’officier sort sa montre à gousset et répond qu’il est 18h30.

-        Je crois que ce sont nos deux montres qui sont à réviser à moins que ce soient les leurs qui ne fonctionnent pas bien. Fait Horace de Fantenay désappointé.

-        A moins que nous soyons vraiment dans un autre univers. Rectifie Childéric.

-        Ça c’est la plus mauvaise des réponses. Rétorque Horace De Fantenay en haussant les épaules.

-        Je te l’accorde Horace, mais elle est celle qu’il faut le plus redouter.





Pour les deux prédicateurs force est de constater qu’une heure trente après avoir fini de manger la nuit est tombée et qu’ils sont invités à se coucher.




Episode 110


Les dés sont jetés


Durant la nuit, Horace et Childéric creusent le sable pour s’infiltrer sous la toile de tente mais le premier n’a pas osé sortir plus que sa tête car le cordon de gardes impériaux qui entoure la tente ne laisse entrevoir aucune possibilité d’évasion.

Ce matin ils sont levé d’assez bonne heure et les gardes les conduisent jusqu’à la grande table ou les missionnaires, l’ambassadeur et trois officiers prennent leur petit déjeuner.

-        Installez-vous ! Les invite le mage Arnak.

-        Vous avez bien dormi ? Questionne Lady Dark.

-        Mieux que dans les catacombes. Répond Childéric en regardant la boisson fumante dans le bol qu’on lui offre.

-        Ça ressemble à votre thé. Lui indique Gary.

Les deux prédicateurs découvrent les ingrédients qui composent le petit déjeuner et goûte un peu à tout du bout des lèvres.

-        Alors que pensez-vous de Fantasmaginaire, c’est bien moins bruyant que chez vous hein ? Les interroge Mirabelle.

-        Certes… Mais il n’y a jamais de vague ni de vent sur cette mer ? Répond et interroge Horace de Fantenay en constatant comme la veille, la platitude de l’océan et l’absence totale de brise.

-        Seulement quand il y a des tempêtes. Informe Lady Dark.

-        Ha bon, et c’est souvent ? Se renseigne Childéric Halebard.

-        C’est très irrégulier, il peut y en avoir deux en une semaine comme une seule en deux mois au même endroit car en fait les tempêtes sont des phénomènes permanents qui se déplacent sur l’océan en ne couvrant que trois ou quatre kilomètres carrés. Sur les grands territoires il y à toujours un petit vent mais pas de tempêtes contrairement aux îles qui ont le même régime que l’océan. Explique Aline.

-        Vous aurez bien le temps de voir cela quand vous serez embarqués. Ajoute Gary.

-        Vous n’avez pas d’autre éclairage dans les tentes que les lampes à pétrole que je trouve dangereuses. Questionne Childéric Halebard.

-        Désolé, à Fantasmaginaire pas de petits boutons et prises sur les murs. Ricane Mike.

-        Il n’y a pas d’électricité ? S’étonne Childéric.

-        Non et quand les piles des lampes que nos amis nous ont données pour traverser les catacombes seront usées, elles ne serviront plus à rien et c’est bien dommage. Regrette Mike.

-        Pendant que j’y suis, intervient le mage en fouillant dans une de ses poches, je vous rends vos téléphones portables. Sur ma demande, Ellie les avait chargés avant de partir. Dit-il en posant les objets sur la table devant les regards surpris et curieux de l’ambassadeur et des officiers.

Les deux prédicateurs se précipitent sur les appareils, les mettent en fonction et composent immédiatement des numéros sur le minuscule clavier. Ils portent les engins à leurs oreilles et n’entendent que le silence.

-        Mais il n’y à pas de connexion par ici ! Peste Childéric en remarquant l’absence de témoin sur son écran.

-        Ha, ha, ha, ha ! Explose de rire le mage Arnak. N’espérez-pas de réponse à vos appels, à Fantasmaginaire quand les distances sont trop grandes ou de navire à la terre nous communiquons avec Oblitérétimbrés ha, ha, ha, ha ! S’amuse-t-il de la tête des deux prédicateurs.

-        Et c’est quoi des oblitémachintruc ? Sollicite Horace de Fantenay.

-        Ce sont des oiseaux d’élevage de la race des Bigofaunes. Ont leur fixe un message à la patte et ils s’envolent vers un foyer relais qui fera la transmission au destinataire du message. Pas besoin d’électricité, d’antenne ou je ne sais quoi d’autre, juste quelques graines et de bons soins ; c’est tout simple et très efficace. Explique le mage.

