LECTURE DE LA SAGA

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Il en sera de même pour Fantasmaginaire 2, 3, 4 et 5.

samedi 10 mai 2014

F4 épisodes 51, 52, 53, 54.




Episode 51


Vitesse de croisière.


Le lendemain matin, Jack ouvre grand les volets ; Mikael ouvre les yeux, il est ébloui par la clarté violente éclaboussant son lit.
Ellie se précipite du côté des garçons.

          - Alors Mikael, pleine bourre ce matin ? Lui demande-t-elle.

          - Impeccable, ton cachet m’a bien assommé ! Répond-il en s’étirant.

          - C’est quoi le programme d’aujourd’hui ? Questionne Jack.

          - Ce matin c’est sport avec Agramant de 10h à 11H30 et cet après midi en classe avec Beka de 14 à 15H30. Répond Ellie en sautant à pieds joints sur le lit de Mikael pour le secouer.

          - Avec Beka, hoouuu, ça je vais aimer ! Se réjouie Jack.

          - Arrête Ellie tu vas défoncer mon lit. Prévient Mikael en sortant des draps.

Un rapide passage aux sanitaires et tout le monde se retrouve autour de la grande table de cuisine pour un petit déjeuner.
Marie et Clairette sont de vaisselle, Jack et Ellie s’occupent du ménage dans le dortoir et Mikael et Baccardi passent l’aspirateur et la serpillière dans le hall et les couloirs carrelés du rez-de-chaussée.
Aux 10H30 heures sonnantes le professeur Agramant attend sur la pelouse les trois jeunes femmes et les deux jeunes hommes en tenue de sport. Il n’y a pas vraiment de rapport avec un vrai cours de gym. D’abord un léger footing de dix minutes dans les allées du parc puis petite promenade sous les arbres au bord de la rivière et au retour une partie de volley. Rien de bien contraignant pour les cinq stagiaires.
Mais un jeu à ses règles et à Lafleurodent les mauvais gestes ne sont pas sanctionnés d’un carton rouge ou d’une simple mise sur la touche.
Marie qui n’apprécie pas de se faire régulièrement contrer au filet par Jack, lui envoie le ballon dans une région du corps particulièrement sensible pour les hommes. Jack se plie en deux en grimaçant puis se roule par terre en râlant et suffocant presque au bord de l’agonie. Un ballon léger comme celui de volley ne cause pas tant de douleur et il ne fait aucun doute que Jack en rajoute, mais pour Agramant c’est une bonne occasion d’exercer son talent.

          - Marie, approche ! Ordonne-t-il.

          - Mais c’est lui à chaque fois il… Et en plus il n’a même pas mal ; il fait semblant. Se défend l’interpellée.

          - J’ai dit, approche ! Répète le professeur en haussant le ton.

Marie soupire mais ne peut faire autrement que d’obtempérer.

          - Crois-tu Marie que ton geste est sportif ? Lui demande Agramant d’une voix sèche.

          - Non mais je n’aie pas jeté le ballon fort, il fait du cinéma pour que je sois punie.

          - Cinéma ou pas ton comportement est indigne alors tu vas recevoir une fessée devant tes camarades.

          - Oh non monsieur Agramant, ce n’est pas juste. Proteste-t-elle sans trop de véhémence.

Le professeur attrape Marie et la courbe légèrement pour que son postérieur soit bien présenté. On ne peut pas dire que Marie s’y oppose pas plus qu’elle envisage de rébellion.
Jack a obtenu ce qu’il cherchait, il stoppe ses roulades et pour profiter du spectacle, s’assoit dans l’herbe un grand sourire aux lèvres.
Agramant entame la fessée par-dessus le short sans fermeté car comme à son habitude, il commence toujours par une chauffe progressive de la cible. Marie grimace légèrement et jure vengeance contre Jack. Ce dernier semble s’en moquer comme de sa première chemise.
Une bonne série de petites claques rapides qui font trembler les galbes moulés dans le short et les belles cuisses nues de Marie. Ainsi présenté, un arrière féminin est toujours à son avantage et pour les spectateurs une vision bien plaisante.
Quand le professeur Agramant juge que le fessier est prêt à plus de rigueur, il saisit l’élastique du short et le baisse à mis cuisse. Marie se débat et proteste en maudissant Jack. Peine perdue, le professeur tire déjà la petite culotte vers le bas dévoilant aux observateurs une superbe paire de fesses légèrement colorées. Agréable et frémissant tableau que la croupe dévoilée et mise en lumière par le soleil complice.



