Episode 47
Rentrée scolaire.
Pour Clairette, Marie et Mikael, se retrouver en classe
dans l’institution Lafleurodent est une première. Pour Ellie et Jack c’est une
continuité car ils ont déjà participé à trois stages.
Monsieur Agramant aussi est un nouveau venu et d’avoir
été accepté comme professeur l’enchante. Bien entendu il aurait préféré une
classe exclusivement féminine mais le règlement de l’institution est
strict ; pas de discrimination, la classe est mixte ! Cependant, rien
n’oblige monsieur Agramant de punir les hommes, il peut tout simplement faire
appel ou les envoyer chez la directrice adjointe qui se fera un plaisir
d’administrer la sanction méritée aux indisciplinés masculins.
Mikael découvre la salle et il en apprécie le style rétro
qui ne peut pas mieux coller à la configuration du château. Les encriers en
porcelaine emboîtés dans les trous des pupitres son vides et ne servent que de
décoration. Le grand tableau noir est lui parfaitement opérationnel et la date
du jour fraîchement inscrite en italique à la craie blanche est du plus bel
effet. L’estrade de chêne patiné qui
fait seuil au tableau et supporte le bureau réserve sans doute bien des
spectacles à venir. Affichées au dessus du tableau noir quelques gravures que
Mikael ne manque pas de relever car l’une représente l’ensemble du monde plat
de Fantasmaginaire et l’autre une carte de l’île de l’Ouest où les naufragés du
Bouchtrou avaient accosté. Ces vues ont, pense-t-il, été scannées ou recopier
du livre de Jack Klak.
Au premier rang à
droite, Marie et Jack. A gauche, Ellie et Mikael et toute seule derrière ces
deux derniers, Clairette.
Professeur Agramant fait l’appel et les présentations
avant d’annoncer une dictée et quelques exercices qui permettront d’évaluer les
connaissances orthographiques et grammaticales de chacun. Donc le programme de
cette première classe est une dictée, des exercices de conjugaison et une étude
de texte.
Les adultes élèves s’appliquent car aucun d’entre eux ne
souhaite être la ou le cancre du groupe.
C’est vers 16h15 que le professeur Agramant ramasse
toutes les copies et sonne la récréation.
Pendant que les élèves profitent du beau temps sur la
terrasse, il corrige les devoirs méticuleusement pour ensuite les remettre à la
Melle Véra qui jugera et donnera le premier classement.
Dehors on discute de cette initiale entrée en classe.
- La
dictée était truffée de pièges ! Evoque Marie.
- Ouais
mais le pire pour moi ce fut de conjuguer le verbe vaincre au subjonctif présent.
Relate Jack.
- Bordel,
pour moi aussi ! En plus ce sont des temps qu’on n’utilise jamais. Ça c’est
fait exprès pour nous punir. Emet Mikael.
- Tu
flippes déjà pour tes fesses ? Plaisante Ellie.
- Ben…
Franchement je ne voudrais pas être le premier à recevoir une fessée. Réplique
Mikael.
Il se fend d’un discret sourire car cette situation lui
rappelle son séjour à l’institution de jeune fille, sauf que pour le présent,
il n’a aucun doute de la réalité.
- Moi ça
me ferait kiffer que tu sois le nombre one et ça me changerait du popotin de
Jack. Rigole Ellie.
- Elles ne
sont pas belles mes fesses ? Renâcle Jack.
- Mais si,
c’est juste que jusqu’à maintenant dans les stages tu étais le seul male et que
tes lunes je les connais par chœur et de toutes les couleurs.
- Moi je
suis comme Mikael, je ne veux pas être la première. Dit Marie.
- Tu as
raison, les anciens en tête ! Adjoint Clairette.
- Bien que j’adore être fessée devant des filles, je ne
commettrai pas de bévue volontairement pour être le premier, je suis
sincèrement désolé mesdemoiselles. Précise Jack.
- Tu pourrais faire un effort pour les nouvelles, tu es
un petit joueur ! Chambre Ellie.
Jack répond simplement par un haussement d’épaule.