-        Des pigeons voyageurs, c’est ça ? Précise Horace.

-        Je ne sais ce que sont les pigeons voyageurs, mais si tu en fais la comparaison c’est que le procédé doit être identique. Répond Arnak en se tartinant grassement de marmelade de rondesun un morceau de pain.

-        Tu oublies, cher Arnak, que l’impératrice possède un système de communication tout aussi performant que leur téléphone portable. Relance Aline.

-        C’est exact mais pour ce qui est du cristal il est un peu trop grand pour tenir dans une poche. Plaisante-t-il.

Les deux prédicateurs font grises mines et rangent leurs téléphones inutilisables.

En fin de matinée la galère de l’impératrice mouille dans l’anse. Les prédicateurs n’en croient pas leur yeux ; jamais il n’avaient vu un navire aussi somptueux.
Mirabelle et le mage Arnak s’approchent d’eux.

-        Vous allez avoir le bonheur de monter à bord. Annonce Mirabelle.

-        C’est ce navire là sur lequel nous devons être enrôlés ? Se renseigne Horace de Fantenay.

-        Il ne vaudrait mieux pas, car si vous êtes affecté à une galère impériale c’est pour ramer jusqu’à la fin de vos jours. Répond-elle en ne dissimulant pas un petit rictus.

-        Si j’ai un conseil à vous donner c’est d’être très courtois avec l’impératrice. Adjoint le mage Arnak.

De la galère trois chaloupes sont mises à l’eau et se dirigent vers la plage. Une fois accostée,  le conseillé Hoducol descend et après les politesses d’usages félicite les missionnaires.

-        L’impératrice vous attend ! Les convie-t-il à, prendre place dans les chaloupes.

-        Pour ces deux là, vous les placez à l’arrière et vous les surveillez bien. Préconise Gary en désignant les prédicateurs.

Une quinzaine de minutes plus tard, ils sont à bord de la galère impériale. L’impératrice les accueille sur le pont où une grande table nappé de dentelles et couverte de bonnes choses à été dressée. Les missionnaires s’installent et les deux prisonniers sont commandés de s’asseoir contre le bastingage dont la lisse est en or massif.
Dorine, Aline, Mirabelle, Lady Dark, Gary, le mage Arnak et Mike racontent en raccourcis leur aventure dans l’autre monde en expliquant bien la particularité et l’action que les deux prédicateurs menaient engendrant la haine et par enchainement un prochain conflit généralisé qui, par la théorie du mage maintenant incontestable, aurait entrainé le monde de Fantasmaginaire dans la guerre. L’impératrice, le conseillé Hoducol et le ministre de la marine Toutalaram écoute avec attention et étonnement.
A la fin des récits, le mage Arnak en vient aux prisonniers et instruit l’impératrice du projet de les faire embarquer sur un navire Vagalâmeur.

-        Excellente idée ! Approuve l’impératrice. Mais je crains que le passage du Chym soit un échec.

-        On verra bien. Dit Gary.

-        S’ils sont refusés, je les prendrais à mon bord, je suis certaine qu’ils feront de bons rameurs. Prévoit l’impératrice comme solution de rechange.

-        Si je peux me permettre, impératrice, nous avons donné notre parole qu’une fois à Fantasmaginaire ils seraient libres. Ne croyez pas un seul instant que nous avons la moindre compassion pour eux, mais c’était une décision stratégique et on ne peut revenir sur une parole donnée. Alors, j’ai bien réfléchit et j’ai trouvé une solution de remplacement qui ne trahit pas notre parole. Dit le mage.

-        Dites cher mage, je suis impatiente. Presse l’impératrice.

-        Vous connaissez l’histoire du Bouchtrou, du Troudanlo et de l’île de l’ouest ? Demande le Mage.

-        Qui ne connait pas cette histoire ? Dit-elle en regardant en biais Hoducol.

-        Moi ! Lève la main Dorine en blaguant.

-        Promis je te la raconterais, rigole le mage avant de revenir plus sérieusement à la conversation. Je vous disais donc chère impératrice, que cette histoire m’a donné une idée. Cette petite île de l’ouest isolée dans notre océan n’est-elle pas l’exil idéal pour ces deux perfides ?

-        Vous croyez qu’ils vont y survivre ? Interroge l’Impératrice.

