Episode 71
Ce qui est fait est fait.
Une fois dans le couloir Jack ressent comme un remord de
n’avoir pas laissé faire Iris. Une fessée donnée par une commissaire principale
pendant un interrogatoire ce n’est pas banal et il est presque certain que cela
lui aurait procuré un subtil plaisir.
Il descend d’un niveau et entre dans le grand salon où
monsieur Potopheu lit son journal. Il lui demande où se trouve Melle Véra et le
cuisinier lui indique qu’elle est en compagnie de Baccardi et Agramant sur la
terrasse.
Jack s’y rend et de suite monsieur Agramant lui demande
comment l’entretien c’est passé. Jack répond que tout va bien et que les
soupçons qui pesaient sur l’achat de son 2 pièces à Toulouse avec une partie de
la supposée somme d’argent détournée sur la vente du château étaient levés car
infondés. Mensonge qui dissimule l’exact déroulement de l’entretien qu’il ne
faut pas dévoiler devant Agramant.
Mensonge final de toute une intrigue qui ne tiendra pas
très longtemps car d’ici peu, la commissaire principale va officiellement les
inculper et la vérité sera divulguée à Marie, Clairette, Beka, Ours, Agramant
et Potopheu. Elle le sera même bien au-delà car tous les médias du monde vont
se précipiter. Jack est songeur et espère de toutes ses forces que le
stratagème mis en place avec le mage Arnak va porter ses fruits et stoppera
définitivement cette machine infernale. Machine qu’il voit dans son esprit le
broyant et le jeter désarticulé dans l’ombre d’une cellule d’où il ne sortira jamais.
Jack rejoint Ellie qui tape en solitaire dans un ballon
sur la pelouse.
- Où sont
les autres ? Demande-t-il.
Ellie relève ses lunettes de soleil sur le haut de son
front.
- Ils sont
allés se balader dans le parc. L’informe-t-elle. Alors qu’est-ce qu’elle t’a raconté la sorcière ?
Interroge-t-elle.
- Tu ne
devineras jamais ce qu’elle avait imaginé pour me soutirer des renseignements.
- Elle t’a
promis que si tu balançais le juge serait plus cool. C’est un truc classique de
flic ça. Répond Ellie comme une évidence.
- Tu n’y
es pas du tout…. Elle voulait me flanquer une fessée figures-toi !
- Tu
déconnes ?!!
- Non je
suis très sérieux et je te le répète bien en face ; elle voulait me flanquer
une fessée. Soutient Jack.
-
Noooooonnn ! Je ne le crois pas !
- Elle à
joué du charme en me caressant les cuisses et même passer sa main sous mon
short à tâter mes fesses. Comme je te le dis et elle croyait que j’allais me
coucher et tout lui avouer. Pffff, c’est bien mal me connaitre.
- La peau
de vache, ça c’est dégueulasse de ce servir de notre fantasme comme méthode de
pression ! Quoi que… Si c’était un inspecteur je crois que je me serais
laissé faire. Mais attention, juste pour le plaisir de la fessée car pas
question de lui vomir le menu. Dit Ellie.
- Ben je
t’avouerai que cette tentation m’a effleuré un instant.
- T’es
bête, tu aurais dû en profiter, ça ne t’obligeait en rien. Répond Ellie songeuse.
- J’ai
peut-être manqué de présence d’esprit, tu as raison, mais tant pis, ce qui est
fait est fait. Soupire Jack.
- Tu en as
parlé à Véra ?
- Non et
si ça pouvait rester entre nous ça m’arrangerait.
- Ok mon
pote, juré craché !
Jack regarde le parc baigné par la lumière d’une fin
d’après midi et dans son regard de gros barreaux virtuels viennent gâcher
l’enivrante profondeur du paysage. Son visage s’assombrit, il baisse les yeux.
- Tu te
rends compte que peut-être demain ou après demain on sera en tôle…. Merde, ça
me fiche le moral à zéro.
- Mais non, ne te fais pas de bile, tu vas voir le mage va
lui foutre les pétoches à la flic et crois moi demain matin elle nous grignote des antidépresseurs dans la main en s’excusant de nous avoir accusé et elle
nous blanchit plus blanc que blanc. Rassure Ellie.
- J’espère que tu as raison parce que sinon je crois que
vais sombrer moi.
-Hey mec, ce n’est pas le moment de craquer, elle ne nous
aura pas, le mage va la ruiner !