Cette fois Agramant administre une vraie fessée. Les claques sont énergiques et les fesses veloutées se teintent à vue d’œil.
Marie danse nerveusement en sollicitant la clémence. Le professeur reste sourd aux appels et s’applique de rougir les deux lunes avec un savoir faire qui force l’admiration.
Des impacts suivis tant dans le rythme que dans la force pour que chaque fesse rougisse et chauffe d’une même partition.
Marie piaille, trépigne et supplie tentant sans succès de se protéger. Melle Véra et monsieur Ours qui font visiter le domaine à monsieur Potopheu, par les cris attirés viennent assister à la punition et apprécient en expert l’aptitude d’Agramant.
Les dernières claques sont plus appuyées pour signer en beauté le final. Le professeur satisfait libère Marie, elle sautille en remontant rapidement sa culotte et son short sous les rires de ses camarades.
Les yeux injectés, pointant du doigt Jack elle vocifère.

          - Alors toi, je te garde un chien de ma chienne ! Lui hurle-t-elle.

          - Ça suffit Marie ! Si tu continue à menacer Jack je t’en remets une autre ! Prévient le professeur.

La jeune femme met fin à ses fulminations en soupirant de rage.
Melle Véra, monsieur Ours et Potopheu reprennent leur promenade.

          - La classe de sport est terminée, tout le monde à la douche et ensuite, quartier libre jusqu’au repas. Annonce Agramant très satisfait de sa première fessée administrée à l’institution Lafleurodent.

Retournant vers le château, les commentaires vont bon train.

          - Hey Marie, tu es la première, ha, ha, ha, ha ! Rigole Jack très content de lui.

          - Je te jure que tu seras le deuxième ! Lui retourne Marie.

          - Ça va, pas trop dur la fessée ? Lui demande Mikael.

          - Pffff, Agramant est un tendre, même pas mal. Fanfaronne-t-elle.


A midi ils sont tous attablés dans la grande cuisine. Monsieur Potopheu s’y entend plutôt bien aux marmites et le poulet Basquaise fait l’unanimité.



Episode 52


Mademoiselle Beka.


Mais qui donc a pénétré dans la classe entre la fin du repas et le début du cours ?
Il n’était de secret pour personne que la punaise déposée sur la chaise de Melle Beka l’avait été par Marie et comme son but était de se venger de Jack, il était évident qu’en plus elle avait également déposé dans la case de ce dernier l’unique boîte de punaise de la classe. Pièce à conviction on ne peut mieux à charge, Jack à beau jurer son innocence, rien ne détourne Melle Beka de sa certitude qu’il est coupable et la piqure ressentie la rends d’autant moins réceptive aux arguments de défense avancés par l’accusé.
Le seul regret pour Marie est que l’institutrice ne choisit pas de sanctionner Jack par une bonne fessée déculottée devant tout le monde. Punition sans doute moins spectaculaire mais peut-être plus déplaisante car une fois la règle de section carrée déposée sur le bois de l’estrade, elle fait agenouiller Jack sur celle-ci et lui demande de tenir la position bien droit et mains sur la tête jusqu’à ce qu’elle décide de le libérer.
Les genoux en appui sur la règle deviennent très vite douloureux et le pauvre Jack ne peut que se lamenter, grimacer, gémir et trouver les secondes qui s’écoulent aussi longues que des minutes. Melle Beka ne cache pas son bonheur de le voir souffrir ainsi exposé devant ses camarades. Les cuisses de Jack tremblotent nerveusement et plus les secondes s’égrainent moins il est stable. Marie se délecte du supplice enduré et pense même que ça vaut largement une fessée.