-        Aucune importance et s’ils désirent vivre et bien ils se débrouilleront comme les naufragés du Bouchtrou l’ont fait. Sur cette île, ils y seront parfaitement libres.

-        Il y a tout ce qu’il faut sur cette île. Affirme Mirabelle.

-        Je ne peux rien vous refuser mes amis alors si le Chym de Galoban ne laisse pas passer ces deux crapules, ils seront débarqué sur l’île de l’ouest. Conclus l’impératrice en levant sa coupe de champagne à bulle verte. Capitaine, cap sur Galoban ! Commande-t-elle.




 Episode 111



 Destination Galoban.



La galère file vers le port Végétateur et s’il n’y a pas de tempête en sept jours ils y seront.
Childéric Halebard et Horace de Fantenay ne sont pas enfermés et jouissent de la pleine liberté de leurs mouvements si ce n’est qu’ils sont en permanence accompagnés par deux gardes impériaux.
Sur la plage avant, Les missionnaires sont vautrés sur des tapis de coussins et discutent avec l’impératrice et le ministre de la marine.

-        Alors ainsi le capitaine Baccardi à élu domicile dans cet autre monde ? Dit l’impératrice en égrainant des baies orange à points bleus avant de les porter en bouche.

-        Oui et je vous en ai donné ses raisons. Répond le mage.

-        Qui un jour aurait pu croire un tel revirement ?

-        Ça ne m’a pas étonné. Dit Mike. Cet homme avait quelque chose de bon au fond de lui et celle-ci a petit à petit chassé le Kidnapingre qu’il était.

-        C’est pour le moins très singulier mais je dois reconnaitre que sa décision ne permet pas de penser le contraire. Juge l’impératrice.

-        Il a été un coéquipier modèle durant toute la mission. Ajoute Mirabelle.

-        Un ami ! Précise davantage le mage Arnak.

Pendant ce temps là, a l’arrière du bâtiment, les deux prédicateurs aussi font la causette.

-        Tu te rends compte Horace, la rampe du bastingage est en or massif, les vitrages en cristal et le rivetage en argent.

-        Oui j’ai remarqué et hélas ça conforte ce que tu disais au sujet de la réalité de ce que nous vivons. Nous ne sommes pas dans un décor truqué en carton pâte avec en fond des trompes l’œil. Nous sommes dans un quelque part bien concret et la question est ; où se situe vraiment ce quelque part ?

-         Et qui sont réellement ces gens ? Adjoint Childéric.

-        J’ai pensé que peut-être une puissante nation pouvait nous avoir kidnappés et avoir les moyens de tout cela. La Chine par exemple ; vu qu’ils n’étaient ni pour toi, ni pour moi.

-        Nos ravisseurs n’ont rien d’asiatique ! En supposant même que ce soit possible, crois-tu que les Chinois se serait embêter à teindre une mer ou un grand lac en violet, à produire un ciel rosâtre et à nous balader sur une luxueuse galère si nous étions leurs otages ? Les Chinois ne nous aimaient pas et si c’étaient eux, nous aurions déjà la tête tranchée. Rétorque Childéric en lissant de la paume l’or de la rambarde. Et puis, la Chine en passant par les catacombes de Paris ce serait très surprenant. Ajoute-t-il.

-        N’oublie pas que nous avons dormis et rien ne dit que ce fut qu’une seule nuit. Nous avons peut-être été drogué pour ne pas que nous nous rendions compte du temps écoulé. Nous avons été déposés dans une grotte ou une mine ailleurs qui n’a aucun rapport avec les catacombes.

-        Non Horace, je me suis réveillé au moins dix fois cette nuit là et tu peux être sûr que nous n’avons pas bougé.

-        Hum, c’est vrai que… En tout cas nous sommes quelque part et je suis persuadé que celui-ci est sur notre bonne vieille terre.

-        Je n’en sais rien Horace, je n’en sais rien…. Qui sont tout ces gens, des acteurs ? Veulent-ils tenter de nous rendre fou prenant exemple sur le scénario de ce vieux feuilleton ?

-        Quel feuilleton ? Interroge De Fantenay très intrigué.

-        Tu te souviens du prisonnier ?

-        Hoooo oui ! Tu penses que nous serions victime d’une puissante et sombre organisation ?

-        Tout est possible Horace, tout est possible…

-        Tu as entendu tout à l’heure ce que cette Lady Dark nous a annoncé ?