Jack s’assoit lourdement dans l’herbe, une larme coule
sur sa joue.
- On va
finir en tôle pour au moins vingt ans… Vingt ans c’est long, très long. On va
se faire avoir, je le vois gros comme une maison. Se lamente-t-il.
- Ha non
Jack ! Non pas ça ! Je te le dis, on va s’en sortir ! Tu es un
héro Jack, oui tu as été à Fantasmaginaire, tu es revenu, tu étais de la bande
et on à envoyé au diable ces branleurs de prédicateurs, ouais Jack c’est toi
ça ! Putain Jack, tu ne vas pas avoir peur de cette bonne femme ?
Ellie lui essuie ses larmes avec le devant de son maillot
et le serre dans ses bras en lui bisant la joue. Jack se colle contre elle
comme pour s’y enfoncer, s’y fondre et disparaitre.
- Je ne
veux pas que les autres te voient comme ça alors tu vas te reprendre Jack,
hein ? Dis-moi Jack, hein que tu vas te remettre debout comme un vrai guerrier ?
Jack hoche la tête.
- Je te le
dis moi Jack, on va gagner et la mère Iris elle va finir dans un asile.
D’un revers de main Jack essuie ses joues, il lève les
yeux vers le ciel infiniment bleu.
- Oui… Oui
tu as raison Ellie, excuse-moi, mais… Pfffouuu, le trop plein fallait que ça
sorte.
- C’est
bon Jack, c’est bon, on va attendre un peu ici et ensuite quand tu auras une
meilleure tronche, une bonne douche. Propose Ellie.
- Oui une
bonne douche, tu as raison.
- Tiens
même qu’on la prend tous les deux et que je te savonne le dos. Elle n’est pas
belle la vie ?
- Oui… Oui
c’est vraiment gentil. Oui ça va aller, tu es vraiment chouette Ellie.
Episode 72
Messages cachés.
En cuisine, monsieur Potopheu prépare le dîner. Dans le
petit salon Melle Véra et Baccardi s’énervent de la situation.
- Ça fait
une demi-heure qu’elle est descendu dans les cachots mais qu’est-ce qu’elle
peut bien y faire ? Se ronge Baccardi.
- Elle
cherche des indices mais elle ne trouvera rien. Depuis le temps le ménage à été
cent fois fait, les matelas, polochons, couvertures et draps changé et s’il y
avait quelque chose laissée par les prédicateurs nous l’aurions découvert. Dit
Melle Véra.
- Ce soir
le mage va lui en faire voir de toutes les couleurs, il va la harceler et la
détruire. Enrage Baccardi.
-
Justement, alors calme-toi. Ça ne sert à rien de s’affoler. Tempère Melle Véra.
- Oui, tu
as raison, allons prendre un thé.
Vers 19 heures, la commissaire principale arrive dans la
cuisine son bloc-notes en main. Elle avise Melle Véra et Baccardi qu’elle veut
voir tous les suspects dans son bureau après le dîner sauf Mikael.
21 heures, Melle Véra, Ellie, Baccardi et Jack pénètrent
dans la petite pièce de la tour où madame Iris les attend. Ils prennent des
chaises et s’assoient avec tous un regard interrogateur.
La commissaire principale consulte quelques instants les
notes prises cet après-midi puis relève sa tête en fixant un par un les quatre
invités.
- Melle
Véra, avez-vous déjà retourné le lit se trouvant dans un de vos cachots ?
Questionne-t-elle.
- Il n’y a
qu’un vrai lit dans le cachot de droite, les autres sont équipés de lits de camps.
Vous me demandez donc si j’ai retourné le matelas ? Oui, je l’inverse deux
fois par an. Répond Melle Véra.
- Pas le
matelas, mais le sommier ! Précise la fonctionnaire.
- Pourquoi
aurais-je fait cela ?
- Je ne
sais pas mais si vous l’aviez fait vous auriez découvert la même chose que moi.
Répond la commissaire principale.
- Peut-on
savoir ? Réclame Baccardi.
