LECTURE DE LA SAGA

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Il en sera de même pour Fantasmaginaire 2, 3, 4 et 5.

samedi 10 mai 2014

F4 épisodes 1, 2, 3.






FANTASMAGINAIRE 4            HASARD D’AVANCE ECRIT 


Episode 1

Loup de mer.

3 Juillet 8H52, centre ville de Vannes, Mikael sort de l’hôtel bagages en mains pour charger sa moto. Hier soir, venu de la banlieue Parisienne il était trop fatigué pour chercher un terrain de camping et planter sa tente alors, solution de facilité, il avait choisit de prendre une chambre.
Arrivé de la petite rue d’en face un poids lourd tente de s’engager mais une voiture en stationnement l’empêche de manœuvrer. Le conducteur sort de sa cabine. Un homme assez grand, costaud avec sur la tête une casquette de marin. Couvrant son torse puissant, un léger pull rayé et au dessous un pantalon à pont pattes d’éléphant. Un vrai loup de mer, pense Mikael en regardant l’homme se diriger vers le café de l’angle.
Quelques secondes plus tard il ressort accompagné d’un autre homme.

-        Si tu ne la bouges pas ta charrette je passe ma remorque dessus ! Menace sèchement le conducteur en ouvrant la porte de sa cabine.

-        Ouais t’énerves pas, j’vais l’amarrer ailleurs, pas la peine de gueuler. Lui rétorque l’autre en s’installant au volant de sa voiture.

Une fois l’angle du trottoir dégagé, le conducteur du tracteur manœuvre mais la rue est étroite et il lui faut reculer, puis avancer, encore reculer… La cabine frôle l’auvent du café et l’arrière de la remorque le mur de l’habitation. Derrière lui ça use de l’avertisseur et dans la rue perpendiculaire les quelques automobilistes coincés commencent à s’impatienter. Une fonctionnaire de police arrive et constate le blocage. Le conducteur poursuit sa manœuvre et petit à petit avance. La policière lui fait signe d’activer. L’homme sort la tête de la cabine.

-        Tu veux que je te passe le manche peut-être ? Lui demande-t-il.

-        Monsieur vous gênez la circulation alors je vous prie simplement de vous activer à dégager la rue. Répond-elle.

-        Ha ouais, et bien faudra attendre un peu ma belle car je n’aie pas l’intention d’arracher l’auvent du bistro ni d’amocher mon millepattes. Alors ça prendra le temps que ça prendra ! Poil au doigt.

-        Ne me faites pas perdre patience monsieur, je pourrais verbaliser pour entrave à la circulation.

-        Fais comme tu veux ma belle, je m’en fiche complètement et en plus ça ne fera pas aller plus vite la manœuvre. Réplique le conducteur tout en continuant à faire progresser son attelage.

Un automobiliste invite la fonctionnaire à verbaliser.

-        Hey l’hurluberlu cravaté, tu vas remette ton cul dans ta bagnole et la boucler parce que si je descends, je vais te faire passer le goût des prunes ! Lui envoie le chauffeur du camion en faisant les gros yeux.

Dix minutes plus tard, il arrive à faire tourner son attelage dans la rue sans rien accrocher. Il se penche à la fenêtre de sa cabine et :

-        Tu vois ma belle, c’est bon. Mais entre nous si tu m’avais collé une prune, je te flanquais une bonne fessée au milieu de la rue. Plaisante-t-il.

-        Ne dites donc pas de bêtise et circulez ! Lui commande la fonctionnaire.

-        Si, si madame, une bonne fessée la jupe troussée. Insiste-t-il le regard brillant de malice.

Mikael entendant le dialogue esquisse un sourire et ses joues rougissent un peu ce qui n’échappe pas au chauffeur du camion mais ce n’est pas ça qui surprend le plus ce dernier. L’homme fixe Mikael puis :

-        Hey Mike ! fait-il. Mais que fais-tu par ici, je croyais que tu étais retourné sur ta planète ? Ha, ha, ha, ha ! L’interroge-t-il hilare en usant un peu de son avertisseur à deux tons.

-        Mais…. Je ne m’appelle pas Mike et il me semble ne pas vous connaitre. Réplique Mikael avec stupéfaction.

-        Dis-moi moussaillon, c’est ton sport favori de monter des baraques ? En tout cas moi je me souviens bien de tes fesses et de la fessée que je t’aie flanqué il y a bien deux ans de ça.