- Ça ne te fait rien d’être toute seule à ton
pupitre ? Demande Marie à Clairette.
- Non,
personnellement, j’aime mieux. Répond-elle.
- Comment
tu le trouves Agramant ?
- Je ne le connaissais pas physiquement et de ce que
j’imaginais en le lisant sur le site n’a aucun rapport avec la réalité. Je le
voyais plus grand et de style British.
- Avec un
chapeau melon et un parapluie ? Blague Mikael.
- Pas
aussi folklorique mais il y a un peu de ça.
- Et
Baccardi ? Demande Marie.
- Celui
là, il est presque comme son avatar. Ricane Mikael.
- Son
avatar aurait été un œuf que ça le faisait aussi bien Ha, ha, ha, ha ! Ajoute
hilare Ellie.
- Par
contre Béka elle est canon et je veux bien passer en travers de ses genoux
moi ! Salive Jack.
- Je la trouve
un peu hautaine. Juge Marie.
- Elle
peut être ce que tu veux mais c’est sa main sur mes fesses que je désirerai
bien. Répond Jack avec un petit sourire avide.
- Et bien
si tu la croises mets lui un bon coup de pompe dans le tibia comme ça tu
l’auras ta trempe. Propose Ellie en plaisantant.
- Il doit
y avoir une manière bien plus douce d’y arriver, je ne suis pas un barbare moi.
Contredit Jack.
La voix du professeur Agramant qui les rappelle en classe
coupe la conversation.
Episode 48
Bonnet d’âne.
Sur l’estrade se tient Melle Véra avec tous les corrigés
en main. Elle attend que les élèves s’installent et porte à ses yeux la
première feuille. Elle se racle la gorge puis ;
-
Clairette est la première avec une moyenne de 13 sur 20 sur l’ensemble des exercices. Autant dire qu’il n’y a pas de quoi
tirer un feu d’artifice, mais c’est la meilleure note ce qui veut dire que le
niveau de cette classe est faible. Marie et Jack 11 sur 20, Mikael 10 sur 20 et
dernière mademoiselle Ellie avec 9,5. Je constate que c’est une classe médiocre
et j’attends de vous une nette amélioration. Je crois inutile de vous préciser
qu’à l’institution Lafleurodent les punitions sont de rigueur et peuvent être
douloureuses alors un conseil si vous ne voulez pas avoir les fesses chaudes,
faîtes des progrès très rapidement. Pour cette première classe, j’avais précisé
à monsieur Agramant qu’il n’y aurait pas de sanction corporelle, mais il va de
soi que pour mademoiselle Ellie, autre punition il y aura et je laisse le soin
à monsieur Agramant de la définir. Mesdemoiselles et messieurs, je vous donne
rendez-vous à 19h45 pour le dîner. Au-revoir !
Melle Véra quitte la classe, le professeur Agramant fait
quelques pas sur l’estrade en fixant du coin de l’œil Ellie. Cette dernière ne
semble rien craindre et sa décontraction le prouve.
- Bien, il
est 16h40 les cours sont terminés. Fait-il. A mon ordre, vous allez sortir de
la salle en silence et rejoindre le parc. Monsieur Ours a monté le filet de
Badminton pour celles et ceux que ce jeu intéresse et pour les autres il y a le
ballon ou les boules de pétanque. Annonce-t-il.
Le professeur s’approche du mur où est affiché
l’organigramme et poursuit :
- Marie et
Mikael, à 18H30 vous êtes de corvée de cuisine, tachez de ne pas être en
retard. Prévient-il en s’approchant de l’armoire du fond de la classe.
Il ouvre les battants et prends sur l’étagère supérieur
le bonnet d’âne.
- Quand à
vous Ellie, vous serez au piquet mains au dos sur la terrasse pendant 30
minutes coiffée de ce bonnet d’âne. Avise-t-il la punie en lui remettant le
chapeau à deux oreilles.
- Mais
monsieur… Ho non, ce n’est pas cool ça ! Se rebiffe-t-elle.