- Bien
entendu, je vais de suite vous en informer. Sur l’envers des lattes du sommier
de la cellule de droite, j’ai découvert de longues séries de chiffres inscrits
au crayon à papier. On pourrait croire à des notes mathématiques, des côtes ou
des références inscrites par les ouvriers de l’usine qui fabrique ses meubles
mais il y en avait beaucoup trop pour retenir cette option. Intriguée j’ai
reproduit fidèlement sur mon bloc-notes les lignes de chiffres puis j’ai remis
le sommier à l’endroit et je suis monté ici pour réfléchir au calme à ce que
pouvais bien signifier ces mystérieux alignements de chiffres. Je vous avoue
que le décodage fut très simple et d’ailleurs celui qui à écrit ses chiffres désirait
qu’il en soit ainsi. Madame, mademoiselle et messieurs, pouvez vous me dire ce
que les chiffres que je vous montre veulent dire. Interroge-t-elle en montrant
une feuille écrite avec un marqueur.
Sur le papier ils lisent :
3/8/9/4/5/18/9/3/0/8/1/12/5/2/18/4.
Visiblement, les quatre suspects ne comprennent pas.
- Pourquoi
les chiffres sont entre des barres obliques ? Demande Jack.
- C’est
simplement pour les différencier entre unité et dizaine. Répond la commissaire
principale.
- Ce sont
donc des dates ! Dit Melle Véra.
- Dans cet
extrait il n’y a pas de date. Indique la fonctionnaire.
- Perso,
je pige que dalle, moi les devinettes mathématiques ce n’est pas mon truc. Emet
Ellie en détournant les yeux de la feuille.
- Je ne
vais pas vous faire languir davantage. Considérez que chaque chiffre représente
une lettre de l’alphabet dans l’ordre. Le A est 1, le B est 2 etc. En suivant
ce très simple procédé pour traduire ce que
je vous présente sur cette feuille, vous obtenez Childéric Halebard en comptant
le zéro comme un espace. Explique-t-elle avec un grand sourire aux
lèvres.
- Bien
joué madame la flic ! Félicite Ellie. C’est vous qui avez écrit sur les lattes
votre petite histoire et nous faisant gober que c’est du Childéric. Trop fort
ça !
-
Evidement mademoiselle, vous pouvez toujours m’accuser d’avoir moi-même inscrit
ses chiffres sur l’envers des lattes mais autant vous dire qu’une analyse confirmera
que cette écriture n’est pas d’aujourd’hui et on ajoutera une étude graphologique
pour en authentifier l’auteur.
Les quatre suspects accusent ce nouveau coup. La
commissaire exulte et reprend son monologue.
- Je
comprends votre amertume et surtout celle de Melle Véra de n’avoir jamais pensé
à retourner complètement ce sommier car je ne doute pas qu’après le séjour des
prédicateurs dans ces deux cellules, vous avez fait le ménage. Childéric
Halebard le savait et n’avait donc pas beaucoup de choix ; écrire sur les
murs ou la porte était trop visible, un petit message sur un bout de papier
qu’il aurait caché dans le matelas ou l’oreiller aurait laissé une déchirure ou
une couture, le pot de chambre et le tabouret n’étaient pas n’ont plus des
supports discrets. Astucieux d’avoir pensé aux lattes du lit en espérant que
jamais vous ne passeriez votre regard en dessous et que si un jour il y avait
enquête, les enquêteurs le feraient. Inutile de vous dire que ce qu’il à écrit
par ces chiffres est à charge contre vous quatre en y ajoutant un cinquième,
monsieur Bonemain pour ne parler que de celles et ceux que je connais. J’ai
aussi pris des photos de ces lattes écrites au cas où il vous viendrait à
l’idée de détruire le lit cette nuit. Il est vrai que j’aurai, d’un petit coup de téléphone, pu faire apposer des scellés
sur les cachots par les gendarmes mais je n’avais pas envie de déranger ces
braves gens pour si peu. Maintenant, je vais vous enseigner de quelques
passages et surtout la liste complète de toutes celles et ceux qui ont
participé à l’enlèvement, la séquestration et la disparition des deux prédicateurs.
A part vous et monsieur Bonemain, il y a Sourire, Aline, Mirabelle, Lady Dark,
Gary, Mike et un certain Arnak souligné comme un magicien de talent qui serait
d’après lui le chef de la bande.
J’espère bien mettre prochainement la main sur toute la bande et rencontrer ce
fameux chef de bande magicien.
Les quatre suspects rigolent intérieurement en pensant
que pas plus tard que cette nuit elle allait avoir le déplaisant aperçu d’une
première rencontre.
La commissaire principale poursuit le petit inventaire
choisit des messages décodés.