Le visage de Mikael rougit d’un coup. Mal à l’aise il regarde autour de lui tous les témoins en ébauchant un sourire forcé. Il lui faut vite reprendre la main.

-        Je crois monsieur que vous devez faire erreur ! Renvoie-t-il au chauffeur d’un ton hautin. Je ne vous aie jamais vu ni de près ni de loin et encore moins vous montrer mes fesses.

-        Sacré Mike ! Enfin…. Pas grave…. Hausse les épaules le chauffeur.


La fonctionnaire de police s’énerve.


-        Je vous ordonne de circuler alors ouste sinon j’appelle les collègues et on vous embarque au commissariat. Hausse-t-elle le ton.

-        J’y vais, j’y vais ! Poil au perroquet ! Dit-il en passant la première vitesse.

Le poids lourd s’éloigne lentement dans l’étroite rue suivit d’une longue file de voiture. La fonctionnaire se tourne vers Mikael.

-        Ne vous formalisez pas jeune homme, c’est monsieur Bonemain, on a l’habitude. Il vient souvent livrer en ville. C’est une tête de lard, mais pas méchant pour deux ronds. L’instruit-elle.

-        Sauf qu’il ne faut pas trop lui marcher sur les pieds plusieurs fois parce sinon il vous casse en deux. Ajoute le patron de l’hôtel en rigolant fort.

-        Je vous assure que je ne le connais pas, en plus je ne m’appelle pas Mike ! Drôle de bonhomme ! Soupire Mikael.

-        Ne faites pas attention, c’est du Bonemain tout craché. C’est un blagueur et provocateur. Répond la fonctionnaire.

Mikael pouffe et fini d’arrimer ses bagages. Il introduit sa clef dans le barillet et d’une petite pression sur le contacteur du démarreur fait vrombir le bicylindre. D’un signe il salue le patron de l’hôtel et la policière, verrouille son casque et s’éloigne.

Mikael roule le long du golfe du Morbihan. Il n’est pas pressé il dispose de deux semaines avant de se rendre dans le Sud-ouest. Il y a trois mois, il s’est inscrit à l’institution Lafleurodent. Là-bas il sera élève une dizaine de jours et il compte bien ne pas être un élève modèle pour être puni comme il se doit ; ainsi est son fantasme. Justement, pense-t-il, pourquoi ce chauffeur lui à parlé de fessée ? C’est certain il ne le connait pas, mais la coïncidence est troublante.

Il est 16 heures, à la terrasse d’un café de Locmariaquer il se désaltère sous l’ombre reposante d’un parasol. Le regard perdu sur le golfe ensoleillé, il fantasme ce que sera son séjour à Lafleurodent.
Peu de temps après, un poids lourd stationne en face, Mikael reconnait de suite l’engin de marque d’outre Rhin de monsieur Bonemain et ce n’est pas ce qui lui fait le plus plaisir.
Ce dernier descend de sa cabine et fait un rapide tour de son attelage avant de se diriger vers le café.
En passant devant la table où est installé Mikael il dit :

-        Holà moussaillon, tu n’es pas allé bien loin. Poil aux seins ! Tu as retrouvé la mémoire.

Le jeune homme répond simplement d’un signe de tête négatif et d’un sourire poli n’ayant visiblement pas envie de converser avec cet homme.

Une dizaine de minutes plus tard, après avoir chahuté la patronne, monsieur Bonemain sort en terrasse avec sa bière en main. Il avise la table de Mikael et demande s’il peut s’y installer pour lui tenir compagnie. Le jeune homme est tenté de refuser mais au fond de lui il est curieux de savoir qui est cet homme qui le prend pour un certain Mike. Alors, d’un geste il lui fait signe de prendre place.

-        Alors Moussaillon en ballade ? Questionne Bonemain en posant ses avant bras musclés sur le faux marbre de la table.

-         Heu oui… Je viens visiter la Bretagne pendant une dizaine de jours avant de descendre dans le sud ouest. Répond Mikael.

-        C’est bien ça, c’est sympa le golfe du Morbihan.

-        Oui c’est très beau parait-il.

-        C’est ta bécane ? Demande Bonemain en montrant du doigt la machine stationnée sur le trottoir.

-        Oui monsieur !

-        Belle mécanique ! ça doit peser ? Poil aux pieds.

-        280 kilos ! Répond Mikael.

