Episode 51
Vitesse de croisière.
Le lendemain matin, Jack ouvre grand les volets ;
Mikael ouvre les yeux, il est ébloui par la clarté violente éclaboussant son
lit.
Ellie se précipite du côté des garçons.
- Alors
Mikael, pleine bourre ce matin ? Lui demande-t-elle.
-
Impeccable, ton cachet m’a bien assommé ! Répond-il en s’étirant.
- C’est
quoi le programme d’aujourd’hui ? Questionne Jack.
- Ce matin
c’est sport avec Agramant de 10h à 11H30 et cet après midi en classe avec Beka
de 14 à 15H30. Répond Ellie en sautant à pieds joints sur le lit de Mikael pour
le secouer.
- Avec
Beka, hoouuu, ça je vais aimer ! Se réjouie Jack.
- Arrête
Ellie tu vas défoncer mon lit. Prévient Mikael en sortant des draps.
Un rapide passage aux sanitaires et tout le monde se
retrouve autour de la grande table de cuisine pour un petit déjeuner.
Marie et Clairette sont de vaisselle, Jack et Ellie
s’occupent du ménage dans le dortoir et Mikael et Baccardi passent l’aspirateur
et la serpillière dans le hall et les couloirs carrelés du rez-de-chaussée.
Aux 10H30 heures sonnantes le professeur Agramant attend
sur la pelouse les trois jeunes femmes et les deux jeunes hommes en tenue de
sport. Il n’y a pas vraiment de rapport avec un vrai cours de gym. D’abord un
léger footing de dix minutes dans les allées du parc puis petite promenade sous
les arbres au bord de la rivière et au retour une partie de volley. Rien de
bien contraignant pour les cinq stagiaires.
Mais un jeu à ses règles et à Lafleurodent les mauvais
gestes ne sont pas sanctionnés d’un carton rouge ou d’une simple mise sur la
touche.
Marie qui n’apprécie pas de se faire régulièrement
contrer au filet par Jack, lui envoie le ballon dans une région du corps
particulièrement sensible pour les hommes. Jack se plie en deux en grimaçant
puis se roule par terre en râlant et suffocant presque au bord de l’agonie. Un
ballon léger comme celui de volley ne cause pas tant de douleur et il ne fait
aucun doute que Jack en rajoute, mais pour Agramant c’est une bonne occasion
d’exercer son talent.
- Marie,
approche ! Ordonne-t-il.
- Mais
c’est lui à chaque fois il… Et en plus il n’a même pas mal ; il fait semblant.
Se défend l’interpellée.
- J’ai
dit, approche ! Répète le professeur en haussant le ton.
Marie soupire mais ne peut faire autrement que
d’obtempérer.
- Crois-tu
Marie que ton geste est sportif ? Lui demande Agramant d’une voix sèche.
- Non mais
je n’aie pas jeté le ballon fort, il fait du cinéma pour que je sois punie.
- Cinéma ou
pas ton comportement est indigne alors tu vas recevoir une fessée devant tes
camarades.
- Oh non
monsieur Agramant, ce n’est pas juste. Proteste-t-elle sans trop de véhémence.
Le professeur attrape Marie et la courbe légèrement pour
que son postérieur soit bien présenté. On ne peut pas dire que Marie s’y oppose
pas plus qu’elle envisage de rébellion.
Jack a obtenu ce qu’il cherchait, il stoppe ses roulades
et pour profiter du spectacle, s’assoit dans l’herbe un grand sourire aux
lèvres.
Agramant entame la fessée par-dessus le short sans
fermeté car comme à son habitude, il commence toujours par une chauffe
progressive de la cible. Marie grimace légèrement et jure vengeance contre
Jack. Ce dernier semble s’en moquer comme de sa première chemise.
Une bonne série de petites claques rapides qui font
trembler les galbes moulés dans le short et les belles cuisses nues de Marie.
Ainsi présenté, un arrière féminin est toujours à son avantage et pour les
spectateurs une vision bien plaisante.
Quand le professeur Agramant juge que le fessier est prêt
à plus de rigueur, il saisit l’élastique du short et le baisse à mis cuisse.