Au bout d’un moment, Jack plie les jambes ne semblant plus pouvoir tenir, mademoiselle Beka se lève et le redresse sans aucune complaisance, Jack demande grâce mais elle va se rasseoir sans accorder la moindre attention à sa réclamation. Le bois de la règle n’est pas tolérant et c’est bien les genoux par nature plus tendres qui subissent la pression en s’incrustant atrocement.
Jack n’en peut plus, le temps qui passe n’est que souffrance, son visage marque l’extrême endolorissement de ses rotules et son regard implore. Melle Beka attend encore jusqu’à deviner le point de rupture puis tape dans ses mains pour lui signifier la fin de la punition.
Jack ne peut se relever il se plie en avant se reposant sur ses deux mains, tout son corps tremble, il décolle ses genoux de la règle et faute de ne pouvoir faire plus, il se maintient à quatre pattes. Melle Beka vient à lui et l’aide gentiment à se remettre debout. Jack retourne à sa place en marchant de manière instable avec la marque de la règle imprimée en creux sur chaque genou. Il s’assoit en soufflant de soulagement, se frotte longuement les rotules puis lance un regard incendiaire vers Marie.
L’institutrice inscrit au tableau le sujet de la rédaction. Sujet on ne peut plus  approprié puis qu’il est de définir les vertus de la fessée. Fessée que Jack aurait certainement préféré en échange de l’infernal tourment qu’il vient de subir.
A ce jeu d’écriture c’est la copie d’Ellie qui monte sur la première marche du podium. Le meilleur serait de vous faire profiter de sa prose dont je vous livre un extrait sans changer une virgule.

La fessée ça peut sauver la vie !
Une fois, j’avais avalé de travers un gros bonbon acidulé à la mandarine de la pie qui chante super bon qu’un gentil monsieur m’avait offert. Et alors il m’a soulevée sous son bras, il m’a déculottée, m’a flanqué quelques grosses claques sur les fesses et pouf le bonbon est sorti aussi sec ! Pour le remercier j’ai bien voulu lui offrir ma petite culotte, même si c’était l’hiver.
En tout cas, tout ça c’était bien fait pour mes vers qui adorent le sucre, parce que les vers tuent !

Ces quelques lignes sont authentiquement d’Ellie car je me devais de reproduire ce morceau de devoir sans rien y ajouter.
A la place de Melle Beka, j’aurais donné un bon point à Ellie, elle le mérite amplement.

La classe se termine dans la joie et le grand soleil invite à se prélasser sur les transats ou se promener dans le parc.
Jack fulmine :

          - Moi qui me trémoussais d’avance à l’idée d’être fesser par Beka, je suis déçu ! C’est purement horrible et insoutenable d’être à genoux sur une règle et je préconise de supprimer ce genre de punition.

          - Wôô l’autre, tu ne veux pas non plus la carte des menus pour choisir ? Rigole Ellie.

          - Non bien sûr mais il devrait y avoir des punitions proscrites. Je t’assure que celle là c’est l’enfer et je défie quiconque d’y prendre du plaisir.

          - C’est une punition scolaire comme une autre. Emet Marie.

          - Je partage ton point de vue, mais moi je trouve qu’elle est décalée par rapport à nos envies. Répond Jack.

          - Tu parles pour toi. Moi perso j’ai super kiffé, Mmmmm, je ne te raconte pas la tornade entre mes cuisses, mmmm ! Avoue Ellie.

          - Facile ça quand on est spectateur parce que moi je peux t’assurer que j’ai jonglé. Réplique Jack.

          - Hooooo oui, et plus tu jonglais et plus mon thermomètre grimpait. S’enthousiasme encore Ellie.

          - Tu n’es vraiment qu’une sale chipie !

          - Pour vous servir monseigneur Jack.

          - De toute façon c’est une punition tout à fait conforme aux traditions disciplinaires scolaires alors il n’y a rien à dire. Juge Clairette.

          - Tu en penses quoi Mikael ? Pose la question Marie.

          - Ouais, comme Clairette, c’est une punition connue et fréquemment employée dans les années 50 et 60 du siècle dernier. Moi c’est de voir les grimaces de Jack qui m’amusait ; une vraie caricature. Répond Mikael.

          - Quand c’est toi qui poseras tes genoux sur la règle nous aussi on se régalera de tes grimaces. Rétorque sèchement Jack.