- Mettez ce bonnet d’âne immédiatement et sans discuter
sinon je vous maintiens au piquet jusqu’au dîner ! Menace Agramant.
Ellie soupire et se couvre la tête du bonnet d’âne. Le
professeur donne le signal de sortie et accompagne la punie jusque sur la
terrasse pour la placer. Une fois fait, il s’installe sur une chaise de jardin
et se plonge dans la lecture d’une revue.
- Toi tu
commences bien. Se moque Jack en admirant sa copine Ellie en pénitence.
- D’abords
je l’aie fait exprès d’être la dernière ! Fanfaronne-t-elle.
-
Menteuse, tu as toujours été nulle en Français.
- Monsieur
Jack ! Interpelle le professeur Agramant. Laissez tranquille mademoiselle
Ellie ou sinon vous récoltez la même sanction.
Jack s’éloigne d’elle avec un rictus moqueur.
Pas de Badminton mais une joyeuse partie de pétanque
anime les allées du parc.
Une demi-heure plus tard, Ellie est libérée et va ranger
dans la classe le bonnet d’âne avant de rejoindre les autres.
A 18h30, Marie et Mikael se rendent en cuisine pour
préparer le dîner avec Béka. Si tout ce passe comme prévu, cette corvée est
provisoire car demain un ami de Melle Véra viendra s’occuper des fourneaux.
C’est un cuisinier en retraite qui s’ennuie un peu et il a accepté de jouer ce
rôle pendant toute la duré du stage. Monsieur Potopheu qu’il se nomme et
d’après Melle Véra, il n’est intéressé de la fessée qu’en tant que spectateur.
Après le dîner et la corvée vaisselle, c’est soirée télé
ou jeu de société. Apparemment, tout le monde s’installe devant le petit écran
car ce soir est diffusé un excellent film.
Mikael n’est pas intéressé par ce long métrage qu’il à
déjà vu trois ou quatre fois. Il tourne un moment dans le petit salon, regarde
quelques minutes le début du film puis sort prendre l’air dans le parc.
Le ciel est encore clair et une douce fraîcheur enveloppe
la propriété. Au bout d’un petit moment jugeant qu’il commence à faire trop
sombre pour poursuivre son errance il revient au château. Son idée est d’aller
emprunter un livre à la bibliothèque pour tranquillement lire dans son lit
après avoir pris sa douche.
Il passe d’abord en cuisine s’abreuver d’une orangeade
puis s’engage dans le couloir qui conduit à la bibliothèque.
La salle est sombre, il allume les lumières et découvre
un vaste endroit très feutré et accueillant. Sur les étagères de droite
s’alignent le dos des ouvrages aux reliures différentes de textures et de
couleur. Sur sa gauche sont rangées les bandes dessinées, il hésite et choisit
d’aller à droite.
Il parcourt des yeux les rayonnages et son regard
s’arrête étonné sur le dos d’un livre qu’il connait bien. Il le tire, sa
reliure de cuir rouge ne laisse aucun doute, c’est bien le livre des naufragés
du Bouchtrou et le titre en relief doré le signifie. Curieux, pense-t-il,
Margot lui avait dit que ce livre était unique et qu’il en existait aucun autre
exemplaire. Jack l’aurait-il emporté avec lui ou bien l’a-t-il offert à Melle
Véra ?
Il poursuit sa
quête et tire un roman policier. Il s’assoit un moment pour lire le résumé
imprimé au dos afin de confirmer son choix.
Episode 49
Fantôme.
Le livre lui semble bon, il le met de côté et reviens au
rayonnage. La reliure des naufragés du Bouchtrou l’attire, il reprend l’ouvrage
en main, s’assoit sur le fauteuil, l’ouvre et relit quelques passage au hasard.
Il relève son regard, un bruit l’interpelle ; c’est le roman policier
préalablement choisi qui posé sur le bord du fauteuil d’à côté vient de tomber sur la moquette. Il se lève,
referme les naufragés du Bouchtrou et va ramasser le roman. Il perçoit un bruit
vers le grand meuble ; il regarde dans la direction mais ne voit rien. Y
aurait-il des souris dans les rayonnages ? Ce serait dommageable pour les
livres, pense-t-il en s’approchant.