Marie se débat et proteste en maudissant Jack. Peine perdue, le professeur tire
déjà la petite culotte vers le bas dévoilant aux observateurs une superbe paire
de fesses légèrement colorées. Agréable et frémissant tableau que la croupe
dévoilée et mise en lumière par le soleil complice.
Cette fois Agramant administre une vraie fessée. Les
claques sont énergiques et les fesses veloutées se teintent à vue d’œil.
Marie danse nerveusement en sollicitant la clémence. Le
professeur reste sourd aux appels et s’applique de rougir les deux lunes avec
un savoir faire qui force l’admiration.
Des impacts suivis tant dans le rythme que dans la force
pour que chaque fesse rougisse et chauffe d’une même partition.
Marie piaille, trépigne et supplie tentant sans succès de
se protéger. Melle Véra et monsieur Ours qui font visiter le domaine à monsieur
Potopheu, par les cris attirés viennent assister à la punition et apprécient en
expert l’aptitude d’Agramant.
Les dernières claques sont plus appuyées pour signer en
beauté le final. Le professeur satisfait libère Marie, elle sautille en
remontant rapidement sa culotte et son short sous les rires de ses camarades.
Les yeux injectés, pointant du doigt Jack elle vocifère.
- Alors
toi, je te garde un chien de ma chienne ! Lui hurle-t-elle.
- Ça
suffit Marie ! Si tu continue à menacer Jack je t’en remets une
autre ! Prévient le professeur.
La jeune femme met fin à ses fulminations en soupirant de
rage.
Melle Véra, monsieur Ours et Potopheu reprennent leur
promenade.
- La
classe de sport est terminée, tout le monde à la douche et ensuite, quartier
libre jusqu’au repas. Annonce Agramant très satisfait de sa première fessée administrée
à l’institution Lafleurodent.
Retournant vers le château, les commentaires vont bon
train.
- Hey
Marie, tu es la première, ha, ha, ha, ha ! Rigole Jack très content de
lui.
- Je te
jure que tu seras le deuxième ! Lui retourne Marie.
- Ça va,
pas trop dur la fessée ? Lui demande Mikael.
- Pffff,
Agramant est un tendre, même pas mal. Fanfaronne-t-elle.
A midi ils sont tous attablés dans la grande cuisine.
Monsieur Potopheu s’y entend plutôt bien aux marmites et le poulet Basquaise
fait l’unanimité.
Episode 52
Mademoiselle Beka.
Mais qui donc a pénétré dans la classe entre la fin du
repas et le début du cours ?
Il n’était de secret pour personne que la punaise déposée
sur la chaise de Melle Beka l’avait été par Marie et comme son but était de se
venger de Jack, il était évident qu’en plus elle avait également déposé dans la
case de ce dernier l’unique boîte de punaise de la classe. Pièce à conviction
on ne peut mieux à charge, Jack à beau jurer son innocence, rien ne détourne
Melle Beka de sa certitude qu’il est coupable et la piqure ressentie la rends
d’autant moins réceptive aux arguments de défense avancés par l’accusé.
Le seul regret pour Marie est que l’institutrice ne
choisit pas de sanctionner Jack par une bonne fessée déculottée devant tout le
monde. Punition sans doute moins spectaculaire mais peut-être plus déplaisante
car une fois la règle de section carrée déposée sur le bois de l’estrade, elle
fait agenouiller Jack sur celle-ci et lui demande de tenir la position bien
droit et mains sur la tête jusqu’à ce qu’elle décide de le libérer.
Les genoux en appui sur la règle deviennent très vite
douloureux et le pauvre Jack ne peut que se lamenter, grimacer, gémir et
trouver les secondes qui s’écoulent aussi longues que des minutes. Melle Beka
ne cache pas son bonheur de le voir souffrir ainsi exposé devant ses camarades.
Les cuisses de Jack tremblotent nerveusement et plus les secondes s’égrainent
moins il est stable. Marie se délecte du supplice enduré et pense même que ça
vaut largement une fessée.
Au bout d’un moment, Jack plie les jambes ne semblant
plus pouvoir tenir, mademoiselle Beka se lève et le redresse sans aucune
complaisance, Jack demande grâce mais elle va se rasseoir sans accorder la
moindre attention à sa réclamation. Le bois de la règle n’est pas tolérant et
c’est bien les genoux par nature plus tendres qui subissent la pression en
s’incrustant atrocement.