          - C’est ton droit camarade et j’assumerai la punition même si ce n’est pas vraiment ma préférence. En parlant d’autre chose ; est-ce toi qui à ramené ton livre des naufragés du Bouchtrou à la bibliothèque du château ?

          - Oui parce que je crois que sa vraie place est ici. Répond Jack.

Mikael acquiesce d’un signe de tête.
Marie met fin à la discussion en proposant une partie de ballon, proposition adopté à l’unanimité.
Même si Jack n’a pas du tout aimé la punition de Melle Beka, il est bon joueur reconnaissant avoir abusé pour faire punir Marie et de ce fait en avoir récolté les représailles.



Episode 53


Irrésistible tentation.


Après le dîner et la corvée de vaisselle, Ellie, Clairette, Marie et Baccardi s’engagent dans une partie de tarot. Melle Véra, Beka, Monsieur Ours, Potopheu, Agramant et Jack se vautrent devant le petit écran. Quand à Mikael repoussant l’invitation de faire le cinquième dans la partie de tarot, il  va du grand salon au petit sans vraiment décider de comment il occupera sa soirée.
Il repense à hier soir et ce qu’il croit être une hallucination. Beaucoup d’interrogations le taraudent ; entre autre comment ce fantôme pouvait-il connaitre son séjour à l’institution de jeune femme jusqu’à en affirmer être l’auteur. Ce qu’il définissait comme un rêve lui appartenait et il n’en avait jamais parlé à personne. Il est évident que si cette apparition est le fruit de sa propre imagination il n’a nul besoin de chercher ailleurs, mais il subsiste le doute et celui-ci l’agace.
L’image perçue lui avait dit qu’elle ne pouvait être que s’il ouvrait le livre des naufragés du Bouchtrou. L’idée de refaire l’expérience lui parait saugrenue, mais il est néanmoins tenté de la renouveler afin d’en avoir le cœur net. Ce soir il a les idées claires et ne ressent aucun trouble ni la moindre instabilité, donc il se sent prêt à ne pas se laisser berner ou céder à ses propres délires. Il hésite encore un peu, mais la curiosité fini par l’emporter.
Il quitte le petit salon d’un pas décidé, descend d’un étage, emprunte le couloir et pénètre dans la bibliothèque en ayant allumé toutes les lumières disponibles pour que la vaste pièce soit parfaitement éclairée. Il inspecte méticuleusement toute la bibliothèque, rayonnages, sous et derrière les fauteuils, angles, murs, recoins et le plafond afin d’être certain qu’aucun appareil de projection ou similaire ne s’y trouve dissimulé. Mikael est serein et agit sans emportement.
Une fois certain que rien de douteux ne se cache dans la bibliothèque, il ferme les grands rideaux des baies vitrées et s’approche des étagères supportant les ouvrages. Le livre des naufragés du Bouchtrou se trouve exactement à la même place où il l’avait rangé soir.
Mikael le saisit et s’assoit sur le premier fauteuil. Il ouvre sans empressement le livre, relit un paragraphe et attend.
Quatre ou cinq minutes passent sans que rien ne se produise, Mikael est rassuré car, pense-t-il, ce qu’il avait vu hier soir était bien le fruit de son imagination et il ne s’en étonne pas car il se sait un grand rêveur.
Conclusion hâtives car avant qu’il referme le livre il perçoit un bruit granuleux ressemblant  à une poignée de gravier qui tombe et s’étale sur du carrelage, il sursaute en regardant partout autour de lui.
Une forme nait et s’assemble sans ordre pour en quelques secondes définir l’homme qui se dit être le mage Arnak.

          - Bonjour Mikael, je suis désolé pour l’attente, je ne suis pas encore au point mais je m’efforce de résoudre ce petit problème rapidement. Se présente l’homme.

Mikael se passe les deux mains sur son visage espérant sans doute effacer l’image.

          - Je me doutais que tu ne résisterais pas. Je suis très content que tu  surmontes ton appréhension et je crois que nous allons pouvoir maintenant communiquer régulièrement. Lui dit très cordialement le mage.

          - Bordel, dites-moi que ce n’est pas vrai ça ?!! s’exclame Mikael en se tassant dans la fauteuil espérant peut-être s’y enfoncer et disparaitre.