-        Ben… Ça ne doit pas être facile à mener surtout avec les bagages.

-        C’est une moto très bien équilibrée et c’est bien plus commode à piloter que votre camion.

-        Un millepattes Moussaillon pas un camion ! Rectifie assez sèchement Bonemain.

-        Je n’y connais pas grand-chose. Ricane Mikael.

-        Et tu vas où maintenant ?

-        Je vais essayer de trouver un terrain de camping pour planter ma tente et demain j’irais un peu plus loin.

-        Au mois de juillet les campings sont plutôt chargés. Je ne sais pas si tu vas avoir de la place. Prévient Bonemain en portant son verre de bière à ses lèvres.

-        Je n’aie pas besoin de grand-chose, c’est une petite tente.

-        M’ouais… Peut-être un peu plus dans les terres que tu dénicheras un emplacement mais sur le bord de mer, crois-moi c’est râpé !

-        Je m’enfoncerais dans les terres alors. Prévoit Mikael en cas d’échec sur le bord de mer.

-        C’est le mieux. Poil aux yeux !

-        Vous ne m’appelez plus Mike maintenant ? Interroge Mikael avec ironie.

-        Ben non, en fait tu lui ressembles beaucoup ; il est comme toi roux, mais à y regarder de plus près, Mike était un peu plus petit, le visage plus rond, pas la même voix, peut-être aussi plus jeune et ne portait pas de lunettes ! Tout le monde a des sosies. Tu es celui de Mike !

-        Ça ne peut être que ça. Conclu Mikael.

-        Tu ne viens pas d’une autre planète ? Interroge Bonemain en se moquant.

-        Qui moi ? Non pas du tout ! Mais pourquoi me demander ça ?

-        Parce que le Mike en question, avec sa bande ont tenté de me faire gober ça, ha, ha, ha ! Rigole Bonemain.

-        Ha bon ?

-        Ils voulaient tous me monter une baraque mais on ne me la fait pas à moi. Poil aux anchois !

-        Je m’en doute et en plus, un truc comme ça c’est trop gros ou alors faut être vraiment naïf. S’en amuse Mikael.

-        Tu n’as pas de frère qui s’appelle Mike ? Ou un cousin ? Interroge encore Bonemain.

-        Non pas de frère et mon cousin ne se nomme pas Mike. La seule chose à quoi me fait penser Mike, c’est un personnage de bande dessinée.

-        Excuse de la méprise ce matin alors. Dis-moi moussaillon, tu t’es bien amusé quand j’ai menacé la fliquette d’une fessée. Poil au nez !

-        Ha oui… Oui bien sur cela aurait été très drôle, mais je crois que vous auriez eut des ennuis après.

-        Sauf si elle aime, ha, ha, ha, ha ! Rigole Bonemain.

-        Heu… Oui… Evidement. Répond Mikael en baissant les yeux.

-        Par contre évite de rougir comme ça dans la rue quand quelqu’un parle de fessée. Ha, ha, ha, ha !

-        Moi, je… Non ! Répond Mikael en rougissant une nouvelle fois.

-        Ho que si moussaillon, tu étais comme une tomate quand te prenant pour Mike je t’aie dit que je t’avais flanqué une bonne fessée. Poil aux nénés !

-        Oui… Enfin non… Je ne me suis pas rendu compte que…. Je ne vois pas pourquoi d’ailleurs. Bafouille Mikael un peu embarrassé ce qui n’échappe pas à Bonemain.

-        Ça te trouble qu’on parle de fessée ?

-        Moi ? Heu… Je…

-        Ça te trouble hein ?

-        Non… Non !

-        Mais si moussaillon je le vois ! Poil au roi !

-        Mais non, enfin… Vous savez la fessée c’est plutôt des souvenirs d’enfance alors…

-        Hé oui des souvenirs ! Ha, ha, ha, ha ! Toi aussi tu as dû en prendre hein ?

-        Oui bien sûr comme un peu comme pas mal de gosse. Répond Mikael.

-        Sais-tu moussaillon qu’il y a beaucoup d’adultes qui la reçoivent encore.

-        Oui je sais, j’ai vu sur internet que c’était un fantasme assez répandu.

-        Et toi ?

-        Moi ? Mais… Quoi ?

-        Qu’en penses-tu ?

-        Je… Chacun fait ce qu’il veut. Estime le jeune homme très gêné ce qui régale monsieur Bonemain.