Jack n’en peut plus, le temps qui passe n’est que
souffrance, son visage marque l’extrême endolorissement de ses rotules et son
regard implore. Melle Beka attend encore jusqu’à deviner le point de rupture
puis tape dans ses mains pour lui signifier la fin de la punition.
Jack ne peut se relever il se plie en avant se reposant
sur ses deux mains, tout son corps tremble, il décolle ses genoux de la règle
et faute de ne pouvoir faire plus, il se maintient à quatre pattes. Melle Beka
vient à lui et l’aide gentiment à se remettre debout. Jack retourne à sa place
en marchant de manière instable avec la marque de la règle imprimée en creux
sur chaque genou. Il s’assoit en soufflant de soulagement, se frotte longuement
les rotules puis lance un regard incendiaire vers Marie.
L’institutrice inscrit au tableau le sujet de la
rédaction. Sujet on ne peut plus
approprié puis qu’il est de définir les vertus de la fessée. Fessée que
Jack aurait certainement préféré en échange de l’infernal tourment qu’il vient
de subir.
A ce jeu d’écriture c’est la copie d’Ellie qui monte sur
la première marche du podium. Le meilleur serait de vous faire profiter de sa
prose dont je vous livre un extrait sans changer une virgule.
La
fessée ça peut sauver la vie !
Une
fois, j’avais avalé de travers un gros bonbon acidulé à la mandarine de la pie
qui chante super bon qu’un gentil monsieur m’avait offert. Et alors il m’a
soulevée sous son bras, il m’a déculottée, m’a flanqué quelques grosses claques
sur les fesses et pouf le bonbon est sorti aussi sec ! Pour le remercier j’ai
bien voulu lui offrir ma petite culotte, même si c’était l’hiver.
En
tout cas, tout ça c’était bien fait pour mes vers qui adorent le sucre, parce
que les vers tuent !
Ces quelques lignes sont authentiquement d’Ellie car je
me devais de reproduire ce morceau de devoir sans rien y ajouter.
A la place de Melle Beka, j’aurais donné un bon point à
Ellie, elle le mérite amplement.
La classe se termine dans la joie et le grand soleil
invite à se prélasser sur les transats ou se promener dans le parc.
Jack fulmine :
- Moi qui
me trémoussais d’avance à l’idée d’être fesser par Beka, je suis déçu !
C’est purement horrible et insoutenable d’être à genoux sur une règle et je
préconise de supprimer ce genre de punition.
- Wôô
l’autre, tu ne veux pas non plus la carte des menus pour choisir ? Rigole
Ellie.
- Non bien
sûr mais il devrait y avoir des punitions proscrites. Je t’assure que celle là
c’est l’enfer et je défie quiconque d’y prendre du plaisir.
- C’est
une punition scolaire comme une autre. Emet Marie.
- Je
partage ton point de vue, mais moi je trouve qu’elle est décalée par rapport à
nos envies. Répond Jack.
- Tu
parles pour toi. Moi perso j’ai super kiffé, Mmmmm, je ne te raconte pas la tornade
entre mes cuisses, mmmm ! Avoue Ellie.
- Facile
ça quand on est spectateur parce que moi je peux t’assurer que j’ai jonglé.
Réplique Jack.
- Hooooo
oui, et plus tu jonglais et plus mon thermomètre grimpait. S’enthousiasme
encore Ellie.
- Tu n’es
vraiment qu’une sale chipie !
- Pour
vous servir monseigneur Jack.
- De toute
façon c’est une punition tout à fait conforme aux traditions disciplinaires
scolaires alors il n’y a rien à dire. Juge Clairette.
- Tu en
penses quoi Mikael ? Pose la question Marie.
- Ouais,
comme Clairette, c’est une punition connue et fréquemment employée dans les
années 50 et 60 du siècle dernier. Moi c’est de voir les grimaces de Jack qui
m’amusait ; une vraie caricature. Répond Mikael.
- Quand
c’est toi qui poseras tes genoux sur la règle nous aussi on se régalera de tes
grimaces. Rétorque sèchement Jack.
- C’est
ton droit camarade et j’assumerai la punition même si ce n’est pas vraiment ma
préférence. En parlant d’autre chose ; est-ce toi qui à ramené ton livre
des naufragés du Bouchtrou à la bibliothèque du château ?