          - Mais si Mikael et n’est-ce pas merveilleux ? Se réjouie Arnak.

          - Merveilleux ? Je ne sais pas si le terme est approprié. Répond le jeune homme estomaqué de se retrouver une nouvelle fois devant ce fantôme.

          - Alors, dis-moi comment se porte Melle Véra ? Interroge le mage Arnak.

          - Vous connaissez Melle Véra ? S’étonne Mikael.

          - Bien entendu, nous avons passé de bons moments ensemble et surtout vécu une sacrée aventure.

          - Ha ? Heu…. Vous voulez que je l’appelle ?

          - Cela me ferait grandement plaisir mais je préfère plus tard quand je maitriserais parfaitement la liaison. J’en suis encore qu’aux essais et je désirerais me présenter à elle avec plus de perfection. Tu vas d’ailleurs m’aider Mikael.

          - Pas si vite monsieur Arnak, je veux d’abords savoir qui êtes-vous vraiment et surtout comment avez-vous eut connaissance de mon rêve ?

          - Quel Rêve ?

          - Celui de l’institution de jeunes femmes ! Précise Mikael.

          - Je te l’avais dit hier, ce n’est pas à proprement parler un rêve mais commençons par le début sinon tu risques de ne rien comprendre.



Le mage regarde Mikael un petit moment puis entreprend l’explication de ce curieux phénomène.
Un jour, raconte-t-il, alors qu’il relisait quelques chapitres «  Des naufragés du Bouchtrou » en suivant les lignes de son index, il s’est senti happé par la page ouverte sans qu’il ne puisse y résister. Une dizaine de secondes plus tard, l’aspiration le projetait dans un lieu qu’il ne pouvait définir car il ne ressentait ni son corps, ne percevait aucune odeur et nul vision ne lui donnait d’indication. Une musique baignait ce néant et il devait donc logiquement admettre que seule son audition fonctionnait. La mélodie lui rappelait étrangement celles entendues l’ors de son séjours en France. Les instruments électriques indiquaient clairement qu’il ne se trouvait plus à Fantasmaginaire mais le mage n’en concluait par pour autant que le livre l’avait entrainé dans un lieu précis. Il ne pouvait rien faire d’autre que d’écouter les sons jusqu’à ce que le processus inverse le renvoie dans son laboratoire à Fantasmaginaire. Enfin de retour il se pencha sur ce curieux phénomène sans vraiment interpréter ce qui c’était passé. A tout hasard il laissa le livre ouvert jusqu’à même l’emporter partout où il allait dans sa vaste demeure et poser de temps en temps un doigt sur la page ouverte. Le lendemain, il fut encore aspiré par le livre mais cette fois il pouvait voir et entendre et découvrait un petit intérieur puis un jeune homme absorbé par la lecture des « Naufragés du Bouchtrou ». Ce qui le frappa en premier c’est que ce lecteur ressemblait à Mike à quelques détails près. Il tenta d’entrer en communication avec lui mais s’il pouvait voir et entendre, il ne pouvait en revanche pas parler. Pour le mage, il n’y avait plus de doute, il était en France, les écritures sur les boîtes, les livres et journaux présents dans la pièce le prouvaient. Il ne lui fut pas plus compliqué de comprendre que le livre de Jack, pour le présent dans les mains de ce jeune homme inconnu et le sien resté à Fantasmaginaire agissaient entre eux en créant un passage entre les deux mondes lorsqu’ils étaient ouvert d’un côté comme de l’autre. Presque chaque jour le jeune homme prenait le livre pour poursuivre la lecture et par le fait transférait sans le savoir le mage Arnak. Autre curiosité est que plus le nombre de transfert augmentait, plus le mage se complétait. L’ouïe en premier, puis la vision, l’odorat, et bientôt ressentir son corps sans pour cela qu’il soit apparent. Le toucher vint également et même s’il ne pouvait se déplacer, il tendait le bras pour sentir de ses doigts le bois des meubles et bien d’autres objets qui se trouvaient à portée de mains. Cette dernière acquisition était pour lui très importante car plus besoin d’attendre que Mikael referme le livre pour revenir à Fantasmaginaire, il lui suffisait maintenant de poser l’index en exerçant une forte pression sur la page ouverte pour effectuer son retour. Mais d’avoir le toucher avait un inconvénient, car si avant ce sens il suffisait à Mikael de refermer le livre pour que le mage revienne à Fantasmaginaire, ce n’était plus le cas, il fallait à présent qu’il pose son doigt sur la page ouverte pour retourner d’où il venait ; en fait procéder le la même façon que pour venir chez Mikael. Donc si la multiplication des passages ajoutait à chaque fois un sens ou autre chose à son corps, il modifiait également les procédures de passage et le mage se méfiait un peu de ces variations qu’il ne pouvait prévoir.
Bien qu’ayant l’usage de la parole, il se garda d’interpeller le lecteur dont il savait maintenant le nom. Invisible il s’interdisait pour le moment tout contact verbal de crainte que Mikael prenne peur et panique.
 Le mage n’était pas au bout de ses surprises car non seulement les deux livres permettaient le passage entre les deux mondes mais bien plus encore. Arnak s’aperçu qu’il pouvait s’introduire en partie dans l’esprit de Mikael et aussi intervenir à distance sur les objets et appareil qu’il voyait. Ainsi il éteignait la musique ou coupait la télévision ce qui énervait passablement Mikael qui ne comprenait pas le pourquoi de ces pannes à répétition. L’invisibilité du mage lui conférait une totale et amusante impunité. Arnak définissait les deux livres comme une machinerie très complexe qui se rodait petit à petit et devenait de plus en plus performante. Les ouvrages offraient un énorme pouvoir jusqu’à donner l’occasion de créer pour une durée incertaine un espace entre les deux mondes où il pouvait assembler et même définir une histoire. C’est ainsi qu’il avait imaginé et réalisé le scénario de l’institution de jeune fille pour y envoyer Mikael.