- Celui là
est particulièrement intéressant. Ecoutez bien cela va vous rappeler des
souvenirs. Ironise-t-elle. 13 octobre, prévu, transfert, Paris, camion Bonemain.
Prévu, 14 octobre 23H30 arrivée, catacombes. Direction Fantasmaginaire, autre
planète, autre dimension dit Arnak. Embarquement sur navire. Pirates,
corsaires, cannibales dit Arnak. Gary, Aline, Mirabelle présents. C’est du
petit nègre mais suffisamment explicite pour que cela confirme mes
présomptions. Childéric Halebard par ce témoignage à lui même contresigné vos
actes d’accusation. Posthumes certes, il n’en saura donc jamais rien et ne
pourra pas s’en réjouir, mais quel pieds de nez vous a-t-il fait !
Melle Véra, Ellie, Baccardi et Jack restent silencieux.
La commissaire principale ne s’en offusque pas et demande à Ellie d’aller
chercher en cuisine du thé chaud et du café pour celles et ceux qui en
désirent.
Dix minutes plus tard, Ellie reviens avec un plateau
chargé et chacun se sert.
Tout en sirotant son thé, madame Iris lit quelques autres
messages de Childéric Halebard. Elle choisit ceux qui nomment, Ellie, Jack,
Baccardi et Melle Véra, mais également ceux qui parlent du voisin de cellule
Horace de Fantenay. La fonctionnaire jubile car grâce à ce témoignage codé de
Childéric Halebard, elle dispose maintenant de presque tout l’historique et le
nom de tous les protagonistes. Les suspects présents ainsi que Bonemain sont
dorénavant confirmés coupables.
Son auditoire se lasse ce qui n’échappe pas à la
commissaire principale ; alors elle achève par le dernier écrit par le
prédicateur le 13 octobre à quatre heures du matin où il dit espérer qu’on le
vengera et termine par « Adieu ».
Elle referme son bloc-notes et :
- Je pense
mesdames et messieurs que je vais boucler mon dossier demain et ensuite
j’appellerai les gendarmes pour qu’ils viennent vous chercher. Cependant comme
il faut que je retranscrive tout ça au propre, je vous laisse toute la journée
de demain libre et j’espère qu’elle sera ensoleillée. Je vous fais cet ultime
cadeau, mais ne tentez pas d’en profiter pour vous échapper, vous n’iriez pas
bien loin et vous aggraveriez votre cas. Bien entendu, il reste quelques
détails à découvrir sur cette affaire… Rien ne vous oblige mais j’aimerai
savoir ce que veux dire Fantasmaginaire, l’autre planète, dimension, pirates,
corsaires et cannibales. Peut-être est-ce de simples balivernes que vous avez
racontées aux prédicateurs pour qu’ils ne sachent d’avance ce qui les attendait
et dans ce cas il n’y a rien à ajouter. Je convoquerai monsieur Mikael pour lui
signifier que sa complicité dans cette affaire est minime et verrai avec lui ce
qu’il faut envisager pour lui éviter l’incarcération. Demain soir, vous quatre,
je vous donne rendez-vous dans le grand salon pour vous notifier vos inculpations. Sur ce je vous souhaite bonne nuit.
Episode 73
Séance gratuite (Acte 1)
.
Melle Véra, Ellie, Jack et Baccardi sortent de la pièce
et vont directement au bureau de la direction. Passant devant le petit salon il
récupère Mikael qui attendait livre en main. Melle Véra explique brièvement la
découverte des messages codés à Mikael.
- Qui
aurait pu imaginer que ce forban de Childéric avait écrit ça ? !!!
Colère Baccardi.
- Ce lit
est tellement bas, on peut tout juste y passer l’aspirateur. Jamais je n’ai
pensé à regarder par-dessous… C’est vraiment sombre, on n’y voit rien. Dit Melle
Véra avec un sentiment de culpabilité.
- Personne
n’est responsable, c’est de la faute à pas de chance. Estime Ellie.
- Je
partage totalement ton point de vue ! Appuie Jack.
- De toute
façon, ce soir c’est le mage Arnak qui entre en piste et quand cette Iris aura
perdu la tête ou se rendra compte qu’elle a mis les pieds où il ne faut pas et
que nous sommes les plus forts, il sera toujours temps de brûler ce lit. Fait
Mikael en caressant la reliure du livre.
- Je suis
d’accord, laissons le mage Arnak s’occuper d’elle, on avisera ce qu’il faut
faire ensuite. Approuve Jack.