-        Tu sais moussaillon, il faut toujours assumer son fantasme et il n’y a aucune honte à ça.

-        Oui vous avez surement raison. Approuve Mikael du bout des lèvres.

-        Et si quelqu’un te rougit les fesses c’est parce que tu es consentant. C’est une condition incontournable hein ?

-        Consentant ? Oui bien sûr il le faut certainement.

-        Le tout est de tomber sur une fesseuse ou un fesseur bien et respectueux. Poil aux gueux !

-        Sans doute. Répond Mikael en évitant toute certitude.

-        Imagine moussaillon, si une fesseuse ou un fesseur te fesse rien que pour se faire un petit plaisir sadique, tu vas en ressortir les fesses en marmelade et sans satisfaction. Tu n’aimerais pas hein ?

-        Qui moi ? Mais… Se défend Mikael de moins en moins à l’aise.

-        Je te dis ça comme ça ; toi ou quelqu’un d’autre.

-        Oui, je suppose que oui…. J’imagine que cette personne ne serait pas contente.

-        C’est pour ça moussaillon qu’il faut toujours faire attention à qui on prête ses fesses Ha, ha, ha, ha ! Rigole fort Bonemain.

-        Heu et vous…. Enfin je veux dire que vous ? Interroge Mikael.

-        Si je donne des fessées ? C’est ça que tu veux me demander ?

-        Oui… Vous avez dit en avoir donné une à ce Mike.

-        Bien sur que j’en donne, mais surtout aux dames qui me sollicitent ! Répond franchement Bonemain.

-        Mike était une dame ? Plaisante Mikael.

-        Hey moussaillon tu me chambres ?  Fronce les sourcils Bonemain en le fixant droit dans les yeux.

-        C’est bien vous qui avez dit que vous aviez donné une fessée à Mike ?

-        Et bien oui je fesse aussi les mecs s’il le faut ! Ajoute-t-il sans quitter des yeux le jeune homme.

-        Ha ?...

-        Ha, ha, ha, ha ! Sacré moussaillon, parler de fessée te plait ? Ha, ha, ha, ha !

Mikael esquisse un sourire et fini son Coca.

-        C’est plutôt une discussion surprenante ! Ce n’est pas un sujet très prisé. Constate-t-il.

-        Hey moussaillon, je t’aie à la bonne alors je vais te proposer un truc. Pas la peine de t’emmerder à chercher un camping et brûler du pétrole pour rien. J’ai ce qu’il te faut. Poil au dos !

-        Ha bon ? S’étonne un peu Mikael.

-        Oui moussaillon, si tu veux tu peux planter ta tente dans mon jardin. C’est à Kerouarc’h, à quelques kilomètres d’ici.

-        Dans votre jardin mais ?

-        Dans mon jardin oui ! Bien sûr tu auras les sanitaires de l’habitation et on bouffera ensemble, je suis bon cuisinier moussaillon. Alors, ça te dit ?

-        Ben…. C’est gentil mais je ne voudrais pas déranger.

-        Tu ne dérangeras personne moussaillon, ma femme est chez les Parigots pour deux semaines. Pfff, six mois de mariage et elle est déjà à droite et à gauche ; alors tu vois. Viens donc planter ta toile, ça te fera des économies et entre nous je suis certain que tu ne le regretteras pas. Poil au radada ! Dit Bonemain en lui faisant un clin d’œil.

-        Vraiment c’est gentil monsieur Bonemain.

-        Tu t’appelles comment moussaillon ?

-        Mikael !

-        Alors en route Mikael, tu suis la semie ! Impose-t-il en écartant tout refus.

-        Oui, je vais payer ma consommation et je vous offre aussi votre bière.


-        Voilà ce que j’aime entendre moussaillon. Poil au cornichon !






Episode 2


Le territoire du loup de mer.


Mikael suit le poids lourd en gardant une bonne distance de sécurité pour se prémunir des brusques coups de frein.
Quelques minutes plus tard ils traversent Kerouarc’h et un peu après le village, l’attelage entre dans une cours pavées puis s’arrête. A droite une jolie maison toute blanche avec une toiture d’ardoise. Les cheminées prolongent le haut des pignons et les gros volets de bois sombre tranchent avec la blancheur de l’habitation.
Monsieur Bonemain descend de sa cabine et invite Mikael à ranger sa moto sous l’abri adossé à la maison.