Il déplace quelques ouvrages en tentant de débusquer le
supposé rongeur. Il ne découvre rien, pas même une petite crotte. Peut-être est-ce tout simplement le bois du
meuble qui joue et craque. Il se détourne et jette un coup d’œil vers la porte
d’entrée de la bibliothèque.
- Bonjour
Mikael ! Lui fait une voix dans son dos.
Le jeune homme sursaute et opère un demi-tour.
-
HAAAAAA ! Mais… Mais qui êtes-vous ? Prend-il peur en découvrant un homme
étrangement habillé dont les longues moustaches frôlent la ceinture.
Mikael recule d’un pas en fixant les yeux exorbités et le
cœur battant cet homme dont l’apparence ne lui parait pas clairement
matérielle. Sa silhouette n’est pas nette et parfois de petites parties de son
corps s’effacent puis réapparaissent.
- N’aie
crainte Mikael, je suis le mage Arnak.
- Que… Qui
ça ?
- Le mage
Arnak ! Evidement tu ne me connais pas ni de nom ni physiquement et
pourtant nous avons déjà eut des liaisons. Lui parle l’homme d’une voix qui se
veut le plus apaisante possible.
- Une
liaison ? Quelle liaison ?!! Comment êtes vous entré ici ? Mais
non, qu’est-ce que je raconte, c’est une projection, on me fait une farce.
Estime Mikael en cherchant un appareil de projection dans la grande pièce. Ce
ne peut –être que ça car il se rend bien compte que l’homme n’a visiblement
rien de vrai tant par sa présence que d’aspect.
- Ha, ha,
ha ! Je n’aie rien d’une projection comme tu dis malgré que j’en aie l’apparence.
C’est vrai que je ne t’affirmerai pas que je suis parfaitement réel. Comment te
dire… Je suis un message visuel et parlant, du moins pour le moment, mais je
vais m’améliorer. Sais-tu que c’est grâce à toi que je peux Venir ici. Grâce à toi et au livre des
naufragés du Bouchtrou. Explique le mage.
-
Projection ou message de ce que vous voulez, je ne vous connais pas et je ne
comprends rien à ce que vous dites, je vais chercher du monde. Recule Mikael
vers la sortie.
D’un geste le mage condamne la porte de la bibliothèque.
- Bordel,
c’est quoi ça, que me voulez-vous ? C’est quoi l’embrouille ? Bordel,
manquait plus que ça ! S’énerve Mikael en forçant inutilement sur la poignée.
- N’aie
crainte, je ne suis qu’une forme imparfaite et inoffensive postée dans votre
monde ; je crois que vous nommez cela de la téléportation si je me souviens
bien de ce que j’ai lu dans vos livres de science fiction.
- oui et
c’est de la science fiction, donc ça n’existe pas. Contredit Mikael.
- La
preuve que si puisque je suis là Approches-toi, touches-moi, tu ne risques rien
a part que tu vas avoir une désagréable sensation granuleuse et froide. Tente
de le rassurer le mage.
Mikael reste accroché à la poignée de la porte et n’ose
aucun pas vers ce qu’il croit être une hallucination ou un vilain tour joué par
quelqu’un du château.
- Je
reconnais que je ne suis pas encore au point et que les couleurs et la matière
prêtent à critique mais ça va venir. Les premières fois que nous sommes entrés
en liaisons j’étais invisible et muet, tu peux voir par toi-même qu’il y a un
net progrès. Poursuit Arnak.
- Quand
nous avons été en liaison ? S’étonne Mikael serrant sa main sur la poignée de
la porte qui refuse toujours de manœuvrer.
-
Difficile à dire, votre temps n’a pas la même correspondance que le notre. C’était
chez toi et une fois je t’ai fait vivre un moment que tu n’as pas pu oublier.
Répond le mage.
- Ha
bon ?