23H25, Les tâches
sont partagées. Ellie espionne dans le couloir et écoute les bruits qui
viennent de la chambre allouée à madame Iris. Jack est dehors et surveille la
fenêtre afin de prévenir quand les volets seront clos et la lumière éteinte.
Melle Véra, Baccardi et Mikael sont dans le petit salon et s’amusent avec
Farine.
Une bonne trentaine de minutes plus tard, Jack remonte et
prévient que les volets sont fermés et la lumière éteinte.
Quelques minutes après c’est Ellie qui entre dans le
petit salon en prévenant qu’il n’y a plus de bruit dans la chambre.
Baccardi fait signe à Mikael d’ouvrir le livre. Le mage
Arnak apparait presque instantanément ; Farine apeuré se cache sous le
buffet. Melle Véra relate rapidement les derniers évènements.
- Il
devient urgent de la mettre hors jeu. Juge le mage en lissant ses longues moustaches.
Nous allons patienter un peu qu’elle plonge bien dans son premier sommeil.
Dit-il en prenant place dans un fauteuil.
- Au cas
où elle a fermé sa porte voilà le double des clefs mais tu devras être discret.
Le prévient Melle Véra.
- Ne
t’inquiète pas je suis un expert.
- Hé, vous
êtes dingues, si vous entrez dans la chambre elle va vous voir ! Dit Mikael.
Le mage, Ellie, Melle Véra, Baccardi et Jack pouffe de
rire.
- Mais
c’est très sérieux ce que je dis ! Insiste Mikael.
- Tout a
fait mon ami mais si je me colle aux murs je me fonds dans le décor et elle ne
pourra me voir. Lui affirme le mage.
Mikael ouvre grand les yeux et la bouche d’étonnement
mais semble ne pas le croire. Arnak se lève, se concentre quelques secondes
puis se plaque contre le mur. Il disparait comme absorbé par le papier peint.
Pour gommer tout doute, il dit quelques mots. Mikael s’assoit sur une chaise en
hochant la tête.
- Tu as vu
mon pote, ce n’est pas de la balle ça ? Rigole Ellie.
- Ben ça
alors…. Là… Et ben… Bafouille Mikael quand le mage se décolle du mur et reprend
son vrai physique.
Un peu plus tard, jugeant que c’est le bon moment, le
mage Arnak s’avance à pas feutré dans le couloir sombre. Arrivé à la porte il
pose sa main sur la poignée et tourne très délicatement. Son visage marque la
satisfaction car la commissaire principale n’avait pas verrouillée. Trop sûr
d’elle, pense le mage en se glissant dans la chambre. Il se colle sur le mur
bien en face du lit et analyse la pièce très faiblement éclairée par un petit
réveil électronique. Sur la table de nuit à droite il y a la lampe de chevet et
un téléphone portable et sur celle de gauche un révolver dans son étui. Sur la
commode deux gros dossiers et l’ordinateur portable. Sur une chaise des vêtements
impeccablement pliés. Bien endormie la tête à demie enfoncée dans la souplesse
de l’oreiller, madame Iris est au pays des rêves que le mage va bientôt
transformer en cauchemar.
Un chauverat se perche sur le dossier de la chaise et
pour attirer l’attention de la dormeuse, le mage donne de la voix à l’animal.
Elle ouvre les yeux et à tâtons allume la lampe de
chevet. Voyant le chauverat qui lui montre ses dents acérées elle sursaute les
yeux exorbités en poussant un cri. De sa main droite elle cherche son arme, la
saisit et pointe l’animal. Le mage fait envoler le chauverat jusque dessous le
lit. Affolé, la commissaire principal s’éjecte de ses draps en hurlant et se
met debout sur le lit en pointant son arme vers le matelas.
Le mage apprécie car la femme est nue et se découpe entre
ombre et lumière soulignant ses agréables courbes.
La silhouette d’un diable glisse sur les quatre murs et
disparait en émettant un discret rire. Madame Iris commence à sérieusement
trembler, le mage perçoit même ses battements de cœur accélérés et sa respiration
haletante. Elle n’ose descendre du lit de peur que l’animal caché en dessous
lui déchire les chevilles.
La petite lumière feutrée de la lampe de chevet fait
briller les gouttes de sueur qui perlent sur le corps de la femme.