-        Elle sera bien là et ainsi, s’il pleut elle ne sera pas mouillée. De toute façon, en Bretagne il ne pleut que sur les cons ! Dit-il.

D’un geste l’homme invite Mikael à le suivre et lui fait découvrir le grand jardin qui s’étend derrière la bâtisse.

-        Voilà moussaillon, tu as de la place pour planter et le terrain est plat. Je te laisse t’installer, moi je vais m’occuper de mon tracteur. Poil au cœur ! Fait-il en retournant vers la cour.

Mikael avise l’espace et choisit un carré de pelouse entre deux chênes. Il défait ses bagages et monte sa tente. Une fois tout installé, le matelas gonflé et le duvet déplié il s’assoit dans l’herbe et contemple la maison en songeant.
Qu’est-ce que je suis venu faire ici et pourquoi j’ai accepté l’invitation de cet homme ? Se pose-t-il la question.
Il ne sait s’il doit regretter ce choix mais quelque chose le retient de partir. Sans doute le fait que cet homme lui ait avoué être un fesseur avait pesé dans la balance mais n’avait-il pas pris de gros risques ? Après tout, que savait-il de lui sinon que c’était une figure locale surtout connu pour être une tête de lard et une grande gueule. Il ne doutait pas que l’homme, sans pour cela en avoir la certitude, avait deviné que la fessée ne le laissait pas indifférent. Avait-il sauté sur cette présomption avec l’intention d’en profiter ? Mikael avait déjà été fessé deux fois par des hommes et pour un seul, il en avait tiré du plaisir. C’était certes un plaisir différent que d’être fessé par une femme mais il ne le boudait pas trouvant l’humiliation diversement pimentée. Pour le présent Mikael n’a qu’une crainte c’est d’être tombé sur un prédateur et dans sa tête il extrapole déjà des possibilités de fuite. Il se lève, va vers l’abri et tourne sa moto l’avant vers le portail qui ne semble jamais avoir été fermé tant l’herbe à poussée aux pieds des vantaux ouverts.
Un peu plus loin, l’homme passe l’aspirateur à l’intérieur de sa cabine. Mikael revient vers sa tente. Peut-être que ce conducteur ne l’a invité uniquement par gentillesse et n’a aucune intention d’abuser, pense-t-il. Une bonne aubaine mine de rien car il est vrai qu’en cette saison les campings sont bourrés et qu’il n’est pas impossible qu’il dû faire beaucoup de kilomètres avant de trouver une place. Ce Bonemain est un drôle de bonhomme, qui sait s’il est vraiment comme il le prétend un fesseur et que des dames le sollicitent ? Après tout ce n’est peut-être qu’un plaisantin qui aime faire marcher les gens ? De toute façon si les choses deviennent louches, Mikael ne restera pas et c’est pour cette raison qu’il n’a déballé qu’un minimum de bagage. Pour le moment, autant ne pas paniquer inutilement.
Il ferme la tente et retourne vers la cour.

-        Voulez-vous un coup de main ? Propose-t-il à Bonemain.

-        C’est sympa moussaillon mais je préfère m’en occuper tout seul. Répond l’homme en  allumant le jet.

-        Je ne peux rien faire pour vous ? Insiste Mikael.

-        J’en aie encore pour un bon quart d’heure alors si tu veux, tu entres dans la maison tout droit dans la grande salle. A ta droite il y a un grand buffet, porte de droite tu sors la bouteille de jaune, porte de gauche deux grands verres et tu les mets sur la table. Ensuite tu vas dans la cuisine et tu mets des glaçons dans un bol. Tu sauras faire ça ? questionne-t-il.

-        Je pense que oui.

-        Tu retires tes godasses pour entrer, il y a des pantoufles à la gauche de la porte.

-        D’accord monsieur !

Mikael fait comme bonemain le lui a dit. Un peut plus tard l’homme entre, se lave les mains et pénètre avec un grand sourire dans la grande pièce ornée d’une magnifique cheminée de granit.

-        Tu aimes le jaune moussaillon sinon j’ai autre chose ? Poil au bébé rose ! Demande-t-il en ouvrant la bouteille.

-        Non c’est très bien, ça me va. Répond Mikael.

Ils s’assoient l’un en face de l’autre.

-        Alors c’est quand même plus chouette qu’un terrain de camping où les mômes des voisins envoient leur ballon dans ta toile et où tu respires les odeurs de cuisine des autres non ?