- Oui
parce que je crois que sa vraie place est ici. Répond Jack.
Mikael acquiesce d’un signe de tête.
Marie met fin à la discussion en proposant une partie de
ballon, proposition adopté à l’unanimité.
Même si Jack n’a pas du tout aimé la punition de Melle
Beka, il est bon joueur reconnaissant avoir abusé pour faire punir Marie et de
ce fait en avoir récolté les représailles.
Episode 53
Irrésistible tentation.
Après le dîner et la corvée de vaisselle, Ellie,
Clairette, Marie et Baccardi s’engagent dans une partie de tarot. Melle Véra,
Beka, Monsieur Ours, Potopheu, Agramant et Jack se vautrent devant le petit
écran. Quand à Mikael repoussant l’invitation de faire le cinquième dans la
partie de tarot, il va du grand salon au
petit sans vraiment décider de comment il occupera sa soirée.
Il repense à hier soir et ce qu’il croit être une
hallucination. Beaucoup d’interrogations le taraudent ; entre autre
comment ce fantôme pouvait-il connaitre son séjour à l’institution de jeune
femme jusqu’à en affirmer être l’auteur. Ce qu’il définissait comme un rêve lui
appartenait et il n’en avait jamais parlé à personne. Il est évident que si
cette apparition est le fruit de sa propre imagination il n’a nul besoin de
chercher ailleurs, mais il subsiste le doute et celui-ci l’agace.
L’image perçue lui avait dit qu’elle ne pouvait être que
s’il ouvrait le livre des naufragés du Bouchtrou. L’idée de refaire
l’expérience lui parait saugrenue, mais il est néanmoins tenté de la renouveler
afin d’en avoir le cœur net. Ce soir il a les idées claires et ne ressent aucun
trouble ni la moindre instabilité, donc il se sent prêt à ne pas se laisser
berner ou céder à ses propres délires. Il hésite encore un peu, mais la
curiosité fini par l’emporter.
Il quitte le petit salon d’un pas décidé, descend d’un
étage, emprunte le couloir et pénètre dans la bibliothèque en ayant allumé
toutes les lumières disponibles pour que la vaste pièce soit parfaitement
éclairée. Il inspecte méticuleusement toute la bibliothèque, rayonnages, sous
et derrière les fauteuils, angles, murs, recoins et le plafond afin d’être certain
qu’aucun appareil de projection ou similaire ne s’y trouve dissimulé. Mikael
est serein et agit sans emportement.
Une fois certain que rien de douteux ne se cache dans la
bibliothèque, il ferme les grands rideaux des baies vitrées et s’approche des
étagères supportant les ouvrages. Le livre des naufragés du Bouchtrou se trouve
exactement à la même place où il l’avait rangé soir.
Mikael le saisit et s’assoit sur le premier fauteuil. Il
ouvre sans empressement le livre, relit un paragraphe et attend.
Quatre ou cinq minutes passent sans que rien ne se
produise, Mikael est rassuré car, pense-t-il, ce qu’il avait vu hier soir était
bien le fruit de son imagination et il ne s’en étonne pas car il se sait un
grand rêveur.
Conclusion hâtives car avant qu’il referme le livre il
perçoit un bruit granuleux ressemblant à
une poignée de gravier qui tombe et s’étale sur du carrelage, il sursaute en
regardant partout autour de lui.
Une forme nait et s’assemble sans ordre pour en quelques
secondes définir l’homme qui se dit être le mage Arnak.
- Bonjour
Mikael, je suis désolé pour l’attente, je ne suis pas encore au point mais je
m’efforce de résoudre ce petit problème rapidement. Se présente l’homme.
Mikael se passe les deux mains sur son visage espérant
sans doute effacer l’image.
- Je me
doutais que tu ne résisterais pas. Je suis très content que tu surmontes ton appréhension et je crois que nous
allons pouvoir maintenant communiquer régulièrement. Lui dit très cordialement
le mage.
- Bordel,
dites-moi que ce n’est pas vrai ça ?!! s’exclame Mikael en se tassant dans
la fauteuil espérant peut-être s’y enfoncer et disparaitre.
- Mais si
Mikael et n’est-ce pas merveilleux ? Se réjouie Arnak.