La silhouette du diable sort de derrière les rideaux et
fait une nouvelle fois le tour de la pièce par les quatre murs. De sa main
libre la commissaire principal étouffe un cri.
Une voix légère tourbillonne dans la pièce et frôle ses
oreilles. Elle est comme un souffle parfois glacé ou parfois incandescent.
- Tu es
bien loin de chez toi Iris…. Que fais-tu en ces lieux ? Dit la voix en passant.
Ne fait pas de bêtise Iris sinon je t’emporterais toi aussi !
Ajoute-t-elle en repassant.
La commissaire principale balbutie une phrase totalement
incompréhensible.
Un grattement venant de l’intérieur de l’armoire lui fait
pointer son arme vers les deux portes de chêne vernis. Ses jambes flageolent et
semblent avoir des difficultés à maintenir debout son corps nerveusement tendu.
Un serpent rouge sort du papier peint comme le ver d’un
fruit et descend jusqu’à la plinthe pour s’infiltrer dans une prise de courant.
Au dessus d’elle, le plafond bouillonne comme du lait en ébullition. La femme
tombe à genoux sur le lit, la main qui teint le révolver n’a plus aucun
maintient. Elle ne tente plus rien comme paralysée, ses lèvres remuent mais
aucun son n’en sort si ce n’est que le souffle de sa respiration désordonnée.
L’ombre d’un diable longe encore les murs et puis formes et voix
s’évanouissent, le silence prend possession de la chambre. La commissaire Iris
se tiens la nuque en scrutant tout les recoins de sa chambre.
Le mage ne fait plus rien apparaitre préférant faire une
pause car il craint un arrêt du cœur et ce n’est pas son but.
Les yeux de la commissaire tournent dans tous les sens.
D’un coin de drap elle s’éponge le front. Sa respiration reprend un rythme plus
régulier mais elle ne lâche pas son arme.
Episode 74
Séance gratuite (Acte 2).
Le mage Arnak patiente encore un peu jusqu’à ce que la
femme reprenne ses esprits, elle lève les yeux, le plafond est redevenu plan,
elle souffle de soulagement mais son visage marque toujours la peur.
Quelques poignées de seconde passe, puis, s’infiltrant
par-dessous la porte un long serpent rouge ondule sur la moquette en sifflant.
Devant le lit il se redresse comme un cobra et ouvre sa gueule les crochets
prêts à mordre. La commissaire principale, relève son arme en poussant un petit
cri aigüe. De son autre main elle cherche à l’aveuglette son téléphone
portable. Le serpent se remet au sol passe sous le lit et se glisse sous
l’armoire. Le tiroir de la table de nuit s’ouvre et un crabe à deux bouches en
sort et se pose sur le téléphone portable, la femme effrayée retire sa main. Le
crabe à deux bouches la regarde un moment puis grimpe le long du mur et se noie
dans le plafond.
La commissaire principale en profite pour saisir son
téléphone, elle l’ouvre et commence fébrilement à composer un numéro. Soudain
elle arrête son pianotage et contemple le chauverat enfin sorti de dessous le
lit qui tourne au dessus d’elle. Elle se détend et referme son téléphone.
- Mais
comment n’y ais-je pas pensé plus tôt ? Se pose-t-elle la question à voix
haute.
Elle éclate de rire, s’éponge le front d’un coin de drap,
repose son téléphone et son révolver sur la table de nuit puis s’assoit en se
recouvrant les jambes et continue de contempler le chauverat.
-
Evidement, le magicien ! Il est là, il est arrivé au château appelé par ses
amis, ha, ha, ha, ha ! Rit-elle.
Fondu dans la tapisserie du mur, le mage Arnak n’en croit
pas ses oreilles. Il fait piquer le chauverat sur la femme, ses ailles griffues
rasent son visage. Elle opère un léger mouvement de recul puis suit la course
du volatile qui revient à la charge. Le serpent rouge sort de dessous l’armoire
et se redresse menaçant au pied du lit. La femme hausse les épaules en
esquissant un sourire. Son regard se fixe sur la porte et :
- Monsieur
Arnak, je sais que vous êtes derrière cette porte ! dit-elle assez fort pour
que sa voix porte au-delà du bois. Vous vous êtes bien amusé, vous m’avez fait
une bonne démonstration de vos talents, Childéric Halebard avait raison, vous
êtes émérite mais maintenant il est l’heure de dormir, la représentation est
terminée !