-        Oui c’est sûr ! Rigole Mikael en imaginant la scène.

-        Tu as quel âge moussaillon ?

-        23 ans ! Répond Mikael en mettant deux glaçons dans son verre.

-        Tu es un jeune blanc bec ! Rigole-t-il.

-        Jeune c’est sûr mais « blanc bec ça reste à voir… Et vous, combien d’années au compteur ? Répond Mikael.

-        J’ai la quarantaine et je ne suis pas pressé de sauter les années. Tu aimes le gigot ?

-        Oui !

-        Très bien, c’est ce qu’on a pour souper. Annonce Bonemain.

-        Vous me dites pour les frais, je ne veux pas...

-        Tu ne veux pas quoi moussaillon ? Tu es chez bonemain là, alors tant que je ne te demande rien, tu ne dis rien ! D’accord moussaillon ?

-        Ben… Oui d’accord !

-        Buvons moussaillon !

Un peu plus tard l’homme allume la télé et s’éclipse dans la cuisine. Mikael visite d’un regard un peu plus approfondis la grande pièce qui donne par des portes fenêtres à petit carreaux sur le jardin. Les murs sont blancs et les boiseries et meubles de chêne foncé. De grosses poutres soutiennent le plafond et un lustre en fer forgé. Une photo de son attelage orne le mur en face de la cheminée et entre les portes fenêtres sont exposées de vieux outils. Le sol est pavé d’un carrelage de terre cuite rouge brillante d’usure. Au centre une table de chênes, six chaises de même facture, à coté du buffet, un canapé de cuir patiné propose une confortable assise devant le plateau de pierre d’une petite table basse aux pieds forgés. La pièce est bien meublé, sans lourdeur et agréable à vivre.
Monsieur bonemain revient.

-        Ça chauffe moussaillon, on s’en remet un ? Poil au jardin !

-        Heu… Oui…

-        Je ne t’oblige pas !

-        Non bien sûr, mais je vais me laisser faire.

-        Holà moussaillon, fait bien attention à qui tu parles quand tu dis « Je vais me laisser faire » Ha, ha, ha, ha !

Mikael esquisse un petit sourire.

-        Demain je n’aie pas de fret, je vais te faire découvrir un peu l’endroit. Tu es partant moussaillon ? Propose Bonemain.

-        Si ça ne vous dérange pas votre emploi du temps.

-        Si c’était le cas, je ne t’aurais rien dit !

Un bon dîner, monsieur Bonemain parle de la Bretagne et de quelques souvenirs de jeunesse.
C’est tard dans la soirée que Mikael rejoint sa tente, s’enfile dans son duvet et s’endort.





Episode 3


Le moussaillon de monsieur.


Un matin doux comme la Bretagne en été sait en offrir. Mikael ouvre les yeux et le grand jour allume sa toile de tente. Il se sort du duvet avec des gestes encore empâtés de sommeil puis se frotte le visage. Il cherche un moment ses lunettes et les ajuste sur son nez. Il attrape son blues jeans, l’enfile et se couvre d’un sweet.
Entre le pousse et l’index il serre la tirette de la fermeture éclair et ouvre en grand. Une rasade d’air pur pénètre dans la tente, il en respire de longues bouffées.
 En face les volets et les portes fenêtres sont grandes ouvertes.
Il sort de la tente et s’étire. Le soleil l’enroule d’une douce tiédeur.

-        Hey Moussaillon, viens donc prendre un petit déjeuner ! L’interpelle Bonemain en sortant sur la terrasse.

Mikael s’approche à petit pas empesés. L’homme l’attrape par une épaule et le secoue rudement.

-        Holà moussaillon faut te remuer un peu ! Viens le café est chaud l’entraine-t-il dans la grande pièce non sans lui avoir fait retirer ses chaussures.

Petit déjeuner achevé, Bonemain débarrasse la table et :

-        Tu as des affaires de toilette moussaillon ?

-        Oui monsieur.

-        Très bien, la salle de bain est à l’étage en face de l’escalier. Vas donc prendre une bonne douche ça va te redonner un peu de tonus. Poil au cubitus !

Une bonne trentaine de minutes plus tard, Mikael redescend tout frais et rasé de près.

-        Cet après midi moussaillon, je t’emmène à la pêche, j’ai un petit bateau. Ça te va ? Lui propose Bonemain.