-        Oui…. Si on ne passe pas le Chym pour être embarqué, on nous envoie sur une île déserte.

-        Qu’est-ce que le Chym ? Pose la question Childéric.

-        Pour moi c’est comme une visite médicale et surement qu’avant d’être embauché sur un bateau tu dois satisfaire à un certain nombre de critères physiques.

-        C’est surement ça… Acquiesce à défaut de mieux Childéric. Tu vois ce sont des choses complètement loufoques comme dans le prisonnier.

-        Oui…. Peut-être… A vrai dire, loufoque pour loufoque, je n’aie pas le désir de jouer les Robinsons. Emet De Fantenay.

-        Je suis du même avis. A choisir je préfère être marin.

-        Mais aurons-nous le choix ?  Soupire Horace de Fantenay.

-        Pour le moment on n’a pas trop à se plaindre, pas de menotte ni cachot et une cabine plutôt confortable. Dit Childéric. Comme dans le prisonnier ! Ajoute-t-il avec une pointe d’humour.

-        Ce n’est pas ce qui me rassure.

-        Je vois que tu en es au même point que moi. Fait Childéric désabusé en regardant l’horizon.

Deux jours de navigation. Aujourd’hui une pêche au lapin de mer est organisée. Dorine va chercher les prédicateurs en leur annonçant qu’ils y sont conviés en tant que spectateurs.
Ce divertissement est pour eux inattendu. Ils découvrent avec frayeur ce qu’est un lapin de mer. Même quand celui-ci est hissé sur le pont à l’agonie transpercé d’un harpon ils ne s’en approchent pas de crainte que dans un dernier soubresaut, l’animal tente de les mordre. 
Ce soir le dîner sera un festin et Lady Dark elle-même va en cuisine aider à préparer les lapins de mer sauce Coco et le pâté d’oreille en gelée de ventilettes.
Sous les feux des lampes à pétroles la grande table est dressée sur le pont principal. L’impératrice préside le banquet. Un orchestre joue de longue et douces mélodies et le mage Arnak fait des tours de magie.
Childéric Halebard et Horace de Fantenay ne sont pas conviés à profiter de la fête et c’est consignés dans leur petite cabine qu’ils dînent en tête à tête.

6 jours plus tard ils entrent dans le port de Galoban et déjà prévenu, les autorités portuaires on fait les choses en grand pour accueillir l’impératrice mais aussi Dorine et Mike car nul sur les terres Végétateurs n’a oublié les deux héros. Ce retour d’élus sur leur territoire d’origine est une première depuis 450 années, époque où la loi interdisant aux élus de sortir des limites du territoire impérial de Fantasmaginaire, avait été promulguée.

Sur le quai d’honneur un grand tapis tissé de l’emblème de la marine Vagalâmeur couvre le pavé et bien en ligne, les quatre amiraux attendent la descente de l’impératrice et ses invités.
Tout autour, sur les murets, sur les tours, les balcons et les ponts des bateaux vagalâmeurs amarrés, les gens et les marins de tous grades, scandent les noms de Dorine et Mike en se bousculant pour les apercevoir.
Les deux prédicateurs consignés à bord n’en croient pas leurs yeux. Tout ici est tellement différent, l’architecture, les vêtements et ces étranges navires dont les sabords ouvert montrent la gueule des canons.
Tous en grande tenue, l’impératrice, le grand conseiller, le ministre de la marine et les missionnaires, Dorine et Mike en tête, empruntent la coupée et descendent sur le quai tapissé. La foule exulte, les amiraux avancent les bras ouverts et les gardes font une haie d’honneur.

-        C’est incroyable, regarde, ils sont accueillis comme des princes ! Constate De Fantenay effaré.

-        Je n’oserais dire comme des dieux mais… Adjoint Halebard.

-        Je crois que nous sommes bien loin de Paris ici. Soupire gravement De Fantenay.

-        De Bagdad, Istanbul et tout autre endroit de notre terre. Ajoute désappointé Halebard.

-        Mais où sommes-nous ?

-        Dieu seul le sait ! Fait Halebard d’un ton désabusé.

Ce soir à l’ambassade de Galoban, c’est grande réception et dîner suivi d’un bal et comme ni Dorine ni Mike ne sont raisonnables, ils seront tard dans la nuit raccompagnés à bord soutenu par des gardes impériaux.



Episode 112


 Petite mise au point.