-
Merveilleux ? Je ne sais pas si le terme est approprié. Répond le jeune homme
estomaqué de se retrouver une nouvelle fois devant ce fantôme.
- Alors,
dis-moi comment se porte Melle Véra ? Interroge le mage Arnak.
- Vous
connaissez Melle Véra ? S’étonne Mikael.
- Bien
entendu, nous avons passé de bons moments ensemble et surtout vécu une sacrée
aventure.
-
Ha ? Heu…. Vous voulez que je l’appelle ?
- Cela me
ferait grandement plaisir mais je préfère plus tard quand je maitriserais
parfaitement la liaison. J’en suis encore qu’aux essais et je désirerais me
présenter à elle avec plus de perfection. Tu vas d’ailleurs m’aider Mikael.
- Pas si
vite monsieur Arnak, je veux d’abords savoir qui êtes-vous vraiment et surtout comment
avez-vous eut connaissance de mon rêve ?
- Quel
Rêve ?
- Celui de
l’institution de jeunes femmes ! Précise Mikael.
- Je te
l’avais dit hier, ce n’est pas à proprement parler un rêve mais commençons par
le début sinon tu risques de ne rien comprendre.
Le mage regarde Mikael un petit moment puis entreprend
l’explication de ce curieux phénomène.
Un jour, raconte-t-il, alors qu’il relisait quelques
chapitres « Des naufragés du Bouchtrou » en suivant les lignes de
son index, il s’est senti happé par la page ouverte sans qu’il ne puisse y
résister. Une dizaine de secondes plus tard, l’aspiration le projetait dans un
lieu qu’il ne pouvait définir car il ne ressentait ni son corps, ne percevait
aucune odeur et nul vision ne lui donnait d’indication. Une musique baignait ce
néant et il devait donc logiquement admettre que seule son audition
fonctionnait. La mélodie lui rappelait étrangement celles entendues l’ors de
son séjours en France. Les instruments électriques indiquaient clairement qu’il
ne se trouvait plus à Fantasmaginaire mais le mage n’en concluait par pour
autant que le livre l’avait entrainé dans un lieu précis. Il ne pouvait rien
faire d’autre que d’écouter les sons jusqu’à ce que le processus inverse le
renvoie dans son laboratoire à Fantasmaginaire. Enfin de retour il se pencha
sur ce curieux phénomène sans vraiment interpréter ce qui c’était passé. A tout
hasard il laissa le livre ouvert jusqu’à même l’emporter partout où il allait
dans sa vaste demeure et poser de temps en temps un doigt sur la page ouverte.
Le lendemain, il fut encore aspiré par le livre mais cette fois il pouvait voir
et entendre et découvrait un petit intérieur puis un jeune homme absorbé par la
lecture des « Naufragés du Bouchtrou ». Ce qui le frappa en premier
c’est que ce lecteur ressemblait à Mike à quelques détails près. Il tenta
d’entrer en communication avec lui mais s’il pouvait voir et entendre, il ne
pouvait en revanche pas parler. Pour le mage, il n’y avait plus de doute, il
était en France, les écritures sur les boîtes, les livres et journaux présents
dans la pièce le prouvaient. Il ne lui fut pas plus compliqué de comprendre que
le livre de Jack, pour le présent dans les mains de ce jeune homme inconnu et
le sien resté à Fantasmaginaire agissaient entre eux en créant un passage entre
les deux mondes lorsqu’ils étaient ouvert d’un côté comme de l’autre. Presque
chaque jour le jeune homme prenait le livre pour poursuivre la lecture et par
le fait transférait sans le savoir le mage Arnak. Autre curiosité est que plus
le nombre de transfert augmentait, plus le mage se complétait. L’ouïe en
premier, puis la vision, l’odorat, et bientôt ressentir son corps sans pour
cela qu’il soit apparent. Le toucher vint également et même s’il ne pouvait se
déplacer, il tendait le bras pour sentir de ses doigts le bois des meubles et
bien d’autres objets qui se trouvaient à portée de mains. Cette dernière
acquisition était pour lui très importante car plus besoin d’attendre que
Mikael referme le livre pour revenir à Fantasmaginaire, il lui suffisait
maintenant de poser l’index en exerçant une forte pression sur la page ouverte
pour effectuer son retour. Mais d’avoir le toucher avait un inconvénient, car
si avant ce sens il suffisait à Mikael de refermer le livre pour que le mage
revienne à Fantasmaginaire, ce n’était plus le cas, il fallait à présent qu’il
pose son doigt sur la page ouverte pour retourner d’où il venait ; en fait
procéder le la même façon que pour venir chez Mikael. Donc si la multiplication
des passages ajoutait à chaque fois un sens ou autre chose à son corps, il
modifiait également les procédures de passage et le mage se méfiait un peu de
ces variations qu’il ne pouvait prévoir.