- N’as-tu
pas été pensionnaire d’une institution de jeune femme ? Lui demande Arnak
avec un sourire malicieux.
- Oui mais
c’était un rêve… D’ailleurs je me demande comment pouvez-vous connaitre mon
rêve ? S’étonne le jeune homme.
- Un rêve
en partie Mikael, seulement en partie car tu ne peux nier que les marques qui
subsistaient à ton réveil, celles de ta dernière fessée reçue par madame Nina
étaient bien réelles ainsi que ton ressenti durant tout ton séjour.
- Que…
Mais comment savez-vous tout ça ? Rougit de honte Mikael.
- Mais
tout simplement parce que j’ai fabriqué ce moment pour toi. Je me suis servi de
ton fantasme pour faire un essai dont tu as profité pleinement et avec délice.
Répond le mage.
- Un
essai ?.. Un essai de quoi ?
- Un essai
pour expérimenter mon niveau d’intervention dans ton monde. J’en avais déjà
testé quelques uns avant, juste des petites choses comme brouiller les
émissions de ta télévision, changer les chaines, éteindre tes lumières et mettre
en panne ta moto. Hi, hi, hi, hi !
- Bordel
je ne le crois pas ça, j’ai changé ma télé pour rien. S’énerve le jeune homme.
- Désolé
Mikael. S’excuse le mage.
- Mais
qu’est-ce que je raconte moi, c’est impossible tout ça. Se ravise-t-il en forçant
davantage sur la poignée de la porte.
-
Il parait que dans ce pays vous dites « Qu’impossible n’est pas
Français ».
- C’est
vrai mais il y a des limites quand même. En ce moment je suis victime d’une grosse farce.
- Vision
ou farce ? Certainement pas ! Tout comme le jour où je t’avais délégué
dans cette institution de jeune fille ; ce séjour n’avait rien d’une hallucination,
tu l’as réellement vécu mais dans un couloir temps parallèle qui se situe entre
les deux mondes, au milieu du couloir de passage. Développe le mage Arnak.
- Vous
n’êtes pas un descendant de Jules Vernes vous ?
- Ha, ha,
ha ! Non Mikael, ce Jules Vernes est de votre monde pas du mien.
- Ha oui…
Bon, mais qu’est-ce que je fais moi et en plus je vous parle comme s’il y avait
quelqu’un d’autre que moi dans cette bibliothèque. Là je crois que je suis
candidat à l’asile.
- Mikael
tu parles au mage Arnak ou du moins à sa forme encore imparfaite. C’est
pourtant une réalité, je l’affirme !
- Une
réalité, pffff ! Ça je ne le crois pas. Bordel elle ne veut toujours pas s’ouvrir
cette porte ! Mais qu’est-ce qui m’arrive à moi ? Depuis que je suis parti
en vacances il se passe plein de trucs pas possibles ! Bordel de bordel je
deviens complètement dingue !
- Hum, je
vois que tu es un peu choqué, je comprends. Remettons notre entrevue à plus
tard si tu le veux bien. Je vais te laisser partir Mikael mais avant, je
t’instruis qu’avec le livre des naufragés du Bouchtrou tu es mon unique
possibilité de liaison avec votre monde. Je n’en n’aie pas encore trouvé la
raison mais je peux t’assurer que c’est ainsi. Donc à chaque fois que tu ouvres
ce livre et que dans le même temps mon exemplaire est ouvert, j’ai une
possibilité de me téléporter de chez moi où tu te trouves avec le livre.
- Et c’est
où chez vous ? Interroge Mikael.
- A Fantasmagination,
une cité du territoire de Fantasmaginaire impérial ! Répond le mage Arnak.
- Mais
oui… Et je vais croire ça. Hausse les épaules le jeune homme.
- Pour ce
soir je crois que tout ça est un peu trop neuf pour toi. Maintenant pour
retourner chez moi tu dois ouvrir le livre sinon je reste. Dit le mage en s’écartant
un peu pour que Mikael puisse aller vers le fauteuil.