Le lendemain matin, Mirabelle va secouer Dorine et Mike. Les deux amis émergent difficilement et n’ont qu’une idée en tête boire de l’eau fraîche et aller sous la douche.

-        Vous devriez avoir honte ! Les sermonne amicalement Mirabelle.

-        Pas de notre faute, c’est le champagne à bulles vertes, mon verre se remplissait tout seul. Invoque Dorine.

-        Oui c’est vrai, j’ai remarqué exactement le même phénomène dans le mien. Soutient Mike.

-        Quelle lamentable prestation ! Ah ils étaient coquets les héros ! Rigole Mirabelle.

-        N’empêche que j’avais plein de beaux garçons autour de moi. Se vante Dorine.

-        Et moi plein de jolies filles. Adjoint Mike.

-        Vous mériteriez une bonne fessée pour ne pas avoir su vous tenir. Préconise Mirabelle.

-        Ben… Non, pas trop envie ce matin, mais par contre si tu pouvais nous apporter deux aspirines ce serait parfait. Répond Dorine.

-        Pendant que tu y es rapporte la boîte. Ajoute Mike.

-        Je vais voir ce que je peux faire, mais dépêchez-vous de vous laver et vous habiller car dans une heure on conduit les deux prédicateurs au Chym. Annonce Mirabelle.

-        C’est vrai bordel, j’avais complètement oublié. Se rappelle Mike.

-        Ne faut pas rater ça. Dit Dorine en ouvrant les robinets de la douche. Viens Mike, je te savonne le dos.

-        Juste le dos ?

-        Juste le dos !

-        Bon… va pour le dos… Se résigne-t-il en pénétrant dans la douche.

-        Je vous attends pour l’aspirine et le petit déjeuner. Leur lance Mirabelle ironique en quittant la cabine.


45 minutes plus tard, toute l’équipe est prête. Les gardes impériaux amènent Childéric Halebard et Horace de Fantenay sur le pont.

-        En route messieurs, le Chym nous attend.

La petite troupe descend sur le quai et se dirige vers celui d’en face uniquement affecté aux navires Vagalâmeurs. En allant vers le bout du bassin, Horace et Childéric remarquent un bateau en très mauvais état arrivé à Galoban dans la nuit.

-        Ce n’est pas trop vous demander de nous renseigner sur ce qui est arrivé à ce bâtiment ? Demande Horace de Fantenay.

-         C’est un navire Creuztatomb qui a été attaqué ou a attaqué un navire Vagalâmeur, Kidnapingre, Crèvesueur ou Entoqué. Répond Gary.

-        Parce qu’en plus ils se font la guerre ? Questionnent avec stupéfaction le prédicateur.

-        On ne vous avait pas prévenu, croyez-vous que les canons à bord sont de la décoration ? Ricane Gary.

-        Comment ça, mais pas du tout ! Commence à s’angoisser Horace de Fantenay.

-        Et bien maintenant c’est fait, ha, ha, ha, ha ! Eclate de rire Gary imité par ses amis.

-        C’est… C’est une plaisanterie ! S’exclame rageusement Childéric Halebard.

-        Est-ce que les marins de ce navire Creuztatomb on l’air de plaisanter ? Montre Aline deux hommes sur la dunette arrière, l’un avec la tête bandé et l’autre le bras en écharpe.

-        Vous n’allez pas me dire que vous voulez nous faire enrôler sur un navire en guerre ? Questionne Childéric Halebard paniqué de cette possible perspective.

-        Mais si, il n’y a pas d’autre choix. Répond Mirabelle.

-        Comment ça « pas d’autre choix » ? Il n’y a pas de navire de commerce ou bien des paquebots de croisière pour les retraités ? Interroge De Fantenay.

-        Désolé messieurs mais chez nous il n’y a pas d’affectation particulière aux bateaux qui sillonnent l’océan. Ils sont tous de commerce autant que militaire. Précise Mirabelle.

-        Quant aux bateaux de croisière il n’y a que ceux de la marine impériale et vous n’y serez jamais invité. Ajoute Aline.

-        Et les bateaux de pêche ? Demande Horace en désignant de la main les quatre qui sont amarrés devant le marché aux poissons.

-        Ceux là restent en vue des côtes et toutes agressions envers eux sont interdites.

-        Et bien alors faites-nous embarquer pour la pêche ! Sollicite Horace de Fantenay.