          - Mais… Mais comment saviez-vous pour… Pour mon fantasme ? Interroge balbutiant Mikael en se levant du fauteuil.

          - Je suis allé lire dans ton esprit et je suis entré dans           ton jardin secret, mais je te promets, je n’y suis pas entré comme un voleur, je n’aie rien cueillit, rien croqué ni dérangé. J’ai juste regardé et c’est là que l’idée m’est venue de te faire plaisir afin de nous lier pour toujours. Quel fantastique cadeau que de te faire vivre un de tes petits fantasmes et j’ai cherché dans les images mémorisées de ta mémoire un endroit et découvert cette ancienne institution abandonnée devant laquelle tu passais de temps en temps en moto. Il ne me restait qu’à écrire le lever de rideau, créer les personnages et refaire à neuf les décors. Une fois introduit dans l’établissement, je te laissais entièrement maître de ton destin. Non Mikael, ce n’était pas un rêve mais réellement un vécu dans un espace temps déplacé. Je sais que tu en as pleinement profité et j’en suis très heureux. Lui répond le mage.

Mikael se laisse tomber les fesses dans le fauteuil et son regard figé semble chercher un raisonnement crédible aux minutes présentes.

          - Alors comme ça vous êtes aussi dans la fessée ? Ben si on m’avait un jour dit que les fantômes… Dit-il un peu déconcerté.

          - Non Mikael, je n’ai pas ce fantasme là, mais rien ne m’empêche de le comprendre. Répond le Mage.

          - Un espace temps décalé dites-vous ?

          - Oui ! Impressionnant n’est-ce pas ? Fanfaronne le Mage.

          - Plus qu’impressionnant et je ne suis pas vraiment certain d’y croire.

          - Logique, mais dans peu de temps tu seras moins candide. Certifie le mage Arnak.

          - Je n’en ferai pas le pari !

          - Il me semble avoir répondu à ta question alors il est temps que tu m’aides. Lui rappelle le mage.

          - En quoi faisant ?

          - Très simple ! Tu tiens le livre ouvert, moi je me déplace dans la bibliothèque pour savoir jusqu’où je peux aller. Peut-être que ce livre est un centre et qu’il m’impose des limites…. Deux, trois, quatre, dix mètres ou peut-être l’infini.

          - Et si quelqu’un entre ?

Le mage d’un geste condamne la porte.