Le jeune homme hésite. Le mage rigole et s’écarte encore
un peu plus en lui montrant le dos du livre des naufragés du Bouchtrou.
Mikael lâche la poignée de porte, puis à petit pas sans
quitter des yeux le mage il va vers le fauteuil prend le livre, l’ouvre et le
repose comme si le cuir lui brûlait les mains. Le mage s’approche l’index
tendu. Mikael recule.
- Il faut
que je touche la page ouverte pour revenir à Fantasmaginaire. Lui signale
Arnak. Une fois que j’ai disparu, tu refermes le livre. Lui indique le mage en
déverrouillant la porte.
L’homme pose un doigt sur la page et se désagrège
anarchiquement accompagné d’un bruit de papier froissé. Une fois disparu,
Mikael reste un moment planté puis s’approche du livre et du bout du pied le
referme.
Il tourne un petit moment autour de l’ouvrage sans oser le prendre de
crainte de quelque chose mais sans savoir exactement quoi. Il s’assoit et regarde
ce livre posé sur le fauteuil. De toute façon il ne peut pas le laisser là et
se décide enfin à le remettre à sa place.
Episode 50
Docteur Ellie.
Mikael sort rapidement de la bibliothèque et se dirige en
courant vers le grand escalier pour monter au dortoir. Il se ravise et revient
prudemment se souvenant qu’il à oublié d’éteindre les lumières. Il fait
demi-tour, entrouvre la porte et glisse un regard furtif en constatant que le
fantôme n’est pas revenu dans la bibliothèque. Il coupe les éclairages et s’en
va bouleversé par ce qu’il vient de se passer.
Mikael entre dans le dortoir, jette son roman policier
sur son lit, saisit ses affaires de toilette et son pyjama puis va prendre une
douche.
Il reste longtemps sous le jet d’eau tiède à se ressasser
l’image de l’homme qui dit être mage. Il ne peut par logique admettre cette
apparition comme crédible et s’inquiète surtout de son état psychique.
De retour au dortoir, dans la partie fille il y à Ellie
qui se prépare également à se rendre aux douches. Mikael lui fait un petit
signe de la main puis s’assoit mollement sur son lit.
Ellie passe la cloison de séparation et regarde soucieuse
le visage de Mikael.
- Hey, tu
es tout bizarre ! T’en fait une bobine, la douche était froide ? plaisante-t-elle.
- Non elle
était bonne, mais je crois que je ne suis pas bien dans ma tête. Bordel, je crois
que je deviens fou avec cette histoire d’enlèvement. Répond Mikael les yeux
hagards.
- Holà
mec, c’est le rôti du dîner qui ne passe pas ?
- Le
rôti ?.. Non ça va de ce côté-là. Non c’est là dedans que ça disjoncte. Se
pose-t-il l’index sur son front.
-
Houlaaaaa ! toi tu te fais un coup de blues ! Diagnostique Ellie en
s’installant à côté de lui. Dis-moi tout et docteur Ellie va te soigner.
Incantations, exorcisme, manipulation, magnétisme et c’est gratos pour toi.
Ajoute-elle avec légèreté.
- Je ne
peux pas t’expliquer ce qui vient de m’arriver, c’est un truc de dingue à moins
que ce soit une de vos farces idiotes… Dit-il.
- Une
farce de nous ? Non je ne crois pas, ils sont tous en dessous devant la téloche
et en plus on ne savait même pas où tu étais. C’est quoi au juste ton problème ?
- Alors si
ce n’est pas une plaisanterie c’est que je perds la boule. En fait froidement le constat Mikael.
- A ce
point mec ? Raconte, j’aime bien les histoires de ouf. L’invite Ellie en ouvrant
grandes ses oreilles.
- Je ne
comprends plus rien… Je te jure, depuis que j’ai quitté ma Banlieue, il ne
m’arrive que des trucs pas possibles. D’abords je tombe sur Bonemain qui me
prend pour un autre et qui m’invite chez lui. Il me présente Garcette la patronne
d’un restaurant qu’il fesse devant moi pour payer les repas. Tu ne vas pas me
croire mais le lendemain j’accepte de payer la note comme ça et elle me fesse.