Bien qu’ayant l’usage de la parole, il se garda
d’interpeller le lecteur dont il savait maintenant le nom. Invisible il
s’interdisait pour le moment tout contact verbal de crainte que Mikael prenne
peur et panique.
Le mage n’était
pas au bout de ses surprises car non seulement les deux livres permettaient le
passage entre les deux mondes mais bien plus encore. Arnak s’aperçu qu’il
pouvait s’introduire en partie dans l’esprit de Mikael et aussi intervenir à
distance sur les objets et appareil qu’il voyait. Ainsi il éteignait la musique
ou coupait la télévision ce qui énervait passablement Mikael qui ne comprenait
pas le pourquoi de ces pannes à répétition. L’invisibilité du mage lui
conférait une totale et amusante impunité. Arnak définissait les deux livres
comme une machinerie très complexe qui se rodait petit à petit et devenait de
plus en plus performante. Les ouvrages offraient un énorme pouvoir jusqu’à
donner l’occasion de créer pour une durée incertaine un espace entre les deux
mondes où il pouvait assembler et même définir une histoire. C’est ainsi qu’il
avait imaginé et réalisé le scénario de l’institution de jeune fille pour y
envoyer Mikael.
- Mais…
Mais comment saviez-vous pour… Pour mon fantasme ? Interroge balbutiant
Mikael en se levant du fauteuil.
- Je suis
allé lire dans ton esprit et je suis entré dans ton jardin secret, mais je te promets, je n’y suis pas
entré comme un voleur, je n’aie rien cueillit, rien croqué ni dérangé. J’ai
juste regardé et c’est là que l’idée m’est venue de te faire plaisir afin de
nous lier pour toujours. Quel fantastique cadeau que de te faire vivre un de
tes petits fantasmes et j’ai cherché dans les images mémorisées de ta mémoire
un endroit et découvert cette ancienne institution abandonnée devant laquelle
tu passais de temps en temps en moto. Il ne me restait qu’à écrire le lever de
rideau, créer les personnages et refaire à neuf les décors. Une fois introduit
dans l’établissement, je te laissais entièrement maître de ton destin. Non
Mikael, ce n’était pas un rêve mais réellement un vécu dans un espace temps
déplacé. Je sais que tu en as pleinement profité et j’en suis très heureux. Lui
répond le mage.
Mikael se laisse tomber les fesses dans le fauteuil et
son regard figé semble chercher un raisonnement crédible aux minutes présentes.
- Alors
comme ça vous êtes aussi dans la fessée ? Ben si on m’avait un jour dit
que les fantômes… Dit-il un peu déconcerté.
- Non
Mikael, je n’ai pas ce fantasme là, mais rien ne m’empêche de le comprendre.
Répond le Mage.
- Un
espace temps décalé dites-vous ?
-
Oui ! Impressionnant n’est-ce pas ? Fanfaronne le Mage.
- Plus
qu’impressionnant et je ne suis pas vraiment certain d’y croire.
- Logique,
mais dans peu de temps tu seras moins candide. Certifie le mage Arnak.
- Je n’en
ferai pas le pari !
- Il me
semble avoir répondu à ta question alors il est temps que tu m’aides. Lui
rappelle le mage.
- En quoi
faisant ?
- Très
simple ! Tu tiens le livre ouvert, moi je me déplace dans la bibliothèque pour
savoir jusqu’où je peux aller. Peut-être que ce livre est un centre et qu’il m’impose
des limites…. Deux, trois, quatre, dix mètres ou peut-être l’infini.
- Et si
quelqu’un entre ?
Le mage d’un geste condamne la porte.