-        Pas de place pour vous sur ces bateaux car vous n’avez aucune connaissance du métier ! Tranche le mage.

-        Nous ne serons pas plus en connaissance sur un navire de guerre ! rétorque Childéric.

-        Vous ferez comme les autres, vous apprendrez. Dit Gary.

-        Et vous apprendrez très vite car il en va de votre vie. Ajoute Lady Dark.

-        Nous ne voulons faire la guerre à personne ! Déclare Horace de Fantenay.

Le mage se retourne et l’attrape par le col.

-        Dis-moi De Fantenay, il me semble qu’il n’y a pas si longtemps vos prêches était plutôt de tonalité martiale n’est-ce pas ?

-        Mais… Mais… Ne sais pas quoi répondre le prédicateur.

-        Une véritable incitation à déclarer la guerre à tous les infidèles, impurs, opposants, prétendus pervers et j’en passe, n’est-ce pas ? Poursuit le mage en le fixant bien droit dans les yeux.

-        Ecoutez je… Enfin vous…

-        Et comme ton ami Halebard, tu avais les marchands et fabricants d’armes comme chaland si je ne m’abuse !

-        C’est… Mais…

-        Vos discours intégristes avaient déjà fait des centaines de morts en préambule d’un embrasement total ; vous d’un côté et de l’autre votre ami Halebard. Des milliers… Des millions et peut-être même des milliards de morts prévus n’est-ce pas ?

-        Le tout puissant m’avait missionner et… Essaye de se justifier le prédicateur.

-        Et le tout puissant dans son infini bonté histoire de ne pas faire de jaloux avait également missionné ton ami Halebard hein ? S’emporte le mage.

-        Mais… Mais non…

-        Mais si, n’est-ce pas Halebard ?

-        Oui bien entendu mais… Ce n’est pas ainsi qu’il faut appréhender les choses. Tente d’expliquer Childéric Halebard.

-        Taisez-vous tous les deux ; vous n’êtes que de fanatiques criminels et je vous méprise ! Alors oui, vous allez être embarqué sur un navire militaire Vagalâmeur et vous pourrez toujours invoquer qui vous voulez, mais je doute d’une réponse et la réalité pour vous deux n’aura d’autre logique que votre propre survie. Rien de morale, de spirituel ni rien de politique…. Uniquement vous et votre instinct de conservation ! Le monde de Fantasmaginaire est différent du votre ! Chez vous le bien et mal vivent en compagnie dans les mêmes lieux, ici, tout ce qui compose le bien et le mal à ses propres territoires et se défie sur un unique océan. Etrange conception j’en conviens, mais le monde de Fantasmaginaire ne serait-il pas simplement la définition de ce que tremblant vous nommez du bout des lèvres en fermant les yeux ?

-        Que nommons-nous tremblant du bout des lèvres en fermant les yeux ? Ne comprend pas De Fantenay.

-        L’enfer ! Celui que vous ne cessiez de promettre à tous ceux qui ne vous baisaient pas la main ! Répond sans détour le mage Arnak.

-        Que… Que voulez vous dire ?

-        Rien de plus que ce que je dis…. Mais pourquoi l’enfer d’ailleurs ? Pourquoi ne serait-ce pas le paradis après tout ? Poursuit le mage sans lâcher le col de prédicateur.

-        Vous ne pensez pas que le paradis ressemble à cet endroit ! S’offusque Horace de Fantenay.

-        Je ne pense rien, je suppose ! Ce sera à vous de vous faire une idée plus précise du monde de Fantasmaginaire si vous vivez assez longtemps pour ça.  Alors maintenant en route, le Chym attend. Libère-t-il le col du prédicateur décomposé.

Une fois le tour du bassin fait, la troupe escortée par des gardes impériaux arrive à l’entrée du quai  où sont amarrés une dizaine de bâtiment Vagalâmeurs.
Gardant le passage sous l’ombre d’un muret de granit est assis le Chym. Dorine et Mike le reconnaissent, c’est le même qui leur avait accordé le droit d’embarquer quand, tout récents majeurs, ils avaient été vers ce quai pour prétendre à la quête. Ce chym n’avait donc depuis le temps, pas été remplacé par une autre ou un autre infortuné décédé de vieillesse sur l’océan.
Pour le moment, les deux prédicateurs ne prêtent aucune attention à cette forme squelettique en guenille. La tête basse et accablés, ils avancent en regardant le pavé.

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