Elle se couvre du drap, se lève sans faire de bruit et
ignorant superbement le serpent qui feint d’attaquer, sur la pointe des pieds
s’approche de la porte et l’ouvre en grand en allumant la lumière du couloir.
Personne ne s’y trouve. Elle fait quelques pas jusqu’aux escaliers puis revient
vers sa chambre.
Profitant de la porte restée ouverte, sans décoller du
mur le mage se faufile dans le couloir. Il reste parfaitement immobile jusqu’à
ce que la commissaire principale réintègre la chambre et referme la porte cette
fois à double tour.
Etant certain qu’elle s’est remis au lit, il reprend sa
forme et rejoint ses amis dans le bureau de la direction à l’opposé du couloir.
- Alors,
hé, hé, hé hé ! Elle est dans les pommes la mère Iris, on ne l’entend plus
crier ? Lui demande immédiatement Ellie.
- Non,
elle se rendort. Fait le mage la mine désabusée.
Ses amis ne comprennent pas, alors Arnak leur fait un
résumé des évènements.
-
Bordel ! Alors ça je ne le crois pas ! S’exclame Mikael.
- La
maligne, elle à fait le rapprochement avec ce qu’avait écrit ce maudit Halebard !
Exprime Baccardi sans cacher sa déception.
- Cette
fois on est dedans jusqu’au cou. Soupire Melle Véra.
- Faut la
trucider et la balancer à la rivière avec ses dossiers et son ordinateur. Enrage
Ellie.
- C’est la
chose à ne surtout pas faire, ses supérieurs savent parfaitement qu’elle est
ici et la mort d’un flic en plus c’est perpétuité assurée. Dit Jack.
- Je
déconnais, mais n’empêche qu’on est dans la mouscaille bien profond, c’était
notre dernière carte de lui foutre les pétoches.
- Tant
pis, il faut quitter le château cette nuit et tenter de passer en Espagne. Présente
comme ultime solution Melle Véra.
- Avec
l’affaire des prédicateurs au cul, c’est un mandat d’arrêt international dès
demain matin et en moins de vingt quatre heures on aura les menottes aux
poignets. Cette fois on est vraiment foutu. Emet sinistrement Jack.
- De toute
façon on ne risque plus rien alors on se tire d’ici et on verra bien.
- Bordel,
ce n’est pas possible, ça ne peut pas se terminer ainsi ! Peste Mikael.
- J’ai
peut-être une autre alternative. Coupe le mage. Celle de vous emmener à
Fantasmaginaire. Propose-t-il.
- Tu
connais le chemin par les Catacombes ? S’étonne Jack.
- Non mais
je dois pouvoir vous transférer par le livre. Répond-il.
- Tu es
certain de ça ? Doute Baccardi.
-
Non ! Il faut faire un essai et pour ça il me faut une ou un volontaire et
que celle-ci ou celui-ci sache que le retour n’est pas garantie ni même le
départ.
- Et ça
peut être dangereux ? Enfin tu vois de quoi je veux parler hein ? Interroge
Ellie la gorge nouée.
- Pour moi
non mais pour vous je ne sais pas ! Ou nous tentons cette retraite vers
Fantasmaginaire ou vous passez quelques dizaines d’années derrière les barreaux ?
Répond le mage.
- Nous
n’avons guère le choix, il faut partir ! Qu’est-ce qu’il faut faire ?
Demande Baccardi.
- Juste me donner la main, ça devrait suffire. Dit le
mage Arnak.
- D’accord,
je suis volontaire.
-
Baccardi, pourquoi toi ? Interroge Melle Véra.
- Parce
que parmi vous je suis le seul natif de Fantasmaginaire alors si le retour
n’est pas possible ce ne sera moins grave.
- Et si tu
y laisses ta peau dans cette expérience ?
- Et bien
comme ça vous serez que ce n’est pas la bonne solution et vous en trouverez une
autre. Répond-il avec un petit sourire qui n’indique nullement une joie.
- Tu es
prêt mon ami, on y va et toi Mikael, tu attends toujours au moins dix minutes
avant de rouvrir le livre. Dit le mage en serrant la main de baccardi et en
approchant son index de la double page ouverte.
Les deux hommes ce morcellent bizarrement et
disparaissent assez lentement. Mikael suppose que c’est à causse de la masse un
peu plus importante à transférer. Une fois bien certain qu’ils ne sont plus
présents et qu’il ne reste plus rien d’eux qui scintille, il referme le livre.
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