-
D’accord, en plus d’être fantôme vous êtes un sorcier. Constate Mikael en se
levant du fauteuil.
- Sorcier
au sens non péjoratif. Rectifie le mage Arnak avec un petit rictus éclatant.
Mikael ne sais pas vraiment pourquoi il fait ce que lui demande
le fantôme. Le mage va et vient dans la bibliothèque sans ressentir d’entrave.
L’avantage de ce dernier est qu’il ne bouge pas ses jambes pour avancer car il
est comme une fausse ombre entrainée par elle même.
- Parfait
Mikael ! Expérience concluante ! Estime-t-il joyeusement. Je pense
que je peux m’éloigner loin de ce livre, mais cela reste à prouver. Ajoute-t-il
en regardant la porte de la bibliothèque.
- Bordel,
vous n’allez pas vous balader dans tout le château ?
- Non
Mikael, je voulais simplement me rendre compte. Je ne maîtrise pas tout de
cette liaison mais je pense que je serai vraiment autonome qu’une fois physiquement
réellement transféré, en attendant ce jour qui ne saurait tarder, nos
rencontres ne se feront que dans cette bibliothèque. Rigole Arnak.
- Ha oui,
ça vaut mieux, j’ai assez d’emmerdes comme ça et j’espère que personne
d’autre n’aura l’idée d’ouvrir ce livre.
- Non
Mikael, la liaison ne fonctionne qu’avec toi car je dois aussi t’avouer une chose très
importante, quand tu as fini l’histoire « Des naufragés du Bouchtrou »
et que tu as rendu le livre à Jack, le passage ne fut plus possible. Conclusion,
ce mécanisme entre les deux livres, toi seul en est le machiniste. Je ne sais
par quel hasard Jack à remisé ce livre dans la bibliothèque du château et que
tu y sois venu mais louons cette chance.
- Pfff, tu
parles d’une chance, quand il y a une connerie c’est toujours sur moi que ça
tombe et en ce moment je suis servi. Soupire le jeune homme.
- Ha, ha,
ha, ha ! Sacré Mikael ! Je ne vais pas te retenir plus longtemps tu as sans doute autre chose à faire et
moi aussi. Je ne te donne pas de rendez-vous, je te laisse le soin d’en décider.
Après mon départ, surtout ferme le livre et range-le. Au-revoir Mikael !
Le mage tourne sa main, la porte se libère, il pose son
doigt sur la page ouverte et sa silhouette commence à se dissoudre.
- Heu…
Ben… Au revoir ! Fait Mikael.
L’homme à totalement disparu, Mikael reste un moment
planté avec le livre en main. Il ne comprend pas ce qu’il vient de vivre mais a
maintenant la conviction que ce n’est pas un caprice délirant de son
imagination.
Il ferme et remet le livre en place, sort de la
bibliothèque et monte au dortoir.
Episode 54
Sommeil agité.
Mikael ne trouve pas le sommeil de suite et le désir de
rouvrir le livre le tenaille parce qu’il a des milliers de questions à poser au
mage. Il est dorénavant persuadé qu’il vit une histoire hors du commun. Comment
pourrait-il en être autrement, toutes les pièces commencent à s’emboîter dans
son esprit.
La plupart des personnes rencontrées depuis le début de
ses vacances se connaissent et ont une histoire commune autour de la
disparition des prédicateurs. Tous l’ont associée avec Mike et parlent d’un
autre monde.
Sa logique repousse l’existence de Fantasmaginaire mais
il ne peut éviter que la question lui revienne sans cesse. Il ne comprend pas
l’apparition mais il ne peut plus douter de ce qu’il a vu dans la bibliothèque.
Ce mage serait donc cet exceptionnel magicien dont parlait Bonemain. Celui là
par qui les ahurissants phénomènes de Foix, Pamiers et Cahors auraient été
possibles. Cet inaccessible Mike dont-il est parait-il le sosie, ce Mike qui
lui ressemble tant serait-il celui du livre ainsi que Lady Dark ? Mais
alors Baccardi le serait également ? Non ! Se ravise-t-il. Le
Baccardi du livre était un sanguinaire et sadique capitaine sans aucun rapport
avec l’écrivain et accessoirement directeur de l’institution Lafleurodent. Sans
doute le Baccardi d’ici n’avait pas menti en lui affirmant avoir emprunté ce
pseudo sur le personnage du livre. Mikael récapitule afin de ranger les
évènements dans l’ordre et se faire une idée plus précise de ce qu’il classe
comme rationnel ou pas. Il visionne dans l’espace sombre du dortoir les
différents personnages de l’histoire
Melle Véra, Ellie, Jack, Baccardi et Bonemain pour ce qui
est de concret et terrestre. Lady Dark, Arnak et Mike pour ce qui est d’évanescent,
en fait-il une liste à deux colonnes dans sa mémoire.