-        Oui, extra ! J’aime bien la pêche.

-        A la bonne heure, mais tu ne vas pas y aller comme ça, il te faudrait des vieilles fringues  parce que tu vas pourrir ton jeans et ton swett et en plus ils vont chelinguer le poisson. Tu n’as pas un vieux froc et un maillot ?

-        Perso, je n’aie pas de vieux vêtements, je n’avais pas prévu. S’excuse Mikael.

-        Attend, en réfléchissant bien je crois que j’ai quelque chose pour toi. Ho oui, avec ça tu auras l’air d’un vrai moussaillon, je crois que ça va t’aller. Annonce l’homme en quittant la grande pièce.

Un petit moment plus tard il revient et dépose sur la table des vêtements. Il y a une vareuse en jeans avec un col à liserés, un maillot rayé et un short à pont de même tissu que la vareuse.

-        Voilà,  Un souvenir de mon frangin qui à fait son temps dans la royale. Je suis sûr que c’est à ta taille, mon frangin n’était pas plus épais que toi. Dit-il.

-        Mais ? Je ne vais pas mettre ces habits je… Ne semble pas d’accord Mikael.

-        Aurais-tu l’intention de déroger aux ordres de ton capitaine moussaillon ? Hausse le ton Bonemain en adoucissant le verbe d’un sourire.

-        Voyons monsieur, je vais être ridicule !

-        Foutaise moussaillon, jamais tu n’auras été aussi beau ! Alors tu ne discutes pas et tu vas m’essayer ça ! Au moins si tu les salis ou que tu les déchires, ce ne sera pas grave ; en plus tu vas prendre des couleurs sur les jambes, c’est bon pour la santé ! Poil aux pieds panés !

-        Heu… Bon… C’est bien pour vous faire plaisir. Finit par accepter Mikael ne voulant pas froisser l’homme.

Lorsqu’il revient costumé, Bonemain constate le résultat avec un petit sourire satisfait.

-        Voilà ! Là tu es un vrai moussaillon ! Mon moussaillon !

-        Vous croyez ?

-        Mais oui, tu vas faire tomber toutes les dames.

-        Je vais plutôt les faire rire. Reprend Mikael.

-        Tu rigoles, les gonzesses elles en pincent toutes pour les matelots. Et dis-toi bien que si tu fais marrer une femme, c’est déjà un bon point moussaillon. A midi je t’invite chez Garcette. Une amie, elle tient un gastos sur le port de Locmariaquer.

-        Un resto vous voulez dire ?

-        Oui un resto ! Traduit l’homme.

-        Et je n’y vais pas comme ça j’espère ?

-        Ho que si moussaillon parce juste après le repas on embarque. pour le moment, on va aller au ravitaillement à Auray. Prévoit Bonemain.

-        Je peux me changer quand même pour Auray ?

-        Bien sûr, je ne vais pas te trimballer ainsi en ville, ha, ha, ha, ha ! C’est bon pour la pêche et le bateau.

Mikael retourne à sa tente, remet son jeans et son sweet. Sur la pelouse, Bonnemain le presse.
Mikael suit L’homme ; ils montent à bord de l’automobile et partent en direction de la ville.

Passer inaperçu accompagné de monsieur Bonemain est carrément illusoire. L’homme est connu de presque tout le monde que ce soit en bien ou en mal. Le pauvre Mikael n’est vraiment pas à la noce, mais il finit par s’habituer.



Tout en faisant la tournée des commerçants, ils ne manquent pas de s’arrêter dans un bistro où monsieur Bonemain s’engueulera copieusement avec un homme qui n’était pas d’accord avec lui sur la politique de la sécurité routière. Il a de la voix le Bonemain et vouloir gueuler plus fort que lui relève de l’exploit.
Une fois revenus à la maison, ils rangent les vivres au frigidaire et le reste dans les placards.

-        Alors moussaillon, c’est sympa Auray ? Interroge Bonemain.

-        Oui une belle petite ville et très animée.

-        C’est parce qu’on est en période estivale mais l’hiver c’est plutôt mort. Poil au matador !

-        J’ai bien cru que vous alliez vous battre avec l’autre dans le café.

-        Penses-tu, ça braille un peu mais ça ne va pas au-delà et puis il ne ferait pas le poids. Ha, ha, ha, ha ! Rigole Bonemain.


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