Plus tard, j’en prends d’autres par Bonemain et son pote Verbehaut qui en
supplément me baptisent sur un bateau par la fessées et le martinet. Bon jusque
là, c’est inattendu mais plutôt cool, j’aurai tord de me plaindre. Mais voilà,
il y a un os dans le potage, il y a la garde-à-vue ou je suis soupçonné d’être
complice de Bonemain dans l’enlèvement et la disparition des prédicateurs. Là
je tombe de l’armoire et il y a de quoi. Ensuite il y a Garcette qui me fait vivre
ma première expérience BDSM, ça c’était pas mal du tout, mais, cerise sur le
gâteau, Je me pointe à Lafleurodent et je découvre que ce château est celui où
ont été séquestrés les deux prédicateurs. Vous m’apprenez, toi, Véra, Baccardi
et Jack que vous êtes avec Bonemain, tous membres de la bande. Vient le bouquet
final ; les flics débarquent avec en tête dame Iris. Bordel, tu ne crois pas que ça fait beaucoup
en peu de temps ?
-
Whooooaaaa ! Des fessées et du BDSM ! Toi on peut dire que tu es
verni. S’exclame Ellie.
- C’est
tout ce que tu retiens dans cette histoire toi ?
- Bon
OK ! L’affaire de l’enlèvement et la garde-à-vue ce n’est pas top mais pour
le reste, c’est quand même de la balle.
- D’accord
avec toi ? J’ai vécu de bons moments avec Bonemain, Verbehaut et Garcette,
mais je me serais bien passé du reste.
- Ne te
fais pas de mouron, dans cette affaire d’enlèvement, tu ne risques rien. Lui
signale Ellie.
- Ça ce
n’est pas encore certain, Mais tu ne sais pas tout parce qu’il y a une suite,
car figures-toi que ce soir dans la bibliothèque j’ai eu des hallucinations. Lâche
Mikael.
- Ha
ouais, des hallus… C’est quoi que tu fumes ? Demande Ellie avec un grand
sourire.
- Je ne
fume pas et je n’aie pas bu. Ça m’aurait bien arrangé d’ailleurs car au moins
j’aurais une explication.
- Et c’est
quoi ton délire de ce soir ? Réclame Ellie.
- Rien… Un
truc complètement dingue ! Une connerie sans importance ; je crois
que j’ai avalé beaucoup trop d’évènements en peu de jours et je dois être un
peu surmené. Répond Mikael en s’allongeant sur son lit.
- Bien
possible ça !... Tu es en surdose mon pote. Docteur Ellie va te donner un cachet,
tu vas voir avec ça tu vas dormir comme un bébé, n’aie pas peur, c’est de
l’homéopathie. Lui propose-t-elle.
- Ce
serait vraiment sympa car j’ai bien besoin d’une bonne nuit. Merci !
Une minute plus tard, Ellie lui apporte une petite gélule
et un verre d’eau. Mikael l’avale, range son roman policier dans le tiroir de
la table de nuit et se glisse sous les draps.
Clairette, Marie et Jack entrent dans le dortoir.
- Tu tes
tiré avant la fin du film Ellie, c’était donc pour rejoindre ton amoureux au
dortoir ? Chambre Jack.
- Et oui
mec, Avec Mikael on s’est envoyé en l’air comme des malades. Note qu’il en a
une plus grosse que toi. Répond Ellie en rigolant.
- Ça
demande à être vérifié. Suggère Marie.
- Ho oui
et moi je prends les mesures. S’enthousiasme Clairette.
- Ce ne
sera pas pour ce soir, Mikael est naze, je l’aie rincé. Affabule joyeusement
Ellie.
- Tant
pis, mais l’idée est lancée, on arrangera ça un autre jour. Dit Marie en se
dirigeant vers le couloir, matériel de toilette en main.
Mikael ne verra pas l’extinction des feux, quand les
jeunes femmes et Jack reviennent dans le dortoir, il est déjà profondément
endormi.
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