          - D’accord, en plus d’être fantôme vous êtes un sorcier. Constate Mikael en se levant du fauteuil.

          - Sorcier au sens non péjoratif. Rectifie le mage Arnak avec un petit rictus éclatant.

Mikael ne sais pas vraiment pourquoi il fait ce que lui demande le fantôme. Le mage va et vient dans la bibliothèque sans ressentir d’entrave. L’avantage de ce dernier est qu’il ne bouge pas ses jambes pour avancer car il est comme une fausse ombre entrainée par elle même.

          - Parfait Mikael ! Expérience concluante ! Estime-t-il joyeusement. Je pense que je peux m’éloigner loin de ce livre, mais cela reste à prouver. Ajoute-t-il en regardant la porte de la bibliothèque.

          - Bordel, vous n’allez pas vous balader dans tout le château  ?

          - Non Mikael, je voulais simplement me rendre compte. Je ne maîtrise pas tout de cette liaison mais je pense que je serai vraiment autonome qu’une fois physiquement réellement transféré, en attendant ce jour qui ne saurait tarder, nos rencontres ne se feront que dans cette bibliothèque. Rigole Arnak.

          - Ha oui, ça vaut mieux, j’ai assez d’emmerdes comme ça et j’espère que personne d’autre n’aura l’idée d’ouvrir ce livre.

          - Non Mikael, la liaison ne fonctionne qu’avec toi car je dois           aussi t’avouer une chose très importante, quand tu as fini l’histoire « Des naufragés du Bouchtrou » et que tu as rendu le livre à Jack, le passage ne fut plus possible. Conclusion, ce mécanisme entre les deux livres, toi seul en est le machiniste. Je ne sais par quel hasard Jack à remisé ce livre dans la bibliothèque du château et que tu y sois venu mais louons cette chance.
         
          - Pfff, tu parles d’une chance, quand il y a une connerie c’est toujours sur moi que ça tombe et en ce moment je suis servi. Soupire le jeune homme.

          - Ha, ha, ha, ha ! Sacré Mikael ! Je ne vais pas te retenir plus longtemps           tu as sans doute autre chose à faire et moi aussi. Je ne te donne pas de rendez-vous, je te laisse le soin d’en décider. Après mon départ, surtout ferme le livre et range-le. Au-revoir Mikael !

Le mage tourne sa main, la porte se libère, il pose son doigt sur la page ouverte et sa silhouette commence à se dissoudre.

          - Heu… Ben… Au revoir ! Fait Mikael.

L’homme à totalement disparu, Mikael reste un moment planté avec le livre en main. Il ne comprend pas ce qu’il vient de vivre mais a maintenant la conviction que ce n’est pas un caprice délirant de son imagination.
Il ferme et remet le livre en place, sort de la bibliothèque et monte au dortoir.



Episode 54


Sommeil agité.


Mikael ne trouve pas le sommeil de suite et le désir de rouvrir le livre le tenaille parce qu’il a des milliers de questions à poser au mage. Il est dorénavant persuadé qu’il vit une histoire hors du commun. Comment pourrait-il en être autrement, toutes les pièces commencent à s’emboîter dans son esprit.
La plupart des personnes rencontrées depuis le début de ses vacances se connaissent et ont une histoire commune autour de la disparition des prédicateurs. Tous l’ont associée avec Mike et parlent d’un autre monde.
Sa logique repousse l’existence de Fantasmaginaire mais il ne peut éviter que la question lui revienne sans cesse. Il ne comprend pas l’apparition mais il ne peut plus douter de ce qu’il a vu dans la bibliothèque. Ce mage serait donc cet exceptionnel magicien dont parlait Bonemain. Celui là par qui les ahurissants phénomènes de Foix, Pamiers et Cahors auraient été possibles. Cet inaccessible Mike dont-il est parait-il le sosie, ce Mike qui lui ressemble tant serait-il celui du livre ainsi que Lady Dark ? Mais alors Baccardi le serait également ? Non ! Se ravise-t-il. Le Baccardi du livre était un sanguinaire et sadique capitaine sans aucun rapport avec l’écrivain et accessoirement directeur de l’institution Lafleurodent. Sans doute le Baccardi d’ici n’avait pas menti en lui affirmant avoir emprunté ce pseudo sur le personnage du livre. Mikael récapitule afin de ranger les évènements dans l’ordre et se faire une idée plus précise de ce qu’il classe comme rationnel ou pas. Il visionne dans l’espace sombre du dortoir les différents personnages de l’histoire
Melle Véra, Ellie, Jack, Baccardi et Bonemain pour ce qui est de concret et terrestre. Lady Dark, Arnak et Mike pour ce qui est d’évanescent, en fait-il une liste à deux colonnes dans sa mémoire.
Il se pose également la question de ce que lui vient faire dans cette étrange affaire. Le livre des « Naufragés du Bouchtrou » est-il, comme l’affirme Arnak, un ouvrage magique dont lui, Mikael, serait l’unique à posséder la clef de contact ?
Pour Mikael il ne fait aucun doute que demain soir il retournera à la bibliothèque pour en apprendre plus.
La fatigue finit par l’emporter sur ses interrogations et projets, Mikael s’endort profondément.