Il se pose également la question de ce que lui vient
faire dans cette étrange affaire. Le livre des « Naufragés du
Bouchtrou » est-il, comme l’affirme Arnak, un ouvrage magique dont lui,
Mikael, serait l’unique à posséder la clef de contact ?
Pour Mikael il ne fait aucun doute que demain soir il
retournera à la bibliothèque pour en apprendre plus.
La fatigue finit par l’emporter sur ses interrogations et
projets, Mikael s’endort profondément.
Le lendemain matin après les corvées de ménage, Monsieur
Ours conduit les étudiants à travers le parc pour leur apprendre les
différentes essences d’arbres. Monsieur ours a très habilement taillé une belle
et souple badine dans une fine branche. Ce professeur improvisé est un fin
connaisseur de la flore et faune. Pas
facile de tout retenir et quand il montre une feuille ou une écorce, les
réponses ne sont pas toujours justes et donne droit à quelques coups de badine
bien cinglants sur le gras des cuisses ; Clairette aura même, pour
récompenser son ignorance, le bonheur de goûter à l’irritante caresse des
orties sur ses fesses à nues.
L’après midi est récréative, l’encadrement et les
stagiaires jouent au boules, au badminton ou se prélassent dans la pelouse.
Pour Mikael le temps semble long et il lui tarde d’être à
la fin du dîner pour pouvoir aller à la bibliothèque. Il joue à la pétanque
l’esprit ailleurs et ne s’applique guère à faire des points.
- Hey mec,
tu pointes comme un pied ! Lui fait remarquer Ellie.
- Il lui
manque peut-être une petite fessée. Plaisante Melle Véra dans l’équipe adverse.
- Ça doit
être ça ! Répond joviale Ellie en espérant que la proposition se transformera
en réalité.
- Mais je
ne lui administrerais pas car ce serait du dopage et en plus il n’est pas de notre
équipe. Ce serait bête de perdre à cause d’une fessée. Plaisante Melle Véra.
- Faites
un bon geste mademoiselle, ni Marie ni moi ne fessons. Implore hilare Ellie.
- Pas
question ! Refuse la directrice adjointe en plaçant un nouveau point.
- Tu as de
la chance Mikael, la prochaine fois on te met avec Melle Véra ou Beka.
Mikael sourit gentiment.
- Toi il y
a quelque chose qui te turlupine, depuis ce matin tu es bizarre ? L’interroge
discrètement Ellie.
- Non, je
suis un peu fatigué rien de plus. Répond Mikael.
- Si tu
dors mal, je peux te redonner un de mes petits cachets. Offre-t-elle.
- Non
merci, je crois que ça ira. Refuse-t-il poliment.
Il n’y aura pas de belle, l’équipe de Melle Véra, Beka et
Agramant gagne haut la main.
Mikael sollicite l’indulgence auprès de ses partenaires
pour sa maladresse.
Le soir autour du dîner l’ambiance est joyeuse et
monsieur Ours et Potopheu abreuvent la tablée de bonnes histoires parfois
grivoises.
Table débarrassée et vaisselle faite, le groupe se
divise, certains pour regarder la télé dans le petit salon et les autres dans
le grand pour s’affronter amicalement aux jeux de société.
- Que
fais-tu Mikael, nous on fait un Monopoly ? Lui demande Marie.
- C’est
gentil mais je vais à la bibliothèque j’ai trouvé un livre très intéressant. Répond-il
en sortant du grand salon.
Mikael se presse et pénètre impatient dans la
bibliothèque. Il allume les éclairages ferme les rideaux et se dirige tout
droit vers le rayonnage ou se trouve le livre des naufragés du Bouchtrou. Une
fois en main il l’ouvre et attend.
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