Le lendemain matin après les corvées de ménage, Monsieur Ours conduit les étudiants à travers le parc pour leur apprendre les différentes essences d’arbres. Monsieur ours a très habilement taillé une belle et souple badine dans une fine branche. Ce professeur improvisé est un fin connaisseur de la flore et faune.  Pas facile de tout retenir et quand il montre une feuille ou une écorce, les réponses ne sont pas toujours justes et donne droit à quelques coups de badine bien cinglants sur le gras des cuisses ; Clairette aura même, pour récompenser son ignorance, le bonheur de goûter à l’irritante caresse des orties sur ses fesses à nues.
L’après midi est récréative, l’encadrement et les stagiaires jouent au boules, au badminton ou se prélassent dans la pelouse.
Pour Mikael le temps semble long et il lui tarde d’être à la fin du dîner pour pouvoir aller à la bibliothèque. Il joue à la pétanque l’esprit ailleurs et ne s’applique guère à faire des points.

          - Hey mec, tu pointes comme un pied ! Lui fait remarquer Ellie.

          - Il lui manque peut-être une petite fessée. Plaisante Melle Véra dans l’équipe adverse.

          - Ça doit être ça ! Répond joviale Ellie en espérant que la proposition se transformera en réalité.

          - Mais je ne lui administrerais pas car ce serait du dopage et en plus il n’est pas de notre équipe. Ce serait bête de perdre à cause d’une fessée. Plaisante Melle Véra.

          - Faites un bon geste mademoiselle, ni Marie ni moi ne fessons. Implore hilare Ellie.

          - Pas question ! Refuse la directrice adjointe en plaçant un nouveau point.

          - Tu as de la chance Mikael, la prochaine fois on te met avec Melle Véra ou Beka.

Mikael sourit gentiment.

          - Toi il y a quelque chose qui te turlupine, depuis ce matin tu es bizarre ? L’interroge discrètement Ellie.

          - Non, je suis un peu fatigué rien de plus. Répond Mikael.

          - Si tu dors mal, je peux te redonner un de mes petits cachets. Offre-t-elle.

          - Non merci, je crois que ça ira. Refuse-t-il poliment.

Il n’y aura pas de belle, l’équipe de Melle Véra, Beka et Agramant gagne haut la main.
Mikael sollicite l’indulgence auprès de ses partenaires pour sa maladresse.

Le soir autour du dîner l’ambiance est joyeuse et monsieur Ours et Potopheu abreuvent la tablée de bonnes histoires parfois grivoises.
Table débarrassée et vaisselle faite, le groupe se divise, certains pour regarder la télé dans le petit salon et les autres dans le grand pour s’affronter amicalement aux jeux de société.

          - Que fais-tu Mikael, nous on fait un Monopoly ? Lui demande Marie.

          - C’est gentil mais je vais à la bibliothèque j’ai trouvé un livre très intéressant. Répond-il en sortant du grand salon.

Mikael se presse et pénètre impatient dans la bibliothèque. Il allume les éclairages ferme les rideaux et se dirige tout droit vers le rayonnage ou se trouve le livre des naufragés du Bouchtrou. Une fois en main il l’ouvre et attend.

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